Page images
PDF
EPUB

Accedo igitur ad pedes Beatitudinis tuæ3, non ut testatum relinquam quid sentiam de V propositionibus (quis enim melius te novit quam spiritu fuerim ab illis alienus?); non ut emergam ex insidiosis illis rumoribus qui perstrinxerunt aures meas, animum meum nunquam pupugerunt; quampridem enim solemne est non devorare modo, sed etiam christiano animo concoquere jejunas illas calumnias, quæ ita contritæ sunt ut nihilo magis, ita parum fidei apud Beatitudinem tuam habuerunt ut nihilo minus. Satisfaciam forte iis hominibus qui me Jansenistam putant. Sed nulli sunt, Sanctissime Pater, qui hanc de me opinionem sibi vere induxerint. Qui enim fieri potest ut quis me ex animo arguet illa re, cujus judicio nunquam fuit ullum factum, ullumque scriptum, ullum dictum meum. At saltem retundam illud genus malevolorum qui me ita sectarium volunt, ne præsumpta quadam opinione, quod vehementer cupiunt, sibimet ipsis sensim persuadeant;

3. Fragment inséré dans les Mémoires manuscrits du chanoine Hermant, xxiv, xxvi, et reproduit d'après ces Mémoires par M. Gazier dans sa thèse intitulée Les Dernières Années du cardinal de Retz, n° 7 de l'Appendice. M. Gazier en a donné une traduction, p. 106 et 107 de son livre. Voici l'analyse que donne Hermant du commencement de la lettre de Retz:

<< Le 16 mai 1661, le pape Alexandre VII reçut une lettre du cardinal de Retz, sans date du lieu d'où elle étoit écrite, par laquelle il remercioit Sa Sainteté de ses bontés paternelles, etc. Il lui témoignoit ensuite qu'il « apprenoit avec joie que ses dernières << Constitutions étoient reçues, en France, avec le respect et « l'honneur qu'elles méritoient; que, pendant que tout le clergé «de France faisoit son devoir pour exterminer l'hérésie des Jan« sénistes, il étoit contraint d'errer, de province en province, << comme un fugitif et un vagabond, pour éviter les effets de la « passion de ses ennemis; qu'on l'avoit voulu faire passer pour « suspect de jansénisme auprès de Sa Sainteté. » Suit la citation d'un fragment du texte de la lettre de Retz, en latin.

1661

1661

sed ob eam rem scribo Beatitudini Vestræ ut plenius et in omnium oculis fruar obsequii mei gloria, quæ sola mihi relicta est. Juro igitur in constitutionem Innocentii X, datam 31 Maii 1654. Juro in constitutionem Alexandri VII, datam die 16 octobris 1656; juroque in illas eo sensu quo ab illis summis Pontificibus conditæ fuerunt. Anathema dico doctrinæ V propositionum Jansenii quæ per dictas constitutiones damnatæ sunt, quas ita...... ut ab adolescentia palam et aperte in publicis Sorbonæ scholis impugnarem, utpote divi Augustini doctrinæ haud consentaneas, quam perperam intellexit dictus Jansenius in opere cui titulus Augustinus. Quid plura, Beatissime Pater? Ego, quamdiu spirabit anima mea, quæ sequar in vita, quæque fugiam Sanctæ Sedis oraculis, et Alexandri maxime imperiis ponderabo...

Voici la traduction qu'a donnée M. Gazier de ce fragment de lettre page 106 et 107 de sa thèse :

« Je me jette donc aux pieds de Votre Sainteté, mais non pour laisser un témoignage de mon sentiment sur les cinq propositions (qui peut savoir mieux que vous combien je leur suis opposé?), non pour me défendre contre des bruits perfides qui ont frappé mes oreilles sans jamais pénétrer dans mon cœur; depuis longtemps, en effet, j'ai coutume de supporter en silence, que dis-je? d'accepter chrétiennement ces vaines calomnies, aussi banales que possible, auxquelles Votre Sainteté n'a jamais accordé la moindre créance. Par là peut-être je donnerai satisfaction à ceux qui me croient janséniste; mais, Très-Saint Père, personne au monde ne pense que je le sois. Comment pourrait-on m'ac

4. M. Gazier a remplacé plusieurs mots effacés ou mal écrits du manuscrit par ces trois mots entre crochets : [Semper osus sum ?]

cuser sérieusement d'une chose en faveur de laquelle je n'ai jamais rien fait, rien écrit, ni rien dit. Eh bien! je vais fermer la bouche aux malveillants qui me veulent faire passer pour un sectaire; j'empècherai qu'une simple présomption ne devienne peu à peu, ce qu'ils souhaitent ardemment, une certitude. pour eux. J'écris à Votre Sainteté pour jouir pleinement, à la face du monde entier, de la scule gloire qui me reste, la gloire de mon obéissance. Je prête donc serment à la Constitution promulguée par Innocent X le 31 mai 1653. Je prête serment à celle d'Alexandre VII, en date du 16 octobre 1656, au sens que leur ont donné ces deux Souverains Pontifes. Je dis anathème à la doctrine des cinq propositions de Jansénius, condamnées par lesdites Constitutions. Ces propositions [je les ai toujours repoussées] tellement que, dans ma jeunesse, je les ai combattues en Sorbonne comme contraires à la doctrine de saint Augustin, dénaturée par ledit Jansénius dans son Augustinus. Oui, Très-Saint Père, jusqu'au dernier soupir de ma vie, les décisions du Saint Siége et celles d'Alexandre VII en particulier seront ma seule règle de foi. »

[ocr errors]

Après cette déclaration si catégorique sur le fait de Jansénius comme sur le droit des Papes, le cardinal de Retz suppliait le Saint-Père de venir à son aide pour lui rendre, ainsi qu'à ses vicaires, l'autorité qu'on leur avait ravie; il finissait en disant que sa vie, ses biens, sa réputation, les priviléges de l'Eglise, les bulles des Souverains Pontifes, les canons des conciles généraux, le salut de ses ouailles dispersées et finalement l'essence même de l'épiscopat se trouvaient en cause dans son affaire. » « Tout ce passage, dit M. Gazier dans une note, est tiré d'une première rédaction des Mémoires d'Hermant.

[ocr errors]

5. Texte de M. Gazier: Innocent XI,

6. M. Gazier, p. 107.

RETZ. VI

28

1661

1661

47.

(LETTRE DU CARDINAL DE RETZ
A MICHEL LE TELLIER'.)

(28 AOÛT 1661.)

NOTICE.

Nous savons, par les Mémoires de Guy Joly, qu'après la mort de Mazarin, le chancelier Michel Le Tellier se prêta assez complaisamment à réconcilier le cardinal de Retz avec le Roi, mais que ce fut à la condition expresse que le Cardinal donnerait sa démission d'archevêque de Paris. Suivant Guy Joly (p. 444), Retz écrivit au Roi et à la Reine mère des lettres pour leur annoncer qu'il faisait sa soumission et que ces lettres devaient leur être rendues par Le Tellier. Nous n'avons pu retrouver ces deux lettres, malgré les incessantes recherches que nous poursuivons depuis vingt ans, dans les divers dépôts publics, pour y rassembler tous les documents qui concernent le Cardinal.

La lettre que nous publions ci-après, et qui ne porte pas le nom de celui à qui elle était destinée, était adressée, selon toute probabilité, à Michel Le Tellier, qui, à cette date, s'occupait principalement de la réconciliation de Retz avec le Roi. M. de Pennacors, un parent du Cardinal, en était porteur; or, on sait précisément que ce Pennacors était une des personnes chargées de négocier l'affaire de la démission avec Le Tellier. La lettre du Cardinal n'est pas

1. Copié sur l'original ayant figuré dans la vente de feu M. Gauthier Lachapelle, qui eut lieu le 17 mai 1872, par le ministère de M. Étienne Charavay (catalogue n° 1097). L'écriture, moins ces derniers mots : Monsieur, vostre très-affectionné serviteur, est de la plume d'un secrétaire; la signature et la date sont de la main du Cardinal. Nous avons déjà publié cette lettre dans notre ouvrage : Le Cardinal de Retz et ses missions à Rome, 1 vol. in-8°. Paris, Didier, 1879, p. 31 à 34. Le texte que nous en donnons, pour la seconde fois, a été collationné avec le plus grand soin sur une autre copie prise sur l'original par l'un des auxiliaires de M. Adolphe Regnier.

celle par laquelle il annonce qu'il donne sa démission, mais une ouverture très-adroite pour faire entendre qu'il est prêt à la donner purement et simplement, sans condition, uniquement pour être agréable au Roi.

Le lecteur ne saurait manquer d'admirer avec quel art infini et quelle grâce insinuante est écrite cette lettre où Retz fait preuve à la fois de tant de désintéressement et d'habileté. Ou la magnanimité du jeune Roi ne sera pas insensible à tant de grandeur d'âme, et elle ne voudra pas être en retour de générosité; ou elle sera sourde, et alors il n'y aura rien de fait. Il n'y a peut-être pas dans toute la correspondance de Retz une lettre qui nous le montre plus à fond sous son double aspect de grandeur et de prudence fine et déliée".

Peu de temps avant la date de cette lettre, Guy Patin, se faisant l'écho des bruits qui couraient dans Paris, écrivait en date du 19 juin 1661 (tome II, p. 376) : « L'accord pour le temporel du cardinal de Retz n'est point encore fait; la reine d'Angleterre et le duc d'Orléans son gendre y travaillent fort; on dit même que la Reine mère est fort adoucie; c'est ce qui fait espérer que l'affaire se fera. »

Guy Joly, dans les dernières pages de ses Mémoires, a raconté avec les plus grands détails l'histoire de la réconciliation de Retz avec la Cour. A l'aide de nombreux documents inédits, j'ai pu compléter et parfois rectifier son récit dans le premier chapitre de mon ouvrage ayant pour titre : Le Cardinal de Retz et ses missions diplomatiques à Rome3. Je ne puis qu'y renvoyer le lecteur.

2. Pendant la dernière maladie de Mazarin, les bruits les plus étranges avaient couru dans Paris au sujet du cardinal de Retz : « On dit, écrivait Guy Patin, le 28 janvier 1661 (tome II, p. 316), on dit que la Reine mère s'entretient souvent des affaires avec M. Le Tellier, qui a beaucoup de dispositions pour la première place; néanmoins il y en a qui croient que le cardinal de Retz reviendra et qu'elle s'en servira par nécessité, ut habeat in illo quem opponat Condeo, qu'elle craint et qu'elle hait. La santé du Prince n'est pas trop bonne; il est maigre, défait, exténué et dé coloré; il prend du lait d'ânesse et a souvent la goutte. » 3. Un volume in-8°. Paris, Didier, 1879.

1661

« PreviousContinue »