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Je suis aujourd'hui tiré en cause 4. Mais Feftus répondit, que Paul pour la réfurrection des morts. étoit bien gardé à Céfarée, & qu'il 22. Félix ayant ouï cela, les re-devoit y aller bientôt lui-même. mit à une autre fois, en disant: 5. Que ceux donc d'entre vous, Après que je me ferai plus exac-dit-il, qui le peuvent faire, y tement informé de cette secte, & defcendent avec moi, & si cet que le tribun Lysias fera defcen-homme a commis quelque crime, du, je prendrai connoissance de qu'ils l'accusent. votre affaire.

6. Feftus n'ayant demeuré parmi 23. Et il commanda à un cente-eux que dix jours, il defcendit nier de garder Paul, mais en le te- à Céfarée; & le lendemain, étant nant moins resserré, & fans empê-assis sur le tribunal, il commanda cher aucun des siens de le servir qu'on amenât Paul.

ou de le visiter.

7. Quand on l'eut amené, les 24. Quelques jours après, Félix Juifs qui étoient defcendus de vint avec Drusille sa femme, qui Jérusalem, se mirent autour du étoit Juive, & il envoya quérir tribunal, chargeant Paul de pluPaul, & il l'entendit parler de la sieurs grands crimes, qu'ils ne

foi en Chrift.

pouvoient prouver.

25. Et comme Paul parloit de la 8. Paul disoit pour sa défense : justice, de la continence, & du ju-Je n'ai rien fait, ni contre la loi gement à venir, Félix effrayé, lui des Juifs, ni contre le temple, ni dit : Va-t'en pour cette fois, & contre Cefar.

quand j'aurai la commodité

rappellerai.

, je

te 9. Mais Festus voulant faire plaisir aux Juifs, répondit à Paul, & 26. Il espéroit aussi que Paul lui lui dit: Veux-tu monter à Jérudonneroit de l'argent, afin qu'il le salem, & y être jugé fur ces chomît en liberté; c'est pourquoi il ses devant moi? l'envoyoit quérir souvent, & s'en- 10. Et Paul dit: Je comparois tretenoit avec lui. devant le tribunal de César, où

27. Deux ans s'étant paffés, Fé- il faut que je fois jugé; je n'ai lix eut pour fucceffeur Portius Fes-fait aucun tort aux Juifs, comme tus; & voulant faire plaisir aux tu le fais bien.

Juifs, il laissa Paul en prifon. 11. Que si je leur ai fait quelque CHAPITRE XXV. tort, ou si j'ai commis quelque Saint Paul plaidant devant Fes-crime digne de mort, je ne retus, appelle à l'empereur. fuse pas de mourir; mais s'il Festus étant arrivé dans la pro-n'est rien des chofes dont ils vince, monta, trois jours après, m'accusent, personne ne peut me de Césarée à Jérusalem. livrer à eux: J'en appelle à Céfar. 2. Et le souverain sacrificateur 12. Alors Feftus, après en avoir & les premiers d'entre les Juifs, conféré avec son Confeil, réponcomparurent devant lui contredit: Tu en as appelé à Cefar, Paul; tu iras à Céfar.

,

3. Et ils lui demandoient, comme 13. Quelques jours après, le une grace, qu'il le fit venir à roi Agrippa & Bérénice arrivèJérufalem, lui ayant dressé des rent à Céfarée, pour saluer Feftus. embûches pour le tuer en che- 14. Et comme ils y demeurèrent min. plusieurs jours, Festus informa le

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Chap. 25. 26. roi de l'affaire de Paul, en lui Paul fut amené par l'ordre de disant: Il y a ici un homme que Feftus. Félix a laissé prifonnier.

24. Alors Festus dit : Roi Agrip15. Les principaux facrificateurs pa, & vous tous qui êtes ici pré& les Anciens des Juifs le vin-sens avec nous, vous voyez cet rent accufer devant moi, lorsque homme, contre lequel toute la j'étois à Jérufalem, demandant sa multitude des Juifs m'est venue condamnation. folliciter, tant à Jérusalem qu'ici,

16. Mais je leur répondis que ne ceffant de crier qu'il ne falce n'étoit pas la coutume des loit pas le laisser vivre. Romains de livrer qui que ce soit, 25. Mais ayant trouvé qu'il n'apour le faire mourir, avant que voit rien fait qui fût digne de celui qui eft accufé ait ses accu-mort; & lui-même ayant appelé sateurs préfens, & qu'il ait la li- à l'empereur, j'ai résolu de l'y berté de se justifier du crime dont envoyer. on l'accufe.

26. Mais comme je n'ai rien de 17. Après donc qu'ils furent ve- certain à en écrire à l'empereur, nus ici, je m'assis fans aucun dé-je l'ai fait venir en votre présence, lai, dès le lendemain, fur le tri- & principalement devant toi, roi bunal, & je commandai qu'on Agrippa, afin qu'étant mieux inamenât cet homme. forme, je sache ce que j'en dois

18. Ses accufateurs étoient pré-écrire. fens; mais ils n'alléguèrent au- 27. Car il ne me semble pas raicun des crimes dont je pensois fonnable d'envoyer un prifonnier, qu'ils l'accuseroient. fans marquer de quoi on l'accufe.

19. Ils avoient seulement quel- CHAPITRE XXVI. ques disputes avec lui, touchant Saint Paul fait son apologie deleur fuperftition, & touchant un certain Jéfus mort, que Paul affuroit être vivant.

vant le roi Agrippa. lors Agrippa dit a Paul : Il

At'est permis de parler pour toi

20. Ne fachant donc que pro-même. Paul ayant étendu la main, noncer fur cela, je lui demandai parla ainsi pour sa défense : s'il vouloit aller à Jérufalem, & 2. Roi Agrippa, je m'estime heuêtre jugé fur ces choses. reux de ce que je dois me défen21. Mais Paul en ayant appelé, & dre aujourd'hui devant toi, de demandant que fa cause fût ré-toutes les choses dont les Juifs fervée à la connoissance de l'em- m'accusent; pereur, j'ai ordonné qu'on le 3. Et fur-tout, parceque je fais gardât jusqu'à ce que je l'en- que tu as une pleine connoiffance voyaffe à Cefar. de toutes les coutumes des Juifs,

22. Sur quoi Agrippadit à Festus: & de toutes les questions qu'ils Je voudrois bien aussi entendre ont entre eux; c'est pourquoi je cet homme. Demain, lui dit-il, tu te supplie de m'écouter avec pal'entendras.

tience.

23. Le lendemain donc, Agrippa 4. Pour ce qui est de la vie que & Bérénice vinrent avec grande j'ai menée dès le commencement pompe, & étant entrés dans le de ma jeunesse, parmi ceux de lieu de l'audience, avec les tri-ma nation dans Jerufalem, elle buns & les principaux de la ville, est connue de tous les Juifs.

5. Car ils favent il y a long-tems, braïque: Saul, Saul, pourquoi s'ils veulent en rendre témoigna- me perfecutes - tu? Il te seroit ge, que j'ai vécu pharisien, felon dur de regimber contre les aicette secte qui est la plus exacte guillons.

de notre religion.

15. Alors je dis : Qui es-tu, 6. Et maintenant je parois en Seigneur ? Et il me répondit : Je jugement, à cause de l'espérance fuis Jesus, que tu perfecutes. que j'ai en la promesse que Dieu 16. Mais lève-toi, & te tiens fur a faite à nos pères; tes pieds, car je te fuis apparu

7. A l'accomplissement de la-pour t'établir ministre & témoin, quelle nos douze tribus, qui fer-tant des choses que tu as vues, vent Dieu continuellement nuit & que de celles pour lesquelles je jour espèrent de parvenir. C'est t'apparoîtrai encore ; à cause de cette espérance, ô 17. En te délivrant de ce peuple roi Agrippa, que je fuis accufé & des Gentils, vers lesquels je par les juifs.

t'envoie maintenant

,

8. Quoi! jugez-vous incroyable 18. Pour ouvrir leurs yeux, & que Dieu reffuscite les morts ? les faire passer des ténèbres à la 9. Il est vrai que pour moi j'a- lumière, & de la puissance de vois cru qu'il n'y avoit rien que Satan à Dieu, afin que par la foi je ne duffe faire contre le nom qu'ils auront en moi ils reçoivent de Jéfus de Nazareth. la rémission de leurs péchés, &

10. C'est aussi ce que j'ai fait qu'ils aient part à l'héritage des dans Jérusalem; car j'ai mis en faints.

prison plusieurs des Saints, en 19. Ainsi, ô roi Agrippa, je ne ayant reçu le pouvoir des prin-résistai point à la vision céleste; cipaux facrificateurs; & lorf- 20. Mais je prêchai premièrequ'on les faifoit mourir, j'y don-ment à ceux de Damas, & ennois mon fuffrage. fuite à Jérufalem, & par toute

11. Souvent même, dans toutes la Judée, & aux Gentils, qu'ils les synagogues, je les contrai-se repentiffent, & qu'ils fe congnois de blafphemer en les pu-vertissent à Dieu, en faifant des niffant; & étant transporté d'une œuvres convenables à la repenextrême rage contre eux, je les tance. perfécutois jusques dans les vil- 21. C'est là le sujet pour lequel les étrangères. les Juifs, m'ayant pris dans le

12. Et comme j'allois aussi à temple, ont tâché de me tuer. Damas, dans ce dessein, avec un 22. Mais ayant été fecouru par pouvoir & une commission des l'aide de Dieu j'ai fubsisté jusqu'à principaux facrificateurs, aujourd'hui, rendant témoignage

13. Je vis, ô roi, étant en che-de Jésus aux petits & aux grands, min en plein midi, , une lumière & ne difant autre chose que ce qui venoit du ciel, plus éclatante que les prophètes & Moise ont que celle du foleil, & qui refplen-prédit devoir arriver; dit autour de moi, & de ceux 23. Savoir, que le Christ devoit qui m'accompagnoient. fouffrir, & qu'étant ressuscité le

14. Et étant tous tombés par premier d'entre les morts, il deterre, j'entendis une voix qui me voit annoncer la lumière à ce parla & qui me dit en langue hé-peuple & aux Gentils.

24. Comme il parloit ainsi pour tres prifonniers à un nommé Jule, sa défense, Festus dit à haute centenier d'une compagnie de la voix : Tu as perdu le sens, Paul, légion appelée Auguste. ton grand savoir te met hors de 2. Et étant montés sur un vaiffens. seau d'Adramite nous partimes, 25. Et Paul dit: Je n'ai point prenant notre route vers les côperdu le sens, très-excellent Fef-tes d'Asie; Aristarque Macédotus, mais ce que je dis eft vrainien de Theffalonique étant avec & de bon fens.

nous.

26. Car le roi est bien informé 3. Le jour suivant nous arrivade ces choses; c'est pourquoi je mes à Sidon; & Jule, traitant lui parle avec hardieffe, parce-Paul avec humanité, lui permit que je fuis perfuadé qu'il n'ignore d'aller voir ses amis, afin qu'ils rien de ce que je dis; car ces eussent soin de lui. choses ne se sont pas paffées en 4. Puis étant partis de là, nous paffames sous l'isle de Chypre,

cachette.

27. Roi Agrippa, ne crois-tu parceque les vents étoient conpas aux prophètes? Je fais que traires. tu y crois. 5. Et après avoir traversé la mer 28. Et Agrippa répondit à Paul: de Cilicie & de Pamphilie, nous Il s'en faut peu que tu ne me per-arrivâmes à Myre, ville de Lycie, fuades d'être Chrétien. 6. Où le centenier trouva un

29. Paul lui dit; Plût à Dieu vaisseau d'Alexandrie, qui alloit qu'il s'en fallût peu, & même en Italie, sur lequel il nous fit qu'il ne s'en fallût rien du tout, monter. que non-feulement toi, mais aussi 7. Et comme pendant plusieurs tous ceux qui m'écoutent aujour-jours nous avancions fort peu, d'hui ne devinssiez tels que je & que nous n'étions arrivés qu'afuis, à à la réserve de ces liens ! vec peine vis-à-vis de Gnide, 30. Paul ayant dit cela, le roi parceque le vent ne nous permetse leva, & le gouverneur, & Bé-toit pas d'aller droit, nous pafrénice, & ceux qui étoient assis fames au - dessous de l'isle de

avec eux.

Crète, vers Salmone;

31. Et s'étant retirés à part, ils 8. Et la cotoyant avec difficulté, dirent entre eux: Cet homme n'a nous abordâmes à un lieu appelé rien fait qui foit digne de la mort, Beaux-Ports, près duquel est la ni même de la prifon.

ville de Lafée.

32. Et Agrippa dit à Festus: Cet 9. Comme il s'étoit écoulé beauhomme pouvoit être renvoyé ab-coup de tems, & que la navigafous, s'il n'eût point appelé à stion devenoit dangereuse, puifCéfar.

CHAPITRE XXVII.

que le tems du jeûne étoit déja paffé, Paul les avertit,

10. Et leur dit: Je vois que la La navigation de S. Paul en Ita- navigation sera fâcheuse, & qu'il lie, et de ses compagnons ; leur naufrage.

y a un grand danger, non-feulement pour le vaisseau & pour

A près qu'il eut été résolu que fa charge, mais aussi pour nos ils remirent Paul & quelques au- 11. Mais le centenier ajoutoit

nous irions par mer en Italie, personnes.

plus de foi au pilote & au maître toujours si violente, que nous du vaisseau, qu'à ce que Paul perdîmes toute espérance de nous difoit.

fauver.

12. Et comme le port n'étoit pas 21. Et comme il y avoit longpropre pour hiverner, la plupart tems qu'on n'avoit mange, Paul furent d'avis de partir de là, pour se leva au milieu d'eux, & leur tâcher de gagner Phénice, qui dit: Certes, il falloit me croire, est un port de Crète, qui regarde & ne pas partir de Crète; & nous le vent d'Afrique & le couchant aurions évité cette tempête & septentrional, afin d'y passer cette perte.

l'hiver.

22. Mais je vous exhorte main

13. Alors le vent de midi com-tenant à prendre courage; car mençant à fouffler doucement, aucun de vous ne perdra la vie, ils crurent être venus à bout de & il n'y aura de perte que celle leur dessein, & étant partis ils du vaisseau. cotoyèrent de plus près l'isle de 23. Car un ange du Dieu, à qui je suis & que je fers, m'est ap

Crète.

14. Mais un peu après, il se paru cette nuit, & m'a dit : leva un vent impétueux, qu'on 24. Paul, ne crains point, il appelle Euroclydon, qui nous faut que tu comparoisses devant écartoit de l'isle. Céfar; & même Dieu t'a donné

15. Ainsi le vaisseau étant em-tous ceux qui naviguent avec toi. porté par la violence de la tem- 25. C'est pourquoi, mes amis, pête, & ne pouvant résister, nous prenez courage; car j'ai cette nous laissämes aller au gré du vent. confiance en Dieu, que la chose 16. Et ayant été pouffés au-def-arrivera de la manière qu'il m'a sous d'une petite isle, appelée été dit; Clauda, nous eûmes bien de la 26. Mais il faut que nous soyons peine d'être maîtres de la cha- jetés sur quelque île.

loupe.

27. La quatorzième nuit étant

17. Mais l'ayant tirée à nous, venue, comme nous étions jetés les matelots mirent en usage tou- çà & là dans la mer Adriatique, tes fortes de moyens, liant le les matelots, vers minuit, eftivaisseau par-dessous avec des cor-mèrent qu'ils approchoient de des; & comme ils craignoient quelque terre.

d'être jetés fur des bancs de fa- 28. Et ayant jeté la fonde, ils ble, ils abaifferent le mat, & se trouvèrent vingt braffes; puis laifferent emporter par le vent. étant paffés un peu plus loin, ils la 18. Comme nous étions forte-jetèrent encore, & ils trouvèrent ment battus de la tempête, le quinze braffes. jour suivant ils jetèrent une par- 29. Alors craignant de donner tie de la charge du vaisseau dans contre quelque écueil, ayant jeté la mer. quatre ancres de la poupe, ils at

19. Le troisième jour, nous je-tendoient que le jour vînt. tâmes de nos propres mains les 30. Mais comme les matelots agrès de rechange du vaisseau. cherchoient à se sauver du vaif20. Pendant plusieurs jours, ni seau, & qu'ils mettoient la chaloule foleil ni les étoiles ne paru-pe à la mer, fous prétexte de jerent point, & la tempête étoit ter les ancres du côté de la proue;

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