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Atort ou à droit, ID. I, 21. A ce compte, ID. 1, 25. A peine est-il en son pouvoir de..., ID. I, 227. A la vérité, ID. I, 22. A l'abrides coups, ID. 1, 25. A d'exemple des Thraces, ID. I, 23. Au royaume de Ternate, ID. I, 24. A l'advenir, ID. I, 230. A nage, ID. I, 277. Les moyens qu'ils ont à y employer, ID. I, 24. À quoi faire voulez vous.... ID. 1, 85. Il l'envoya subjuguer le monde à tout [avec] seulement 30000 hommes, D. 1,180. Les yeux me troublent à monter (quand je monte), ID. I, 224. A parler en bon escient, ID. 227. Il le somma de sortir à parlementer, ID. I, 16. Estre deslogé à force, ID. I, 26. Ne craindre point a mourir, ID. I, 69. C'est à Dieu seul à qui gloire appartient, ID. III, 10. Ce n'est pas moi que l'on abuse ainsi : Qu'à quelque enfant ces ruses on employe, LA BOET. 445. De m'effrayer depuis ce presage ne cesse; Mais j'en consulterai sans plus à ma maistresse, ID. 505. Sœur de Paris, la fille au roy d'Asie, RONS. 106.

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- ETYM. Adet ab qui se sont confondus; bourguig. ai; provenç. espagn. et ital. a.

+ABAISSANT, ANTE (a-be-san, san-t'), adj. Qui abaisse. Cela serait abaissant. Conduite abaissante. Langage abaissant.

ABAISSE (a-bê-s'), s. f. D'après le Dictionnaire de l'Académie, pâte qui fait la croûte de dessous dans plusieurs pièces de pâtisserie. Mais cette explication est inexacte. L'abaisse est un morceau de pâte qui a été abaissé, c'est-à-dire dont on a diminué la hauteur en le passant sous le rouleau, jusqu'à ce qu'il soit devenu mince. Une abaisse est une pièce de pâte mince que l'on emploie de diverses manières.

ÉTYM. Abaisser.

ABAISSÉ, ÉE (a-bè-sé, séc), part. et adj. || 1° S'emploie au propre et au figuré. Des regards abaissés. Une autorité abaissée. Tiens, insolente, tiens cette vue abaissée, ROTROU, Bel. 1, 6. Il faut, dit saint Augustin, parler d'une façon abaissée et familière pour instruire, FÉN. t. XXI, p. 167. L'Inde esclave et timide et l'Égypte abaissée, VOLT. Mah. II, 5. En reconnaissance de l'humiliation volontaire où il est réduit et où il se tient abaissé pour nous, BOURD. Pensées, t. III, p. 264. Sion, jusques au ciel élevée autrefois, Jusqu'aux enfers maintenant abaissée, RAC. Esth. 1, 2. Cette fierté si haute est enfin abaissée, ID. Alex. v, 3. || 2o En termes de blason, abaissé se dit de toutes les pièces de l'écu qui se trouvent au-dessous de leur situation ordinaire: vol abaissé, chevron abaissé, pal abaissé, se disent de l'oiseau dont les ailes sont pliées ou dont le bout est tourné vers la pointe de l'écu, du chevron, du pal. dont la pointe finit au cœur de l'écu.

ABAISSEMENT (a-bê-se-man), s. m. || 1° Action d'abaisser ou de s'abaisser; état de ce qui est abaissé. Abaissement d'une soupape, des paupières. || 2° Fig. Abaissement de la voix, qui indique trois choses: le passage de la voix haute à la voix basse; le passage des syllabes accentuées aux syllabes qui ne le sont pas; le passage de la voix aigue à la voix grave, dans la musique. || 3° Diminution. Abaissement du prix des denrées. Au moral, abaissement de courage. L'abaissement des caractères. || 4° Action de faire déchoir, état de déchéance, humiliation volontaire ou forcée. Après l'abaissement des Carthaginois, Rome fut sans rivale. Abaissement de fortune. Se tenir dans l'abaissement devant Dieu. On tomba dans un tel abaissement.... Cette famille est réduite à vivre dans l'abaissement. Son grand dessein a été d'affermir l'autorité du prince et la sûreté des peuples par l'abaissement des grands, LA BRUY. 40. Et la mort ou l'exil ou les abaissements Seront pour vous et moi ses vrais remerctments, CORN. Othon, 11, 4. Un peu d'abaissement suffit pour une reine, ID. Nic. v, 7. Un si doux ennemi par ses abaissements N'a-t-il pas étouffé tous vos ressentiments? ROTROU, Bel. IV, 6. Ce triste abaissement convient à ma fortune, RAC. Iph. III, 5. Vous avez vu ma honte et mon abaissement, VOLT. Brut. IV, 1. Un homme religieux et désintéressé dans ses abaissements volontaires, BOURD. Pensées, t. II, p. 178. La mesure de nos abaissements en ce monde sera la mesure de notre gloire dans l'autre, ID. ib. t. II, p. 166. Le dieu que nous adorons n'a acception de personne, ni de celui qui est dans la grandeur, ni de celui qui est dans l'abaissement, ID. ib. t. III, p. 194. Son humilité la sollicite à venir prendre part aux abaissements de la vie religieuse, Boss. La Vallière, Profession. || 5 Terme d'art ou de science. En chirurgie, abaissement de la cataracte, opération par laquelle on fait descendre au-dessous du niveau de la

matrice, lésion par laquelle la matrice descend | gie, abaisser la cataracte, faire descendre, à l'aide
plus bas qu'elle n'est dans l'état de santé. || 6o En d'une aiguille introduite dans la chambre postérieure
algèbre, abaissement d'une équation, réduction de l'œil, le cristallin au-dessous du niveau de la pu
d'une équation à un degré moindre. || 7° En blason,
abaissement, addition dans un écu de quelque pièce
qui en abaisse la valeur.

- REM. Abaissement peut s'employer au pluriel. On ne dirait pas, il est dans les abaissements, au lieu de, il est dans l'abaissement. Mais, toutes les fois qu'il comporte une idée de pluralité, on peut s'en servir au pluriel. Corneille et Rotrou l'ont fait, et on en trouve aussi des exemples dans les auteurs en prose: Les abaissements que Marie avait soufferts sur la terre, MASS. Myst. assompt.

- SYN. BASSESSE, ABAISSEMENT. Défaut d'élévation par rapport à la condition et à l'âme. La bassesse est une manière d'être; l'abaissement, un état qui résulte d'une action; on est dans la bassesse; on s'est mis ou on a été mis dans l'abaissement. A bassesse est attachée l'idée de permanence; à abaissement l'idée de quelque chose d'accidentel. On dit la bassesse naturelle à l'homme, lá bassesse de la naissance. On appelle abaissement, l'état auquel on descend volontairement ou malgré soi. De la sorte, bassesse peut se prendre pour abaissement, mais non abaissement pour bassesse; on dira tomber dansla bassesse, mais on ne dira pas l'abaissement de la naissance; tout ce qui est permanent, naturel, reçoit bassesse et non abaissement. Bassesse est absolu, et abaissement relatif. L'un se prend toujours en mauvaise part; on est dans la bassesse soit par le vice, soit par une condition à laquelle aucune considération n'est attachée. L'autre est relatif; il se prend en mauvaise part ou en bonne, suivant que l'abaissement est le résultat de fautes ou d'une infériorité, ou suivant qu'il est volontaire et un acte d'humilité. On censure la bassesse des flatteurs; mais si on blame l'abaissement des caractères, on loue les abaissements de la vie religieuse, et le chrétien s'efforce de chérir, à l'exemple de J. C. et de ses disciples, l'abaissement et les souffrances, LAFAYE. L'abaissement du style sera une qualité si, ayant pris un ton trop haut, on se remet au ton véritable; un défaut, si le ton est audessous du sujet. Mais la bassesse du style est toujours condamnable.

HIST. XII s. [II] refusé a lor povreté, Si qu'il n'en a de rien gusté [des mets offerts]; Abaissement li fust e laiz [ce lui eût été abaissement et honte], BENOIT, II, 10937.

ÉTYM. Abaisser; provenç. abaisamen; anc. catal. abaxament; espagn. abaxiamento; ital. abbassamento.

pille. || 6o En termes d'algèbre, abaisser une équation, en diminuer le degré. || 7°En termes de géométrie, abaisser une perpendiculaire sur une droite, mener d'un point pris hors d'une ligne une perpendiculaire à cette ligne. || 8° En termes de pâtisserie, abaisser la pâte, l'étendre avec le rouleau et la rendre aussi mince qu'on veut. || 9° En termes d'horticulture, abaisser une branche d'arbre, la raccourcir. || 10° En termes de fauconnerie, abaisser l'oiseau, diminuer la nourriture habituelle de l'oiseau, afin de le rendre plus léger au vcl et plus avide à la proie.

S'ABAISSER, v. rést. || 1o Devenir plus bas. Ces nuages s'abaissent vers la terre. Le terrain va en s'abaissant. Là où les collines commencent à s'abaisser. Le soleil s'abaisse. Sur le chaume de ces demeures Déjà le soir s'est abaissé, MILLEV. Élég. 1. Et vous, sous sa majesté sainte, Cieux, abaissez-vous, Rac. Esth. III, 9. || 2o Fig. S'abaisser, devenir plus bas, se proportionner à, condescendre. La voix s'abaisse. S'abaisser à la portée de ses élèves. Chercher la popularité en s'abaissant. Il s'abaissait jusqu'à converser avec une femme de Samarie, Mass. av. Disp. Faites bien concevoir à M. Despréaux combien vous êtes reconnaissant de la bonté qu'il a de s'abaisser à s'entretenir avec vous, RAC. Lettres à son fils. Et fait comme je suis, au siècle d'aujourd'hui, Qui voudra s'abaisser à me servir d'appui? BOIL. Sat. 1. Peut-elle s'abaisser jusqu'à souffrir ma vue? CORN. Perth. 1, 4. || 3° S'humilier, en bonne et en mauvaise part, se courber, se dégrader. S'abaisser devant Dieu. S'abaisser sous la main divine qui chatie. S'abaisser aux prières. S'abaisser jusqu'à plaider sa cause. Je ne m'abaisserai pas au point de.... Votre fierté, Porus, ne se peut abaisser, RAC. Alex. v, 3. Est-il juste après tout qu'un conquérant s'abaisse Sous la servile loi de tenir sa promesse? ID. Andr. IV, 5. Vous voulez que le roi s'abaisse et s'humilie.... ID. Mithr. III, 1. Vestibules profonds, parvis silencieux, Cù viennent s'abaisser les cœurs religieux, LEMERC. Fréd. et Brun. 1, 1. De savoir si peu m'abaisser, céder dans les rencontres, supporter un mépris.... BOURD. Pensées, t. II, p. 405. Je rougis que mon père, Pour l'intérêt d've fils, s'abaisse à la prière, VOLT. Alz. 1, 1. Voudra t-il qu'on s'abaisse à ces honteux moyens? ID. Zaïre, 1, 1. D'un cœur tel que le sien l'audace inébranlable Ne sait point s'abaisser à des déguisements, ID. Ad. 11, 5. Ne vous abaissez pas à soupirer pour elle, ID. Orphel. IV, 2. S'il se vante, je l'abaisse; s'il s'abaisse, je le vante.... Forcé à s'abaisser d'une ou d'autre manière.... Et s'il ne s'abaisse à cela, PASC, édit. Cousin. Qui nous retrace dans le souvenir comment il a quitté le sein de son père et il s'est abaissé jusqu'à nous, BOURD. Pensées, t. II, p. 300. Est-il une démarche si humiliante où il ne s'abaisse, dès qu'il croit qu'elle peut le conduire à son terme? ID. ib. t. II, p. 172.

- SYN. || 1o BAISSER, ABAISSER. Faire descendre, faire aller de haut en bas. Baisser est absolu et Abais

ABAISSER (a-bè-sé; quelques-uns disent a-bé-sé. Ai prend le son è ou ê, quand la syllabe qui suit est muette: il a-be-se-ra ou a-bê-se-ra), v. a. || 1o Rendre moins haut, faire descendre. Abaisser un terrain. Il faut abaisser ce mur d'un mètre. Abaisser la paupière. Abaisser un store. Abaissez vos regards sur lui. Ayant un corps qui vous aggrave et vous abaisse vers la terre, PASC. edit. Cousin. Abaissons la [l'âme] à la matière, ID. ib. Jamais étoile, lune, aurore, ni soleil, Ne virent abaisser sa paupière [du dragon) au sommeil, CORN. Méd. 11, 2. Disposez de sa main, et ser est relatif. Baisser une chose, c'est la mettre pour première loi, Madame, ordonnez-lui d'abaisser plus bas qu'elle n'était; abaisser, c'est la mettre plus l'œil sur moi, ID. Tite et Bér. IV, 3. || 2° Fig. Rendre bas qu'une autre ou du moins la faire descendre moins élevé, faire décroître, diminuer. Abaisser la jusqu'à une autre qui était plus bas qu'elle. Au fond, voix. Abaisser le prix des denrées. La découverte des abaisser, c'est baisser vers, LAFAYE. C'est là le fond gisements de la Californie a abaissé la valeur de l'or. de la différence entre baisser et abaisser. Toutes les Car enfin n'attends pas que j'abaisse ma haine, CORN. fois qu'on voudra faire sentir cette idée de direcM. de Pomp. 111, 5. De moment en moment son âme tion, on préférera abaisser à baisser. Ainsi le cheplus humaine Abaisse sa colère et rabat de sa haine, valier baissa la lance ou abaissa la lance; on dira ID. Méd. II, 2. || 3o Déprimer, humilier, ravaler. plutôt le premier pour indiquer que la lance est Abaisser le pouvoir de quelqu'un. Abaisser l'orgueil. baissée sans aucune intention; on dira plutôt le seAbaisser la majesté des lois. Abaisser la vertu. Pour cond pour indiquer que le chevalier la baisse vers abaisser notre orgueil et relever notre abjection, un objet déterminé, la met en arrêt par exemple. PASC. edit. Cousin. Aujourd'hui devant vous abais- || 2° ABAISSER, RABAISSER, RAVALER, HUMILIER, sant sa hauteur, VOLT. Brut. 1, 1. Une esclave chré- AVILIR. Tous ces mots ont le sens général de déprétienne et que j'ai pu laisser Dans les plus vils emplois cier. Abaisser n'a rien de plus que le sens général.

languir sans l'abaisser, Pabaisser, ID. Zaire, IV, 6. Ils abaissent La malignite, bumaine abaisse la vertu Rabaisser les Grecs, ils triomphent du Maure, ID. Tancr. II, 1. est plus fort; on rabaisse ce qui est beaucoup trop Pensez-vous abaisser les rois dans leurs ministres? élevé, l'arrogance, la présomption. L'envie, ne pou ID. Brut. v, 2. Plutôt que jusque-là j'abaisse mon vant s'élever jusqu'au mérite, pour s'égaler à lui, orgueil.... ID. Zaire, 1, 2. Mais nous aurons bientôt tâche à le rabaisser. Ravaler exprime une i lée anaabaissé son audace, DUCIS, Oth. 1, 2. Je mourrai sa- logue à rabaisser, mais avec plus de violence et tisfaite après cet orgueilleux, Sous qui César m'a- d'emportement. Avilir attire la honte, imprime la baisse à force de l'accroître, ROTROU, Bel. II, 17. flétrissure. Le grand homme peut être humilié, raMais, croyez-moi, l'amour est une autre science, valé, mais non pas avili. De grands motifs nous enBurrhus, et je ferais quelque difficulté D'abaisser gagent à nous humilier, à nous abaisser, aucun à jusque-là votre sévérité, RAC. Brit. III, 1. || 4o Abais- nous avilir. L'homme modeste s'abaisse, on rabaisse ser pris absolument. Que s'il platt au Seigneur, qui la présomption, l'esprit de parti ravale les hommes selon les conseils de sa sagesse élève et abaisse..., éminents, le lache s'avilit, le pénitent s'humilie.

pupille le cristallin devenu opaque. Abaissement de la BOURD Pensées. t. 1, p.212. {{ 6o En termes dechirur- ROUBAUD.

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- HIST. XII s. David guerria fierement les Phi- | 2. Et dans ce trouble heureux dont j'aimais l'aban- | soit plus le Dieu de l'univers, BOURD. Pensées, t. II, listins et moult les abaissa, Rois, 146. Ses grant don, ID. Paria, 1, 2. || 5o Action d'abandonner. L'a- p. 64. J'entre dans le lieu saint; et qu'est-ce à mes

orguels [sera] abaissez, Ronc. p. 24. Sainte iglise dreit lui abaissier [il] ne lerra, Ne à laie [laïque] justice les clers ne livrera, Th. le mart. 27. Moult durement vers lui en ire [le roi] s'enflamba, Et très bien lui pramet [promet] que il l'abaissera, Et là où il le prist que il le remetra, ib. 28. Il s'abaissa [se baissa), si a pris un cuillier; Le portier (il] fiert parmi le hanepier [la nuque]; Li sans en chiet dusqu'au talon derrier, Bat. d'Aleschans, 3886. || XIII* S. Fu requis Jofrois qu'il alast à Andrenoble et qu'il meist conseil à ce que ceste guerre fust abaissie [finie), VILLEH. CXIX. Cis feus [ce feu] fu si grans et si oribles que nel pot nuls abaissier ne esteindre, ID. XCI. Bien fust la crestienté essaucie [exhaussée] et non mie abaissie, ID. XXXIV. Mais or ne pensez plus pour riens Que je m'amour donner vous doie [doive]; Trop durement [je] m'abaisseroie, Blonde et Jehan, 884. On ne doit pas penre [prendre] garde s'il [le prix] monte ou abaisse au marché, BEAUM. XXXVII, 4. De la fontaine m'appressai [m'approchai]; Quand je fui près, si m'abaissai Pour veoir l'iaue qui couroit, la Rose, 1532. || xrv s. Icelle femme desmenti plusieurs fois le suppliant en abaissant honneur de sa personne et de son office, DU CANGE, abassare. || xv s. Certes, seigneurs, Jean Lyon se souffre maintenant et abaisse la teste bien bas, FROISS. II, II, 52. Or entendez au soustenir [soutenez-le); Car je le voy bien qu'il s'abesse, la Pass. de N. S. J. C. || XVI s. Le peintre eut charge d'abaisser de couleur l'endroit qui estoit par trop enluminé, D'AUB. Fan. IV, 11. Ils ne se pressoient pas beaucoup de partir et attendoient la chaleur à s'abaisser [que la chaleur fût tombée], DES PERIERS, contes, 39.

ETYM. À et baisser; provenç. abaissar; espagn. abaxar; ital. abbassare.

ABAISSEUR (a-be-seur, ou, suivant la prononciation de quelques-uns, a-bé-seur), adj. masc. et s. m. || 1° Terme d'anatomie. Nom donné à des muscles qui abaissent certaines parties du corps. Le muscle abaisseur de l'angle des lèvres. L'abaisseur de l'œil. || 2° Terme de chirurgie. Abaisseur de la langue, instrument de forme variée destiné à abaisser et à maintenir la langue, quand on examine le fond de la bouche.

+ ABAIT (a-bè), s. m. Terme de pêche. Appât. Peu usité.

HIST. XIII s. Car la vielle set trop d'abet (ruse), Renart, t. III, p. 312.

ÉTYM. Norm. abet, appât pour le poisson; abéter, mettre un appât; provenç. abet, ruse; angl. abet, instigation; bas-lat. abettum; de à et de l'ancien français beter, mettre un mors, du germanique; anglo-sax. bætan; flamand, beeten; allem. beizen, faire mordre la bride, et aussi exciter.

ABAJOUE (a-ba-jote), s. f. Poche située de chaque côté de la bouche, entre les joues et les machoires, chez certains mammifères quadrumanes, chiroptères et rongeurs, qui y mettent leurs aliments en réserve pendant quelques instants.

ÉTYM. Ce mot paraît venir de à et bajoue (voy. ce mot). Cependant l'espagnol offre abazones, qui ne se rapporterait pas à cette étymologie, et qui d'ailleurs n'a pas non plus de mot espagnol d'où il puisse provenir

ABALOURDI, IE (a-ba-lour-di, die), part. passé. Enfant abalourdi par de mauvais traitements.

+ ABALOURDIR (a-ba-lour-dir), v. a. Rendre ba

lourd, hébété. Populaire.

ÉTYM. À et balourd.

ABANDON (a-ban-don), s. m. On verra à l'Etymologie quelle est la série réelle des significations. || 1o Remise entre les mains de.... L'abandon à la Providence. Il faut tout trancher par l'abandon envers Dieu, Boss. Lett. Corn. 1. [Elle] lui gagnerait le cœur d'un prince libéral, Et de tous ses trésors l'abandon général, CORN. Med. 11, 2. || 2° Terme de droit. Cession, acte par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de ses terres. || 3o Facilité dans le discours, simplicité, négligence heureuse. Parler avec abandon. Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. Gracieux abandon. Doux abandon. On trouve dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon. Rock en son lyrique abandon Dit qu'il dévore la couronne Dont Phébus lui promit le don. Apparemment Phébus lui donne Une couronne de chardon, MILLEV. Épigr. || 4° Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon. Dans l'abandon de sa vive amitié, Hier à son rival Montfort s'est confié, c. DELAV. V. Sic. 1,

bandon des intérêts communs. Or ce péché ne peut yeux que cette maison de Dieu? c'est un dé

sert, et le désert le plus abandonné, ID. ib. p. 340. Là, poursuivi d'une populace animée, abandonné aux plus indignes traitements d'une insolente et brutale soldatesque, ID. Pensées, t. III, p. 376 Si Dieu les eût livrés à la corruption de leur cœur, il n'y eût point eu de pécheurs plus perdus et plus aban

être mieux puni que par l'abandon de Dieu, BOURD.
Carême, t. 1, p. 212. Et de ses intérêts un si grand
abandon, CORN. Sert. IV, 2. Ce sont là de ces exem-
ples rares et terribles de la justice de Dieu sur les
hommes; et s'il y en a eu sur la terre, ils prouvent
seulement jusqu'où peut aller quelquefois son aban-
don et la puissance de sa colère, MASS. Car. évid. de la donnés à tous les vices, ID. ib. t. II, p. 155. Je ne
loi. Il y aurait un lâche abandon de moi-même à souf-vous crois pas assez abandonné du Seigneur pour
frir qu'on me déshonore, voLT. dans Laveaux. || 6o État y songer, HAMILT. Gramm. 6. Une femme, nom-
d'une personne ou d'une chose abandonnée. Ce mée Pantée, était abandonnée de tous les méde-
vieillard est dans l'abandon. L'homme sent alors cins, FEN. Empéd. Loin de ses parents, aux fers
son néant, son abandon, PASC. édit. Cousin. Mes abandonnée, VOLT. Zaire, III, 4. Aux bourreaux se
mains désespérées Dans ce grand abandon seront
plus assurées, VOLT. OEd. IV, 4. || Abandon a le
sens actif et le sens passif. L'abandon des amis
peut également signifier ou qu'on abandonne ses
amis ou qu'ils nous abandonnent. L'abandon du sé-
nat, l'abandon où le sénat est laissé, et l'abandon
où il laisse. Il faut donc, toutes les fois qu'on se
servira de cette construction, prendre garde à l'am-
phibologie et, s'il reste du doute sur le sens, chan-
ger la tournure. || 7o À L'ABANDON, loc. adv. Sans
soins, sans réserve. Jamp à l'abandon. Son enfant
fut à l'abandon. Il laissa ses terres à l'abandon.
On le logea et on lui mit toute la maison à l'aban-
don. Tout l'occident est à l'abandon, Boss. Hist.
II, 7. Comme un pays laissé à l'abandon, ID.
Polit. Vous laisserez à l'abandon votre santé et
votre vie, ID. Dév. 2. Tu laisses aller tes affaires
à l'abandon, MOL. Mal. imag. 1er interm. L'épargne
de mon père entièrement ouverte, Lui met à l'aban-
don tous les trésors du roi, coRN. Méd. II, 4. Mais je
m'étonne fort de voir à l'abandon Du prince Héraclius
les droits avec le nom, ID. Hér. II, 8. A l'une ou l'au-
tre enfin votre âme à l'abandon Ne lui pourra jamais
refuser ce pardon, ID. Perth. iv, 1. Après avoir....
mis à l'abandon ton pays désolé, REGNIER, Ép. 1.
L'œil farouche et troublé, l'esprit à l'abandon, ID.
Sat. 11. || 8° Terme de bourse. Acte par lequel l'a-
cheteur renonce à un marché conclu en consentant
à payer la prime.

HIST. XIII s. Va, si li di qu'il vigne [vienne] à mei; M'amor li metrai à bandun, MARIE DE FR. 1, 488. Mais tost s'en parte à habandon, Fabl. et Cont. anc. 1, 70. Amis, ques [quel] hom es-tu? Di moi com tu as nom, Qui le sepulcre Dieu baises si à bandon? Ch. d'Ant. 1, 184. Et li bourgeois le rechurent [reçurent] volentiers et lui mirent à abandon cor et avoir et ville, Chr. de Reims, 230. Nuls hom ne peut penre (prendre] de son plege [gage] par abandon, sans soi plaindre à justice, BEAUM.

vit abandonné, ID. Alz. III, 4. C'est un de ces mor-
tels du sort abandonnés, ID. Mérope, II, 1. Un
vieil oiseau qui se sent abandonné de ses ailes vient
s'abattre auprès d'un courant d'eau, CHATEAUB.
Génie, I, v, 6. Ces paisibles vertus au peuple aban-
données, A mon héros aussi le ciel les a données,
GILBERT, Au Pr. de Salm. Alors je compris par
expérience ce que j'avais souvent ouï dire à
Mentor, que les hommes mous et abandonnés aux
plaisirs manquent de courage dans les dangers,
FÉN. Tél. IV. || 2o Adj. et, pris aussi dans ce sens,
substantivement. Qui est sans frein, et, par suite, sans
mœurs. Si nous étions assez abandonnés pour dire....
C'est une abandonnée. Quelque libertin et quelque
abandonné qu'il puisse être, il y a toujours de se-
crets reproches de la conscience qui le troublent.
BOURD. Pensées, t. II, p. 94. J'ose dire qu'il n'y a
point de pécheur si abandonné qui porte jusque-
là le désespoir, ID. ib. t. 1, p. 386. Il faut que vous
passiez pour les plus abandonnés calomniateurs
qui furent jamais, PASC. Prov. 16. J'aime fort la
beauté qui n'est pas profanée, Et ne
x pas
brûler pour une abandonnée, MOL. l'Étourdi, I, 3.
Cette lettre était un tissu d'ordures à faire trem-
bler les plus abandonnés, s.-SIM. 61, 31. Si nous
étions assez abandonnés pour vouloir persuader
au public.... VOLT. Mæœurs, Moïse. Il y a bien peu
de femmes assez abandonnées pour aller jusque-là,
MONTESQ. Let. pers. 26.

veux

HIST. XVI s. Les autres ont escrit que ceste Phaa estoit une brigande, meurtriere et abandonnée de son corps, AMYOT, Thésée, 11. Il nous fit de merveilleuses caresses et abandonnés traitements, CARL. VIII, 18.

ABANDONNEMENT (a-ban-do-ne-man), s. m. || 1° Remise à.... L'abandonnement des plus chers intérêts entre les mains d'un ami. On prendra soin d'entretenir les malades dans un saint abandonnement à la Providence, Boss. Règle. Son abandon

XLIII, 13. || xvo s. Et mettrons tout le royaume à vos-nement à la Providence de Dieu, FLÉCH. Serm.
tre abandon, FROISS. I, I, 14. Vous perdez le temps;
car, sur l'abandon de nos testes, les Escots s'en sont
allés très devant mie nuit, ID. I, 1, 44. || XVI s. De
tout autre butin il y avoit une quantité si grande
que ou l'on n'en faisoit compte, ou on le consommoit
en tout abandon, AMYOT, Lucul. 25. Comme le
vent souffle à son abandon Le duvet blanc du vieux
chenu chardon... ID. Morales, t. Iv, p. 444.

--ÉTYM. Provenç. abandon; espagn. abandono; ital. abbandono. Par les exemples historiques on voit que abandon est un mot composé de à et bandon. Bandon, en vieux français et en provençal, signifie permission, autorisation, décret; il répond à un mot bas-latin bando, bandonis, de même signification que bandum, band en danois, bannen en allemand, ordre, prescription; et en définitive c'est simplement une autre forme de notre mot ban (voy. ce mot). Dès lors on voit la série des significations: mettre à bandon, c'est mettre à permission, à autorité; c'est donc remettre, céder, confier, laisser aller et finalement délaisser.

+ ABANDONNATAIRE (a-ban-do-na-têr), s. m. et f. Terme de jurisprudence. Celui ou celie au profit de qui est fait un abandon de biens.

ABANDONNÉ, ÉE (a-ban-do-né, née), || 1° Part. passé de abandonner. Abandonné par ses parents. Abandonné de ses amis. Il faut être bien abandonné de Dieu et des hommes pour faire telle chose. Un enfant abandonné. Inquiet de se voir ainsi abandonné. Propriétés abandonnées (sans mattre). Postes abandonnés. Othon avait eu une enfance abandonnée. Ville abandonnée au pillage. Abandonné à soi-même. Les chevaux abandonnés à eux-mêmes. Cette carrière est abandonnée de la jeunesse Usages abandonnés. Abandonné des médecins. Personne n'est assez abandonné de Dieu pour cela, PASC. Prov. 6. Non pas que ce Dieu, dont il est séparé et entièrement abandonné, ne

1, 121. || 2o Cession. L'abandonnement de ses biens à ses créanciers. On dit plutôt aujourd'hui abandon. Abandonnement que je lui ferai de tout ce que j'ai de biens, PELLISS. II, 115. || 3o Action d'abandonner; état d'une personne abandonnée. Dans l'abandonnement où il est de tous ses amis. Ne tenir nul compte du triste abandonnement où votre inflexible roideur le précipite, BOURD. Pensées, t. II, p. 129. L'entier abandonnement de sa personne entre les mains de ses supérieurs pour se laisser conduire selon leur gré et selon leurs vues, ID. ib. p. 367. On me fait les offres les plus engageantes; et, si je les rejette, me voilà dans le dernier abandonnement et dans la dernière misère, ID. ib. t. 1, p. 19. Vous devriez vous attendre, de la part du ciel, à un funeste abandonnement, ID. ib. t. 11, p. 461. L'abandonnement le plus général qui me réduirait dans la dernière misère, ID. ib. t. 1, p. 291. L'abandonnement où sont tous ceux qui manquent de fortune, LA MOTHE LE VAYER, p. 315. Dans l'abandonnement où je me suis trouvée, MOL. Scapin, II, 9. Cet abandonnement de sa propre cause, BOURD. Carême, II; Passion, 181. Il tombe dans un affreux abandonnement de la part de Dieu, ID. Pensées, t. III, p. 361. L'abandonnement des pauvres, FLECH. Serm. 1, 142. Dans l'abandonnement et la disette, ID. I, 183. La reine l'avait aimée [laduchesse de Marlborough] avec une tendresse qui allait jusqu'à la soumission et à l'abandonnement de toute volonté, VOLT. S. de L. XIV, chap. 22. || 4o Action de se laisser aller avec trop de facilité. L'entier abandonnement de ce prince a d'indignes favoris. Votre abandonnement à une passion funeste. Votre abandonnement à d'infâmes passions qui corrompent le sang, VOLT. Jenni, 9 || 5o Pris absolument. Déréglement excessif dans le conduite, dans les mœurs. Vivre dans le dernie: abandonnement. Le funeste abandonnement où il vit, BOURD. Domin. IV, Désir et dégoût, 380 Tant d'em

t. II, p. 368. On peut dire de certaines matières que l'Eglise les abandonne à nos vues particulières et à

portements honteux! tant de faiblesse et d'abandon- | heureuse il s'abandonna lui-même, BOURD. Pensées,
nement! lui qui s'était piqué de raison, d'élévation,
de fierté devant les hommes, MASS. Mort du pé-
cheur. Quand il s'agit de retourner à votre Dieu et
de réparer une vie entière de corruption et d'a-
bandonnement, ID. Car. Pécheresse. Ce degré d'aban-
donnement qui fait les âmes égarées et criminel-
les, ID. ib. Tiédeur. Un abandonnement qui ne
connaît plus ni règle, ni pudeur, ni bienséance, ID.
Paraph. Psaume 13. Votre cœur que vous avez pros-
titué avec tant d'abandonnement aux créatures, ID.
16. Psaume 14.

SYN. 1o ABANDON, ABANDONNEMENT. L'idée commune est qu'on laisse une personne ou une chose, qu'une personne ou une chose demeure laissée. Abandon est plus souvent passif et exprime l'état d'une chose ou d'une personne délaissée; abandonnement est plus souvent actif et exprime qu'on délaisse une personne ou une chose. Mais, dans le fait, ces deux mots se prennent souvent l'un pour l'autre, et tous deux ont le sens passif ou le sens actif. Cela est laissé à l'écrivain; pourtant on remarque que abandon, ne provenant pas d'un verbe, indique quelque chose d'absolu et de vague, et abandonnement, provenant d'un verbe, quelque chose de re

main, il s'abandonna sur son adversaire, au risque de s'enferrer. Plus il s'abandonnait, plus, il était terrible, VOLT. Tancr. v, 1. || 5o Avoir de l'aban

faire quelques pas seul et sans être soutenu. || 7° En parlant des femmes, se livrer. Elle s'est abandonnée à ceux qu'elle aimait, Boss. Nouv. Cath. Anne de Boulen eut l'adresse de ne se pas abandonner entièrement et d'irriter la passion du roi, VOLT. Mœurs, 135. Votre amour qui s'abandonne Ne refusa jamais personne, RÉGNIER, Mac. || 8° Terme d'équitation. Ce cheval s'abandonne, il ralentit sa marche

nos raisonnements, ID. ib. t. II, p. 340. J'abandonnai don. Ne vous roidissez pas, abandonnez-vous. Cet
mon âme à des ravissements.... CORN. Hor. 1, 3. J'a- acteur ne s'abandonne pas assez. || 6o En parlant
bandonne ce traître à toute ta colère, RAC. Phèd. des enfants. Il s'abandonne déjà, il commence à
rv, 2. Dieux! ne puis-je à ma joie abandonner mon
âme? ID. Andr. III, 3. J'abandonnai ma vie à des
malheurs certains, VOLT. OEd. v, 2. Tandis qu'à la
frayeur j'abandonnais mon âme, ID. ib. IV, 1.
|| 3° Renoncer à. Abandonner une bâtisse. Abandon-
ner ce qu'on a pris. Abandonner une entreprise, une
guerre commencée. Abandonner la lutte. Abandon-
ner le barreau. Abandonner ses travaux. Abandonner
une vaine tentative. Abandonner une profession.
Abandonner son opinion pour celle d'un autre. J'a-
bandonne le reste, c'est-à-dire je le passe sous silence.
Trône, à t'abandonner je ne puis consentir, CORN.
Rod. v, 1. J'avais fait serment d'abandonner plutôt
la vie que de me résoudre à perdre cette liberté,
MOL. Prin. d'Él. IV, 1. La Grèce et la Sicile ont vu
des citoyennes Abandonner nos lois pour ces fiers
Musulmans, VOLT. Tancr. II, 4. Que je vois de
sujets d'abandonner le jour! RAC. Théb. v, 1. Par
moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie, Le frère

latif et de plus déterminé. Au fond la nuance est de Junie abandonna la vie, ID. Brit. 1, 1. || 4o Dé

que abandonnement a de soi l'idée d'un fait, d'un acte, et que abandon ne l'a pas; les deux mots peuvent, il est vrai, s'employer l'un pour l'autre, l'usage le permet. Mais la pensée quand elle sera précise, et le langage quand il sera délicat, tâcheront de tenir compte de la nuance. || 2° ABANDONNEMENT, ABDICATION, RENONCIATION, DÉMISSION, DÉSISTEMENT. On fait un abandonnement de ses biens, une abdication de sa dignité et de son pouvoir, une renonciation à ses droits et à ses prétentions, une démission de ses charges, emplois et bénéfices, et l'on donne un désistement de ses poursuites. Il ne faut abandonner que ce qu'on ne saurait retenir, abdiquer que lorsqu'on n'est plus en état de gouverner, renoncer que pour avoir quelque chose de meilleur, se démettre que quand il n'est plus permis de remplir ses devoirs avec honneur, et se désister que lorsque les poursuites sont injustes ou inutiles ou plus fatigantes qu'avantageuses, GIRARD.

- HIST. XIII's. Ses escus ert [était] moult renommés; Despit de mort estoit nommés; Bordés fu d'abandonnement à tous perils..., la Rose, 45743. || xv s. Au mois de janvier fut publié parmi Paris l'abandonnement de toutes gens d'armes qui seroient trouvés sur les champs, JUV. DES URSINS, 1415.

ÉTYM. Abandonner; ital. abbandonamento.

+ ABANDONNÉMENT (a-ban-do-né-man), adv. D'une manière abandonnée, sans réserve. Le premier président leur était trop indignement et trop abandonnément vendu pour être plaint de personne, ST-SIMON, 518, 126. Mot usité encore, comme on voit, au XVIIIe siècle et bon à employer.

HIST. XIII s. Nos mariniers veoient la contagne par-dessus la bruïne, et pour ce firent nager habandonnéement, JOINV. 283. || XIV s. Le marquis demanda qui il estoit qui si abandonnéement rouvoit ouvrir la porte, DU CANGE, abandonnare. || xve s. Et entrerent les Anglois abandonnéement dedans les fossés, FROISS. II, II, 65.

ETYM. Abandonnée au féminin, et ment (voy. MENT); provenç. abandonadamen; ital. abbandona

tamente.

ABANDONNER (a-ban-do-né), v. a. || 1o Remettre à la discrétion de.... au soin de..., céder, faire ces sion. Abandonner son sort à la Providence. J'ai abandonné le soin de mes affaires à un homme intelligent. Abandonner tout au vainqueur. Abandonner le reste au ciel. Abandonner cela à la fortune. Abandonner un ecclésiastique au bras séculier. Vous vous plaignez de cet homme; je vous l'abandonne: c'est-à-dire pensez-en ce qu'il vous plaira; faites à son égard ce que vous voudrez. Je vous abandonne ce point, je vous cède là-dessus. Il abandonne ses biens à ses créanciers. Apprends de leurs indices L'auteur de l'attentat, et l'ordre, et les complices; Je te les abandonne.... CORN. Mort de P. IV, 4. Un nombre de mots.... Que mutuellement nous nous abandonnons, MOL. Femmes sav. II, 2. Porte aux Grecs cet enfant que Rymhus m'abandonne, RAC. Andr. III, 1. Dites au roi, Seigneur, de vous l'abandonner, ID. Esth. II, 4. Au cours de mes destins j'abandonnais ma vie, DUCIS, Othello, 11, 7. || 2° Li

laisser, déserter, laisser sans secours, se séparer de.... Abandonner son général, son poste, le parti qu'on avait embrassé. Il abandonna le parti du sénat pour celui du peuple. J'abandonne la cause commune. Philoctete fut abandonné dans l'île de Lemnos. Abandonner un enfant, l'exposer et le laisser à la charité publique. Abandonner sa femme et ses enfants. Les médecins ont abandonné ce malade, c'est-à-dire ils l'ont laissé, ne sachant plus lui être utiles en rien. Avec un nom de chose pour sujet: Son courage l'abandonna. L'appétit, le sommeil l'ont abandonné. Mon esprit, volage et sans arrêt, m'abandonne et se porte partout ailleurs, BOURD. Pensées, t. II, p. 13. Abandonnant le corps, n'abandonnez pas l'âme, ROTROU, Venc. v, 4. Si vous l'abandonnez plus longtemps sans secours.... RAC. Brit. v, 8. Elle me dédaignait, un autre l'abandonne, ID. Andr. 11, 1. Tout semble abandonner tes sacrés étendards, ID. Esth. Prol. Le courage les abandonne, FÉN. Tél. XVI. Comme un malade désespéré qu'on abandonne, ID. ib. VII. || 5° Quitter, lacher. Abandonner l'Italie. Abandonner Paris. Abandonner la ville pour les champs. Abandonner ses armes. N'abandonne pas le gouvernail. Tenez ferme; n'abandonnez pas cette corde. Abandonner les étriers, les quitter et quelquefois les perdre. Comme il avait un désir extraordinaire de s'instruire et de connaître les mœurs des étrangers, il abandonna sa patrie et tout ce qu'il avait pour voyager, FEN. Philos. Pythag. Il fallait en fuyant ne pas abandonner Le fer qui dans ses mains sert à te condamner, RAC. Phèd. IV, 2. || 6° Négliger, ne pas-cultiver. Il ne faut pas abandonner vos liaisons dans le monde. N'abandonnez pas votre voix, sév. 3. || 7° En fauconnerie, abandonner l'oiseau, le lâcher dans la campagne pour l'égayer.

S'ABANDONNER, v. réfl. || 1° Se remettre à, se laisser aller à, se livrer à. S'abandonner à la fortune, au vainqueur, au gré de la tempête. S'abandonner au chagrin, à la douleur, à la joie, aux pleurs, à toutes sortes de plaisirs, à la débauche. Il s'abandonne sans réserve au goût de la magnificence. Personne ne s'abandonne à ce point à sa colère. Le tout est de savoir s'abandonner à Dieu en pure foi, BoSS. Lett. Corn. 4. Mon âme à tout mon sort s'était abandonnée, RAC. And. IV, 5. Souffre qu'à mes transports je m'abandonne en proie, ID. Théb. v, 4. Allons, à tes conseils, Phœnix, je m'abandonne, ID. Andr. II, 5. Vous vous abandonniez au crime en criminel, ID. Andr. IV, 5. Quoi! tandis que Néron s'abandonne au sommeil.... ID. Brit. I, 1. Télémaque s'abandonnait à une douleur amère, FÉN. Tél. XVI. Astarbé s'abandonna à son ressentiment, ID. ib. III. Il s'abandonna à l'amour des femmes, Boss. Hist. 1, 6. Non, non, à trop de paix mon âme s'abandonne, MOL. Sgan. 8. Ce monarque étonné à ses frayeurs déjà s'était abandonné, CORN. Nic. v. 8. Je connais Marianne, et sais qu'elle est trop sage Pour s'être abandonnée à tenir ce langage, TRISTAN, Marianne, I, 3. || 2o Perdre courage, se manquer à soi-même. Vous êtes perdu si vous vous abandonnez. Il les

vrer à, Abandonner une ville au pillage. Abandonner exhorte à ne pas s'abandonner. || 3° Se négliger. à la merci de.... Il abandonna la barque au courant Il ne faut pas s'abandonner ainsi (se négliger dans du fleuve. Dieu abandonne souvent les méchants le maintien, dans l'habillement), quand on veut à leur sens réprouvé. Nous savons à quel désespoir plaire. || 4o Selancer sans ménagement. Dans l'imJudas fut abandonné de Dieu, et à quello fin mal-- provisation, cet orateur s'abandonne. L'épée à la

- REM. Abandonner peut se construire avec d suivi d'un infinitif. Aussi n'aurais-je pas Abandonné mon cœur à suivre ses appas, MOL. Ec. des Mar. II, 9. Le moindre défaut des femmes qui se sont abandonnées à faire l'amour, c'est de faire l'amour, LAROCHEF. Réfl. 131.

SYN. 1o ABANDONNER, DÉLAISSER. Abandonner se dit des choses et des personnes; délaisser ne se dit que des personnes. Nous abandonnons les choses dont nous n'avons pas soin; nous délaissons les malheureux à qui nous ne donnons aucun secours. Au participe, délaisser a une énergie d'universalité qu'on ne donne au premier qu'en y joignant quelque terme qui la marque précisément. Ainsi l'on dit: C'est un pauvre délaissé; Il est abandonné de tout le monde, GUIZOT. || 2° QUITTER, ABANDONNER, RENONCER. Idée commune, cesser de garder une chose, de s'en occuper ou de la demander. Les thérapeutes abandonnent leurs biens à leurs parents ou à leurs amis; ils quittent leurs pères, leurs mères; ils renoncent à tous les attachements terrestres, CONDILLAC. On renonce toujours volontairement, avec quelque peine, avec regret, en se faisant violence; on renonce au plaisir, au monde, à une profession qui convenait. Quitter et abandonner n'impliquent pas l'idée de renoncement, et signifient seulement qu'on se sépare d'une chose agréable ou pénible, utile ou nuisible. La différence entre quitter et abandonner est que l'on quitte de toutes les manières, ce mot en lui-même étant indifférent, au lieu que dans abandonner il y a toujours l'idée d'une sorte de délaissement, de désertion, comme dans ce vers de Racine: Je quittai, mon pays, j'abandonnai mon père, LAFAYE.

HIST. XI S. Franceis mourront, si à nous s'abandunent, Ch. de Rol. LXXII. [11] broche [pique] le bien [son cheval], le frein lui abandune, ib. cxv. || x1 s. Or vus abandoins jo mun regne et mun païs, Estampes, Orliens, e Chartres et Paris, Th. le Mart. 104. || XIII° s. Et le Soudan leur abandonna que il s'alassent venger de.... JOINV. 274. Et plus punis devroient estre Devant l'empereor celestre Clers qui s'abandonnent aux vices, Que les gens laiz [laïques), simples et nices, la Rose, 18865. Cis [celui-ci] m'abandonna le passage De la haie moult doucement, ib. 2806. Mais ja certes n'iert [ne sera] femme bonne, Qui, por dons prendre, s'abandonne, ib. 4578. Quant il sevent que lor femes s'abandonnent à autrui.... BEAUM. LVII, 10. || XIV s. Jà n'en ceroit meilleur tant comme il fust habandonné à telles passions, ORESME, Éth. 4. || XV* s. Elle ne vouloit mie que le roi s'abandonnast trop de la regarder, FROISS. I, I, 192. Ceux du chastel ne furent onques si recrus qu'ils ne s'abandonnassent au defendre si vaillamment, par quoi ceux de l'ost pussent rien gagner sur eux, ID. I, 1, 259. Il n'a point de regret Au cidre qu'il nous donne; En eust-il une tonne, Il l'abandonneroit, BASSELIN, 42. L'un vers l'autre desloyaument se mene; Aux mauvais est la terre abandonnée, DESCHAMPS, Souffrance du peuple. Onques sanglier escumant ni loup enragé plus fierement ne s'abandonna, Hist. de Boucicaut, 1, 24. C'est assavoir, se le doffin [dauphin] rompoit la pais, qu'il abandonnoit à ses gens de aller servir le duc Jehan, P. DE FENIN, 1419. || xvIo s. Il y en eut deux qui abandonnerent l'entreprise de peur, AMYOT, Lyc. 9. Cette hardiesse et constance assurée qu'il avoit en bataille contre l'ennemy l'abandonnoit incontinent qu'il se trouvoit en une assemblée du peuple à la ville, ID. Marius, 48. Les proprietaires les luy abandonnoient à bien vil prix, 1D. Crassus, 3. Il résolut d'abandonner sa vie [se laisser mourir], ID. Démétr. 52. Il seroit estrange que nous qui voulons estre tenus pour gens de bien, laississions porter par terre nostre vertu et l'abandonnissions, ID. De la mauv. honte, 21. La meilleure part de l'entreprinse, ils l'abandonnent à la fortune, MONT. I, 132. Estant abandonné des medecins pour un aposteme, ID. I, 254. S'abandonner aux delices, ID. II, 4. Il abandonna [s'éloigna] de si peu son fort, ID. J, 26. Les fillesse peuvent abandonner [se livrer à un homme), ID. I, 111.

- ETYM. Abandon; bourguig. ebandenai; provenç. et espagn. abandonar; ital, abbandonnare.

ABAQUE (a-ba-k'), s. m. || 1° Terme d'architecture. Tailloir, partie supérieure du chapiteau des colonnes, sur laquelle porte l'architrave. || 2° Terme d'antiquité. Tableau couvert de poussière, sur lequel on traçait des nombres et on enseignait le calcul; et aussi sorte de carré long, évidé, qui était muni de boules passées dans des fils tendus et qui servait à compter.

- ETYM. Provenç. abac; ital. abbaco; de abacus, de ἄβαξ, table ou tablette.

† ABAS, s. m. Voy. ABAT.

ABASOURDI, IE (a-ba-zour-di, die), part. passé. Abasourdi par un coup de tonnerre, par un malheur imprévu.

ABASOURDIR (a-ba-zour-dir; d'autres disent aba-sour-dir), v. a. || 1o Assourdir par un grand bruit. Ce bruit soudain et violent ncus a abasourdis. || 2o Consterner. Voilà dans sa famille une mort imprévue qui l'abasourdira. Bruit abasourdissant. Nouvelle abasourdissante.

ETYM. Génev. abassourdir; bourguig. ebazodi; de sourd (voy. ce mot) et de aba, qui est probablement le même que dans abajoue, c'est-à-dire formé de det ba ou be indiquant une mauvaise disposition.

+ ABAT ou ABAS (a-ba ou a-ba), s. m. Averse, pluie abondante. Ces vapeurs peuvent causer un vent d'abas, DESC. Météor. 7. L'accumulation des neiges, les pluies et les orages y déterminent des avalanches et des abats de boues et de pierres, qui descendent dans les vallées jusqu'à des altitudes de mille mètres, BURAT, Constitutionnel du 3 septembre 1858.

ETYM. À et battre. Dans l'arrondissement de Caen, la pluie d'abat est une pluie abondante, Dict. du patois normand par MM. Duméril. Si on suivait l'orthographe de Descartes, l'étymologie serait à et bas.

LAY, 1, 4, recio. La peur descouvre un cœur abas- | fond de son âme. L'abattement du désespoir. L'abat-
tardi, ID. IV, 6, verso. Sitost qu'on se detourne de tement du parti vaincu était extrême. Des langueurs
la parole, l'oraison est quant et quant abastardie, et des abattements. Il ne supporte pas la chaleur;
CALV. Inst. 704. Ils se sont abastardis en degene-
rant de leurs peres, ID. ib. 747.Ceux qui seront con-
vaincus de s'estre abastardis de leur origine, ID. ib.
838.

ETYM. À et batard; provenç. abastardir; anc.

espagn. abastardar. ABATARDISSEMENT (a-ba-tar-di-s'-man), s. m. Dégénération au propre et au figuré. L'abâtardissement des arbres fruitiers, des esprits.

REM. Des grammairiens ont desiré que l'Académie supprimat l'accent circonflexe. Il est de fait que certains prononcent abatardissement, a bref, au lieu de a long; mais la plupart suivent dans ce mot la prononciation de bâtard où l'a est long. L'accent circonflexe qui indique ici et l'étymologie et la prononciation doit donc être conservé.

HIST. xvi s. De ceux là, y en a aucuns qui se

trompent eux mesmes; et les autres sont trompés par l'abastardissement des coustumes, LANOUE, 117. La trop grande et indocte multitude des escrivains gui de jour en jour s'eleve en France, au grand deshonneur et abastardissement de nostre langue, Du BEL. II, 2, recto.

- ETYM. Abâtardir.

ABATÉE (a-ba-tée), s. f. Terme de marine. Mouvement par lequel un navire, obéissant au vent, à la lame, à la marée, tourne sur une verticale qui passerait par son centre de gravité, et écarte la proue de la ligne du vent. Le mouvement par lequel le navire revient de l'abatée à la ligne du vent se dit aulosssée, LEGOARANT. L'abatée est involontaire; l'auloffée est volontaire.

-REM. L'Académie ne met qu'un t; mais il en faudrait deux, à moins qu'on n'en retranche un dans abattre; faire autrement, c'est multiplier inutilement les exceptions et les difficultés de l'orthographe.

ETYM. Abattre.

† ABATELLEMENT (a-ba-te-le-man), s. m. Terme de commerce du Levant. Sentence portant interdiction contre ceux qui désavouent leurs marchés, ou qui refusent de payer leurs dettes, Acad. 1762.

+ ABAT-FAIM (a-ba-fin), s. m. au plur. des abatfaim. Terme de cuisine. Pièce de résistance qu'on

ABATAGE (a-ba-ta-j'), s. m. || 1° Terme forestier. Action d'abattre. L'abatage des bois se fait en automne. || 2° En termes de marine, l'abatage d'un bâtiment est l'opération par laquelle on l'incline sur le côté pour l'abattre en carène. || 3° En termes d'ad-sert ministration militaire, l'abatage des bestiaux est la mise à mort des animaux destinés à la nourriture

de la troupe. || 4° En termes de police sanitaire, l'abatage est la mise à mort des grands animaux domestiques, soit parce qu'ils sont vieux ou incurabies, soit par précaution, quand ils sont suspects ou atteints d'une maladie contagieuse. L'abatage des chevaux est nécessaire en cas de morve. || 5° En termes de vétérinaire, action de renverser et de fixer les grands animaux sur un lit de paille, quand ils doivent subir des opérations chirurgicales.

-REM. L'Académie n'y met qu'un seul t; mais elle en met deux à abattre; la conséquence veut qu'on

ja première sur table. ETYM. Abuttre et faim.

† ABAT-FOIN (a-ba-foin), s. m. au plur. des abatfoin. Terme d'économie rurale. Ouverture pratiquée dans un grenier au-dessus de l'écurie ou de l'étable et par laquelle on jette le foin ou la paille.

ÉTYM. Abattre et foin.

ABATIS (a-ba-ti), s. m. Il faudrait écrire abattis ou écrire abatre. || 1° Amas de choses abattues. Abatis d'arbres. Faire un abatis de bois. Embarrasser la plaine par de larges abatis d'arbres. || 2° En termes de chasse, faire un grand abatis de gibier. || 3° Au figuré. A la guinguette instruisant ces recrues, D'obscurs lauriers j'ai fait large abatis, BÉR. in-8.

mette deux abatage, ou qu'on n'en mette qu'un | || 4° Terme de chasse, petit chemin que se font les à abattre.

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+ ABATANT (a-ba-tan), s. m. || 1o Pièce du métier à bas qui fait descendre les platines à plomb. || 2° Partie du comptoir d'un marchand qu'on lève et qu'on abaisse.

ABÂTARDI, IE (a-ba-tar-di, die), part. passé. Plantes abâtardies. Ames abâtardies. Restes abatardis d'une nation puissante. Jamais on n'a vu votre empire si lâche, si abâtardi, si indigne des anciens Romains, FÉN. t. XIX, p. 180.

ABATARDIR (a-ba-tar-dir: quelques-uns disent bref; mais la plupart disent

a-ba-tar-dir par un

a

ba comme dans bâtard), v. a. || 1o Faire dégénérer, au propre et au figuré. La mauvaise culture abatardit les plantes. Ils ne voyaient là que des moyens d'abâtardir les courages. || 2° S'abâtardir, v. réfl. Dégénérer. Les arbres fruitiers s'abâtardissent si on ne les soigne constamment. S'abâtardir dans l'oisiveté. La pureté de la doctrine était abâtardie par les Vaudois, Boss. Var. xi.

LIST. XII s. Com nostre lois est hui abastardie, Ronc. p. 116. || XIII s. Bien est France abastardie, Seigneur baron, entendez, Quant femme [la reine Blanche] l'a en baillie, Et tele comme savez, HUE DE LA FERTÉ, Rom. p. 188. || xv1o s. Ceste arrogance grecque, admiratrice seulement de ses inventions, n'avoit loi ni privilege de legitimer ainsi sa nation, et abastardir les autres, DU BEL

jeunes loups en allant et venant au lieu où ils sont nourris. || 5o Terme de cuisine, les pattes et la tête, le cou et les ailerons d'une volaille. || 6° Terme de boucherie. Peau, graisse et tripes des bêtes tuées par les bouchers.

- HIST. XII s. Dedans la marístre porte fut grans l'abateïs, Ch. d'Antio. VI, 93.

- ETYM. Abattre. L'ancien mot est abateïs, venant d'une forme du bas-latin: abateticius, dérivé du verbe abattere.

ABAT-JOUR (a-ba-jour), s. m. au plur. des abatjour. || 1o Sorte de fenêtre dont le plafond et l'appui sont inclinés en biseau de dehors en dedans, afin que le jour qui vient d'en haut se communique plus verticalement dans le lieu où elle est pratiquée. || 2° Cadre ou réflecteur en métal ou en papier que l'on place sur les lampes pour en rabattre la lumière. || 3o Volet plein ou à claire-voie, toile plus ou moins serrée, que l'on place devant les ouvertures des habitations pour arrêter les rayons solaires et les insectes.

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+ ABAT-SONS (a-ba-son), s. m. Se dit des lames de bois recouvertes de plomb ou d'ardoises qui garantissent les beffrois de la pluie et renvoient le son vers le sol. Au plur. des abat-sons.

† ABATTABLE (a-ba-ta-bl'), adj. Qu'on peut abattre. Ces chevaux sont abattables.

ABATTEMENT (a-ba-te-man), s. m. || 1o Action d'abattre; état de ce qui est abattu. Etre dans l'abattement. Relever quelqu'un de l'abattement. Un douloureux abattement de cœur. L'abattement pro

elle le jette dans des abattements auxquels il ne peut résister. On a honte de sa faiblesse passée et de l'abattement où l'on est tombé, BOURDAL. Pens. t. 11, p. 24. Pourquoi ces abattements et ces désolations où vous tombez? ID. ib. p. 356. Et cet abattement que lui cause la peste, CORN. OEd. v, 4. À cet abattement que vous laissez paraître, J'ai, s'il faut l'avouer, peine à vous reconnaître, LEMERC. Fréd. et Br. 1, 2. Sans tristesse, sans abattement, SÉVIG. 388. Il est des jours d'ennui, d'abattement extrême, où l'homme le plus ferme est à charge à lui-même, DUCIS, Macb. II, 3. || 2° Terme de médecine. L'abattement exprime une lésion fonctionnelle dont les conditions organiques nous échappent et qui a pour symptôme une diminution notable et soudaine des phénomènes vitaux dépendant de l'action nerveuse, du mouvement, des sensations, de l'entendement, des affections, des instincts.

- ETYM. Abattre; provenç. abatemen, abatamen: cat. abatiment; espagn. abatimiento; ital. abbatimento.

ABATTEUR (a-ba-teur), s. m. Celui qui abat. Ce bûcheron est un grand abatteur de bois. Vous êtes, je vois bien, grand abatteur de quilles, RÉGNIER, Sat. II. Cette locution se dit d'un homme qui fait beaucoup de besogne, et souvent, par ironie, d'un homme qui se vante de prouesses qu'il n'a pas faites.

HIST. xv. s. Et plus de cent mille choses que ces abatteurs de femmes savent tout courant et par cœur, L. XI, Nouv. 22.

ÉTYM. Abattre; Berry, abateux d'ouvrage. ABATTOIR (a-ba-toir), s. m. Lieu destiné à l'abatage des animaux, tels que bœufs, veaux, moutons, etc. qui servent à la nourriture de l'homme. Les abattoirs sont placés hors des murs d'enceinte des villes.

ABATTRE (a-ba-tr'), v. a. || 1o Jeter à terre d'une façon quelconque. Abattre un cheval, un cavalier. Abattre des olives, des noix. Abattre un arbre. Abattre une maison. Il lui abattit une main d'un coup de sabre. Abattre la tête. Il l'abattit d'un coup de fusil. Ce chasseur abat bien du gibier. Puisque l'arbre est si près de sa chute et que le coup qui doit l'abattre va bientôt partir et le renverser.... BOURD. Pens. t. II, p. 72. C'est ainsi qu'il abat de leur trône les potentats qui se confiaient en leur pouvoir, ID. ib. p.143. Pour le faire tomber, j'abattrai son appui, CORN. Rod. v, 1. Il a de votre sceptre abattu le soutien, ID. Cid, 11, 9. Et j'abattrai d'un coup sa tête et son orgueil, ID. Hér. 111, 3. Les livres sur Evrard fondent comme la grêle Qui, dans un grand jardin, à coups impétueux, Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux, BOIL. Lutr. v. Sous le glaive étranger j'ai vu tout abattu, VOLT. Orphel. 1, 2. Chacun se disputait la gloire de l'abattre, RAC. Andr. v, 3.

....

mais, lorsque tu m'abats, Je me relève encor pour insulter ton bras, LAMART. Jonath. 330. Comme la pluie abat et fait languir le soir une fleur qui était le matin, pendant la naissance de l'aurore, la gloire et l'ornement des vertes campagnes, FÉN. Tél. XXI. || 2° Fig. Abattre la puissance romaine. Il résolut d'abattre celui qui l'avait élevé. Dieu abat les puissants. Ce combat avait abattu les forces des ennemis. L'orgueil des Chaldéens est abattu, Boss. Hist. II, 4. Le peuple romain, ayant abattu les Gaulois et les Africains, ne voit plus rien à craindre et combat dorénavant sans péril, ID. ib. 1, 8. Les victoires de Léonce avaient abattu les Sarrasins et rétabli la gloire de l'empire en Orient, ID. ib. 1, 11. || 3° Laisser tomber, abaisser. Abattre sa robe. Il abattit sa toge. || 4° Faire retomber. Abattre la poussière. Abattre les bouillons d'un liquide en ébullition. || 5° Oter les forces du corps ou de l'âme, faire tomber. Abattre les forces d'un malade. La moindre fièvre l'abat. Abattre le courage. La peur nous abat. Le sage ne se laisse pas abattre par le malheur. Abattre l'audace, l'insolence. La pluie, dit-on, abat le vent. Me laissant abattre à la plus légère infirmité qui m'arrive, BOURD. Pens. t. II, p. 406. On lui en cache une partie, afin de ne le pas étonner dès l'entrée de la carrière et de ne lui pas abattre le cœur, ID. ib. t. 1, p. 89. Elle est tellement abattue de la perte de M. de la Rochefoucault, SÉV. 421. Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté, RAC. Ath. II, 5. tu ne prétends pas qu'il [le destin) m'abatte le cœur Jusqu'à te rendre hommage et te nommer seigneur, CORN. Mort de Pompée, III, 4. Abattons sa superbe avec sa liberté, ID. ib. 1, 1. Et du premier revers la fortune l'abat, ID Cinna, rv, 5. Les pensées pures qui le rendraient heureux, s'il pouvait toujours les soutenir, le fatiguent et l'abattent, PASC. edit. Cousin. Le vrai courage ne se laisse jamais abattre, FÉN. Tél. xx. Pour abattre leur orgueil, ID. ib. II. La prospérité nous élève, l'af fliction nous abat, Mass. Mart. La plus petite mortu-et abatoient leur ire ce qu'ils pouvoient, FROIS. II,

Gregoire le x tint, ID. 299. L'an mil deux cens | ba-si-6). || 1o Adj. Qui appartient à l'abbé, à l'abbesse soixante trois furent abatus li mansois (sorte de ou à l'abbaye. Maison abbatiale. Droits abbatiaux. monnaie], DU CANGE, abatare. || XIves. Toutes autres Fonctions abbatiales. || 2o Abbatiale, s. f. La maison monnoyes soient abatues [démonétisées), ID. aba- abbatiale. Le P. Lallement allait écumer le plus soutere. || xv s. Les cardinaux apaisoient les Romains

fication abat votre corps, ID. Tiéd. || Prov. Petite pluie abat grand vent, c.-à-d. peu de chose sufit pour calmer une grande querelle. || 4° Police. Mettre à mort, en parlant d'animaux. || 5o Abattre du bois, vu Abattre de la besogne, faire beaucoup d'ouvrage. || 6o En termes de marine, abattre un navire, le mettre sur le côté pour le réparer. Abattre, v. n. se dit d'un bâtiment qui tourne sur lui-même autour de son axe vertical. Le navire abat. || 7° Au jeu de trictrac, abattre du bois, jouer beaucoup de dames de la pile, afin de caser plus aisément. || 8o Aux cartes, abattre sen jeu, le mettre sur table pour le montrer. || 9. Fauconn. Abattre l'oiseau, le tenir serré entre les deux mains pour lui faire prendre quelque médicament. || 10° Corroierie. Abattre les cuirs, dépouiller les animaux tués. || 11° Vétérinaire. Abattre un cheval, le coucher sur un lit de paille, dans une position favorable soit pour l'opérateur, soit pour l'opération. || 12° En maréchalerie, abattre du pied, enlever une partie de corne qui est sur la face inférieure du sabot. C'est avec le rogne-pied ou le boutoir que le maréchal abat du pied. || 13° Manége. Abattre l'eau d'un cheval, essuyer l'eau d'un cheval lorsqu'il sort de l'eau ou lorsqu'il est en sueur. || 14° Abattre la frisquette et le tympan, se dit du mouvement que fait l'imprimeur après que sa feuille a été placée sur le tympan.

J'ABATTRE, v. rél. || 1o Se jeter à terre, et aussi tomber, descendre en volant. Ces deux rivaux veulent s'abattre. Le cheval s'étant abattu. Le vautour s'abattit sur.... Aigle qui s'abat doucement. L'oiseau s'abattit mourant. De la force du coup pourtant il [le sanglier s'abattit, LA FONT. Fab. VII, 27. Si dessous sa valeur ce grand guerrier s'abat, CORN. Cid, 11, 5. Nous comparions notre France à la Grèce, Quand un pigeon vient s'abattre à nos pieds, BERANG. Pig. Il est tombé en ruine par sa volonté dépravée, le comble s'est abattu sur les murailles, et les murailles sur le fondement, Boss. La Vallière, Profession. || 2° S'apaiser. Le vent s'abat. Son ressentiment s'abattit peu à peu. Dès le premier effort sa colère s'abat, MAIR. Mort d'Asdr. IV, 1.

- SYN. ABATTRE, DEMOLIR, RENVERSER, RUINER, DÉTRUIRE. Idée générale, faire tomber. L'idée propre d'abattre est celle de jeter à bas: on abat ce qui est élevé, haut. Celle de démolir est de rompre la liaison d'une masse construite: on ne démolit que ce qui est bâti. Celle de renverser est de mettre à l'envers ou sur le côté, ce qui était bien placé ou debout, droit, sur pied: or renverse ce qui peut changer de sens et de direction. Celle de ruiner est de faire tomber par morceaux: on ruine ce qui se divise et ce qui se dégrade. Celle de détruire est de dissiper entièrement l'apparence et l'ordre des choses: Le temps détruit tout, GUIZOT.

HIST. XI s. Ki abate femme à terre pur faire lui force.... L. de Guill. 19. De Saragoce [il] a la porte abatue, Ch. de Rol. 267. Mort il l'abat sur un buisson petit, ib. 243. O ses cadables les turs [il] en abatiet, ib. 8. || XII s. Des abatus est la terre jonchée, Ronc. p. 137. Diex sait bien du felon abattre la bobance, ib. p. 197. En mi la place [il] l'abat toutestendu, ib. p. 61..... lor orguels qu'est si grans Fust abatus.... ib. p. 27.1 [les guerriers) fauchentet abatent com vilain en essart, Saxons, 19. Toute plaine sa lance [il] l'abat mort au sentier, ib. 14. || xıno s. Et li Venicien firent abatre les murs et les tors, VILLEH. 56. S'il [le faucon] abat aue [oie] ou autre oisiel, l'Escoufle. Li cuens [comte] de Champaigne Et li rois d'Espaigne Fussent vil et abattu, Et France fust en vertu, HUES DE LA FERTÉ, Romanc. 191. Je m'ocirai s'autres que Garin m'ait [pour femme]; Dieus le me doint! Tous ces maus [il] abatrait, ib. p. 72. Maint chastel abatu, mainte vile essilie (ruinée], Berte, 2. Le servise que il li fera doit estre conté raisnablement et abatu de la dette, Ass. de Jér. 1, 189. Il est tenu et gardé à droit que les lois soient abatues par desacostumance, Livre de justice, 6. Mahom [Mahomet), chou [ce] dist li sains hermites, Tu desloiaux et pleins de rage, Abateras saint mariage, Rom. de Mahomet, 51. Et s'il iere si bien apris Qu'el [l'envie) ne peüst de tot son pris Rien abatre ne desprisier.... la Rose, 274. Et dit l'en que ces choses viennent du paradis terrestre, que le vent abat des arbres qui sont en paradis, JOINV. 220. Iceulx Blancs [Manteaux, ordre religieux) furent abatus au concile de Lyon, que

DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.

11, 20. Et à mes pieds t'a abattu à terre, CH. D'ORLEANS, 1. || xv1° s. Il faut dire que le zele est bien debile, quand il s'abat pour si peu, CALVIN, 275. Le sacrifice plaisant à Dieu est un esprit abbatu, ID. Inst. 692. Les chevaux s'en coururent à bride abbatue avec leur charriot devers la ville de Rome, AMYOT, Publ. 26. Valerius fait abattre sa maison et la razer jusques en terre, ID. ib. 18. L'on commencea à user d'engins de baterie pour abbatre grosses murailles, ID. Péric. 52. Elle fit serrer les portes et abbatre les grilles et les harses qui se fermoient à grosses serrures et fortes barrieres, ID. Antoi. 99. Il fut contraint d'abattre sa barbe, DES PERIERS, Cont. 19. Les forces abbattues par l'aage, MONT. 11, 19. Les courages sont abbattus, ID. I, 24. Il m'advient souvent en telle sorte de propos abbattus et lasches, propos de contenance, de.... ID. III, 277. ETYM. A et battre; bourguig. aibaitre; wall. abate; provenç. abatre; catal. abatrer; espag. abatir; ital. abbattere.

ABATTU, UE (a-ba-tu, tue), part. passé. || 1o Jeté à terre. Des arbres abattus par le vent. Perdrix abattue d'un coup de fusil. Les statues de Néron abattues par l'ordre du sénat. On te croirait toujours abattu sans effort, CORN. Cid. II, 2. Et ma tête abattue ébranlerait la vôtre, ID. Sert. IV, 2. J'adorerais un Dieu sans force et sans vertu, Reste d'un tronc par les vents abattu, Qui ne peut se sauver lui-même, RAC. Esth. II, 9. Mon cœur, respectant sa vertu, N'accable pas encore un rival abattu, ID. Alex. III, 2. || 2o Affaibli, privé de son pouvoir, de ses forces, de son courage, de son énergie. Abattu par la maladie. Parti abattu. Carthage abattue par les revers de la deuxième guerre punique. Je me sens tout abattu. Abattu par le chagrin. Esprits abattus. Il n'est pas abattu, malgré les mauvaises nouvelles. Le cœur de son père se repose sur elle, comme un voyageur abattu par les ardeurs du soleil se repose à l'ombre sur l'herbe tendre, FÉN. Tél. XXII. La douce vapeur du sommeil ne coule pas plus doucement dans les yeux appesantis et dans tous les membres fatigués d'un homme abattu que les paroles flatteuses de la déesse s'insinuaient pour enchanter le cœur de Mentor, ID. ib. VII. Moi-même, Arnauld, ici, qui te prêche en ces rimes, Plus qu'aucun des mortels par la honte abattu, En vain j'arme contre eux une faible vertu, BOIL. Ép. III. Ces mortels ennemis, sur qui l'on avait eu l'avantage, et qui semblaient abattus et vaincus, commencent à se relever, BOURD. Pensées, t. II, p. 106. Vous êtes l'âme la plus abattue au premier péril, Mass. Car. Par. Visage abattu, CORN. Sert. v, 3. Je demeure immobile et mon âme abattue Cède au coup qui la tue, ID. Cid. 1, 1. Pison a l'âme simple et l'esprit abattu, ID. Oth. II, 4. La main qui me tue Rend sous mes déplaisirs ma constance abattue, ID. Cinna, IV, 4. Je m'agite, je cours languissante, abattue, RAC. Bérén. IV, 1. Sa vue a ranimé mes esprits abattus, ID. Ath. II, 5. Et que puis-je au milieu de ce peuple abattu? ID. Ath. 1, 1. Cœur abattu, ID. Alex. v, 4. Du vieux père d'Hector la valeur abattue Aux pieds de sa famille expirante à sa vue, ID. Andr. IV, 5. Sous le joug étranger j'ai vu tout abattu, VOLT. Orph. 1, 2. Et le peu qui m'en reste [d'amis] Sous un joug étranger baisse un front abattu, ID. Mér. v, 4. + ABATTUE (a-ba-tue), s. f. || 1° Terme d'archit. peu usité aujourd'hui et ayant le même sens que RETOMBÉE (voy. ce mot). || 2o Salines. Travail d'une chaudière pleine d'eau salée, depuis le moment où on allume le feu jusqu'à celui où on la laisse reposer.

ABATTURE (a-ba-tur'), s. f. || 1° Terme forestier. L'action d'abattre, particulièrement les glands. || 2o f. plur. Terme de chasse. Trace qu'un cerf laisse dans les broussailles où il a passé. Le cerf se reconnaît à ses abattures.

ABAT-VENT (a-ba-van), s. m. Au plur. des abatvent. Appentis, claie, paillasson, mur, pièce de toile, bois, etc. placé au-dessus des ouvertures des habitations, et au-devant des plantes, pour les abriter contre le vent et la pluie. Les abat-vent des clochers servent aussi à rabattre le son des cloches.

ABAT-VOIX (a-ba-voi), s. m. Au plur. des abatvoix. Le dessus d'une chaire à prêcher, lequel sert à rabattre vers l'auditoire la voix du prédicateur. Les abat-voix sont utiles à celui qui parle et à ceux qui écoutent.

ABBATIAL, ALE (a-ba-si-al, si-al'; au plur. a

vent qu'il pouvait ce qui se passait à l'abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, ST-SIMON, 370, 157.

HIST. XVI s. Et cependant il fit grant chere des

escus abbatiaux, DES PERIERS, Contes, 90.

ETYM. Abbatialis, de abbas (voy. ABBÉ). ABBAYE (a-bé-ie), s. f. || 1 Monastère d'hommes ou de filles. Une abbaye fort riche. [[ 2o Le bénéfice attaché au titre d'abbé. Il avait jusqu'à trois abbayes. || 3. Les bâtiments du monastère. L'abbaye de Saint-Germain brûla en 1793. Quant à vous, suivez Mars, ou l'amour, ou le prince; Allez, venez, courez; demeurez en province; Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement; Les gens en parleront, n'en doutez nullement, LA FONT. Fab. II, 1. || Abbaye en règle, celle à laquelle on ne peut nommer qu'un religieux. Abbaye en commande, celle à laquelle on peut nommer un ecclésiastique séculier. || Prov. Pour un moine l'abbaye ne faut pas, c.-à-d. pour un qui fait défaut, une partie ne manque pas, un projet ne s'en exécute pas moins.

-HIST. x1 s. Se ceo fust u evesqué u abbeie....L. de Guill. 1 || x1 s. Se delivrast al regne nul liu [lieu] cum eveschiez, Priorez, abeies, u nuls arceveschiez, Li reis en saisireit les rentes et les fiés, Th.le Mart. 64. Deu (elle] servira dedens une abaïe, Ronc. 148. A la riche abaie du baron St-Maart (Médard], Sax. 29. Vous estes de l'abaïe As [aux, des] s'offre à tous (vous êtes de celles qui s'offrent à tous); Si ne vous nommerai, Romanc. 89. || XIII s. St-Estienne, une abaie qui estoit à trois lieues de Constantinoble, VILLEH. 61. Et avant en devroit porter heritage uns cousins en tiers degré ou en quart, de lignage du pere au religieus, que ses fix qui isteroit [sortirait] de l'abbeie pour avoir heritage, BEAUM. LVI, 2. Et puis (il] se rendit moine dedens une abeie, Berte, 2. || xv s. Car amour, en son abbaye Se tenoit chef de son couvent Ou [au] temps qu'ay congneu en ma vie, CH. D'ORL. Ball. 62.

ÉTYM. Provenç. et espagn. abadia; ital. abbadia; de abbatia, de abbas (voy. ABBÉ).

ABBÉ (a-bé), s. m. || 1o Celui qui gouverne ou possède une abbaye. Abbé crossé et mitré. Élire un abbé. || Abbé régulier, abbé qui était religieux lui-même et portait l'habit de son ordre. || Abbé en second, prieur d'un monastère. || Abbé des abbés, titre de l'abbé du Mont-Cassin, parce que tous les moines de l'Occident avaient reçu leur règle de cette abbaye. || Abbé cardinal, titre honorifique accordé par le pape, particulièrement aux abbés en chef, lorsque des abbayes qui avaient été réunies se séparaient. || Prov. Pour un moine on ne laisse pas de faire un abbé, c'est-à-dire que l'absence d'un homme n'empêche pas un projet de s'exécuter. || Nous l'attendrons comme les moines font l'abbé, c'est-à-dire, s'il ne vient pas à l'heure fixée, nous ne l'attendrons pas. || Le moine répond comme l'abbé chante, c'est-àdire les inférieurs se conforment aux habitudes de leurs supérieurs. || Jouer à l'abbé, jeu où l'on est obligé de faire tout ce que fait celui qui a été désigné pour chef et qu'on nomme abbé. || Se promettre la vigne de l'abbé, se promettre une vie de délices. || 2. Tout homme qui porte un habit ecclésiastique. Un jeune abbé. Un abbé de cour. Qui peut concevoir que certains abbés, à qui il ne manque rien de l'ajustement, de la mollesse et de la vanité des sexes et des conditions, qui entrent auprès des femmes en concurrence avec le marquis et le financier, et qui l'emportent sur tous les deux, qu'eux-mêmes soient, originairement et dans l'étymologie de leur nom, les pères et les chefs de saints moines et d'humbles solitaires, et qu'ils en devraient être l'exemple? LA BRUY. 14.

-HIST. XIS. Assez i a evesques et abéz, Ch. de Rol. 209. || x1 s. Donc enveia li bers au comte dous [deux]abéz, Qu'il lui doinse [donne] conduit.... Th. le Mart. 51. Quatorze rois i ot à heure de souper, Evesques et abbés, que je ne sai nomer, Sax. 13. || XIII* s. Là trova il moult grant gent et maint abbés et maint barons et maint autres homes du paîs de Bourgogne, VILLEH. 28. La justice laie les doit penre (prendre) et rendre à lorabbés, BEAUM. LVI, 4. Quant evesque et abbé reviendront de signer [faire le signe de la croix], Berte, 11. Lors fu li abes molt dolent, Pleins fu de maltalent e d'ire, Grégoire le Grand, p. 44. || xvi* s. Plusieurs allans le chemin de Para voyoient chapeaux et manteaux par terre qu'on ne daignoit amasser, les prenoient pour fils venant de St-Mathurin ou pour gens qui jouoient à l'abbé de Maugouverne, D'AUB. Hist. I, 134.

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