ETYM. abri; picard et norm, abrier; Berry, | Les plaisirs abrutissants de la table, Mass. Avent, | j'ai été absent de Camille, je veux lui rendre compte abrier, abrisser; provenç. abriar, abricar; es- J. de Noël. pagn. abrigar. ABRIVENT (a-bri-van), s. m. || 1° Petite butte de bivouac pour une garde, pour un poste. || 2° Paillasson servant à protéger contre le vent. ÉTYM. Abri et vent. ABROGATION (a-bro-ga-sion) s. f. Action d'abroger. L'abrogation d'une loi, d'une coutume, d'une cérémonie. HIST. XVI s. Et de fait, saint Paul demonstre bien clairement une telle abrogation de la loy, CALV. Inst. 267. · ETYM. Abrogatio, de ab, indiquant retranchement, et rogare, demander et aussi porter une loi (Voy. ROGATION). ABROGÉ, EE (a-bro-jé, jée), part. passé. Lois abrogées. + ABROGEABLE (a-bro-ja-bl'), adj. Qui peut être abrogé. Ces lois sont abrogeables. ABROGER (a-bro-jé; on intercale un e devant a ou o: il abrogea, nous abrogeons). || 1° V. a. Mettre hors d'usage. Abroger une loi, une ordonnance. Le sénatus-consulte fut abrogé. || 2° S'abroger, v. réf. Etre abrogé. Cette coutume s'est abrogée d'elle-même par désuétude, Acad. HIST. XVIe s. Ils disent que la loi est abroguée et cassée aux fideles, CALV. Inst. 267. Il fit publiquement decerner la guerre contre Cleopatra et abroguer la puissance et l'empire d'Antonius, AMYOT, Ant. 77. venues. ETYM. À et brout. + ABROUTISSEMENT (a-brou-ti-se-man), s. m. Terme d'eaux et forêts. Etat d'un bois qui a été brouté par les bestiaux ou le gibier. L'abroutissement finit par faire périr les arbres. Ces arbres, souvent gâtés par l'abroutissement du bétail, ne s'élèvent pas, BUFF. Exp. sur les végét. 2o série. ÉTYM. Abrouti. ABRUPT, TE (a-bru-pt, pt'), adj. ||1• Qui est en pente rapide et comme rompu. Montagnes abruptes. La pente abrupte diffère de la pente roide, en ce que celle-là ne permet pas une ligne droite et que Fautre la permet. || 2o Fig. Style abrupt, style ooupé. ÉTYM. Abrutir. de ce que j'ai pu voir, MONTESQ. Temple de Gnide, 6. ETYM. Abrutir. Etre absent de quelqu'un, voIT. II, 168. Tant de ABRUTISSEMENT (a-bru-ti-se-man), s. m. Action jours ennuyeux, Que je m'en vais passer absent de d'abrutir. Etat d'une personne abrutie. Cet homme vos beaux yeux, MONTREUIL, II, 71. Et qu'un rival d'un esprit distingué a été jeté par le vin dans l'a- absent de vos divins appas, MOL. D. Garcie, 1, 3. brutissement. Les abrutissements sont de causes Absent de vous, je vous vois, vous entends, FONTEN. diverses, par exemple la misère, les mauvais trai-x, 468. || 4° En parlant des choses. Les choses abtements, les excès. sentes sortent de la mémoire. La fausseté des plaisirs présents et l'ignorance des plaisirs absents. | 5° Distrait, inattentif. Son esprit est parfois absent. | 6° Subst. Souvenez-vous d'un absent. Défendre les absents. Mesdames, ne parlez pas mal d'une absente, des absentes. Et ce vieux droit d'aînesse est souvent si puissant Que, pour remplir un trône, il rappelle un absent, COR. Nic. IV, 3. || 7° En termes de droit, se dit des personnes absentes dont on n'a point reçu de nouvelles depuis un certain temps et dont on ne connaît pas la résidence actuelle. || 8° Proverbe. Les absents ont tort on néglige les intérêts des personnes absentes. || Absent ne se met qu'après son substantif. † ABRUTISSEUR (a-bru-ti-seur), s. m. Qui abrutit. | Je voudrais bien que les Turcs fussent chassés du pays des Périclès et des Platon; il est vrai qu'ils ne sont pas persécuteurs, mais ils sont abrutisseurs; Dieu nous défasse des uns et des autres, VOLT. dans LAVEAUX. HIST. XIV S. Ils n'estoient pas absens pour creinte, BERCHEURE, f. 36. xvi s. Nul heur, bien ne me contente, Absent de ma divinité, FranETYM. Provenç. absens; catal. absent; espagn. ausente; ital. assente; de absens, de abs, indiquant éloignement, et de ens, étant, participe inusité du verbe sum, je suis (voy. ESSENCE). ÉTYM. Abscissus, coupé, de ah, indiquant séçoIS I. † ABSENTÉISME (a-bsan-té-i-sm', ou, suivant la prononciation réelle, a-psan-té-i-sm'), s. m. L'habitude de grands propriétaires anglais et irlandais de ne pas résider sur leurs terres, dans leur pays, et d'aller dépenser ailleurs leurs revenus. On comptait l'absentéisme parmi les maux de l'Irlande. ETYM. Angl., absenteism, d'absentée, celui qui s'absente de son pays ou de son emploi, de absenter (voy. ce mot). ABSENTER (S') (a-bsan-té, ou, suivant la prononciation réelle, a-psan-té), v. réfl. Se rendre absent. Je m'absenterai durant trois mois. Ne vous absentez pas dans la soirée, j'irai vous voir. Si vous devez vous absenter. S'absenter de l'armée, d'un repas. Loc. vic. J'ai absenté, dites: Je me suis absenté. ABSENCE (a-bsan-s', ou, suivant la prononciation réelle, a-psan-s'), s. f. 1° Non-présence. Pendant mon absence. Faire de longues absences. ÉTYM. Abrogare (voy. ABROGATION). Vous me pardonnerez mon absence. L'absence du ABROUTI, IE (a-brou-ti, tie), adj. Terme d'eaux mattre est préjudiciable. Son absence de la cour fut et forêts. Le bois est abrouti quand les premières remarquée. Votre absence de ces lieux est un malpousses ont été mangées par le bétail et sont malheur. Pourvu que vous ayez ce courage, notre absence ne vous nuira point, FEN. Tél. XXIII. Ce héros intrépide Consolait les mortels de l'absence d'Alcide, RAC. Phèd. I, 1. Toute votre vie est une absence continuelle de vous-même, MASS. Conf. || 2° Absence se prend absolument. Les regrets de l'absence. L'absence affaiblit les affections comme les haines. Mais enfin je la quitterai, quoique je sache que l'absence peut me la faire perdre, FÉN. Tél. XXII. L'absence est aussi bien un remède à la haine Qu'un appareil contre l'amour, LA FONT. Fab. X, 12. L'absence aux vrais amants est encor plus funeste, CORN. OEdip. I, 1. || 3° ManHIST. XIV S. Le suppliant s'est absenté du païs, que. L'absence des défauts dans un livre ne com- DU CANGE, absentandus. || xv s. Le duc d'Anjou, pense pas l'absence des qualités. Ce philosophe pen- frere de Charles V, en fut absenté, FROISS. II, 11, 70. sait que l'absence de la douleur était le but de sa Quoique le roi de France l'absentast au lit de mort vie, FEN. Phil. Épic. || 4° Fig. Absence d'esprit, et l'eloignast des besognes de France, le duc d'Anet absolument absence, distraction, perte de con- jou ne s'en absenta ni esloigna pas trop, ID. II, II, naissance. Il est sujet à des absences d'esprit. Il est 70. || xvi s. Quoy que ce soit, cestui Celer s'abfort distrait; il a des absences singulières. Ce sont senta de Rome et se retira au pays de la Thoscane, là des surprises et des absences d'un moment, MASS. AMYOT, Rom. 15. Ains que plus tost il s'absentast Pent. Les médecins trouvèrent le pouls si mauvais pour un temps, afin qu'il fust une autre fois cause qu'ils ne balancèrent pas à proposer au roi, qui re- de preserver son pays, ID. C. d'Utique, 46. Lors on venait cependant de son absence, de ne pas diffé-envoye ces noveaulx mariez veoir leur oncle, pour rer à recevoir les sacrements, ST-SIMON, 405, 41. les absenter de leurs femmes, quoique souvent ilz Quand une personne est un peu interdite, c'est ce n'ayent ne oncle ne tante, RAB. Pant. II, 4. Il s'esqu'on fait passer pour des absences d'esprit; ce toyt absenté de toutes compaignies et vivoyt en son terme est fort en usage, MARG. BUFFET, Observ. p. 43, privé, ID. Pant. iv, Prol. Absentez-vous pour ung en 1668. | 5° En termes de droit, absence d'une peu, si vous me voulés croire, PALSGR. p. 415. personne dont on n'a point reçu de nouvelles depuis une certaine époque, et dont la résidence actuelle n'est pas connue; et encore, défaut de présence à une assignation. 6° EN L'ABSENCE DE, loc. adv. En l'absence du maître, en l'absence du soleil. En mon absence. Elire des tribuns en leur absence. ETYM. Ex, de, et abruptus, abrupt, de ab, indiquant séparation, et ruptus, rompu (voy. ROM PRE). ABRUTI, LE (a-bru-ti, tie), part. passé. Homme abruti. Nations abruties par l'ignorance et la misère. Enfant abruti par les mauvais traitements. Claude était comme abruti, DIDER. Essai sur Cl. Eh! le peuple romain, dès longtemps abruti, De sa grandeur première a perdu la mémoire, LEGOUVÉ, Ep. et Néron, 1, 3. Le genre humain abruti ne pouvait plus s'élever aux choses intellectuelles, BOSS. Hist. I, 166. ABRÚTIR (a-bru-tir), v. a. || 1° Rendre brute. Il finit par abrutir un esprit peu ouvert. Vous l'abrutiriez par cette méthode, J. J. ROUSS. Em. . Il éteint et abrutit sa raison, MASS. Bonh. || 2° S'abrutir, v. réf. Devenir brute. Il s'est abruti par le vin. Excès où l'on s'abrutit dans les sens, où l'on éteint toutes les lumières de sa raison, BOURD. Pensées, t. II, p. 268. A mesure qu'il s'est abruti (l'homme corrompu], il a tâché de se persuader que l'homme était semblable à la bête, MASS. Car. Vérité d'un avenir. ABSIDE (a-bsi-d', ou, suivant la prononciation réelle, a-psi-d'), s. f. Terme d'architecture. || 1° Le sanctuaire d'une église, cette partie du chœur où le clergé se rangeait autrefois en cercle à droite et à gauche de l'évêque, Acad. Les prêtres rem- ETYM. Absentia ; provenç. absensa, absencia; es- plirent le demi-cercle de l'abside, CHATEAUB. Mart. pagn. ausencia; ital. absenzia, assenza (voy. AB-11, 47. || 2° Les architectes nomment abside la SENT). ABSENT, ENTE (a-bsan, san-t', ou, suivant la prononciation réelle, a-psan), adj. || 1. Qui n'est pas présent. Etre absent. Absent par congé. Vous avez été longtemps absent. C'est donc ainsi qu'absent vous m'avez obéi, MOL. Éc. des f. II, 2. Absent comme présent, il voyait le fond des cœurs, BOURD. Pensées, t. I, p. 381. Faut-il l'exhorter beaucoup et le solliciter de penser à la personne dont il est épris? que dis-je, peut-il même n'y penser pas et l'oublier? Tout absente qu'elle est, il ne la perd, en quelque manière, jamais de vue, et elle lui est toujours présente, ID. t. II, p. 62. Présente, je vous fuis; absente, je vous trouve, RAC. Ph. 1, 2. 2° Avec de et un nom de lieu. Absent de Paris. Il est depuis longtemps absent de chez lui. Absente de la cour, je n'ai pas dû penser, Seigneur, qu'en l'art de feindre il fallut m'exercer, BAC. Brit. II, 3. De ce même rivage absent depuis un mois, ID. Iph. ABRUTISSANT, ANTE (a-bru-ti-san, sant'), adj. 11, 4. || 3o Avec de et un nom de personne. Quand partie d'une église située derrière le maître autel, où les trois nefs sont ordinairement rompues pour faire place à une seule coupole. || 3° Châsse où l'on mettait les reliques des saints. ETYM. Absida ou absis, du grec avís ou ¿yís, signifiant la jante d'une roue et l'arceau d'une voûte; il vient de äлTev, qui veut dire toucher, joindre, unir (voy. APTE). ABSINTHE (a-bsin-t', ou, suivant la prononciation réelle, a-psin-t'), s. f. | 1 Plante aromatique et très-amère. L'absinthe se nomme aussi aluine; le nom scientifique est artemisia absinthium. || 2 Espèce de liqueur. faite avec l'absinthe. Prendre un verre d'absinthe. I 3 Fig. Amertume. Quand tu la vois si dignement Adoucir toutes nos absinthes, MALH. III, 3. La vie est cruellement mêlée d'absinthe, SEV. 120. Il vaut mieux ne se nourrir que d'un pain d'absinthe et d'amertume, MASS. Dégoûts. Si votre langue n'est pas toujours trempée dans l'absinthe, ID. Pardon. Dieux ! de termes de métaphysique, l'absolu, ce qui existe in- SYN. ABSOLU, IMPÉRIEUX. Un homme impérieux commande avec empire; un homme absolu veut être obéi avec exactitude. L'un peut n'exiger que de la déférence; l'autre veut de la soumission. On est impérieux par le ton, le langage; on peut être absolu en conservant de la douceur dans les formes. Un monarque impérieux est celui qui commande avec hauteur à ceux qui l'entourent; un monarque absolu est celui qui règne en maître sur ses sujets. On peut être impérieux et faible: sans fermeté on n'est pas absolu. On n'est impérieux que par moments: un caractère absolu se fait sentir sans interruption, GUIZOT. 7° En termes de grammaire, prendre, employer un mot absolument, c'est ne pas lui donner de complément. Dans la phrase: cet arbre ne produit pas, produire est pris absolument. HIST. XIV S. Selon les vertuz ou les vices nous sommes dits bons ou malvès, et selon les passions absolument considerées nous ne somme diz ne pons ne malvès, ORESME, Eth. 42. A parler absolument et simplement, telles choses faites par paour [peur] sont involuntaires, DD. ib. 48. || XVI S. C'estoit un factieux ennemi de la royauté, et capable lui seul, tant qu'il vivroit, d'empescher le roi de regner absolument, D'AUB. Vie, 127. Il n'y a nation au monde plus absolument obeissante à son prince, m. Hist. 1, 43 Il est defendu au concile de Calcedoine de recevoir un homme au ministere absoluement; c'est à dire sans lui assigner lieu auquel il exerce son office, CALV. Inst. 871. Or le patron et la regle pour estre homme de bien, c'est ceste nature mesme qui requiert absolument que le soyons, CHARRON, Sagesse, ¤, 3. — ETYM. Absolue, au féminin, et ment (voy. MENT), provenç. absolutament, absolutamen; ital. assolu tamente. L'orthographe régulière serait absoluement ou absolûment; mais l'usage a prévalu d'effacer tout signe de la dérivation. - HIST. XII s. Jamais n'ert [ne sera] tel en ABSOLUTION (ab-so-lu-sion, ou, suivant la proFrance l'asolue [la parfaite], Ch. de Rol. 168. || XIII s. nonciation réelle, ap-so-lu-sion; en poésie, de cinq Sire, fait-il, si [je] sui venus; Confès [je] veuil es- syllabes), s. f. ||1 Action d'absoudre en général. tre et absolus [absous], Lai du désiré. Il me demanda L'absolution lui fut donnée par la voix publisi je lavoie les piés aux poures le jeudi absolu que. On peut recevoir l'absolution du prince, Boss. [saint], et je lui respondi que nenil, JOINV. 293. Lettr. abb. 124. Comme un criminel qui attend Comment querreiz à Dieu merci, Se la mors en vos une sentence d'absolution ou de mort, BOURD. Penliz vous tue? Vous veeiz la terre absolue [sainte], Quisées, t. 1, p. 56. || 2° En termes de droit, jugement qui renvoie de l'accusation un accusé déclaré coupable,. il est vrai, mais dont le crime ou le délit n'est puni par aucune loi. L'absolution diffère de l'acquittement en ce que celui-ci déclare l'accusé non coupable. || 3° Action par laquelle le prêtre remet les péchés. Se rendre digne de l'absolution. Il aurait fallu vous disposer par l'amendement à l'absolution de vos crimes. L'absolution suppose un cœur contrit et humilié. Les anciens ont donné l'absolution avant la pénitence, PASC. P. jés. 26. Un autre qui veuille avoir l'absolution sans restituer, PASC. Prov. 6. Nous lui demandons [à Dieu] que, si, par l'entremise de ses ministres, il veut bien nous donner l'absolution de nos péchés, ce ne soit qu'une demi-absolution, qu'une absolution limitée, laquelle ne l'empêche point d'agir contre nous à toute occasion; quelles prières et quelies demandes! BOURD. Pensées, t. II, p. 60. || 4° Courte prière que récite l'officiant à chaque nocturne des matines. —–—– ÉTYM. Absolutus, de absolvere, délier et par suite absoudre (voy. ABSOUDRE); provenç. absolut; espagn. absoluto; ital. assoluto. ABSOLU, UE (ab-so-lu, lu-e, ou, suivant la prononciation réelle, ap-so-lu), adj. || 1° Qui n'est lié, borné, retenu par rien. Une impossibilité absolue. Il y a peu de vérités absolues. Domination absolue. Je veux être maître absolu, MOL. Préc. 5. Et vous quittez ainsi la puissance absolue, RAC. Theb. 1, 4. De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse, ID. Ath. v, 3. Ce Dieu maitre absolu de la terre et des cieux, ID. Esth. III, 4. Les femmes ont un empire absolu sur les hommes, PASC. éd. Cousin. Avais-tu résolu d'opprimer ta patrie, D'abandonner ton père au pouvoir absolu? VOLT. Brutus, v, 7. Il me semble surtout incessamment le voir Déposer en nos mains son absolu pouvoir, CORN. Cinna, III, 2. Rome l'ordonne ainsi de puissance absolue, MAIRET, M. d'Asdr. I, 1. O Romains! ô vengeance! ô pouvoir absolu! O rigoureux combat d'un cœur irrésolu! CORN. Cin-à vos tenz nous ert tolue, Dont j'ai le cuer triste et na, IV, 2. Ce domaine absolu qui soumet à votre marri, RUTEB. 64. || xv s. Et pourtant le dit duc, empire tous les êtres créés, BOURD. Pensées, t. II, très grievement au cœur courroucé, crut son conp. 422. Dans l'absolue et affreuse incertitude où je seil, lequel fit faire reponse absolut aux françois, suis, si vous m'avez pardonné, ID. ib. p. 79. || 2° Sens MONSTR. II, 99. [Un roi] Qui a subgiez, commandeabsolu. Vous prenez ce que je dis dans un sens ment et loy, Et qui moult puet de biens et de maux trop absolu. || 3° En termes de grammaire et de logi- faire Par son pouvoir absolu, voluntaire, E. DESque, absolu se dit par opposition à relatif. Homme est CHAMPS, Ce qui est nécess. aux rois. Monseigneur un terme absolu, père est un terme relatif. || 4° En le curé ne fut pas trop joyeux de cette réponse abtermes de grammaire latine et grecque, ablatif ab- solue [nette, tranchée], LOUIS XI, Nouv. 49. || XVI S. solu, génitif absolu, ablatif, génitif qui n'est régi Or, quand je n'auroy, comme j'ai, ceste juste respar aucun mot exprimé. || 5° Qui a pouvoir, au ponse absolute et universelle, qui...., MARTIN DU torité sans restriction. Un roi absolu. Les derniers BELLAY, 493. Absolu et parfaict tant en vertus comme règnes où l'on voit non-seulement les rois majeurs, en tout sçavoir liberal, RAB. Pant. I, 8. Un sermon mais encore les pupilles et les reines mêmes si ab- que fit pere Ange à Paris le jeudi absolu, D'AUB. solues et si redoutées, Boss. R. d'Angl. Une créanco Fon. Iv, 8. Reconnoyssant que l'absolu pouvoir que si absolue que pour cela je dois démentir tous mes je vous à son frère Henri IV] ai donné sur mes volsens, imposer silence à ma raison, lui faire violence, lontés ne vous peut faire changer.... Lett. de Caet la tenir assujettie sous le joug, BOURD. Pensées, therine de Nav. Bibl. des Chartes, 4o série, t. II, p. t. III, p. 185. Un pouvoir fondé sur une mission divine 146. et absolue ne se peut ni restreindre, ni circonscrire, WIRAB. Collection, t. IV, p. 341. Les autres enfants lui défèrent [à un autre enfant], et il se forme alors un gouvernement absolu, qui ne roule que sur le plaisir, LA BRUY. 11. Il craignait d'avoir un rival qui, tout éloigné qu'il eût été, eût pu l'empêcher d'être heureux, même dans un pays où il était absolu, SCARR. Rom. II, 14. Je veux croire.... Que mes yeux sur votre âme étaient plus absolus, RAC. Andr. III, 2. Et dans ce même trône où vous m'avez voulu, Sur moi comme sur tous je dois être absolu, CORN. Perth. 1, 4. Mais je sais que sur lui vous êtes absolue, ID. Attila, IV, 5. Oui sur tous mes désirs je me rends absolu, ID. Sert. IV, 3. Mais songez que les rois veulent être absolus, ID. Cid, II, 1. L'empereur, libre alors de craintes et de soins, Etant plus absolu, nous écouterait moins, ID. Andron. 1, 3. O vue! O sur mon cœur regards trop absolus, ID. Agés. V, 3. || 6° Pouvoir absolu se dit en politique du pouvoir royal, quand il n'est pas limité par une constitution, et que le prince peut faire des lois, en abroger, et lever des impôts sans consulter les représentants de la nation. || 7° Qui commande, qui veut être obéi. Il a un caractère absolu. Absolu dans sa famille. Une mère absolue. Vous le prenez là d'un ton bien absolu, MOL. F. sav. v, 3. C'est elle qui gouverne, et d'un ton absolu Elle dicte pour loi ce qu'elle a résolu, ID. ib. 1. 3. Antiope pleura, ne voulant point y aller; mais il fallut exécuter l'ordre absolu de son père, FÉN. Tel. XXIII. Gens humbles et souples jusqu'à la bassesse devant les puissances qui sont sur leur tête; mais absolus et fiers jusqu'à l'insolence envers ceux qu'ils ont sous leur domination, BOURD. Pensées, t. II, p. 223. || 8° En termes de chimie, pur, sans mélange. Alcool absolu, alcool sans eau. | 9° Le jeudi absolu se disait autrefois pour le jeudi saint || 10° En termes de métaphysique, qui n'est pas relatif, qui n'a rien de contingent. Les idées absolues sont celles qui, d'après la métaphysique, ne viennent pas de l'expérience. || 11° S. m. En -SYN. ABSOLUTION, PARDON, RÉMISSION. Ces trois termes, qui ont cela de commun qu'ils expriment l'effacement d'une faute, d'un crime, d'une accusation, ont cela de particulier qu'ils se rapportent le premier à un accusé, le second à un offenseur, le troisième à un coupable. Un père pardonne à son fils; un tribunal absout un accusé ; le prince remet à un coupable une peine encourue. ABSOLUMENT (a-bso-lu-man, ou, suivant la pro- ÉTYM. Provenç. absolutio; catal. absolució; espagn. absolucion; ital. assoluzione; de absolutio, de absolvere, absoudre. +ABSOLUTISME (a-bso-lu-ti-sme, ou plutôt ap-solu-ti-sm'), s. m. Système de gouvernement où le pouvoir est absolu. Néologisme. -ÉTYM. Absolu. +ABSOLUTISTE (ab-so-lu-ti-st'), s. et adj. Partisan | Un patrimoine est englouti dans une fausse spécu- | tiennent assouls et apaié, DU CANGE, absolutus. Mais de l'absolutisme. Opinion absolutiste. C'est un ab- lation; il est absorbé par les procès. Au figuré, la solutiste. Néologisme. synonymie cesse. On est absorbé dans ses peines, dans sa douleur, mais non englouti. ABSOLUTOIRE (ab-so-lu-toi-r'), adj. Qui porte absolution. Il ne se met qu'après le substantif: Un jugement absolutoire. HIST. XVI s. Quand il vint à prononcer la sentence des juges, qui estoit absolutoire, AMYOT, Pomp. 8. ETYM. Absolutorius, de absolvere, absoudre. ABSORBANT, ANTE (ab-sor-ban, ban-t', ou, suivant la prononciation réelle, ap-sor-ban), adj. || 1. Qui absorbe l'humidité. Des terres absorbantes. || 2. Fig. Qui absorbe l'esprit, qui l'occupe tout entier. Pensées absorbantes. Son occupation est absorbante. || 3° En termes d'anatomie, Système absorbant, l'ensemble des vaisseaux et des glandes, qui étaient supposés produire l'absorption; et substantivement les absorbants, les vaisseaux qui font partie de ce système. Bichat avait donné le nom de système absorbant à l'ensemble des vaisseaux et ganglions lymphatiques. On sait aujourd'hui qu'il n'y a pas de système absorbant, et que l'absorption s'opère d'une autre façon. || 4° En pharmacie, se dit des substances qui ont la propriété d'absorber les acides dans l'estomac. La magnésie est une terre absorbante. || 5° Substantivement. Tout cet appareil d'absorbants me parait une pure charlatanerie, J. J. ROUSS. Em. 1. || 6° En chirurgie, on appelle absorbants des substances molles, spongieuses et propres à s'imbiber des liquides épanchés. Il ne se met guère qu'après son substantif. HIST. XIII s. Deables le puist asorber, Quand il nous fet tant de mal traire, Ren. 5892. De ce me merveil sans doutence, Quant la mer, qui est nete et pure, Souffroit son pechié et s'ordure, Et qu'enfers ne l'asorbissoit, RUTEB. II, 14. || XIV S. Pour ce que li sire lui fist Les deux ieus asorbir au chef, DU CANGE, absorben. Si que les dicts engins [de pêche] assorboient si touz petis poissons flevoins [de fleuve] et autres, que se pourveance n'eust esté faicte.... Ord. de Philippe le Long, Bibl. des Ch. 3° série, t. IV, p. 54. Cette delettation est aussi comme evanouie et absorbée, ORESME, Eth. 89. La delettation qu'il a en sa vertu asorbe et annichile toute tristesse, ID. b. 90. | xv s. Que l'en [on] y dist grandement estre adommagié et assorbi [diminué], DU CANGE, ib. il meismes i respont, Et la cause nous en espont, Com cil qui bien de raison use, Et les diex assolt et escuse, la Rose, 6388. || xv s. Ils estoient devers le roi de France absols et nommés quittes, et encore leur delivroit on or et argent, FROISS. I, IV, 20. Le feu roi que Dieu absolve, COMM. VII, Prol. || xvi s. Le peuple absolut à toute peine Pelopidas, MONT. I, 3. Estre absouls de son debvoir, m. 1, 30. Sera il absoult.... ID. 1, 128. Il resolut de mourir, afin que ses citoyens ne pussent jamais estre absoulz de leur serment, AMYOT, Lyc. 61. Il voulut que celui qui auroit fait le meurtre fut absoult à pur et & plein, moyennant que.... ID. Publ. 21. Il se rencontra que les voix qui le condamnoient estoient une de plus que celles qui l'absolvoient.... il donna la derniere voix qui l'absolut judiciellement, ID. Caton d'Utique, 23. En Lacedemone il y avoit une loi, laquelle declaroit les enfants absouls d'aider à leurs peres en vieillesse, quand ils avoient esté noncha- ETYM. Absorbere, de ab, indiquant séparation, lans de les faire instruire en jeunesse, LANOUE, 116. et sorbere, avaler. Il n'appartient pas à un prestre de savoir pour cerABSORPTION (ab-sor-psion, ou, suivant la pro-tain si le pecheur est absous, mais à celui du quel nonciation réelle, ap-sor-psion; de quatre syllabes il faut demander absolution, CALV. Inst. 501. Nul en poésie), s. f. || 1o Action d'absorber. L'absorption ne peut estre lié ou absous, sinon celui qui en est de l'âme en Dieu. L'absorption des pluies par la terre. digne, ID. ib. 503. Leurs pensées les condamnent || 2° En termes de physique, phénomène qui consiste ou absoudent devant Dieu, m. ib. 946. Combien dans l'attraction et la condensation d'un gaz ou d'un plus vous doit elle delivrer et absoudre des liens huliquide par un corps solide ou liquide. || 3° En termes mains? ID. b. 1026. Il leur remonstra qu'ilz n'esde physiologie, action des tissus organiques par toyent mie absouldz de leurs promesses, RAB. Garg laquelle des molécules extérieures pénètrent dans 1, 20. leur substance. L'absorption est une propriété générale de tous les tissus vivants; et il n'y a point de vaisseaux ou d'organes qui en soient particulièrement chargés. ÉTYM.Provenç. absolvre, absolver, assolver; anc. catal. absolrer; catal. mod, absoldrer; espagn. absolver; ital. assolvere; d'absolvere, de ab, indiquant séparation, et solvere, délier (voy. SOLUTION). Du temps de PALSGRAVE on écrivait assouldre, et on prononçait assoudre, p. 23. ETYM. Absoudre. ABSTÈME (ab-stê-m'), s. m. et f. Qui ne boit pas de vin. Telle qu'est celle (l'exception) des abstèmes, qui ne peuvent boire de vin, BOSS. Déf. comm. Nous serions tous abstèmes si l'on ne nous eût donné du vin dans nos jeunes ans, Ém. 11. ABSORBÉ, ÉE (ap-sor-bé, bée), part. passé. || 1o Poison absorbé. Pluies avidement absorbées par la terre. || 2° Biens absorbés par les procès, en procès. || 3° Au figuré. Absorbé par les affaires, absorbé par ETYM. Absorptio (voy. ABSORBER). une grande douleur, absorbé dans ses réflexions. ABSOUDRE (ab-sou-dr' ou plutôt ap-sou-dr'), j'abJe suis absorbé dans la composition. Mais ce n'est là sous, tu absous, il absout, nous absolvons, vous ABSOUS, ABSOUTE (ab-sou, sou-t' ou plutôt apqu'une faible voix absorbée, pour ainsi dire, par le absolvez, ils absolvent. J'absolvais. J'ai absous. sou), part. passé. Il fut renvoyé absous. Absous du bruit formidable de la multitude, MASS. Profession J'absolus. J'absoudrai. Absous. Qu'il absolve. Ab-crime qu'on lui imputait. Un pénitent absous par le religieuse, Sermon. Absorbé dans ses spéculations, solvons, absolvez, qu'ils absolvent. Que j'absolve, confesseur. Vous sortez du tribunal de la confession il devait naturellement être et indifférent pour les que tu absolves, qu'il absolve, que nous absol- absous, mais non justifié. affaires et incapable de les traiter, FONTEN. Newton.vions, que vous absolviez, qu'ils absolvent. Que ABSOUTE (ab-sou-ť ou plutôt ap-sou-t'), s. f. La volonté est absorbée en Dieu, PASC. édit. Cousin, j'absolusse. J'absoudrais. Absolvant. Absous ab-1 Terme de la liturgie catholique. Absolution puQuand je considère la petite durée de ma vie absor- soute J'absolus et j'absolusse sont peu usités; mais blique et solennelle qui se donne en général au peubée dans l'éternité, ID. ib. || 4° Absolument. Qui ne on ne doit pas les exclure de l'usage, puisqu'on dit ple et dont la cérémonie se fait le jeudi saint au matin prête pas attention aux choses du dehors. Voyez-le; je résolus et je résolusse. v. a. ||1° Renvoyer de ou le mercredi au soir dans les cathédrales. || 2° Céréil est tout absorbé. l'accusation. Absoudre du crime de prévarication. monie qui se fait autour du cercueil, dans l'office Il fut absous par dix voix contre cinq. Les juges le des morts. renvoyèrent absous. Il a été absous à pur et à plein. Un témoin dont le nom vous eût absous du crime, VOLT. Cat. II, 4. || 2° En termes de droit, absoudre et acquitter ne sont pas synonymes. Le tribunal absout une personne qui est reconnue coupable du délit à elle imputé, mais dont le délit n'est pas qualifié punissable par la loi. Il acquitte un accusé reconnu innocent. 3° En termes de théologie, remettre les péchés dans le tribunal de la pénitence. Absoudre un pénitent. Absoudre les cas réservés, Acad. || 4° Au figuré. Pardonner. Je vous absous de votre imprudence. On était disposé à l'absoudre de tous ses méfaits. Tous ces crimes d'Etat qu'on fait pour la couronne, Le ciel nous en absout alors qu'il nous la donne, CORN. Cinna, v, 2. De tes grandeurs tu sus te faire absoudre, France, et ton nom triomphe des revers, BERANGER, Enf. de la France. 5° Absolument. Dix voix suffisaient pour absoudre. Le prêtre a pouvoir d'absoudre en cas de mort. L'Eglise donne aux prêtres qui nous assistent tous les pouvoirs; elle ne se réserve rien, et elle leur confère toute sa juridiction pour pardonner et pour absoudre, BOURD. Pensées, t. II, p. 311. Là votre voix décide; elle absout ou condamne; Ici vous périrez.... VOLT. Scyth III, 1. || 6° S'absoudre, v. réfl. 11 ne put s'absoudre lui-même de la faute qu'on lui avait pardonnée. ABSORBER (ab-sor-bé, ou, suivant la prononciation réelle, ap-sor-bé), v. a. || 1° Faire entrer en soi. Ce que la terre absorbe. Tu avais absorbé tant de vin. L'éponge absorbe l'eau. Le sang absorbe l'oxygène de l'air atmosphérique. Jusqu'à ce que l'olive ait absorbé le sel. Le mercure est absorbé dans l'estomac. Le poison une fois absorbé manifeste ses effets. Il conçoit que les comètes sont des taches du soleil.... elles s'élèvent jusqu'à une certaine distance et retombent ensuite dans le soleil qui les absorbe de nouveau et les dissout, FONTEN. Hartsoëker.... Seigneur.... Entends du haut du ciel le cri de mes besoins; Et, comme le soleil aspire la rosée, Dans ton sein à jamais absorbe ma pensée, LAMART. Médit. XVI. || 2° Faire disparaître, épuiser, consumer. Le noir absorbe la lumière. Les procès ont absorbé son patrimoine. Les intérêts absorbent le capital. La Chine et l'Inde absorbent une grande partie du numéraire de l'Occident. Les impôts ont absorbé leur fortune. Un faible cri absorbé dans la clameur de la multitude. Mon temps est absorbé par mille affaires de détail. Enfin les riches, en reculant peu à peu les bornes de leurs terres, avaient absorbé et confondu la plupart des terres communes, VERTOT, Rév. III, 227. La grande affaire a absorbé la petite, BOSS., Lettr. 81. L'image de la chair du péché a été absorbée par la gloire, PASC. édit. Cous. Une vicissitude d'affaires qui absorbe toute leur vie, MASS. Temps. 13° Appliquer l'esprit, occuper entièrement. Absor- HIST. XI S. De sa main destre [il] l'ad assols et ber l'attention. Cette affaire l'absorbe tout entier. signet, Ch. de Rol. 25. Assoldrai vous por vos ames Pensées qui absorbent. Ceux qu'absorbe le soin du guarir, ib. 87. || xu s. Quant [je] vous aurai assalut de l'Etat. Le spectacle absorbait tellement les sous et beneis, Ronc. IV, 56. Bien sont assolz, quite spectateurs.... Cette récompense nous absorbe tout de leur pechiez, ib. 57. XIII s. Et si les assoloit à fait en Dieu, BOSS. Or. 10. Qu'un plus sublime comme bons fils, VILLER. 55. Et il dit que si feroit objet absorbe ma pensée, C. DELAV. Par. II, 3. il volentiers, mais que le patriarche l'absousist jus||4° S'absorber, v. réfl. Etre absorbé. L'oxygène s'ab-ques à leurs revenir, JOINV. 270. Et je li dis: je vous sorbe dans le poumon. Le Rhin s'absorbe dans les sables. I s'absorbe dans sa douleur. S'absorber dans l'étude des mathématiques. -- assolz de tel pooir comme Dieu m'a donné, ID. 246. vin. ROUSS. ETYM. Abstemius, de abs privatif, et temetum +ABSTENANT, ANTE (ab-ste-nan, nan-t'), s. m. et f. Celui, celle qui s'abstient. Dans les élections, le nombre des abstenants fut très-considérable. ABSTENIR (S') (ab-ste-nir. Se conjugue comme tenir), v. réfl. || 1° Se priver de, ne pas se laisser aller à. S'abstenir de vin. S'abstenir de toute hostilité. S'abstenir de combattre. S'abstenir de manger, de mentír. S'ils ne s'abstiennent pas d'écrire. Il ne s'est pas abstenu d'y toucher. Il s'abstient de se défendre. Abstenez-vous de nuire à votre ennemi. C'est une question sur laquelle nous nous sommes abstenus de nous prononcer. Que la communion, quelque fréquente qu'elle soit, ne nous rend pas impeccables, et que ce n'est pas toujours une raison de s'en abstenir que de légères fautes qui échappent aux plus vigilants, BOURD. Pensées, t. III, p. 324. Quiconque n'avait pas eu soin de se purifier et ne s'était pas abstenu des plaisirs les plus légitimes, ID. ib. p. 355. Avare de mon sang, quand je versais le sien, Aux dépens de ses jours [il] s'est abstenu du mien, CRÉB. Rhad. v, 6. Voilà par quel motif, inju rieux peut-être, Je me suis devant elle abstenu de paraître, DUCIS, Lear, II, 4. || 2° Absolument. On voudrait s'abstenir; et on se laisse aller par fausse honto à.... Dans le doute, abstiens-toi. || 3° S'abstenir, se dit aussi pour garder l'abstinence, c'est-à-dire ne pas manger. Il vaut mieux s'abstenir que de mangerce qui fait mal. || 4° En termes de jurisprudence, ce juge s'abstient, il se récuse; cet héritier s'est abstenu de la succession, il n'a point fait acte d'héritier. REM. Ce verbe veut la préposition de, soit avec un substantif, soit avec un infinitif. Le participe s'accorde avec le sujet : il s'est abstenu, elle s'est abstenue; ils se sont abstenus, elles se sont abstenues. HIST. S. Charles se pasme, ne s'en puet as- tia. Comme seroit concupiscence et mauvais desirs | abstrayiez. J'abstrairai. Abstrais, qu'il abstraie, tenir, Ch. de Rol. 203. || xin s. Adonc [il] plore et ga- surmontés et vaincus par abstinence, ORESME, Eth. 5. abstrayons, abstrayez, qu'ils abstraient. Que j'abmente [lamente], ne s'en puet astenir, Ch. d'Ant. v, Vivre sobrement aveque abstinence. Ne faire en rien straie, que tu abstraies, qu'il abstraie, que nous 450. [I] ne s'en put astenir, des yeux en a lermé, abstinence de quelconques excès, ID. Thèse de Meunier. abstrayions, que vous abstrayiez, qu'ils abstraient. Berte, 45. || XIV S. Aucuns illiberaux se abstiennent || xv s. Durant les treves ou abstinences et souf- J'abstrairais. Abstrayant. Le parfait défini et l'imparde prendre aucune chose de autrui, ORESME, Eth. frances de guerre, DUCANGE, abstinentia. Ainsi mour- fait du subjonctif ne sont pas usités. v. a. || 1° Terme 111. Se aucun est vaincu de delettation ou de tris-rai, regrettant mes amours, Comme un hermite, en de philosophie. Considérer isolément, dans un obteces, des quelles pluseurs se peuvent abstenir, telest faisant abstinence, BASS. 31. Pour ce que les An-jet, un de ses caractères. Dans un objet blanc on incontinent ou mol, ID. b. 210. C'est plus fort de glois apperceurent quelques abstinences que le dit abstrait la blancheur, qui devient un terme général. soustenir tristeces ou choses tristes que n'est soy ab- messire Bouciquaut faisoit, demanderent si c'estoit En arithmétique, on abstrait les nombres de toute stenir de choses delettables, ID. ib. 89. || xve s. Com- pour faire armes, Hist. de Bouciq. 1, 14. valeur particulière. Les origines du langage témoi. ment il [le roi d'Angleterre ] avoit si ardemment gnent que les hommes ont abstrait les qualités pour enaimé par amour la belle et la noble dame Alips, faire les substantifs généraux. || 2o Absolument. Le comtesse de Salebrin, qu'il ne s'en pouvoit abstenir, pouvoir d'abstraire. C'est que, par la faculté que FROISS. I, I, 191. || XVI S. Que tout juge s'abstienne toutes les personnes auraient d'abstraire, elles de vin sur le point d'executer sa charge, MONT. II, pourraient toutes être géomètres, DIDER. Lettr. sur les sourds et muets. || 3o Abstraire son esprit, le séparer de tout autre objet que celui que l'on considère. Que d'efforts pour abstraire son esprit et se livrer à des méditations profondes! Abstraire un personnage du temps où il a vécu, une idée de la société où elle a pris naissance. Abstraire a ici son sens propre de séparer. 49. -ÉTYM. Provenç. abstener, abstenir, estener; espagn. abstener; de abs, indiquant séparation, et tenere, tenir (voy. TENIR). ABSTENTION (ab-stan-sion), s. f. Action de s'abstenir dans l'exercice d'une fonction, d'un droit. L'abstention de ce juge dans le procès, de ces électeurs dans l'élection. ETYM. Provenç. abstinensa, abstinencia, es- ETYM. Abstinens, de abstinere, s'abstenir. 1 4 ÉTYM. Voy. ABSTRACTION. — ETYM. Abstentio, de abstinere, s'abstenir (voy.me S'ABSTENIR). ABSTENU, UE (ab-ste-nu, ue), part. passé. Ce sera à son adresse [du duc d'Orléans], à son esprit, à ne s'ouvrir sur rien que sur la nécessité de profiter de l'absence de ceux que la requête regarde, nécessairement abstenus du conseil, SAINT-SIMON, 397, 168. Cet emploi ne paraît pas à imiter. ABSTERGÉ, ÉE (ab-stèr-jé, jée), part. passé. Plaie bien abstergée. ETYM. Absterger. ABSTERGER (ab-stèr-jé. Il faut avoir soin d'intercaler un e après le g devant a ou o, afin de garder au g le son doux), v. a. Terme de médecine. Nettoyer. Absterger une plaie. Ce médicament sert à absterger. ETYM. Provenç. abstractiu; espagn.[ abstractivo; d'un adjectif non latin, abstractivus, de abstrahere, abstraire (voy. ABSTRAIRE). ABSTRACTION (ab-stra-ksion; en poésie, de quatre syllabes), s. f. || 1 Action d'abstraire, opération intellectuelle par laquelle, dans un objet, on isole un caractère pour ne considérer que ce caractère; réABSTERGENT, ENTE (ab-stèr-jan, jan-t'), adj. sultat de cette action. Sans l'abstraction, l'esprit Terme de médecine. Qui absterge. Médicaments ab- humain ne pourrait conduire aucun raisonnement stergents, et, substantivement, au masculin, les un peu compliqué. L'abstraction ne crée pas des abstergents. On emploie les abstergents pour en-êtres et n'est qu'un artifice logique. Le pouvoir lever les matières visqueuses et putrides. d'abstraction. Par une abstraction puissante, il a - HIST. XVI s. Sa teinture ne se peut effacer qu'à saisi ce qu'il y avait de plus général dans son sujet. grande peine avec drogues, tant soient-elles abster- La blancheur considérée en soi est une abstraction, gentes, PARÉ, XXV, 46. puisqu'il y a dans la nature, non la blancheur, mais des choses blanches. Il faut bien se garder de prendre des abstractions pour des réalités. Un point géométrique est une supposition, une abstraction de l'esprit, VOLT. Memm. XII. On est souvent forcé de s'écarter, pour l'intérêt public, de la rigoureuse pureté d'une abstraction philosophique, MIRAB. Collection, t. I, p. 323. Dans ces diverses cosmogonies, on est placé entre des contes d'enfants et des abstractions de philosophe, CHATEAUB. Gén. I, III, 1. || 2° Faire abstraction de, écarter, ne pas faire entrer en compte. Faire abstraction des inconvénients. Abstraction faite des hommes et du temps. Il faut estimer le mérite pour lui-même et faire abstraction de la fortune. En faisant abstraction de tout sens, PASC. Prov. I. De quelque manière que l'on considère cette république, abstraction faite de sa grandeur, J. J. ROUSS. Contr. iv, 3. || 3° Au plur. Dans un sens défavorable, idées trop métaphysiques, mal soutenues par les faits. C'est un esprit chimérique qui se perd dans les abstractions. || 4° Au plur. Rêverie, préoccupation. Le voilà de nouveau dans ses abstractions. -HIST. XVI s. Il absterge, desseiche et consolide toute plaie faite d'estoc, PARÉ, VIII, 32. · ÉTYM. Abstergere, de abs, indiquant extraction, et tergere, essuyer, mot à mot, enlever en essuyant. ÅBSTERSIF, IVE (ab-stèr-sif, siv'), adj. Terme de chirurgie. Propre à nettoyer. HIST. XVI s. Tous simples qui sont dessiccatifs, abstersifs, sans erosion, PARÉ, VIII, 15. ETYM. Absterger. ABSTERSION (ab-ster-sion), s. f. Terme de chirurgie. Action d'absterger. HIST. XVI s. La plaie, d'autant qu'elle est sordide, demande abstersion, PARÉ, XXV, 15. ETYM. Absterger. ABSTINENCE (ab-sti-nan-s'), s. f. ||1° Action de s'abstenir. L'abstinence du vin. L'abstinence des plaisirs. L'abstinence entière de la viande est une cause d'affaiblissement. || 2o Absolument. Action de s'abstenir du manger et du boire. Il jeûne ou fait abstinence. Les temps et les jours consacrés à l'abstinence. La pratique de l'abstinence. Les rigueurs de l'abstinence. Le médecin lui a recommandé l'abstinence. Faire faire abstinence à un malade. Le seul chanoine Evrard d'abstinence incapable, BOIL. Lutr. Iv. Donnons à ce grand œuvre une heure d'abstinence, ID. ib. || 3° Au plur. Action de s'abstenir de certains aliments. Les abstinences et les jeûnes. Employant à la charité les restes de sa pauvreté et les fruits de ses abstinences, FLÉCH. Panég. II, 392. En observant les abstinences de la loi, MASS. Riche. 4° Jours d'abstinence, chez les catholiques, jours où l'on doit s'abstenir de manger de la viande sans être obligé de jeûner. SYN. FAIRE ABSTRACTION, ABSTRAIRE. Faire abstraction, c'est ne pas tenir compte de. Abstraire, c'est exécuter l'opération intellectuelle par laquelle on isole, dans un objet, un caractère. On abstrait pour généraliser; on fait abstraction de, quand on n'a pas égard à ceci ou à cela. HIST. XIV s. À ce peut l'en respondre la cause est pour ce que les choses de mathematiques sont cogneues par abstrattion, imagination et phantasie, ORESME, Eth. 181. ÉTYM. Provenç, abstraccio; catal. abstracció; espagn. abstraccion; ital. astrazione; de abstractio, de abstrahere, abstraire. ABSTRACTIVEMENT (ab-stra-kti-ve-man), adv. D'une manière abstractive, d'une manière qui abstrait. || Il ne se met guère qu'après le participe passé :Il a considéré abstractivement cette qualité. SYN. L'Académie confond absolument cet adverbe avec abstraitement; la nuance est en effet petite; pourtant abstractivement exprime une action, et abstraitement un état. Une considération abstrac tive est une considération qui abstrait; une considération abstraite est une considération dans laquelle l'abstraction est déjà opérée. HIST. XII S. [II] saintefiad Ysaï et ses fiz, car il ies fit estre en abstinence encontre le sacrefise, Rois, 58. || xins. Que abstinence [il] doit avoir, Et,por verité le vous di, Qu'il doit juner au venredi, Fabl. Barbaz. 1, 70. Tu vas preeschant astenance.-Voire voir, mès j'emple ma panse De bons morciaus et de bons vins, la Rose, 11425. Et bien voloit, par amis, alongier l'astenanche [attermoiement], toutes les fois MENT). qu'il en seroit requis, BEAUM. LX, 3. || XIV s. Fut ABSTRAIRE (ab-strê-r'), j'abstrais, tu abstrais, accordé que attenance [trêve] fut prise entre la com- il abstrait, nous abstrayons, vous abstrayez, ils tesse d'Artois et Robert son fils, DU CANGE, attenan-abstraient. J'abstrayais, nous abstrayions, vous ETYM. Abstractive, au féminin, et ment (voy. -HIST. XVI S. Comme un elixir et quintessence tirée et abstraite, non-seulement des harangues, mais.... Sat. Mén. —ÉTYM. Abstrahere, de abs, indiquant séparation, et trahere, tiror, traire (voy. TRAIRE). ABSTRAIT, AITE (ab-strè, trè-t'). || 1° Part. passé. Séparé. Ils [les grands hommes] ne sont pas suspendus en l'air, tout abstraits de notre société, PASC. P. div. 107. Les choses immortelles, universelles, abstraites de la matière, LA MOTHE LEVAY. 80. || 2o Adj. Qui a le caractère d'une abstraction. La contemplation des choses abstraites. Les vérités abstraites des mathématiques. Les vérités ou les erreurs abstraites. La plus abstraite analyse. || 3o Terme abstrait, terme qui exprime une qualité considérée indépendamment du sujet, comme la blancheur, la rondeur. || 4° Nombre abstrait, nombre énoncé sans désignation d'aucun objet particulier, sept, neuf, etc. par opposition à nombre concret, sept pommes, neuf francs. || 5° Idée abstraite, idée qui ne s'applique pas à un objet particulier. L'humanité, en tant qu'indiquant l'espèce humaine, est une idée abstraite. Tout édifice bâti sur des idées abstraites est un temple élevé à l'erreur, BUFF. Animaux, systèmes de génération. || 6o S. m. L'abstrait, par opposition au concret. La rondeur est un abstrait, et le rond est un concret. 7° Science abstraite, celle qui s'applique aux lois des phénomènes, et non à un corps particulier. Les mathématiques sont une science abstraite, s'appliquant aux nombres, aux formes et aux mouvements. La chimie est une science abstraite, s'appliquant aux lois de composition et de décomposition de toutes les substances, tandis que la géologie, la minéralogie sont des sciences concrètes, s'appliquant à l'étude de corps particuliers, la terre, les minéraux. J'avais passé beaucoup de temps dans l'étude des sciences abstraites, BOUHOURS, Nouv. rem. N'étant point, leur état, à portée de ces sciences abstraites et trop relevées pour eux, BOURD. Pensées, t. II, p. 275. Le monde moderne lui doit tout [à la religion chrétienne] depuis l'agriculture jusqu'aux sciences abstraites, CHATEAUB. Génie, I, 4|| 8° Difficile à saisir, à pénétrer. Un esprit abstrait. Raisonnements abstraits. Discours abstraits. Ecrivain abstrait. Kant est un philosophe abstrait. Argumentation trop abstraite. 9° Qui n'a d'attention que pour l'objet intérieur qui le préoccupe; qui rêve. C'est un homme fort abstrait; il est abstrait, rêveur. Un esprit trop abstrait se jetant loin du sujet de la conversation. Théocrine est abstrait, dédaigneux, et il semble toujours rire en lui-même de ceux qu'il croit ne le valoir pas, LA BRUY. . || Abstrait se met d'ordinaire après son substantif. dans SYN. ABSTRAIT, DISTRAIT. Signification commune, défaut d'attention, avec cette différence que ce sont nos propres idées, nos méditations intérieures qui nous rendent abstraits, tandis que nous sommes distraits par les objets extérieurs, qui nous attirent et nous détournent, GUIZÓT. ETYM. Abstractus, de abstrahere, abstraire (voy. ABSTRAIRE); provenç. abstrayt; catal. abstret; espagn. abstracto; ital. astratto. Dans le xvir siècle à côté d'abstrait on disait aussi abstract. + ABSTRAITEMENT (ab-strè-te-man), adv. Par abstraction. Aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement? PASC. Pens. div. 57. ETYM. Abstraite, au féminin, et ment (voy. lement accessible à l'entendement. Une recherche | si abstruse et si embarrassante, BOSS. Avert. I. Je sais tout ce qu'on a dit sur cette matière abstruse, VOLT. Dial. 24, 17. Il pénétrait déjà dans la géométrie la plus abstruse et la perfectionnait par ses découvertes, à mesure qu'il l'étudiait, lorsqu'en 1684 la face de la géométrie change presque tout à coup.... FONTEN. Bernoulli. | 2° En un sens défavorable, philosophe abstrus. | Abstrus se met après le substantif: Raisonnement abstrus, question abstruso. —SYN. ABSTRUS, ABSTRAIT. Une chose abstruse est une chose qu'on ne peut comprendre que par une suite de raisonnements, et qu'à force d'efforts; une chose abstraite n'est malaisée à comprendre qu'à cause de la généralité qui y est inhérente. Une chose abstruse est toujours difficile; une chose abstraite peut être aisée pour un esprit habitué aux spéculations philosophiques. HIST. XVI s. Des moyens si estranges [singeries des sorciers] semblent venir de quelque abstruse science, MONT. I, 96. L'anatomie de la philosophie en laquelle les plus abstruses parties de notre nature se penetrent, ID. I, 169. ETYM. Abstrusus, de abs, indiquant éloignement, et trudere, pousser. Comparez intrus et in trusion. et c'est || 2o ABUSÉE, s. f. Je plains cette abusée, ABUSER (a-bu-zé), v. n. || 1° User mal, se prévaloir de. Ayant abusé de leurs talents. Abuser de l'ignorance de quelqu'un. Abuser cruellement de la victoire. Pour seconder les criminelles intentions d'un ami, lequel abusait de votre crédulité, BOURD. Pensées, t. I, p. 261. Vous croyez qu'abusant de mon autorité Je prétends attenter à votre liberté, RAG. Mithr. 1,2. J'abuse, cher ami, de ton trop d'amitié, ID. Andr. m, 1. Avez-vous prétendu que muet et tranquille, Ce héros qu'armera l'amour et la raison, Vous laisse pour ce meurtre abuser de son nom? ID. Iph. 1,1. Et nos seuls ennemis, altérant sa bonté, Abusaient contre nous de sa facilité, D. Brit. v, 3. La perfide abusant de ma faiblesse extrême.... ID. Phèd. v, 7. Et que de mon bonheur vous avez abusé Jusqu'à plus attenter que je n'aurais osé, CORN. M. de Pompée, m, 2. Prince, vous abusez trop tôt de ma bonté, m. Nic. II, 3. Je vous remets ce droit dont j'allais abuser, VOLT. Orphel. v, 6. Vous ne voudrez jamais, abusant de mon âge..., ID. Brut. ii, 4. Il abuse en ces lieux de son pouvoir fatal, ID. Sém. п, 1. Ils ont tous abusé de leur nouveau pouvoir, ID. Alz. II, 2. Depuis qu'aux cieux l'amour est retenu, De son beau nom vous abusez encore, MALFIL. Narc. 1. || 2° Absolument. Usez, n'abusez pas. L'homme est disposé à abuser. || 3o Abuser de quelqu'un, ne pas se comporter avec lui comme il conviendrait. J'abuse de vous en vous entretenant si longuement de mes propres affaires. Abuser d'un domestique, le faire trop travailler. On dit dans le même sens abuser d'un cheval. Vous abusez d'une infinité de personnes en leur faisant accroire que les points sur lesquels vous essayez d'exciter un si grand orage sont essentiels à la foi, PASC. Prov. 17. || 4° Abuser d'une fille, la posséder. Pour venger sa fille dont Roderic abusait, BOSS. Hist. 1, 1. Nous flétrissons du nom d'incestueux le frère qui abuse de sa sœur, VOLT. Métaph. 9. Alexandre VI était accusé d'abuser de sa propre fille Lucrèce, ID. Moeurs, 110. || Abuser, v. n., se conjugue avec l'auxiliaire avoir. ment? quel abus du saint même des saints! BOURD. Pensées, t. I, p. 314. Laisser impunie une profanation est un abus si énorme,ID. ib. p. 362. Un superflu qui me deviendrait pernicieux et nuisible par l'abus que j'en ferais, ID. ib. t.п, p. 77. Je sais que dans l'amitié dont je parle il y a divers degrés d'abus et de désordres, ID. ib. p. 259. Les ministères publics sont des assujettissements perpétuels et très-réels, à moins qu'on ne veuille, par un abus énorme, en négliger toutes les fonctions et en abandonner tous les devoirs, ID. ib. p. 486. Le peu qu'on en cite est un abus du texte, BOSS. Avert. Voilà le plus grand abus'qu'on ait jamais fait de l'Evangile, m. IV, écrit, 30. Mais qui peut arrêter l'abus de la victoire? VOLT. Alz. 1, 1. Ne prends point pour vertu l'abus de la victoire, SAURIN, Spartacus, v, 6. || 2° Coutume, usage mauvais qui s'introduit. Telle est la force des abus. Un abus qui s'introduit depuis quelque temps. On a retranché ces abus. Cet abus subsiste, comme tant d'autres, par la raison qu'il est établi. Ils réforment tous les abus, BOSS. Hist. II, 4. Comment ils doivent reprendre et réprimer les abus, ID. ib. II, 6. Les abus du gouvernement, m. ib. 11, 12. Tenir les abus nécessaires dans les bornes précises de la nécessité qu'ils sont toujours prêts à franchir, les renfermer dans l'obscurité à laquelle ils doivent être condamABSURDE (ab-sur-d', ou, suivant la prononcia- nés, et ne les en tirer pas même par des châtiments tion réelle, ap-sur-d'), adj. || 1o Qui est contre le trop éclatants, FONTEN. Argenson. Nous préservent sens commun. Peut-on rien dire de plus absurde? les cieux d'un si funeste abus, Berceau de la mollesse Une hypothèse étrangement absurde. Il est absurde et tombeau des vertus, VOLT. Brut. II, 4. Philippe de croire que.... Une opinion absurde. Un absurde Auguste saisit le temporel des évêques d'Orléans et raisonnement. Un merveilleux absurde est pour moi d'Auxerre pour n'avoir pas rempli cet abus devenu sans appas, вOIL. A. P. III. Laisse là tes combats et un devoir [conduire leurs vassaux à la guerre], ID. cet absurde usage Qui met souvent le crime à l'a- Mours, 50. Les bons mots ne sont qu'un abus; bri du courage, Anne de Boleyn, III, 4. || 2° En Pourtant, messieurs, permettez-nous d'en dire, parlant des personnes, qui parle ou agit contre le sens BERANGER, Gourmands. Trinquer est un plaisir fort commun. Raisonneur absurde. C'est un homme sage Qu'aujourd'hui l'on traite d'abus, ID. Trinabsurde. 3 S. m. Absurdité. Tomber dans l'ab- quons. || 3° APPEL COMME D'ABUS, appel interjeté surde. Réduire un homme, son homme à l'absurde. d'une sentence rendue par un juge ou supérieur Démontrer une proposition par la réduction à l'ab- ecclésiastique, qu'on prétend avoir excédé ses pousurde. L'absurde ne peut être cru. Quand l'absurde voirs ou contrevenu aux lois. C'est une assez faible est outré, l'on lui fait trop d'honneur De vouloir par consolation que celle des appels comme d'abus, raison combattre son erreur : Enchérir est plus court, PASC. Pensées, Pape, 7. Le bruit se répandit que le sans s'échauffer la bile, LA FONT. Fab. IX, 1. || 4° Ab-procureur général appellerait comme d'abus de ABUSER, v. a. || 1o Tromper. Abuser quelqu'un d'un surde à, avec un verbe à l'infinitif. Il mentait à son tout ce que le pape pourrait faire au préjudice des vain espoir. Nous nous laissons abuser par les opicœur en voulant expliquer Ce dogme absurde à libertés de l'Eglise gallicane, ST-SIMON, 502, 82. Ce nions du vulgaire. Ils sont grossièrement abusés, croire, absurde à pratiquer, VOLT. п Disc. sur l'hom- qu'il y eut de plus intéressant, ce fut l'appel PASC. Prov. 11. La flamme de vos yeux.... Ne se lasse me, 123, comme d'abus que le parlement introduisit, VOLT. donc point.... d'abuser les vœux dont elle est désirée, Mœurs, 75. || 4° En jurisprudence, abus de pouvoir MALH. IV, 3. Car, sans le revenu, l'étude nous se dit quand un fonctionnaire outre-passe le pou-abuse, RÉGNIER, Sat. m. Dites s'il me détrompe ou voir qui lui est confié et fait des actes qui ne lui m'abuse en effet, CORN. Héracl. 11, 6. Notre prosont pas permis. 5° Abus de confiance, délit dont fond silence abusant leurs esprits, ils n'osent plus on se rend coupable en abusant de la confiance qui douter de nous avoir surpris, ID. Cid, IV, 3. Sors avait été accordée. || 6° En termes de grammaire, du trône et te laisse abuser comme moi, ID. Héracl. abus des mots, sens détourné et forcé qu'on leur 1, 2. Moi, j'aurais l'âme assez méchante pour abudonne. || 7° Erreur. C'est un abus de croire. Lourd ser une personne comme vous ! MOL. D. J. II, 2. Je et grossier abus! croyance ridicule! ROTROU, Belis. vous abuserais si j'osais vous promettre Qu'entre v, 8. Qu'un si charmant abus serait à préférer A vos mains, seigneur, il voulût le remettre, RAC. l'apre vérité qui vient de m'éclairer! CORN. Hér. Andr. 1, 1. Je crains, je crains qu'un songe ne m'aII, 1. Et semant de nos noms un insensible abus, buse, ID. Phèd. II, 2. C'est pleurer trop longtemps ID. Hér. IV, 4. Mais il faut renoncer à des abus si une mort qui t'abuse, ID. Esth. 1, 1. Est-ce ainsi doux, ID. Pulch. II, 1. Dans les moments où Dieu qu'on m'abuse et qu'on croit me jouer! VOLT. vous a affligé, vous vous êtes adressé à lui; vous Orphel. m, 3. Une image trompeuse ne vient-elle avez ouvert les yeux sur l'abus de ce monde misé pas abuser mes yeux? FEN. Tél. IV. Je reconnus, rable, MASS. Carême, Prospérités temp. Que sais-je mais trop tard, les chimères qui m'avaient abusé, J. si, au premier jour, votre fin soudaine et surprenante J. ROUSS. Hel. in part. Liv. 18. || 2° Abuser une fille, ne fournira pas à ceux qui m'écoutent de grandes la séduire. Une fille abusée était punie avec le sémais d'inutiles réflexions sur l'abus du monde et de ducteur, J. J. ROUSS. Em. v. ses espérances, ID. ib. Impénitence finale. Travailler serait un abus J'ai cinquante écus, BÉR. Cinquante écus. || 8°Proverbe. Le monde n'est qu'abus et vanité. HIST. XIV s. Et aucuns se delettent en abus de deliz [plaisirs] charnels, ORESME, Eth. 203. || XVI s. S'il est question de corriger quelques abus..., LANOUE, 85. Les appellations comme d'abus ont lieu quand il y a contravention contre les saints decrets, libertés de l'Eglise gallicane, arrest des cours souveraines, jurisdiction seculiere ou ecclesiastique; et tient-on qu'elles sont de l'invention de messire Pierre de Cugnieres, ores qu'elles semblent plus modernes, LOYSEL, 888. En appelant d'Atropos trop irée Comme d'abus, MAROT, II, 272. HIST. XVI s. Voilà un bon mot et un utile desir, mais pareillement absurde, мONT. II, 379. Il n'est aulcun absurde, selon nous, plus extreme que de maintenir que le feu n'eschauffe point, D. II, 356. '—ÉTYM. Absurdus. On fait venir habituellement absurdus de ab et surdus, sourd; mais on ne voit pas comment cela pourrait signifier absurde. Dès lors on a cherché ailleurs: absurdus a le même sens que absonus, et signifie par conséquent qui sonne mal, d'où absurde. Le surdus de absurdus est rattaché au radical sanscrit sur, sonner, avec un suffixe, dus. ABSURDEMENT (ab-sur-de-man, ou, suivant la prononciation réelle, ap-sur-de-man), adv. D'une manière absurde. Ila raisonné absurdement. Il a absurdement raisonné. Il était ridicule d'augmenter le conseil, déjà absurdement nombreux, ST-SIMON, 509, 242. ETYM. Absurde et ment (voy. MENT). ABSURDITE (a-bsur-di-té, ou, suivant la prononciation réelle, a-psur-dité), s. f. || 1° Vice de ce qui est absurde. L'absurdité d'un raisonnement. Ouvrir les yeux sur l'absurdité de ces disputes. Il était difficile de dire de quel côté il y avait le plus d'absurdité et de folie. || 2o La chose même qui est absurde. Quelle absurdité! Que sert de réfuter ces absurdités? Les impies sont tombés dans toutes les absurdités, Boss. Hist. п, 13. || 3° En parlant des personnes. L'absurdité de cet homme est choquante. HIST. XVI s. De toutes les absurdités, la plus absurde aux epicuriens est de desadvouer la force et l'effet des sens, MONT. II, 12. ETYM. Absurditas, de absurdus, absurde (Voy. ABSURDE). ABUS (a-bu), s. m. || 1° Usage mauvais qu'on fait de quelque chose. Abus de la force. La Grèce a dû sa ruiné à l'abus de la liberté. Tout commence par la nécessité et finit par l'abus. Ils font abus de nourriture. De quoi les hommes savent-ils user sans abus? Comme il y a dans les conditions élevées plus de faux désirs, plus d'abus de son âme que dans les états inférieurs, les grands sont sans doute de tous les hommes les moins heureux, BUFF. No ture des anim. Qu'est-ce de communier indigne : – ÉTYM. Provenç. abus; espagn. et ital. abuso; de abusus, de ab, indiquant perversion, et usus, usage (voy. us). ABUSE, EE (a-bu-zé, zée). || 1o Part. passé. Trompé. Abusé par de vaines promesses. Abusé sur l'état des choses. Abusé et dépouillé. Nous étions bien abusés, PASC. Prov. 11. En vain du sang des rois dont je suis l'oppresseur, Les peuples abusés m'ont cru le défenseur, VOLT. Mér. 1, 4. Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple abusée, RAC. Bérén. II, 2. S'ABUSER, v. réfl. Se faire illusion. En cela, je me suis abusé. A moins que je ne m'abuse. Voulant nous affranchir, Brute s'est abusé, CORN. Cinna, II, 2. Mais tu t'abuseras, MOL. l'Étourdi, 1, 10. Vois si je m'abuse, RAC. Baj. III, 3. Mais moi-même.... me serais-je abusée? ID. Baj. III, 6. Penses-tu que je sois moins épouse que mère? Tu t'abuses, cruel.... VOLT. Orphel. IV, 6. En conseiller d'Etat, de discours je m'abuse, RÉGNIER, Élég. ¤. REM. Pascal a dit: Il n'est pas possible de s'abuser à prendre un homme pour un ressuscité. Cet emploi, qui peut très-bien être accepté, est un archaïsme. Voyez-en un exemple plus bas dans un texte de Lanoue.' HIST. XIV s. Comme Phalaris qui tenoit une enfant et avoit concupiscence de abuser en par delettation de luxure inconveniente, ORESME, Eth. 104. || XV S. Me faites, vous et raison, AuPour cune declaration; Ou de votre fait suis abus, ce que dit avez dessus, la font. 675. Povre homme, tu t'abuses bien; Par ce chemin ne feras rien, Si tu ne marches d'autre pas, Nat. à l'Alch. 31. Las! ne suis le premier de France Qui sotement s'est abusé, CH. D'ORL. Rond. 34. Ausquels fut dit pour le dict seigneur, qu'ils s'abusoient et que le dict seigneur |