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- XIV s. C'est la conclusion de cest chapitre que Dieu nous adresce à bien faire en delectations et en tristesces, ORESME, Eth. 39.

-xv s. Et tant y sont avenues d'aventures, et tant de batailles adressées, FROISS. I, I, 1. Si s'en vint sa voie, et s'adressa sur Monseigneur Geffroy, st là, en parlant à lui, il changea un peu de contenance, ID, I, 1, 329. Là endroit (avant la bataille] se confessa et adressa chacun à son loyal pouvoir, ID. I, 1, 41. Et celui qui parlera pour le roi de France adrecera ces paroles au roi et duc et dira ainsi.... ID. I, I, 53. De premiere venue il y eut dure en contre, et s'adresse le roi dessus messire Eustache de Ribeumont, lequel estoit moult fort chevalier, ID. I, 1, 328. En leur priant humblement excuser et supployer à mon ignorance et adresser ce que y seroit mal mis, J. DE TROYES, Chron. 1460, Garni et adressé de tout ce qu'on saurait louer en noble homme, LOUIS XI, Nouv. 28.

à la

- XVIo s. Le premier à qui il s'adressa estoit vestu d'une robe.... RAB. Pant. V, 18. Dieu permet bien que les trompeurs adressent quelquefois à dire verité, CALV. Inst. 130. Pour estre esclairez et adres sez en la vraye religion, il nous faut commencer par la doctrine celeste, ID. Inst. 29. Ce n'est pas à l'homme d'adresser ses pas. Les pas de l'homme sont adressez de Dieu, ID. ib. 138. Et puis leur gibier ne s'adresse pas [ne vient pas] par deçà, DES PERIERS, Cymb. 158. A toy s'est adressée Ma clameur jours et nuits, MAR. IV, 332. A un qui est soigneux, qui s'adresse et exerce, le bien lui vient toujours plus tost qu'à un autre, LA BOËT. 200. Tu t'adresses aux armes, ID. 201. Les Dieux sont amcureux de ceux dont ils purifient les meurs, et les addressent vertu, AMYOT, Num. 7. Ainsi que dit Epicharmus, en un petit traitté qu'il a escrit et addressé à Antenor, ID. ib. 15. On doibt former les meurs des enfants, et les duire et addresser des et depuis leur naissance à une mesme fin, ID. Lyc. et Num. 9. Minutius, adressant sa parole à Brutus et à tous les assistants, leur dit.... ID. Publ. 4. Il mit en pieces les premiers des ennemis, ausquelz il s'adressa et arresta tout court les autres, ID. Cor. 10. Il receut sur son propre corps plusieurs coups qui estoient addressez à Æmylius, ID. Marc. 14. Adressant leurs corps et les endurcissant à la peine, ID. Eum. 7. On ne s'adresse [on ne s'en prend pourtant qu'à lui, MONT. 1, 99. On reçoit ces advis comme adressez au peuple, ID. I, 116. S'adresser aux loix pour avoir raison d'une offense, ID. I, 119. N'adresse elle (redresse-t-elle) pas quelques fois nos conseils et les corrige [la fortune)? ID. I, 254. Il faut adresser et arrester nos desirs aux choses les plus aysées, ID. III, 277. Puis addressant son propos à son oncle, ID. IV, 324.

fût du noir esprit une surprise adroite, MOL. Tart. III, 3. La prononciation adret est fort ancienne, dit Chifflet, Gramm. p. 201.

-SYN. ADROIT, HABILE. Ils donnent l'un et l'autre l'idée d'une action facile et heureuse. Habile exprimedavantage l'aptitude générale; adroit, l'application particulière de cette aptitude générale. Un homme adroit n'est pas nécessairement habile; un homme habile est nécessairement adroit, et s'il ne l'est pas en une circonstance donnée, c'est qu'il s'oublie. L'adresse ne suppose pas l'habileté; c'est quelque chose d'inférieur. L'habileté au contraire ne va pas sans adresse. L'étymologie même indique la nuance; l'habile, habilis, de habere, a une disposition générale qui est bonne pour tout; l'adroit, de à et droit, met les choses comme droit est, c'est-à-dire se prend bien à ce qu'il fait, à un objet quelconque.

HIST. XII s. Et moult adroit [i!] est arrer retourné, Roncisv. p. 190. || XIII s. En la forest fu Berte, qui est gente et adroite; D'aler aval le bois moult durement s'esploite, Berte, 29. || XIV S. Semblablement celui qui juge adroit des operacions humaines, qui est sain selon l'ame, ORESME, Eth. 19. Et quiconque conselle bien, il fait adroit, ID. ib. 182. || XVI s. Carneades souloit dire que les enfants des roys et des riches n'apprenoient rien adroit, qu'à picquer et manier les chevaulx, AMYOT, Comment discerner le flat. de l'ami, 30. Des combattants bien aguerriz et adroicts aux armes, ID. Tim. et P. Em. comp. Leurs vaisseaux adroits et legers pour bien servir en un bon affaire, ID. Pomp. 36.

-ETYM. Wallon, adreût, convenable; Berry et norm. adret; picard, adrot, d'une façon adroite; de à, droit (voy. DROIT, adj.). Dans plusieurs des exemples anciens, adroit pourrait s'écrire aussi bien en deux mots, à droit, et est une espèce d'adverbe: juger adroit ou à droit; n'apprendre rien adroit ou à droit; c'est aussi de cette façon que le picard emploie son adrot. Quelques étymologistes, trompés par une des significations de droit, font venir droit et adroit de dexter; c'est une erreur; il vient de addirectus, proprement, dirigé vers, adressé.

ADROITEMENT (a-droi-te-man), adv. D'une manière adroite.... cette prompte ruse Divise adroitement trois frères qu'elle abuse, CORN. Hor. IV, 2. Elle prévient ma plainte et cherche adroitement A la faire passer pour un ressentiment, ID. Nic. III, 4. Sachez adroitement ce qu'on dit à la cour, TH. CORN. Ari. IV, 3. Je savais hien que vous aviez une manière particulière de raisonner et d'envelopper adroitement ceux à qui vous aviez affaire, FONTEN. Mont. et Socrate.

- ETYM. Adroite au féminin, et ment.

ADULATEUR, TRICE (a-du-la-teur, tri-s'). || 1° S. m. et f. Celui, celle qui donne des louanges exces

- ETYM. Picard, adrécher; wallon, adierst; rou-sives. L'adulateur qui ne cherche qu'à plaire. Cette
chi, adercer; provenç. adressar, adreysar; espagn.
aderezar; ital. addirizzare; de à et dresser: signifi- si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur ni parleur
cation première, mettre à droit, ce que nous disons

femme est une grande adulatrice. Ne soyez à la cour, trop sincère, LA FONT. Fab. VII, 7. Comme si c'était

aujourd'hui redresser, puis diriger, conduire, por-être indiscret que de n'être pas adulateur et prévari

ter vers.

ADROIT, OITE (a-droi, droi-t'), adj. || 1° Quiade l'adresse, soit de corps, soit d'esprit. Adroit tireur. Adroit à tous les exercices. Homme adroit et entreprenant. Les gens adroits à tromper. Qu'est devenue cette redoutable cavalerie...? Ni les chevaux ne sont vites, ni les hommes ne sont adroits que pour fuir devant le vainqueur, Boss. Anne de G. L'homme seul se trouverait-il être sans action? La nature l'aura-t-elle destiné à une oisiveté éternelle ? L'aura-telle formé si beau, si adroit, si désireux de savoir, pour le laisser toujours inutile? ID. Pensées chrét. 33. Que la nature est adroite et qu'elle sait bien ménager ses intérêts! Nous pensons nous défaire d'une passion; que fait la nature? en la place de cette passion, elle en substitue une autre toute contraire, BOURD. Pensées, t. 1, p. 428. Ce n'est ni à l'intempérie de l'air, ni à la faute des peuples, ni à la stérilité des terres qu'il en faut attribuer la cause, puisque l'air y est excellent (en France), les habitants laborieux, adroits, pleins d'industrie; mais aux guerres et au défaut d'économie, VAUB. Dime, p. 27. || 2° En parlant des choses, où il y a de l'adresse. La louange agréable est l'âme des beaux vers; Mais je tiens, comme toi, qu'il faut qu'elle soit vraie, Et que son tour adroit n'ait rien qui nous effraie, BOIL. Ép. IX. Adroit mensonge, RAC. Mithr. III, 4. Son adroite vertu ménage son crédit, ID. Brit. IV, 4. REM. Du temps de Corneille on prononçait aussi adret, adrète; ce qui est la prononciation normande: Ma sœur vous êtes plus adroite; Souffrez que je ménage un moment de retraite, CORN. Agés. II, + D'abord j'appréhendais que cette ardeur secrète Ne

cateur de son ministère, MASS. Confér. Scandales. La grandeur, je le sais, ne manque guère d'adulateurs, mais les grands manquent souvent d'amis, ID. Villeroy. De leur malheureux roi lâches adulateurs, VOLT. Marianne, 1, 2. De vingt maîtres divers adulateur banal, MILLEV. Indépend. du poëte. Soit qu'il fasse au sénat courir les sénateurs, D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs, BOIL. Art. p. II. || 2o Adj. Langage adulateur. D'un peuple adulateur l'ardente idolatrie..., Tout pénétra mes sens de langueur et d'ivresse, C. DELAV. Par. 1, 1. Si pour caresser sa faiblesse, Sous tes pinceaux adulateurs, Tu parais du nom de sagesse Les leçons de ses corrupteurs.... LAMART. Médit. xix.

- HIST. XIVe s. Celui qui est adulateur on flateur est ami ou aimé superexcedanment, ORESME, Eth. 242. Adulateurs, menteeurs et flatteurs, ID. ib. 109. Et est manifeste que celui qui est ami est autre que n'est le flatteur ou adulateur, ID. ib. 300. || xves. Comme sont les aduleurs ou flateurs, portans venim angoisseux, CHS. DE PISAN, Charl. V, 1, 10.

pond: « Flatteur! Adulateur serait un contre-sens. ADULATION (a-du-la-sion; en poésie, de cing syllabes), s. f. Flatterie. L'impudence de l'adulation alla si loin ... De vaines adulations. Si vous prétendez vous en rendre digne par des bassesses, des soins, des assiduités, des adulations, des sollicitations hu maines, vous êtes un profane qui achetez le don da Dieu, MASS. Conf. Amb. des clercs. Il n'estimait la voix de l'adulation Qu'en ce qu'elle a d'utile à sor ambition, LEMERC. Clovis, 1, 1.

SYN. ADULATION, FLATTERIE. Adulation diffère de flatterie parce que le premier appartient au langage relevé, et que le second est de l'usage commun; puis parce que adulation emporte une idée de servilité et de fausseté qui n'est pas dans flatterie. Boileau disant que lui, le satirique, a parlé de Louis XIV comme l'histoire, c'est une flatterie, mais ce n'est pas une adulation.

HIST. XIII s. Par barat estuet barater, Servir, chuer, blandir, flater Par hours, par adulacions, la Rose, 7427. || XIV s. Et pour ce plusieurs aiment que l'on leur face adulacion, ORESME, Eth. 242. || xvs. Sera recité par moy veritablement et sanz aucune adulation le principe et mouvement de ceste present petite compillation, CHR. DE PISAN, Charles V, 1, Prologue.

- ETYM. Adulatio, de adulari, aduler; provenç. adulatio, azulatio; espagn. adulacion; ital. adulazione. Ce mot, qui était encore peu usité aux XIII et XIVe siècles, était tombé en désuétude au XVIe siècle. Il fut repris à la fin du XVIIe siècle.

ADULÉ, ÉE (a-du-lé, lée), part. passé. Louis XIV adulé par une cour idolâtre.

ADULER (a-du-lé), v. a. Flatter. Vite un prix au sot qui l'adule, BÉRANGER, Denys.

-SYN. ADULER, FLATTER. Une différence d'aduler avec flatter, c'est qu'aduler est du langage relevé et n'a d'emploi que là, tandis que flatter a un emploi général. Une autre, c'est qu'aduler implique une servilité et une fausseté qui ne sont pas nécessairement dans flatter.

HIST. xv s. La haulte genealogie des nobles roys de France nous peut aydier en ceste partie comme preambule de gloire non adulant, CHR. DE PISAN, Charles V, 1, 5.

ETYM. Adulari, sur l'origine et la racine duquel les étymologistes ne s'accordent pas.

ADULTE (a-dul-t'), adj. || 1° Qui est parvenu à la période de la vie comprise entre l'adolescence et la vieillesse. Åge adulte. || 2° S. m. Un adulte. Cette maladie attaque rarement les adultes.

ÉTYM. Provenç. adulto, catal. adult; espagn. et ital. adulto; de adultus, part. passif de adolere. crottre, dont adolescens est le part. présent (voy. ADOLESCENT).

ADULTÉRATION (a-dul-té-ra-sion), s. f. || 1° Terme de jurisprudence. Action de gâter, de fausser. L'adultération des monnaies. || Mot peu usité en ce sens. || 2° En pharmacie, action d'adultérer les médicaments ou le résultat de cette action.

-ETYM. Adulteratio, de adulterare, adultérer. ADULTÈRE (a-dul-tê-r'). || 1o S. m. et f. Celui ou celle qui viole la foi conjugale. Les fornicateurs et les adultères. Faut-il que sur le front d'un profane adultère Brille de la vertu le sacré caractère? RAC. Phèdre, IV, 2. || 2° Adj. Qui viole la foi conjugale. Epoux adultère. Tableaux ou estampes qui représentent la femme adultère de l'Evangile. Flamme adultère, RAC. Phèdre, III, 3. [[ 3o Par extension, ce qui offre un mélange vicieux, coupable. Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère, RAC. Esth. I, 1.|| 4 Fig. Votre lumière ne luit pas sur les âmes adultères et corrompues, MASS. Prod.

REM. On donnait autrefois un complément à adultère. Par le moyen de Mucilia, dont il [Séjan] était l'adultère, PERR. D'ABL. Tac. 200. On dirait aujourd'hui l'amant ou la maîtresse.

HIST. XIII s. Et un autre homme elle a choisi, En guise d'avoutre ou d'ami, JUBIN. Contes, t. II, p. 37.

ETYM. Adultère est une formation récente faite sur le modèle d'adulterium, et comme s'il y avait un mot latin adulterius. La forme ancienne est avoutre ou aoutre; provenç. adultre, avoutre, avoutro. En effet, le latin adulter ayant l'accent sur du, le mot français dut l'avoir sur la même syl labe: ce qui est dans avoutre, dans le provençal, dans l'italien et l'espagnol adultero. On trouve dans un texte du xr siècle: Ben li leist [est permis)ociro

ETYM. Adulator, de adulari, aduler. SYN. ADULATEUR, FLATTEUR. Qui loue excessivement. On.a essayé de trouver une différence, en disant que l'adulateur flatte plus que le flatteur. Là n'est pas la différence. D'abord il y a la distinction qui résulte de leur usage: flatteur est du langage ordinaire, adulateur appartient au langage relevé; puis le flatteur peut être vrai; l'adulateur ne l'est pas. Dans la Princesse Aurélie, de C. DELAVIGNE, la avultere [la femme adultère), L. de Guill. 37. 11 II, 6, après une tirade où Alphonse peint toute l'ar- faudrait donc admettre un bas-latin adulterius ayant deur de son amour en rappelant à Aurélie le bon-l'accent par conséquent sur te. Mais le texte des Lois heur que son peuple avait à la revoir, celle-ci lui ré- de Guillaume a été écrit en Angleterre, et il est défectueux; on peut croire qu'il faut y tre la avul- | hommes) en cent manières différentes, VOLT. | versier [du diable), Berte, 11. Nostre mort fu

tre.

Babyl. 3.

HIST. xv s. Mais les autres (métaux) plus impurs sont, Porce que le vif argent ont Trop crud et leur soulphre terrestre Trop aduste.... Nat. à l'alch. errant, 130. || XVI s. Chair engendrée d'un sang

PARE, VI, 2.

ADULTÈRE (a-dul-tê-r'), s. m. Violement de la foi conjugale. Commettre un adultère. Né d'un adultère. Fruit d'un adultère. Ici dispensez-moi du récit des blasphèmes Qu'ils ont vomis tous deux contre Jupiter mêmes; L'adultère et l'inceste en étaient les ❘ melancholique non aduste qui bousche la narilte, plus doux, CORN. Poly. III, 2. Et par où votre amour se peut-il couronner, Si pour moi votre hymen n'est qu'un lâche adultère? ID. Théod. III, 30. || Adultère simple, terme d'ancienne législation, celui qui est commis par une personne mariée avec une personne non mariée. || Adultère double, celui que commettent ensemble un homme marié et une femme ma

riée.

- HIST. XI s. Si le pere truvet sa file en avulterie en sa maisoun.... L. de Guill. 37. || XIIo s. Tu ne feras mie avoltierge; mais je vous di: s'alcuns voit une femme pour li aconvoitier, cil at jà fait avoltierge en son cuer, Job, 449. || XIII S. Tant comme il furent ensanle, il furent en avoltire, BEAUM. XVIII, 7. Si que Vulcanus li felons, Ardans de jalousie et d'ire, Jà ne provast lor avoltire.... la Rose, 18280. Jà n'oïstes vous ouque dire Que j'aie fait nul avoutire, Se li fol qui le vous conterent Par mauvestié nel controverent, ib. 16708. || XIve s. Et en operacions, adultere, larrecin, homicide, ces choses jà et toutes telles sont malvaises selon elles meismes, ORESME, Eth. 46. Et que elle seroit morte en si vil adultere, BERCHEURE, f. 26, verso. || XVS. Il est escript en nostre loy, Que, fame prise en advoultire, Son corps est livré à martire, la Nativité, Mystère.

- ETYM. Provenç. adulteri; espagn. et ital. adulterio; de adulterium, de ad, à, et ulter pour alter, autre (voy. AUTRE). L'ancien français, avoltierge, avoutire, le français moderne, adultère, sont régulièrement formés du latin avec l'accent sur la syllabe qui correspond à te accentué en latin. La forme avulterie n'y déroge qu'en apparence; c'est une différence d'orthographe pour avultiere, comme apostolie pour apostoile.

ADULTÉRÉ, ÉE (a-dul-té-ré, rée), part. passé. Médicaments adultérés.

ADULTÉRER (a-dul-té-ré. La syllabe te prend un accent aigu, quand la syllabe qui suit est sonnante; et un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette, excepté au futur et au conditionnel où, l'accent aigu reste), v. a. || 1° Terme de pharmacie. Falsifier, mettre en place de substances actives et chères des substances inertes et moins chères. || 2° En jurisprudence, adultérer les monnaies, adultérer les marchandises. || 3° Fig. Fausser, vicier. Il adultère tous les ouvrages de Dieu, Boss. Démons, 2. || Régnier a dit adultériser: Voilà comme à présent chacun l'adultérise, Sat. v.

HIST. xve s. Et ne peut adulterer l'espouse incorrompue de Jesus-Christ, MONSTREL. t. II, f 160. || xvI s. Les nouvelles qui viennent de si lointain pays, ou se buffettent comme les vins, ou sont falsifiées comme les pierreries, ou sont adulterées comme tout, DESPER. Contes, 1. Son amant la connaissant de bonne lignée et sage, au reste de la faute que lui mesme avoit commise, ne voulut point adulterer ni estre cause ailleurs d'un mauvais mariage [il l'épousa], MARG. Nouv. 44.

- ETYM. Provenç. adulterar, avoutrar; espagn. adulterar; ital. adulterare; de adulterare (voy. ADULTÈRE).

ADULTERIN, INE (a-dul-té-rin, ri-n'). || 1o Adj. Qui est né d'adultère. Il n'est pas question, dans ces pays, d'enfants adultérins, MONTESQ. Espr. XXIII, 5. || Cet adjectif suit toujours son substantif. || 2° S. m. Les adultérins ne peuvent jamais être reconnus.

HIST. XVI s. Vostre frere uterin (les politiques disent adulterin)..... Satyr. Men. p. 93.

TÈRE).

ETYM. Adulterinus, de adulter (Voy. ADUL

+ADURENT, ENTE (a-du-ran, ran-t'), adj. Terme de médecine. Brûlant. Fièvre adurente et soif plus que cynique, J. B. ROUSS. Épigr. 1, 5.

ETYM. Adurens, part. prés. de adurere, de ad, à (voy. À), et urere, brûler (voy. USTION).

ADUSTE (a-du-st'), adj. Terme de médecine. Qui est brûlé. On donnait autrefois cette épithète au sang et aux humeurs; la sécheresse du corps, la chaleur, la soif, la couleur noire du sang tiré des

ETYM. Provenç. adust; espagn. et ital. adusto;

de adustus, de adurere (voy. ADURENT).

ADUSTION (a-du-stion), s.f. Terme de médecine. Cautérisation d'une partie du corps à l'aide du feu. Les Japonais emploient fréquemment l'adustion pour guérir un grand nombre de maladies, BERN. DE ST-P. Harm. II, animaux.

HIST. XVIo S. Toutes les especes de melancholie contre nature sont fort chaudes, à raison qu'elles sont faites par adustion, PARÉ, Introd. 5.

ÉTYM. Provenç. adustio; espagn. adustion; ital. adustione; de adustio, de adurere (voy. ADU

RENT).

ADVENIR (a-dve-ni-r'), v. n. Voy. AVENIR. ADVENTICE (a-dvan-ti-s'), adj. || 1° Terme di dactique. Qui survient de dehors. Idées adventices, par opposition à idées innées. || 2o En termes de médecine, maladie adventice, maladie qui ne tient pas à la constitution. || 3o En botanique, plante adventice, plante qui n'a pas été semée.

ÉTYM. Adventitius, de advenire (voy.

VENIR).

presque acordée, dont il avint ainsi que un amirant qui estoit nostre adversaire, cuida que en [on] nous deust touz occire, JOINV. 248. || xive s. Se un grant segneur estoit prins et se il se humilioit devant son adversaire par paour de mort.... ORESME, Eth. 49. Paix entre nous et nos adversaires, le Meragier, 1, 3. || xvs. Guerroyer contre les ennemis de N. S. J. C. et les adversaires de la foi chrestienne, FROISS. 1, 1, 47. Nous en aurons le cueur plus chaud, Et vaincrons mieux nostre adversaire, BASSEL, 47. ||| XVI s. Ce n'est que la violence des tyrans et la lascheté des peuples qui lui soit adversaire [opposée], MONT. 1, 212, Soubtenir hardiement l'effort des adversaires, ID. III, 169. Pour aller veoir un peu noz adversaires, J. MAROT, V, 131.

ÉTYM. Provenç. adversari, aversari; espagn. adversario; ital. avversario; de adversarius, de adversus (Voy. ADVERSE). L'ancien français disait aversier et aversaire, tous deux réguliers, ayant l'accent sur la syllabe qui répond à la syllabe accentuée du latin, adversárius. Aversier signifiait souvent le diable, c'est-à-dire le grand ennemi.

ADVERSATIF, IVE (a-dvêr-sa-tif, ti-v'), adj. Terme de grammaire. Qui marque quelque différence entre ce qui précède et ce qui suit. Les conjonctions adversatives sont: mais, quoique, bien que, серепdant, etc.; elles indiquent une opposition, une resAD-triction. Une proposition adversative est celle qui est composée de deux propositions dont la seconde s'oppose à la première ou la restreint.

ADVENTIF, IVE (a-dvan-tif, ti-v'), adj. || 1° En droit romain, se dit d'une sorte de pécule concédé au fils de famille en nue propriété. || 2o Terme de jardinage. Bourgeon adventif, racine adventive, bourgeon, racine qui naissent artificiellement et ailleurs que dans les points où l'on a coutume de les voir. Un œil adventif.

ETYM. Advenir.

ADVERBE (a-dver-b'), s. m. Terme de grammaire. Partie invariable du discours qui modifie les verbes ou les adjectifs.

HIST. XIII s. Averbes et pars d'oraison, Bat.

des sept Arts.

ETYM. Provenç. adverbe, adverbi; espagn. adverbio; ital. avverbio; de adverbium, de ad, à, et vervum, verbe (voy. VERBE).

ADVERBIAL, ALE (a-dver-bi-al, a-l'; au plur. a-dvèr-bi-ô), adj. Qui a le caractère de l'adverbe. Les suffixes adverbiaux. Locution adverbiale. Sagement est un adverbe; avec sagesse est une locution adverbiale.

- ETYM. Adverbialis, de adverbium, adverbe; provenç. et espagn. adverbial; ital. avverbiale. ADVERBIALEMENT (a-dver-bi-a-le-man), adv. D'une manière adverbiale.

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ADVERBIALITÉ (a-dver-bi-a-li-té), s. f. Terme de grammaire. Qualité d'un mot considéré comme adverbe.

ADVERSAIRE (a-dver-sê-r'), s. m. || Celui qui s'oppose à, qui lutte contre. Etre l'adversaire de quelqu'un. Il a été l'adversaire de cette loi. Cette femme a été un adversaire persévérant. Ils auront toujours en eux de puissants adversaires, Pasc. Prov. 1. Qui se hasarderait contre un tel adversaire? CORN. Cid. IV, 5. Mais comme il s'est vu seul contre trois adversaires.... ID. Hor. III, 6.... mes plus dangereux et plus grands adversaires, Si tôt qu'ils sont vaincus, ne sont plus que mes frères, ID. Pomp. III, 2. Je vous ai de la paix immolé l'adversaire, ID. Sert. v, 3. J'ai tué justement un injuste adversaire, VOLT. Mér. IV, 2. Le détail de l'exactitude que les experts apportèrent à cette affaire est imprimé; ils se convainquirent parfaitement que l'adversaire de M. Delisle était un plagiaire, FONTEN. Éloges, Delisle.

ETYM. Adversativus, de adversus, adverse (VOY. ADVERSE).

ADVERSE (a-dver-s'), adj. {} 1o Contraire, opposé. Il n'est guère usité que dans ces locutions: Fortune adverse; Partie adverse, celle contre laquelle on discute, on plaide; Avocat adverse, avocat qui plaide contre nous. Quand on n'a ouï qu'une partie, on est toujours de ce côté-là; mais l'adverse fait changer, PASC. P. Jes. 55. Comme elle change (la fortune), adverse ou favorable, Nous changeons tous ainsi, GARN. les Juives, Iv. Chargé de tous les traits de la fortune adverse, DU RYER, Themist. 1, 1. Ne croyant pas que son adverse partie eût des armes, VOLT. Cand. 9. || 2° Terme d'histoire naturelle. Qui est placé à l'opposite d'une chose ou tourné vers elle. REM. On pourrait étendre l'emploi du mot ad verse, et dire, par exemple: Les circonstances adverses où ilsetrouve.

- HIST. XI s. Grans sont les oz (armées] de celle gent averse, Rol. 185. XIII S. Aucun sont qui bien se presentent dedens hore de miedi, et après s'en vont de la cort sans congié ou quant lor averse partie veut pledier, BEAUM. 67. Et quiet (choit, tombe] en autele amende vers le segneur, comme s'averse partie seroit, s'il avoit prové s'entencion, ID. XXXIX, 19. || XIV s. Car meilleur [chevalier] n'a de vous de ci jusqu'en Surie, Ne plus aventurant contre adverse partie, Guesclin, 18134. || xvs. L'evesque qui avoit esté esleu, qui estoit la partie adverso de cellui que soutenoit le duc de Bourgogne, COMM. IV, 4. || XVIo s. Mais si très bien nous nous esvertuerons, Que devant toi noz advers tuerons, J. MAROT, V, 18. Les responses impourveues de sa partie adverse le rejectent de son bransle, MONT. I, 40.

ÉTYM. Provenç. advers; espagn. adverso; ital. avverso; de adversus, de ad, contre (voy. A), et versus, tourné (voy. VERSION).

ADVERSITÉ (a-dvêr-si-té), s. f. Fortune adverse Etre dans l'adversité. Secourir un innocent dans l'adversité. Grand dans l'adversité. Une probité éprouvée par l'adversité. Souffrir héroïquement les grandes adversités. La patience dans les adversités. Ils ont, selon le cours des choses humaines et selon les conjonctures, leurs contradictions, leurs traverses à essuyer; ils ont leurs chagrins, leurs ennuis, leurs dégoûts, leurs adversités, leurs souffrances à porter, BOURD. Pensées, t. 1, p. 214. Acceptez toutes sortes d'adversités temporelles et de

HIST. x1 s. L'ame de lui emportent averser | calamités, plutôt que de consentir à un seul péché, les diables), Rol. 116. Serpenz et guivres, dragon ID. ib. p. 294. Ma gloire me suivra dans mon adveret averser, ib. 181. || XII° s. Verrunt lur adversariesité, VOLT. OEd. v, 1. Pour avoir comme moi vaincu el temple, Rois, 4. L'ame de lui emporte l'averser, Ronc. p. 62. Par mi la porte s'en ist tos eslaissiés; Diex! com l'esgardent li paien adversier, R. de Cambr. 270. [II] a veŭ et trové moult mortel aver

veines, le peu de sérosité qui s'en séparait, étaient saire, Saxons, 31. || XIII s. Il avoient, entre grans
les indices de cet état prétendu du sang. Nous et petis vaissiaus, dix set, et lor aversaire en
avons d'abord entendu Ce fameux ennemi d'Au- avoient bien soixante, VILLEH. 170. La seconde es-
guste, Qui depuis peu nous a rendu, Par un pla-
card, le sang aduste, CHAUL. A la duch. du Maine.
Un sang aigri et aduste qui les rend fous [les

ciele [escadron] les secouru vighereusement, et moult chargierent lor aviersaires, Chr. de Rains,

l'adversité, VOLT. Mér. IV, 2. Il faut se faire un cœur capable de résister aux adversités, FLÉCH. Panég. 11, p. 502. Il (Dieu) répand tantôt des prospé rités, tantôt des adversités, ID. Serm. II, p. 151.

HIST. XIII S. Ha! fait-il, tante adversité Al fait de moi et tant dangier, Lai de l'Ombre. Dont lor profite aversités Plus que ne fait prosperitez, la Rose, 4973. Se Dieu t'envoie adversité, si le recoif en patience, JOINV. 300. || xve s. Tant pour

p. 76. Jà selle avoit en son cuer le conseil l'a-adversité [opposition] des meurs et conditions que

pour les violences.... COMM. VI, 3. || xv1 s. Baïf, qui, comme moy, prouves l'adversité, Il n'est pas tousjours bon de combattre l'orage, DU BELLAY, VI, 18,

recto.

ÉTYM. Provenç. adversitat, aversitat; espagn. adversitad; portug. adversidade; ital. avversità; de adversitatem, de adversus (voy. ADVERSE), état de ce qui est tourné contre.

ADYNAMIE (a-di-na-mie), s. f. Terme de médecine. Profonde prostration des forces.

– ΕΤΥΜ. Ἀδυναμία, de a privatif, et δύναμις, force (voy. DYNAMIQUE).

ADYNAMIQUE (a-di-na-mi-k'), adj. Terme de médecine. Qui a le caractère de l'adynamie.

+ADYTUM (a-di-tom'), s. m. Terme d'antiquité. Chambre particulière ou secrète dans un temple.

ÉTYM. Adytum, ἄδυτον, de a privatif, et δύω, je pénètre.

+ÆDICULE (é-di-ku-l'), s. f. Terme d'antiquité. Petit temple.

ETYM. Edicula, petit temple, de ædes, temple, édifice.

† ÆOLIPYLE (é-o-li-pi-l'), voy. ÉOLIPYLE.

+ AÉRAGE (a-é-ra-j'), s. m. Action de renouveler l'air dans un espace clos. L'aérage d'un navire, de la chambre d'un malade, d'une mine.

+ ÆRARIUM (e-ra-ri-om'), s. m. Terme d'antiquité romaine. Trésor public à Rome.

+

ETYM. Ærarium, de æs, cuivre (VOY. AIRAIN). AÉRATION (a-é-ra-sion), s. f. L'action d'exposer à l'air une substance, pour qu'elle en reçoive quelque modification. L'aération de l'eau a pour but de faire absorber de l'air à ce liquide. L'aération de certaines étoffes a pour but de les blanchir. On dit aussi aération dans le sens d'aérage.

AÉRÉ, ÉE (a-é-ré, rée). || 1o Part. passé. Bâtiment aéré à l'aide d'un ventilateur. De l'eau aérée, de l'eau qui a reçu de l'air en soi. || 2° Adj. Qui est en grand air, en bel air. Je jouis d'une maison plus aérée que n'était celle de Hugues-Capet, VOLT. Dial. 4.

AÉRER (a-é-ré. La syllabe er prend l'accent aigu, quand la syllabe qui suit est sonnante; et l'accent grave, quand la syllabe qui suit est muette, excepté au futur et au conditionnel où l'accent aigu reste), v. α. || 1o Renouveler l'air dans un espace clos. Il faut aérer les salles des hôpitaux. || En ce sens il a pour subst. aérage. || 2o Exposer une substance à l'air. Aérer du blé pour lui faire perdre quelque mau. vaise odeur. || En ce sens ilà pour substantif aération. || Ne dites pas: il faut airer cet appartement; dites aérer. Airer, qui a été usité, ne l'est plus.

HIST. xv s. Parmi la region aerine, LE MAIRE, | physique. Masse d'air qui entoure le globe terrestre.

Illustration des Gaules, p. 87. || xv1 s. La manne,
appelée par Galien miel aerien, PARÉ, XXV, 2. Tout
bestail terrestre, aquatique et aerin, O. DE SERRES,
488. Venez tost, aerins gendarmes; Demons, volez
à mon secours, RONS. 57.

ÉTYM. Aer, air (voy. AIR); provenç. aerenc.

Autrefois on a dit aerin aussi bien qu'aérien.

AÉRIFÈRE (a-é-ri-fê-r'), adj. Terme d'anatomie.
Qui porte l'air. Voies aérifères, ce qu'on nomme
plus ordinairement voies aériennes. Les conduits
aérifères des insectes portent le nom de trachées.

ETYM. Aer, air (voy. AIR), et ferre, porter.
† AÉRIFICATION (a-é-ri-fi-ka-sion), s. f. Opéra
tion par laquelle on fait passer à l'état gazeux une
matière solide ou liquide.

- ÉTYM. Aer, air (voy. AIR), et ficare, fréquenta-
tif de facere (voy. FAIRE).

On dit plutôt atmosphère.

- ETYM. Aer, air, et sphæra, sphère.

AÉROSTAT (a-é-ro-sta; le t ne se lie pas), s. m. Grand ballon rempli d'un air échauffé ou d'un gaz plus léger que l'air, et qui, par ce moyen, s'élève et se soutient dans l'air.

– ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air (voy. AIR), et στατός, arrêté, de στάω, je suis debout, en latin stare (voy. STABLE). AÉROSTATION (a-é-ro-sta-sion), s. f. Art d'employer les aérostats.

AÉROSTATIQUE (a-é-ro-sta-ti-k'). || 1o Adj. Qui a rapport à l'aérostation. || 2° S. f. Partie de la physique recherchant les lois de l'équilibre de l'air. Après avoir rampé longtemps comme un ver, il est tout à coup pourvu de quatre ailes brillantes; plus habile que Icare, il traverse les airs en se jouant avec les vents, sans apprentissage et sans aucune connaissance de l'aérostatique, BERN. DE ST-P.... Harm.

AÉRIFORME (a-é-ri-for-m'), adj. Qui ressemble à
l'air. Tous les gaz sont des fluides aériformes, parcev, Harm. anim.
qu'ils ont la transparence et l'élasticité de l'air at-
mosphérique.

ÉTYM. Aer, air (voy. AIR), et forma, forme

(voy. FORME).

+ AÉRISER (a-é-ri-zé), v. a. Terme de physique et de chimie. Réduire à l'état d'air ou de gaz.

+ AÉRODYNAMIQUE (a-é-ro-di-na-mi-k'), s. f. Partie de la physique qui traite des lois prési dant aux mouvements des fluides élastiques, ou de celles qui règlent la pression qu'exerce l'air extérieur.

- ETYM. Aer, air (voy. AIR), et dynamique (voy.

DYNAMIQUE).

AÉROGRAPHIE (a-é-ro-gra-fie), s. f. Description

de l'air.

ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, αἰν (voy. AIR), et γράφειν, décrire (voy. GRAPHIQUE).

AÉROLITHE (a-é-ro-li-t'), s. m. Pierre tombée du ciel. Les aérolithes sont des composés pierreux qui viennent d'au delà de l'atmosphère, la traversent en s'échauffant beaucoup, et tombent sur la terre avec fracas.

ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air (voy. AIR), et λίθος, pierre

(VOY. LITHIASIE).
AÉROLOGIE (a-é-ro-lo-jie), s. f. Traité sur l'air,
théorie de l'air.

ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air (voy. AIR), et λόγος, traité

(Voy. LOGIQUE).

AÉROMANCIE (a-è-ro-man-sie), s. f. Art prétendu
de deviner par l'air et par les phénomènes aériens.
ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air, et μαντεία, divination (voy.
MANCIE).

pratique l'aéromancie.
ÉTYM. Aéromancie.

- HIST. XVI s. Esprit est une substance subtile, + AEROMANCIEN (a-è-ro-man-siin), s. m. Qui
aerée, transparente et luisante, PARÉ, Introd. 10.
Saveur aerée ou aquée, ID. xxv, 7. Le meilleur se-
roit de ne se tenir du tout point en maison qui fut
mal aerée, AMYOT, De la curiosité, 1. Ayrés ces
craps de paour de vers, PALSGR. p. 419. Voilà com-
ment on met en avant plusieurs mots, comme ceux
qui disent: Voici une maison bien aerée, au lieu de
dire ærée, BEROALDE DE VERVILLE, Le cabinet de Mi-
nerve, p. 151.

ETYM. Aer, air (voy. AIR); genev. airer; Berry, airé, ce qui est, comme on voit, un archaïsme; provenc. ayreiar; espagn. arear; portug. areiar.

+ AÉRER (a-é-ré), v. n. Terme de chasse. Faire son aire. Dit par corruption au lieu de airer, qui est

la forme correcte.

+ AÉRICOLE (a-é-ri-ko-l'), adj. Terme d'histoire naturelle. Se dit d'une plante ou d'un animal qui vit dans l'air.

- HIST. XVI s. Autres sont nommés aéromanciens ou prognostiqueurs de la disposition future, parce qu'ils devinent par l'air, sçavoir est par lo vol des oiseaux, ou par tourmentes, orages, tempestes et vents, PARÉ, XIX, 31.

+ AÉROMEL (a-é-ro-mel), s. m. La manne.

ETYM. Aer, air, et mel, miel.

+ AÉROMÈTRE (a-é-ro-me-tr'), s. m. Terme de physique. Instrument qui sert à mesurer la condensation ou la raréfaction de l'air.

ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air (voy. AIR), et μέτρον, mesure

(voy. MÈTRE).

+ AÉROSTIER (a-é-ro-stié), s. m. Celui qui dirige un aérostat. || S'est dit d'un corps d'ingénieurs qui fut créé et attaché aux armées pendant la Révolution pour observer en ballon la position de l'ennemi. ESTHÉTIQUE, s. f. voy. ESTHÉTIQUE.

+ÆTHRIOSCOPE (é-tri-o-sko-p'), s. m. Terme de physique. Instrument propre à mesurer la chaleur qui rayonne de la surface de la terre vers les espaces célestes.

ΕΤΥΜ. Αἰθρία, sérénité de l'air (voy. ETHER), et σκοπεῖν, explorer. ÆTIOLOGIE, s. f. Voy. ÉTIOLOGIE.

AÉTITE (a-é-ti-t'), s. f. Pierre d'aigle, parce qu'on a prétendu qu'elle se trouvait dans le nid des aigles. C'est du tritoxyde de fer. On lui attribuait des vertus merveilleuses qu'elle ne possède aucune

ment.

– ΕΤΥΜ. ̓Αετίτης, de ἀετός, aigle. +AFATONIER (a-fa-to-nié), s. m. L'un des noms vulgaires du prunellier.

AFFABILITÉ (a-fa-bi-li-té), s. f. Qualité de celui qui reçoit, écoute et entretient avec bienveillance ceux qui s'adressent à lui. La douceur et l'affabilité si nécessaires dans les grands emplois. N'avait-il pas réconcilié la grandeur avec l'affabilité? MASS. Villeroy.

HIST. XIV s. Il determine d'une vertu qui peut estre 'appellée affabilité ou amiableté, ORESME, Eth. 130.

ÉTYM. Provenç. afablitat; catal. afabilitat; espagn. afabilidad; ital. affabilità; de assabilitatem, de affabilis, affable.

AFFABLE (a-fa-bl'), adj. || 1° Qui a de l'affabilité. On affecte une certaine modestie extérieure; on est honnête, prévenant, affable, BOURD. Pensées, t. 11, p. 106. Doux, humbles, patients, affables à tout le monde, et ne cherchant à l'égard de tout le monde que les sujets de faire plaisir et d'obliger, ID. ib. t. 1, p. 197. Libéral, intrépide, affable et sans orgueil, CORN. Sert. 11, 2. Lui, parmi ces transports, affable et sans orgueil, A l'un tendait la main, flattait l'autre de l'œil, RAC. Ath. V, 1. Afsable à tous avec dignité, elle savait estimer les uns sans facher les autres, Boss. duch. d'Orl. L'extérieur paraft affable, ce qui fait quelque montre de modestie, ID. Pensées chrết. 22. || 2o Pris substantivement. [11] doit mêler à propos l'affable et le sévère, ROTROU, Vencesl. 1, 1. - REM. Bouhours, Nouvelles Rem. dit, au sujet

+ AÉROMETRIE (a-é-ro-mé-trie), s. f. Mesure de la
constitution physique de l'air et de ses effets méca- de affable et affabilité: Ces deux mots ne plai-
niques.

ETYM. Aéromètre.

AERONAUTE (a-é-ro-nô-t'), s. m. et f. Celui, cello
qui parcourt les airs dans un aérostat.
– ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air, et ναύτης, navigateur, de ναῦς,
vaisseau (voy. NEF).

1o Qui

+ AÉRONAUTIQUE (a-é-ro-no-ti-k'), adj. ||
a rapport à l'aéronaute. Une expérience aéronauti-

que. || 2° S. f. L'art de l'aéronaute.

- ETYM. Aéronaute.

+AÉROPHOBE (a-é-ro-fo-b'), s. m. Terme de médecine. Celui qui craint l'air. Les aérophobes ne peuvent supporter l'action, sur la peau, de l'air en mouvement.

- ETYM. Aer, air, et colere, habiter AÉRIEN, ENNE (a-é-riin, rie-n'; en poésie, il est de quatre syllabes, a-é-ri-in, ri-e-n'), adj. || 1o Qui est d'air, qui est comme l'air, qui vit dans l'air. Les champs aériens. Une forme aérienne. Une taille aérienne. Les météores aériens sont la pluie, la neige, le brouillard, etc. Esprits aériens de la terre et des eaux, C. DELAV. Par. 11, 6. Et mon œil aime à se suspendre à ce foyer aérien; Et je leur dis sans les comprendre: Flambeaux pieux, vous faites bien, LAMART. Harm. 1, 4. Ce peuple aérien, dont la vive allégresse Chante la liberté, la joie et la tendresse, ROSSET, Agric. vi. Ces chants aériens [des oiseaux] sont mes concerts chéris, v. HUGO, Odes, IV, 3. || 2° En anatomie, voies aériennes, conduits aériens, l'ensemble des canaux qui conduisent l'air. Vésicule aérienne, vésicule qui contient de l'air chez les poissons. || 3o En peinture, s'emploie particulièrement pour spécifier cette partie de la perspective dont les effets résultent de l'interposition de l'air || Le même que aérifère.

entre l'objet et l'œil du spectateur. || Il s

son substantif.

11 se met après

ΕΤΥΜ. ̓Αήρ, air (voy. AIR), et φόβος, crainte. + AÉROPHOBIE (a-é-ro-fo-bie), s. f. Terme de médecine. Crainte de l'air. L'aérophobie est un symptôme assez fréquent de la rage, quelquefois aussi de l'hystérie et d'autres affections nerveuses.

ETYM. Aérophobe.

saient point à M. Patru. Ils sont françois, me ditil un jour, mais laissons-les dire aux autres. Racine s'est servi d'affable, qu'on trouve aussi dans l'Oraison de la Dauphine: Applaudie de tous, mais affable et civile à tous. M. l'abbé Reynier se sert de ces deux mots. Il ne faut pas, après cela, s'arrêter à l'antipathie de M. Patru. De son côté, Caillières disait, en 1690 : « Affable n'est plus guère dans le commerce des gens du monde; honnête a pris sa place, de même que honnêteté a pris la place d'affabilité. » || Ces deux mots sont en plein usage aujourd'hui; ils remontent jusqu'au xiv siècle. - HIST. XIV s. Celui qui le fait selon ce qu'il convient et appartient, il peut estre appellé amiable ou affable ou agreable, ORESME, Eth. 50.

- ETYM. Affabilis, de ad, à, et fari, parler (voy. FABLE).

AFFABLEMENT (a-fa-ble-man), adv. D'une manière affable. AFFABULATION (a-ffa-bu-la-sion). s. f. Partie qu'on nomme plus souvent la moralité.

+ AÉROPHORE (a-é-ro-for'), adj. Qui porte l'air. d'une fable qui en explique le sens moral; c'est ce ETYM. Ad, à (voy. A), et fabula, fable (voy

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AFFADI, DE (a-fa-di, die), part. passé. Vin affadi. Ragoût affadi. Estomac affadi. Votre cœur en est affadi, SEV. 233. [II] a longtemps le teint pâle et le cœur affadi, BOIL. Lutr. II. Et n'estimant dignes d'être applaudis Que les héros par l'amour affadis, J. B. ROUSS. Ép. II, 2.

AFFADIR (a-fa-dir), v. a. || 1o Rendre fade. Affadir une sauce. || 2° Fig. Oter le sel, le piquant. Affadir une épigramme. Vous avez fardé la peinture; Vous affadissez l'opéra, BÉRANGER, Pauvres am. || 3° Causer une sensation désagréable au palais, à l'estomac, par quelque chose de fade. Le miel affadit le cœur. Comme il y a de bonnes viandes qui affadissent le cœur, il y a un mérite fade et des personnes qui dégoûtent avec des qualités bonnes et estimables, LA ROCHEF. Pensées, 48. || 4o Fig. Ces gens.... l'affadissaient, L'endormaient en contant leur flamme, LA FONT. Petit Ch. || 5° S'affadir, v. refl. Devenir fade. De Molière oublié le sel s'est affadi, VOLT. Ép. Cr. [Dans le monde] Il faut se prêter, s'accommoder, s'affadir avec les enfants de la terre, nous qui devions en être le sel, MASS. Conf. Fuite. L'éloquence, toujours flatteuse dans les monarchies, s'est affadie par des adulations dangereuses aux meilleurs princes, MASS. Louis le

Grand.

- HIST. XVI s. Comme le vin se perd et affadist par l'eau, et toute la farine s'aigrit par le levain, CALV. Inst. 1 63. Cettui-ci, receu avec honneurs et caresses, fut renvoyé si plein de douceurs qu'il en affadit ses compagnons au retour, D'AUB. Hist. 1, 252. Je suis si affady aprez la liberté, que qui me deffendroit l'accez de quelque coing des Indes, j'en vivrois aulcunement plus mal à mon ayse, MONT. IV, 242. Au lieu de m'aiguiser l'appetit par ces preparations et avantjeux, on me lasse et affadit, ID, II, 107. C'est le goust d'une molle fortune, qui s'affadit aux choses ordinaires et accoustumées, ID. IV, 283.

ÉTYM. A et fade.

AFFADISSANT, ANTE (a-fa-di-san, san-t'), adj. Qui affadit. Une saveur affadissante. Des louanges affadissantes.

AFFADISSEMENT (a-fa-di-se-man), s. m. || 1° Effet que produit la fadeur. Les choses trop douces causent de l'affadissement. || 2o Fig. Louer jusqu'à l'affadissement. Tellier se promit toutes choses de l'affadissement du sel de la terre (la faiblesse du clergé; voy. S'AFFADIR), qu'il reconnut en plein dans les assemblées des évêques sur cette affaire, ST-SIM. 345, 25.

- ETYM. Affadir.

AFFAIBLI, IE (a-fè-bli, blie), part. passé. Corps affaibli par l'âge. Armée affaiblie par les désertions et les maladies. Courage affaibli par de longs malheurs. Son esprit n'est point affaibli. Style affaibli par trop de minutie. Couleurs affaiblies. Se servir d'un terme affaibli. Quand les hommes veulent quitter le mal, le mal semble encore les poursuivre longtemps; il leur reste de mauvaises habitudes, un naturel affaibli, des erreurs invétérées..., FÉN. Tél. XXII. Quoi! pour Britannicus votre haine affaiblie.... RAC. Brit. IV, 4. Sur tant de fondements sa puissance établie Par vous-même aujourd'hui ne peut être affaiblie, ID. ib. III, 3. Mes yeux, mes tristes yeux, affaiblis par les ans, Hélas! avez-vous pule chercher si longtemps? VOLT. Alz. II, 2. Ces hautes idées, ces grands objets n'étant plus affaiblis ou par les fausses préventions d'un esprit indocile ou par les aveugles cupidités d'un cœur passionné, BOURD. Sermon pour les dimanches, t. Iv, p. 180. Il est vrai d'ailleurs que la foi n'est point non plus tellement affaiblie ni altérée dans tout le christianisme, qu'il n'y ait encore, jusques au milieu du siècle, de parfaits chrétiens, ID. Pensées, t. 1, p. 179. N.... est moins affaibli par l'âge que par la maladie; car il ne passe point soixante-huit ans, LA BRUY. 11.

AFFAIBLIR (a-fe-blir), v. a. || 1o Rendre faible, au propre et au figuré. Affaiblir le corps. L'âge affaiblissait son esprit. Affaiblir un malade par la saignée et par la diète. On avait affaibli la garnison par des détachements. L'usage des lunettes affaiblit quelquefois la vue. Affaiblir la puissance d'un Etat. Pour ne pas affaiblir sa gloire. Affaiblir l'autorité d'un témoignage. La vieillesse languissante et ennemie viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton cœur la source de la joie.... FÉN. Tél. xix. Peut-être croirait-on, en se soumettant, affaiblir l'autorité dont on est maître; c'est au contraire ce qui l'affermirait, BOURD. Pensées, t. II, p. 359. Comme les aliments dans un corps malade, bien loin de le for tifier et de le nourrir, l'affaiblissent et se tournent

en corruption jusqu'à détruire le principe de la vie....
ID. Carême, t. 1, p. 106. La première maxime en
matière de guerre est d'affaiblir son ennemi et de
le fatiguer, ID. Carême, t. 1, p. 228. Quelques jeu-
nes personnes ne connaissent point assez les avan-
tages d'une heureuse nature; elles affaiblissent les
dons du ciel, si rares et si fragiles, par des ma-
nières affectées et par une mauvaise imitation, LA
BRUY. 3. La loi de l'histoire ne nous a permis ni
de rien déguiser ni de rien affaiblir dans le récit
de cette tragique aventure, VOLT. Russie, II, 10.
Je vous ai montré l'art d'affaiblir son empire,
CORN. Sert. III, 2. Sa perte m'affaiblit, et son
trépas m'afflige, ID. Cid, II, 7. Pourquoi nous dé-
chirer par des guerres civiles, Où la mort des vain-
cus affaiblit les vainqueurs? ID. Hor. 1, 4. Tant de
précautions affaiblit votre règne, RAC. Brit. IV, 4. Un
traître, en nous quittant, pour complaire à sa sœur,
Nous affaiblit bien moins qu'un lâche défenseur,
ID. Alex. II, 5.... Mes maux m'ont affaibli plus en-
cor que mes ans, VOLT. Zaïre, 11, 3. Vous qui du
poids des ans n'êtes point affaiblis, ID. Tancr. v, 2.
| 2o Affaiblir se prend aussi absolument. Trop retou-
cher un ouvrage, c'est moins retoucher qu'affai-
blir. Je me sens affaiblir, quand je vous encourage,
CORN. Rod. III, 5. Je sens affaiblir ma force et mes es-
prits, RAC. Mithr. v, scène dern. || 3o Affaiblir les mon-
naies, les espèces, en diminuer le poids ou le titre.
|| 4o S'affaiblir, v. rest. Devenir faible, au propre et
au figuré. Ses forces s'affaiblissent. Sa douleur s'af-
faiblit. J'ai vu nos espérances s'affaiblir. La raison
de son père s'était affaiblie. Nous laissons s'affaiblir
l'autorité. Quoi! déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne!
RAC. Ath. 1, 2. Ma vue s'affaiblit, dit Irène. Prenez
des lunettes, dit Esculape. Je m'affaiblis moi-même,
continue-t-elle; je ne suis ni si saine ni si forte que
j'ai été. C'est, dit le dieu, que vous vieillissez, LA
BRUY. 14. || 5° En peinture et gravure, affaiblir
marque l'abus ou l'exagération de l'adoucissement;
en architecture, c'est diminuer l'épaisseur d'un
mur ou la grosseur d'une pièce de charpente.

blissements où la vertu tombe comme en défaillance, FÉN. t. XVIII, p. 195. Pour s'opposer au relâchemen: des mœurs, aux affaiblissements de la discipline, MASS. Car. Mélange. Il est rare que leurs graces [dec grands] ne soient pas le prix de nos affaiblissements et de nos complaisances, ID. Conf. Scand. Soit par la désertion de quelques-uns de ses enfants, soit par l'affaiblissement de la charité du plus grand nombre, BOURD. Pensées, t. II, p. 315. || 2o Affaiblisscment des monnaies, abaissement de leur titre.

+ AFFAINÉANTI, IE (a-fe-né-an-ti, tie), part. passé et adj. Devenu fainéant. Ils parlaient dans ces lettres en vrais étourdis, et y traitaient le roi [Louis XIV] de gentilhomme campagnard affainéanti auprès de sa vieille femme, M. L.M. D. L. F. Mémoires, p. 261. Amsterdam, 1734. || Mot très-bon et à employer.

† AFFAINÉANTIR (S') (a-fè-né-an-tir), v. réfl. De-venir fainéant. Les grandes possessions des biens de la fortune sont cause que l'on s'affainéantit et que l'on néglige de posséder les biens de la vertu, Francion, livre Iv, p. 180.

ÉTYM. A et fainéant.

de

AFFAIRE (a-fê-r'), s. f. || 1° Ce qui est l'objet de quelque travail; occupation, soin, voir, fonction. Une petite affaire. Une affaire importante. N'avoir pas d'affaire. C'était l'affaire d'un jour. Charger le fusil et tuer la bête fut l'affaire d'un instant. Je ne me suis mêlé d'aucune affaire. Etre accablé d'affaires. C'est mon affaire; vous n'avez rien à y voir. L'étude est son unique affaire. Ils ont pour unique affaire de toucher leurs rentes. C'est l'affaire d'un bon juge de.... Il est tout à son affaire. Vie douce et paisible, sans bruit, sans embarras d'affaires, sans inquiétude, sans soin, BOURD. Pensées, t. 1, p. 348. Le czar en partant de Paris avait d'autres affaires qu'à vérifier des passages de saint Epiphane, VOLT. Hist. de Russ. II, 9. Je suis en affaires avec l'abbé, SÉV. 228. J'ai quelque affaire Là dedans avec certain frère, LA FONT. Cord. || Faire son affaire d'une chose, s'en charger, en répondre. J'avancerai les frais et j'en fais mon affaire. As-tu fait ton affaire principale de sa justice? Boss. Nécess. 1. C'est là que je mets toute mon affaire, ID. 5, Vêtur. 1. Quelle ne sera pas la lenteur des progrès de la sagesse dont si peu d'hommes se font une affaire? DIDER. Essai sur Claude. C'est mon affaire que la conversion, PASC. Myst. 2. C'est l'affaire des dieux, ce n'est pas la nôtre, DIDER. Princ. de polit. 75. Qu'il brûle encor pour elle, ou la quitte pour moi, Ce n'est pas votre affaire, CORN. Othon, HIST. XII s. Mult sunt li bon et li hardi Ame-1, 5. Ce qu'on y voit de plus pompeux n'est l'af

SYN. AFFAIBLIR, ENERVER. Diminuer la puissance. On affaiblit ce qui est fort; on énerve ce qui est nerveux. Toutes les fois que fort et nerveux ne pourraient être confondus, affaiblir et énerver ne doivent pas l'être. Puis affaiblir est beaucoup plus général: L'age affaiblit naturellement; Une diète sévère affaiblit, mais pour procurer la santé. Au lieu que énerver indique quelque chose d'accidentel et de malfaisant: Se laisser énerver par les délices, par l'oisiveté.

nuisé et afiebli, Rou, 6750. Li remananz est mout
afebliez, Roncisv. p. 70. Vous i mourrez, France en
ert [sera] afeblie, ib. p. 82. Lors sa parole prist
à afebloier, id. p. 99. En la cause veîmes l'apostolie
afeblir, Qu'il ne pout l'arcevesque contre tuz main-
tenir, Th. le Mart. 101. Car j'en sui si meüz et
afoibliz, Couci, v. || XIII° s. Et bien furent mort en
cele voie quarante chevalier; dont li os [armée] fu
durement afebloiés et apovris, VILLEH. 122. Esclas
couroit souvent sour lui, et l'afoibloioit mout de
gent et d'amis et de chastiaus, H. DE VAL. 10. Ce
vont li trois portier disant: Mais, que qu'il aillent
devisant, Forment en sunt afebloié, la Rose, 14805.
Or te voil dire et conseillier Que l'amors metes en
obli, Dont je te voi si afoibli, Et si conquis et tor-
menté, ib. 3033. Lor dru [elles] ne vont pas
oubliant; Molt aloient afoibloiant, Lai d'Ignaurès.
Dont commencent li prince forment à empirier; Li
cors lor affebloient, et lor corant destrier, Ch.
d'Ant. VII, 258. || xv s. Nous sommes affoibliz de
toute foi et loyauté les uns envers les autres,
сомм. 1, 6. На! le sacrement de l'autel, Je suis
affoibli [j'ai peur], qu'est ceci? VILLON, Arch. de
Bagnol. || XVI s. Toutes fois, monseigneur, je la
vois sans cesse affoiblir; en sorte que, si je le vous
celois, je ne vous serois telle que je suis, MARGUER.
Lett. 99.

- ETYM. À et faiblir; picard, afsleboyer; bour-
guig. éfoibli; provenç. afeblir, aflebir, afslebleiar.
Il y avait deux formes en vieux français et en pro-
vençal afeblir ou afoiblir, suivant les dialectes,
et afebloier ou afoibloier. La première seule a sur-
vécu, sauf dans le picard, où la seconde est con-
servée.

AFFAIBLISSANT, ANTE (a-fe-bli-san, san-t'), adj. Qui affaiblit. Régime affaiblissant.

AFFAIBLISSEMENT (a-fe-bli-se-man), s.m. || 1o Diminution de force, au propre et au figuré. L'affaiblissement des forces, de la santé, de la vue, du courage. L'affaiblissement de la lumière du soleil dans une éclipse. Recourons à Dieu dans les affai

faire que d'une scène, MASS. Drap. Former des citoyens n'est pas l'affaire d'un jour, J. J. ROUSS. Écon. 2. Cliton n'a jamais eu, toute sa vie, que deux affaires, qui est de diner le matin et de souper le soir, LA BRUY. 11. Nous devons travailler à nous rendre très-dignes de quelque emploi le reste ne nous re garde point, c'est l'affaire des autres, ID. 2. || Faire son affaire d'une chose, savoir la mettre à profit. Que dans mes mains pleuve de l'or, De l'or, De l'or, Et j'en fais mon affaire, BERANGER, Él. de la rich. || 2o Tout ce qui est l'objet d'un intérêt. Abandonner un ami dans une affaire qui intéresse l'honneur. Il faut tenter l'affaire. On parle du salut comme d'une affaire souverainement importante, et on a raison d'en parler de la sorte; mais c'est trop peu dire: il faut ajouter que c'est une affaire absolument nécessaire, BOURD. Pensées, t. 1, p. 9. Sire, j'en ai trop dit, mais l'affaire vous touche, CORN. Hor. v, 3, Tantôt son père Au sortir du conseil doit proposer l'affaire, ID. Cid, 1, 2. Tout le monde craint d'avoir quelque affaire avec lui, FÉN. Tél. III. || Affaire d'honneur, ou absolument, affaire, un duel, un combat singulier. Il a une affaire d'honneur. Une première affaire, un premier duel. J'ai appris qu'il avait eu quelques affaires en Italie et qu'il s'y était battu plusieurs fois, J. J. ROUss. Hél. 1, 45. || Affaire d'amour, un commerce de galanterie. || Affaires d'esprit, les matières de goût. Il veut qu'on le consulte sur toutes les affaires d'esprit. || 3° C'est une affaire de, une question de.... Elle était de sa nature une affaire de religion chez les païens, FONTEN. Oracles, chap. 1, Introd. La foi de beaucoup d'hommes est une affaire de géographie, J. J. ROUSS. Ém. IV. C'est une affaire de soumission et d'humilité, BOSS. Lett. 53. || 4° C'est une affaire, la chose est difficile. Ce n'est pas une affaire, la chose n'est pas importante. On se persuade que, comme ce n'est pas une affaire d'en [de certains défauts] être coupable, il n'y a pas aussi grand mal d'en être censeur, MASS. Car. Médis. Et conter pour conter me semble peu d'affaire, LA FONT. Fab. vi, 1. Ce ne serait pas une affaire, sÉV. 68. Ce dieu fripon ressemble assez aux rois, Le bien | gligemment les affaires de l'empire, Boss. Hist. 1,

servir n'est pas petite affaire, VOLT. Poés. mêl. 150. On faisait une grande affaire de rien, SÉV. 395. Par le chaud, c'était une affaire, ID. 287. D'en avoir toujours les preuves présentes, c'est trop d'affaire, PASC. Moyens, 3. Il faudrait bien des affaires pour leur faire entendre [aux Tartares] ce que c'est qu'un financier parmi nous, MONTESQ. Esp. xxx, 13. || 5° Ce qu'il faut, ce qui convient. Ceci est bien mon affaire. La place qu'il a obtenue fait parfaitement son affaire. Mais le moindre grain de mil Serait bien mieux mon affaire, LA FONT. Fab. 1, 20. Deux minutes feront l'affaire, ID. Nic Ce choix était mieux votre affaire, MOL. Mis. 1,4. Votre fille n'est point l'affaire d'un bigot, ID. Tart. 11, 2. C'est moi qui ferai votre affaire mieux que personne, ID. Préc. Rid. 10. Je n'irais pas bien loin pour trouver mon affaire, ID. Femmes sav. 1v,3. Le chaud fera mon affaire [me fera du bien), sév. 284. Je voudrais bien que vous pussiez y faire l'affaire du roi et la vôtre, ID. 102. ah! Monsieur, si feu mon pauvre père Était encor vivant, c'était Dien votre affaire, RAC. Plaid. 1, 5. || 6o Faire son

11. Latentation, dans les grandes charges, dans les
grandes affaires, c'est qu'on les trouve si importan-
tes, qu'on y donne tout, et que l'affaire du salut
s'oublie, ID. Pensées détachées, 11. Il parle bas
dans la conversation, et il articule mal, libre néan-
moins sur les affaires publiques, LA BRUY. 6. Per-
sonne presque n'a assez de fonds pour remplir le
vide du temps sans ce que le vulgaire appelie des
affaires, ID. 2. Que faut-il à un homme d'affaires,
ou que ne lui faut-il pas pour vaquer dignement et
en chrétien soit au service du prince dont il est le
ministre, soit au service du public dont il a les in-

mières pour les siennes? ST-ÉVREM. t. IV, p 2 || Ironiquement. J'ai bien affaire de lui, je me soucie bien de lui! J'ai bien affaire de tout cela! Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire, Et des livres qu'ils font la coura bien affaire! MOL. F. sav. IV, 3. J'avais bien affaire qu'il attaquât ma réputationt FONTEN. Didon, Stratonice. Il avait bien affaire de s'aller.... HAMILT. Gramm. 9. La république a bien affaire De gens qui ne dépensent rien! LA FONT. Fab. VIII, 9. || 19o Avoir affaire à quelqu'un, avoir à lui parler, à débattre avec lui. Et, s'il avait affaire à quelque maladroit.... CORN. Poly. v, 1. L'homme à qui nous avons affaire n'est pas des

térêts à ménager? Quelle étendue de soins.... BOURD. | plus fins de ce monde, MOL. l'Am. med. III, 3. 11

Pensées, t. 1, p. 401. || Affaires spirituelles, affaires
qui concernent la religion; affaires temporelles,
celles qui concernent le monde. || 13o Embarras,
peines, querelles. On lui a suscité mille affaires
désagréables et fâcheuses. Voulez-vous qu'avec lui
je me fasse une affaire? MOL. Mis. II, 3. Pourquoi
chercher à lui faire des affaires [des ennemis)? MOL.
Impr. 3. Voici bien des affaires, ID. l'Étour. 1, 2. Vous

affaire à soi-même], faire son affaire (à un autre). ( ferez-vous toujours des affaires nouvelles? BOIL.

racles,

n'a pas affaire à un sot, et vous savez des rubriques
qu'il ne sait pas, ID. Méd. m. lui, 11, 7. Il vaudrait
autant avoir affaire à des gens qui.... Pasc. Prov. 7.
Ayant affaire à des personnes de toutes sortes, ID.
ib. 5. Ils ont affaire à un homme bien vigilant,
SÉV. 562. Saint Cyrille avait affaire à un de ces dia-
lecticiens.... BOSS. Conc. On ne sait si on a affaire à
un chrétien ou à un païen, ID. Avert. 1. || Par me-
nace. Si vous tenez ce langage, vous aurez affaire
à lui, il vous cherchera querelle, il vous en fera
repentir. Quiconque rira aura affaire à moi, MOL.
Pourc. IV, 4. || 20° Avoir affaire avec quelqu'un, avoir
à traiter d'affaires avec lui. J'ai affaire ce matin avec
le ministre. Ceux avec qui ils ont affaire tous les
jours, FÉN. Tél. XXII. || Absolument. Il a affaire, il ne
peut quitter, Boss. Princ. de P. 2. || 21° En termes
de fauconnerie, un oiseau est de bonne affaire,
quand il est bien affaité, bien dressé pour la vole-
rie. || Par extension. Un autre était muet et d'amou-
reuse affaire, LA FONT. Fianc. Sa femme était en-
cor de bonne affaire, ID. Berceau. || 22° En parlant
d'une femme, avoir ses affaires, avoir ses règles.
|| 23° Faire ses affaires, aller à ses affaires, satis-
faire ses besoins naturels. Autrefois, chez le roi,
on appelait chaise d'affaires la chaise percée, et
brevet d'affaires, le privilége d'entrer dans le lieu
où le roi est sur sa chaise d'affaires. On sait
que le roi Henri III fut blessé mortellement, par
Jacques Clément, étant sur sa chaise d'affaires.
|| 24° Proverbes. Corsaires à corsaires, L'un l'autre
s'attaquant, ne font pas leurs affaires, RÉGNIER, Sat.
XII. || Avoir affaire à la veuve et aux héritiers,
c'est-à-dire avoir affaire à forte partie. || Ceux qui
n'ont point d'affaires, s'en font, c'est-à-dire l'oisiveté
fatigue, et on se fait des occupations. || A demain
les affaires, c'est-à-dire ne songeons aujourd'hui
qu'à nous divertir. || Chacun sait ses affaires, se dit
quand on ne veut pas entrer dans les motifs de la
conduite de quelqu'un. || Il a plus d'affaires que le

Faire son affaire [à soi-même), c'est se mettre à l'a-
bri, s'arranger, réussir. Il fait tout doucement
son affaire. Il songe à se retirer à la campagne,
sor affaire est bientôt faite. Quand on connaît
bien les péchés mortels, on tâche de ne pas com-
mettre de ceux-là, et l'on fait son affaire, MON-
TESQ. Lettr. pers. 57. || Faire son affaire [à un autre),
c'est le châtier, lui donner une leçon, même le
tuer. Son affaire est faite, il a été châtié, puni,
tué. L'espion fut découvert, et on lui fit son affaire.
S'il le rencontre, il lui fera son affaire. Le chat fut
trois jours sans manger et sans pouvoir remuer ni
pied ni patte; mais il est bien heureux qu'il n'y a
point de chats médecins; car ses affaires étaient
faites, et ils n'auraient pas manqué de le purger et
de le saigner, MOL. l'Amour med. 11, 1. || 7° Avoir
son affaire, en bonne part, avoir ce qui convient;
en mauvaise part, recevoir correction, châtiment,
leçon. Vouliez ou non, elle aura son affaire, LA
FONT. Rém. || 8° Point d'affaire, signifie en aucune
façon. Point d'affaire, marquis, MOL. Fach. III, 4.
Point d'affaire, signifie encore c'est en vain. J'ai beau
lui faire signe et montrer que c'est ruse; Point d'af-
faire, il poursuit sa pointe jusqu'au bout, MOL. l'Étour.
111, 5. }| 9° S. f. plur. Les affaires de quelqu'un, ce qui
l'intéresse particulièrement, ce qui constitue sa si-
tuation. Il sent que l'âge vient, et il songe à met-
tre ordre à ses affaires. Etre bien dans ses affaires.
Ceux qui sont mal dans leurs affaires. Nous som-
mes mal, monsieur, dans nos affaires, MOL. Mis.
1v, 4. Un valet conseiller y fait mal ses affaires [ne ga-
gne rien de bon], ID. l'Étour. 1, 2. Si je savais chanter,
J'en ferais bien mieux mes affaires, ID. la Princ. d'El.
II, Interm. Enfin j'ai fait mes affaires, Je suis procu-
reur du roi, BÉRANGER, Ventru. Vous n'avez, vous
ni lui, pensé qu'à vos affaires, cORN. Othon, 11, 6.
Chacun des deux partis y fit mal ses affaires, LA
FONT. Fianc. Mais que répondrons-nous? - J'ai
d'autres affaires présentement, dit un mondain.
- Et quelles sont-elles, ces autres affaires?- L'af-
faire de mon établissement, ajoute-t-il, l'affaire
de mon agrandissement, les affaires de ma maison,
en un inot tout ce qui regarde ma fortune tempo-
relle, BOURD. Pensées, t. 1, p. 405. || 10° Transac-
tion, marché. J'ai fait affaire avec lui. Il me vend
sa maison, l'affaire est conclue. En achetant cette
terre, il a fait une mauvaise affaire, une bonne
affaire. Co mariage est pour lui une bonne affaire.
L'adjudication est remise à quinzaine; mais je crois
que je ferai affaire avant ce temps, P. L. COUR.
Lettr. 11, 123. Si elle le peut épouser, elle fera une
très-bonne affaire, SÉV. 21. J'étais lié, dit saint Au-
gustin, par ma propre volonté, plus dure que le
fer, et, sans un dernier effort de la vertu d'en haut,
je n'aurais jamais conclu mon affaire [sa conver-
sion] que je désirais, mais qui devait coûter si cher
à mon cœur, BOURD. Pensées, t. 1, p. 282. || 11° Ab-
solument, les affaires, le commerce, l'industrie, Qu'avons-nous affaire que leur assurance dépende

Sat. Ix. Cette réserve pourrait m'attirer des affai-
res, J. J. ROUSS. Em. IV. De peur de me faire des af-
saires avec le prince, HAMILT. Gram. 7. Je crains
que cela ne lui fasse une affaire, Sév. 322. Tout le
monde veut que j'aie des affaires à Rome, Boss.
Lettr. rel. 83. Ce n'est point du tout mon intention
de vous faire des affaires, ID. Lettr. abb. 73. Il
composa un livre fort curieux, mais qui lui fit
quelques affaires, VOLT. Microm. 1. Si quelqu'un
eût osé ouvrir la bouche.... on lui eût fait des af-
faires dont il ne se fût jamais tiré, FONTEN. Oracles,
ch. 13. Rome, qui avait toujours usurpé, avait
continuellement de grandes affaires, MONTESQ. Esp.
XI, 17. || 14° Se tirer d'affaire, se tirer d'embarras,
sortir d'affaire, sortir d'embarras. se plaint
qu'elle (mouche] agit seule et qu'elle a tout le soin;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire, LA
FONT. Fab. vII, 9. Les sueurs me tireront d'affaire
[me guériront), sév. 245. Il faut remercier Dieu du
bonheur qui vous tira d'affaire, ID. 78. Il est hors
d'affaire [il est guéri], ID. 84. || Une mauvaise af-
faire, une affaire ou honneur, la fortune, la vie
sont engagés; une bonne affaire, une affaire où il
y a beaucoup d'argent à gagner. || 15° Procès, con-
testation, démêlé. La plus petite affaire d'argent.
Suivre une affaire. Affaire civile. Affaire criminelle.
Plaider une affaire. Instruire une affaire. Les af-
faires du barreau. Voyant un président, je lui parle
d'affaire, RÉGNIER, Sat. VIII. Il plaide depuis qua-
rante ans, plus proche de sortir de la vie que de sor-
tir d'affaires, LA BRUY. 11. || 16o Dans un sens très-va-légat, c'est-à-dire il est très-occupé.
gue, chose, circonstance, conjor.cture. Qu'en ce mois
le manteau leur est fort nécessaire [aux voyageurs];
Les Latins le nommaient douteux pour cette affaire, LA
FONT. Fab. VI, 3. || 17° Ent. de guerre, combat. L'affaire
fut courte, mais chaude. On perdit beaucoup de monde
dans cette malheureuse affaire. L'affaire avait été fort
mal engagée. Il l'en remercia quand l'affaire fut finie,
HAMILT. Gramm. 5. || 18° Avoir affaire de, avoir besoin
de. L'un allume du feu dont j'avais bien affaire,
RÉGNIER, Sat. xi. Vous n'avez pas trop affaire de ce
détail, sév. 87. Si Pluton a affaire d'un mort, il ne
sait plus où le prendre, FONTEN. Jugement de Plu-
ton. Vous trouverez un statuaire; Mais vous n'en
79. Qu'unlion d'un rat eut

affaire.... LA FONT. Fab.II, 11. Qu'avons-nous affaire
du monde et de ses emplois? Boss. Lett. 27. Qu'a-
vions-nous affaire de son amour naturel? ID. Relat.
Vénus, Saturne et Mars, dont je n'ai point affaire,
MOL. F. sav. 11,7. Un pouvoir dont le malheureux,
Madame, n'aura plus affaire, ID. Psych. 1, 3. Qu'a-
vions-nous affaire de vie, Si nous ne pouvions

SYN. AVOIR AFFAIRE À QUELQU'UN, AVOIR AFFAIRE AVEC QUELQU'UN, se trouver en rapport avec lui. Les auteurs de synonymes disent que à marque supériorité, autorité, pouvoir de celui à qui on a affaire, et dépendance, infériorité, besoin de celui qui a affaire. Cette distinction est sans fondement; la seule réelle, c'est que à est plus général : on a affaire à quelqu'un pour toutes sortes de choses; on a affaire avec quelqu'un pour traiter avec lui, et en raison d'une certaine réciprocité qui n'est pas impliquée par d.

REM. Dans la locution avoir affaire de, pour avoir besoin, quelques-uns écrivent à faire en deux mots. Cela ne peut être considéré comme une faute; car à faire ici convient mieux que affaire; mais l'usage est d'écrire affaire en un seul mot dans cet emploi.

- HIST. XII s. Dire brevement l'affaire, Machab. 1, Houchet, no 9. Là ont de leur afaire leur parlement tenu, Sax. XXVIII. [Que chaque baron aille] Pour apre ster ses homes, son cors et son afaire, Sax. xxxI.

être à vous? ID. ib. v, 2. Le mohatra est quand XIII s. Vous avez empris le plus grant afaire
un homme qui a affaire de vingt pistoles, achète et le plus perilleus que onques mais gent entre-
d'un marchand des étoffes pour trente pistoles, preissent, VILLEH. LXII. Endementres que ce fu fait,
payables dans un an, et les lui revend à l'heure li empereres Baudoins avoit ja fait tous ses asaires en
même pour vingt pistoles comptant, PASC. Prov. 8.
de là? ID. ib. 19. Qu'ai-je affaire, disait-il aux Juifs,
des fruits de la terre que vous apportez dans mon
temple? BOURD. Pens. t. II, p. 413. Dieu veut
qu'il y ait entre nous un rapport naturel et conti-

la banque. Il est dans les affaires. Il a quitté les
affaires. Les grandes affaires. Les hommes d'affai-
res, les gens d'affaires. L'esprit même d'affaires
ne s'était pas refusé à lui, FONTEN. Malézieu. || Au
sing. Organiser, lancer une affaire. || En mauvaise nuel, que nous ayons affaire les uns des autres... ID.
part, faiseur d'affaires. || 12° S. f. pl. Tout ce qui con-

ib. p. 226. Qu'ai-je affaire d'aller me tuer à travail

cerne la fortune et les intérêts de l'État. Le mouve- ler pour des gens dont.... MONTESO. Lett. pers. 11. ment des affaires. Les affaires d'État. Ce ministre est Qu'avez-vous affaire de décrier le luxe? FLECH. depuis longtemps aux affaires. Les affaires publiques Serm. 11, 220. Qu'ai-je affaire du trône et de la sont dans une telle situation..... Loisirs que laissent main d'un roi? TH. CORN. Ariane, III, 4. Qu'avons les affaires. La vieillesse éloigne des affaires. Ceux qui nous affaire d'un nouvel auteur qui se pare des imasont à la tête des affaires, MASS. Conv. Il faisait né-ginations des Grecs, et donne au monde leurs lu

Salenique, ID.CXXII. Ou [au] mantiau n'ot pas penne
vaire Mès moult vies et de povre afaire, D'agniaus
noirs velus et pesans, la Rose, 216. Mès sans failie tu
ne savoies à quel seignor afaire avoies, ib. 4258. Mes
de tout ce qu'en ai-ge afaire, S'ele est cortoise et
debonnaire? ib. 4079. Que mon afaire va tousjours de
Ide
mal en pis, Berte, xxx. Qui de si grant
afaire [de si
haute position] fust à tel meseür (malheur), ib. XLI.
Conté [elle] m'a son afaire et tout son errement, ib.
XLVII. Quant li messagiers eut son afaire apresté, ib.
LXVII. Sonafaire [elle] appareille, mains [moins qu'ele
peut, detrie [tarde], ib. LXXII. Li quex {lequel] est cous-
tumiers de dire vilonie au bailli ou as jugeurs ou à

la partie à qui il a à fere, BEAUM. V. 15.

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