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- ETYM. Provenç. abbat; espagn. abad; portug. | Dioclétien, de Charles-Quint. Faire abdication.

abbade; ital. abbate; de abbatem, au nominatifabbas, du syrien aba qui signifie père. Dans l'ancien français au nominatif singulier li abe [emuet), venant de ábbas avec l'accent sur la première syllabe; le abé, li abé, les abés [e fermé] au régime singulier, au nominatif pluriel et au régime pluriel, venant de abbátem, ahbates, avec l'accent sur la seconde syllabe. AEBESSE (a-be-s'), s. f. Supérieure d'un monastère de filles et ayant droit de porter la crosse. Nommer, élire une abbesse.

- HIST. XIII s. Pierres Abailart reconfesse Que suer Helois, l'abeesse Du Paraclet, qui fut s'amie, Acorder ne se vouloit mie Por riens, qu'il la preïst à femme, la Rose, 8800.

ÉTYM. Provenç. abbadessa; espagn. abadesa; ital. abbadessa; de abbatissa, de abbas (Voy. ABBÉ). ABC (a-bé-sé) s. m. L'Académie écrit ABC en séparant les lettres; d'autres écrivent ABC en les joignant; d'autres A, B, C, avec des virgules. || 1o Petit livre contenant l'alphabet et la combinaison des lettres pour apprendre à lire aux enfants. Cet ABC est commode. || 2° Fig. Le commencement, le rudiment d'un art, d'une science. C'est le fondement et l'ABC de toute notre morale, PASC. Prov. 5. L'enchanteresse Nérie Fleurissait lors, et Circé Au prix d'elle en diablerie N'eût été qu'à l'Abc, LA FONT. Coupe ench. || Loc. Par Abc, par toutes les lettres de l'alphabet. Il l'a maudit par Abc, il lui a donné toutes les malédictions du monde. || Prov. Renvoyer quelqu'un à l'Abc, le traiter d'ignorant. Remettre quelqu'un à l'Abc, le remettre aux éléments.

- HIST. XIII s. Il vos apenra l'abc, F. et Contes, Iv, p. 436. Lor novoz (neveux) sont avant chanoine, Qu'il aientapris l'abecé, cé, ib. 1,p. 305. || XIV s. Pour ceste science plus clerement entendre, je veul exposer aucuns mos selon l'ordre l'abc, ORESME, Éth. 334. || xv s. Nous avons tenu à l'escole le dit Henri dès ce qu'il fust mis à l'abeçoy, DU CANGE, abecedarium. || XVI s. Rendre nos soldats autres qu'eux mesmes, les remettre à l'abc de leurs pas et paroles, D'AUB. Hist. II, 486.

+ ABCD (a-bé-sé-dé) s. m. Se dit quelquefois pour

ARC.

ABCÉDÉ, ÉE, (ab-cé-dé, dée), part. passé. Terme de chirurgie. Tumeur abcédée, tumeur qui s'est terminée par un abcès.

ABCÉDER (ab-sé-dé; devient grave quand la syllabe qui suit est muette: abcède; non au fut. et au condit.: abcédera, abcéderait), v. n. Terme de chirurgie. Se terminer par un abcès. Cette tumeur est dure; elle n'abcédera pas. La tumeur abcédant, la peau se décolla. Ce verbe se conjugue avec être ou avoir. La tumeur est abcédée, en pariant d'un état durant déjà depuis quelque temps. Elle a abcédé, pour exprimer l'action même de s'ouvrir.

- REM. On trouve quelquefois dans des livres de médecine s'abcéder, comme si abcéder était un verbe réfléchi. C'est une faute, abcéder est un verbe neutre, et on nepeut pas plus dire s'abcéder que se procéder.

ETYM. Abcedere, de ab signifiant sortie, et cedere, aller, se porter (voy. CÉDER).

ABCÈS (ab-sê; l's en liaison ne se prononce pas d'ordinaire dans la conversation. L'abcès est ouvert, dites: l'ab-sê est ouvert. Mais, dans la lecture soutenue, on dirait: l'ab-sê-z est ouvert), s. m. || 1 Terme de chirurgie. Amas de pus dans une cavité accidentelle dont la formation est due à la production de ce liquide au milieu des tissus. On reconnaît les abcès par la fluctuation. Ouvrir, percer un abcès. Vider un abcès. Il y avait un abcès dans la poitrine qui s'est crevé, sÉVIG. 364. || 2o Fig. [Parla confession] dès qu'on a percé l'abcès et qu'on l'a jeté dehors, on sent tout à coup la sérénité se répandre dans l'âme, BOURD. Pens. t. 1, p. 330.

- SYN. ABCÈS, ÉPANCHEMENT DE PUS, INFILTRATION DE PUS. L'abcès est dans une cavité accidentelle; l'épanchement de pus est dans une cavité naturelle du corps; il y a un épanchement de pus dans l'articulation. Dans l'infiltration purulente, le pus est en contact immédiat avec les tissus, tandis que, dans l'abcès, il en est séparé par une couche molle de nouvelle formation.

- ÉTYM. Abcessus, de abcedere, abcéder. ABCISSE (ab-si-s'), s. f. Voy. ABSCISSE. ABDALAS (ab-da-la), s. m. plur. Nom général que Les Persans donnent aux religieux.

-- ETYM. Arabe abd, serviteur, et Allah, Dieu, serviteur de Dieu (voy. ALLAH).

ABDICATION (ab-di-ca-sion), s. f. || 1o Action d'abdiquer; se dit de celui qui abdique et de la chose qui est abdiquée. L'abdication de Sylla. de

L'abdication de la couronne, de l'empire. || 2o Dans l'ancienne jurisprudence, l'acte par lequel un père privait son fils des droits que celui-ci avait dans la succession: l'abdication était une exhérédation prononcée pendant la vie.

ÉTYM. Abdicatio, de abdicare, abdiquer. ABDIQUÉ, ÉE (ab-di-ké, kée), part. passé. La couronne de Suède abdiquée par Christine.

ABDIQUER (ab-di-ké), v. a. || 1o Abandonner le pouvoir suprême, de hautes fonctions. Dioclétien abdiqua l'empire. Abdiquer le consulat. C'était une chose assez rare qu'un philosophe turc qui abdiquait la couronne, VOLT. Mœurs, 89. J'abdique pour jamais le rang de sénateur, ID. Catil. IV, 2. || 2° Fig. Renoncer à.... Abdiquer sa liberté. Si j'étais l'offensée, écoutant l'indulgence, J'abdiquerais pour vous le droit de la vengeance, M. J. CHÉN. Tib. IV, 3. || 3o v. n. Charles X abdiqua en 1830 en faveur de son petit-fils. Lors de la fin du schisme, un pape fut force d'abdiquer. Un inconstant vieillard, lassé du diademe, Abdique imprudemment et s'en repent de même, DUCIS, Lear, 1,1.

SYN. ABDIQUER, SE DÉMETTRE. C'est en général quitter un emploi, une charge. Abdiquer ne se dit guère que des postes considérables. Se démettre s'applique plus aux petites places qu'aux grandes. L'abdication peut être forcée aussi bien que la démission, GuIz. Il semble aussi que l'abdication se fait plutôt d'une manière publique, éclatante. Une autre différence tient à celle des préfixes ab et dé. Abdiquer exprime un acte brusque, s'achevant en un seul coup, au lieu que se démettre désigne quelque chose de successif, une délibération. Abdiquer exprime le fait; se démettre le représente s'accomplissant, ou dépeint le travail qui y mène, LA FAYE.

ETYM. Provenç. et espagn. abdicar; ital. abdicare; de abdicare, de ab, indiquant séparation, et dicare, faire connaître, publier. Bien que l'i soit bref dans dicare, et long dans dicere, cependant ces deux mots ne sont probablement que deux formes différentes d'un même mot.

ABDOMEN (ab-do-me-n), s. m. Terme d'anatomie. Le ventre, c'est-à-dire l'une des trois cavités splanchniques, la plus grande, située au-dessous de la poitrine, et bornée en haut par le diaphragme, en bas par le bassin, en arrière par les vertèbres lombaires, en avant par des plans musculeux.

HIST. XVI s. Les membranes de l'abdomen qui sont parties grandement sensibles, PARÉ, 20 bis, 1.

ÉTYM. Le latin abdomen, dont l'étymologie est incertaine. Il semble que le verbe abdere, cacher, y a la part principale; mais la finale omen est-elle un suffixe verbal, comme imen dans regimen de regere? Pourquoi alors le mot n'est-il pas abdimen? La finale omen est-elle, au contraire, une autre forme de omentum, épiploon, de sorte que le mot signifierait qui cache l'épiploon? Mais on ne connaît rien qui justifie l'admission de omen pour omentum. Enfin faudrait-il prendre omen dans son sens de présage, et entendre, ce qui cache le présage, à cause que l'on consultait les entrailles des victimes pour savoir l'avenir? Comme on voit, le mot reste douteux. ABDOMINAL, ALE (ab-do-mi-nal', nale; au plur. ab-do-mi-nô), adj. Qui appartient ou se rapporte à l'abdomen. Muscles abdominaux. Parois abdominales.

ÉTYM. Abdomen.

ABDUCTEUR (ab-duk-teur). || 1o Adj. m. Terme d'anatomie. Qui produit l'abduction. Muscles abducteurs. || 2° S. m. L'abducteur de l'œil.

HIST. XVI s. Le muscle abducteur ou rameneur des doigts, PARE, IV, 32.

ETYM. Voy. ABDUCTION.

ABDUCTION (ab-du-ksion), s. f. Terme d'anat. Mouvement qui écarte un membre ou une partie quelconque du plan mitoyen qu'on suppose partager le corps longitudinalement en deux moitiés semblables ou symétriques. Pour la main et le pied, plusieurs anatomistes ont admis une ligne médiane particulière et ont appelé abduction le mouvement par lequel les autres doigts s'écartent de celui du milieu.

HIST. XVI s. Des interrossels, l'externe monte pour estendre la paume de la main et aider l'abduction des doigts du poulce, PARÉ, IV, 29.

ÉTYM. Abductio, de abducere, emmener, de ab, indiquant écartement, et ducere, mener (voy. DUIRE).

† ABEAUSIR (S') (a-bo-sir), v. rést. Marine. Se mettre au beau. Le temps s'abeausit.

ABÉCÉDAIRE (a-be-sé-de-r'), adj. || 1° Qui est

rangé suivant les lettres de l'alphabet. En ce sens, abécédaire ne diffère d'alphabétique qu'en ce qu'il est moins usité. || 2 Qui en est à l'Abc. Enfant abécédaire. Ignorance abécédaire. || 3° S. m. Petit livre où s'apprend l'Abc. Donnez un abécédaire à cet enfant. Les abécédaires ne sont pas aisés à faire.

HIST. XVI s. La folle chose qu'un vieillard abecedaire; on peut continuer en tout temps l'estude, mais non l'escholage, MONT.

ETYM. Abecedarius, mot composé des quatre premières lettres de l'alphabet, et de la terminaison adjective arius.

ABECQUÉ ou ABÉQUÉ, ÉE, part. passé. Petits oiseaux abecqués par leur mère.

ABECQUER ou ABÉQUER (a-be-ké), v. a. Donner la becquée. Abecquer un oiseau, et, par extension, abecquer un enfant.

REM. Entre les deux orthographes indiquées par l'Académie, la meilleure est abecquer, à cause qu'elle indique la prononciation de la seconde syllabe qui est celle de bec, un e moins fermé que l'e fermé proprement dit. De plus, il n'est pas besoin de changer l'accent, ce qu'il faut faire avec abéquer, mettant un accent grave quand la syllabe qui suit est muette: abèque, mais au futur abéquerai. ÉTYM. À et bec; génev. abécher.

ABÉE (a-bée), s. f. Ouverture par laquelle coule l'eau qui fait aller un moulin. On l'a aussi définie ouverture par où l'eau a son cours quand les moulins ne tournent pas.

ETYM. A et bée, ouverture, aujourd'hui baie (voy. ce mot). On a prétendu, ce qui est possible, que abée est une corruption, une méprise, qui de la bée a fait l'abée, d'où abée. Abée se trouve dans LAURIÈRE, Dict. du droit.

ABEILLE (a-be-ll'; 11 mouillées), s. f. Insecte qui produit le miel et la cire, et qui appartient au genre des insectes hyménoptères. Un essaim d'abeilles se compose d'une femelle, de mâles et de neutres ou ouvrières; les femelles et les neutres sont armés d'un aiguillon long d'environ deux lignes. L'aiguillon de l'abeille reste presque toujours dans la piqûre, si l'insecte a été chassé brusquement. L'abeille recueille le miel dans les fleurs. Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille, BOIL. Sat. 1. Les lieux où crost l'encens, où murmure l'abeille, Ducis. Abus. 1, 5. Jo suis chose légère et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, LA FONT. Ep. à Huet. Et semblable à l'abeille en nos jardins éclose, De différentes fleurs j'assemble et je compose Le miel que je produis, J. B. Rouss. Ode au C. de Luc. Le ruisseau n'apprend pas à couler dans sa pente, L'aigle à fendre les airs d'une aile indépendante, L'abeille à composer son miel, LAMART. Nouv. méd. v. Et que mes doux regards soient suspendus au tien, Comme l'abeille avide aux feuilles de la rose, m. ib. x. || La reine des abeilles. Autrefois on croyait que c'était un roi. Jusqu'au son de sa voix [de Louis XIV] et à l'adresse et à la grâce naturelle et majestueuse de toute sa personne le faisaient distinguer jusqu'à sa mort comme le roi des abeilles, STSIM. 406, 68. || Le manteau impérial et les armoiries de Napoléon étaient semées d'abeilles d'or. Aussi a-ton dit quelquefois les abeilles pour l'Empire. || Constellation australe qu'on nomme aussi Mouche indienne.

HIST. XIII s. Et se il trovent aucun emblant ées (abeilles) en la forest, cil qui i seront trové feront au seigneur soixante sols d'amende, DUCANGE, apicutaru. Il m'avironnerent aussi comme es, Psautier, f. 143. || xvo s. Le suppliant et Colin trouverent une bezanne [ruche] d'abeilles, la levèrent et en prirent tout le couppeau et le miel de dedans, DU CANGE, besana. Une multitude d'avilles, ce sont mouches qui font la cire et le miel, ID. avillarium. || xvI s. Les ruches sont pleines quand les abeilles chassent opiniastrement de leurs ruches les freslons ou abeillauds, OL. DE SERRES, 447. Les abeilles ou avettes, les guespes, les freslons, PARE, 23, 34. Ainsi qu'au mois d'avril, on voit de fleur en fleur, De jardin en jardin, l'ingénieuse abeille Voleter et piller une moisson vermeille, RONS. Sonn. à des Caurres. - ÉTYM. Berry, avette; picard, ès, eps; provenç. abelha; espagn. abeja; ital. ape. L'ital. ape, l'anc. franç. ée, le picard ès, eps viennent de apis; le berry vient d'un diminutif en ette, apette ou avette; le français, le provenç. et l'espagn. d'un diminutif apicula. Dès les premiers temps du bas-latin, on trouve une tendance à substituer le baup du mot primitif: par ex. De furtis abium, Lex Sal. LASPEYRES, p. 26. ABERRATION (a-be-rra-sion), s. f. || 1o Terme d'astronomie. Mouvement apparent observé dans les étoi

les et qui résulte du mouvement annuel de la terre. L'étoile pouvait donner quelque marque d'aberration, VOLT. Newton, 1, 4. L'aberration des étoiles dépend da la vitesse de leur lumière, combinée avec celle de la terre dans son orbite, LAPLACE, Exp. IV, 17. ff 2. Terme d'optique. Aberration de réfrangibilité, diffusion du foyer des rayons lumineux concentrés par un verre biconvexe, qui dépend de ce que, les rayons diversement colorés n'ayant pas la même réfrangibilité, la lentille ne peut les concentrer tous dans le prolongement de son axe. || Aberration de sphéricité. Autre genre de diffusion des rayons lumineux concentrés par un verre biconvexe, qui tient à ce que la figure des lentilles ne permet qu'aux rayons trèsvoisins de l'axe de concourir sensiblement en un point commun, tous les autres, qui éprouvent une réfraction plus forte, coupant l'axe en deçà de ce point; d'où il suit que le foyer, au lieu de représenter un point, est réellement un espace d'une certaine étendue, et que l'image principale, celle qui se produit à l'endroit où se réunissent le plus de rayons, est comme offusquée par une multitude d'autres images qui rendent la vision confuse. || 3o Fig. Erreur de jugement, égarement. Aberration des sens, du jugement. Les aberrations de la philosophie sophisti que. Des aberrations morales. Ce mot n'a pris le sens figuré que dans le courant du XVIII siècle; il s'introduisit grâce à l'usage qu'on en faisait dans le langage scientifique.

ETYM. Aberratio, de aberrare, de ab, loin, et errare (voy. ERRER).

ABÊTI, TIE (a-bê-ti, tie; quelques-uns disent abé-ti), part. passé. Enfant abêti par de mauvais traitements. Esprits abêtis par la superstition. Il est

tout abêti.

ABÊTIR (a-bê-tir; quelques-uns disent a-bé-tir). || 1o v. a. Rendre bête. Une crainte perpétuelle abêtit l'esprit. Cela vous fera croire et vous abêtira, PASC. Moyens, I. Ils n'ont songé [le roi et Mme de Beauvilliers], s'écriait-il [le duc de Berry), qu'à m'abêtir et à étouffer tout ce que je pouvais être, ST-SIM. 243, 252. || 2° S'abêtir, v. rést. L'esprit s'abêtit dans l'oisiveté complète. || 3o Abêtir, v. n. Devenir bête. Les enfants qu'on maltraite abêtissent de jour en jour.

REM. L'Académie dans ses précédentes éditions écrivait abétir; c'est qu'en effet la prononciation, devant une finale aussi sonore, a une grande tendance à changer l'e ouvert en e fermé.

SYN. ABETIR, RABETIR. Rabêtir indique une action plus forte, de la résistance à vaincre dans le sujet. Un maître abêtit l'enfant, quand il laisse ses facultés sans exercice; il le rabêtit, si, toutes les fois que l'élève manifeste quelque tendance à se développer, le maître la refoule. On abêtit peu à peu, lentement; on rabêtit par des réprimandes infligées par occasions. On a abêti cet enfant par une mauvaise éducation. Il est tout rabêti par les reproches qu'il vient de recevoir, LAFAYE.

HIST. xvos. Etj'ai repris à mes despens Ce de quoi jeme hontioie [j'avais honte]; Dont grandement m'abestioie; Car mieux vaut science qu'argens, FROISS. Buisson de jeun. Gens qui cuident estre si sages, Qu'ils pensent plusieurs abestir, Si bien ne se sauront couvrir Qu'on n'aperçoive leurs courages, CH. D'ORL. Rond. Il sembloit que ses ennemis fussent aveugles et abestis, COMM. VIII, 4. || XVI s. Combien ai-je veu d'hommes abestis par temeraire avidité de sciencel MONT. 1, 181. Il nous fault abestir pour nous assagir, ID. II, 214. Laissant ces pompes de farces qui esblouissent les yeux des simples et abestissent leurs sens, CALV. Inst. 1062. En la fin, ayant là fiché leurs yeux et leurs sens, ils s'y sont abestis, ID. ib. 59. Ung homme par maulvais gouvernement se peult abestir, PALSG. p. 773. A sa contenance, il ressembla proprement à une personne estonnée ou abestie, et qui a perdu le sens et l'entendement, ne se souvenant plus qu'il estoit le grand Pompeius, AMYOT, Pomp. 102. Le plus souvent les princes s'abestissent De deux ou trois que mignons ils choisissent, RONS. 651.

ÉTYM. À et bête.

† ABĖTISSEMENT (a-be-ti-se-man), s. m. Action d'abétır. L'état de celui qui est abeti. L'abêtisse

ment de cet enfant.

AB HOC ET AB HAC (a-bo-ke-ta-bak, et non, comme quelques personnes, a-bo-ké-a-bak), loc. adv. et famil. Confusément, sans raison. Il parle ab hoc et ab hac.

HIST. XVI s. Il en prend ab hoc et ab hac [se dit d'un homme peu scrupuleux quant à l'argent]. ABEST. Précell. p. 77.

-RTYM. Locution latine signifiant de celui-ci et

de celle-ld, de ab et de hoc et hac (voy. Hoc). L'Aca- | sans fond. Les abimes de la terre. Il s'est formé

démie met sur hac un accent circonflexe que rien ne
légitime, sinon la coutume de nos rudiments de
grammaire latine.

ABHORRÉ, ÉE (a-bo-rré, rrée), part. passé. Ab-
horré comme il est. Abhorré de tous. Abhorré de
tout ce qui l'environne. Néron abhorré par Rome et
par les provinces. Chez nos dévots aïeux le théâtre
abhorré, BOIL. Art poét. III. Le nom de Polyphonte est
partout abhorré, VOLT. Mér. v, 8. .... Et, changeant
la gloire en outrage, T'offrir un triomphe abhorré,
LAMART. Médit. xix.

- REM. Abhorré de, abhorré par. L'un et l'autre
se disent. Plutôt de, quand abhorré est surtout consi-
déré comme indiquant un état; plutôt par, quand
abhorré est surtout considéré comme participe pas-
sif. Néron, abhorré de ses sujets, succomba sous
l'indignation générale. Néron a été abhorré par ses
sujets. Plutôt de que par quand le nom n'a pas d'ar-
ticle: Abhorré de tous.

ABHORRER (a-bo-rré), v. a. || 1° Eprouver de
l'horreur pour, repousser avec horreur. Abhorrer quel-
qu'un. Se faire abhorrer de quelqu'un. Il abhorre la
cruauté. Abhorrer le nom de roi. Dans l'éternel oubli
je dormirais encore; Mes yeux n'auraient pas vu ce
faux jour que j'abhorre, LAMART. Médit. xvm. Il dé-
teste l'autre, il l'abhorre, parce qu'il y voit tout à la
fois et Dieu déshonoré et l'homme perdu, BOURD.
Pens. t. II, p. 367. Le Roi n'avait point donné d'ou-
verture ni de prétexte aux excès sacriléges dont nous
abhorrons la mémoire, Boss. R. d'Anglet. C'est ce
qui
me le fait justement abhorrer, RAC. Phèd. 1, 5.
Honteux d'avoir poussé poussé tant de vœux superflus,
Pousse
Vous l'abhorriez: enfin, vous ne m'en parliez plus,
ID. Andr. 1, 1. Oracles que j'abhorre, Sans vos
ordres, sans vous, mon fils vivrait encore, VOLT.
OEd. IV, 1. Sauvez-moi du tourment d'être à ce que
j'abhorre, MOL. Tart. IV, 3. || 2° S'abhorrer, v.rest.
|| 1. Se haïr réciproquement. Ces deux hommes s'ab-
horrent. || 2o Se haïr soi-même. Je hais le monde en-
tier, je m'abhorre moi-même, volt. Zaïre, v, 6.

SYN. ABHORRER, DÉTESTER, HAIR. Les deux pre-
miers mots marquent également des sentiments d'a-
version, dont l'un est l'effet du goût naturel ou du
penchant du cœur, et l'autre, l'effet de la raison et
du jugement. Ou pour mieux dire, suivant l'étymo-
logie, on abhorre tout ce pour quoi on a une hor-
reur, une répulsion; on déteste tout ce que l'on
veut écarter, tenir loin de soi. Dans abhorrer et dé-
tester, le sentiment que l'on ressent n'est pas le
même: avec le premier on frissonne, avec le second
on repousse. C'est pour cela que les auteurs de sy-
nonymes ont dit que détester s'applique à ce qu'on ne
peut estimer, à ce que l'on condamne, à ce que l'on
juge mauvais; et que abhorrer s'applique à ce qui
excite antipathie, répugnance. Cela exposé, on voit
quelle nuance sépare ces deux verbes, et comment
ils peuvent être pris l'un pour l'autre. Haïr est le
terme général, par conséquent il exprime une
nuance moins forte. On hait tout ce qu'on déteste et
ce qu'on abhorre; mais dans haïr ne sont pas mar-
quées les distinctions qu'impliquent détester et ab-
horrer.

HIST. XVI s. C'est la cause pour quoi de tous sont hués et abhorryz, RABEL. Garg. 1, 40. Ilz crachoient dedans les platz, affin que les houstes [hôtes), abhorrens leurs infames crachatz, desistassent manger, ID. Pant. III, 46. Ceux qui soufroient de fait tout ce que font les rois à leurs subjets, detestoient et abhorrissoient encore neantmoins ce nom de roi, AMYOT, Ant. 16.

ÉTYM. Provenç. aborrir, aorrir; espagn. aborrecer; ital. aborrire; de abhorrere, de ab, indiquant séparation, et de horrere, avoir horreur (voy. HORREUR). La conjugaison a été en ir en provençal, en français et en italien, le verbe latin ayant été transformé en abhorire. C'est après le xvi° siècle qu'on a dit, d'après le latin, abhorrer au lieu d'abhorrir. ABIGÉAT (a-bi-jé-a), s.m. Terme d'ancien droit criminel. Délit de celui qui détourne les troupeaux d'autrui pour se les approprier.

ETYM. Abigeatus, enlèvement de troupeau, de abigeus, voleur, de abigere, chasser, éloigner, détourner, de ab, indiquant séparation, et igere pour agere, mener (voy. AGIR).

+ ABIGOTI, LE (a-bi-go-ti, tie), adj. Devenu bigot, rendu bigot. Mot bon à remettre en usage.

HIST. XVI s. Ce moine [Jacques Clément] aiant donc esté receu du roi [Henri III], comme estoient les moines de cet esprit abigoti, il receut sa lettre estant à la chaise percée, D'AUB. Hist. III, 402.

ETYM. A et bigot.

plusieurs abimes. Rouler dans un abime. Il n'est guère de hauteur qui ne soit voisine d'un abime. Sondez cet abtme, si vous le pouvez, Mass. Conf.

du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas, RAC. Ath. III, 5. Je frémis quand je voi Les abîmes profonds qui s'ouvrent devant moi, ID. Esth. III, 1. Sur cent premiers peuples célèbres, J'ai plongé cent peuples fameux Dans un abîme de ténèbres, Où vous disparaîtrez comme eux, BÉR. Temps. Pour se rabaisser jusqu'aux derniers abîmes du néant, PASC. Conv. du péch. Tout à coup le terrain s'affaisse et ouvre un abîme, FÉN. Tél. XXI. || 2° L'abime, les flots, l'océan. Il se précipita dans l'abîme. || 3° L'enfer, dans le langage de l'Ecriture. Les puits de l'abime. Ils tombent dans les abimes éternels, BOSS. Prédic. I. Puisqu'il suit l'âme jusque dans le fond de l'abîme, où il la tient captive et asservie, quand, malgré lui, sera-t-elle en état d'en sortir? BOURD. Pens. t. III, p. 69. L'Hébreu.... invoque l'abime et les cieux et Dieu même, VOLT. Henr. v. || Par exagération poétique. Sa sombre tyrannie entassait les victimes, Et des prisons d'Etat il peuplait les abîmes, M. J. CHÉN. Ch. IX, II, 1. || 4° Ce qui est extrême, le dernier degré; précipice, ruine, perte. C'est un abîme de vices. Se jeter dans un abîme de débauches. Cette maison est un abime. Le luxe est un abîme qui engloutit tout. Tomber du faite des grandeurs dans l'abîme. Mes ennemis me poussent dans l'abîme. Nous dormons sur les bords de l'abîme.. L'homme impatient est entraîné dans un abîme de malheurs, FÉN. Tél. xxiv. Il est toujours dans l'abime de la douleur, ouleur, SEV. 219. Pour moi qui ne vois rien dans le trouble où je suis, Qu'un gouffre de malheurs, qu'un abîme d'ennuis, CORN. Rodog. v, 4. Sous mes pas, c'est creuser un abîme, ID. ib. v, 1. Didon regarde avec horreur autour d'elle et ne voit que des abîmes, CHATEAUB. Génie, II, III, 2. Mes frères, quel abîme qu'une grande place! MASS. Louis. Ses yeux s'étaient fermés sur les bords de l'abîme, VOLT. Alz. v, 2. Dans l'abîme effroyable où je suis descendu, ID. Tancr. II, 6. .... sur le bord de l'abime où votre aveuglement vous conduit par le crime, ID. Catil. 1, 5. Dans quel abîme affreux vous me précipitez! RAC. Mithr. 11, 6. De piége en piége et d'abîme en abîme, ID. Ath. IV, 3. Vous qui portez sur la conscience les abîmes d'une vie entière de désordre, Mass. Av. Bonh. L'homme n'est qu'un abime de faiblesse, ID. Prière, 1. Faut-il que vous soyez un abîme de contradictions? ID. Délai. Fait-elle monter de l'abîme de sa douleur les cris d'un repentir sincère? ID. Impén. Cet abime de soins et d'embarras ne lui laissait pas le loisir de chercher dans les prophéties d'Isaïe.... ID. Bonh. Si vous ne sortez pas de l'abîme où vous vivez, ID. Car. Conv. Les Juifs tombèrent dans un autre abime, Boss Erreur. Replonger dans de nouveaux abîmes, LA BRUY. 1. || 5o Dans un sens favorable. Cet homme est un abîme de science, il est très-savant. Les habitants de l'Elysée sont plongés dans cet abime de délices. comme les poissons dans la mer, FÉN. Tél. xix. L'âme va se perdre dans le vaste abîme de ses perfections, BOSS. Excel. de Dieu. || 6o Lieu, chose impénétrable, mystère. La nature a caché la vérité au fond d'un abime. L'ame humaine a des abîmes impénétrables. L'infini est un abîme pour l'esprit humain. Il se figure des abîmes inconnus dans sa conscience, MASS. Tiéd. 1. O mon Dieu! je n'ose regarder d'un œil fixe les abîmes de vos jugements et de votre justice, ID. Car. Nombre des élus. Je ne viens pas, Seigneur, sonder les abîmes de vos jugements, FLECH. Tur. Dieu, dont les jugements sont des abîmes, ID. ib. Dieu seui de nos esprits pénètre les abîmes, ROTROU, Bél. V, 5. Des plus affreux complots il perce les abîmes, VOLT. Sém. 1, 3. Je n'ai jamais d'Helmonde approfondi le crime; Mes yeux ont toujours craint de percer cet abime, DUCIS, Lear, 1, 2. || 7° Terme de blason. Centre de l'écu lorsqu'il porte une ou plusieurs pièces qui ne chargent aucune des autres. Il porte trois besans d'or, avec une fleur de lis en abime. || 8° Géolog. Cavité naturelle presque perpendiculaire, d'une grande profondeur et ne renfermant aucun liquide. || 9° Chand. Auge de bois contenant le suif fondu. || Prov. L'abime appelle l'abîme, un malheur en appelle un plus grand. Un abîme attire un autre abîme, et une médisance une autre médisance, BOURD. Pens. t. III, p. 167.

REM. On n'écrit plus abyme, malgré l'étymo logie.

JHIST. XII s. Molt est griés chose d'eschevi. l'abisme des vices, S. BERN. p. 167. Li quatre venz eissent d'abisme, BENOIT, II, 2055. || XIII s. Et puis recheoit [le navire) si profond que avis estoit qu'elle

ABIME (a-bi-m'), s. m. || 1o Cavité profonde ou cheïst en l'abisme et avenoit priès la tere el fons,

Ch. de Rains, 47. || LIV S. Son jugement [de Dieu] est un abisme; N'est homs qui en sache la disme, MACHAULT, P. 97. || xv s. Tant sur terre comme en abysmes [en mer], FROISS. Buiss. de jeun. Pourquoi ne dirons-nous abysme do hardement et de prouesse estre en celui vaillant mareschal et sa noble compaignie, Bouc. II, 22. || XVI s. Toi qui du cœur les abysmes connois, DU BELLAY, II, 35, recto. Je vois sortir des abysmes Une orque pour m'abysmer, 1D. 11, 37, recto. Certainement il entendoit combien estoit grande l'abysme de nos pechés, CALV. Inst. 498. Que l'abysme de ta misericorde engloutisse l'abysme de nos pechés, ID. ib. 500. Ila les grand'eaux amassées En la mer comme en un vaisseau; Aux abysmes les a massées, Comme un tresor en un monceau, MAROT, Iv, 272. Là de la terre et là de l'onde Sont les racines jusqu'au fond De l'abysme la plus profonde, RONSARD, 356.

- ÉTYM. Provenç. abis et abisme; espag. abismo; ital. abisso; de abyssus, de ἀβυσσος, de a priv. et Βυσσός, fond, sans fond. Βυσσός est de même radical que bout (voy. ce mot). Abisme en français eten provençal, abismo en espagn. est un substantif superlatif représentant abyssimus, le gouffre le plus profond, comme en latin oculissimus, dominissimus. Les formes provençales et italiennes abis et abisso reproduisent directement le latin abyssus. Ce mot a été féminin dans le xvi siècle, sans aucune raison, si ce n'est la terminaison en e muet.

ABIME, ÉE (a-bi-mé, mée), part. passé. || 1o Jeté dans le fond. Le vaisseau abimé dans les flots. La flotte abimée ou dispersée par la tempête. Il est arrivé plusieurs fois que des terrains mis à sec ont été recouverts par les eaux, soit qu'ils aient été abîmés, ou que les eaux aient été seulement portées au-dessus d'eux, cuv. Rév. 21. Le petit espace que je remplis et même que je vois abimé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore, PASC. Édit. Cous. || 2° Fig. Le Messie abimé dans la douleur, Boss. Hist. 1, 4. Possédé de Dieu et abimé dans la gloire, ID. Culte. Vous vous trouverez abîmés, devant lui dans un sentiment de respect, ID. Retr. La douleur où elle se voit abimée, CORN. Ex. du Cid. L'autre, par Néron dans le vice abimé, Ramènera ce luxe où sa main l'a formé, ID. Oth. III. 3. Le roi [Charles XII] paraissait abtmé dans une rêverie profonde, VOLT. Ch. XII, 1. Toujours abimé dans sa philosophie, SÉV. 542. Le pauvre chevalier était bien abîme de douleur, ID. 214. Mme de Vias est abîmée dans ses procès, ID. 422. J'étais abimé dans la plus amère douleur, FÉN. Tél. 11. Bacchus était tel qu'il parut à la malheureuse Ariane, lorsqu'il la trouva seule, abandonnée et abimée dans la douleur sur un rivage inconnu, ID. ib. XVII. Une tendre amante abtmée dans la douleur, HAM. Gramm. 11. Un homme abimé dans la débauche, MASS. Doute. Le crime où vous êtes abimés depuis tant de temps, ID. Délai. || 3o Ruiné, abattu, endommagé, en parlant des personnes et des choses. Il est abimé. Abimé dans une discussion. Pays abîmé par les impôts. Routes abimées par les pluies. Robe tout abimée. Sire, ce sont mes dettes; je suis abimé, sév. 114. Voilà une femme bien abimée, ID. Tout le monde est abîmé (sans argent), ID. 127. Un tribut que le prince lèverait difficilement sur des sujets abimés, MONTESQ. Esprit, V, 15.

ABIMER (a-bi-mé), v. a. || 1° Précipiter dans un abime. Jehova abima Sodome. Un tremblement de terre abime parfois une maison. Nous ne pouvons abimer Télémaque dans les flots de la mer, FÉN. Tél. XIX. Dieu résolut enfin.... D'abîmer sous les eaux tous ces audacieux, BOIL. Sat. xII. || 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l'abîma en de graves réflexions. En l'esclavage un autre hymen l'abime, CORN. Sert. 1. Faites qu'elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m'abîme, ID. Perth. 11, 4. L'inceste où malgré vous tous deux je vous abtme, Recevra de ma main sa première victime, ID. OEd. v, 40. || 3° Ruiner, endommager, gåter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L'ouragan abime les blés. Les pluies abtment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue; il est tout abimé. Le soleil abime certaines étoffes. Maux qui sont capables d'abimer l'Etat, Boss. Lett. xxxiv. Pour soutenir tes droits.... Abime tout plutôt, c'est l'esprit de l'Eglise, BOIL. Lutrin, 1. Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abime, Mass. Visit. || 4° Dans une discussion. Abimer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abtme [ces théologiens), Boss.

Avertiss. VI.

vaisseau s'abtma dans la mer. Une grande partie s'a- | manches, t. Iv, p. 233. Un sauveur pauvre, un saubima dans le fleuve. L'infanterie s'abima dans un veur abject et humilié, un sauveur souffrant et marais. Troie s'abima dans les flammes. Au fond de pénitent, ID. Pensées, t. III, p. 232. Et moi, tout mél'eau bouillante elle s'est abîmée, ROTROU, M. de Chrispe, v, 10. Mourez; tout doit mourir, et nos saints monuments S'abîment avec nous sans laisser plus de trace, C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7. Terre où je n'ai plus rien que mon cœur puisse aimer, Ouvre-toi! Dans tes flancs puissé-je m'abîmer! LEMERC. Fréd. et Br. IV, 4. || 2o Fig. Tout s'abîme dans l'oubli. S'abîmer dans l'étude. Il s'abime dans de tristes pensées. S'abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s'abime, BOIL. Sat. 11. Et dans les doux torrents d'une allégresse entière Tu verras s'abimer tes maux les plus amers, CORN. T. d'or, Prol. Que les tristes pensers où votre âme s'abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime, MAIR. Sol. 11, 8. Ces tristesses profondes où vous vous abimez, BOURD. Pensées, t. III, p. 65. Occupé de tout cela, rempli d'admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s'abtmer et s'anéantir, ID. ib. p. 386. Boufflers s'abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu'il pouvait mériter, ST-SIM. 214, 144. Je m'abtme dans ces pensées, sév. 12, 6. Château, chapelle, donjon, tout s'en va, tout s'abime, P. L. COURR. 1, 176. || 3o Etre gâté ou endommagé. Certaines étoffes s'abiment au soleil.

prisable, tout néant que je suis, vile et abjecte créature, ID. ib. t. 11, p. 12. Le reconnaître, malgré son état pauvre et abject, pour le Dieu et le souverain maître de l'univers, ID. ib. t. III, p. 244. Le sang le plus abject vous était précieux, RAC. Brit. IV, 3. De quoi peut satisfaire un cœur si généreux Le sang abject et vil de ces deux malheureux? CORN. Mort de Pomp. IV, 1. Un choix abject, ID. Sert. v, 4. Et dans les plus bas rangs les noms les plus abjects Ont voulu s'ennoblir par de si hauts projets, ID. Cinna, IV, 4. [Elle) ne prendra jamais un cœur assez abject Pour se laisser réduire à l'hymen d'un sujet, ID. Nic. 1, 1. Rang abject, ID. ib. II, 1. Exemple abject, ID. OEd. II, 4. Esclave abject, ID. Ages. II, 1. Fortune abjecte, ROTROU, St-Gen. 1, 7. Au contraire, cet autre, abject en son langage, Fait parler les bergers comme on parle au village, BOIL. Art poét. 11. J'avoue que la modestie des ministres et des pasteurs de l'Église ne doit avoir rien d'abject et de méprisable, Mass. t. x, p. 298. Le mot esclave ne se présente à notre esprit qu'avec des idées abjectes, DIDER. Ess. sur Richardson.

ABIMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abimera quelque jour. Sa maison a abtmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abimer, PERROT D'ABLANC. dans FERAUD. Jurant, à faire abîmer la ville de Valence, SCAR. Rom. com. 11, 14. || Peu usité en cet emploi.

REM. Ce mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse? C'est que l'on peut y ajouter l'épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l'Académie d'avoir admis abîmer avec le sens de gâter: un habit abtmé. L'Académien'a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très-réel. En tout cas, cet usage n'a point amoindri le mot abtmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification.

HIST. xv1o s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes, AMYOT, Galba, 26. En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s'estoient efforcés d'en faire auparavant, ID. César, 6. Si que les nefs sans crainte d'abismer Nageoient en mer à voiles avallées, MAROT, II, 249. Dont plus n'auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Etles montagnes abismer Au milieu de la haute mer, ID. IV, 294. Sers-moi de phare et garde d'abismer (que ne s'abime] Ma nef qui flotte en si profonde mer, RONSARD, 595. Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme, CALV. Inst. 662. Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens, CARL. VIII, 16. Oh! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy! DU BELLAY, III, 93, verso.

- ETYM. Abime; Berry, abisser; provenç. abissar; anc. catal.abisar; espagn. abismar; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d'autres, ont suivi abyssus et non abyssimus.

AB INTESTAT (a-bin-tes-ta), loc. adv. Terme de jurisprud. A la suite d'une mort sans testament. Héritier ab intestat, succession ab intestat. Dixtêtes viennent ab intestat partager sa succession, LA BRUY. 11. Les lois restreignirent le nombre de ceux qui pouvaient succéder ab intestat, MONTESQ. Espr. XXVII. - ETYM. Ab intestato, de ab, de, et intestatus, intestat (voy. ce mot).

AB IRATO (a-bi-ra-to), loc. adv. Sous l'influence de la colère. Lettre écrite ab irato. Testament fait ab irato.

ETYM. Ab, par, et iratus, en colère, de ira, colère, ire (voy. IRE).

ABJECT, ECTE (ab-je-kt' ou ab-jè, au fém. abjè-kt'), adj. Qui est rejeté et digne de l'être; et, par conséquent, vil, méprisable. Les âmes abjectes. Il est d'une naissance abjecte. Tout ce qu'il y a de grand et tout ce qu'il y a d'abject, PASC. Édit. Cous. A peine peuvent-ils souffrir que l'Église soit dans l'éclat où elle est maintenant; ils voudraient qu'elle fût aussi dépendante des puissances temporelles, aussi pauvre et aussi abjecte qu'elle l'était du temps

S'ABIMER, v. réfl. || 1° Tomber dans un abime. Lel des premiers Césars, BOURD. Sermons pour les di

-REM. 1.Il se met après son substantif; dans quelques circonstances on peut le placer avant, mais surtout avec des noms féminins: abjecte naissance, abjecte créature. || 2. La prononciation de ce motest incertaine. Plusieurs prononcentab-je-kt', et de même au pluriel; d'autres ne font pas sentir le c, et disent abjè, comme dans sujet; mais au féminin, ab-jé-kt'. Le fait est que dans le xvn siècle Corneille a fait rimer abject avec sujet et projet (voy. les exemples), ne prononçant pas le c. Je crois que c'est en effet la meilleure prononciation, et qu'il faut prononcer abject au masculin singulier ou pluriel comme on prononce sujet et projet, qui d'ailleurs sont composés de même; et si la langue avait été conséquente, le caurait disparu d'abject comme il a disparu des mots précités. On pourrait ainsi formuler la règle : quand la voix pourra s'arrêter sur abject, on ne fera entendre ni le cni let: un homme abject, prononcez abjè; mais quand la voix ne s'y arrêtera pas, on fera sentir lecet let: et dans ce vers de Boileau, Au contraire cet autre abject en son langage, on dira: ab-je-kt en son langage. L'intervention de l'Académie pour décider ce cas de prononciation serait nécessaire.

HIST. XVI s. N'y ayant si pauvre, vil et abjet, criminel et prisonnier à qui, cette permission [de faire l'aumône) soit jamais par aucune loi refusée, MARIE STUART, Lettre du 15 mai 1585.

ÉTYM. Abjectus, de abjicere, rejeter, de ab, marquant éloignement, et jicere pour jacere, jeter (voy. ce mot).

† ABJECTEMENT (ab-je-kte-man), adv. D'une façon abjecte.

ÉTYM. Abjecte au féminin, et ment (voy. MENT). ABJECTION (ab-jèk-sion), s. f. || 1° Etat abject. Tomber dans l'abjection. Il vécut dans la débauche et l'abjection. L'abjection des sentiments. Pour abaisser notre orgueil et relever notre abjection. On ne remarque chez cette nation [espagnole] aucun de ces tours de phrase qui annoncent l'abjection des pensées, CHATEAUB. Abenc. 165. || 2° Terme de dévotion. Humiliation profonde devant Dieu. Une abjection volontaire et une entière abnégation des honneurs. || 3o En style de l'Écriture, rebut. L'opprobre des hommes et l'abjection du peuple.

SYN. ABJECTION, BASSESSE. Signification commune, défaut d'élévation. La nature a placé des êtres dans l'élévation et d'autres dans la bassesse; mais elle ne place personne dans l'abjection: l'homme s'y jette de son choix ou y est plongé par la dureté d'autrui, GUIZOT. En effet bassesse exprime un état où l'on est, et abjection un état où l'on a été jeté. La bassesse, quoique aussi grande que l'abjection, n'excite pas autant de mépris. Dans la bassesse on est au plus bas degré, dans l'abjection on inspire la répugnance et le dégoût. Dans la bassesse du langage et des sentiments, il y a manque de dignité; dans l'abjection, il y a quelque chose d'ignominieux qui repousse, LAFAYE.

ETYM. Provenç. abjectio; ital. abbiezzione; de abjectione, de abjectus (voy. ABJECT).

ABJURATION (ab-ju-ra-sion), s. f. Action d'abjurer, se dit et de celui qui abjure et de la chose abjurée. L'abjuration de Henri IV. L'abjuration du calvinisme par ce prince. L'abjuration du christianisme par Porphyre. L'abjuration qu'il fit de ses plus chères amitiés. L'abjuration de ses anciens principes lui a fait le plus grand tort. || Faireabjuration, se dit d'une

cérémonie publique par laquelle on quitte sa reli- | s'en ensuit ablation de l'action des muscles du thorax | mattre les rompit, Bien que de leurs abois ils perças

gion et on entre dans le sein du catholicisme. Elle et des autres servans à la respiration, ID. VIII, 10.
fit abjuration au couvent de la Visitation, J. J. ROUSS.
Conf. I I.

ETYM. Ablatio (Voy. ABLATIF).

ABLATIVO (a-bla-ti-vo). Mot populaire qui ne s'em-REM. On a prétendu qu'il ne pouvait y avoir ab- ploie que dans ce cas: ablativo tout en un tas, c'estjuration que dans le sein du christianisme, c'est-à-à-dire tout ensemble, avec confusion et désordre.

dire que le mot ne s'employait que pour exprimer l'action de passer d'une secte chrétienne dissidente dans le sein du catholicisme. Cela n'est pas fondé. Abjuration ne comporte rien d'aussi précis; et on peut dire en parlant d'un juif: l'abjuration du judaïsme.

- HIST. xvs. Abjuration est un serrement que home ou feme prennent, quant ils ont commise felonie, et fui à l'Eglise pour tuition de leurs vies, eslisant plustost perpetuel banissement que à ester à la loi, DU CANGE, abjuratio. || xvI s. Ce fut là où les jesuites dresserent la forme d'abjuration que nous avons alleguée, D'AUB. Hist. II, 484.

- ETYM. Abjuratio, de abjurare, abjurer (voy.

ABJURER).

+ ABJURATOIRE (ab-ju-ra-toire), adj. Qui concerne l'abjuration. Formule abjuratoire.

ETYM. Abjurer.

ABJURÉ, ÉÉ (ab-ju-ré, ée), part. passé. Le calvinisme abjuré par Henri IV. De vieilles haines, depuis longtemps abjurées.

ABJURER (ab-ju-ré), v. a. || 1° Renoncer solennellement à. Abjurer un culte profane. La seule chapelle royale a vu plus de trois cents convertis abjurer saintement leurs erreurs entre les mains de l'aumônier, BOSS. R. d'Angleterre. Quel spectacle que celui d'un vénérable vieillard [Galilée] abjurant a genoux, contre le témoignage de sa propre conscience, la vérité qu'il avait prouvée avec évidence! LAPLACE, Exp. v, 4. || 2° Absolument. Des calvinistes abjurèrent lors de la révocation de l'édit de Nantes. [[ 3o Fig. Abjurer ses principes. Abjurer ses erreurs. Il abjura ses préventions. Abjurer le monde. Ce prince abjura toute prudence et se perdit. || 4° S'abjurer, être abjuré. L'hérésie s'abjurait. Des erreurs peuvent s'abjurer.

- HIST. XVI S. A cela fut ajoustée une forme de serment pour abjurer le roi d'Espagne, D'AUB. Hist. 1, 471.

- ETYM. Abjurare, de ab, indiquant éloignemen, et jurare, jurer.

ABLACTATION (a-bla-kta-sion), s. f. Terme de médecine. L'action de cesser d'allaiter. Il a été employé pour exprimer la cessation de l'allaitement considérée par rapport à la mère, le mot sevrage s'appliquant plus particulièrement à l'enfant.

ETYM. Ablactatio, de ab, indiquant séparation, et lac, lait (voy. LAIT).

+ ABLAIS (a-ble), s. m. plur. Blés coupés qui sont encore dans le champ.

ÉTYM. Bas-latin, abladium, de ad, à, et bas

latin, bladum, blé (voy. BLE).

+ABLAQUEATION (ab-la-kué-a-sion), s. f. Action de creuser autour du pied d'un arbre une petite fosse destinée à retenir l'eau.

ETYM. Ablaqueatio, de ab, exprimant extraction, et laqueare, arroser, de lacus, lac (voy.

LAC).

ABLATIF (a-bla-tif), s. m. Termede grammaire. Le sixième cas de la déclinaison latine. L'ablatif est dit parfois le cas latin, parce qu'il n'existe pas en grec. Ablatif absolu, nom d'une forme particulière à la langue latine, où un mot, accompagné d'un partitipe ou d'un adjectif, se mettait à l'ablatif, sans être en rapport avec un autre mot dans la phrase. Nous avons imité cette tournure: les parts étant faites, le lion parla ainsi. Abusivement, puisqu'il n'y a pas de cas en français, on a donné quelquefois le nom d'ablatif absolu à ces membres de phrases, dé

tachés de tout le reste

HIST. xvis. Quant rencontré a un accusatif Qui sa robe lui a fait ablative, CH. D'ORL. Rond. 68. -ETYM. Ablativus, de ab, indiquant séparation, et de lativus, exprimant l'action de porter. Ainsi l'ablatif est le cas qui indique l'extraction. Lativus, mot inusité, vient de latum, supin du verbe ferre. Latus, porté, est pour tlatus, qui, se rapportant au grec τλάω, est de même radical que le latin tolerare (VOY. TOLERER).

ABLATION (a-bla-sion), s. f. || 1o Terme de chirurgie. Action d'enlever, de retrancher. L'ablation d'un membre, d'une tumeur, d'une exostose. || 2° Terme de grammaire. C'est la même chose que l'aphérèse, le retranchement d'une lettre au commencement d'un mot.

HIST. XVI s. Ces maladies ne se peuvent guerir sans ablation du virus, PARÉ, XVI, 4. Souventes fois

- ETYM. Ablativus (voy. ABLATIF).
ABLE (a-bl') s. m. ou ABLETTE (a-ble-t') s. f.
Petit poisson blanc ben à manger, dont les écailles
servent à la fabrication de l'essence d'Orient.
- HIST. xvs Es-tu le fol vieillart gregeois Qui
nos dieux ne prise deux ables? Mart. de St Denys.

ETYM. Bas-lat. abula, de albula qui se trouve
dans les gloses pour désigner une sorte de poisson,
de albus, blanc (voy. AUBE). Ablette est le diminutif
de able.

+ ABLE, suffixe Ce suffixe a deux significations.
Dans la première, il est passif et il indique ce qui est
digne de recevoir l'action exprimée par le radical:
de aimer, aimable, qui mérite d'être aimé; de exé-
cuter, exécutable, qui peut être exécuté. Dans la
seconde signification, ce suffixe est actif et indique
ce qui peut produire l'action exprimée par le radical:
de faveur, favorable, qui donne faveur; de secours,
secourable, qui donne secours. Dans cette seconde
acception le suffixe ible est plus souvent employé.

ÉTYM. Abilis, suffixe latin.
ABLÉGAT (a-blé-ga; let ne se prononce pas), s. m.
Vicaire d'un légat. L'ablégat est un commissaire
chargé de porter à un cardinal qui vient d'être promu
la barrette et le petit bonnet carré.

ETYM. Ab, ce qui dépend de, et legatus, légat.
ABLERET (a-ble-re), s. m. Terme de pêche. Filet
carré attaché au bout d'une perche, avec lequel on
pêche des ables et d'autres petits poissons.

HIST. XIV. s. Nous defendons les ableres, Du-
CANGE, ableia. || XVI s. Un sac à pechier poisson,
ung abliere et quatre filets, ID. ib.

- ETYM. Able, s. m.
† ABLUANT, ANTE (a-blu-an, an-t'), adj. Terme
de chirurgie. Qui lave, qui déterge. Les préparations
abluantes agissent surtout par leurs particules
laqueuses. Peu usité.
ETYM. Abluer.

ABLUÉ, ÉE (a-blu-é, ée), part. passé. Parchemin
ablué.

ABLUER (a-blu-é), v. a. Terme technique. Laver, passer légèrement une liqueur préparée avec de la noix de galle sur du parchemin ou du papier, pour faire revivre l'écriture.

ETYM. Abluere, de ab, indiquant séparation, et

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1o Action d'abluer.

luere, laver (voy. LOTION).
ABLUTION (a- (a-blu-sion), S.
Dans la messe, l'ablution désigne le vin que le prê-
tre prend après la communion, ainsi que le vin et
l'eau qu'on verse sur ses doigts et dans le calice après
qu'il a communié. M. de Metz, ayant pris la première
ablution et voyant au volume des petites burettes
qu'il restait peu de vin pour la seconde, en demanda
davantage, ST-SIM. 329, 62. || 2° Pratique religieuse
qui consiste à se laver diverses parties du corps. Se
purifier par une ablution. Faire une ablution. Com-
bien toutes ces ablutions et ces expiations remplis-
saient l'esprit de superstitions, FONTEN. Oracl. 1, 15.
HIST. XVI s. Les indulgences font du sang des
martyrs ablution des péchés, CALV. Inst. 523. Etsu-
bit lui fait ablution d'Egyptiac, avec un petit d'eau
de vie, PARÉ, VIII, 15.

ETYM. Ablutio, d'abluere, abluer.
ABNÉGATION (ab-né-ga-sion), s. f. Renoncement.
Faire abnégation de ses intérêts. Agir avec abnéga-
tion. L'abnégation est un sacrifice. Avec une par-
faite abnégation de ses désirs, Boss. Lettr. abb. CL.
Est-il un plus beau sacrifice? est-il une abnégation
de soi-même et une mortification plus parfaite?
BOURD. Pens. t. III, p. 153. Legrand avantage de la vie
religieuse, c'est l'abnégation chrétienne, c'est la mor-
tification des sens, c'est la croix, ID. ib. t. II, p. 362.
La pratique de cette abnégation évangélique en quoi
consiste le vrai christianisme et par conséquent le
salut, 1D. ib. t. 1, p. 88. C'est une qualité dans les in-
dividus que l'abnégation de soi-même, STAEL, Allem.
1, 2.

sent les nues, LA FONT. Fab. XI, 23. Trois pasteurs, enfants de cette terre, Le suivaient, accourus aux abois turbulents Des molosses..., A. CHÉN. 23. || 2° S. m. plur. Moment où le cerf, serré par les chiens qui aboient après lui, est à l'extrémité. Le cerf est aux abois. Il tient les abois. Son frère ayant couru mainte haute aventure, Mis maint cerf aux abois, maint sanglier abattu, LA FONT. Fab. VIII, 24. }| 3o Fig. Dernière extrémité. Ils sont aux abois. Les assiégés étaient réduits aux derniers abois. Mais pardonne aux abois d'une vieille amitié, Qui ne peut expirer sans me faire pitié, CORN. Cinna, III, 2. [11] nous surprend, nous assiége, et fait un tel effort, Que, la ville aux abois, on lui parle d'accord, ID. Rod. 1, 6. Unissons ma vengeance à votre politique Pour sauver des abois toute la république, ID. Sert. 1, 3. Ah! quel apre tourment! quels douloureux abois! ID. Méd. V, 5. Ah! je m'en souviendrai jusqu'aux derniers abois [la mort], ID. Théod. 1, 2. En cet heureux moment rappelés des abois, (ils] Rendent grâces au Ciel d'une commune voix, ID. Ed. v, 14. Et ces esprits légers, approchant des abois, Pourraient bien se dédire une seconde fois, ID. Nic. IV, 2. J'en laissai deux sans vie et mis l'autre aux abois, ID. OEd. 1, 6. De sa haine aux abois la fierté se redouble, IL. Soph. v, 8. D'effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles, Vous persécuteront jusqu'aux derniers abois, RoTROU, Antig. v, 6. Sans languir si longtemps aux abois, REGNIER, Dial. Une nymphe fuyante Qui, réduite aux abois...., ID. Ep. 1. Où l'on voit tous les jours l'innocence aux abois, BOIL. Sat. 1. Dès que j'y veux rêver, ma veine est aux abois, D. ib. VII. Cette idée est capable de me réduire aux abois, MOL. Ier interm. de la Princ. Louis XIV réduisant l'hérésie aux derniers abois, LA FONT. Disc. dl'Acad. Il semblait, à me voir, que je fusse aux abois, ID. Epit. xxII, 19. Réduire un esprit aux abois, ID. Je vous prends sans verd, 3. Nous sommes réduits aux abois, boss. Pent.1. Philisbourg est aux abois en huit jours, ID. L. de Bourb. L'idolatrie qui semblait aux abois, ID. Hist. 12. || 4° Tenir quelqu'un en aboi, le repaître de vaines espérances.

II,

REM. Voltaire, sur le vers de Nicomède cite plus haut, remarque que l'expression des abois, qui par elle-même n'est pas noble, n'est plus d'usage aujourd'hui. Néanmoins cette expression est restée, à juste titre, dans l'usage, et elle n'a rien qui l'empêche d'entrer dans le meilleur style. Seulement, on en use moins librement qu'au xviu siècle, et on peut voir plus haut quelques emplois qu'en fait Corneille et qui paraissent un peu surannés.

SYN. ABOI, ABOIEMENT. Aboi se dit particulièrement de la qualité naturelle du cri du chien. Ce chien a un aboi perçant. Aboiement se dit plutôt des cris mêmes: de longs aboiements, des aboiements continuels. On dit: Faites cesser les aboiements de ce chien, et non pas: Faites cesser son aboi ou ses abois, LAVEAUX.

HIST. XII s. Il n'a garde d'aba de chien, RuTEB. 253. Renart li commença à rire, Si lui a jeté un abai; Certes, fait-il, je me gabai; Ce fis je pour vous peor [peur] faire, Ren. 1785. || xv° s. Quand il eut esté bien reprouvé et rigolé de ses compagnons, et, comme un sanglier, mis aux abois de tous costés, LOUIS XI, Nouv. 19. || XVI s. Las! quantes fois par rochers et par bois, Les chiens courans l'ont tenu aux abbois, MAROT, IV, 82. Avoir pour son exercice Force oiseaux et force abbois, DU BELL. 111, 87, recto. Et finirent leur vie, chantans jusques aux derniers abois un cantique, D'AUE. Hist. 1, 67. L'authorité duquel doit bien rabattre tous les abois de ce chien mastin, CALV. Inst. 321. Par leur importunité, comme par aboi, ils arrachent..., ID, ib. 875. L'empereur avoit deja rendu les abbois [cédé] et fait toutes submissions proposées par le duc Maurice, CARL. IV, 25. L'autre pressant le cerf d'abois, Devient satyre des bocages, RONS. 882. Car tant seulement mangeoit pour refrener les abois de l'estomac, RABEL. Garg. 1, 23. Rendre les abbois [n'en pouvoir plus] a bonne grâce en ce passage de BELLEAU : Aussitost que ces advocas Nous ont empietez une fois,

HIST. xvr s. La justice de Dieu git en abne- | Ils nous font rendre les abbois, H. EST. Précell. p. 90
ETYM. VOY. ABOYER.

gation de nous mesmes et obeissance de sa volonté,
CALV. Inst. 191. A tous autres de la dite religion,
d'en venir faire abnegation dans six mois, D'AUB. Hist.
H, 483.

ETYM. Abnegatio, de ab, indiquant sépara-
tion, et de negare, nier (voy. NIER).

ABOI (a-boi), s. m. || 1o Cri du chien. L'aboi des différentes espèces de chiens. Dans la rage, l'aboi du chien est modifié d'une façon caractéristique. Leur

ABOIEMENT ou ABOÎMENT (a-boi-man), s. m || 1° Cri du chien. Les aboiements redoublés des chiens de garde réveillèrent les habitants de la maison. || 2o Au fig. Les aboiements de l'Envie.

REM. Ce mot était anciennement de quatre syllabes, a-boi-ye-man; et quelques personnes ont conservé cette prononciation. L'usage tend à contracter les mots de cette nature. On a demandé à l'Acadédifférence abolissent une loi, mais ne l'abrogent mérite répulsion, aversion. Ils ont tenu des propos pas pour qu'elle soit abrogée, il faut un acte so- abominables. Jours abominables. C'est une femme lennel et régulier de la puissance publique. C'est abominable. Projets abominables. Tout ce qui est pour cela qu'une loi seule, un édit, un règlement dans les hommes, est abominable, PASC. Edit. Cousin. sont abrogés; tandis qu'une coutume, une tradition, Des plaisirs abominables, ID. ib. De l'offrir [le saint en usage sont abolis.

mie de se prononcer entre les deux orthographes; il n'est peut-être pas nécessaire absolument qu'elle le fasse; mais il serait nécessaire qu'elle fût conséquente et que tous les mots de cette catégorie fussent traités de même, autant que faire se peut.

ETYM. Aboyer.

ABOIS (a-bot), s. m. plur. Voy. ABOI. ABOLI, IE (a-bo-li, lie), part. passé. Usage aboli. Termes abolis. Ses honneurs abolis, son palais déserté Sont autant de liens qui retiennent Junie, RAC. Brit. 11, 3. Les histoires seront abolies avec les empires, et il ne se parlera plus de tous ces faits éclatants dont elles sont pleines, Boss. L. de Bourb. Ah! si quelques années après votre mort vous reveniez, hommes oubliés, au milieu du monde, vous vous vous hâteriez de rentrer dans vos tombeaux pour ne voir pas votre nom terni, votre mémoire abolie, ID. Letel.

ABOLIR (a-bo-lir), v. a. || 1o Mettre à néant. Abolir une loi. Les actes de ce gouvernement furent abolis. Des sectes ont voulu abolir le mariage. Les parlements furent abolis par l'Assemblée constituante. Dans les républiques anciennes, on abolissait quelquefois en partie les dettes pour soulager la plèbe obérée. En vain l'hérésie lui a-t-elle refusé ce culte suprême, et, par uneaudace insoutenable, a-t-elle entrepris de l'abolir, BOURD. Pens. t. III, p. 262. Pour en abolir la mémoire, Boss. Hist. 1, 10. L'idolatrie allait abolir la loi de Dieu, ID. ib. II, 109. On verra de David l'héritier détestable Abolir tes honneurs, profaner tes autels, RAC. Ath. v, 6. Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel, ID. Esth. 1, 4. Une mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit et qui ne sera pas la dernière, LABRUY. 13. Il abolit la dignité de patriarche, quoique assez dépendante de lui, et par là se trouva plus maître de son église, FONTEN. Czar Pierre. J'abolis les faux dieux, VOLT. Mah. II, 5. Ти juras toi-même D'abolir pour jamais l'autorité suprême, ID. M. de Cés. 1, 3. || 2o Terme d'ancien droit criminel. Abolir une créance, en interdire les poursuites. Mes services.... Pour le faire abolir [mon crime) sont plus que suffisants, CORN. Cid, 11, 1. || 3o S'abolir, être aboli. Cet usage s'est aboli peu à peu. Une maison de confusion où les plus anciennes pratiques s'abolissent, BOURD. Pens. t. 11, p. 386. [Liberté) Tes purs adorateurs, étrangers sur la terre, Voyant dans ces excès ton saint nom s'abolir, Ne le prononcent plus, LAMART. Méd. II, 20. Tout crime s'abolit a bout d'un certain nombre d'années, Acad.

SYN. ABOLIR, ABROGER. Idée commune, mettre hors d'usage. Abolir est plus général que abroger; tout ce qui met hors d'usage abolit, mais tout ce qui abolit n'abroge pas. La désuétude, l'oubli, l'in

ment du duel, ce fut la nouvelle manière de faire | comme un mauvais présage. Omen, d'après les combattre les armées, VOLT. Mœurs, 100.

HIST. XVI s. Pour l'abolissement du ciel et de la terre, les fideles ne laissent point d'estre establis devant Dieu, CALV. Inst. 334. Au dernier abolissement de leur chair, qui sera parfait en la fin de cette vie mortelle, ID. ib. 1056. Aussi leur advient aux cuisses un refroidissement et abolissement de sentir et mouvoir, PARÉ, XIV, 15. Abolissement des lettres et arts, M. DU BELLAY, Prol.

ETYM. Abolir.

ABOLITION (a-bo-li-sion), s. f. || 1o Action d'abolir. La paralysie est l'abolition du mouvement et de la sensibilité. L'abolition de l'ordre des Templiers. Y at-il rien de si grand que ce qu'il [Louis XIV] faisait pour détruire l'hérésie ? Et comptez-vous pour rien l'abolition des duels? dit d'un air content un autre homme...? MONTESQ. Lettr. pers. LIX. || 2° En termes de droit ancien, le pardon que le prince accordait d'autorité absolue pour un crime. Abolition d'un crime et abolition d'une peine. Obtenir une abolition. Lettres d'abolition. Le duc de Bourgogne [l'assassin du duc d'Orléans] daigna prendre des lettres d'abolition, VOLT. Mœurs, 79..... ou l'autre qui poursuit des abolitions, RÉGNIER, Sat. v. Son père [le cardinal de Bouillon) tint deux fois de son souverain la dignité de duc etpair, après avoir pensé renverser l'Etat, après avoir vécu d'abolitions, ST-SIMON, 279, 31. || 3o Dans un sens qui n'est plus de la langue du droit, effacement, remise. C'est par là que Magdeleine, cette fameuse pécheresse et cette pénitente aussi célèbre, obtint l'entière abolition de tous les déréglements de sa vie, et qu'elle parvint à un degré si éminent de sainteté, BOURD. Pens. t. II, p. 165.

- SYN. On a cherché une différence entre abolissement et abolition; mais il est impossible d'en trouver une qui soit fondée, si ce n'est que seul abolition se dit pour la remise d'un crime, d'une peine. -HIST. XVI s. Ces gens-là trop ceremonieux n'ont pas voulu prendre sur leurs consciences l'abolition de tant de meurtres et ravissements, D'AUB. Fæn. III, 17. Il monstre quelle est l'abolition de la loi, et aussi quel est l'usage d'icelle, CALV. Inst. 1056. Et se firent plusieurs autres traittés, et mesme de l'abolition de la pragmatique sanction, M. DU BELLAY, 21. Au different que le peuple eut avec les nobles touchant l'abolition des debtes, AMYOT, Alc. et Cor. comp. 5. Il se fit decerner abolition generale de tout le passé, et pour l'advenir licence de faire mourir qui bon lui semblerait, ID. Sylla, 68.

- ÉTYM. Provenç. abolitio; espagn. abolicion; ital. abolizione; de abolitio (voy. ABOLIR).

† ABOLITIONNISTE (a-bo-li-sio-ni-st'), s. m. Se dit, aux Etats-Unis, des partisans de l'abolition de l'esclavage. ABOMINABLE (a-bo-mina-bl'), adj. || 1° Qui

sacrifice de l'Eucharistie) pour avoir de quoi conten

- HIST. XVI s. Jésus dit qu'il n'est point venu ter nos passions, de quoi nourrir nos cupidités... ne pour abolir la loy, mais pour l'accomplir, CALV. serait-ce pas l'usage le plus abominable? BOURD. Pens. Inst. 267. L'Église est establie gardienne de la verité t. II, p. 291. Ah! quel abominable maîtreme voisde Dieu, afin qu'elle ne s'abolisse point en ce monde, je obligé de servir, MOL. Festin de Pierre, 1, 14. VoiID. ib. 820. Les pierres moyennant lesquelles Deu- là, je vous l'avoue, un homme abominable, ID. Tart.

calion et Pyrrha restituoient le genre humain aboly par le deluge, RAB. Pant. III, 8. Le temps me peut abolir avant eage, Et mon malheur me garder de vous voir Beaucoup de jours, ST-GELAIS, 174. Voilà comment Timoleon alloit coupant et arrachant les tyrannies de la Sicile et y abolissant toutes guerres, AMYOT, Tim. 46. Onques puis le peuple n'en voulut user [de l'ostracisme) et en abolit l'usage entierement, ID. Arist. 18. Ils conspirerent ensemble de ruiner et abolir à Athenes l'autorité du peuple, ID. ib. 32.

ÉTYM. Provenç, et espagn. abolir; ital. abolere; de ab, indiquant diminution, et de olescere, croître, par conséquent faire décroître. La comparaison d'abolere avec adolescere, inolescere, exolescere, montre un radical commun ol, qui signifie croître. Les langues néo-latines ont changé abolere en aboliscere, d'où la conjugaison de ce mot en italien, abolisco, etc.

+ ABOLISSABLE (a-bo-li-sa-bl'), adj. Qui mérite d'être aboli, qui peut être aboli.

ÉTYM. Abolir.

IV, 6. Qui? ce chef d'une race abominable, impie, RAC. Est. 11, 1. Fourbe abominable, VOLT. Zaïre, IV, 5. L'abominable arrêt de ce conseil farouche, ID. Alz. v,4. || 2° Par exagération, se dit de tout ce qui est très mauvais. Une odeur abominable. Il fait un temps abominable. || Se dit des personnes et des choses, etse metavantou après le substantif, suivant l'oreille, surtout dans le style poétique et passionné; car dans le style ordinaire il se met presque toujours après. -HIST. XIII° s. Ces malades estoient si despis que les privés sergeants du benoit roi en estoient abominables [en avaient de l'abomination, du dégoût), JOINV. 352. || XIV s. Chose naturelment abhominable, ORESME, Thèse de Meunier. || xv s. Finalement ils regarderont et considereront entre eux que cette mesaise ils ne pouvoient longuement souffrir ni porter, tant leur estoit la punaisie abominable, FROISS. I, I, 115. || XVI s. C'estes vous qui vous justifiez devant les hommes; mais ce qui est haut est abominable à Dieu, CALV. Inst. 593. Icelle ostée, toutes les choses qu'on lui presente non-seulement sont fatras, mais ordures puantes et abominables, ID. ib. 609.

ÉTYM. Provenç. abhomenable; espagn. abominable; ital. abbominabile; de abominabilis, de abominor, détester, de ab, indiquant l'éloignement,

ABOLISSEMENT (a-bo-li-se-man), s. m. Action d'abolir. L'abolissement de la constitution. L'abolissement de la faculté de sentir et de se mouvoir dans l'apoplexie. Ce qui contribua le plus à l'abolisse-et omen, présage: abominable, ce qui doit être écarté

Latins, signifie proprement un augure qui se fait par la bouche des hommes, comme l'explique Cicéron, Dediv. 1, 45, et par extension toute espèce de présage bon ou mauvais. Ainsi, pendant que les Romains délibéraient après la destruction de Rome par les Gaulois, s'ils iraient s'établir à Veies, un centurion qui faisait ranger sa troupe, cria: Portedrapeau, arrête le drapeau, nous serons très-bien ici. Le sénat, entendant cette parole, s'écria qu'il acceptait l'augure (omen). En conséquence, les Latins ontfait venir omen, archaïque osmen, de os, bouche (voy. ORAL).

ABOMINABLEMENT (a-bo-mi-na-ble-man), adv. D'une manière abominable. -ÉTYM. Abominable, et le suffixe ment (voy. MENT).

ABOMINATION (a-bo-mi-na-sion), s. f. || 1o Aversion, répulsion. Avoir en abomination. Il est ez abomination à tout le monde. Ce sacrement qu'elles auraient en abomination, Pasc. Prov. 16. Vous laisserez votre nom en abomination à mes élus, ID. Proph. 33. || 2o Chose abominable. Il serait à souhaiter que ces abominations fussent ensevelies dans un éternel oubli, BOURD. Pens. t. III, p. 135. Les désordres et les abominations de toute sa vie, Mass. Injust. du monde. L'abomination entre jusque dans le lieu saint, ID. Médis. Il a vu les abominations en honneur au milieu de son peuple, ID. Conv. Nos prières et nos vertus sont abomination devant Dieu, PASC. Rel. 46. || 3o Dans les sermonnaires, abomination signifie particulièrement le culte des idoles, et même toute fausse religion. Manassès qui avaitintroduit l'abomination dans le lieu saint, Mass. Mélange. Mahomet était déjà prêt de (prêt à) venir placer l'abomination dans le lieu saint, Mass. Franc. L'abomination était répandue sur toute la terre, Pasc. Juifs, 20. Les abominations où tu es tombé sous Achaz, Boss. Hist. II, 10. On voit l'abomination dans le temple, ID. ib. II, 4. || 4° En style de l'Écriture, l'abomination de la désolation. Vous verrez l'abomination de la désolation, Boss. Hist. II, 9, c'est-à-dire les plus grandes profanations.

HIST. XIII S. La menthe conforte l'estomac et donne appetit de manger et oste abomination [dégoût], DU CANGE, abominatio. || XIV s. De tout mensonge ou tout comme mensonge, il a horreur et abomination, ORESME, Eth. 134. || xv° s. Le seigneur de Cohan avait en abomination les pommes; et pour ce le meirent en un grenier où il y en avoit à foison, pour le mettre à finance, JUV. DES URSINS, 1411. [| xv1 s. Votre encens m'est abomination, CALV. Inst. 609.

- ÉYTM. Provenç. abhominatio; espagn. abominacion; ital. abbominazione; de abominatio (voy. ABOMINABLE).

+ABOMINER (a-bo-mi-né), v. a. Avoir en atomination. Ce verbe, très-ancien dans la langue, mérite d'être repris; il se comprend sans peine, et n'a rien qui choque, puisqu'on a abominable et abomination.

-HIST. XIV s. Il est inutile à telles collocutions et esbattements; car il n'i confere et n'i fait rien, mes est triste en toutes choses et abhomine gieu qui est necessaire, ORESME, Eth. 138. || xv s. [choses] Dont Dieux et le ciel s'abhomine, EUST. DESCH. dans RAYNOUARD, abhominar. || xvI s. Certaines nations abominent la.... MONT. II, 226. Qu'est-ce que veut dire cela, que le Seigneur rejette et abomine si fort l'observation de la loi?... CALV. Instit. 609. Quant aux menetriers et decepteurs, Celui qui terre et ciel domine, Les abomine, MAROT, IV, 234.

ETYM. Berry, abominer; provenç. abominar; ital. abbominare; de abominari (voy. ABOMINABLE). +A-BON-COMPTE, s. m. Terme d'administrat. milit. Payement à régulariser. || Au plur. des à-boncompte.

ABONDAMMENT (a-bon-da-man), adv. Avec abondance. Cette source fournit de l'eau abondamment. Nourrir abondamment. Boire abondamment. Cette ville était abondamment pourvue. Fumer la terre abondamment. Cette question sera abondamment traitée. Cet avocat parla plus abondamment que son adversaire. Parce qu'il ne jeûnait et qu'il ne payait si abondamment la dime que par orgueil, BOURD. Pens. t. II, p. 436. Le Seigneur se communiquait à eux aux saints] plus abondamment, MASS. Myst. Purific. Animés plus abondamment de son esprit [on parle de Dieu), FLECH. Serm. I, 228.

SYN. ABONDAMMENT, EN ABONDANCE. Beaucoup; l'adverbe convient mieux en parlant de ce qui arrive: boire abondamment, suer abor lamment. La locution adverbiale se dit seulement en parlant de

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