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celle du ménage conjugal. La nature veut fonder cette éducation sur la plus grande combinaison domestique, distribuée en 3 degrés, les groupes, les séries de groupes et la phalange de séries. Hors de cette vaste réunion, l'on ne peut ni former les deux échelles de fonctions et de fonctionnaires exerçant émulativement sur chaque parcelle de l'échelle, ni satisfaire chez l'enfant le caractère et le tempérament qui ont besoin des salles et des services annexés à cette double échelle, services impraticables hors d'une phalange de Séries industrielles. Aussi dans les ménages de famille, l'enfant s'ennuie-t-il au point de hurler nuit et jour, sans que ni lui ni les parens puissent deviner les distractions dont il a besoin et qu'il trouverait dans un séristère de prime enfance.

La morale veut que dans ce ménage de famille, le père se complaise à entendre le vacarme perpétuel de marmots, qui le privent de sommeil et troublent son travail. La nature veut au contraire que l'homme, pauvre comme riche, soit délivré de ce charivari moral, et que rendu à sa dignité, il puisse reléguer en local éloigné cette diabolique engeance, placer les enfans en lieu où ils soient sainement et agréablement tenus, selon la méthode sociétaire qui assure le repos des pères, des mères et des enfans; ils sont tous harcelés par le régime civilisé nommé doux ménage, véritable enfer pour le peuple, quand il n'a ni appartement séparé pour les marmots, ni argent pour subvenir à leurs besoins.

La morale veut que la mère allaite son enfant; précepte inutile avec les mères pauvres qui forment les 7/8; loin d'avoir de quoi payer une nourrice, elles cherchent des nourrissons payans. Quant aux mères fortunées, en nombre de 178, il faudrait leur interdire cette fonction, car elles sont assassines de l'enfant. Par désœuvrement, elles s'étudient à lui créer mille fantaisies nuisibles, qui sont un poison lent et tuent la plupart des enfans 'riches.

On s'étonne sans cesse que la mort enlève le fils unique d'une opulente maison, tandis qu'elle épargne dans

les chaumières de misérables enfans privés de pain; ces marmots de village ont une garantie de santé dans la pauvreté de leur mère qui, obligée d'aller au travail des champs, n'a pas le temps de s'occuper de leurs fantaisies, et encore moins de leur en créer, comme le fait la dame du château. Ainsi J.-J. Rousseau en croyant rappeler les mères aux tendres sentimens de la tendre morale, a fait naître la mode d'allaitement, chez la classe de femmes qu'il fallait en exclure; car dans cette classe riche elles manquent pour l'ordinaire ou de la santé nécessaire, ou du caractère froid et prudent qui serait un préservatif de mal pour la mère et l'enfant.

La morale défend au père de gâter l'enfant; c'est au contraire la seule fonction réservée au père, son enfant étant suffisamment critiqué et remontré en régime sociétaire, par les groupes qu'il fréquente, II, 158 à 163, ou s'il est très-petit, par les bonnes qui le soignent au séristère du bas âge.

La morale veut que le père soit instituteur naturel de l'enfant; c'est un soin dont la nature l'exclut et qu'elle réserve aux bonnins et mentorins, gens formés pour cette fonction par l'instinct et l'esprit corporatif.

La morale veut qu'on place autour de l'enfant une demi-douzaine d'aïeules et tantes, sœurs et cousines, voisines et commères pour lui créer des fantaisies qui nuisent à sa santé et lui fausser l'oreille par la musique française. La nature veut qu'on n'emploie pas le vingtième de cet attirail pour tenir l'enfant gaiement et sainement, dans un séristère assorti à tous les instincts du premier âge.

La morale veut que l'enfant soit élevé dès le bas âge à mépriser les richesses, et estimer les marchands; la nature veut au contraire que l'enfant soit élevé de bonne heure à estimer l'argent et s'évertuer à en acquérir par la pratique de la vérité qui', en civilisation ne peut pas conduire aux richesses, et qui est incompatible avec le commerce inverse ou méthode actuelle.

La morale veut qu'on ne permette aux enfans aucun

raffinement, surtout en gourmandise, et qu'ils mangent indifféremment tout ce qu'on leur présente. La nature veut qu'on les élève aux exigences gastronomiques, aux finesses de cet art qui, en harmonie, devient moyen direct de les passionner pour l'agriculture. II, 213, 215. Il est donc certain que la morale, même eu lui supposant de bonnes intentions, joue le rôle d'un médecin ignorant qui ne donne que des avis pernicieux, ne sait que contrarier les vues de la nature, et tuer les malades avec un étalage de belles doctrines. Mais est-il certain que la morale et ses coriphées aient de bonnes intentions? Avant de prononcer sur ce point, continuons à analyser la contrariété de cette science avec la nature; après l'avoir pleinement convaincue de contre-sens perpétuel, nous examinerons ses perfidies égales à son ignorance.

SIXIÈME NOTICE.

Éducation de moyenne, haute et mixte enfance. Concurrence des instincts et des sexes.

PRÉAMBULE. Je me suis étendu assez longuement sur l'éducation de 1.re phase ou basse enfance, parce qu'elle sera le côté fort de la phalange d'essai, le point où elle pourra briller d'emblée, n'étant que peu contrariée par le préjugé : il n'aura pas encore circonvenu les enfans de 3, 4, et même de 5 ans; ils seront moins imbus de morale, moins faussés que ceux de 10 et 15 ans, on aura plus de facilité à déployer franchement leur naturel et apprécier en eux la justesse de l'attraction.

Dès l'âge de 5 ans, la civilisation commence à leur meubler l'esprit de saines doctrines qui travestissent leur caractère, surtout celui des filles. De là vient que la phalange d'essai aura beaucoup de peine à classer les caractères, discerner le plein et le demi-titre. Assurément elle n'y réussira pas dès la première année.

Nous passons aux phases 2., 3., 4. de l'éducation: 2.* phase, la moyenne enfance comprend les 2 tribus de chérubins et séraphins, âge, 4 1⁄2 à 9 ans.

3. phase, la haute enfance, comprend les 2 tribus de lycéens et gymnasiens, âge, 9 à 15 1⁄2 ans.

4. phase, la mixte enfance, tribu des jouvenceaux et jouvencelles, âge 15 1⁄2 à 19 1⁄2 ou 20 ans.

Les limites d'âge seront moins élevées au début; d'ailleurs elles ne seront pas les mêmes pour les 2 sexes.

Je traiterai cumulativement des phases 2 et 3, parce que le système qui y règne est le même quant au fond, sauf à observer qu'en 2.o phase on doit cultiver plus activement les facultés materielles, et en 3.e, les spirituelles.

Ce n'est que dans la 4. phase que le système d'éducation doit subir des changemens, parce que l'amour y intervient il convient donc d'étudier conjointement les 2. et 3.* phases, et isolément la 4..

:

Il faudrait, non pas 4 chapitres, mais vingt au moins pour traiter convenablement le sujet : c'est pourquoi je ne puis pas même en promettre l'abrégé, mais seulement l'exposé, l'argument; je renverrai souvent au traité qui contient des détails circonstanciés sur l'éducation des 2., 3. et 4. phases d'enfance harmonienne.

Ou va voir que la morale a manqué toutes les bases d'opérations relatives à ces 3 phases, et placé selon son usage au rang des vices, tous les ressorts que la nature veut employer à créer des vertus.

Pour établir la lutte des instincts et des sexes qui enfante des prodiges en industrie et en vertu, on divise toute la haute et la moyenne enfance, les 4 tribus de gymnasiens, lycéens, séraphins et chérubins, en deux corporations d'instinct, ce sont :

Les petites hordes affectées au travaux répugnans pour les sens ou l'amour propre.

Les petites bandes affectées au.luxe collectif.

Ces deux corporations, par leur contraste, emploient utilement les instincts que la morale cherche en vain

à comprimer dans chaque sexe, le goût de la saleté chez les petits garçons, et de la parure chez les petites filles.

En opposant ces goûts, l'éducation sociétaire conduit l'un et l'autre sexe au même but par diverses voies; Les petites hordes au beau par la route du bon, Les petites bandes au bon par la route du beau. Cette méthode laisse aux enfans l'option, la liberté dont ils ne jouissent pas dans l'état actuel où l'on veut toujours les obliger à un même système de mœurs. L'état sociétaire leur ouvre deux voies contrastées favorisant les inclinations opposées, parure et malpropreté.

Parmi les enfans, on trouve environ 2/3 de garçons qui inclinent à la saleté; ils aiment à se vautrer dans la fange, et se font un jeu du maniement des choses malpropres; ils sont hargneux, mutins, orduriers, adoptant le ton rogue et les locutions grossières, aimant le vacarme et bravant les périls, les intempéries, etc., pour le plaisir de commettre du dégât.

Ces enfans s'enrôlent aux petites hordes dont l'emploi est d'exercer, par point d'honneur et avec intrépidité, tout travail répugnant qui avilirait une classe d'ouvriers. Cette corporation est une espèce de légion à demi sauvage qui contraste avec la politesse raffinée de l'harmonic, sculement pour le ton et non pas pour les sentimens, car elle est la plus ardente en patriotisme.

L'autre tiers de garçons a du goût pour les bonnes manières et les fonctions paisibles; il s'enrôle aux petites bandes, et par opposition il est 1/3 de filles qui ont des inclinations mâles et qu'on nomme petites garçonnières, aimant à se faufiler dans les jeux des garçons dont on leur interdit la fréquentation: ce tiers de filles s'enrôle aux petites hordes. Ainsi le contenu de 2 corporations est: Petites hordes, 2/3 de garçons, '/3 de filles.

Petites bandes, 2/3 de filles, 1/3 de garçons.

Chacun des 2 corps se subdivisera en 3 genres qu'il faudra dénommer: on adoptera pour les petites hordes 3 noms de genre poissard, et pour les petites bandes 3

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