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de cette vie nouvelle! Croire simplement à toutes les promesses de Christ, c'est tout le secret. Si Dieu m'a donné cette foi, pourquoi ne te la donnerait-il pas aussi; demande-la! Dès qu'une tentation s'approche, que ton cœur s'écrie: Jésus, viens à mon aide! Puisse ta prochaine lettre me dire que tu commences à goùter les joies de sa communion! >>

Arrivé tout novice de la maison paternelle, un élève pressent les dangers qui vont l'assaillir, car tous ne ressemblent pas à Frank. Il vient timidement, un soir, frapper à sa porte; il lui ouvre son cœur, lui demande ses conseils, son appui.... C'est le commencement d'une relation qui fut bénie. Nous avons une des lettres de Frank à cet ami.

Un trait particulier aux Etats-Unis, c'est que ces réunions de prière et de lecture de la Bible n'étaient point exclusivement composées de jeunes garçons; c'était un mélange des deux sexes. On avait le matin, dans toute l'indépendance de la liberté américaine, fait ensemble quelque partie à la montagne ou sur la rivière, le soir, après souper, on se retrouvait encore ensemble devant Dieu.

M. et Mme Smith ont reçu une foule de lettres après la mort de leur fils. Dans la plupart, ils ont lu le témoignage, doux pour leur cœur, du bien que ce fils avait fait. Quelques-unes de ces lettres sont écrites par de jeunes filles. «Pendant les dix jours que j'ai passés avec

Frank dans cette maison (c'était chez ses grands-parents, durant les vacances), nous nous sommes souvent entretenus ensemble. C'est lui qui m'a aidée à comprendre dans sa simple grandeur le principe de la sanctification par la foi...» Quelqu'un qui ouvrirait le volume à cette page-là, et lirait « aidée, » et non << aidé,» ne douterait pas que ces lignes n'eussent été tracées par une sœur, une cousine; mais non, il n'y avait entre les deux familles qu'une relation d'amitié. Cela m'a fait penser à l'exhortation de Paul à Timothée, dans le chapitre V de sa première épître : Ne reprends pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père; les jeunes gens comme des frères; les femmes âgées comme des mères; les jeunes comme des sœurs, avec une entière pureté.

Frank était d'ailleurs lié d'une étroite affection avec une de ses cousines. Il me semble même qu'il ne s'est ouvert avec personne aussi intimement que dans ses lettres à cette charmante Minnie. Le soir même du jour où il se coucha pour ne plus se relever, ils avaient grimpé ensemble sur leur arbre favori, et là, nichés dans le feuillage, ils avaient lu le Dante et chanté quelques-uns des cantiques qu'ils aimaient.

C'est une mère qui nous raconte cette vie tôt moissonnée. Ai-je besoin de dire qu'on ne ressent pas, même de loin, ce certain froissement, ce malaise indéfinissable que font éprouver les vers d'Hugo, de Lamar

tine, sur la mort de leurs filles. Cette femme chrétienne a eu naturellement à cœur de continuer, autant que possible, le bien qu'avait fait son Frank. Elle a dû, en avançant dans son œuvre et au milieu de ses larmes, abonder souvent en actions de grâces. Quelle est la mère qui ne se regarderait pas comme bénie entre les mères d'avoir un fils comme Frank, dût-elle le perdre à dix-sept ans, et plus jeune encore?

Il nous est récemment venu de cette même Amérique un livre (Les portes entr'ouvertes), qui prétend compléter le bonheur du ciel en y apportant les plaisirs honnêtes de la terre. J'aime mieux celui-ci qui nous montre le bonheur du ciel venant sanctifier et décupler tous les bonheurs légitimes d'ici-bas. Il apprend, en particulier, aux jeunes gens comment ils peuvent se développer d'une manière harmonique, en profitant de tous les dons que Dieu leur accorde, non-seulement sans les tourner contre leur Bienfaiteur suprême, mais, au contraire, en les faisant servir à sa gloire. Celui qui marchera dans une telle voie, ne sera-t-il pas un vrai jeune homme?

J.-L. M.

GENÈVE RELIGIEUSE

en 1874

Genève, 1er Décembre 1874.

La chronique annuelle, qui termine le volume des Etrennes religieuses, était, chacun le sait, l'œuvre de l'ami dont nous déplorons la perte. Il l'écrivait avec soin, de manière à la rendre aussi complète que possible, et il ne craignait pas d'exprimer en toute franchise les jugements qu'il portait sur les faits accomplis, car c'était pour lui une question de fidélité. Nous regrettons qu'il ne soit plus là pour accomplir cette même tâche, et si nous ne pouvons la remplir avec autant d'intérêt pour nos lecteurs, nous tâcherons du moins de leur donner un résumé exact de ce qui s'est passé en 1874.

I

Le Consistoire, qui a continué à ne compter que 24 membres, au lieu de 31, a persévéré dans la voie où il s'était engagé, c'est-à-dire dans celle qu'on est convenu d'appeler le libéralisme.

Sa majorité aurait pu entreprendre ouvertement la révision du Règlement organique; elle a préféré s'en tenir à certaines mesures dont l'effet était de le démolir pièce par pièce. Nous n'entrerons pas ici dans des détails qui n'auraient plus une grande valeur depuis que l'Eglise a été bouleversée de fond en comble par une nouvelle loi constitutionnelle. Ce bouleversement est le fait capital qui a préoccupé et agité tous les esprits.

Une proposition présentée au Grand Conseil sur un point spécial a amené nos législateurs à s'occuper du titre X de la Constitution, sur le culte protestant. Longtemps on laissa dormir cette proposition, et chacun croyait qu'on renoncerait à s'en servir comme de prétexte pour renverser toute l'économie de notre organisation ecclésiastique. Mais, après avoir changé la partie de la Constitution qui concernait le culte catholique, afin de pourvoir à des nécessités pressantes, on pensa qu'il fallait aussi changer la partie relative au culte protestant, bien que les mêmes nécessités n'existassent en aucune manière.

Le Grand Conseil se transforma donc en Synode, et, sans demander en rien le préavis des Corps ecclésiastiques, il se hâta de discuter et de voter le projet que lui soumit une Commission, mais en ne laissant subsister que ce qui pouvait servir la cause du libéralisme. Il ne s'inquiéta aucunement de ce

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