ennemis, mais une des crevasses profondes dont le sol russe est sillonné les arrêta sous un feu meurtrier, SÉGUR, Hist. de Nap. ix, 2. || Terme de marine. Ou- verture dans la carène d'un vaisseau. | Terme de gravure. Tailles confondues. || Terme de vétérinaire. Fentes qui surviennent au pli du paturon et au bou- let, chez les chevaux et les bêtes asines. —HIST. XII* s. Li abimes l'abjsme apelet, en la voiz | de tes crevaces, Liber psalm. p. 56. || XIII s. L'autre tremble toute effraée, Tant se sent foible et esbaée, Et pourfendue de crevaces En plus de cinq cens mile places, la Rose, 6137. Et par tous ces ostex [ils] se boutent, Ne clés ne barres ne redoutent, Ains s'en entrent par les fendaces, Par chatieres et par cre- vaces, ib. 18636. || xvs. Elle s'avança de venir ouyr et regarder par les crevances des fenestres et secrets treillis d'icelles, LOUIS XI, Nouv. c. XVI s. Les scissures ou crevasses, lesquelles surviennent le plus souvent après la curation, PARE, XVI, 36. Dans une crevasse de montagne, D'AUB. Hist. II, 338. Celui qui a des crevasses aux doigts, MONT. II, 319.
grave quand la syllabe qui suit est muette: Je crève, je crèverai). || 1° V. n. Se rompre par excès de ten- sion, par surcharge; sens qui ne s'applique qu'à des objets considérés comme susceptibles d'être gon- flés. Ce sac crèvera si vous l'emplissez tant. Et je veux [dit une suivante à sa maîtresse], si jamais j'ai contre vous manqué, Crever comme un boudin que l'on n'a pas piqué, SCARRON, Jodelet, 11, 1. .... La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva, LA FONT. Fabl. 1, 3. Ou ma vie ou la sienne, impor- tunes sangsues, Doivent crever du sang dont elles sont repues, ROTR. Antig. I, 6. L'abondance à pleines mains Verse en leurs coffres la finance, En leurs greniers le blé, dans leurs caves les vins : Tout en crève.... LA FONT. Fabl. VII, 6. || Terme de jardi- nier fleuriste, qui se dit des œillets et de leur étui quand la quantité des feuilles les fait ouvrir et écla- ter. Il est difficile d'avoir de beaux œillets et de les empêcher de crever. || 2o Eclater avec explosion. Le canon creva dès le second coup. Son fusil lui creva dans la main, sev. 476. À leurs pieds aussitôt cent nuages crevèrent, LA FONT. Phil. et Bauc. | Fig. Je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules, MOL. Fourberies, I, 1. Je voulus parier, quoique tout respirât la noce, qu'elle ne s'achèverait pas; en effet, le jeudi, le temps se brouilla, et la nuée creva le soir à dix heures, SEV. 12. Reine, n'attendez pas que le nuage crève, RAC. Ath. 11, 6. || Crever dans la main, se dit d'une arme à feu qui éclate dans la main au mo- ment où on la tire; et, figurément, crever dans la main, n'être d'aucun service. Le pouvoir et l'impu- nité rendent les forts audacieux; le bon droit seul est l'arme des faibles; et cette arme leur crève ordi- HIST. xv s. Là fouirent et houerent et pique- nairement dans les mains, J. J. ROUSs. Lett. au chev. rent Anglois tant que la moitié de la tour, par de-d'Éon, Corresp. t. VI, p. 255, dans POUGENS. faute de pied, s'ouvrit et crevaça, FROISS. II, III, 33. XVI s. Une espece de verrue avec asperités crevassées, PARÉ, XVIII, 86.
ETYM. Crever; provenç. crebassa; bas-lat. cre- patia, du latin classique crepare, éclater. CREVASSE, ÉE (kre-va-sé, sée), part. passé. Un vieux mur tout crevassé.
+ CREVASSÉE (kre-va-sée), s. f. Chose crevassée, un mur, un plafond, etc.
CREVASSER (kre-va-sé), v. a. || 1° Faire des cre- vasses. Le froid lui a crevassé les mains. || Terme de gravure. Faire un pâté, un pochis. || 2° Se cre- vasser, v. réЛl. Etre crevassé. Cette muraille com- mence à se crevasser. Le navire, comblé de morts et de mourants, S'entr'ouvre, se crevasse.... BRE- BŒUF, Phars. 111.
ETYM. Crevasse; provenç. crebassar. CREVÉ, ÉE (kre-vé, vée), part. passé. || 1° Qui a éclaté. Un fusil crevé par la charge. Un frémisse- ment dans l'air dont le bruit est semblable à celui d'une grosse pluie qui tombe d'un nuage dissous et crevé tout à coup, RAYNAL, Hist. phil. VII, 26. || Terme de marine. Cordage crevé, cordage dont l'un des torons est déchiré ou cassé. || 2° Mort. Dom Joseph portera l'habit que vous lui voyez, à moins que ses parents crevés de la peste n'en aient laissé dont personne ne veuille, P. L. COUR. Lett. II, 283. || 3° Bouffi. Madame de Verneuil n'est plus rouge ni crevée comme elle était, sév. 128. || 4° Substantive- ment. Un gros crevé, un homme fort gros. Je ne suis plus une grosse crevée, sÉV. 294. || Manger, boire, ronfler, rire comme un crevé, c'est-à-dire avec excès. 5° S. m. Terme de tailleur et de cou- turière. Ouverture longitudinale pratiquée aux man- ches de certains vêtements.
+ CRÈVE-CHASSIS (krè-ve-châ-si), s. m. Un des noms vulgaires de la mésange charbonnière.
† CRÈVE-CHIEN (krè-ve-chiin), s. m. Un des noms vulgaires de la morelle noire. || Au plur. Des crève-chiens.
ETYM. Crever, et chien. La morelle noire ne paraît mériter aucunement une pareille dénomina- tion.
que tu jettes, TRISTAN, Mort de Chrispe, IV, 7. Les Juifs faisaient boire d'une eau mêlée de cendre à leurs femmes soupçonnées d'adultère; les coupables ne manquaient pas d'en crever VOLT. Kœurs, 22. Il [Satan] jure, il grimace, il se tord, Il crève comme un hérétique, BERANG. Mort du Diable. || 7° Terme de cuisine. Faire crever le riz, le faire gonfler à l'eau bouillante ou à la vapeur. || 8o A certains jeux, crever c'est perdre la partie, parce qu'on a fait plus de points qu'il n'en fallait pour la gagner. || 9° V. a. Faire éclater, rompre avec effort, violence. Cette forte charge creva le canon. Et la foudre qui va par- tir, Toute prête à crever la nue, Ne peut plus être retenue, CORN. Poly. IV, 2. || 10° Faire manger à l'excès. Il les creva de bonne chère. || 11° Crever les yeux, crever le globe de l'œil de manière qu'il se vide et cesse de voir. On creva les yeux à Philip- pique, BOSS. Hist. 1, 114. Dans une émeute populaire, un jeune homme nommé Alcandre creva un œil à Lycurgue d'un coup de bâton, ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. II, p. 620, dans POUGENS. [Louis le Débonnaire] fit crever les yeux à Bernard, roi d'Ita- lie, son neveu, qui était venu implorer sa clémence, MONTESQ. Esp. XXXI, 20. | Se crever les yeux, se percer les yeux ou se les détruire d'une façon quel- conque. Semblable en quelque chose à cet ancien que l'on dit qui se creva les yeux pour n'être pas distrait dans ses méditations philosophiques, FONTEN. Amontons. || Fig. Crever les yeux, se dit de choses qui sont sous les yeux et que cependant on n'aperçoit pas. Cela crève les yeux, cela est d'une évidence palpable. Les saletés y crèvent les yeux, MOL. Criti- que, 3. Pour moi, je ne vois pas ces exemples fa- meux. Moi, je les vois si bien qu'ils me crèvent les yeux, ID. F. sav. IV, 3. Notre propre intérêt est un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement, PASC. Imag. 5. || Crever le cœur, faire dans la région de l'estomac une plaie qui cause la mort. Il s'est jeté comme un furieux et s'est crevé le cœur, SEV. 460. || Fig. Exciter une vive compassion. Cela nous creva le cœur, sÉv. 149. || 12° Crever un cheval, le fatiguer à le faire mourir, le rendre fourbu.... [un faix] Suffisant de crever un genet de Sardaigne, REGNIER, Sat. vi. L'autre cre- vait son cheval pour arriver avant, HAMILT. Gramm. 5. M. Colbert pensa crever ses chevaux, SÉV. 386. Toujours l'avant-garde, crevant mes chevaux, et me chargeant de toutes les commissions, P. L. COUR. Lett. 1, 163. Le duc d'Angoulême crève les chevaux sur la route de Bayonne, D. II, 268. || Que la peste te crève, sorte d'exclamation de dépit, qui se dit à quelqu'un qui nous cause peine ou colère. || 13° Se crever, v. réft. Eprouver une rupture à force de dis- tension. Le sac, trop empli, se creva. || Se crever de boire et de manger, ou simplement, se crever. Le jeune renard mange tant qu'il se crève, et peut à peine aller mourir dans son terrier, FEN. XIX, 48. Soit qu'on meure de faim ou qu'on se crève, on dit toujours: ah! si M. de Formont était là! VOLT. Lett. en vers et en prose, 19. Comment es-tu mort, Cal- lidémidès? Car, pour moi, tu sais que je me crevai en un festin chez Dinias, qui est une belle fin pour un parasite, D'ABLANCOURT, Lucien, Dial. de Zéno- phante et Callidémidès. {} 14o Etre fatigué outre me- sure. Se crever de travail, de fatigue, travailler avec excès. Il est vieux et usé, il s'est crevé à me suivre; qu'en faire? LA BRUY. IX.
3° Terme de médecine. Aboutir. L'abcès est près de crever. 4° Crever de graisse ou d'embonpoint, être excessivement gras. || Crever se dit de ceux qui ont trop mangé. Il soupe, il crève; on y court, On lui donne maints clystères, LA FONT. Glout. Ils mangeront jusqu'à regorger, jusqu'à crever, J. J. ROUSS. Em. II. || Crever dans sa peau, être d'un em- bonpoint excessif; et, figurément, enrager en secret de quelque grand dépit. || Par extension. Crever de santé, avoir une santé florissante et de l'embon- point. Un gros garçon qui crève de santé, Mais qui de sens a bien moins qu'une buse, J. B. ROUSS. Épigr. I, 13. || Crever d'argent, de biens, avoir beau- coup d'argent, de biens. Mme de Coulanges, qui crève d'argent, a prêté mille francs à Mlle de Méri, SEV. t. VIII, Lett. 790, p. 416, dans POUGENS. 5° Être en proie à quelque passion qui cause du tourment, à quelque sentiment qui cause de l'impa- tience et que l'on renferme en soi, que l'on a honte de laisser voir. Que son cœur convoiteux d'avarice ne crève, REGN. Sat. x. Et chacun, en riant, en parle à cœur ouvert, Dont je crève de rage, ID. Elég. 2. Je crève de dépit, MOL. les Préc 1, 7. Et que puisse l'envie en crever de dépit, ID. Tart. II, 7. Pour le faire crever de honte et de ressentiment, HAMILT. Gramm. 9. || Absolument. Il fallait crever ou com- muniquer ses chagrins, HAMILT. Gramm. 8. Sa mère pensa crever en la revoyant, SÉV. 535. Le peu de fruit d'attenter sur ta vie Fera crever la haine et las- sera l'envie, ROTR. Bélis. 1V, 6. [Ô Boileau] J'embras- serai Quinault, en dusses-tu crever, VOLT. Ep. 95. Les gens crèveraient plutôt que de ne pas jaser, et vous tout le premier, P. L. COUR. 2o lettre particu- lière. | Crever de rire, rire excessivement de choses ridicules. Et dont les beaux discours.... Feraient crever de rire un saint du paradis, RÉGN. Sat x. Les sermons dont vous parlez font crever de rire, sÉV. 398. Les étrangers crèvent de rire quand ils voient, dans nos tragédies, le seigneur Agamemnon et le seigneur Achille qui lui demande raison aux yeux de tous les Grecs, et le seigneur Oreste brûlant de tant de feux pour madame sa cousine, P. L. COUR. -HIST. XIII's. Mais corroz qu'en a de s'amie, Trad. d'Hérod. préface. Crever de faim, avoir Cil corroz a nom crievecuer, Partonopex, dans grand faim, être dans le dénûment. Je ne veux pas le Dict. de DOCHEZ. | XVI S. Que ce leur est un me défaire de mon blé autrement, dussiez-vous grand crevecœur de voir.... D'AUB. Hist. 11, 44. Si crever de faim, MONTESQ. Lett. pers. 44. || 6° Mourir en par crevecœur du rejet que vous.... CARL. IV, 9. Feu parlant des bêtes, et aussi par dédain ou colère en monsieur le mareschal de Montluc, ayant perdu parlant des hommes. Fait crever les courtauds en son fils, me faisoit fort valoir, entre ses aultres re- chassant aux forêts, REGNIER, Sat. v. Et que vous grets, le desplaisir et creve cœur qu'il sentoit de n'êtes point crevé de toutes les médecines qu'on vous ne s'estre jamais communiqué à lui, MONT. II, 82. a fait prendre, MOL. Mal. imag. III, 3. Ils firent tant Or si mon sein, rempli de creve-cœur extreme Des Qu'on les vit crever à l'instant, LA FONT. Fabl. taches de nos grands, a tourné sur eux-mesmes vil, 25. Elle et son équipage ont pensé crever des L'œil de la verité.... D'AUB. Tragiques, les princes, chaleurs, skv. 677. Un homme qui tombe de cheval Kv. II. et qui crève sur la place, ID. 66. Mme d'Elbeuf a – ETYM. Crever, et cœur. pensé crever, ID. 212. Mme de Lavardin est enrhu- CREVER (krə-vé. La syllabe cre prend un accent mée à crever, ID. 389. Tu crèveras bientôt du venin
CRÈVE-COEUR (krè-ve-keur), s. m. Grand déplai- sir, déboire mêlé de dépit. Quel crève-cour! 11 n'y a point de crève-cœur plus grand à un homme d'honneur, que s'il faut qu'il aime ce qu'il ne prend point plaisir d'aimer, MALH. Traité des bienfaits de Sénèque, 11, 18. Si Vaudemont fut satisfait d'avoir le maréchal de Villeroy en Italie, ce fut un nouveau crève-cœur pour Tessé, ST-SIM. 97, 30. L'incroya- ble contrainte où l'humeur de M. le Prince tenait tout ce qui était réduit sous son joug, donna un extrême crève-coeur à cette aînée [de ses filles], ID. 4, 62. || Au plur. Des crève-cœur.
-XII's. L'aube creva [parut], si prist à ajourner, Ronc. p. 149. Ainz lui verrez le cuer au cors crever, ib. 158. [Ils jurèrent que] Par desuz le mentun la lengue lui trarunt, E les oilz de sun chief andous tous deux] li creverunt, Th. le mart. 135.
XIII s. Hé! envieus, chose dolente, Que te vaut d'un amant grever? Par foi, pour ce porras cre- ver, Roman de la Poire. Et fist à cescun des arba- lestriers un poing copper, et as siergans à cescun un oel crever, Chr. de Rains, p. 72. Quant povres jentiex hom demeure En son pais une seule heure, On li devroit les iex crever, Bl. et Jeh. 26. Fait Chantecler: et je le voil, La male goute li criet l'oil Qui s'entremet de someillier A l'eure que il doit veillier, Ren. 1702. Renart commence à apeler Qu'ilue- ques ne volt plus ester, Que jà estoit l'aube crevée, ib. 176. En ort leu m'orent [les moines] ostelé; De poor dui [je dus] estre orevez; Moult af esté par toi grevez, ab. 14370, Amors, ainc ne fu chevauchée,
Tournoiemens ne os banie [armée à bannières], Où on ne sentist de tes caus [coups]; Tu fais faire che- valerie, Tu fais perdre l'ame et la vie; Tu fais crever cors et chevaus, Hist. litt. t. xxIII, p. 618. Les ovres regarder devés, Se vous n'avez les iex crevés, la Rose, 11114. Lor piez lavez et furent oint, Qui crevé erent de mesaise, RUTEB. II, 203.
XIV s. Et le comte d'Auxerre, à qui l'ueil on creva, Fu à Robin Carole, qui puis le delivra, Guescl. 6355. Et les fossez remplis avironnéement, Et les gros murs mínez et crevez laidement, ib. 19577. Picquiez d'une espingle les boudins quant ils s'enflent, ou autrement ils creveroient, Ménagier, II, 5. Et soit tant bouly que l'orge creve, ib. xvs. Allez, allez querre vostre comte d'Armi- gnac, qui s'est tué et crevé à boire fontaine devant Alexandrie, FROISS. III, IV, 20.
XVI s. Il fut blecé à travers le corps si à point que son aposteme en creva, MONT. I, 254. Deliberé de crever [mourir] plus tost que de luy ouvrir la porte, ID. 1, 278. Se crever les yeulx, ID. ib. Il fault aller ou crever, ID. IV, 169. Ne vous ay-je point dit que cette nuée se creveroit à la fin quel- que jour, avec orage et tempeste qui tumberoit sur nous? AMYOT, Fab. 26. Il crevoit de despit, voyant que les nobles faisoient tout ce qu'ilz pouvoient à le [Sylla] poulser en avant, ID. Marius, 58. A force de crier après luy et de se tourmenter, il feit crever l'a- postume qu'il avoit dedans le corps, in. Sylla, 76. A la fin il y perdit un oeil qui luy fut crevé en com- batant, ID. Sertor. 4. En prononçant seulement une harengue qu'il a estudiée de longue main, il est en danger de crever et estouffer devant vous, ID. Phoc. 13. Ces choses luy creverent le cueur, ID. Cicéron, 41. Ilz s'encoururent devers Cleomenes en si grande haste que les chevaulx en creverent, ID. Agis et Cléom. 47. Les assiegez aussi tirerent un grand rempart derriere le bastion de l'evangile, où une mine creva sur six vingts pionniers, D'AUB. Hist. II, 46. Ils surchargerent l'artillerie de telle façon qu'elle creva toute entre les mains des Turcs, ID. ib. II, 200. Nous lui jurerons toutte fidelité et service tant pour cet affaire en general, que pour son particulier, pour crever tous à ses pieds pour son dit service, ID. ib. 228. Les autres crevans de rire, ID. ib. II, 230. Eux vont pour le desgager selon que le chemin assez large permettoit; mais tout cela estoit crevé [rempli de cette fleur de gentils-hommes gascons, qui tous frais venus avoient eu commandement de mesler sans taster, ID. ib. II, 254. La glace creva et enfonça plus de 120 hommes, ID. ib. II, 203. Que, sans le respect qu'il portoit au roi, il eust faict crever de harquebuzades tous les mareschaux de logis, CARL. III, 10.
SYN. CRI, CLAMEUR. Cri est beaucoup plus gé- néral que clameur; il se dit de tout grand bruit de voix produit par l'homme ou par les animaux, tan- dis que clameur exprime quelque chose de collectif. Un homme pousse un cri, mais il ne pousse pas une clameur; au contraire on dira la clameur de la foule. Cependant la Fontaine a dit, et très-bien dit : Une montagne en mal d'enfant Jetait une clameur si haute.... Fabl. v, 10. Mais ici la montagne est quel- que chose de gigantesque qui équivaut à quelque chose de collectif.
grands cris demande Nicomède, ID. Nic. v, 4. Com quefois les femmes sortaient des bornes de cette mo- ment, bourreau, tu fais des cris? MOL. Amph. 1, 2. destie, le cri public montrait que c'était une excep- Elle se mit à faire des cris effroyables, HAMILT. Gramm. tion, J. J. ROUSS. Lettre à d'Alemb. || 5° Fig. Appel 10. Il lui baisa la main, fit des cris, SEV. 400. Qui qui émane des choses, des sentiments. Étouffer le frappe l'air, bon Dieu, de ces lugubres cris? Est-ce cri de la conscience. Les cris du sang, sa force et donc pour veiller qu'on se couche à Paris? BOIL. Sat. ses impressions, VOLT. Fanat. iv, 1. Allez, sacrés VI. Que produira l'auteur après de si grands cris? La vengeurs de vos princes meurtris, De leur sang montagne en travaille enfante une souris, ID. Art par sa mort faire cesser les cris, RAC. Athal. v, poét. III. Nos Grecs n'ont répondu qu'avec un cri de Le cri de l'innocence, qui, dans le moment de l'ac- rage, RAC. Andr. v, 3. La moitié s'épouvante et sort tion, appelle des témoins, appelle des juges, MON- avec des cris, ID. Brit. v, 5. Pendant que tout gardait TESQ. Esp. XXIX, 15. A l'instant va s'élever contre un silence paisible, Sa voix s'est fait entendre avec moi cette philosophie d'un jour qui naît et meurt un cri terrible, ID. Esth. II, 1. Nos Lévites pleuraient dans le coin d'une grande ville et veut étouffer de de joie et de tendresse, Et mêlaient leurs sanglots là le cri de la nature, J. J. ROUSS. Lettre à d'Alemb. à leurs cris d'allégresse, ID. Athal. v, . Il poussait De ses mânes sanglants j'apaiserai les cris, VOLT. des cris horribles, FEN. Tél. xv. On poussa d'abord OEdipe, ш, 5. Et l'on entend dans les bois d'alen- de grands cris de joie, ID. ib. XVI. Quant aux cris tour La voix mourante ou le cri de l'amour, BER- naturels, l'homme les formera aussitôt qu'il éprou-NARD, Art d'aimer, III. Le cri de leur remords est vera les sentiments auxquels ils sont affectés, CON- monté jusqu'à moi, DELILLE, Parad. perdu, XI. Crí DILLAC, Conn. humaines, sect. 11, ch. 4. Les cris de l'honneur, DUCIS, Othello, III, 5. Avant Gustave naturels introduisent nécessairement l'usage des in- Vasa, tout Suédois était militaire; au cri du besoin flexions violentes, puisque différents sentiments ont public, le laboureur quittait sa charrue et prenait pour signe le même son varié sur différents tons; un arc, RAYNAL, Hist. phil. v, 9. Entends du haut ah, par exemple, selon la manière dont il est pro- des cieux le cri de nos besoins, LAMART. Méd. 1, 16. noncé, exprime l'admiration, la douleur, le plai- || 6° Voix propre à chaque animal. Le cri de la cor- sir.... ID. ib. part. 2°, sect. 1, ch. 2. Ces chants vont neille annonce de la pluie. La poule qui partage un se changer en des cris de tristesse, VOLT. Tancr. v, ver à ses enfants N'a pas le même cri que la poule 6. || N'avoir qu'un cri, ne jeter qu'un cri, crier con- éperdue Dont l'horrible faucon vient de frapper la stamment, se plaindre sans discontinuer. Ce pauvre vue, DELILLE, Trois règnes VIII. Un effroyable cri malade n'a qu'un cri, tant la douleur est vive. Mme [d'un monstre] sorti du sein des flots Des airs en ce de Rochefort n'a qu'un cri, depuis que vous avez écrit moment a troublé le repos, RAC. Phèd. v, 6. 7° Bruit à ses cousines sans lui dire un mot, sEv. dans le Dict. strident. Le cri de la scie. N'entend-on pas le qui- de DOCHEZ. || Familièrement. N'avoir qu'un cri après vive des gardes, Qui se mêle au cri des verrous? quelqu'un, se dit de plusieurs personnes qui en dé- BERANG. Louis XI. || Poétiquement. J'ai souvent sur - sirent une autre impatiemment. | Ne faire qu'un cri, ma tête Entendu les fureurs, les cris de la tempête, pousser un seul cri. Eudoxe en le voyant ne fait DUCIS, Othello, 1, 8. || 7° Le cri de l'étain, craque- qu'un cri et tombe évanouie, MARMONT. Bélisaire, ment que ce métal fait entendre quand on le plie. ch. vi. Fig. Jeter, pousser les hauts cris, se récrier, || 8° Donner du cri à la soie, la soufrer. se plaindre amèrement. || On dit aussi dans le même sens crier les hauts cris, faire les hauts cris. Je le trouvai criant les hauts cris, sév. 32. Mme de Bris- sac de crier les hauts cris, ID. 117. Mme d'Elbeuf a crié les hauts cris, ID. 212. M. le Prince et son parti firent les hauts cris, ST-SIM. 91, 109. || 2° Pa- roles prononcées en criant et de manière à être en- tendues au loin. Cri de guerre. Cri de ralliement. Un cri d'alarme se fit entendre. || Cris de Paris, cris des petits marchands qui offrent de vendre ou d'acheter par la ville de menues denrées, des ouvriers ambu- lants qui offrent de faire de menus ouvrages. || Accla- HIST. XI s. Cil ki prendra larun sanz suite et mation. Les cris de vive le roi ! retentissaient de tous cri, Lois de Guill. v. Donc [ils] recomencent et le côtés. J'ai vu de rang en rang cette ardeur répan-hu et le cri, Ch. de Rol. CLI. || XIIe s. Li quens Er- due, Par des cris généreux éclater à ma vue, RAC. nouf en out de traison grant cri [blame], Mais on- Alex. 1, 2. Sont autant de témoins dont le cri glo- ques por le blasme le chastel ne guerpi [quitta], rieux A déposé pour vous au tribunal des Dieux, Rou, ms. p. 65, dans LACURNE. Qu'à l'assembler VOLT. Sémiram. 1, 5. | Cri public, ce qu'on publie [à l'attaque] ot tel noise et tel cri, Ronc. p. 72. à son de trompe par ordre de justice. Il est défendu Grans fu la noise et li cris de la gent, ib. p. 77. De- par cri public. Les cris de l'école, les paroles vant lui vient, si lui crie à haut cri, ib. p. 142. bruyantes, qui se font entendre dans les argumen- Charles li rois fist faire et son ban et son cri, ib. tations des écoles. Juvénal, élevé dans les cris de p. 191. Que, s'en tute la terre eust clerc si hardi, l'école, Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyper- Qui à Rome apelast al lues le rei Henri, Sereient er- bole, BOIL. Art p. II. Tout est trouble et discorde, ranment tuit si chasel saisi, E il mis en prisun, et les cris de l'école Egalent en fracas les cavernes cum s'il eûst mal cri, Th. le mart. 66. Seignur, par d'Eole, DELILLE, Trois règnes, II. || Terme de chasse. amur Deu, nel faites pas einsi; S'un ocist l'arce- Mots que prononcent les chasseurs quand ils parlent vesque, vus en aurez le cri; Car tus li païs scet que aux chiens pour les flatter ou les exciter à poursuivre vus l'avez hai, ib. 42. || XII s. Qui de fausser ont la bête. Chasser à cor et à cri, chasser avec le cor le cri [ont la réputation de tromper], Ms. de poésie et les chiens; et fig. Demander à cor et à cri, de- fr. avant 1800, t. IV, p. 407, dans LACURNE. Or- mander à haute voix, d'une voix pressante. || Terme gueil de serf, ueil de larron, Langue de leu [loup], de blason. Cri d'armes, cri de guerre, ou, simple- cri de paon, Partonop. Ms. de St-Germ. fo 164, dans ment, cri, un ou plusieurs mots en forme de de- LACURNE. Lors a la male serve un mout grant cri vise qu'on place ordinairement au cimier des armes.jeté, Berte, xv. Chascuns entre en la chambre, Comme ces mots étaient anciennement sur les ban- nières, c'était dans les batailles le cri de ceux qui suivaient une bannière. || 3° Gémissement, plainte, accusation. Dieu entend les cris des veuves et des orphelins. Et mes cris éternels L'arrachèrent du CREVICHE (kre-vi-ch'), s. f. Un des noms vul- sein et des bras paternels, RAC. Phèd. 1, 3. Son gaires de la crevette. père par vos cris dès longtemps prévenu, ID. ib. III, 3. Voilà, voilà les cris que je craignais d'entendre, ID. Iphig. Iv, 5. Sion, le jour approche où le Dieu des armées Va de son bras puissant faire éclater l'appui, Et le cri de son peuple est monté jusqu'à lui, DD. Esth. 1, 4. Les cris élevés contre l'inocula- tion, même avant qu'on eût essayé de la mettre en usage, CONDORCET, Tronchin. 4° Opinion publique. Il n'y a qu'un cri contre lui. Le cri public. La re- nommée se fait entendre et le cri de la louange de- vient général, DESFontaines. Quoiqu'il n'y ait qu'un cri contre ceux qui ont l'imprudence de jouer, sans s'être informés de la valeur des jetons, chacun peut impunément parler sans avoir appris la valeur des mots, CONDILLAC, Traité des syst. ch. 18. Si quel-
ETYM. Provenç. crebar; espagn. et portug. quebrar; ital. crepare; du latin crepare, crever. + CREVET (kre-vè), s. m. Laoet de tresse ferré aux deux bouts.
CREVETTE (kre-vè-t'), s. f. 1 Petite écrevisse de mer, dite aussi chevrette ou saltoque, très-bonne à manger (palæmon squilla, Fabricius). || Crevette d'eau douce ou des ruisseaux, puce d'eau, nom vul- gaire d'un très-petit crustacé commun dans nos ruisseaux (gammarus fluviatilis). || 2° Terme d'art militaire. Espèce de grenade à feu.
HIST. XVI S. Escrevette, OUDIN. -ÉTYM. Allem. Krabbe, qui vient du latin carabus. Escrevete parait formé sur le modèle de escrevise. + CREVETTINE (kre-vè-ti-n'), s. f. Terme de zoo- logie. Nom d'une famille de crustacés qui sont tous parasites.
ETYM. Diminutif de crevette.
+ CRÊVE-VESSIE (krè-ve-vè-sie), s. m. Appareil de physique dans lequel on fait enfoncer et crever une membrane par la pression atmosphérique. || Au plur. Des crève-vessies.
ETYM. Autre forme de crevette.
CRI (kri), s. m. || 1° Voix poussée avec effort, de manière à être entendue au loin; et, par extension, d'abord les voix inarticulées que nous arrache la douleur ou une passion violente, et ensuite les voix confuses, les sons indistincts d'une multitude qui demande une chose; enfin, par exagération, les pa- roles emphatiques ou trop enflées d'un orateur ou d'un poète. Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants, CORN. Cid, IV, 3. Un grand peuple, seigneur, dont cette cour est pleine, Par des cris redoublés demande à voir la reine, ID.-Pomp. v, 6. Elle jeta des cris, elle versa des pleurs, ID. Médée, 1, . Tout le peuple à
quant il oient le cri, ib. LXXXIX. Chascuns maudit la serve et crient à haus cris.... ib. XCIX. Que vous n'aurez ne cri ne non De m'amor, pour rien que je voie, Lai de l'ombre. Cascuns est tenus de penre [prendre] le bani son segneur; et, s'il ne le pot penre, de lever le cri après li, et de porsivir tant qu'il soit pris, BEAUM. XXXIV, 32. Et quant li cris a esté fet communement par les eglises, il doivent regarder combien il sont tenu à paier, ID. XII, 31. Quant les bouchiers et les autres homes de l'ost et les femmes qui vendoient les danrées oîrent ce, il leverent le cri en l'ost, et à [avec] l'aide de Dieu il secoururent le conte, JOINV. 233. || xve s. Et fit-on à savoir par un cri et par un heraut que, le premier qui entre- roit dedans Duras, il gagneroit cinq cents francs, FROISS. II, 11, 1. Elle m'a faict souvent monter A cheval, faire mes effors, Aller, chevaucher, tem- pester, Et courir à cry et à cors, COQUILL. Monol. de la botte de foin. || XVI S. Les pauvres femmes se leverent à cri [en criant], tant estonnées de voir leur maistresse comme morte, MARG. Nouv. xv. Et
ETYM. Provenç. crit, crida; catal. crit; es- pagn. grito; ital. grido (voy. CRIER).
† CRIAGE (kri-a-j'), s. m. Action et office de ce- lui qui fait le cri public, c'est-à-dire qui va criant les choses que l'on veut faire savoir à tous.
ÉTYM. Picard, guerbler; wallon, criler; rou- chi, creuler, gribler; génev. quibler; Berry, cru- bler; espagn. cribar; portug. crivar; du latin cri- brare (voy. CRIBLE).
CRIBLEUR, EUSE (kri-bleur, bleû-z'), s. m. et f. Celui, celle qui crible.
† CRIBLEUX, EUSE (kri-bled, bleû-z'), adj. Terme d'anatomie. Os cribleux, l'ethmoide. Le nez a un os cribleux pour faire passer les odeurs jus- qu'au cerveau, FÉN. Exist. 38.
les vieilles desolées Se tordent leurs cheveux gris, mont, 16 février 1770. Je n'ai jamais su faire des | pepins de deux doigts de terre, qu'on y criblera par Voyant leurs filles en cris Par ces bourreaux vio- dettes criardes, J. J. ROUSS: Conf. iv. || 2° Aigre. Voix dessus, o. DE SERRES, lées, YVER, p. 526. Et si doit [l'aîné] avoir le nom, criarde. Sons criards. Instrument criard. Comment le cri et les armes pleines, LOYSEL, 615. Le heraut concevrez-vous jamais que la langue française, dont s'escria si hault que son cry fut ouy de toute l'as-l'accent est si uni, si simple, si modeste, si peu chan- semblée, AMYOT, Flamin. 20. Les cris et proclama- tant, soit bien rendue par les bruyantes et criardes tions publiques, ID. Solon, 11. intonations de ce récitatif? J. J. ROUSs. Lett. sur la mus. franç. || Toiles criardes, et, substantivement, des criardes, nom de toiles extrêmement gommées qui font un certain bruit lorsqu'on les emploie. Fig. Terme de peinture. Tons criards, couleurs criardes, tons, couleurs qui tranchent trop forte- ment, qui font sur l'oeil l'effet blessant que font des sons discordants sur l'oreille. || 3° Qui gronde sans cesse et à grand bruit. Cette femme est bien criarde. Humeur criarde. Tantôt, aigre et criard, parle en maître irrité, DELILLE, Trois règnes, vIII. ||| Substantivement. C'est un grand criard. Vous êtes une criarde. Le roi des dieux ne sait auquel entendre; Son fils Mercure aux criards vient en- cor, LA FONT. Fabl. v, . C'était d'abord un pe- tit criard qui étourdissait tout le monde, et vous êtes témoin qu'on ne l'entend pas plus à présent dans la maison que s'il n'y avait point d'enfant, J. J. ROUSS. Hél. v, 3. || 4° S. m. Un des noms vulgaires du pluvier à collier.
HIST. XIII® s. Et il les peut toz faire vendre l'un après l'autre au criage par le dit crior, Ass. de Jér. I, 198. || xv s. A cause de mon office de criage, DU CANGE, cridatio.
CRIAILLER (kri-â-llé, l mouillées, et non kri- â-yé), v. n. || 1o Crier fréquemment et d'une ma- nière désagréable. Si on ne leur donnait jamais [aux enfants] ce qu'ils auraient demandé en pleurant, ils apprendraient à s'en passer; ils n'auraient garde de criailler et de se dépiter pour se faire obéir, ROLLIN, Traité des Ét. liv. VI, I part. ch. 1, art. 3. .... Je criaille Pour les mieux exciter à se donner bataille, DU FRENY, Réconc. norm. v, 14. || Par extension. Ma plume criaille et ne fait que des filets, SEV. 368. 2o Crier fréquemment après quelqu'un, se répan- dre en gronderies, en plaintes. Il ne fait que criail- ler Criaillez tant que vous voudrez contre les ency- clopédistes, VOLT. Lett. Richelieu, 23 août 1765.
HIST. XVI s. Peuple qui vole en troupes in- finy, Et criaillant sur les rives cognues, Se presse ensemble aussi espais que nues [note de Ronsard: |tion de cribler. fréquentatif de crier, fort usité en Vandomois, An- HIST. XVI S. Criblage, OUDIN, Dict. jou et Maine], RONS. 602. On ne cesse de criailler à CRIBLE (kri-bl'), s. m. Instrument percé d'un nos aureilles, comme qui verseroit dans un enton-grand nombre de trous, par lesquels on sépare noir; et nostre charge ce n'est que redire ce qu'on nous a dict, MONT. I, 160.
ce qui est plus fin de ce qui est plus gros. || Percè comme un crible, percé de tous les côtés. La peau · ETYM. Fréquentatif de crier; provenç. crizail- est percée partout comme un crible, FÉN. Exist. 32. lar. Crible à pied, crible composé d'une trémie dans CRIAILLERIE (kri-å-lle-rie, Il mouillées, et non laquelle on verse le grain. || Planche percée de trous kri-a-ye-rie), s. f. 1 1° Action de criailler. Ce qui et maintenant les tuyaux dont les embouchures sont nourrit les criailleries des enfants, c'est l'attention placées dans le sommier de l'orgue. || Terme de mé- qu'on y fait, J. J. ROUSS. Hél. v, 3. || 2o Action d'im-tallurgie. Espèce de claie dans laquelle on passe les portuner par des plaintes et des récriminations. Dé-minerais, pour les réduire à une grosseur uniforme. livrez-moi, monsieur, de la criaillerie, MOL. Tart.
ETYM. Criailler. CRIAILLEUR, EUSE (kri-â-lleur, lleu-z', ll mouil- lées, et non kri-â-yeur), s. m. et f. Celui, celle qui ne fait que criailler. Tous ces gens de guerre étaient au- tant de criailleurs à gage, RETZ, 11, 275. Le comman- deur de St-Simon, chef des criailleurs du parti des princes, ID. Mém. t. II, liv. I, p. 377, dans pou- GENS. Non-seulement il faut crier, mais il faut faire crier les criailleurs en faveur de la vérité, VOLT. Lett. Damilaville, 29 sept. 1764.
CRIANT, ANTE (kri-an, an-t'), adj. Qui crie. Une voix criante. Peu usité; on dit de préférence criard. || Par extension, qui excite à se plaindre hautement, en parlant des choses. Des injustices criantes. Un passe-droit criant. On ne peut faire une altération plus criante, BOSs. Conc. On se con- tente de renoncer à certains vices criants qui étaient à charge, MASS. Car. Causes de rechute. Pourvu que la conscience ne vous reproche pas de vice gros- sier et criant, ID. ib. Riche. il serait d'une injustice criante de ne pas adresser la même insulte à Bur- rhus, DIDER. Ess. s. Claude. Tel était l'état de Sparte, quand Agis songea à remédier à des abus si criants, ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. vII, p. 525, dans POUGENS. La Suède éprouva au dedans les vexations les plus criantes et perdit au dehors une partie de sa réputation, CONDILLAC, Étud. hist. part. 1o,
Terme de mathématique. Crible d'Eratosthène, méthode pour déterminer les nombres premiers.
HIST. XIII S. Tu iez saluz de nostre essence, Balaiz de nostre vanitei, Cribles de nostre concience, RUTEB. II, 14. || xvi s. Ses murs seroient tous per- cez comme un crible, Mém. s. D. G. ch. 32. Les se- mences sauvages qui sont de mesme forme en gran- deur et grosseur que le froument, se trouvans mes lées parmy, sont bien malaisées à trier, et separer d'ensemble avec le crible: aussi est l'amitié très difficile à cribler et discerner d'avec la flaterie, AMYOT, Comm. disc. le flatt. de l'ami, 10. Cest os a esté nommé des Grecs ethmoide, des latins spon- gieux ou cribleux, pource qu'en luy y a plusieurs trous comme aux esponges, et non pas droits comme un crible, PARÉ, III, 4.
ETYM. Berry, cruble; génev. quible; wallon, crile; rouchi, creule, grible; du latin cribrum. CRIBLÉ, ÉE (kri-blé, blée), part. passé. || 1o Passé au crible. Du sable criblé. || 2o Percé de trous comme un crible. Mur criblé de coups de canon. Criblé de blessures. Criblé de petite vérole. Le vaisseau en- nemi, criblé de coups, ne put être sauvé, et coula bas le lendemain, FONTEN. Renau. || Terme d'anato- mie. Lame criblée ou cribleuse, portion horizontale de l'os ethmoide. || Fig. Etre criblé de dettes, avoir beaucoup de dettes. Criblé de ridicules, se dit d'une personne très-ridicule.
† CRIBLETTE (kri-blè-t'), s. f. Genre de mousses.
ETYM. Lat. cribrum, crible, et forma, forme. 1. CRIC (kri; le c ne se prononce jamais), s. m. Instrument de mécanique, composé d'une roue den- telée, qui se tourne avec une manivelle, et qui donne le mouvement à une barre de fer dentelée aussi. On se sert du cric pour lever toutes sortes de fardeaux. || Terme de carrosserie. Pièce de fer dentée, qui tient chaque soupente tendue. Une des soupentes de la voiture s'était détachée de son cric.
HIST. XVI S. Il vous faut des souliers à cricq, D'AUB. Fœn. 1, 2.
ETYM. Pourrait-on penser à saint Cricq, le nom d'un saint ayant été donné métaphoriquement à un instrument très-secourable (Cricq est Quiri altéré de Cyricus); ou à l'onomatopée cric, à cause du bruit que fait l'instrument? †2. CRIC (krik). Onomatopée qui exprime le bruit d'une chose qu'on déchire. | Substantivement. On entendit un léger cric.
† 3. CRIC (krik), s. m. Se trouve quelquefois pour criss (voy. ce mot).
CRIC-CRAC (krik-krak), s. m. Onomatopée qui exprime le bruit que font certains corps solides en se brisant ou en se déchirant.
+ CRICÉAL, ALE (kri-sé-al, a-l'), adj. Terme d'anatomie. L'os cricéal, ou, substantivement, le cricéal, la quatrième paire d'os auxiliaires des arcs branchiaux, chez les poissons.
† CRICET (kri-sè), s. m. Un des noms du ham-
† CRICETIN (kri-se-tin), s. m. Terme de zoologie. Nom d'une famille de petits rongeurs qui renferme les marmottes et les hamsters.
† CRICK (krik), s. m. Nom donné à Cayenne au psittacus agilis, dit aussi perroquet crick, et qu'on y a étendu à tous les perroquets, LEGOARANT.
+ CRICO.... Préfixe anatomique qui vient de xpí- xoc et signifie cercle.
+ CRICO-ARYTÉNOÏDIEN, IENNE (kri-ko-a-ri- té-no-i-diin, diè-n'), adj. Terme d'anatomie. Nom de plusieurs muscles qui s'attachent aux cartilages cricoïde et aryténoïde. || Substantivement. Les cri- co-aryténoïdiens.
+ CRICOÏDE (kri-ko-i-d'), adj. Terme d'anatomie. Cartilage cricoïde, ou, substantivement, le cricoïde, cartilage à la partie inférieure du larynx. ΕΤΥΜ. Κρικοειδής, de κρίκος, anneau, et είδος, forme.
CRIBLER (kri-blé), v. a. || 1o Passer au crible. Il faut cribler le froment et rejeter l'ivraie, VOLT. Sing. de la nat. 186. || Fig. Et criblant mes raisons pour en faire un bon choix, REGNIER, Sat. XIV. Nous cri- blons le discours au choix se variant, ID. Sat. 1x. || 2o Percer de trous nombreux. Cribler quelqu'un de coups de stylet. || Fig. Le mal nous crible et nous pénètre de tous côtés, VOLT. Memmius, x. || 3° Se + CRICO-PHARYNGIEN, IENNE (kri-ko-fa-rin- cribler, v. réft. Etre criblé. Ces parties se criblant jiin, jiè-n'), adj. Terme d'anatomie. Qui appartient dans les petites branches des carotides, DESC. Fo-au cartilage cricoïde et au pharynx. Les muscles cri- tus, 3. Se percer l'un l'autre de beaucoup de co-pharyngiens, ou, substantivement, les crico- coups. Sœurs [Cités sœurs, Semlin, Belgrade], à pharyngiens. vous cribler de blessures Espérez-vous un grand renom? v. HUGO, Orient. 35.
CRIARD, ARDE (kri-ar, ar-d'), adj. || 1° Qui crie souvent. Un enfant criard. L'âtre entouré d'un tas d'enfants criards, MAD. DESHOUL. Ballade. La même cause qui le rend [un enfant] criard à trois ans le rend mutin à douze, querelleur à vingt, impérieux à trente, et insupportable toute sa vie, J. J. ROUSS. Hél. v, 3. | Oiseaux criards, les oiseaux niais qui n'ont qu'un cri désagréable. || Dettes criardes, pe- tites dettes que l'on contracte chez les fournisseurs d'objets de première nécessité et dont le payement est sollicité avec importunité. Mémoire juste et bref de nos dettes criardes Que Mathurin Géronte aurait tantôt promis Et promet maintenant de payer pour son fils, REGNARD, Joueur, III, 4. A condition que HIST. XVI s. Je cognois que je seme au rivage toutes les dettes criardes qu'il a faites dans ce pays-ci infertile, Que je veulx cribler l'eau, et que je bats seraient préalablement acquittées, VOLT. Lett. Beau-le vent, DUBELL. VI, 15, verso. L'on couvrira les DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE. -7
CRID (krid'), s. m. Voy. CRISS. CRIE, EE (kri-é, ée), part. passé. Des paroles criées à la hâte. Un air crié et non chanté. || Vendu à la criée. Des marchandises criées.
IENNE (kri-ko-ti-ré-o-i-diin, diè-n'), adj. Qui ap- haro sur le baudet, LA FONT. Fabl. VII, 1. || Fig. Crier | proclamer. Il ira crier cela partout. Qu'est-ce donc partient à la fois aux cartilages cricoïde et thy-haro sur quelqu'un, appeler sur lui la haine, la co- que nous crie cette avidité et cette impuissance? réoïde. Les muscles crico-thyreoïdiens, et, substan- PASC. dans COUSIN. || 16° Crier un objet perdu, an- noncer qu'un objet a été perdu, afin qu'il soit rap- tivoment, les crico-thyreoïdiens. + CRICO-TRACHÉAL, ALE (kri-ko-tra-ké-al, a-l'), porté. Crier une marchandise, annoncer le prix au- adj. Terme d'anatomie. Qui appartient au cartilage quel elle se vend. On a crié du vin à quinze sous cricoïde et à la trachée-artère. Crier des meubles, les mettre à l'enchère. Crier des +CRI-CRI (kri-kri), s. m. Le grillon domestique. pommes, de la salade, les vendre dans les rues en Le bruant proyer. || Au plur. Des cri-cris. les annonçant par le cri Crier un bulletin, une or- ÉTYM. Onomatopée. donnance, la vendre dans les rues, en l'annonçant par un cri. Je me contentais d'entendre ici, toutes les semaines, crier votre nom et vos victoires et de pouvoir apprendre de vos nouvelles en les achetant, VOIT. Lett. 82. || Autrefois, crier à son de trompe, crier à ban, crier à trois briefs jours, citer un cri- minel à comparaître dans un temps donné. Il fut crié à son de trompe. || 17° Crier quelqu'un, le gron- der. Tu ne me diras plus, toi qui toujours me cries, Que je gåte, en brouillon, toutes tes fourberies, MOL. l'Etour. II, 14. Pourquoi me criez-vous? ID. Éc. des f. v, 4. Cette locution a vieilli; mais elle reste en usage dans plusieurs provinces, particu- lièrement en Normandie. 18° Se crier, v. réfl. Etre crié. Les marchandises qui se crient sur voie publique. || Proverbes. On a tant crié Noël qu'à la fin il est venu, se dit d'une chose très-désirée et qui s'accomplit à la fin. || 11 est comme les anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche, il se plaint d'avance par peur et sans cause (voy. ANGUILLE).
CRIÉE (kri-ée), s. f. || 1° Terme de pratique. Pro- clamation pour annoncer la vente des biens en jus- tice. Le code a substitué les affiches à la criée. || 2o Vente publique aux enchères. Une vente à la criée. | Audience des criées, celle où l'on vend les biens dont la vente a lieu devant le tribunal. |
HIST. XIe s. Illoc refut la criée si grant, Ronc. p. 166. ||xmis. Là oissiez de joie commencer tel criée, Berte, CXXVI. Tel noise font et tel criée, Qu'en les oïst d'une lieuée, Ren. 11801. Quant il oirent la criée.... ib. 13312. Il appela son pere moult à haute criée, Ch. d'Ant. v, 1916. || XVI s. Le sergent qui faisoit la criée, AMYOT, Thém. 36.
lère des autres. || 5° Intercéder. Tous les trésors du ciel vont se répandre sur la terre; la voix du sang de Jésus-Christ crie pour vous, MASS. Car. Motif de conv. | Faire appel aux sentiments. Le saug de nos rois crie et n'est point écouté, RAC. Athal. 1, 1. Que je découvre ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé; que je fasse crier son sang comme celui d'Abel, et que j'expose à vos yeux les tristes images de la religion et de la patrie éplorée, FLECH. Turenne. || Etre criant. Mal- gré les cris de cette noblesse, malgré l'abus qui criait de lui-même, MONTESQ. Esp. XXVIII, 18. Je ne vous ferai sur cela aucun commentaire, la chose crie; vous en serez révolté, P. L. COUR. I, 109. | 6° Répéter de tous côtés. On criait de tous côtés que la république était rétablie, VERTOT, Révol. rom. liv. XIV, p. 316. || 7° Réprimander d'une manière aigre et bruyante. Il ne fait que crier. Elle a bien crié après lui. 8° Faire entendre hautement le blâme, la plainte. Tout le monde crie de cela, crie contre ce ministre. Mais entendez crier Rome à vo- tre côté, CORN. Cinna, III, 2. Ô temps! ô moeurs! j'ai beau crier; Tout le monde se fait payer, LA FONT. Fabl. XII, 6. Hélas! j'ai beau crier et me rendre in- commode, L'ingratitude et les abus N'en seront pas ETYM. Crié; provenç, cridada. moins à la mode, ID. ib. XII, 16. Je vous crois; CRIER (kri-é), je criais, nous criions, vous criiez; mais pourtant on crie, on vous menace, BOIL. Sat. que je crie, que nous criions, que vous criiez; je IX. De zélés indiscrets qui crieront en public contre crierai; je crierais; on écrit aussi quelquefois crtrai, eux, qui les accableront d'injures, MOL. D. Juan, crirais; v. n. ||1° Faire un ou plusieurs cris. Ecoutez, v, 2. Qui criaient après les vices de leur siècle, ID. l'enfant crie. Le chien battu criait. Les canards s'é- Préf. de Tart. Il voulut les faire crier contre l'injus- battent dans cette mare et crient. La mort a des tice du ciel, HAMILT. Gramm. 10. D'où vient que rigueurs à nulle autre pareilles; On a beau la prier; Tertullien crie si souvent contre les philosophes et La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles Et nous les nomme tantôt les patriarches des hérétiques, laisse crier, MALH. VI, 18. S'il savait son affaire, Il tantôt les cuisiniers de toutes les hérésies? PELLISS. crierait comme moi, LA FONT. Fabl. VIII, 12. Dans les Mém. pour les gens de lettres, p. 84. Ceux qui criaient rues les petits enfants crient sur lui, SEV. 146. Aussi- contre les abus, BOSS. Var. VI. Il est le premier à tôt on accourt; tout le peuple empressé Crie, pousse, crier contre les dépenses excessives, FÉN. Tél. XIII. se bat pour être bien placé, FEN. XXI, 305. D'autres Cet impôt fait beaucoup crier le peuple en France, veulent crier, et leurs voix défaillantes Expirent J. J. ROUSS. Pol. 11. La nation française qui crie si de frayeur sur leurs lèvres béantes, DELILLE, Énéide, aisément et qui plus aisément encore se lasse de VI. || Fig. Plumer ou tuer la poule sans la faire crier, crier, D'ALEMB. Destruct. Jes jés. Œuvres, t. v, exiger sans bruit et sans éclat des choses qui ne p. 71, dans POUGENS. | 9° Crier vers Dieu, élever la sont pas dues, rapiner tacitement. || Familièrement. voix vers Dieu, l'implorer. A qui crierai-je, Seigneur, Il crie comme si on l'écorchait, ou comme un aveu-si ce n'est à vous ? PASC. Prière. Grand Dieu, vous gle qui a perdu son bâton, il pousse de grands cris. refuserez-vous à la brebis qui revient? Le sang de Crier comme un perdu, comme un fou, comme l'agneau qui crie vers vous et qui coule sur l'autel, un enragé, comme un beau diable, expressions fa- ne se fera-t-il pas entendre? MASS. Or. fun. Conti. milières qui signifient crier très-fort. || Crier à pleine | Dans le même sens, crier à quelqu'un. Et ce peu- tête, à tue-tête, du haut de sa tête, crier de toute ple, en tout temps chargé de vos bienfaits, Crie sa force. Terme de chasse. Quand les chiens chas- encore à son père et demande la paix, VOLT. Fanat. sent, on ne dit pas les chiens aboient, mais les 1, 1. || 10° Crier à, crier contre. Crier à l'injustice, chiens crient. 2° Parler fort haut ou trop haut. à l'oppression. S'il défend avec courage la souveraine Il est tellement sourd qu'il faut crier pour se faire puissance dont il est revêtu, on crie au tyran, VER- entendre. Il ne saurait discuter sans crier. Cette ror, Révol. rom. liv. 1, p. 262. Sans s'exposer à femme-là ne chante pas, elle crie. || Discuter avec nous faire crier au blaspheme, J. J. ROUSS. Em. IV. aigreur. C'était à qui crierait le plus haut, le plus Jusqu'à ce qu'on en ait la preuve, ses confrères de fort. 3° Dire en criant. Se tournant de leur côté l'Académie et du clergé ne sont-ils pas en droit de il leur cria: Ils ont vécu, VERTOT, Révol. rom. crier au mensonge? D'ALEMB. Apolog. de Clermont liv. XII, p. 214. Elle crie au second qu'il secoure Tonn. Les bigots, par rancune, Au sorcier criaient son frère, CORN. Hor. iv, 2. Et je pense avoir même tous, BERANG. Ménétr. de Meudon. il Appeler à. Mon entendu quelque voix Nous crier qu'on apprît à dé- amour et ma haine et la cause commune Crieront à daigner les rois, ID. Suréna, v, 5. Fig. On la vengeance.... CORN. Attila, II, 6. Le clergé d'un rapporte qu'il [Alexandre blessé] dit: Tous jurent côté, les pasteurs de l'autre criaient à la religion, que je suis fils de Jupiter; mais ma blessure me crie VOLT. Mours, 171. || Se récrier à cause de quelque et me fait sentir que je suis homme, ROLL. Hist. anc. chose. La santé dans ces murs tout d'un coup répan- Ouvres, t. vI, p. 494. || Avertir avec instance. Il y due Fait crier au miracle, CORN. OEdipe, v, 11. Vous a longtemps que je lui crie d'être sage, de prendre allez, monsieur, peut-être crier au paradoxe, DIDER. garde à lui. Et que sert à Cotin la raison qui lui crie: Lett. s. les sourds. || 11° Proférer un cri de rallie- N'écris plus, guéris-toi d'une vaine manie? BOIL. ment, une acclamation. Les Français criaient au- Sat. viu. 4 Prononcer un ou plusieurs mots en criant. trefois Montjoie! On cria vivat! Du haut de nos Les sœurs crient miracle, et chacune ravie Conçoit remparts j'ai vu descendre en larmes Le peuple qui pour son vieux père une pareille envie, CORN. Médée, courait et qui criait aux armes, RAC. Theb. v, 2. 1, 1. J'entends crier au voleur, au feu, sév. 20. 12° Produire un bruit strident. Cette porte crie. M. de Cambrai et ses amis crient ici victoire, BOSS. L'essieu crie et se rompt; l'intrépide Hippolyte Voit Lett. quiét. 176. Rendons grâce à lui seul [Dieu] du voler en éclats son char tout fracassé, RAC. Phèd. rayon qui nous luit, Sans nous enfler d'orgueil et v, 6. C'est le vent, me dites-vous, Qui fait crier la зans crier ténèbres Aux enfants de la nuit, LAMART. serrure, BÉRANG. Mère av. || Ses boyaux lui crient, Harm. 1, 6. Crier famine, crier misère, se plaindre se dit du bruit que font les entrailles. || 13° Publier hautement de la gêne où l'on se trouve. Elle alla crier à cri, annoncer au nom de l'autorité. On a crié à famine Chez la fourmi sa voisine, LA FONT. Fabl. I, 1. son de trompe que chacun balayât le devant de sa Nous avons eu beau crier misère, sév. 288. || Crier porte. || Impersonnellement et au passif. Il fut crié famine sur un tas de blé, se plaindre de manquer des de par le maire que.... | 14° V. a. Crier les hauts choses dont on est amplement pourvu. || Crier ven- cris, jeter de grands cris. Je le trouvai criant les geance, faire appel à la vengeance. Il leur criait ven- hauts cris, SEV. 32. Mme de Brissac de crier les geance et changeait de pensée, VOLT. Orphel. v, 1. hauts cris, ID. 117. || Crier un air, le chanter d'une En parlant des choses. Son sang criera vengeance manière criarde. || Prononcer en criant. Debout sur el je ne l'orrai pas! CORN. Cid, III, 3. Voilà qui crie le rivage, il lui cria ses adieux. Demander en vengeance au ciel, MOL. l'Av. 1, 5. || Anciennement. criant. Et ne point écouter le sang de més parents Crier haro (voy. HARO), arrêter un homme pour le con- Qui ne crie en mon cœur que la mort des tyrans, duire sur-le-champ devant le juge. A ces mots on cria CORN. Hérael. III, 2. || 15° Dire une chose hautement,
HIST. XI S. Cel nen i a qui ne crie: Marsile! Ch. de Rol. cxxiv. Adoubez vous, si criez vostre enseigne, ib. CXXXIII. Li chrestien te reclaiment et crient, ib. ccxcIII. || XIIe s. Plorent et crient chas- cuns de ses casez [vassaux], Ronc. p. 18. Au roi de crier, ib. p. 109. Baligans gloire merci [il] prist crie trois mos à un tenant [d'une seule teneur], ib. p. 136. Devant lui vient, si lui crie à haut cri, p. 142. En sa grant ost [il] fait banir et crier, tb. p. 177. Et quant je plus merci vous doi crier, Lors vous truis je [je vous trouve] cruel si durement, Couci, x. Diex! quant crieront outrée, Sire, aidez à pelerin, Pour qui [je] sui espouvantée; Car feion sont Sarazin, Dame de faiel, dans Couci. Empris ['] ai greignor folie Que li faus enfes [enfant] qui crie Pour la bele estoile avoir, ib. I. Merci [je] lui cri, qu'onc [je] ne fis vilenie; Car vilain fait bone amour desevrer [séparer], ib. xxu, Quant vit que il n'aura l'amur al rei Henri, Az piez lui est chau [tombé]; si li cria merci, Th. le mart. 33. Quant fui fait arcevesque e Deus m'i aleva, Tu diz que li regnez encontre ço cria, Et la mere le rei le desa- monesta, ib. 88. || xшs. Leur cries merci que il aient de toi pitié et de ton pere, VILLEH. XLII. Li bien d'amours si doivent estre emblé, Que nus [null ne sache; et quant il sont crié [devenus publics], Dame enquert [encourt] blasme, et joie en amenrie [diminue], Et sius amis i pert sa seignourie, Anc. poésies fr. Vatican, dans LACURNE. Lors crierez haro, qu'ele vous veut meurdrir, Berte, xIII. Quant il ve- noit en sa meson [de la dame], Li sejors n'i ert pas criez; Mais si comme il estoit montez, Aloit coie- ment à s'amie, Lai du conseil. Cil qui crient par la vile la cote et la chape ont achaté le mestier de freperie en la maniere desus devisée, Liv. des mét. 200. Li rois a fait son ban crier, Par tot plevir et afier, Que qui porra Renart tenir.... Ren. 11959. Nos avons plusors fois commandé en assises, que cas- cuns ait pooir de penre toz tex qui s'enfuient, sor qui on crie hareu ! tant qu'on sace por quoi li ha- reus fu criés, BEAUM. LII, 16. Le legat me crut et fist crier les trois processions en l'ost par trois samedis, JOINv. 218. Pluseurs des marcheans de Babiloinne [le Caire] crioient après le soudanc, que il leur feist droit du conte Gautier, ID. 274. Le sire du Chastel estoit criez [accusé par le cri public] de desrober les pelerins et les marchans. ID. 210. Conscience ne lesse cuer pecheour durer; Ja pechié si très pou n'i venra pasturer, Qu'elle ne crie hareu sanz soi asseù- rer, J. DE MEUNG, Test. 1567. || XIV S. Atant se par- tit le parlement; et ung autre fut crié à Compien- gne ou mois de septembre, Chron. de St-Den's, t. 1, fo 165, dans LACURNE. | xv s. Pour estre à Condé sur Escaut, à un tournoi qui là estoit crié, FROISS. I, 1, 27. Et avoit fait crier [Mgr de Charo- lois] que chascun portast crochetz pour attacher se chevaulx, COMM. 1, 6. Supplyerent au roy qu'elle ne fust point encores cryée [la trêve], ID. IV, 11.|| XVI S. Les paroles mesmes crient qu'on leur fait violence, en sorte qu'il n'est ja mestier de refuter cette belle subtilité, CALV. 43. Le sang d'Abel crioit à Dieu.... L'effusion du sang crie vengeance, ID. 60. Elle com. mença à crier au larron, tant que sa teste le pou voit porter, MARG. Nouv. LVIII. Ce n'a pas esté vous
qui m'avez decelé, mais celui qui a la voix plus criante que le chien, et le cœur plus ingrat que nulle beste, MARG. Nouv. LXX. La reserve de ce peu de solde ne suffiroit pas pour faire seulement un jour bonne chere et crier ripaille, LANOUE, 279. C'estoit pour contenter les estrangers, qui crioient incessamment à l'argent, ID. 678. Romulus vouloit retourner au combat, criant tant qu'il pouvoit à ses gens, qu'ilz monstrassent visage à l'ennemi; mais ilz ne lais- soient point pour son hault crier, de fouir tousjours aval de roupte, AMYOT, Rom. 28. Le roy de Perse avoit fait crier à son de trompe qu'il donneroit deux cents talents à celuy qui le luy ameneroit, ID. Thém. 48. L'un de ses tuteurs fut d'advis de le faire crier par la ville, ID. Alc. 5. Si lancea son cheval droit à luy, en luy criant un cri de desfiance, ID. Marcel. 8. Crier à pleine teste, ID. Nicias, 14. Crier aux voleurs, D'AUB. Foen. 11, 14. La terre trembla à St-Maixent en 1512 tellement que les soleaux et au- tres bois des maisons crioient en leurs mortaises, Not. du roman d'Alexandre en prose, Ms. de St-Ger- main, dans LACURNE. Crier le loup plus grand qu'il 'est, COTGRAVE. Tandis que le chien crie, le loup s'enfuit, ID. ib.
- ETYM. Berry, querier; provenç. et anc. es- pagn. cridar; espagn. mod. et portug. gritar; ital. gridare; angl. to cry. On a indiqué l'allemand kry- ten, crier; goth. grêtan, pleurer (sens que to cry a en anglais); et le celtique: cornw. ys-gre, du simple cre, cri. Mais Diez le rattache à l'ancienne étymologie latine quiritare, appeler les quirites, les citoyens à son secours; l'i bref a facilement disparu, comme dans St Cricq de Quiricus, dans triacle de theriaca; il est resté kritare, qui a donné sans peine crier, cridar, gritare. Les formes parallèles dans les autres langues empêchent de rapporter cri ou crier à une onomatopée.
CRIERIE (krî-rie), s. f. Cris importuns. Faites ces- ser cette crierie. Il ne peut plus supporter cette crie- rie des avocats, LA BRUY. Théophr. 26.
HIST. xv s. Tel meschef, douleur et crierie avoit en la salle qu'on ne savoit auquel entendre, FROISS. III, IV, 32. || XVIe s. Cela emeut une crierie et un tumulte, le plus grand qui.... AMYOT, Cam. 72. Il ne se laissa point aller aux crieries d'une commune, ID. Péric. et Fab. comp. 4. Tels airs nullement mesprisés par l'amiral, furent estouffez par la crie- rie des impatiens, D'AUB. Hist. 1, 304. A la solicita- tion et crieries de l'ambassadeur d'Espagne, ID. ib. II,
ETYM. Crier; provenç. cridaire, cridador; ca- | d'obéir à des ordres injustes, VOLT. Orphel. III, 3. tal. cridayre, cridadore; espagn. gritador; ital. gri- 3° Par exagération, action blamable. C'est un datore. Dans l'ancien français, criere, dans le pro- crime d'avoir abattu de si beaux arbres. Le clergé vençal, cridaire est au nominatif, du bas-latin a trouvé des terres incultes : il y a fait crottre des cridátor, avec l'accent sur dá; crieor et cridador est moissons.... il a appliqué ses revenus à des monu- le régime, de cridatórem, avec l'accent sur tó. ments publics, vous l'accusez à la fois du crime de + CRIGNARD (kri-gnar), s. m. Un des noms vul- deux bienfaits, CHATEAUB. Génie, IV, VI, 8. || Faire gaires de la sarcelle. un crime à quelqu'un d'une chose, en blâmer et souvent avec injustice. Ô ciel! m'auriez-vous fait un crime De cette insensibilité? MOL. Psyché, 11,4. Il vous fait un crime des choses les plus innocentes, FEN. Tél. VII. Mais les républicains ne se font pas un crime D'immoler un tyran, VOLT. Triumv. 11, 2. Gourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner; Tant de gens qui sont au régime Ont droit de vous en faire un crime, BERANG. Gourm. || Voir du crime à une chose, blâmer, incriminer une chose innocente ou indifférente. Un détail que certaines gens qui voient du crime à tout ne manqueraient pas d'accuser d'irréligion, DIDER. Lett. sur les aveugles. | Imputer à crime, accuser quelqu'un de quelque chose comme d'un crime. || Son crime est, tout son crime est, se dit de légers manquements qu'on veut atténuer contre des gens qui les exagèrent. Tout mon crime est d'avoir parlé avec trop de franchise. || Ce n'est pas un grand crime, est-ce donc un grand crime? se dit pour atténuer un reproche excessif au sujet de quelque infraction que nous regardons comme légère ou même comme indifférente. || Tenir à crime, regarder comme un crime. Mais je tien- drais à crime une telle pensée, CORN. Héracl. II, 7. || 4° Fig. Au sing. nom collectif de ceux qui sont criminels. Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance Laisse le crime en paix et poursuit l'in- nocence, RAC. Andr. III, 1. C'est ainsi que le crime, à lui-même odieux, Jusque dans son repos se trahit à ses yeux, DUCIS, Abuf. IV, 1. || 5° Vie de désordre. L'habitude du crime. Etre porté au crime. Etre en durci dans le crime. Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés, RAC. Phèd. iv, 2. Le crimé quelque. fois suit de près l'innocence, VOLT. Fanat. II, 3. Du crime ainsi toujours le crime ouvre la route, LE- MERC. Agam. v, 11.
CRIME (kri-m'), s. m. || 1o Très-grave infraction à la morale ou à la loi, ou punie par les lois, ou ré- prouvée par la conscience. Le crime de meurtre, de faux. Un crime politique. Crime de trahison, de lèse-majesté. Il y a quatre sortes de crimes ceux de la première espèce choquent la religion; ceux de la seconde, les mœurs; ceux de la troisième, la tranquillité; ceux de la quatrième, la sûreté des citoyens, MONTESQ. Espr. XII, 4. Les crimes contre la religion doivent être punis par la priva- tion des biens que la religion procure; les crimes contre les mœurs, par la honte; les crimes contre la tranquillité publique, par la prison ou l'exil; les | crimes contre la sûreté, par les supplices, D'ALEMB. Anal. Espr. des lois, OEuvres, t. VI, p. 310, dans POUGENS. Toute l'horreur du crime a sa source dans l'âme, TRISTAN, Mort de Chrispe, II, 1. Règne, de crime en crime enfin te voilà roi, CORN. Rod. v, 4. Celui-là fait le crime à qui le crime sert, m. Médée, III, 3. C'est ce qu'on nomme crime et ce qu'il a puni, ID. Hor. v, 3. Non qu'en un coup d'Etat je n'ap- prouve le crime; Mais, s'il n'est nécessaire, il n'est point légitime, ID. Pomp. I, 4. A tout prix un grand cœur achète un grand crédit, Et tout crime est per- | mis lorsqu'il vous agrandit, 'ROTR. Bélis. 11, 8. Ainsi que les vertus, les crimes enchaînés Sont toujours ou souvent l'un par l'autre traînés, ID. Vencesl. iv, 6. Et pour ce cœur instruit par une âme si noire, Des | crimes éclatants ressemblent à la gloire, BREBEUF, Phars. VIII. Le crime heureux fut juste et cessa d'être crime, BOIL. Sat. xi. J'ai conçu pour mon crime une juste terreur; J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur, RAC. Phèd. 1, 3. Quelques crimes tou- jours précèdent les grands crimes, ID. ib. IV, 2. Je veux de tout le crime être mieux éclairci, ID. ib. v, 4. Si de vos flatteurs vous suivez la maxime, Il vous faudra, seigneur, courir de crime en crime, ID. Brit. IV, 3. A-t-on tant de vertus après un si grand crime? VOLT. Sémiram. IV, 2. Les crimes secrets ont les dieux pour témoins, ID. ib. v, 8. Quand le crime est sans fruit, on n'aime plus le crime, M. J. CHE- NIER, Gracques, II, 3. Est-ce un dieu qui trompe le - ETYM. Crier. crime? Toujours d'une auguste victime Le sang est CRIEUR, EUSE (kri-eur, eû-z'), s.m. et f. || 1° Ce- fertile en vengeur! Toujours, échappé d'Athalie, lui, celle qui crie, qui élève la voix. Tous les gens Quelque enfant que le fer oublie, Grandit à l'ombre de guerre, qui étaient autant de crieurs à gage pour du Seigneur, LAMART. Méd. 1, 15. La fortune tou- moi dans les rues et dans la salle du palais, RETZ, jours du parti des grands crimes, Les forfaits cou- Mém. t. 1, liv. II, p. 374, dans POUGENS. Fais met- ronnés devenus légitimes, ID. ib. 1, 7. || Crime tre pied à terre à cette crieuse, SCARRON, Rom.com. contre nature, se dit des crimes qui outragent la 2o part. ch. 11. C'est bien fait de fermer la porte à nature, le parricide par exemple, et quelquefois, ce crieur, RAC. Plaid. 11, 10. || 2o Celui qui fait la plus particulièrement, des débauches contre nature. proclamation des ordonnances, l'annonce des en-Cette soif insatiable de l'or a donné naissance au chères, etc. Un crieur public. Les crieurs de la plus infâme, au plus atroce de tous les commerces, bourse. Un crieur de bulletins. Un crieur assiste celui des esclaves; on parle des crimes contre na- tous les jours à la Bourse, pour dire à haute voix le ture et l'on ne cite pas celui-là comme le plus cours des effets publics au fur et à mesure des né-exécrable, RAYNAL, Hist. phil. XIX, 15. | Crime gociations. Le crieur des dieux est Mercure; c'est d'Etat, crime commis contre la sûreté de l'Etat et un de ses cent métiers, LA FONT. Psyché, II, p. aussi crime politique, crime qui a pour but de con- 146. || Juré crieur, ou, simplement, crieur, autre-server ou de prendre le pouvoir. Quand le crime fois officier public chargé par la ville de faire des d'Etat se mêle au sacrilége, Le sang ni l'amitié n'ont annonces au nom des particuliers, d'inviter aux fu- plus de privilége, CORN. Poly. III, 3. Tous ces crimes nérailles et de fournir la tenture, etc. La physio-d'Etat qu'on fait pour la couronne, ID. Cinna, v, 2. nomie, le maintien et toute la figure de Laurière J'en saurai près de lui faire un crime d'Etat, ID. serrait le cœur de tristesse; elle [sa physionomie ] Théod. v, 7. On n'attend point alors qu'il s'ose tout était faite pour être crieur d'enterrement, ST-SIM permettre, C'est un crime d'Etat que d'en pouvoir 199, 152. Juré crieur s'est dit aussi de certains commettre, ID. Nicom. II, 1. || Fig. Faire un crime officiers qui publiaient des édits. | 3° Celui, celle d'Etat de quelque chose, y attacher un blâme exces- qui court habituellement les rues en annonçant sif, injuste. Et d'un mot innocent faire un crime par un cri ce qu'il vend. Les crieurs des rues. Et d'État, BOIL. Sat. IX. || Terme de jurisprudence. In- fût-il crieur de moutarde, Vous en avez toujours fraction punie d'une peine afflictive ou infamante pitió, REGNIER, Mac. | Crieuse de vieux chapeaux, et jugée par la cour d'assises, par opposition à délit nom qu'on donnait aux femmes qui vont par les rues ou simple contravention. || 2° En général, faute, de Paris criant vieux habits, vieux galons, et ache- acte répréhensible. L'ingratitude est un crime. Jésus- tant les vieilles défroques. La marquise de Charlus Christ à porté la peine de nos crimes. Hélas! si jeune était toujours faite comme une crieuse de vieux cha- encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon mal- peaux, ST-SIM. 525, 245. heur? RAC. Esther, 1, 5. Des offenses d'autrui mal- heureuses victimes, Que nous servent, hélas! des regrets superflus? Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes, ID. ib. Vous qui deviez être mon sauveur, vous de- venez mon crime, MASS. Av. Disp. Vous nous dites si souvent que votre conscience ne vous reproche pas de grands crimes, que vous n'êtes ni bon ni mauvais, et que votre seul péché c'est l'indolence et la paresse, ID. Avent, Jug. univ. Le crime est
HIST. xшI s. Li crieres crie le ban, Roman de Perceval, dans RAYNOUARD, Lexique. Li boutonier doivent lesier ævre en charnage au premier crieur du soir, et en quaresme si tost come complie est so- née, Liv. des mét. 186. Quant li viex [le Vieux de la montagne, le chef des Assassins] chevauchoit, il avoit un crieur devant lui qui portoit une hache da- noise à long manche tout couvert d'argent, JOINV.
HIST. XIV's. Pour quelque crim ou excès, se le crim n'est capital, Ordonn. des rois de France, t. v, p. 706. || xv s. Cas de crime est trop vilain, LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 256. || XVI S. Le roy voyant la grant crime et forfaict Que Genevoys en- vers luy avoient faict, J. MAROT, V, 24.
ETYM. Provenç. et catal. crim; espagn. crimen, portug. crime; ital. crimine; du latin crimen, grer xpiua, jugement, de xpívetv, juger (voy. CRISE). + CRIMINALISABLE (kri-mi-na-li-za-bl'), adj Qui peut être criminalisé.
+ CRIMINALISANT, ANTE (kri-mi-na-li-zan, zan-t'), adj. Qui cause, amène, produit la crimi- nalité.
CRIMINALISÉ, ÉE (kri-mi-na-li-zé, zée), part. passé. Affaire criminalisée.
CRIMINALISER (kri-mi-na-li-zé), v. a. || 1o Terme de jurisprudence. Changer un procès civil ou cor- rectionnel en un procès criminel. Criminaliser une affaire. || 2° Se criminaliser, v. réfl. Passer de l'état civil à l'état criminel. Il est à craindre que l'affaire ne se criminalise. || Se rendre coupable. Ils [les ma- telots] appréhendèrent de se criminaliser par ce com- merce avec l'Espagnol, RETZ, IV, 328. || Peu usité en ce dernier sens.
HIST. XVI's. Il criminalise les absous par de- clarations verifiées au parlement, SULLY, Mém. t. XII, p. 354, dans LACURNE. - ETYM. Criminel.
CRIMINALISTE (kri-mi-na-li-st'), s. m. Juriste qui écrit sur les matières criminelles ou qui y est très- savant. Un savant criminaliste. M. le Noir, qui est, dit-on, le meilleur criminaliste du royaume, VOLT. Lett. Damilaville, 24 sept. 1766. Semblables à d'a- troces criminalistes, vous vous fatiguez à chercher un coupable, DIDER. Ess. s. Claude. ETYM. Criminel. CRIMINALITÉ (kri-mi-na-li-té), s. f. Qualité de ce qui est criminel.
HIST. XVI S. Criminalité, COTGRAVE. ETYM. Criminel.
CRIMINEL, ELLE (kri-mi-nèl, nè-l'), adj. || 1oQui est coupable d'un crime ou de toute grave infrac- tion à la morale. Un homme criminel. On n'est point criminel quand on punit un crime, CORN. Cinna, II, 1. Celui qui, sans autorité, tue un criminel, se rend criminel lui-même, PASC. Prov. 14. Je le crois criminel puisque vous l'accusez, RAC. Phèd. v, 7. Pour bien comprendre toute la confusion dont sera
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