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- XIV. s. Mais quant vint au fort de l'afaire, | dans les textes français, à une époque où le français | disette, une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on,

Monseur Charles ne sot que faire, Ne ses gens en
nulle maniere, Liv. du bon Jeh. 1387.

- xvs. Ces quatre chevaliers chevaucherent si
avant qu'ils approcherent de moult près les Anglois
et que ils purent bien aviser et imaginer une grande
partie de leur affaire [de leurs dispositions), FROISS.
I. 1, 285. Et n'est nul en Angleterre tant soit no-
ble ni de grand affaire, qui l'ose courroucer....
ID. I, 1, 7. Se le grant Dieu me gart d'essoine, Je
leur voiz compter ceste affaire, la Pass. de N.
S. J. C. Caiphas, tost congié prenons De Pilate,
et nous hastons: Sy en alons en nostre afaire, la
Résurr. de J. C. Un curé voyant cest affaire, De la
femme fut amoureulx, VILLON, Repues. Il y eut plus
affaire à les renvoyer qu'à les appeler, сомм. 1, 2.
Congnoissant que le roy d'Angleterre l'avoit fort de-

n'empruntait rien à l'italien.

subsister de fumée, BOIL. A. P. IV. || 2° Substantive

AFFAIRÉ, ÉE (a-fe-ré, rée), adj. Qui a beaucoup | ment. Il mange comme un affamé. Il ne leur

d'affaires. Toujours affairé. Ayant l'air affairé. Elle
paraissait fort affairée, HAMILT. Gramm. 7.

HIST. XVI. s. Un riche malaysé, necessiteux,
affaireux, me semble plus miserable que.... MONT. I,
314. La moderation est vertu bien plus affaireuse que
n'est la souffrance, ID. III, 165. J'aime mieulx une
vie moins brave et moins affaireuse, ID. IV, 77. En
toute sa vie, il n'a esté si afferré ny empesché que
depuis dimanche dernier, CARL. V, 23.

+ AFFAISAGE (a-fé-za-j'), s. m. Terme de fauconnerie (voy. AFFAITAGE).

AFFAISSÉ, ÉE (a-fé-sé, sée), part. passé. Terres
affaissées. Visage amaigri, tempes affaissées. Affaissé
sous le poids de l'âge. Pendant que l'empire d'O-

des causes particulières le soutenaient, MONTESQ.
Rom. 23.

siré, il sembloit bien que s'il [le duc de Charolois] | rient était affaissé sous un mauvais gouvernement,
en avoit affaire, qu'il le gaigneroit des siens, ID. I,
5. Son maistre ou ung prince de qui on a affaire, ID.
III, 2 Pour certain sien affaire, comme il disoit, Bou-
ciq. III, ch. 22. Et pour advertir de ceste affaire
ceulx qui prennent plaisir à lire et à escouter les
faiz de la guerre.... Bibl. des Chartres, 4a série, t. 1,
p. 430. Et faisoient de merveilleuses choses, et don-
nerent de fors affaires aux ennemys, Jeh. de Sain-
trẻ, ch. 61.

XVIo s. Et m'excuser, si pour le mien affaire
Je ne suis point vers vous allé parler, MAROT, dans
Ménage. En guerre, en paix, en affaires urgents, Au
gré des rois et profit de leurs gens, ID. ib. Enfans,
avez-vous encores affaire de mon ayde? RAB. Pant.
IV, 24. Juppiter tenoyt conseil sus certains urgens
affaires, ID. ib. IV, Nouv. prol. Quiconque donc se
presentera à nous ayant affaire de nostre aide, CALV.
Inst. 544. Il n'est pas seulement requis qu'il ait bonne
cause en quelque affaire particulier, mais qu'il ait
une justice entiere en tout le cours de sa vie, ID. ib,
645. Christ a toujours conformé ses responses à ceux
auxquels il avait à faire, ib. 656. Mon esprit se donne
plus d'affaire à soy mesme, MONT. I, 33. Lorsque nous
en avons le plus affaire, ID. 1, 97. Aulcuns me convient
d'escrire les affaires de mon temps, ID. I, 103. Le
marchand ne faict bien ses affaires qu'à....ID. I, 104.
Ils veulent avoir à faire à gens qui.... ID. II, 107. Moi
qui m'espie de plus prez, comme celuy qui n'ay pas
fort à faire ailleurs, ID. II, 323. En tels affaires, com-
me cestui-ci, il ne faut point flater soy-mesmes,
ni autrui, LANOUE, 22. En nulle action passée, on
n'auroit eu tant d'afaire qu'on auroit en ceste-ci, ID.
437. Ils conurent qu'il y auroit de l'affaire à chasser
les pigeons de ce colombier, ID. 581. [Affaire est tan-
tôt masculin et tantôt féminin dans D'AUBIGNÉ,
LOUIS XI, DESPERIERS, MARGUERITE et YVER]. Il est
une commune affection que l'on a vers les meschans,
pendant que l'on a affaire d'eulx: ne plus ne moins
que ceulx qui ont affaire du fiel et du venin de quel-
ques bestes venimeuses, AMYOT, Rom. 26. Les
utensiles dont on ne se peult passer, et dont on
a tous les jours à faire, ID. Lyc. 14. Il chassa de
Sparte les estrangers, si non ceulx qui y auroient ne-
cessairement affaire, ID. Lyc. 57. La ville estoit con-
taminée de quelques cas abominables, qui avoient
necessairement affaire de purgation, ID. Solon, 19.
Hannibal estima qu'il le falloit attirer au combat,
ou autrement que les affaires des Carthaginois s'en
alloient ruiner, ID. Fab. 42. Il luy envoya un offi-
cier luy faire commandement de descendre de che-
val, et de venir à pied, si d'adventure il avoit aucune
chose à faire au consul, ID. ib. 48. Elle ne trouvoit pas
à qui se marier pour sa pauvreté, et avoit beaucoup
affaire à vivre, ID. Arist. 66. J'ai veu plusieurs juris-
consultes et grands horames d'Etat s'etendresur cet
affaire [le duel], D'AUF. Fan. 1, 9. On dit qu'elle a
fait ses affaires [ordwes] dans ses chausses, ID. ib.
IV, 19.

ÉTYM. Bourguign. aifaire; wall. afé; provenç. afar, afaire; anc. catal. afaire; ital. affare; de d et faire. Ce mot était masculin dans l'ancien français, dans le provençal; il l'est encore dans l'italien, Le premier exemple du féminin est, ici, du xve siècle. Ce mot était nécessairement, à l'origine, du masculin, puisque c'est un infinitif, et que tous les infinitifs pris substantivement sont de ce genre. Ce qui aura probablement induit à le faire féminin, c'est sa terminaison féminine. Dans le XVIIIe siècle la chancellerie avait conservé l'ancien genre, et sur les dépêches du roi on mettait: Pour les exprès affaires du roi, et non expresses. Chapelain, voulant se rendre raison du genre masculin dans l'ancien usage, dit que c'est que nous l'avons tiré de l'italien affare qui est de ce genre: c'est une erreur; affaire ne vient pas de l'italien affare. Il est, dès le x11o siècle,

AFFAISSEMENT (a-fe-se-man), s. m. || 1 1o Etat de ce qui est affaissé. L'affaissement des terres, du sol. L'affaissement du corps. Affaissement moral. || 2° En géologie, système des affaissements, celui qui explique la formation des montagnes par l'abaissement des terres environnantes.

AFFAISSER (a-fê-sé), v. a. || 1o Faire ployer sous
le faix. Une trop grande charge a affaissé le plan-
cher du grenier. || 2o Faire baisser, tasser des choses
posées les unes sur les autres. Les grandes pluies
affaissent les terres. || 3o Fig. Accabler, affaiblir. Le
grand age n'a point affaissé votre esprit. || 4° S'affais-
ser, v. réfl. Le terrain s'affaisse. Elle ne pouvait se
tenir et s'affaissait, sév. 151. Velléda porte à sa
gorge l'instrument sacré [sa faucille d'or]: elle s'af-
faisse sur le char, CHATEAUB. Mart. 345. || 5° S'af-
faiblir, succomber. Le corps s'affaisse par la fati-
gue. Rome s'affaissa sous le poids de sa propre
grandeur. Esprit qui s'affaisse.

HIST. XIII S. Durement s'estent et s'afaiche;
De fein li dolent li bouel, Ren. 24352. || XVI s. La
vessie s'affaisse et reserre selon que l'urine sort,
PARÉ, XI, 19.

ETYM. À et faix; provenç. afaissar.

épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés, LA BRUY. 11. || 3o Fig. Avide. Ce cœur nourri de sang et de guerre affamé, RAC. Mithr. 11, 3. Si de sang et de mort le ciel est affamé, ID. Iphig. v, 2. C'était du grand Henri la redoutable armée.... lasse du repos et de sang affamée, VOLT. Henr. VI. Ton courage affamé de péril et de gloire, Court d'exploits en exploits, de victoire en victoire, BOIL. Sat. VIII.

je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui, dégoûtés de gloire et d'argent affamés, ID. A. P. Iv. Où sera le juge assez hardi, assez affamé de faire un coupable.... PELLISS. II, 134. Un bel air dont je suis aramée, Sév. 445, Je suis affamée de jeûne et de silence, ID. 447. J'y vois des gens affamés de richesses, des gens affamés d'honneur.... BOURD. Pensées, t. 1, p. 48. Tous leurs désirs sont satisfaits, et leur plénitude les élève au-dessus de tout ce que les hommes vides et affamés cherchent sur la terre, FÉN. Tél. XIV. || Proverbe. Ventre affamé n'a point d'oreilles, c'està-dire quand on a faim on n'écoute rien.

AFFAMER (a-fa-mé), v. a. || 1o Priver de vivres, faire souffrir de la faim. Affamer une ville, l'ennemi. Quand Porsenna affamait les Romainsdans leursmurailles.... Boss. Hist. III, 6. || 2° Terme de pêche. Attirer à l'aide d'un appât les sardines à fleur d'eau, à l'endroit où on tend un filet.

HIST. XIII s. Je ne manjai pieça, tate sui afamée, Berte, XLVI. Si fil se sont à lui clamé Que batu sont et afamé, Ren. 486. Renart à porpenser s'est pris, Et dit que il est fox nais, Se einsi se let afamer, ib. 23535. Grant grace nous fist nostre Seigneur que il nous delivra, laquelle [ville) nous ne deussions pas avoir prise sans affamer, JOINV. 216. Et ce poons nous voir tout cler, pource que par affamer la prist le roy Jehan au tens de nos peres, ID. ib. [Le demon ] qui nos tenoit en grief servage, Qui quin venoit les armes [ames] tenteir, Et n'en voloit panre (prendre] autre gage, Pour les chetives affameir En sa chartre antive et ombrage, RUTEB. 11, 14. || XIV° S. Il fit vilainement ceux dedens afamer, Dont ilz se

+ AFFAITAGE (a-fê-ta-j'), s. m. Terme de fau- commencerent moult à espoanter, Guesc. 1202. || xv°s. connerie. Education d'un oiseau de proie.

ETYM. Affaiter.

AFFAITÉ, ÉE (a-fe-té, tée), part. passé. Terme de fauconnerie. Bien affaité.

+ AFFAITEMENT (a-fê-te-man), s. m. || 1° Terme de fauconnerie. Action d'apprivoiser l'oiseau de proie. || 2° Manière de façonner les peaux à la tannerie.

ÉTYM. Affaiter.

AFFAITER (a-fe-té), v. a. Terme de fauconnerie. Apprivoiser un oiseau de proie.

HIST. XIo s. Il duist sa barbe, afaita son guernon, Ch. de Rol. 15. || XIIIo S. Li Cyrien avoient ce pont rompu, et li baron firent toute jor labourer l'ost, et le pont afaitier toute la nuit, VILLEH. 74. Tantost à mangier lor afete Tel viande con ele pot, Ren. 24576. Car si cum li loirres [leurre] afaite, Por venir au soir et au main, Le gentil espervier à main.... la Rose, 7558. Ne fu [beauté] fardée ne guignée; Car el n'avoit mie mestier De soi tiser ne d'afetier, la Rose, 1010. Chascun home qui sereit grant et fort, ou qui sereit champion afaitié, poreit par ce raembre moult de gens, Ass. de Jerus. 150. Par priere de affaictée demande, Interrogé se l'ung ou l'autre avoue, A ce respons, s'aucuns le me demande, Entre deux eaues comme le poisson noue [nage], CH. D'ORLÉANS, Ball. 105.

- ÉTYM. Provenç. afaitar, afachar; anc. espagn. afeitar; portug. affeitar; ital. affaitare; du latin affectare, de ad, à, et factare, fréquentatif de facere, faire. Dansl'ancien français afaiter ou afaitier avait le sens général de préparer, disposer, et est, au fond, le même que affecter.

AFFALÉ, ÉE (a-fa-lé, lée), part. passé. Arrêté sur la côte. Au point du jour, nous nous trouvames affalés à la côte, CHATEAUB. Itin. 11, 100.

AFFALER (a-fa-lé), v. a. || 1° Abaisser, soulager un cordage pour l'aider à courir dans sa poulie et à descendre. || 2° Pousser vers la côte, en parlant du vent. Les vents ont affalé ce navire. Le navire est affalé. || 3o S'affaler, v. réfl. En parlant d'un marin, se glisser le long d'un cordage. En parlant d'un

navire, s'échouér.

ÉTYM. On le tire du flamand afhalen, tirer en bas. Le bas-breton affala ou affela, retomber, paraît

emprunté au français.

AFFAMÉ, ÉE (a-fa-mé, mée), part. passé. || 1° Pressé par la faim. Ventre affamé. Parasite affamé. Une garnison affamée par l'ennemi dans la

..

Il les pensoit plutost avoir par affamer que par assaut, FROISS. I, I, 139. L'intention des Anglois estoit de tenir ces Escots là endroit assiegés.... et les cuidoient bien afsamer en leur pays, ID. I, I, 42. Monseigneur, pour Dieu mercil prenez garde dessus vostre fils, car il s'affame là en la prison où il git, ID. II, III, 13. || xv1e s. Au contraire Alexandre affamé d'avarice, RONS. 664.

ETYM. Wallon, afahant, affamé; bourguig. efanti, efäimai; provenç. afamar; ital. affamare; de ad (voy. A) et fames, faim (voy. FAIM).

† AFFANGISSEMENTS (a-fan-ji-se-man), s. m. plur. Terme d'eaux et forêts. Amas de vase dans le lit des cours d'eau.

ETYM. Affangir, verbe qui ne se trouve pas, mais qui est régulièrement formé de à et fange. † AFFANURE (a-fa-nu-r'), s. f. Salaire en nature que reçoivent les ouvriers employés à faire les récoltes.

- ETYM. Assanner, autre forme du verbe ahaner, cultiver la terre (voy. AHANER).

+ AFFÉAGE (a-fé-a-j'), s. m. Droit qui était dû pour chaque feu d'un village.

ÉTYM. Afféager.

AFFÉAGÉ, ÉE (a-fé-a-jé, jée), part. passé. AFFÉAGEMENT (a-fé-a-je-man), s. m. Action d'afféager.

AFFÉAGER (a-fé-a-jé), v. a. Terme d'anciennes coutumes. Aliéner une partie de son fief à tenir en arrière-fief ou en roture. ÉTYM. À et fief.

† AFFECTANT, ANTE (a-fe-ktan, ktan-t'), adj. Qui affecte, qui touche, qui cause de la peine. Ce récit est très-affectant.

AFFECTATION (a-fe-kta-sion; en poésie, de cinq syllabes), s. f. || 1o Manière qui s'éloigne du naturel. Affectation dans la parure, dans le langage, dans le style. Sans affectation. Il avait de l'affectation dans le port et dans les manières, HAMILT. Gramm. 6. Ne montrez aucune affectation en quoi que ce soit, Boss. Lett. Corn. 59. On remarqua que les hérétiques le faisaient par affectation, ID. Comm. Que dirai-je de ces affectations de voir et d'être vues? FLÉCH. t. III, p. 59. L'affectation dans le geste, dans le parler et dans les manières est souvent une suite de l'oisiveté ou de l'indifférence; et il semble qu'un grand attachement ou de sérieuses affaires jettent l'homme dans son naturel, LA BRUY.. La mignardise et l'affectation l'accompagnent (une ( ne connaît aucune règle et ne veut dépendre que | tune? ID. de la Trang. d'âme, 18. Tous les particu

DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.

1. 9

femme coquette) dans la douleur et dans la fièvre, elle meurt parée et en rubans de couleur, ID. 3. || 2o Imitation, faux-semblant. Affectation de douleur, de vertu. L'affectation de l'archaïsme est sensible chez cet écrivain. Il n'y a dans ce discours qu'affectation et mensonge. La réflexion de saint Augustin est bien vraie, qu'il n'y a personne qui se pare avec plus d'affectation ni plus d'ostentation de l'apparence de la vérité et de son nom, que les docteurs du mensonge et les partisans de l'hérésie, BOURD. Pensées, t. 1, p. 276. Il a du bon et du louable, qu'il offusque par l'affectation du grand et du merveilleux, LA BRUY. 14. || 3o Attribution, imputation. L'affectation de cette somme aux dépenses courantes. || En droit canon, attribution exclusive d'une place, d'un bénéfice ou d'une prébende à certains sujets. || En jurisprudence, obligation dont un héritage est chargé par hypotheque. || Faculté que l'on accorde à un établissement d'industrie de prendre, à un prix modique et pendant un certain temps, les bois nécessaires à l'alimentation de cet établissement.

- SYN. AFFECTATION, AFFÉTERIE. Avoir de l'affectation ou de l'afféterie, c'est s'éloigner du naturel; mais ce qui les distingue, c'est que affectation est un terme général qui exprime toutes les manières par lesquelles on peut s'éloigner du naturel; tandis que l'afféterie est spécialement l'affectation des grâaces. L'affectation est fausse; l'afféterie est mignarde. - HIST. XVI s. Affectation [désir], RAB. Nouv. prol. liv. Iv. Toute affectation, nomméement en la gayeté, est mesadvenante au courtisan, MONT. 1,192. Le trop d'affectation servit aux François à faire voir le but du livret, D'AUB. Hist. II, 64.

- ETYM. Affectatio, de affectare (voy. AFFECTER). AFFECTÉ, ÉE (a-fè-kté, ktée), part. passé et adj. || 1° Qui a de l'affectation, où il y a de l'affectation. Ce qui est affecté déplaît ou ne plaît pas longtemps. Geste affecté. Style affecté. On n'aime pas une pro

nonciation affectée. Marchant d'un

BOSS. pas affecte,

de son inclination, ID. Pensées chrét. 33. Il prit le liers d'un parti aussi bien que leurs grands n'affec

,

chemin qu'ont accoutumé de tenir ceux qui affec-
tent la tyrannie, VERTOT, Révol. rom. liv. vII, p. 267.
Quel droit as-tu reçu d'enseigner, de prédire, De
porter l'encensoir et d'affecter l'empire? VOLT. Fa-
nat. II, 5. Diane même dont vous affectez tant
l'exemple, n'a pas rougi de pousser des soupirs d'a-
mour, MOL. Princ. d'El. II, 4. Vous buviez sur son
reste et montriez d'affecter Le côté qu'à sa bouche
elle avait su porter, ID. L'Étour. IV, 5. Je n'ai jamais
aimé que vous, et jamais je n'aimerai que vous. C'est
vous, madame, qui m'avez enlevé cette qualité d'in-
sensible que j'avais toujours affectée, ID. Pr. d'El.
v, 2. Perse en ses vers obscurs, mais serréset pres-
sants, Affecta d'enfermer moins de mots que de sens,
BOIL. A. P. 11. || 2o Faire un usage fréquent de.
Le souvenir de la jeunesse est tendre dans les vieil-
lards; ils aiment les lieux où ils l'ont passée; ils af-
fectent quelques mots du premier langage qu'ils ont
parlé, LA BRUY. 11. || 3o Faire ostentation de. Ils se
plaignent que j'affecte de parler contre.... On af-
fecta de le montrer aux armées. Certaines qualités
dont ils affectent de se parer. Ceux dont il affecte de
surpasser les déréglements. Le doute où l'on affec-
tait d'être de sa vertu. Sommes-nous chrétiens? ne
le sommes-nous pas? Si nous ne le sommes pas,
pourquoi affectons-nous de le parattre? BOURD. Pen-
sées, t. 1, p. 176. Pour éblouir les yeux, la fortune
arrogante Affecta d'étaler une pompe insolente, BOIL.
Épít. Ix. Je serai fort ravi qu'on ne vous trouve point
si belle, et vous m'obligerez de n'affecter point tant
de le paraître à d'autres yeux, MOL. Sicil. 7...leur
majesté terrible Affecte à leurs sujets de se rendre
invisible, RAC. Esther, 1, 3. S'il fait un payement,
il affecte que ce soit dans une monnaie toute neuve,
LA BRUY. Théophr. 21. || 4° Feindre, simuler. Il affecte
de compter là-dessus. Affecter la douleur. S'il avait
pour cet homme le mépris qu'il affecte.... Vous avez
affecté de ne me plus connaître, RAC. Brit. IV, 2. Il
affecte un repos dont il ne peut jouir, ID. Baj. 1, 1.
D'une mère facile affecter l'indulgence, ID. Brit. 1,2.
Oui, je te le confesse, J'affectais à tes yeux une fausse
fierté, ID. Baj. 11, 1. Mais que sert d'affecter un su-
perbe discours? ID. Phèd. 1, 1. Il affecte pour vous
une fausse douceur, ID. Athal. 1, 1. Narcisse veut
en vain affecter quelque ennui, ID. Brit. v, 5. Mais
quand on peut sans honte être sans fermeté, L'affec-
ter au dehors est une lâcheté, CORN. Hor. III, 5.
N'affectez point ici des soins si généreux, VOLT. Mér.
1, 3. Puis affectant un visage tranquille.... MILLEV.
Mancenilier. || 5° En parlant des choses, avoir dis-
position à. Le sel marin affecte la forme cubique.
| 6o Exercer une impression et aussi rendre souf-
frant, malade. Tout ce qui affecte le sens de la vue.
Les fleurs affectent le cerveau. Maux qui affectent

toient [désiraient] qu'un repos de mesme mesure, D'AUB. Hist. 11, 3. Il en rendit surtout innocent Monsieur, du portrait duquel coppié avec une douceur affectée il fit present à toutes les personnes qui avoient pouvoir en l'affaire, ID. ib. 11, 64.

ÉTYM. Provenç. affectar; espagn. afectar; ital. affettare; de affectare, de ad (voy. À), et factare, fréquentatif de facere (Voy. FAIRE). Ce mot n'est pas autre qu'une forme moderne et refaite sur le latin affectare, de l'ancien français affaiter, affeter, affaitier. Aussi ne trouve-t-on affecter qu'au xve et au XVIe siècle.

AFFECTIF, IVE (a-fe-ktif, kti-v'), adj. || 1° Qui inspire de l'affection, qui émeut, qui touche l'âme. Que n'ai-je ce style tendre et affectif dont il se sert pour reconnaître sa misère, pour louer les miséricordes de son libérateur? FLECH. Panég. 1, p. 293. || 2° En style philosophique, qui se rapporte, dans l'âme, aux besoins et aux passions. La partie affective de l'âme. Facultés affectives par opposition à facultés intellectuelles. Les premières sensations des enfants sont purement affectives, ils n'aperçoivent que le plaisir et la douleur, J. J. ROUSS. Ém. 1.

ÉTYM. Voy. AFFECTION; provenç. affectiu; es pagn. afectivo; portug. affectivo; ital affettivo. AFFECTION (a-fe-ksion; de quatre syllabes, en poésie), s. f. || 1° Ce que le corps éprouve, surtout en fait de maladie. Les affections causées par l'impression d'un air froid et humide. Dans ces sortes d'affections l'exercice est nécessaire. Il a une affection rhumatismale. Les affections de poitrine. || 2° Manière d'être de l'âme considérée comme touchée de quelque objet. Les affections de l'âme. Les affections de nos ames sont dans un flux continuel. Ah! j'en conviens, et telle est notre misère: il y a de ces temps orageux où l'on n'est proprement maitre ni de son esprit par rapport à l'attention que demande la prière, ni de son cœur par rapport à une certaine affection, BOURD. Pensées, t. II, p. 28. Cet ordre d'idées, cette suite de pensées qui existe au dedans de nous-mêmes, quoique fort différente des objets qui les causent, ne laisse pas que d'être l'affection la plus réelle de notre individu, BUFFON, Comp. des anim. et des végét. || 3o En un sens philosophique plus restreint, toute situation passive de l'âme. || 4° Sentiment d'amitié, d'amour, d'attachement pour une personne ou une chose. Les affections de la famille. Les anciens disaient que l'amour de la famille renferme toutes les affections. Avoir de l'affection pour quelqu'un. L'affection que je vous ai toujours portée. La malveillance essayait de lui faire perdre votre affection. C'est par des services que se gagne l'affection. Les affections aveugles. Chacun se rappelait les objets de ses affections. Cette ville, vos plus chères affections. Car enfin n'attends pas

Vall. 2. Vous dites que vous êtes incompatible avec cette personne, que toutes ses manières semblent affectées pour vous aigrir, MASS. Car. Pardon des off. Sije n'avais à sa mine affectée Lu de sa passion les signes évidents, RÉGNIER, Élég. II. Des termes qui, sans être étudiés ni affectés, me font concevoir les plus hautes idées de l'être divin, BOURD. Pensées, t. 1, p. 421. || 2° Simulé. Douleur affectée. Avec une déférence affectée. La fausse délicatesse de goût et de complexion n'est telle au contraire, que parce qu'elle est feinte et affectée; c'est Emilie qui crie de toute sa force sur un petit péril qui ne lui fait pas peur, LA BRUY. 41. || 3o Attribué, assigné, imputé. Les fonds affectés à cette dépense. Les eaux étaient affectées à l'arrosement. Suivant l'intention de ce système, les fonds [du roi] doivent être affectés sur tous les revenus du royaume, de quelque nature qu'ils puissent la tête. Conditions d'insalubrité et de mauvaise être, VAUB. Dime, p. 132. On ne s'avisa de bâtir cette ville que pour assurer la mémoire de Bucéphale, et, par conséquent, elle est affectée à l'honneur des || 7° Faire impression sur l'âme, émouvoir, afflichevaux, FONTEN. Démétrius, Érostrate. || 4° En ger. J'ai été péniblement affecté de la nouvelle. termes de spiritualité, tombant sous le coup de. Voyez comme un rien l'affecte. || 8° S'affecter, v. toutes choses; celle que j'ai à vous servir est à un si

nourriture qui affectent la poitrine. Il affecte puis- de mon affection Un lâche repentir d'une bonne acsamment ces corps naissants, J. J. ROUSS. Émile, 1. tion, CORN. Cid, III, 4. Je donnai par devoir à son affection Tout ce que l'autre avait par inclination, ID. Pol. 1, 3. Une affection parfaite vaut mieux que haut point.... voIT. Lett. 30. Vous avez mis votre affection à une créature mortelle, FLÉCH. Serm. II,

Je me déclare prévaricateur, c'est-à-dire transgres- rési. Etre simulé. Il est difficile qu'une véritable douseur affecté de la loi.... Vous êtes des blasphémateurs leur s'affecte. || 9° S'affecter, contracter une lésion. affectés du Dieu véritable, Mass. Car. Rechute. Le poumon s'affecte facilement. || 10° S'affecter, || 5° Emu, touché. Plus affecté qu'il n'était convena- être affligé. Il s'affecta singulièrement de ce départ. ble. Affecté par ce récit jusqu'aux larmes. || 6° En C'est un homme qui s'affecte facilement. Ces homtermes de médecine, affligé. Affecté d'un catarrhe. mes sentent vivement, s'affectent de même. Je crus Notre malade est attaqué, affecté, possédé de cette qu'il s'affecterait de mon inconstance, J.J. ROUSS.

sorte de folie, MOL. Pourc. 1, 11.

Confess. III.

216. Affection d'un père pour ses enfants, ID. I, 139. Il s'appliqua à gagner l'affection des vieux capitaines, FÉN. Tél. XV. Quiconque met ses affections icibas n'a plus de droit à la patrie, MASS. Mart. Ressouviens-toi qu'une action Ne peut avoir peu de mérite, Ayant beaucoup d'affection, MALH. IV, 5. L'a

-SYN. AFFECTÉ, APPRÉTÉ, COMPOSÉ. Ces trois ter- SYN. AFFECTER, SE PIQUER. On a discuté la sy- me, afin de suppléer la présence de l'objet qu'elle mes, qui ne sont que peu synonymes, ne se touchent nonymie de ces deux expressions, qui au fond ne sont aime, fait effort pour rendre sa douleur immortelle: que parce qu'ils désignent un changement que l'on aucunement synonymes. Celui qui se pique de pro- son affection envers la mémoire de son ami et le fait à dessein dans sa propre manière d'être. Affecté bité, n'affecte pas la probité, mais il la possède ou désir de le faire revivre lui fait prendre tous les est des trois le plus général; on est affecté de toutes croit la posséder, et s'en rend témoignage. Celui moyens qui peuvent réparer sa perte, Boss. Pensées les façons, tandis que l'on n'est composé ou apprêté qui affecte la dévotion, en fait parade, impose aux chrét. 38. || 5o D'affection, loc. adverb. Avec intérêt,

que d'une seule. Celui qui est composé a l'apparence de la gravité; celui qui est apprêté a de la roideur, comme la toile gommée ou la dentelle empesée, et est dépourvu d'aisance.

autres, mais ne se trompe pas lui-même, et, dans de cœur. Il est impossible de se la représenter par
son cœur, ne se pique pas d'être religieux. En un lant d'affection de quelque chose, SEV. 115. || 6° Affec-
mot, affecter, c'est simuler, faire paraître au de- tion à, désir de. Pour des choses où il a plus d'affec-
hors; se piquer, c'est s'attribuer en soi.
tion, PASC. P. div. 75. M. de Noailles savait par le
roi même l'affection qu'il avait à ce projet [siége de
Barcelonne], ST-SIM. 25, 16. En se dépouillant du
péché et des affections au péché, FLÉCH. Serm. II,
p. 126. N'est-il resté aucun péché, aucune affection au
Affection nerveuse, aiguë, chronique. || 8° En géo-
métrie, cette courbe a telle affection, elle a telle pro-
priété. || En ce sens il est vieux.

AFFECTER (a-fe-kté), v. a. || 1° Rechercher avec HIST. Xvo s. Et y avoit des presbstres ou cuambition, rechercher avec soin, rechercher avec trop rez si affectez à mauldicte inclination, que aucuns de soin, avoir une sorte de prédilection pour. les refusoient à baptiser, JUVEN. Charles VI, 1418. L'Angleterre affectait la souveraineté des mers. Cet || xvr° s. Affecter l'ignorance de qualités si vul

auteur affecte l'archaïsme. La place que cette gaires, MONT. 1, 288. Je n'ay rien jugé de si rude péché dans votre cœur? ID. ib. 132. || 7° Etat maladif.

dame affecte dans l'église. Il aimait à emprunter et en l'austerité de vie que nos religieux affectent,
à faire valoir les idées des autres, et il aurait plu-
tôt affecté que manqué l'occasion de leur en rendre
une espèce d'hommage, FONTEN. Dodart. L'empire
de la mer que leur république affectait, Boss. Hist.
1, 8. Il fut soupçonné d'affecter la tyrannie, ID.
Hist. III, 7. Il avait affecté la divinité, ID. Démons,
2. Les hommes affectent une liberté farouche qui

sunt trespasseit en affection de malice et de felonie,

que.... ID. III, 289. M. Manlius affecta depuis la
royauté, ID. IV, 160. Pource qu'est le propre sub-
ject de l'histoire traitter de toutes hautes ma- HIST. XII s. Je sai bien ke li orguillous engele
tieres, il semble qu'elle leur [aux rois] soit plus
particulierement qu'à nulz autres affectée, AMYOT, et k'il par non sachance et par enfermeteit ne pe-
Préf. 16, 44. Mais tout cela qu'est-ce sinon amasser charent mie, ST-BERN. 524. || XIV s. Il ne reçoit ou
des occasions affectées d'ingratitude envers la for- accepte les paroles des autres ou ne les contredit pas

ctionner les spectateurs. » Ce sens n'a pas prévalu. On a créé, en place, impressionner.

par amisté ne par affettion d'amour ou de haine, | particulier : « Les faiseurs de comédie doivent affeORESME, Eth. 131. Il se esjoissent de tel honneur comme d'un signe de la bonne affettion des segneurs à eulz, ID ib. 243. || xvo Ss. Aux œuvres non aux paroles se demonstrent les affections du vaillant preux, Bouciq. 1, 16. [Les bourgeois tenoient le capitaine de la ville prisonnier pour le forcer de consentir à capituler avec les Anglois] Le chevalier perçut bien l'affection qu'ils avoient aux Anglois et comment ils le tenoient en danger, FROISS. I, I, 234. Monseigneur Charles de France et Monseigneur de Charolois estoient à une fenestre et parloient eulx deux de très grant affection, COMM. 1, 5. || XVI° S.

de lui porter affection denuisance, CALVIN, Instit. 1205. Son affection [goût] mesme y contredisant, MONT. I, 44. Quelle affection [émotion] peult estre plus aspre et plus juste, que celle des amis de Pompeius [le voyant massacrer]? ID. 1, 63. J'ay en particuliere affection cette matiere, ID. I, 81. La resolution à la guerre et affection à leurs femmes, ID. I, 238. Antigonus ayant prins en affection un de ses soldats pour sa vertu, ID. II, 5. Je m'en remets à vostre jugement, vous priant sans moquerie luy en vouloir conseiller ce qu'il en doit faire, sans regarder affection particuliere, MARG. Lett. 79. Je vous prie de prendre ceste maison en telle affection que j'ay tousjours eue et ay la vostre, ID. ib. 83. La jeunesse qui est si ardante en ses affections.... LANOUE, 120. Ce prince ayant parlé à ces mots, comme il faisoit ordinairement quand il parloit d'affection [avec animation), lui repliqua.... D'AUB. Vie, ch. 10. Jà de vostre costé vous avez apperceuë La moindre affection que pour vous j'ay receuē, RONS. 787.

ETYM. Affectio, de afficere, de ad (voy. A) et facere (voy. FAIRE); provenç. affectio; espagn. afeccion; ital. affezione.

AFFECTIONNÉ, ÉE (a-fe-ksi-o-né, née). || 1o Part. passé. Aimé. Affectionné par toute la maison. || 2o Adj. Attaché de cœur à, dévoué. Il est très-affectionné à ses amis. Je suis français très-affectionné à ma patrie, et très-reconnaissant des grâces et des bontés avec lesquelles il a plu au roi de me distinguer depuis si longtemps, VAUB. Dime, p. 2. Mon Linck est affectionné pour mon service, HAMILT. Gramm.7. || 3o Substantivement. Le roi d'Espagne défendait à Aquaviva de le voir [Giudice), et lui ordonnait d'intimer la même défense à tous ses sujets et affectionnés à Rome, ST-SIMON, 473, 30. || 4° En style épistolaire et à la fin des lettres: Votre très-humble et trèsaffectionné serviteur, un tel. Autrefois, on disait votre affectionné à vous rendre service; cette for

mule a vieilli.

† AFFECTIONNÉMENT (a-fe-ksi-o-né-man), adv. D'une manière affectionnée.

HIST. XVI s. Il n'y a homme, s'il est aimé d'une dame, mais qu'il sache poursuivre sagement et affectionnément.... MARG. Nouv. 9.

ETYM. Affectionné par contraction pour affec

tionnée, et ment (voy. MENT).

AFFECTIONNER (a-fè-ksi-o-né), v. a. || 1o Avoir de l'affection pour. Il affectionne singulièrement cette personne. Un singe que le prince affectionnait. il affectionne sa maison de campagne. Les Grecs affectionnaient cette étude. || 2° Produire l'affection, attacher, intéresser. Vous souhaiteriez de gagner les cœurs et de vous affectionner la maison, BOURD. Pensées, t. II, p. 475. Est-on maître de recueillir son esprit et d'affectionner son cœur? ID. ib. p. 28. Ces usages auront l'avantage d'affectionner les Polonais à leur pays, J. J. ROUSS. Pol. 3. || 3° S'affectionner, v. réfl. S'attacher à, se passionner pour. Le peuple s'affectionne à l'argent; il ne s'affectionne plus aux affaires, MONTESQ. Esp. II, 2. Nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, LA BRUY. 4. Les citoyens s'affectionnaient à leur pays, Boss. Hist. III, 5. Que je suis édifié de voir Mme votre sœur s'affectionner à son office de chantre! ID. Lett. abb. 197. Il s'affectionne tout entier à cet ouvrage, ID. Nativ. 1. Toutes s'affectionneront au chant, ID. Ord. Elles s'affectionneront à la sainte pauvreté, ID. Règl. Les enfants se moquent du corbeau et s'affectionnent tous au renard, J. J. ROUSS. Em. II. Certaines dispositions où il s'affectionnait à ses devoirs, BOURD. Pensées, t. 11, p. 441. Je ne veux pas faire entendre par là que nous vivions dans une indolence qui ne s'affectionne à rien et que rien n'émeut, ID. ib. t. 1, p. 49.

- SYN. S'AFFECTIONNER À, S'AFFECTIONNER POUR. S'affectionner à, dit Marmontel, c'est s'attacher; s'affectionner pour, c'est s'intéresser vivement, se passionner.

HIST. XVI s. Ceux qui s'affectionnent aux guenons et petits chiens, MONT. I, 21. Il s'y affectionne et s'y embesogne [à ces exercices], ID. II, 358. Conservant tant de nations si esloignées, si mal affectionnées, ID. IV, 85. L'avocat estant affectionné [animé] va dire: Monsieur le president, un mot, DESPER. Contes, XIX. Le plus affectionné serviteur et ami qu'elle ait, MARG. Nouv. IX. Si quelque beau pere affectionné au couvent, vient à lire ceci.... LANOUE, 63. La concorde, qui nous rend affectionnez au bien les uns des autres, ID. 66. Le tout representé si vivement, qu'en le lisant nous nous sentons affectionnez, comme si les choses n'avoient pas esté faictes par le passé, ains se faisoient presentement, AMYOT, Préf. XIV, 42. Il estoit si fort affectionné à l'estude, qu'il en oublioit toute autre chose, ID. ib. XXIV, 52. Et qu'il soit vrai que Martius fust ainsi alors affectionné, il le monstra bien tanstost après evidemment par ses effets, ID. Cor. 33. Ilz n'ozerent jamais se mettre aux champs pour les aller secourir: tant estoient leurs cueurs espris de deffiance, et mal affectionnez à la guerre, ID. ib. 49. Sa Majesté affectionnait beaucoup M. le mareschal, CARL. IX, 22. Un bon historien doit escrire la verité, sans s'affectionner à l'une ou à l'autre part, M. DU BELL. Préf. Mon ami, je vous convie suivant vos juremens à venir mourir avec votre affectionné, D'AUB. Vie, cx.

AFFECTUEUSEMENT (a-fe-ktu-eu-ze-man), adv. D'une manière affectueuse. Il m'a parlé affectueusement. C'est par le sentiment et l'impression de ce désirdu salut que le saint roi David s'écriait si souvent et disait si affectueusement à Dieu.... BOURD. Pensées, t. 1, p. 44.

HIST. XIII S. Car si affectueusement Ne si très

amoreusement Riens que je saiche ne me point, J. DE MEUNG, Tr. 179. || xvo s. Il fit [Hue le Dépensier] le roi d'Angleterre escrire au Saint-pere, en suppliant assez affectueusement qu'il voulust escrire et mander au roi Charles de France qu'il lui voulust renvoyer sa femme.... FROISS. I, I, 11. Ces parolles d'appoinctement plaisoient au roy et audit conte de Charolois comme je luy ay ouy compter depuis, et si affectueusement parloient d'achever le demourant qu'ils ne regardoient point où ilz alloient, comm. I, 13. || XVI s. Je ne me suis point espargné de servir à l'eglise de Dieu en cest endroit, le plus affectueusement qu'il m'a esté possible, CALVIN, Inst. épit. Si vous avez ce que vous demandez, qui vous contraint d'en parler si affectueusement? MARG. Nouv. x.... Dont il se prit à l'aimer et honorer fort affectueusement, AMYOT, Lyc. 16. Il le pria le plus affectueusement qu'il luy fut possible, qu'il retournast en volunté de vivre, ID. Péric. 36. Les soudards de Fimbria venoient saluer ceulx de Marius et leur aidoient bien affectueusement à faire leur trenchée, ID. Sylla, 52. Ne doutant point qu'une telle et si rare perle ne deust estre fort affectueusement recherchée, CARL. I, 26.

ETYM. Affectueuse au féminin, et ment; pro

venç. affectuosamens.

AFFECTUEUX, EUSE (a-fe-ktu-eû, eû-z'), adj. Qui montre beaucoup d'affection. Je m'étais conduit comme un ami très-affectueux. Lettre affectueuse. Discours affectueux. On assiste les pauvres parce que naturellement on est sensible aux misères d'autrui, et qu'on a le cœur tendre et affectueux, BOURD. Pensées, t. 1, p. 211.

REM. Ce mot est fort bon, et se dit, surtout en matière de piété, pour marquer' ce qui vient du cœur: Ces mouvements de dévotion tendres et affectueux, BOUHOURS, Nouv. Rem.

ÉTYM. Provenç. affectuos; espagn. afectuoso; ital. affettuoso; d'assectuosus, d'affectus, impression, d'afficere (voy. AFFECTION).

† AFFENAGE (a-fe-na-j'), s. m. Terme d'agricul

ture. Action d'afsener.

ÉTYM. Affener.

+ AFFENÉ, ÉE (a-fe-né, née), part. passé. + AFFENER (a-fe-né. La syllabe ne prend l'accent grave, quand celle qui suit est muette; et elle est sans accent, quand la syllabe qui suit est son nante), v. a. Terme d'agriculture. Donner la pâture aux bestiaux.

- ETYM. Ad, à, et fenum, foin (voy. FOIN). AFFÉRENT, ENTE (a-fé-ran, ran-t'), adj. En termes de droit, il se dit de la part qui revient à chaque intéressé dans un objet indivis. Portion af

férente.

REM. Bouhours dit dans ses Remarques: Des HIST. XIo s. Ice plait afierent à la couronne le personnes très-polies disent affectionner en un sens rei, Lois de Guill. 2. || XII s. Il n'afiert pas à vous

que nuls s'en plaigne, Couci, 9. || XIII s. Lcis furent li ostel desparti à chascun endroit soi, tel comme il aferoit, VILLEH. 49. Car ce n'aferist mie à l'homme Que sens et proesce renomme, la Rose, 6427. || XIV s. Le gai [guet] fu d'autre part, qu'on ala ordenant, Et avoit fait son tour, si con est aferant, Guescl. 16547. || xv s. Si honorablement comme à telle damoiselle qui devoit estre roine d'Angleterre afferoit, FROISS. I, 1, 46. || XVIo s. Tel est vestu de cappe hespaignolle, qui, en son couraige, nullement affiert à Hespaigne, RAB. Garg. 1, Prol. Mais pour autant qu'il afiert aux amis Et serviteurs, jamais ne celer rien à leurs aymez, soit de mal soit de bien..... MAROT, II, 72. Il n'affiert qu'aux grands poetes d'user des licences de l'art, MONT. I, 166.

ÉTYM. Provenç. afferir; bas-lat. affirere, dans un texte du XII° siècle. M. Burguy le tire de ad e: ferire, frapper (voy. FÉRIR). La conjugaison y invite en effet, et elle est parfaitement régulière; dès lors le sens sera: frapper à, aller à, convenir. Comme on voit, afferir, avec le sens de convenir, avait un usage étendu et n'était pas borné au participe présent.

AFFÉRENT, ENTE (a-fé-rant, ran-t'), adj. En termes d'anatomie, qui apporte. On appelle vaisseaux afférents les vaisseaux lymphatiques qui, marchant vers leurs réservoirs centraux, arrivent aux ganglions situés sur leur trajet, et y apportent les liquides absorbés.

ÉTYM. Afferens, apportant, de afferre. + AFFERMAGE (a-fer-ma-j'), s. m. Action d'affermer. Les propriétés nationales, proposées d'abord au prix de 10 années de leur affermage annuel, s'é leverent avec les succès de la république [d'Angleterre], CHATEAUB. Stuarts, 255.

ÉTYM. Affermer.

+ AFFERME (a-fèr-m'), s. f. Fermage. On ne peut moins donner que deux moulins à chaque lieue carrée, chacun desquels pourra rendre d'afferme, l'un portant l'autre, pour le mattre et pour les valets, trois cent trente livres, VAUB. Dime, p. 76. || Terme vieilli.

HIST. XVIo s. En cas d'afferme, que le seigneur accorde avec son fermier du prix du revenu de son bien, O. DE SERRES, 57.

AFFERMÉ, ÉE (a-fèr-mé, mée), part. passé. || 1o Donné à ferme. Terre affermée par le propriétaire à un homme actif. || 2o Pris à ferme. Terre affermée par un homme actif qui la fera bien valoir. AFFERMER (a-fèr-mé), v. a. Donner à ferme ou à bail; prendre à ferme ou à bail. J'ai affermé mes terres à un excellent fermier. Mon fermier a affermé une terre qui me restait. Affermer la perception des impôts. Cet entrepreneur afferma la fourniture des chevaux. Les financiers, sous l'ancienne monarchie, affermaient, pour un prix qu'ils payaient à l'Etat, les impôts.

-SYN. AFFERMER, LOUER. Ces deux mots signifient l'action par laquelle le propriétaire d'une chose en cède à un autre la jouissance et l'usufruit, au moyen d'une somme annuelle. Mais affermer ne se dit que des biens ruraux, des impôts ou des fournitures, et louer est un terme plus général qui s'applique à tout, aux terres, comme aux logements, ustensiles, animaux.

HIST. XVI s. Nous voions quel bien nous pouvons affermer ou arrenter et quel tenir à nostra main, OL. DE SERRES, 57.

ETYM. A et ferme, s. f.

AFFERMI, MIE (a-fèr-mi, mie), part. passé. Rendu ferme. Affermi sur ses pieds. Maison, affermie sur ses fondements. Trône affermi dans la maison de Hugues Capet. Un Etat affermi. Paix affermie. Autorité mal affermie. Affermi dans son opinion. Le tremblement de terre de Lisbonne empêche-t-il que vous n'ayez fait le voyage de Madrid à Rome sur la terre affermie? VOLT. Dial. xxiv, 4. Ce même Bajazet, sur le trône affermi, Méconnaitra peut-être, un inutile ami, RAC. Baj. 1, 1. Les Dieux m'ont secourue, et mon cœur affermi N'a rien dit ou du moins n'a parlé qu'à demi, ID. Mithr. II, 1 Mais si dans son devoir votre cœur affermi Voulait ne point s'entendre avec son ennemi.... ID. Brit. III, 1. Rien ne remuait en Judée contre Athalie: elle se croyait affermie par un règne de six ans, Boss. Hist. 1, 6. Un prínce est sur son trône à jamais affermi, Quand il est honoré du nom de son ami, CORN. Nicom. III, 2. Enfin notre bonheur est-il bien affermi? ID. Hor. I, 4. Je vois que Cécile l'accuse; Dans un projet coupable il le fait affermi, TH. CORN. Essex, II, 3.

AFFERMIR (a-fer-mir), v. a. || 1o Rendre fernie affermissait la paix. Affermir le courage de quelqu'un. Vous m'avez affermi dans cette opinion. Ma raison me rappelle ces grands motifs qui m'ont toujours déterminé à croire, et m'ont paru jusqu'à présent les plus propres à m'affermir dans la foi où j'ai été élevé, BOURD. Pensées, t. 1, p. 160. Or, qui peut le déterminer, l'affermir, le mettre à toute épreuve? C'est la religion, ID. ib. p. 229. Tout ce qu'on a fait d'efforts pour la détruire [la religion chrétienne] n'a pu l'ébranler, et l'a plutôt affermie, ID. ib. p. 244. Enfin des légions l'entière obéissance Ayant de votre empire affermi la puissance.... RAC. Brit. IV, 2. Oui, c'est moi qui longtemps contre elle et contre vous Ai cru devoir, madame, affermir votre époux, ID. Iphig. v, 6. Affermis par ma mort ta fortune et la mienne, CORN. Pol. v, 2. Fais-lui, fais-lui savoir le glorieux dessein De m'affermir au trône en lui donnant la mai main, ID. Sert. II, 1. || 2o S'affermir, v. rést. Devenir ferme. Les chemins se sont affermis par la gelée. Si votre santé s'affermissait. Pourvu que nous nous affermissions davantage dans la vertu. Et son cœur s'affermit au lieu de s'ébranler, CORN. Pol. III, 4. .... ce cœur infatigable, Qui semble s'affermir sous le faix qui l'accable, RAC. Mith. 111, 2. || 3o Terme de manége. Affermir la bouche d'un cheval, l'accoutumer à la bride. || Affermir un cheval sur les hanches, l'accoutumer à tenir les hanches basses.

au propre et au figuré. Affermir une colonne. Le | del desiré. Maint vaillant homme a mis à glaive Cistion de connaître à fond. II affiche sa honte, ses vinaigre affermit certains légumes. Cet événement mireors, car li plus saive [sage], Li plus preus, li vices. Plutôt que d'afficher notre impuissance à l'é

SYN. AFFERMIR, RAFFERMIR, CONFIRMER. Le sens est donner de la fermeté. Ces trois verbes ne sont synonymes qu'au figuré. Cet événement m'affermit dans mon opinion; j'avais l'opinion, et il m'y rend ferme. Il me raffermit dans mon opinion; j'étais ébranlé, il m'y rend ferme de nouveau. Il me confirme dans mon opinion; j'avais l'opinion, rien ne l'a ébranlée; ce qui survient ajoute une nouvelle raison pour y demeurer.

HIST. XIo s. Afermet (il) est à ses estreus [étriers] d'or fin, Ch. de Rol. CXLIX. || XIIa S. Tant s'est amours affermée En mon cuer à long sejor, Couci, 1. Quant plus se fut bone amour entr'eus mise Par loiauté affermée et reprise, AUDEFR. LE BAST. ROmancero, p. 6. || xve s. Ce mariage fut tantost octroyé et affermé d'une part, FROISS. I, I, 46. || XVI s. [Dans Rabelais, on trouve fréquemment affermer pour affirmer et pour affermir.] Tout ce que le cours de l'eau emmene aval s'y attache et s'y lie si bien, que l'un par le moyen de l'autre s'y affermit et prend une fermeté asseurée, AMYOT, Philop. 12. Puis au laict sera ajoustée la pressure pour le cailler et affermir, O. DE SERRES, 285. Le coing s'affermit à la chaleur du sirop, ID. 865.

- ETYM. Provenç. affermar; espagn. afirmar; ital. affermare. L'ancienne forme est afermer qui a son analogue dans le provençal, l'italien et l'espagnol, et qui vient du latin affirmare, affermir, rendre ferme, de ad, à, et firmus, ferme. La forme affermir provient du même mot par un changement de conjugaison; elle ne paraît qu'au XVIe siècle dans le langage écrit; mais elle doit être plus ancienne dans le langage parlé, car ce n'est pas au xvre siècle qu'on aurait changé la conjugaison d'un verbe

latin.

AFFERMISSEMENT (a-fèr-mi-se-man), s. m. || 1° Action d'affermir, de consolider; résultat de cette action. Affermissement des chairs, des genci ves. || 2o Fig. L'affermissement de la santé. L'affermissement des empires. Nous voyons combien il est de notre intérêt que cette église subsiste, et combien il nous importe de travailler tous et de concourir à son affermissement, BOURD. Pensées, t. II, p. 316. Pour son honneur, son affermissement et son agrandissement, ID. ib. p. 329.

- HIST. XVI S. Au temps des extremes froidures, il faudra aider à l'affermissement du laict par le

feu, O. DE SERRES, 284. Craincte de l'importun affermissement, auquel les meles [nefles] sont su

jettes, ID. 868.

ÉTYM. Affermir.

AFFÉTÉ, ÉE (a-fé-té, tée), adj. Qui a de l'afféterie; qui marque de l'afféterie. Jeune homme affété. Manières affétées. Si quelque autre affétée, en sa douce malice..., RÉGNIER, Sat. VII. Je laisse aux doucereux ce langage affété, BOIL. Sat. IX. Et sous l'indigne appât d'un coup d'œil affété, CERN. Rodog. III, 3. L'Ésope des Français.... A de la Champmeslé vanté la voix aimable, Ses accents amoureux et ses sons affétés, VOLT. Ep. 85

- HIST. XII s. Olivers fut courtois et afaitiez, Ronc. p. 66. || XIII° s. Li neims le vit [le chevalier] si affeité [roli], Si frane, si bel, si enseigné, Lai

miex afetié [instruit] Y sunt tost pris et aguetié [at-gard de certains désordres. Vous abjureriez la trapés), la Rose, 1589. || xv s. Ouquel soubz un philosophie pour afficher la dévotion, VOLT. Dial. langaige affaité sont enclos les commencemens et 30. || 4o Afficher une femme, rendre public le comouvertures de mettre rigueur en la court amou- merce de galanterie qu'on a ou qu'on veut faire reuse, AL. CHART. Requête aux dames. C'est ung croire qu'on a eu avec elle. || 5° S'afficher, v. résl. très beau roy. Il ayme fort les femmes. Il pourroit Ne se prend qu'en mauvaise part. N'avez-vous point trouver quelque affettée à Paris qui luy pourroit de honte de vous afficher ainsi? S'afficher pour bien dire tant de belles parolles qu'elle luy feroit un homme sans mœurs.

envye de revenir, comm. IV, 10. Le mari se fit mander querir par un messager affaicté pour aller vers un seigneur du pays, LOUIS XI, Nouv. 56. Elle, comme femmes savent bien faire, trouva une bourde toute affectée, ID. ib. 65. || XVI s. Un autre respondit de mesme à son confesseur; mais il sembloit estre un peu plus affaité [rusé], DESPER. Contes, XLII. Il n'y a amour si secrete, qui ne soit sue, ni petit chien si affeté [dressé] ni fait à la main, duquel on n'entende le japper, MARG. Nouv. LXX. Les poetes et orateurs qui se veulent garder d'une façon affettée et non pure, LA BOËTIE, Règles de mariage. Les uns cerchent un langage affetté, qu'ils appellent fleuri, D'AUB. Hist. préf. 3. Il n'entroit en leur païs aucun affetté rhetoricien pour enseigner à finement plaider, AMYOT, Lyc. 15. Il étoit bien affetté [sournois, trompeur) et faisoit toujours quelque chatonnie (malice), DESPER. Contes, XII. Une beauté molle, affettée, delicate, artificielle, MONT. 1, 177. -ÉTYM. Le même mot, sauf l'orthographe, que affaiter ou affecter (voy. ces mots). Il n'y a qu'à parcourir l'historique pour s'en convaincre.

AFFÉTERIE (a-fé-te-rie), s. f. Recherche mignarde dans les manières ou dans le langage. Eut recours aux regards remplis d'afféterie, LA FONT. la Coupe. Dont l'œil rit mollement avec afséterie, RÉGNIER, Sat. 1x. Rien ne se refuse dans les embrassements d'une femme artificieuse.... les moindres de ses afféteries emportaient les grâces des criminels, BALZAC, le Prince, ch. xx.

HIST. XVI s. J'eus honte que mes caprioles et affecteries de cour me fissent entrer sans barbe où ces vieillards estoient refuzés, D'AUB. Hist. 1, 154. Vous n'estes point subjecte à faire des affaiteries [coquetteries] comme la plupart d'elles font, CARL. VI, 36. Langage sans affeterie [tromperie], AMYOT, Lyc. 44.

ÉTYM. Affété.

AFFETTUOSO (a-ffet-tou-ô-zo), adv. Terme de musique, indiquant qu'un morceau doit être rendu avec une expression tendre.

ETYM. Ital. affettuoso (voy. AFFECTUEUX). +AFFEURAGE (a-feu-ra-j'), s. m. || 1° Droit que les seigneurs mettaient sur les boissons et sur certaines denrées. || 2° Fixation du prix des denrées.

ÉTYM. Ad, et forum, marché. † AFFICHAGE (a-fi-cha-j'), s. m. Action de poser un certain nombre d'affiches. On m'a demandé tant pour l'affichage.

AFFICHE (a-fi-ch'), s. f. || 1o Feuille imprimée ou manuscrite que l'on applique sur les murs, pour donner connaissance au public de quelque chose. Poser une affiche. Il annonça par une affiche qu'il vendrait.... Tous les murs de Paris sont couverts d'affiches. || 2o Petites Affiches, feuille périodique d'annonces. || 3° En termes de pêche, petit engin dont on se sert pour tendre un verveux. Longue perche ferrée pour arrêter et fixer les bateaux.

- HIST. xvo s. Non trop curieux en deguisements; ne moqult ne s'y entend, ne amuse, ni ne dore son corps par diverses affiches, Bouciq. IV, 7. || XVI s. Il denoncea et publia par affiches que ce mesme jour là il vouloit lever gens pour la guerre, AMYOT, Cam. 76. Dans Rabelais, ce mot signifie épingle.

ÉTYM. Voy. AFFICHER.

AFFICHÉ, LE (a-fi-ché, chée), part. passé. Ordonnance affichée dans toutes les rues. Honte affichée, rendue publique par celui-là même qui a commis l'action honteuse. Homme affiché, devenu très-connu en bien ou surtout en mal. Femme affichée, femme dont la galanterie est notoire. Quand une fois ma personne fut affichée par mes écrits, J. J. ROUSS. Prom. 6.

AFFICHER (a-fi-ché), v. a. || 1o Appliquer au mur des affiches. Afficher une loi, une vente. Charles XII fit afficher qu'il n'était venu que pour donner la paix. Quoi! mes pères, afficher vous-mêmes dans Paris un livre si scandaleux, avec le nom de votre P. Meynier à la tête! PASC. Prov. 16. || 2° Par extension. Un ministre veut m'enrichir Sans qu'au Moniteur on m'affiche, BERANGER, Refus. || 3o Faire étalage de. Afficher la douleur. Afficher la préten

SYN. AFFICHER, AFFECTER. Faire montre de.... c'est là la signification commune à ces deux verbes, en tant que synonymes. La différence est que affecte impliqué qu'on ne ressent pas les sentiments dont il s'agit: affecter la douleur, c'est faire montre d'une douleur qu'on ne ressent pas. Afficher n'implique rien de pareil: afficher une douleur, c'est faire montre d'une douleur qu'on ressent ou qu'on ne ressent pas.

HIST. XI s. Puisqu'il l'a dit, mout s'en est afichét [résolu], Ch. de Rol. CLXXXVIII. La bataille est mout dure et afichée, ib. CCXLVI. || XII s. Affichez [affermi] s'est sur les estriers dorés, Ronc. p. 53. Et puis remontent à cheval], si se sont afichez, ib. p. 57. De ce qu'oit [eut] dit, est forment afichez [il tient fortement à ce qu'il a dit], ib. p. 119. Pur ço esguard par raisun, e bien l'os afichier, Que, se li clers forfait à perdre sun mestier, Face le sis prelaz en sa chartre lancier, Th. le Mart. 31. E jure les oilz deu e volt bien afichier Que jamais à cel puint ne purra repairier, ib. 110. || XIII s. Li empereres s'afficha bien d'eus destruire selonc son pooir, H. DE VALENC. XXXIII. Or voil-je bien afichier Que n'a si loial ne si sage En ma cort, ne de tel corage, Ren. 6048. Li porc li vint gole baée, Et li chevaliers tint l'espié, A un chesne s'est afichié, Ren. 22508. Car il dit, et por voir l'affiche En son noble livre Aureole Qui fait bien à lire en escole, la Rose, 8604. Sine di-ge pas ne n'afiche Que roi doient estre dit riche Plus que les personnes menues Qui vont nuz piez parmi les rues, ib. 18761. Carusurier, bien te l'afiche, Ne pourroient pas estre riche, Ains sunt tuit povre et soffreteus, Tant sunt aver et convoiteus, ib. 5083. Richece ot une porpre robe, Ici ne tenés mie à lobe [fable], Que je vous di bien et afiche Qu'il n'ot si bele, ne si riche Ou monde, ne si envoisie [gaie], ib. 1062. Li plus poures se tint à rice, Et de grant hardement s'afice, Fl. et Bl. 1349.2 Li quens Raimons s'afiche de faire une envaïe, Ch. d'Ant. IV, 57. Quant li vesques of Buiemont afichier Que il ne veut la lance par nul endroit baillier, ib. VIII, 145. Garsions s'enfoï, por sa vie alongier, Amont el haut castel qui siet en haut rochiez; iez: Bien avoit de hautesse un trait d'arbalestrier; En la porte s'afiche que firent aversier, ib. VI, 1020. || XIV S. C'est à dire gens de forte sentence affichiés et ahurtés, qui sont fors à persuader, ORESME, Eth. 214. Il s'afiche ès estriers comme homs amanevis, Baud. de Seb. VI, 371. || xv° s. Et pour ce Dieu le trabucha, Ou font d'abisme l'aficha Et nous aussi qui l'ensuismes, Nat. de J.C. Si s'afichierent à oster les pilots [pilotis], dont il en y avoit en l'Escaut semé grand foison, FROISS. I, I, 136. || XVIo s. Et furent decapitez, et leurs testes affichées sur les portes de la ville, CARLOIX, X, 14. Et firent afficher par les carrefours de la ville l'edict du roy, ID. ib. Dans Rabelais, afficher est mis pour greffer.

ETYM. A et ficher; picard, afsiker; provenç.

aficar, afiquar; espagn. afijar; ital. afficcare. AFFICHEUR (a-fi-cheur), s. m. Celui qui pose les affiches.

ETYM. Afficher.

AFFIDE, ÉE (a-fi-dé, dée), adj. || 1. En qui on a confiance; sur qui l'on compte. Favori de Philippe et si affidé à Alexandre que...: VAUGEL. Q. C. 383. S'il plaisait à S. M. d'envoyer nombre de gens de bien affidés dans les provinces, pour en faire une visite exacte jusqu'aux coins les plus reculés et les moins fréquentés, VAUB. Dime, p. 165. Ne voyant point revenir une servante qui lui était allée querir une sage-femme affidée, elle s'était sauvée heureusement, SCARR. Rom. com. ch. 13. || 2° Substantiv. C'est un de ses affidés. Aposter quelqu'un de ses affidés. || Il se place toujours après son substantif Un homme affidé; une femme affidée.

HIST. XII s. Quatre anz i fu li ber, qui en Deu sul s'afie, Th. le Mart. 98. Sire Rolant, vous m'aviez afiée [fiancée], Roncisv. p. 175. || XIII° S. Vous disiez que afiée Estoit la pais et bien jurée, Ren. 1781. Ensemble trestuit trois s'alient, Et s'entrejurent et affient Qu'à lor pooir s'entraideront, la Rose, 15348. C'est li rois souverains en cui du tout [je] m'afie, Berte, 59. || xvs. Il s'affioit tant en sa

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puissance et prosperité et grandeur.... FROISS. 1, 1, | autre. || 2o S'afnlier, v. réfl. Il s'est affilié à beaucoup 248. Et non pourtant, soit ou sens ou folie, Je

m'y actens [attends], et en luy je m'afie, CH. D'ORL. Ball. 12. J'en suyz grandement scandalizé, je vous affie, et ne m'en peux pas taire, RAB. Pant. III, 22. Charles de Blois lui depescha des personnes affidées, Mém. s. du G. ch. 10.

ETYM. Ital. affidato; d'affidare. Affidé est un mot tiré de l'italien au xvio s. et qui a dépossédé le mot véritablement français, qui est afié, du verbe afier; provenç. afiar, afidar, afizar; anc. espagn. afiar; ital. affidare; de à et fides (voy. FOI).

† AFFIER, v. a. Planter ou provigner des arbres de bouture.

ÉTYM. À et le verbe fier, confier, dit ainsi par métaphore.

+ AFFILAGE (a-fi-la-j'), s. m. Technologie. Action d'affiler un outil.

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- ETYM. Voy. AFFILER.

de sociétés.

- ÉTYM. Provenç. afilhar; catal. afillar; espagn. ahijar; de ad, à (voy. d), et filius, fils (voy. ce mot). On ne trouve pas d'emploi ancien de ce mot; cependant il est probable qu'il n'est pas nouveau, vu qu'il se trouve dans le provençal.

+ AFFILOIR (a-fi-loir), s. m. || 1o Instrument d'acier qui sert à affiler. || 2° Sorte de pince avec laquelle le ratureur tient le fer tranchant qui sert à raturer le parchemin.

ÉTYM. Affiler.

† AFFILOIRES (a-fi-loi-r'), s. f. plur. Terme de menuiserie. Pierres à aiguiser, assorties et fixées dans du bois.

AFFINAGE (a-fi-na-j'), s. m. || 1o Action d'affiner. L'affinage du fer; l'affinage des métaux. || 2o Affinage du sucre, du salpêtre; on dit maintenant raffinage pour ces deux substances. || 3o Meilleure et dernière tonte qu'on peut donner aux draps. || 4o Dernière façon donnée aux aiguilles pour les adoucir par la pointe. || 5° En reliure, action de coller une bande de papier sur le côté du carton destiné à être passé dans le mors du volume. || 6° En agriculture, opération qui a pour but de diviser la terre.

ÉTYM. Affiner.

AFFILÉ, ÉE (a-fi-lé, lée), part. passé. || 1o Couteau mal affilé. Lame bien affilée. C'est ainsi que Dieu, comme un chirurgien, avec son couteau affilé et à deux tranchants, qui est sa parole, pénètre les jointures, les moelles, les pensées, les intentions les plus secrètes, Boss. Pensées chrét. 8. || 2° Fig. et fam. Avoir la langue affilée, parler beaucoup. Vous avez le caquet bien affilé, pour une paysanne, MOL. Bourg. Gent. III, 3. || 3° Se dit des blés, quand + AFFINEMENT (a-fi-ne-man), s. m. || 1o Action la gelée en a rendu les fanes petites, pointues et filiformes.

AFFILER (a-fi-lé), v. a. || 1o Donner le fil à un tranchant. Affiler un couteau, un canif. Le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes: nos péchés en ont affilé le tranchant fatal, Boss. Marie-Thérèse. || 2° Fig. C'est là qu'on dévoile tous les événements de la chronique scandaleuse, c'est là qu'on affile avec soin le poignard, J. J. ROUSS. Hél. 11, 17. Nousles laissons affiler les armes dont elles nous subjuguent, ID. Ém. Iv. Je ne crois pas qu'il soit plus conforme aux con- | venances de la politique qu'aux principes de la morale d'affiler le poignard dont on ne saurait blesser ses rivaux, sans en ressentir bientôt sur son propre sein les atteintes, MIRAB. Collect. t. III, p. 378. || 3o Par une autre figure. Les uns affilent leurs langues de serpent, FLÉCH. Serm. 1, 331. || 4o Planter des arbres à la file les uns des autres. || 5° Mettre un lingot d'or ou d'argent dans la filière.

HIST. XIo s. Sur l'herbe verte li clairs sangs s'en afile [coule en filets], Ch. de Rol. CXXIV. || XIII S. S'a dedenz un rasoir trové Qui moult estoit bien afilé, Ren. 3264. Vers lui [elle] a sa corne tournée, Plus tranchant et plus afilée Qu'onques nus homs ne vit rasoir, Unicorne et Serpent. Se ele [l'épée] fust droit afilée, De Jehan fust chose finée [Jehan eût été tué], Bl. et Jeh. 4154. A lor cotiaus qu'il ont trenchans et afilés, Escorchoient les Turs, aval parmi les prés, Ch. d'Ant. v, 30. || XIve s. S'il a homme ceans dont je soie adesez, De ce coustel sara s'il est bien afilez! Guescl. 6856. || xvs. Un large fer de Bordeaux aussi tranchant et affilé que nul rasoir pourroit estre.... FROISS. II, II, 5. ||XVI s. En le frayant contre sa gorge, il se coupe le gosier de ce tranchet, qui estoit si bien effilé, DESPER. Contes, xxI. Langue je n'ay diserte et affilée Pour haranguer devant une assemblée, AMYOT, Comment il faut nourrir les enfants, 15.

ÉTYM. Provenç. afilar; ital. affilare; de à (voy. A) et fil (voy. ce mot).

+ AFFILEUR (a-fi-leur), s. m. Terme de manufacture. Celui qui affile les outils.

ETYM. Affiler.

AFFILIATION (a-fi-li-a-sion), s. f. || 1o Association à une compagnie, à une corporation. Il y a affiliation entre ces deux académies. Il n'y a pas affiliation entre toutes les loges maçonniques. On ne voit pas grande affiliation apparente entre la famille de Rosny de Sully et la vôtre, P. L. COUR. 11, 369. || 2° Par extension, affiliation à des socié tés secrètes, à un complot. || 3o Communication qu'un ordre religieux fait de ce qu'il a de plus précieux et de plus saint.

ETYM. Affilier; provenç. afilhamen. AFFILIÉ, ÉE (a-fi-li-é, ée). || 1° Part. passé. Affilié à une corporation. Affilié aux ennemis de i'Etat. || 2° S. m. Les sociétés secrètes ont des affiliés jusque dans les campagnes.

AFFILIER (a-fi-li-é), v. a. || 1o Associer à une corporation, à une société. Affilier une société à une

AFFINÉ, ÉE (a-fi-né, née), part. passé. || 1o De l'or
affiné. Ce fromage est bien affiné || 2o Fig. Les
connaisseurs crurent trouver, sous ce langage
barbare [des Maximes des saints), un pur quiétisme,
délié, affiné, s.-sim. 45, 14.

d'affiner. Affinement des métaux. || 2 Fig. L'affine-
ment des esprits.

HIST. XVI S. L'affinement des esprits n'est

pas l'assagissement, CHARRON, Sagesse, 1, 15.
AFFINER (a-fi-né), v. a. || 1o Purifier. Affiner l'or,
l'argent. || 2o Rendre plus délié. Affiner du chanvre.
|| 3° Donner un goût plus fin. Le temps, la cave affine
le fromage. || 4° Fig. en ce sens. C'est s'affiner le
goût, de connaître et de voir, RÉGNIER, Sat.
III. || 5o Tromper. Mattre Mitis Pour la seconde
fois les trompe et les affine, LA FONT. Fab. III, 18.
|| 6o Dans l'industrie, faire la pointe des clous, en les
passant sur la meule. || Réduire le ciment en poudre
très-fine. || Renforcer le carton. || Chauffer le verre
à un tel degré qu'il n'y ait plus de bulle sur le
bain. || 7° En termes de marine, devenir beau, en
parlant du temps. || 8° S'affiner, v. résl. L'or s'af-
fine, devient plus pur. Ce fromage s'affinera, pren-
dra un goût plus fin. || 9o Fig. L'esprit s'affine par la

conversation.

REM. Le Dictionnaire de l'Académie donne affiner du sucre, affiner du salpêtre; ce qui est la vraie locution: maison dit aujourd'hui abusivement, de préférence, raffiner en cet emploi.

HIST. XIII° s. Quar il est près de mie nuit, Et à tele eure fu il nez Li purs, li fins, li afinez, RUT. II, 220. || XIVo s.... de plomb il n'est nulle mine Es pays ou l'en en affine Que pour vray le grain fin n'y soit, Trait. d'Alch. 324. || xve s. Car il [l'or] endure et froit et chault, Ne de gros feu il ne lui chault, Mais tant plus s'amende et affine, Et bien affiné define, Tant est parfaict en sa nature, L'alch. à Nat. 451. || XVIo s. Deux millions d'or affiné à 24 karatz, RAB. Garg. 1, 50 Le dyable ne m'affineroyt (tromperait] pas, car je suis de la lignée de Zopire, ID. Pant. 11, 24. Ce sont quelques fines gens, je dy fins à dorer, fins comme une dague de plomb, fins non affinez, mais affinans, passez par estamine fine, ID. ib. v, 27. Je voy maint œil où s'embrase et affine Le traict d'amour, qui tousjours est en queste, Faisant des cœurs gracieuse rapine, ST-GEL. 203. Il prend à gentillesse, quand il le veoid affiner son compaignon par quelque malicieuse desloyauté et tromperie, MONT. I, 107. L'amitié ne prend accroissance qu'en la jouissance, l'ame s'affinant par l'usage, ID. I, 209. Les sangliers affinent leurs deffenses, ID. II, 164. Pitheus luy persuada, ou bien par quel que ruse l'affina, AMYOT, Thésée, 4; Lyc. 13; Agesil. 57. Les Lacedæmoniens dissimulant le mal contentement qu'ilz avoient de se veoir ainsi affinez par luy, le renvoyerent sain et sauf, ID. Thém. 37. Cela procede de faulte d'avoir le jugement affiné et le discours espuré par raisons de philosophie, ID. Aratus, 12.

ÉTYM. Bourguign. eseignai; provenç. et espagn.

afinar; ital. affinare; de à et sin, adjectif.

AFFINERIE (a-fi-ne-rie), s. f. || 1o Lieu où l'on affine. Affinerie de fer; affinerie de cuivre. || 2 Petite forge où l'on tire le fer et le fil d'archal.

ÉTYM. Affiner.

-- HIST. XIV S. Cela je sçay Par experience certaine, Et n'y ay pas eu si grant peine, En suivant le dict des mineurs Et la façon des affineurs, Traité d'Alchim. 352. || xv1 s. Les orfevres, affineurs, fondeurs de lettres, PARÉ, XXIV, 17. Interroge un peu les teinturiers et les affineurs de sucre, PALISSY, 172. - ETYM. Affiner; provenç. et espagn. afinador; ital. affinatore.

AFFINITÉ (a-fi-ni-té), s. f. || 1o Degré de proximité avec la famille de celui ou de celle qu'on a épousée. L'Église a fini par déclarer empêchements dirimants de mariage tous les degrés d'affinité, CHATEAUB. Génie, 1, 1, 10. || 2° Affinité spirituelle, alliance établie par le baptême entre parrains et marraines et leur filleul. || 2° Conformité, convenance, rapport entre plusieurs choses. Affinité de goûts. Les païens disaient que l'âme a de l'affinité avec les dieux. Les poētes ont beaucoup d'affinité avec les orateurs. Il n'y a aucune affinité entre cette émotion et le désir, DESC. Médit. 6. Etoiles de justice, qui avez beaucoup d'affinité avec l'or, VOLT. Zadig, 3. || 4° En chimie, on appelle affinité la force en vertu de laquelle des molécules de différente nature se combinent ou tendent à se combiner. Il donna, en 1718, un système singulier et une table des affinités ou rapports des différentes substances en chimie; ces affinités firent de la peine à quelques-uns qui craignaient que ce ne fussent que des attractions déguisées, d'autant plus dangereuses que d'habiles gens ont déjà su leur donner des formes séduisantes, FONTEN. Geoffroy. || 5° En musique, affinité des tons. Le ton d'ut a de l'affinité avec les tons de sol et de fa ses adjoints, ou de la mineur son relatif.

HIST. XII s. Cist [ceux-ci] les affinitez [voisinages] germaines [de Germanie) E les paluz metodianes Conquistrent, puis.... BENOIT, 1, 461. || XIII° S. Aucune foiz apele l'en droit besoing; si comme droit en aucune chose ou par lignage ou pa. affinité, Liv. de just. 3. Note que affinité nuit en esposales, ib. 202.... ou s'il y a grant afinité d'amor à le [la] veue et à le [la] seue du commun, BEAUM. V, 19. || XIVo s. Et vertu moral semble avoir grantaffinité et estre appropriée as passions, ORESME, Eth. 318. || xv° s. Pour laquelle alliance et affinité, le dict roy de Hongrie lui manda et fit savoir par un herault, que Bazat venoit sur luy, Bouciq. Hist. 1, ch. 21.

ÉTYM. Provenç. affinitat, afenitat; espagn. afinidad; ital. affinità; de affinis, de ad (voy. A) et finis, fin, limite (voy. FIN, substantif).

AFFINOIR (a-fi-noir), s. m. Instrument au travers duquel on passe le chanvre ou le lin pour l'affiner.

ÉTYM. Affiner.

+ AFFIQUAGE (a-fi-ka-j'), s. m. Opération qui consiste à passer l'extrémité d'une grosse patte de homard dans tous les points de la broderie du point d'Alençon, pour les faire ressortir.

ÉTYM. Même radical qu'assiquet.

AFFIQUET (a-fi-ké), s. m. || 1° Petit objet d'ajustement. Mme de Montauban était une bossue, pleine de blanc, de rouge et de filets bleus, de parures et d'affiquets, S.-SIM. 140, 43. Les affiquets, les habits à changer, LA FONT. Cal. Ces femmes jolies, Qui par les affiquets se rendent embellies, RÉGNIER, Sat. IX. || Ce mot dans ce sens s'emploie presque toujours au pluriel. || 2o Porte-aiguille à tricoter.

HIST. XIV s. D'avoir et de riqueches le vaissel bien querqua [chargea]; Couronnes et capiaus et affiques i a, Baud. de Seb. II, 431. || xvo s. Tant d'ameçons et tant d'affiques, VILLON, Repues franches, l'acteur. Tant de bullettes pendantes à chaines d'or, tant de carquans, tant d'affiquetz, DE LABORDE, Emaux, p. 173. || XVI s. Il n'entroit en leur pais ny orsevre ny joyaulier pour y faire ou y vendre aucuns affiquetz d'or et d'argent à parer les dames, AMYOT, Lyc. 14. Ses bagues, ses petits affiquetz d'or, ID. Timol. 22.

ÉTYM. Diminutif de affique, qui s'est dit pour affiquet et qui est la prononciation picarde de affiche; mot à mot, ce qu'on attache (voy. AFFICHE).

AFFIRMATIF, IVÉ (a-fir-ma-tif, ti-v'), adj. || 1° Qu affirme. Il fit un geste affirmatif. Discours, ton affirmatif. || 2° Proposition affirmative, en termes delogique, toute proposition exprimée sans négation. Le mode affirmatif, le mode indicatif. || 3o Affirmative, s. f. Toute proposition par laquelle

on affirme. Ils

sont pour l'affirmative, moi pour la négative. Il prouve l'affirmative de la question par Moïse, Boss. Hist. 11, 7. Quand on est détrompé, il parle encore pour l'affirmative, LA BRUY. 10. || 4° S. m. Nom que

AFFINEUR (a-fi-neur), s. m. Ouvrier qui affine. l'inquisition donnait à ceux qui avouaient et sou

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