Lettres de mon moulin

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Bibliothèque-Charpentier, 1897 - 283 pages
 

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Popular passages

Page 81 - Hein!... pour qui ça!...» Tant et tant qu'à la fin le bon Pape, qui se sentait devenir vieux, en arriva à lui laisser le soin de veiller sur l'écurie et de porter à la mule son bol de vin à la française; ce qui ne faisait pas rire les cardinaux. Ni la mule non plus, cela ne la faisait pas rire... Maintenant, à...
Page 42 - Alors, qu'est-ce qu'il te faut? qu'est-ce que tu veux?" "Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin." "Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il ya le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il viendra?
Page 47 - ... plus se faire à cette vie, et qu'il valait mieux rester. La trompe ne sonnait plus... La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l'ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient...
Page 275 - ... fermée pour nous garantir de la chaleur du jardin en fournaise, de grands cris retentirent : «Les criquets! les criquets!» Mon hôte devint tout pâle comme un homme à qui on annonce un désastre, et nous sortîmes précipitamment. Pendant dix minutes, ce fut dans l'habitation, si calme tout à l'heure, un bruit de pas précipités, de voix indistinctes, perdues dans l'agitation d'un réveil. De l'ombre des vestibules où ils s'étaient endormis, les serviteurs s'élancèrent dehors en faisant...
Page 48 - Ha! ha! la petite chèvre de M. Seguin! Et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d'amadou. Blanquece se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la vieille Renaude, qui s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite; puis, s'étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de M. Seguin qu'elle était...
Page 147 - Dans le calme et le demi-jour d'une petite chambre, un bon vieux à pommettes roses, ridé jusqu'au bout des doigts, dormait au fond d'un fauteuil, la bouche ouverte, les mains sur ses genoux. A ses pieds, une fillette habillée de bleu, — grande pèlerine et petit béguin, le costume des orphelines, — lisait la Vie de saint Irénée dans un livre plus gros qu'elle . . . Cette lecture miraculeuse avait opéré sur toute la maison. Le vieux dormait dans son fauteuil, les mouches au plafond, les...
Page 119 - Tout le monde obéit ; d'une voix retentissante, le prêtre commence la prière des agonisants. Soudain un choc formidable, un cri, un seul cri, un cri immense, des bras tendus, des mains qui se cramponnent, des regards effarés où la vision de la mort passe comme un éclair...
Page 41 - M. Seguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois : — Ecoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.
Page 61 - Voyezvous tout autour cette pluie d'étoiles qui tombent ? Ce sont les âmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le râteau ou les trois rois (Orion). C'est ce qui nous sert d'horloge, à nous autres. Rien qu'en les regardant, je sais maintenant qu'il est minuit passé. Un peu plus bas, toujours vers le Midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius).
Page 140 - Je vis maître Grapasi, qui huilait si bien la roue de sa brouette. Et Dauphine, qui vendait si cher l'eau de son puits. Et le Tortillard, qui, lorsqu'il me rencontrait portant le bon Dieu, filait son chemin, la barrette sur la tête et la pipe au bec... et fier comme Artaban... comme s'il avait rencontré un chien.

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