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de n'être pas

rance, la religion ne redoute pas qu'on discute ses titres et qu'on approfondisse ses témoignages; grâce à Dieu, elle a été mise à toute épreuve, et elle ne craint

que connue (1). Les attaques de ses ennemis, leurs efforts, leurs succès mêmes finissent toujours par tourner à leur honte et à sa gloire. C'est en vain qu'ils s'agitent et se pressent autour de son auguste sanctuaire; ils n'ébranleront jamais cet antique et majestueux édifice dont la main divine a posé les fondemens, et qui reste inaccessible à toutes les vicissitudes humaines. Les opinions changent, les préjugés passent, les empires s'écroulent, les peuples disparoissent, tout, ici bas, subit l'immuable loi du temps; mais la vérité, la vérité seule demeure.

Je ne m'arrêterai pas sur ce sujet que j'ai traité avec étendue dans l'Introduction qui suit cette Préface, et dont voici la division : Elle comprend trois parties; dans la première je parle de l'Existence de Dieu et de l'Immortalité de l'ame, vérités dont la démonstration fait reconnoître la nécessité d'un culte. Dans la seconde, intitulée Examen des religions, je (1) Fleury, Pref. de l’Hist. eccl.

passe en revue l'Idolatrie, le Mahométisme, et le Judaïsme. Ce dernier me conduit naturellement au Christianisme , qui seul embrasse la troisième et dernière partie, dans laquelle j'en expose les preuves avec les développemens que comportoient les bornes que je m'étois prescrites (1).

On objectera sans doute qu'une pareille matière exigeant d'immenses détails, il est difficile de les faire tous entrer dans un discours d'environ 330 pages, et que d'ailleurs cet intéressant sujet a été depuis long-temps épuisé par une foule d'écrivains du premier ordre. A cela je réponds que mon projet n'a pas

été d'offrir un traité complet de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'ame, ni de donner à l'examen des titres du christianisme toute l'extension dont il est susceptible. Cette tâche, je le sais, a été remplie, et d'une manière qui ne laisse rien à désirer, par Abbadie, Fénélon, Bossuet, Clarke, etc., etc.; mais parmi les gens du monde, en est-il beaucoup aujourd'hui qui les lisent? A peine connoît-on le Traité du second sur l'existence de Dieu; et j'ai même vu (1) Voy. le Sonimaire de l'Introduct. à la Morale de la Bible.

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des hommes, du reste assez instruits, qui ignoroient que le troisièmeeût composé le livre de la connoissance de Dieu et de soi-même, monument de la plus sublime philosophie, supérieur peut-être à l'ouvrage de l'archevêque de Cambrai, par une touche plus mâle et plus sévère, et dans lequel on ne trouve ni de ces idées d'une métaphysique un peu trop subtile, ni de ces recherches un peu trop raffinées qu'on peut, rarement il est vrai, mais quelquefois pourtant, reprocher à Fénélon. A l'égard de l'histoire sacrée, elle est généralement peu connue, l'étude en est cependant nécessaire « pour >> suivre les vues de la Providence et l'ordre de » ses desseins envers les hommes, pour lier le

. » temps à l'éternité, la succession des siècles » l'origine du monde, tout ce qui est créé à » tout ce qui a précédé la création, le genre » humain à son auteur, la loi nouvelle à la loi » ancienne, et montrer Jésus-Christ fondant » de sa main divine une Eglise immortelle sur » les ruines d'un temple bâti de la main des » hommes (1) ». Les fastes de l'Eglise sont encore moins connus; l'Histoire de Fleury, quoi(1) M. de Bausset, Hist. de Bossuet, liv. vii.

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qu'écrite avec tant de sagesse et de dignité, quoique si intéressante, effraie par sa longueur, on n'en lit guère que les Discours, regardés avec raison comme autant de chefs-d'œuvre, mais qui cependant ne peuvent donner que des connoissances très-superficielles. On ne lit pas davantage les autres modernes qui ont traité le même sujet (1); et quant aux historiens des premiers siècles chrétiens, tels que Eusèbe, Théodoret, Evagre, Sozomène, etc., ils ne se trouvent communément qu'entre les mains de ceux qui se consacrent d'une manière particulière à l'étude de la religion. J'ose donc espérer qu'on ne me blâmera pas d'avoir cherché, dans mon Introduction, à donner à ceux qui voudront méditer avec fruit la morale chrétienne, des notions préliminaires indispensables. Mais tout en me renfermant dans des bornes circonscrites, je me suis appliqué à ne rien omettre de tout ce que

(1) Parmi les histoires ecclésiastiques modernes, je citerai les Siècles chrétiens, de l'abbé Ducreux, remarquables par un style élégant et facile, et où l'auteur, tout en abrégeant la matière, n'a cependant omis aucun fait essentiel. Cet ouvrage qui n'a que dix volumes in-12, d'un prix modique, peut, au besoin, suppléer celui de Fleury..

j'ai

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j'ai jugé essentiel au sujet, et j'ai tâché de tirer de ma brièveté même l'avantage de présenter un faisceau de preuves d'autant plus fortes qu'elles sont plus serrées. Comme j'ai cité exactement les noms des auteurs que j'ai consultés, et même les chapitres des ouvrages ,

l’Introduction à la Morale de la Bible sera encore utile sous ce rapport, qu'elle indiquera les sources où pourront aller puiser ceux qui désireront satisfaire plus amplement leur curio. sité, ou fortifier leur croyance par des recherches plus approfondies.

Faut-il donc, après tout, des traités si volumineux, pour faire connoître la vérité, et la démonstration en est-elle si difficile? L'homme peut-il contempler la nature , se regarder luimême et douter encore de l'existence d'un Créateur? Sa conscience ne lui dicte-t-elle pas les règles de ses devoirs; et lorsqu'il s'en écarte, les reproches de ce précepteur sévère manquent-ils jamais de se faire entendre? Les ennuis secrets de la vie, les retours amers des plaisirs, les désirs de cette ame avide et inquiète que l'univers ne sauroit remplir, le calme de la vertu et les terreurs du crime aux approches de la mort, tout ne semble-t-il pas lui annon

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