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ses maux d'estomac, un plat de légumes assaisonnés d'un peu d'huile et de miel. Mort au monde et à lui-même il n'avait plus de volonté, plus de préférence si ce n'est pour faire ce qu'il y avait de plus bas et de plus pénible dans la communauté. Le temps accordé à l'oraison faisait ses plus chères délices, et lui paraissait toujours trop court. On peut dire que sa prière était continuelle; car il ne perdait jamais la présence de Dieu, même dans ses entretiens avec les personnes du dehors. De là venait cette admirable onction qui lui gagnait le cœur de tous ceux à qui il parlait de Dieu. Pour stimuler sa ferveur, le Saint se disait souvent à lui-même : Bernard, Bernard, pourquoi es-tu venu ici?

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APPLICATIONS. Que n'ai-je été à mon tour, dites-vous, constant à suivre les élans de ma première ferveur ! A quel degré de perfection ne serais-je pas parvenu à présent! Ne vous contentez pas de ce stérile regret le passé n'est plus à vous; mais redoublez de ferveur afin de regagner ce que vous avez perdu.

AFFECTIONS. Regrets. Demande d'une plus forte, plus constante impulsion pour le bien.

RÉSOLUTIONS. Se dire à soi-même, à l'exemple de saint Bernard, du moins tous les matins : Pourquoi suis-je venu ici? Pourquoi Dieu m'a-t-il placé pour quelque peu de temps dans ce monde?...

II. POINT. VIE DU SAINT AU MILIEU DU TRACAS DES AFFAIRES.

CONSIDERATIONS. La paix et le bonheur que goûtait Bernard dans la solitude du cloître étaient ineffables ; souvent on l'entendit s'écrier: 0 heureuse solitude! ô seul

séjour du bonheur! O beata solitudo! o sola beatitudo! Mais Dieu permit que cette solitude fùt souvent troublée. La sagesse dont le Saint, devenu abbé de Clairvaux, donnait de si nombreuses et de si éclatantes preuves, attira sur lui l'attention de l'Église entière; les princes et les rois le prirent pour arbitre de leurs différends; les Souverains Pontifes l'obligèrent à entreprendre de longs et péå nibles voyages pour pacifier les nations, pour diriger les conciles, pour éteindre des schismes ou prêcher des croisades. Au milieu de tous ces honneurs, de ce tracas des affaires les plus distrayantes, le Saint ne perdait rien de son union avec Dieu; c'est qu'il portait partout avec lui la solitude, dit l'historien de sa vie.

APPLICATIONS. Tâchez de faire de même; de vous ménager une espèce de solitude ou de retraite dans votre cœur, et votre union avec Dieu sera constante; elle vous accompagnera partout.

COLLOQUE. Avec saint Bernard.

Troisième Pâque et troisième année de la prédication de Jésus-Christ.

HYPOCRISIE ET ENVIE DES PHARISIENS,

I. Prél. Voir Jésus discourant avec les Scribes et les Pharisiens. II. Prél. Demander une vive horreur de l'hypocrisie et un grand amour des vertus solides.

1. POINT.

JÉSUS SE DISPENSE D'UN POINT DE LA LOI, CONSIDÉRATIONS. Jésus, après avoir passé le Sabbat å Capharnaum, se mit, dit saint Jean, à parcourir la

Galilée; car il ne voulait point aller en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir (Ch. 7). Le Sauveur n'alla donc pas cette année célébrer la Pâque à Jérusalem. La loi, à la vérité, l'ordonnait à ceux qui n'en étaient pas empêchés; mais il avait le droit de se dispenser de sa propre loi, et le complot formé contre sa vie lui fournissait le motif de s'en dispenser.

APPLICATIONS. Nous devons apprendre ici à ne pas juger nos supérieurs ecclésiastiques quand nous leur voyons faire ou omettre quelque chose contrairement à certaines prescriptions légales ou à quelque point de discipline. N'ont-ils pas le droit de s'en dispenser pour des motifs plausibles, comme ils ont le droit d'en dispenser les autres? Ces motifs, nous les ignorons d'ordinaire ils ne sont pas obligés de nous les faire connaître; souvent ils ne le peuvent pas.

Jésus nous apprend encore à nous soustraire par la fuite, et par d'autres moyens de droit naturel, aux persécutions des méchants, au mal qu'ils nous veulent faire en haine de Dieu. Agir autrement, sans de justes motifs, ce serait présumer de ses forces; Dieu accorde la grâce du martyre à qui et quand il lui plaît; ce serait en outre coopérer, en quelque sorte, à l'iniquité des méchants en leur facilitant l'occasion de faire le mal.

AFFECTIONS. Demander pardon de nos jugements téméraires et de nos présomptions.

RÉSOLUTIONS. Éviter désormais soigneusement l'un et

l'autre.

II. POINT.

-

JÉSUS BLAME LES PHARISIENS DE METTRE DE VAINES
OBSERVANCES AU DESSUS DE LA LOI.

CONSIDÉRATIONS. Les Juifs de Jérusalem, voyant leurs desseins homicides déjoués, voulurent du moins se dédommager en cherchant à dénigrer Jésus dans l'esprit du peuple. C'est pourquoi, au rapport de saint Marc, des Pharisiens et quelques Scribes vinrent de Jérusalem en Galilée auprès de Jésus - pour l'épier, le trouver en défaut; et s'étant aperçus que quelques-uns de ses disciples prenaient leurs repas sans s'être lavé les mains, ils l'en blámèrent, disant : Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des Anciens? En parlant ainsi, ils trahissaient leur hypocrisie et l'envie qu'ils nourrissaient au fond de leur cœur; car ils savaient bien que ces paroles d'Isaie : Lavez-vous, soyez purs, devaient se prendre dans un sens spirituel. Jésus le leur fit sentir, en disant: Hypocrites, le prophète Isaïe a dit de vous à bon droit: Ils abandonnent les commandements de Dieu et ils s'attachent à des traditions humaines, à laver les cruches et les coupes et beaucoup d'autres choses semblables. Il s'adressa ensuite à la foule que séduisaient ces hypocrites, et il dit : Écoutez-moi tous et comprenez bien ceci : ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille. (s. Marc. 7.- s. Matt.15.)

APPLICATIONS. L'hypocrisie et l'envie étaient les deux grands vices des Scribes et des Pharisiens. Vous les détestez l'un et l'autre. Mais en êtes-vous entièrement exempt?

AFFECTIONS. Demandez la grâce de lire jusque dans les plus secrets replis de votre cœur.

RÉSOLUTIONS. Se défier des surprises de la vaine

gloire et de la jalousie.

III. POINT. JESUS PROUVE QUE C'EST DU CŒUR QUE VIENNENT LES TRANSGRESSIONS DE LA LOI.

CONSIDÉRATIONS. Quand Jésus se fut retiré de la foule, Pierre lui dit: Expliquez-nous cette parabole. Jésus répondit: Vous aussi vous êtes donc encore sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que ce qui entre de dehors dans l'homme ne le peut souiller, parce que cela n'entre pas dans le cœur; mais ce qui sort de la bouche part du cœur. C'est du dedans et du cœur de l'homme que viennent les méchantes pensées, les impudicités, les homicides, les vols, les fourberies, l'avarice, l'orgueil, les blasphèmes : c'est là ce qui souille l'homme; mais de manger sans s'être lavé les mains, cela ne souille point (s. Matt. 15. s. Marc.7.)

APPLICATIONS. Ces paroles prouvent à l'évidence: 1° que ce que Dieu demande de nous avant tout, c'est la pureté de conscience; - 2o que les tentations, les pensées, les images, les impressions, qui nous viennent du dehors, ne peuvent souiller notre cœur si nous leur en fermons l'entrée en n'y consentant point; 3o que nous

devons, par conséquent, soigneusement surveiller nos affections. Comment le faites-vous? N'y a-t-il pas, dans quelque coin de votre cœur, une petite idole, une affection. déréglée dont vous vous dissimulez l'existence?

COLLOQUE. Avec sainte Jeanne de Chantal, fondatrice de l'ordre de la Visitation de sainte Marie. On fait sa fête aujourd'hui.

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