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HIST, XIII s. Quand la preuve chiet sur la parole afirmative et nor pas sur la negative, Ass. de Jérus. 109. Li clerc si dient, et il dient voir, que negative ne doit pas queoir [tomber] en proeve, mais afirmative i queoit, por ce qu'on le [la] pot et doit prouver, BEAUM. XXXIX, 47. || xvo s. Affirmatif d'une chose incertaine, CH. D'ORL. Bal. 111. || XVI S. Ils n'estiment point qu'un homme soit chrestien, si non qu'il s'accorde à toutes leurs determinations, tant affirmatives que negatives, CALV. Inst.

928.

- ETYM. Affirmativus, de affirmare, affirmer (Voy. AFFIRMER); provenç, affirmatiu; espagn, afir mativo; ital. affermativo.

AFFIRMATION (a-fir-ma-sion; de cinq syllabes en poésie), s. f. || 1o Action d'affirmer. J'avais besoin de votre affirmation pour croire ce fait. || 2° En termes de logique, caractère d'une proposition affirmative. L'affirmation est opposée à la négation. || 3o En termes de palais, assurance avec serment. Prendre acte d'affirmation.

- SYN. AFFIRMATION, AFFIRMATIVE. L'affirmation est l'action d'affirmer; l'affirmative est une proposition qui a la propriété d'affirmer. Il soutint son affirmation, il soutint ce qu'il avait affirmé; il soutint l'affirmative, il soutint la proposition qui affirmait une opinion.

HIST. XIII s. Et cix afirmemens doit estre provés par tesmoins ou par recort d'ommes, BEAUM. XXXIX, 48. || XIV s. Et aussi comme affirmacion et negacion sont en la pensée ou entendement, semblablement et proporcionellement sont en l'appetit prosecution et fuite, ORESME, Eth. 474.

- ETYM. Affirmatio (voy. AFFIRMER); provenç. affirmatio; espagn. afirmacion; ital. affermazione. Affirmation ne paraît être que du XIV s.; auparavant on a dit afirmement.

AFFIRMATIVE (a-fir-ma-ti-v'), s. f. Voy. AFFIR

MATIF.

AFFIRMATIVEMENT (a-fir-ma-ti-ve-man), adv. D'une manière affirmative. Nous croyons qu'il est ridicule de parler affirmativement et avec chaleur de quoi que ce soit, VAUVEN. Sur les anciens et les mod.

AFFIRMÉ, ÉE (a-fir-mé, mée), part. passé. [Dans la magie] Il y a des faits embarrassants affirmés par des hommes graves qui les ont vus, ou qui les ont appris de personnes qui leur ressemblent, LA BRUY.

14.

AFFIRMER (a-fir-mé), v. a. || 1o Assurer qu'une chose est vraie. Affirmer avec serment. J'ose affirmer que.... Ne rien affirmer. || 2° En termes de logique, exprimer l'affirmation. Toute proposition affirme ou nie. || 3. En termes de palais, jurer, assurer par serment.

HIST. XII S. Mais il ne voleit pas la cote verte oster; Kar jo quid bien pur veir, esil puis afermer, Qu'il out desuz [dessous] la haire, qu'il ne volt pas mustrer, Th. le mart. 162. || XIII s. Lors fu mandé li messager que Salehedin i avait envoiié, si lor fu dit et affremé que il averoient bataille au jour que il avoient requis, Chr. de Rains, 26. Seigneur, se là fussiés, por voir vous puis conter, Très bien peüssiés dire et pour voir afermer Qu'ainc ne veïs

siècle qu'affirmer a supplanté affermer, sans doute | sère humaine, ID. ib. p. 413. || 3o En termes de pour établir une distinction entre affermer, donner spiritualité, le pain de l'affliction. Nourri du pain à ferme, et affermer, assarer.

+ AFFIXE (a-fi-ks'). || 1o Adj. Terme de gram-
maire. Il se dit des particules ou des lettres
qui s'ajoutent aux mots pour en modifier le sens.
Particules affixes. || 2° S. m. Un affixe. Affixe est
le nom commun des préfixes et des suffixes.
- ÉTYM. Affixus, de ad (voy. A) et fixus (voy.
FIXE).

+AFFLEURAGE (a-fleu-ra-j'), s. m. || 1° Action de
délayer la pâte du papier. || 2o Se dit de la farine
lorsqu'elle rend beaucoup.

+AFFLEURANT, ANTE (a-fleu-ran, ran-t'), adj. Terme de papeterie. Il se dit d'une pile qui délaye la pâte à maillet nu.

AFFLEURÉ, ÉE (a-fleu-ré, rée), part. passé. || 1o Mis de niveau. Deux planches exactement affleurées. Les bords étaient affleurés par l'eau qui croissait encore. || 2° En termes de géognosie, stratifications affleurées, stratifications, qui, en raison de leur épaisseur croissante, se rapprochent de la direction horizontale.

+AFFLEURÉE (a-fleu-rée), s. f. Terme de papeterie. Pâte fournie par une pile affleurante.

+ AFFLEUREMENT (a-fleu-re-man), s. m. || 1° Action d'affleurer; état de ce qui est affleuré. || 2o En termes de mines, condition d'un filon qui se rapproche de la surface du sol.

AFFLEURER (a-fleu-ré), v. a. || 1o Mettre de niveau deux corps contigus, de manière que l'un ne fasse pas saillie sur l'autre. Affleurer les battants d'une armoire. || 2° En termes de physique, enfoncer dans un liquide jusqu'à une marque précise. Affleurer un aréomètre. || 3o Arriver jusqu'à être de niveau. La rivière affleure ses bords. || Etre tangent, en parlant du fil à plomb. || 5° V. n. Ces pièces de bois affleurent bien, elles sont bien de niveau. || 6° En termes de tourneur, rendre uni. || 7° Délayer la pâte du papier. || 8° Mêler ensemble de l'orge, du seigle et du froment.

- HIST. XVI s. Ces remedes repoussent le sang et les autres humeurs qui affleuroient à la partie, à cause de la douleur et inflammation, PARÉ, X, 8. - ÉTYM. À et fleur (voy. FLEUR). On a dit dans le XVI s. fleurer: Enterrés des grands vazes de terre ou de bois, jusques à la gueule fleurans le plan de la terre, o. DE SERRES, 625.

† AFFLEURIE (a-fleu-rie), s. f. La fine fleur de

la farine.

ÉTYM. À et fleur.
AFFLICTIF, IVE (a-fli-ktif, kti-v'), adj. Qui
frappe directement la personne. Ce qu'il y a d'afflic-
tif dans les peines. Peines afflictives. On y voit l'es-
prit du vainqueur dans les peines afflictives, MON-
TESQ. Esp. XXVIII, 1. || Il ne se place qu'après le
substantif.

- REM. Bien que afflictif se dise particulière-
ment au féminin et dans la locution, peine afflic-
tive, il n'y a cependant aucune raison pour ne pas
employer ce mot au masculin et d'une façon géné-
rale.

AFFLICTION (a-fli-ksion; de quatre syllabes en poésie), s. f. || 1° Peine morale. Profonde affliction. Etre plongé dans l'affliction. Si vous voyez quelqu'un dans l'affliction. Le temps amortit les afflictions. Dieu, qui voyez mon trouble et mon affliction,

de l'affliction.

SYN. AFFLICTION, DOULEUR. L'idée commune à ces mots est de représenter notre âme comme sujette à une action qui lui cause du mal. La différence est que affliction porte l'esprit sur une cause qui a agi, tandis que, dans douleur, l'action de la cause est présente. On éprouve de la douleur; on reçoit une affliction; mais, lorsque le coup est porté, être plongé dans la douleur ou être plongé dans l'affliction est d'une synonymie à peu près complète.

- HIST. XI s. [Qu'il] les prie et serve par grant afflictiun, Ch. de Rol. CCXXXVII. || XII° s. [II] s'en est entrez à grant affliction, Ronc. p. 116. Quant ert entré laenz, dunc jut en oreisun, E en plur e en lermes e en afflictiun, Th. le Mart. 101. Certes je prierai al seignur de vertuz: Venge le sanc des tuens, Deus, qui est espanduz, E les afflictiuns, dunt numbres est ous [eu], ib. 76. 10.76.1 b. 76. || *111* s. Humeliez me sui en afflictions; sire Dieux, met moi en vie pardurable, Psautier, fo 146. || XIV s. Si comme aucune afflicion ou peine corporel, ORESME, Eth. 49. Car eulx punissent et establissent peines et afflictions à tous ceux qui font mal, ID. ib. 72. || XVI S. Il n'appartient pas aux fideles d'affliger [frapper, punir) ne faire nuisance. Mais aussi ce n'est pas faire nuisance ni afliger, de venger par le mandement de Dieu les afflictions des bons, CALVIN, Inst. 1498. Ils s'attendoient bien de recepvoir toutes les plus extremes afflictions et peines, que peuvent souffrir les vaincus d'un vainqueur justement indigné, AMYOT, Démétr. 55.

ÉTYM. Afflictio (voy. AFFLIGER); provenç. af

fliction; espagn. affliccion; affliccion; ital. afflizione.

AFFLIGÉ, ÉE (a-fli-jé, jée), part. passé. || 1o Atteint d'un malheur. Affligé d'une peste terrible. Affligé d'un cancer. Affligé par tant de maux. [Gens] qui, par la délicatesse de leur complexion ou le dérangement de leur santé, sont affligés de fréquentes maladies, d'infirmités habituelles, souvent même de douleurs très-aiguës, BOURD. Pensées, t. 1, p. 217. || 2° Qui a de la tristesse. Il est très-affligé de cette mort. Un cœur affligé. Une âme affligée. Il parut presque aussi affligé que moi, il versa des larmes, FÉN. Tél. XV. Combien de fois l'a-t-on vu inquiété de leur salut, affligé de leur résistance, consolé par leur conversion! Boss. Louis de Bourbon. Sa mort

m'a changée D'implacable ennemie en amante affligée, CORN. Cid, v, 7. || On dit par antiphrase: Il est affligé de cent mille livres de rente, d'une santé robuste. || 3° Substantivement. Il est bon de consoler les affligés, de compatir à leurs peines et de les secourir dans leurs besoins, BOURD. Pensées, t. 1, p. 212. Quoi que j'aie pu dire ailleurs, peut-être que les affligés ont tort; les hommes semblent être nés pour l'infortune, LA BRUY. 14. || On fait suivre affligé de de avec un infinitif ou de que avec le subjonctif: Je suis affligé de voir les choses en cet état. Je suis affligé que vous ayez perdu votre procès.

SYN. AFFLIGE, ATTRISTE, FACHÉ, MORTIFIE. L'idée commune à ces quatre mots est, péniblement affecté. Mais attristé, venant de triste, indique quelque chose de général : : on est attristé par tout ce qui cause la tristesse, aussi bien par des événements malheureux que par des modifications intérieures de l'âme. Une journée pluvieuse peut nous attrister, mais elle ne nous afflige pas. Affligé au affliction, CORN. Hor. v, 2. Les enfants ont des contraire suppose un mal considérable qui nous est arrivé: on est affligé de la perte de ce qu'on aime, des malheurs publics. Faché a le même sens, sauf qu'il se rapporte à des peines moins grandes et sur

tes gent si vaillament errer, Ch. d'Ant. v. 401. Se li RAC. Athal. v, 7. Quelque soulagement pour votre

barons [mari] revient.... et dist que li enfant sont
bastart, en afermant qu'il ne fu el païspar nuit ne joies immodérées et des afflictions amères sur
par jor, BEAUM. XVIII, 14. || XIVo s. Il avait donné à de très-petits sujets; ils ne veulent point souffrir de
entendre de bouche et affermé aux dits courretiers..... mal et ils aiment à en faire: ils sont déjà des hom-

Bibl. des Chart. 2o série, t. III, p. 424. || XV° s. Les mes, LA BRUY. 11. Si, de tous les hommes, les uns tout à des contrariétés. On fache quelqu'un en susAnglois se vantoient et affermoient que [les Bretons] mouraient, les autres non, ce serait une désolante citant sa mauvaise humeur; on l'afflige en portant les avoient mandés, et se tenoient leurs soudoyers, affliction que de mourir, ID. 11. Soyons tous dans des coups à son cœur. Mortifié s'adresse à l'amourFROISS. II, II, 68. || XVI s. Clitomachus affermoit les larmes, retranchons toutes les visites, comme propre. On est mortifié d'une défaite, d'un manque n'avoir jamais sceu.... MONT. II, 238. Peu de gents au jour d'une grande affliction.... Boss. Pensées d'égards, d'un refus d'honneur, des fautes qu'on a faillent, notamment aux choses malaysées à persua- chrét. 7. Pendant que tant de mondains sur la terre commises, d'un affront.

der, d'affermer qu'ils l'ont veue, ID. IV, 179. Syl- nous assurent encore tous les jours et nous pren

AFFLIGEANT, ANTE (a-fli-jan, jan-t'), adj. Qui vestre la [la puissance du pape] prefere à tous con- nent à témoin qu'il n'y a pour eux dans le monde afflige, qui cause de l'affliction. Des infirmités affliciles et tous decrets, affermant que toute la vertu qu'amertume, que trouble et affliction d'esprit.... geantes. Cette vue est affligeante. A peine leur restede l'Escriture depend d'icelle, SLEIDAN, F. 3. La BOURD. Pensées, t. 1, p. 456. Calypso ressent une t-il quelque lueur pour se conduire; situation afflimere afferma qu'elle avoit conceu les deux enfants nouvelle fureur, voyant que l'affliction augmente la geante et presque accablante.... BOURD. Pensées, t. II,

du Dieu Mars, AMYOT, Rom. 6.

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beauté d'Eucharis, FÉN. Tél. VII. || 2o Malheur, tri- p. 19. || Il est affligeant de, loc. impers. Il est fabulation. Il succomba sous les afflictions. Les pertes, cheux, triste de. Il est affligeant de voir comme ils se les afflictions, les disgraces. L'affliction et la mi- conduisent. || On peut mettre cet adjectif avant son

ETYM. Affirmare, de af pour ad (voy. A), et firmare, rendre ferme (voy. FERME et FERMER); provenç. affermar; espagn.afirmar; ital. affermare. Affirmer sère publique dans les empires. Si toutes ces souf- substantif, quand l'harmonie le permet: Une nouest la forme moderne du mot, dont affermer est frances et toutes ces afflictions étaient prises, ac- velle affligeante et Cette affligeante nouvelle. la forme ancienne (voy. aussi AFFERMIR). On a dit ceptées, offertes en sacrifice et présentées par un AFFLIGER (a-fli-jé. On met un e muet après le affermer dans tout le cours de la langue, même esprit de foi, tout profiterait alors pour la vie éter-g devant l'a et l'o), v. a. || 1. Causer un grand au xvI s., conformément à l'analogie française qui nelle, et rien ne serait perdu, BOURD. Pensées, t. 1, dommage, désoler, tourmenter. De longues guerde firmus avait fait ferme, et qui, par conséquent, p. 215. Dans mes afflictions, dans toutes mes tra- res ont affligé l'Europe. Un grand malheur eût d'affirmare faisait affermer. Ce n'est qu'au xvIII verses et tous les chagrins inséparables de la mi- affligé l'État. Etre affligé d'une maladie cruelle. Le

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choléra, parti de l'Inde, vint affliger l'Occident. La guerre est le plus grand des maux dont les dieux affligent les hommes, FÉN. Tél. x. Jeserai du parti qu'affligera le sort, CORN. Hor. 1, 1. Il affligera d'impôts la gloire du royaume, PASC. Proph. 25. Quand la mort affligeait un corps innocent, PASC. édit. Cousin. Si le ciel.... Veut encor m'affliger par une longue vie, RAC. Bérén. III, 1. Tout cela [les pénitences imposées par le confesseur] devient impossible; pourquoi? Parce que tout cela afflige les sens et qu'on ne prétend rien leur retrancher de leurs commodités et de leurs aises, BOURD. Pensées, t. 1, p. 340. De quelles austérités affligez-vous votre corps? ID. ib. p. 352. L'on s'insinue auprès de tous les hommes, soit en les flattant dans les passions qui occupent leur ame, ou en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps, LA BRUY. 14. || 2° Causer de l'affliction. Cette mort nous afflige. Peu de chose nous console, parce que peu de chose nous afflige. Je viens de l'affliger, c'est à moi d'adoucir Le déplaisir mortel qu'elle a dû ressentir, VOLT. Zaïre, III, 1. Il m'adore, Phædime, et les mêmes douleurs Qui m'affligeaientici le tourmentaient ailleurs, RAC. Mithr. 11, 1. Jel'affligerais trop si j'osais achever, ID. Phèd.v, 3. Son visage odieux m'afflige et me poursuit? ID. Esth. 11, 1. J'ai tantôt sans respect affligé sa misère, ID. Iphig. III, 1. Ô Dieu, vous plaît-il de m'abaisser ou de m'élever, de m'affliger ou de me consoler, de traverser mes desseins ou de les favoriser? BOURD. Pensées, t. 11, p.73. || Par extension. Ils voudraient toucher les cœurs et ne font qu'affliger les oreilles. || 3° Mortifier. Vous pouvez réparer, en affligeant votre chair, vos voluptés criminelles, MASS. Car. Vocation. L'austérité d'une haire presque perpétuelle affligeait l'innocence de son corps [de Saint-Louis], ID. St Louis. J'ai affligé mon âme par le jeûne, ID. Resp. Commentas-tu pensé.... que, pendant que tu te permets tout, tu eusses le droit d'affliger tous mes désirs? MONTFSQ. Lettr. pers. 161. || 4° S'affliger, v. réfl. Eprouver de l'affliction. S'affliger des malheurs d'un ami. Je m'afflige de voir que.... La contrition est une douleur et, par conséquent, un acte de la volonté qui s'afflige, qui hait, qui déteste, BOURD. Pensées, t. 1, p. 288. Sans vous en affliger, présumez avec moi.... CORN. Poly. 1, 3. Ne nous affligeons point vainement l'un et l'autre, RAC. Baj. III, 4.

† AFFLOUER (a-flou-é), v. a. Terme de marine. folé. || 2° En termes de marine, déranger l'aiguille Ramener un bâtiment échoué à un endroit où il y a aimantée. Un coup de foudre qui frappa le bâtiment, assez d'eau pour qu'il flotte.

ÉTYM. À et flot.

AFFLUENCE (a-flu-an-s'), s. f. || 1° Ecoulement abondant d'eau, de liquides. L'affluence des eaux fit déborder la rivière. L'affluence des humeurs. || 2o Fig. Grande abondance de choses. Une affluence considérable de marchandises. Le bonheur du peuple ne consiste pas seulement dans l'affluence des fruits de la terre, FÉN. t. XXII, p. 375. Cette affluence, ce crédit, cette autorité, ces titres, ces trésors, voilà ce que Dieu abandonne indifféremment au vice et au libertinage, BOURD. Pensées, t. 1, p. 331. L'auguste maison d'Autriche, où, durant l'espace de quatre cents ans, on ne trouve que des rois et des empereurs et une si grande affluence de maisons royales, avec tant d'États et de royaumes, qu'on a prévu, il y a longtemps, qu'elle en serait surchargée, Boss. Marie-Thérèse. || 3° Grand concours de monde. Affluence extraordinaire. Au milieu de l'affluence des spectateurs. Il y eut une grande affluence à ses obsèques. Les habitants sortaient des villes et des bourgades en affluence. L'affluence des étrangers dans cette ville.

SYN. AFFLUENCE, CONCOURS. Il n'est pas besoin d'indiquer que ces deux mots diffèrent essentielle ment de multitude et de foule, par l'idée de mouvement qui y est incluse. Concours et affluence se confondent souvent; pourtant toutes les fois qu'il importera de distinguer l'arrivée en masse d'une foule ou l'arrivée successive d'une foule, on se servira dans le premier cas de concours et dans le second d'affluence.

- HIST. XVI S. Et non seulement vescurent en affluence plantureuse de tous biens, ains encores amasserent ilz de l'argent pour l'entretenement de la guerre, AMYOT, Timol, 34.

ÉTYM. Provenç. et espagn. afluencia; ital. affluenza; de affluentia, de affluens (voy. AFFLUENT). AFFLUENT, ENTE (a-flu-an, an-t'). || 1o Adj. En parlant d'un cours d'eau, qui a son embouchure dans un fleuve ou dans une autre rivière. Le Rhin et les rivières affluentes. || 2° S. m. L'Indre et le Cher sont des affluents de la Loire. La Seine a de nombreux affluents. || Onledit aussi des fleuves qui se jettent à la mer. Le Danube est un des affluents de la mer Noire. || 3o Adj. En termes de médecine, se dit des humeurs qui se portent en abondance dans quelque partie. Sang affluent; sérosité, salive affluente.

- ÉTYM. Affluer. AFFLUER (a-flu-é), v. n. || 1° Couler vers. Les fleuves affluent dans la mer. Le sang afflue vers le cœur. || 2° Fig. Abonder, surveniren grande quantité. Les biens, les honneurs, tout leur afflue. Voilà pourquoi tout afflue à Paris, J. J. ROUSS. Ém. v. || 3o Survenir en grand nombre. Les étrangers affluent à Paris. On affluait à Rome de toutes les

-HIST. XII°s. Par veue et par oïe eret il justes, si ma-
noit entre ceaz ki de jor en jor afflient l'arnme [ame]
del juste par lor malvaises ævres, Job, 441. Cant
la severiteiz de la deventriene [intérieure] visitation
enflammet l'afflite pensée encontre soi-mimes.... ib.
484. Elyphas, qui premiers entre les amis Job parolet,
si forvat juske al ramponnement del afflit, ib. 476.
XIII S. C'est le Baudrain qui fist nostre roi si af-
flire Que par force le fist desus son arçon gire, DU
CANGE, affligere. || xv° s. Et vers la nuit les Ecos-
sois.... prindrent le roy qui moult estoit las et afflict,
J. DE TROYES, Chron. 1465. || XVIos. Affligé de lon-
gue hydropisie.... MONT. II, 26. J'ay aultrefois esté
employé à consoler une dame vrayement affligée,
- HIST. XIV S. Ge donne et laisse à tousjours mès
ID. III, 291. Il n'est pas raisonnable de laisser et aux paroissiens affluans chacun an en l'eglise
abandonner l'affligé en son affliction sans luy don- de Juigné au jour de Pasques.... DU CANGE, recep-
ner quelque reconfort, AMYOT, Démosth. 31. Nous tio.
souspirons avec les affligés, compatissons à leur
ÉTYM. Affluere, de ad, à, et sluere, couler (voy.
mal, CHARRON, Sagesse, 1, 33.
FLUX).

ÉTYM. Wall. affligt, bossu; de affligere, de ad (voy. A) et sligere, frapper. Fligere est le même que le grec πλήγειν (VOY. PLAIE). Le latin affligere, ayant l'accent sur sli, n'aurait pu donner, que par méprise de conjugaison, affliger; aussi ne l'a-t-il pas donné dans l'ancien français. Le verbe y est aflire et le participe aflit, de afflictus. C'est au XVIe siècle que affliger, calqué sur le latin, a fait oublier l'ancienne forme régulière.

+ AFFLORINEMENT (a-flo-ri-ne-man), s.'m. L'ensemble de l'évaluation des fiefs. D'autres gentilshommes ont demandé si c'est mon père ou moi qui paye l'afflorinement des fiefs, terme barbare que j'espère voir bientôt bannir de la langue provençale, MIRAB. Collect. t. 1, p. 115.

ETYM. À et florin. En Provence les contributions étaient réparties entre les trois ordres. C'étaient les biens et non pas les personnes qui les devaient. La noblesse répartissait entre les fiefs la part d'impôt qui retombait à sa charge. A cet effet, la valeur de chaque fief était représentée par un certain nombre d'unités qu'on nommait florin. Le florin, monnaie de l'empire, n'était plus en Provence, ni une monnaie de compte, ni une monnaie ayant cours; c'était une mesure commune qui servait A estimer le prix et le revenu de chaque fief.

AFFLOUAGE (a-flou-a-j'), s. m. Terme de marine. Action d'afflouer un pavire.

parties du monde.

AFFLUX (a-flu), s. m. Terme de médecine. Action d'affluer, en parlant des liquides du corps. L'afflux du sang vers la tête.

FLUX).

ÉTYM. Affluxus, de ad, à, et sluxus, flux (voy.

+ AFFOLAGE (a-fo-la-j'), s. m. Maladie des anémones qui les fait pousser en feuilles et les empêche de fleurir.

- ETYM. Affoler, 1.

AFFOLÉ, ÉE (a-fo-lé, lée), part passé. || 1° Rendu fou et, par extension, qui aime d'une manière folle. Vous ne sauriez croire comme elle est affolée de ce Léandre, MOL. Méd. m. lui, III, 7. || 2o En termes de marine, aiguille afsolée se dit de l'aiguille d'une boussole qui est dérangée soit par le voisinage du fer, soit par un orage.

+ AFFOLEMENT (a-fo-le-man), s. m. Action de devenir fou et surtout fou par amour.

- HIST. XVI s. Lorsqu'Apollon vient troubler sa prestresse De son divin et sainct affollement.... DU BELLAY, V, 34, verso. Ta raison toujours attrempée Ne veut souffrir estre trompée Par leur mignard affolement [des passions et des plaisirs), RONS. 519.

4. AFFOLER (a-fo-lé; dans le xvio s. Palsgrave, p. 23, recommande de prononcer les deux f), v. a. || 1° Rendre fou, et particulièrement rendre fou d'amour. Il ya de quoi l'affoler. Cette femme l'a af

affola la boussole. || 3o S'affoler, v. rést. S'affoler de quelqu'un, de quelque chose. Voyez-vous pas de tous côtés De très-décrépites beautés.... S'affoler de dévocon? VOLT. Ép. 31.

HIST. XII s. [Je] Chanterai pour mon courage, Que je veuil reconforter; Car avec [malgré] mon grant domage, Ne veuil mourir n'afoler, Dame de Faiel dans Couci. Plus est ferms que la piere qui siet sur vive mole; Vicaries est saint Pierre, bien seis, n'est pas ventvole; Duns, presens ne preiere jà nel muet ne afole, Th. le Mart. 86. || XIII s. Nule autre chose ne demant, Ne me sers james autrement, Et lesse ta pensée fole Et le fol Dieu qui si t'afole, la Rose, 6928. || XVI s. Carneades s'en trouva si affolé [de la soif de savoir] qu'il n'eut plus le loisir de se faire le poil et les ongles, MONT. 1, 181. En espandant toutes ces mocqueries sur cet homme, qui, au demourant, n'estoit pas guere sage, ils le gasterent et l'affolerent encore davantage, AMYOT, Démétr. 17. Ceste passionnée affection de Dionysius estoit un malheur à Platon, car il en estoit affolé, ne plus ne moins que sont les jaloux de leurs amours, ID. Dion, 19. Heureux celui que ta folie [Calliope] afsole, RONS. 397. Elle vouloit, tant le plaisir l'affole, Tout à la fois desgorger sa parole, ID. 642.

- ÉTYM. A et fou (voy. Fou); provenç. afolir.

† 2. AFFOLER (a-fo-lé), v.a. Blesser, endommager, léser. Ce qui me console, C'est que la pauvreté comme moi les affole, RÉGNIER, Sat. II. Il m'a perdue, il m'a toute affolée, LA FONT. Papef. || Ce mot est tombé en désuétude.

- HIST. XII S. Defendez-moi de honte et d'afsoler, Ronc. p. 2. Jà fust Rolantet mors et afolé, ib. p. 91. L'on ne doit pas son baron afoler [faire tort a], ib. p. 180. Lors verrez vous son corps destruire et afoler, ib. p. 201. || XIII° S. Miex vosisse, voir, qu'afolé M'eüst l'en d'un pié ou d'un oil, Ren. 5558. Sunt en terre establi li juge.... Por ceus pugnir et chastoier Qui, por ceste amor renoier, Murdrissent les gens et afolent, Ou ravissent, emblent et tolent, la Rose, 5490. Mes li archiers qui moult s'efforce De moi grever et moult se paine, Ne m'i lest mie aler sans paine; Ains m'a fait, por miex afoler, La tierce floiche au cuers voler, ib. 1771. Ne voil ge pas que les gens aiment De cele Amor dont il se claiment En la fin las, chetis, dolant, Tant les va amors afolant, ib. 4364. N'ert pas grans los, si con je cuit, Se il les deus enfans afole, Fl. et Bl. 3020. Si comme se uns hons convenence à un autre qu'il tuera un home por cent livres, ou afolera, ou batera.... BEAUM. XXXIV, 2. Si est aussi comme s'on me prestoit un ceval de vingt livres sain de toz membres, et il afoloit avant que je le rendisse, ib. xxxiv, 18. Se je l'ai servi de ronci [cheval] sain, et il l'afole tant comme il le tient, ID. XXVIII, 5. Sur ses piez. tu acolas [tes cheveux] En baisier les, et en mouiller De tes lermes dont feis courcier [courroucer] Dyables que lors tu affolas, J. DE MEUNG, Tr. 888. || xvo s. Grand foison y en eut de mors et d'affolés, Bouciq 1, ch. 30. [Messire Olivier d'Auterme et autres] se contrevengerent sur des navieurs de la mort de leur cousin et les decouperent trop vilainement.... et les renvoyerent à Gand ainsi affolés.... FROISS. II, II, 61. Luy sembloit [au roy] que son pays [du duc de Bourbon] estoit foible et que tantost l'auroit affolé. COMM. 1, 2. || XVI s. Vous nous affolerez de coups, monsieur, cela est seur, RAB. Pant. IV, 16. Et leur sembloit que c'estoit affoler les mysteres de Venus que de les oster du retiré sacraire de son temple, MONT. II, 350. Les flesches, pierres et traictz les alloient assener jusques là où ilz estoient escartez au loing, de maniere qu'il y en eut beaucoup affolez, AMYOT, Marcel. 25. Ilz venoient à deschirer leurs playes davantage, et consequemment à se perdre et affoler eulx mesmes, ID. Crass. 47.... Qu'il ne chaloit point aux dieux, si aucun s'estant affolé un pied [boiteux) venoit à estre roy, mais..., ID. Agésil. 4.

ETYM. À et fouler; provenç. afolar, afoliar. + AFFOLIR (a-fo-lir), v. n. Devenir fou. Cet homme affolit tous les jours.

-REM. Ce mot est encore dans la 10 édition du Dictionnaire de l'Académie. Il est vieux, mais n'est pas tout à fait hors d'usage. Il mériterait de ne pas périr tout à fait.

-ÉTYM. A et fou.

AFFORAGE (a-fo-ra-j'), s. m. Terme de féodalité. Droit qui se payait à un seigneur pour la vente du vin. Prix mis par autorité de justice à une chose vénale.

HIST. xvs. Les religieux ont certain droit

seigneurial en ladite ville de Laigny, appellé droit d'afforaige ou tavernerie, DU CANGE, afforagium.

- ETYM. Bas-lat. afforagium, du bas-lat. afforare, mettre un prix, de af pour ad (voy. A), et forum, marché (voy. FOR, FUR, FORUM).

† AFFORER (a-fo-ré), v. a. Terme de féodalité. Mettre le prix aux vins, aux denrées.

† AFFORESTAGE (a-fo-re-sta-j'), s. m. Droit d'usage qu'on exerce dans une forêt.

+ AFFORESTER (a-fo-re-sté), v. a. Concéder un droit d'usage dans une forêt.

ÉTYM. À et forêt.

AFFOUAGE (a-fou-a-j'), s. m. Droit de prendre dans une forêt la quantité de bois nécessaire pour se chauffer, ou répartition, entre les habitants d'une commune, du bois dont ils ont la propriété en commun. || Entretien en combustibles d'une usine. || Terme d'anciennes coutumes. Droit sur chaque feu ou maison.

HIST. XIV s. Donnons encore aus diz reli

gieux l'affouage pour le four, et pour leur affouage de la dite maison à prendre dou mort boys, Du CANGE, affoagium.

- ETYM. Bas-lat. affoagium, du bas-lat. affocare, mettre au foyer, de ad, à (voy. A), et focus, foyer (voy. FEU).

+ AFFOUAGEMENT (a-fou-a-je-man), s. m. Terme d'ancienne administration. Impôt payé par feux. Les fonctions des municipalités consistent principalement à choisir et à établir des impositions suffisantes pour produire la somme qu'exige la quotité de leur affouagement,'opération très-simple, qui rend en quelque sorte l'impôt volontaire par le choix de ceux qui doivent le supporter, MIRAB. Collect. t. II, p. 378.

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ÉTYM. À et fourche.

AFFOURCHÉ, ÉE (a-four-ché, chée), part. passé. || 1° Qui est à califourchon. Un jour un villageois sur son ane affourché Trouva par un ruisseau son passage bouché, J. B. ROUSS. Fable. || 2o En termes de marine, bâtiment affourché.

AFFOURCHER (a-four-ché), v. a. || 1° Mettre à califourchon. Affourcher un enfant sur un ane. || 2o S'affourcher, v. rést. Changé sera lors en rhinocéros L'ailé cheval qu'on appelle Pégase; Et l'on verra sur une selle rase Maître curé s'affourcher sur son dos, CHAUL. à Mme du Maine. || 3° En charpenterie, joindre ensemble deux pièces de bois, dont l'une est à languette, et l'autre à rainure. || 4° En termes de marine, disposer les câbles de deux ancres en fourche. Affourcher un bâtiment. || V. n. Le vaisseau affourche. || S'affourcher, v. rést. On s'affourche pour mieux tenir contre le vent.

ETYM. A et fourcher. AFFOURÉ, ÉE (a-fou-ré, rée), part. passé. +AFFOURER (a-fou-ré), v. a. Synonyme d'affourager. Il s'applique plus spécialement aux bêtes à laine. Affourer le troupeau.

vous marchez sur la terre semblables aux esprits célestes, Boss. Letellier. Sortis des figures qui pas sent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements, in. duch. d'Orl. Sans attendre, comme d'autres, qu'on lui fasse honnêteté pour l'inviter à monter plus haut, il se croit affranchi de cette loi de hiérarchie et prévient de lui-même cette cérémonie, BOURD. Pensées, t. II, p. 104. Il demandait à Dieu d'être affranchi de l'esclavage où le vice le tenait captif et comme enchaîné, ID. ib. t. 1, p. 281. D'une si longue erreur pleinement affranchie, CORN. Cinna, V, 3. Promettez: affranchi du péril qui vous presse, Vous verrez de quel poids sera votre promesse, RAC. Baj. 11, 3. || 2° Substantivement. Esclave à qui on a donné la liberté. Horace était fils d'un affranchi. Une affranchie. Rome à trois affranchis fut longtemps asservie, RAC. Brit. 1, 2. Jamais un affranchi n'est qu'un esclave infâme; Bien qu'il change d'état, il change ne change point d'âme, CORN. Cinna, IV, 7. Un affranchi vient lui parler en secret: c'est Parménon, qui est favori, qu'elle soutient.... LA BRUY. 3. || 3o Fig. Il n'y eut que les trois affranchis du parlement, Noailles, Canillac et d'Effiat, qui trouvèrent cette grâce [faite au premier président] bien placée, ST-SIMON, 454, 139.

AFFRANCHIR (a-fran-chir), v. a. || 1° Rendre franc, exempt d'impôt. Le roi affranchit cette ville de la taille. Cette marchandise est affranchie de tous droits à l'entrée. || 2o En termes de féodalité, affranchir un héritage, libérer un héritage de quelque servitude, de quelque charge. || 3° Affranchir une lettre, un paquet, en payer le port en envoyant la lettre, le paquet. || 4 Rendre libre. Affranchir un esclave. Les noirs des colonies ont été affranchis moyennant indemnité. Thrasybule affranchit des trente tyrans la ville d'Athènes. Dieu ayant affranchi son peuple de la tyrannie des Egyptiens, Boss. Hist. 1, 4. La gloire d'affranchir le lieu de ma naissance, CORN. Cinna, III, 3. je veux l'affranchir ensemble et la venger, ID. ib. II, 2. Et d'un si rude joug affranchissons ces lieux, ID. Nic. IV, 6. || 5o Délivrer, en général, de ce qui gêne. Affranchir d'un tribut, de la crainte, du chagrin. || 6o Figurément. Délivrer d'un mal. Si je puis de sa honte affranchir mon époux, CORN. Hor. v, 3. Allons donc l'affranchir de ces frivoles craintes, ID. Pomp. III, 3. Combats pour m'affranchir d'une condition Qui me livre à l'objet de mon aversion, ID. Cid, v, 1. J'attendais que, le temple en cendres consumé, Elle vint m'affranchir d'une importune vie, RAC. Athal. v. 2. J'aurai d'une rivale affranchi votre amour, ID. Baj. v, 6. On affranchit Néron de la foi conjugale, ID. Brit. III, 3. vos invincibles mains Ont de monstres sans nombre affranchi les humains, ID. Phèd. v, 3. || 7° En termes d'équitation, affranchir un fossé, sauter par dela. || 8° Affranchir un tonneau, le nettoyer, le purifier, quand le bois est neuf. || 9° Affranchir un animal, le châtrer. || 10° Terme de marine. Affranchir la pompe, lui faire jeter une quantité d'eau plus considérable que celle qui entre dans le bâtiment. || 11° S'affranchir, v. rést. A Rome, les esclaves pouvaient s'affranchir à l'aide de leurs épargnes. Tel fut l'accord dela Gaule pour s'affranchir que.... Quand les âmes se seront affranchies des liens du corps. S'affranchir d'une règle. Pour s'affranchir d'un joug injustement imposé, Boss. Polit. Un homme gémit de l'esclavage où il est [de ses passions]; et un fonds d'équité, de droiture, de conscience qu'il a dans l'âme, lui fait désirer cent fois de secouer le joug et de s'affranchir d'une telle tyrannie, BOURD. Pensées, t. 1, p. 229. Il se faut affranchir des lois de votre empire, MALH. V, 11. Et pour s'en affranchir, tout s'appelle vertu, CORN. Cinna II, 1. Je saurai m'affranchir, dans ces extrémités, Du secours dangereux que vous me promettez, RAC. Iphig. v, 2. Tu voudrais t'affranchir du joug de mes bienfaits, ID. Brit. v, 6. Et c'est pour m'affranchir de cette dépendance Que je la fuis partout, que même je l'offense, ID. ib. 11, 2. || 12° S'affranchir, en jardinage, se produisent des racines qui s'enfoncent en terre. SYN. AFFRANCHIR, DÉLIVRER. Affranchir, c'est rendre franc; délivrer, c'est rendre libre. Rendre franc, c'est élever d'une condition servile à celle d'homme franc; rendre libre, c'est ôter tout ce qui captive. Délivrer est donc beaucoup plus général et moins précis. Délivrer des esclaves peut aussi bien s'entendre d'esclaves auxquels on donne la liberté, que d'esclaves qu'on arrache au pouvoir de l'ennemi. En revanche, on ne dira pas affranchir des prison

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ETYM. A et feurre ou fouarre, paille. + AFFRAÎCHIE (a-frê-chie), s. f. Terme de ma- se dit d'un arbre greffé, quand de l'endroit greffé rine. Se dit du vent lorsqu'il devient plus fort.

ETYM. À et fraîchir.

AFFRANCHI, LE (a-fran-chi, chie), part. passé. || 1o Esclaves affranchis par leur maître. Les esclaves des colonies anglaises et françaises ont été affranchis. Les Américains du Nord affranchis de la domination de la Grande-Bretagne. Affranchi de tout souci. [Doctes interprètes des lois] Tout l'univers a les yeux sur vous: affranchis des intérêts et des passions, sans yeux comme sans mains,

niers, mais affranchir des esclaves, des serfs. L'af. franchissement ne s'applique qu'au passage d'une condition sociale à une autre; la délivrance s'applique à toute sortie hors d'une situation où la liberté nous est ôtée. Quant au sens métaphysique, ces deux mots se confondent beaucoup.

HIST. XII s. Vendre [elle] me peut ou donner, Ses sers [je] sui sans racheter; Ja ne m'en quier afranchir, Couci, p. 123. || XIII°S. Se clers est marceans, il ne pot pas afrancir se [sa] marceandise par le priviliege de se [sa] clergie, BEAUM. XI, 36. II laist bien à afranquir ses enfans et non à aservir, ID. XLV, 21. || XIV S. Et se tu veus dire que tu ne Es mie subgès de fortune, Et que ta grant attrasion [descendance] Afranchist ta condition, MACHAULT, p. 96. || xv s. Nous voulons que tu nous affranchisses à tous les jours du monde [les paysans révoltés au roi d'Angleterre], FROISS. II, II, 143. || XVI S. A fin que sa mort l'affranchist de l'obligation.... MONT. 1, 30. Qu'ils les delivroient de toutes garnisons, et affranchissoient de toutes tailles, subsides et impots, AMYOT, Flamin. 19. Trouvant un fossé, le voulut affranchir: et l'ayant sauté.... PARÉ, xxx, 7. Ceux des quartiers de Bordeaux qui vendent le bois avec le vin ne se peinent que d'affranchir (purifier) leurs tonneaux neufs pour une seule fois, O. DE SERRES, 205, etc. Mesme les beliers sont affranchis [purgés de mauvais goût] par le chastrement, bien que longuement ils aient servi à saillir les brebis, ID. 222.

ÉTYM. Provenç. afranquir, afrancar; espagn. afrancar; ital. affrancare; de af pour ad (voy. À), et franc, adj.

AFFRANCHISSEMENT (a-fran-chi-se-man), s. m. || 1 Action d'affranchir. L'affranchissement de ces esclaves. L'affranchissement des colonies qui devinrent les Etats-Unis. || 2o Exemption de charges, d'impôts. L'affranchissement d'une terre, d'une ville, || 3o Acquittement préalable des frais de port soit d'une lettre, soit d'un paquet. L'affranchissement des journaux et des circulaires est obligatoire. || 4° Affranchissement de l'esprit, de la pensée. La possession de ces vérités, l'affranchissement de ces erreurs ne sauraient être plus longtemps le privilége exclusif des naturalistes. || 5o Terme de jardinage. Etat d'un arbre affranchi.

- HIST. XVI s. Il y feit proclamer publiquement et solennellement la delivrance et affranchissement general de toute la Grece, AMYOT, Flamin. 20. Par divers moyens l'on parvient à tel affranchissement [purification des tonneaux], tels que ceux qui s'ensuivent, O. DE SERRES, 205. Et suffit pour tout affranchissement [pour ôter le mauvais goût aux béliers] d'estordre les genitoires, puisqu'avec la force engendrante s'esteint de mesme la chaleur qui en rend mauvaise la chair, ID. 223. Cest affranchissement se pratique à souhait es meuriers de tous aages.... sur les plus petits arbres de la bastardiere, O. DE SERRES, 464.

ETYM. Affranchir; provenç. afranquiment. † AFFRANCHISSEUR (a-fran-chi-seur), s. m. || 1o Celui qui affranchit. || 2° Homme qui fait le métier de châtrer les animaux.

HIST. XVI s. Le protecteur et affranchisseur de la Grece, AMYOT, Flamin. 20.

- ETYM. Affranchir.

AFFRE (a-fr'), s. f. Grand effroi. Après les affres de la mort, elle ressentit les horreurs de l'enfer, Boss. Anne. Mme de Montespan était tellement tourmentée des affres de la mort, qu'elle payait plusieurs femmes dont l'emploi unique était de la veiller, ST-SIMON, 180, 155. Les premiers moments du vide extrême que laissait la mort de la Dauphine, la douleur, les affres dont elle [Mme de Maintenon] était aiguisée, ID. 325, 4.

- HIST. xv s. Il leur dit que, jour de sa vie, n'eut si belles affres [frayeur] qu'il avoit à cette heure eues, LOUIS XI, Nouv. LXXV.

ETYM. Anc. haut-allem. eiver, eipar, acre, hérissé; comp. l'ital. afro, apre, aigre; afressa, Apreté; afretto, aigrelet.

AFFRETÉ, ÉE (a-fré-té, tée), part. passé. Pris a louage. Ce navire est affrété.

AFFRETEMENT (a-fré-te-man), s. m. Action d'affréter.

ETYM. Affréter.

AFFRETER (a-fré-té. La syllabe fre a un accent aigu, quand la syllabe qui suit est sonnante; et un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette, excepté au futur et au conditionnel où l'accent aigu est conservé), v. a. Terme de marine. Prendre un bâtiment à louage.

HIST. XVI s. L'esprit est si estroictement af

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fretté au corps, qu'il m'abandonne, à touts coups, | que vous le gastez, PALSGR. p. 483. Affriollez le ainsi | rés front contre front. || 4° Mis de niveau. Des pièces

pour le suyvre, MONT. III, 310.

--ÉTYM. Provenç. afretar, équiper; ital. affrettare; espagn. afretar; de à et fret (voy. FRET). AFFRETEUR (a-fré-teur), s. m. Celui qui prend un bâtiment à louage.

- ETYM. Affréter.

AFFREUSEMENT (a-freû-ze-man), adv. D'une manière affreuse. On l'a tourmenté affreusement.

MENT).

ÉTYM. Affreuse au féminin, et ment (voy.

AFFREUX, EUSE (a-freû, freû-z'), adj. || 1o Qui excite une sorte de terreur, au sens physique et au sens moral. C'est affreux. La blessure qu'il a reçue est affreuse. Une affreuse tempête. Nous passâmes une nuit affreuse. Vie plus affreuse que la mort. Ses malheurs et les miens viennent d'une passion qui cause les désastres les plus affreux; c'est l'amour, FÉN. Tél. xv. Les taureaux les plus furieux qui auraient mugi dans leurs combats, n'auraient pas fait un bruit aussi affreux, ID. ib. Cette vie, tout affreuse qu'elle est, m'eût paru douce loin des hommes ingrats et trompeurs, ID, ib. Pour mieux comprendre l'extrême folie et l'affreux déréglement de raison où tomba ce pécheur, BOURD. Pensées, t. 1, p. 386. J'ajoute à ces tableaux la peinture effroyable De leur concorde impie, affreuse, inexorable, CORN. Cinna, 1, 3. Que vois-je durant ce temps? Quel trouble ! Quel affreux spectacle se présente ici à mes yeux ! Boss. Anne de G. A son âge et avec un corps nourri si mollement, on n'entre pas dans une carrière si affreuse à la nature corrompue, comme dans un chemin couvert de fleurs, MASS. Ste Madeleine. || 2o Extrêmement désagréable, mauvais, détestable, laid. Un temps affreux. La pluie a rendu les chemins affreux. D'affreuses habitudes. Des mœurs affreuses. J'ai recueilli les voix et je leur prononce [aux femmes] de la part de tous les hommes, ou de la plus grande partie, que le blanc et le rouge les rendent affreuses et dégoûtantes, LA BRUY. 3. Pour moi, j'arrivai dans des déserts affreux; on y voit des sables brûlants au milieu des plaines.... FÉN. Tél. II. Un dévot aux yeux creux et d'abstinence blême, S'il n'a point le cœur juste, est affreux devant Dieu, BOIL. Sat. 11. || C'est un homme affreux, il est capable des actions les plus noires. || Je ne l'aurais pas cru, c'est bien mal, c'est affreux. || Il est affreux d'assister à un tel spectacle. Il est affreux que le sang ait coulé dans cette circonstance. Il m'est affreux, seigneur, de vous déplaire, VOLT. Zaïre, III, 6.

SYN. AFFREUX, HIDEUX, HORRIBLE. Le sens de ces trois adjectifs est, qui blesse les sens ou l'âme. Mais une distinction y est manifeste affreux indique ce qui fait peur; hideux, ce qui soulève le dégoût; horrible, ce qui fait frissonner.

HIST. XVI s. Sautant du lict elle s'est resveillée: Nuds pieds, sans robe, affreuse [en désordre], eschevelée, RONS. 630.

ETYM. Affre.

AFFRIANDÉ, ÉE (a-fri-an-dé, dée), part. passé. || 1° Rendu friand. L'enfant affriandé par de la pâtisserie. || 2o Fig. Affriandé par des promesses. || 3°Affriandé de ou à, qui est friand de. Les soldats étaient affriandés au butin. Je ne restai pas même affriandé de jolies femmes, J.J. ROUSS. Conf. II.

AFFRIANDER (a-fri-an-dé,) v. a. || 1° Rendre friand. N'affriandez pas les enfants. || 2° Attirer par l'appât de quelque chose d'agréable au goût. On affriande les oiseaux, les poissons par l'appât. || 3o En termes de fauconnerie, affriander c'est encourager un oiseau, en lui offrant une nourriture qu'il aime. || 4o Fig. Attirer par quelque chose d'agréable, d'avantageux. Rien n'affriande comme l'espoir du gain.

HIST. XVI s. Aucuns d'iceux sont aussi afriandez des soldes estrangeres, LANOUE, 179. Affriandé au travail par la beauté de sa besongne, D'AUB. Hist. II, 485. Le millet frit dans du miel affriandit les pigeons dans le colombier pour ne l'abandonner jamais, O. DE SERRES, 400. Les Florentins, Luquois, Genevois afriandez de la grandeur du profit, apporterent une infinité d'or et d'argent en France, JBOYVIN, Disc. sur les monnoyes. Elle l'a trop afriandé [en parlant d'un enfant), PALSG. p. 483.

ETYM. À et friand; bourguig. efriandé. + AFFRICHER (a-fri-ché). v. a. Laisser un terrain en friche.

ETYM. À et friche.

AFFRIOLE, EE (a-fri-o-lé, lée), part. passé. AFFRIOLER (a-fri-o-lé), v. a. || 1o Attirer par des Iriandises. || 2o Fig. Il s'est laissé affrioler. || Il est tamilier.

HIST. XVI s. Vous afsriollez cet enfant tant

DICT. DE LA LANGUE FRANCAISE.

dans sa jeunesse, et vous aurez de lui un beau veau en brief, ID. p. 488.

ETYM. A et l'ancien verbe frioler, qui veut dire frire légèrement. On trouve dans le patois normand frioler, avoir grande envie.

+ AFFRITER (a-fri-té), v. a. En termes de cuisine, affriter une poêle neuve, la rendre propre à faire une bonne friture, en la préparant par divers moyens. - ETYM. A et frit, de frire.

de bois affrontées.

† AFFRONTEMENT (a-fron-te-man), s. m. Action d'affronter, de mettre de niveau.

HIST. XVI S. Parlons de l'affrontement de deux escadrons, LANOUE, 312.

ETYM. Affronter.

AFFRONTER (a-fron-té), v. a. || 1o Se mettre avec intrépidité en face de. Affronter l'ennemi. || 2° Fig. Affronter la mort, les tempêtes, les périls de la mer. Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l'affronte, BUFF. Cheval. Et s'il faut affronter les plus cruels supplices, CORN. Poly. 1, 4.

AFFRONT (a-fron; let se lie: un affron-t odieux; au pluriel l's se lie: des a-fron-z indignes), s. m. || 1o Acte ou parole d'un mépris jeté en face. Les affronts à l'honneur ne se réparent point, CORN. | [Pourquoi] vouloir affronter des travaux infinis? RAC.

Cid. II, 3. Quand je lui fis l'affront, ID. ib. 2. Dès que j'ai vu l'affront, j'ai prévu la vengeance, ID. ib. Si on veut vous faire un affront par des paroles, PASC. Prov. 7. Celui qui veut nous faire un affront, ID. ib. 14. Le chevalier nous fit un grand affront, sév. 479. Voilà l'affront que je fais à vos lettres, ID. 324. Il faut que cette offense de Dieu, que cette perte de la grâce de Dieu me tienne plus au cœur que l'affront le plus sanglant qui me couvrirait de confusion, BOURD. Pensées, t. 1, p. 291. || Boire, avaler, dévorer un affront, le souffrir patiemment. || Essuyer un affront, le subir, le recevoir. || Ne pouvoir digérer un affront, en garder le souvenir, en conserver du ressentiment. || 2o Déshonneur, honte. Il fait affront à toute sa famille. Sau

Mithr. III, 1. Vous allez de la mort affronter la préSence, ID. Baj. 11, 5. Maprompte obéissance Va d'un roi redoutable affronter la présence, ID. Esth. 1, 4. || 3o En termes d'art, mettre front à front, de niveau. Ces deux panneaux sont bien affrontés. || 4o Tromper effrontément quelqu'un jusqu'à l'outrager et à s'exposer à sa vengeance. Courons donc le chercher, ce pendard qui m'affronte, MOL. Sgan. 17. Si j'y retombe plus, je veux bien qu'on m'affronte, ID. Ec. des f. 11, 6. Ah! vous me faites tort! s'il faut qu'on vous affronte, Croyez qu'il m'a trompé le premier à ce conte, ID. l'Étour. IV, 7. Un cœur ne pèse rien, alors que l'on l'affronte, ID. Dép. am. II, 4. Par votre foi, le Mogol est-il homme Que l'on osât de la sorte affronter? LAFON1. Mandr. [II] instruit ce

qui s'aboient, qui s'affrontent, qui se mordent.... LA BRUY. 12.

vez-moi de l'affront de tomber à leurs pieds, CORN. malheureux pour affronter Carlos, CORN. D. San.v, 4.
Rod. v, 4. Qui n'est point de son sang ne peut faire ||| 5° S'affronter, v. rést. Si vous voyez deux chiens
d'affront Aux lauriers immortels qui lui ceignent le
front, ID. Hor. v, 3. Sauvons de cet affront mon nom
et sa mémoire, RAC. Bér. III, 1. Mais si dans le combat
le destin plus puissant Marque de quelque affront son
empirenaissant, ID. Baj. 1, 1. Pour éviter l'affront de
tomber dans leurs mains, ID. Mithr.v, 4. || 3°Familie-
rement. Sa mémoire lui a fait un affront, la mémoire
lui a manqué, il est resté court. || 4o Faire l'affront
de quelque chose à quelqu'un, le lui reprocher. Chut!
je veux à vos yeux leur en faire l'affront, MOL. l'E-
tour. III, 10. || 5° En avoir l'affront, ne pas réussir. S'il
voulait m'aider à terminer cette affaire, je crois que
je n'en aurais pas l'affront, séÉV, 565.

SYN. 1° FAIRE AFFRONT, FAIRE UN AFFRONT. Entre ces locutions est une nuance assez marquée; le premier a plus d'étendue et annonce une suite d'actes d'où naissent la honte, le déshonneur; au lieu que le second indique un seul acte. L'enfant qui fait affront à sa famille, est celui dont les habitudes vicieuses font rougir ses honnêtes parents; le prédicateur à qui la mémoire fait un affront, est celui qui une fois manque de mémoire. || 2o AFFRONT, INSULTE, OUTRAGE. Ces trois mots expriment une offense, et ils sont synonymes dans une grande étendue de leur signification. Quand, dans le Cid, le comte donne à D. Diègue un soufflet, il lui fait un affront, une insulte, un outrage, comme on voudra. Mais outrage, dérivant de la préposition outre, et indiquant que l'on passe toute mesure, est plus général et s'applique à tout ce qui offense; aussi dit-on l'outrage du temps, tandis qu'on ne dit ni l'insulte ni l'affront du temps. En effet affront est ce qui s'attaque directement au front, à la face de la personne offensée, et n'implique pas, comme quelques-uns l'ont dit, la présence de témoins; l'insulte est une agression physique ou morale. Mais ces deux mots se distinguenten ce que insulte est plus étendu, désignant ou pouvant désigner toute espèce d'agression offensante. Ainsi, dans cette phrase, Les tribuns à Rome avaient été créés pour protéger la plèbe contre les insultes des patriciens, affront ne conviendrait pas; il ne dirait pas assez.

-HIST. XVI S. Faire un affront pour braver un homme est de notre siecle [est une expression nouvelle], PASQUIER, Recherches, VIII, p. 662. Il faut que les harquebusiers soyent à la teste pour faire ce dommage à l'affront [attaque], LANOUE, 322. Nostre cavallerie a une furieuse boutée à l'affront, ID. 360.

ETYM. À et front. Le sens propre de ce mot est front à front, attaque.

+ AFFRONTAILLES (a-fron-ta-ll', Il mouillées), s. f. plur. Limites d'une terre, ligne où elle touche

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HIST. XII s. Le jor (il) eūst maint des noz [nôtres] lapidé [tué]; Mès Renoars l'ot moult tost affronté A [avec] son tinel [massue] qui devant fu ferré, Bat. d'Aleschans, 5330. || XIII° S. Ja n'i viengne il sainte ne saint; Vassal, vassal, se Diex me saint [sauve], A poi que ge ne vous affronte [frappe sur le front, tue], la Rose, 15037. N'il ne m'osent veoir de honte, Par quoi que chascun ne s'afronte [se déshonore], ib. 10162. Devoir sachiez que cil s'afronte Qui le mauvais loe et amonte, ALARS DE CAMBRAI, ms. de Gaignat, f 160, dans STE PALAYE. || XVI s. Affronter les ennemis, MONT. I, 5. Ces esquadrons de lances, s'estans affrontez avecques nos files de gendarmerie, les ont aisement renversées, LANOUE, 288. Encores que l'esquadron de lances face sa charge valeureusement, il n'en peut succeder grant effect; car à l'affronter, il ne tue personne, ID. 312. Autres courent par ci et par là, pour tromper et affronter ceux.... ID. 477. Il ne fault point faire compte de tout cela, ains aller droit affronter les hommes et s'attacher hardiment à eulx, AMYOT, Thém. 15. Les uns reculoient, les autres n'ozoient affronter ce bataillon de Macedoniens, ID. P. Em. 33. Il avait toujours esté choisi pour estre du nombre des trois ou quatre qui s'affrontoient hardiment dans les deliberations avec les deputez du roy, D'AUB. Vie, CII, Encores le pont pour en sortir estoit affronté et bloqué de bons retranchemensgarnis de mousqueterie, ID. Hist. II, 436. Il donna tant de vollées dans les bataillons que l'amiral avoit affrontés (mis en front] au ruisseau, que.... ID. ib. 1, 304.

tare.

ETYM. Affront; provenç. afrontar; ital. affron

AFFRONTEUR, EUSE (a-fron-teur, teû-z'), s. m. et f. Qui trompe. Et ainsi, c'est vous qui êtes l'affronteur, BALZ. Liv. vII, lett. Iv. Un affronteur public, D'ALEMB. V, 221. Voilà comme vous faites, bons affronteurs, vous ordonnez souvent les choses à tort et à travers, HAUTER. Crispin M. III, 12.

-ETYM. Affronter; bourguig. efronteu; provenç. afrontier.

+ AFFRUITER (S') (a-frui-té), v. rést. Terme de jardinage. Se mettre à fruit, en parlant d'un arbre. Ce poirier s'est affruité cette année.

HIST. XIII s. Je ne voi que ma chose à nessun bien s'afruite, Berte, 37.

ETYM. A et fruit. Dans le Berry, affruiter est

verbe neutre: cet arbre bien taillé affruitera. AFFUBLÉ, ÉE (a-fu-blé, blée), part. passé. Affublé d'une robe. Étre affublé de ridicules, être couvert de ridicules.

AFFUBLEMENT (a-fu-ble-man), s. m. Action d'affubler; ajustement singulier, ridicule. Que signifie cet affublement? c'est une vraie mascarade.

ETYM. Afsubler. On trouve dans l'ancien fran. çais afublail, Rois, 93, et dans le provençal afublalh.

AFFUBLER (a-fu-blé), v. a. || 1o Habiller d'une manière irrégulière, bizarre, ridicule. Ce fut elle [la maréchale de Villeroy] qui sans y penser affubla

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M. de Brissac de ce bonnet qu'ils ont mis [dans leurs | chand qu'il s'arrestast, D'AUB. Hist. III, 298. Qu'ils | HAMILT. Gramm. 6. Petite bonne agaçante et jolie,

armes], ST-SIM. 10, 115. || 2o S'affubler, v. réfl. II s'était affublé d'un costume singulier.

- HIST. x1 s. Afublez est d'un mantel zabelin, Ch. de Rol. XXXIV. || XII s. [II] afublé ot un petit mantel gris, Ronc. p. 14. Il fu bien afublez d'une pelice vaire, Sax. xxxI. A la curt en ala, quant il i fu mandez; Par desus le surpliz s'est de l'estole armez, D'une chape à canoine par desus afublez, Th. le Mart. 37. || XIII S. Lors prent li air son mantel inde, Qu'il vest trop volentiers en Inde, Si s'en afuble, et si s'apreste De soi cointir et faire feste, la Rose, 18215. Si tost com povreté l'afuble De son hideus mantel onuble.... ib. 4811. El [pauvreté] n'avoit plus que afubler, Grant loisir avoit de trembler, ib. 453. Quant les borgoises du chastel, Affublées de lor mantel, RUTEB. II, 177. || xvos. Affublé d'un mantel, FROISS. II, 11, 30. Philippe se leva moult tost et affubla une gonne, ID. II, II, 192. La damoiselle fut affublée par son serviteur d'un seau d'eau et de cendres, LOUIS XI, Nouv. XXXVII. Si ce ne fust pas l'amour de vos bons amis, je vous ferois affubler la prison de ceans, ID. ib. XCIV. || XVI s. Il s'en va le coiffer comme d'un chapeau d'albanois, le lui affublant du costé qu'il estoit rompu, DESPER. Contes, XXI. Puis s'affubla la teste avec sa robbe, AMYOT, mosth. 42. Luy s'estoit retiré à part, sans lumiere, gisant la teste affublée, de peur de voir personne, ID. Crassus, 52. Puis un beau guimple affubla par dessus, Prime, dougé [délicat

ssus Prim

au toucher], filé de

main sçavante, RONS. 638. Generalement toutes les opinions superstitieuses dont sont affublés les enfans, femmes et esprits foibles, CHARRON, Sagesse, 1, 41.

ÉTYM. Assubler est pour affibler, de af pour ad (voy. A), et fibula, boucle, diminutif de fiber, qui est à l'extrémité (voy. FIBRE); bourguig. effeublai; normand, afsluber; picard, affuler; wall. afûler; ital. affibbiare; bas-lat. affibulare, affiblare.

+ AFFUSION (a-flu-zion), s. f. Terme de médecine. Moyen thérapeutique qui consiste à verser en nappe et seulement de quelques centimètres de hauteur une certaine quantité d'eau sur une partie du corps. L'affusion diffère de la douche, en ce que, pour celle-ci, l'eau est versée d'un lieu élevé.

HIST. XVI s. Comme la lumiere d'une lampe qui est amortie par affusion de trop d'huile, PARÉ, XVII, 73.

- ETYM. Affusio, de affundere, de ad, à, et fundere, verser (voy. FUSION).

AFFÛT (a-fu. Let ne se lie pas: l'affût est brisé, dites l'afu est brisé), s. m. || 1o Endroit où l'on se poste pour attendre le gibier. Le chasseur qui est à l'affût. La chasse à l'affût. Tirer un lièvre à l'affût. || Par extension. Ceux qui devaient se mettre à l'affût aux environs de Péronne, HAMILT. Gramm.5. || 2o Fig. Etre à l'affût, épier le moment favorable pour faire une chose. Être à l'affût des occasions. Il est à l'affût de ce qui se dit sur son compte. Cu

pidité toujours à l'affût. || 3o Pièce ou assemblage de diverses pièces de bois ou de métal qui supporte une bouche à feu. Je dormis sur l'affût des canons meurtriers, 'v. HUGO, Odes, v, 9. || Par extension. L'affût d'un télescope. || 4° Scie à découper.

aient si bien affusté leur cas, que.... CARL.I, 37.
-ÉTYM. Affût; bourguig. efusté. Autrefois assus-
ter avait le sens général de disposer; et on trouve
dans la 10 édition du dict. de l'Académie: affusté
(l's se prononce), préparé: Il s'est affusté pour cela.
AFFÛTIAU (a-fu-tio), s. m. Bagatelle, brimbo-
rion. Je ne saurais trouver dans tous vos affûtiaux,
HAUTER. Crispin M. II, 11. || Terme populaire.

ÉTYM. Affûter.

AFIN (a-fin), conj. Marque la fin pour laquelle on agit, le but qu'on se propose. Afin se joint à la préposition de, suivie d'un infinitif, ou à

BÉRANG. Célib.

AGACE ou AGASSE (a-ga-s'), s. f. Oiseau appelé ordinairement pie. Le hasard les [aigle et pie] as semble en un coin détourné; L'agace eut peur; mais l'aigle, ayant fort bien diné, La rassure.... LA FONT. Fab. XII, 11.

- HIST. XIII. S. Et tout aussi comme l'agache Par son crier et agachier Nul oisel ne laisse anichier Près de li, ains les fait fuir.... DU CANGE, agazia.

ÉTYM. Bourguig. aiguaisse; picard, agache; Berry, aguiasse, ageasse, égeasse, ouasse; angoumois, ajasse; wallon, aguèse; norm. agase; bas-lat.

la conjonction que, suivie du subjonctif. Ils envoyè-agasia, aigatia; provenç. agassa, gacha, guacha; rent un courrier afin de faire savoir. Afin que cela ital. gazza, gazzera; romagnol, argaza; de l'anc.

soit plus facile. Afin que les mauvais exemples et les mauvais discours ne surprennent point leur ignorance, FLÉCH. Serm. II, 286. La plupart des hommes croient faussement qu'il leur suffit d'être inutiles ou dans l'indigence, afin que la république soit engagée à les placer ou à les secourir, LA BRUYÈRE, 2. Afin de tourner ensuite nos armes contre cet autre ennemi plus puissant, FÉN. Tél. XI. Le marchand surfait sa marchandise pour la vendre plus cher qu'elle ne vaut; il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu'on croie n'en donner que son prix; un mauvais aunage, pour en livrer le moins qu'il se peut; et il a un trébuchet, afin que celui à qui il l'a livrée, la lui paye en or qui soit de poids, LA BRUY. 6. Tu m'as laissé la vie, afin qu'elle te serve, CORN. Héracl. 1, 2. REM. 1. Peut-on commencer par afin de et finir par afin que ? Par exemple, peut-on dire: Afin de faire voir mon innocence à mes juges, et que l'imposteur ne triomphe pas de la vérité? Du temps de Vaugelas, plusieurs blamaient cette manière de parler. Mais c'est pousser trop loin le scrupule; de bons auteurs ont donné l'exemple de cette tournure, qui a quelquefois de l'élégance en variant la construction. Afin de juger plus sainement, et que nous ne pensions pas que... DESC. Méth. Le marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire; il a le cati et les faux jours, afin d'en cacher les défauts et qu'elle paraisse bonne, LA BRUY. 6. || 2. Quandon veut mettre entre afin et le verbe qu'il régit une incise, il faut toujours se servir de afin que, et non de afin de Charles XII projetait de passer l'hiver dans l'Ukraine, afin que, s'étant assuré de ce pays, il pût conquérir la Moscovie au printemps prochain, VOLT. Ch. XII, 4.

SYN. AFIN, POUR. Ces deux mots signifient qu'une chose est faite en vue d'une autre, et, dans une foule de circonstances, ils sont exactement synonymes. Il travaille pour s'instruire, ou il travaille afin de s'instruire n'offrent aucune différence sensible. Cependant il y aura des cas où le sens étymologique, qui est dans asin (à fin), se réveillera et indiquera un but plus particulier, une intention plus précise. Ainsi, toutes les fois que cette idée précise manquera, il faudra se servir de pour, qui est plus indéterminé. Dans cette phrase: Pour faire telle chose, il suffit que.... il faut que.... il est nécessaire de.... pour est préférable à afin. En résumé, afin ne peut pas se mettre dans tous les cas ou pour s'emploie; mais pour peut se mettre dans tous les cas où afin est usité, pour étant plus gé

ÉTYM. A et fût. L'accent circonflexe est mis à ce mot et aux suivants, à cause de fút; mais pourquoi ne le met-on pas à futaie, futaille, futé, néral. qui ont aussi fût pour radical? Af-fut, c'est au bois. AFFŪTAGE (a-fu-ta-j'), s. m. || 1o Action d'affûter, d'aiguiser des outils. || 2o Assortiment d'outils nécessaires à un ouvrier. || 3o Autrefois, action d'affûter

un canon.

- ETYM. Affûter.

AFFÛTÉ, ÉE (a-fu-té, tée), part. passé. Burin affûté.

AFFÛTER (a-fu-té), v.a. || 1o Aiguiser un outil. Les graveurs affûtent leur burin. Affûter un crayon, en refaire la pointe. || 2° Ajuster les outils aux fûts qui servent à les maintenir dans la position la plus propre pour les faire couper. || 3o Autrefois, affûter un canon, le disposer pour tirer; maintenant on dit met

tre en batterie.

-HIST. xv s. Et affuterent grant nombre d'artillerie, сомм. 1, 9. |} xv1o s. Aprèz, les afusta justement vene contre vene, nerf contre nerf, spondyle contre spondyle, affin que il ne feust torty colly, RAB. Pant. Ir, 30. Or mouchez vos nez, petits enfans, et vous aultres, vieulx resveurs, affustez voz besicles, et pesez ces motz ou poys du sanctuaire, ID. Progn. Pant. préf. Le medecin a besoing de trop de pieces pour affuster justement son desseing,

HIST. XIV S. Si comme l'armeuriers tent affin
que le cheval soit bien armé; et le chevalier le veult
affin que il se combate, ORESME, Eth. 11. Afin que
par semblables guises il peussent les leurs terres
deffendre et gouverner, BERCHEURE, fo 1. Afin de les
chacier de la terre et de les arester, ID. fo 7, verso.
|| xves. Afin que ce soit chose ferme et estable à tou-
jours, Bibl. des Chartes, 1 série, t. v, p. 487. Il
se commença à aider et escarmoucier d'icelle pelle,
afin de pouvoir trouver et recouvrer ses diz chape-

ron et bonnet, ib. p. 489. || xv1o s. Et si avoit, afin
que l'entendez, Son arc alors et ses yeux des-
bandez, MAROT, I, 344. Par leurs mains seras sous-
levé, Afin que d'adventure Ton pied ne choppe et
soit grevé Contre la pierre dure, ID. IV, 306. A fin

haut-allem. agalstra, pie; allem. ælster, elster, holland. aakster, aaxter.

AGACÉ, ÉE (a-ga-sé, sée), part. passé. || 1° Qui éprouve de l'agacement. Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en sont agacées, BERNARDIN DE ST-PIERRE. Ch. Ind. préamb. || 2° Qui reçoit des agaceries. Le chat était souvent agacé par l'oiseau, LA FONT. Fab. xII, 2. Le cardinal de Retz avait beaucoup d'esprit; mais il était très-laid: ce qui ne l'empêcha pas d'être agacé par les plus jolies femmes, DIDER. Princ. de polit.

AGACEMENT (a-ga-se-man), s. m. || 1o Sensation désagréable produite par le contact des substances acides, et l'action de la lime et des sons aigus sur les dents. Agacement des dents. Ce bruit me cause un agacement tout à fait désagréable. || 2° Irritation légère. Agacement des nerfs.

HIST. XIII s. Se vous volés removoir le aacement des dens qui sovent avient.... ALEBRAND, Regime, f 37, verso. ÉTYM. Agacer.

AGACER (a-ga-sé. Lec prend une cédille quand it se trouve devant un a ouun o), v. a. || 1o Causer de l'agacement. Ce bruit agace les dents. || 2o Agacer les nerfs, causer une irritation intérieure. || 3o Figurement, faire des agaceries. Je voudrais qu'on les agaçat pour les exciter à parler, J. J. ROUSS. Ém. V. Las de l'avoir inutilement agacé sur d'autres sujets, HAMILT. Gramm. 4. Mme Duplessis agaçait ma fille; ma fille la battait, sév. 70. Au salon ou sur la pelouse, Laure, jamais ne m'agacez, BÉRANG. Passez, j. filles. || 4° S'agacer, v. réfl. Devenir agacé. Cette femme s'agace d'un rien. || S'agacer l'un l'autre. Quel plaisir de.... Manger sur nos genoux nos fruits et notre pain, Nous agacer du coude et nous prendre la main, LAMART. JOC. IX, 342. Et plus loin des valets l'un l'autre s'agaçans, BOIL. Sat. VI.

REM. Boileau a accordé ce participe présent, suivant en cela l'ancienne règle qui le traitait absolument comme un adjectif; depuis, la grammaire a changé; et, en des cas pareils, ce serait aux poëtes à voir s'ils veulent ou non suivre l'archaisme.

HIST. XIII s. De la noix [ils] vont rongeant l'escorce, Mais ne savent qu'il a dedens; Pechez leur aace les dens, saint Léocade, éd. BARBAZAN, I, 277. Pautonniers qui.... Et le descirent et agacent [un fou], Amadis et Ydoine, ms. 6987. || XVI s. Les Israelites, ayans esté longuement affligez de diverses calamitez, avoyent un proverbe commun, que leurs peres avoyent mangé du vert-jus, et que les dens des enfans en estoyent agacées, CALV. Instit. 287. Avoyt il mangé prunes aigres sans peler? avoyt il les dens esguassées? RAB. Pant. Iv, nouv. prol. 11 les agacea tant enfin par ses paroles picquantes, que.... MONT. 1, 353. Les viandes aigres agassent les dents, O. DE SERRES, p. 906. Il me voulut volontiers agacer, PALSGR. p. 657. Les arquebuzades et les zagayes des Mores qui agaçoient à toute heure l'armée.... BRANT. Gouast.

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qu'ils n'attirassent l'ire des dieux sur eulx, ID. I, 19. ce qui a permis de changer hen g. Cette dérivation

- ETYM. A et sin, s. f. picard, achafin; verman

dois, acerfin.

AGA (a-ga), s. m. Chef militaire chez les Turcs.
Aga des janissaires. Hier.... J'avais quarante agas

contemplant mon visage, v. HUGO. Orient. 16.
AGAÇANT, ANTE (a-ga-san, san-t'), adj. || 1° Qui
agace, qui fait mal aux nerfs. Ce bruit est agaçant.
Cette femme est agaçante par son bavardage. || 2° Qui

MONT. III, 217. Le gouverneur nommé Mousa court excite, qui attire. Propos agaçants, manières agaà l'alarme, les soldats s'affustent et crient au mar- | çantes. Des yeux pleins de feu, des regards agaçants,

- ETYM. Norm. agasser, crier après quelqu'un avec aigreur; picard, agacher, agucher; bourguig. agaçai; ital. agazzare, provoquer. Ménage tire mot de l'italien allegare qui a le sens de agacer les dents; mais agacer est ancien dans la langue, et n'a pas une origine italienne. Diez le fait venir de l'ancien haut-allemand hazjan, nouvelallemand hetzen, poursuivre, harceler, avec la particule romane à, beaucoup pour soi. Cependant il faut faire entrer en considération l'ancienne forme aacer; elle ne s'explique ou qu'en supposant un verbe composé de à et un radical acer, comme aovrir, aorer, aŭner, etc. (mais alors comment ce radical n'a-t-il pas gardé l'h de hazjan, et n'est-il pas ahacer?); ou bien qu'en admettant que leg est tombé, comme tombaient beaucoup de consonnes intermédiaires entre deux voyelles. Mais cette seconde hypothèse conduirait à considérer aacer comme formé de agace,

a

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