Ernest Psichari

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Éditions de la Revue des juenes, 1921 - 374 pages
 

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Popular passages

Page 78 - C'est nous ainsi qui sommes l'autorité la plus ancienne et la plus légitime, c'est nous qui sommes la tradition, c'est nous qui sommes la continuité, c'est nous qui sommes les pères, véritablement, puisque c'est nous qui sommes la race, puisque c'est nous qui sommes les grands-pères et les aïeux. C'est nous qui sommes la plus haute autorité. C'est nous qui sommes le plus vieux droit. Nous leur passons par-dessus la tête. Un tel mot éclaire tout. C'est nous qui sommes leurs pères. Et ils...
Page 337 - Quels sont ceux-ci qui s'avancent portant leurs cœurs au-devant d'eux comme des flambeaux ? Ce sont les héroïques, les affamés de la vertu, les assoiffés de la justice ! Certes ils se sont gardés des chutes grossières. Mais ils jugent que c'est peu. Ils veulent cette pureté essentielle qui est l'entrée dans l'intelligence supérieure. Car tout est lié dans le système intérieur de l'homme et la lumière profonde de ce qui est vrai manquera toujours à qui ne se sera point fait un cœur...
Page 226 - La musique trouve son emploi dans une vie basée sur quelques abstractions. Alors le rythme est tout. Mais si l'on reste dans la diversité de la vie terrestre, il faut se condamner à des suites d'images d'où l'unité profonde est absente. C'est dans la musique que l'effort vers l'unité est porté au plus haut ' point. Donc, c'est la patrie des mystiques, qui s'efforcent en désespérés vers l'unité — et des conquérants, ces mystiques de l'action.
Page 175 - Je sens, dit-il, je sens qu'il ya, par delà les dernières lumières de l'horizon, toutes les âmes des apôtres, des vierges et des martyrs, avec l'innombrable armée des Témoins et des Confesseurs. Tous me font violence, m'enlèvent par la force vers le Ciel supérieur, et je veux de tout mon cœur leur pureté, je veux leur humilité...
Page 254 - Nous aimerions à rêver Paul sceptique, naufragé, abandonné, trahi par les siens, seul, atteint du désenchantement de la vieillesse; il nous plairait que les écailles lui fussent tombées une seconde fois des yeux, et notre incrédulité douce aurait sa petite revanche si le plus dogmatique des hommes était mort triste, désespéré (disons mieux, tranquille), sur quelque rivage ou quelque route de l'Espagne, en disant lui aussi : Ergo erravi!
Page 179 - Tous les champs de notre âme sont des champs du bon Dieu, tous peuvent promettre une admirable récolte. Le sentiment de notre liberté et celui de notre servitude : deux joies infinies. Toute notre action oscille entre ces deux pôles' de béatitude. Mais comment agirons-nous donc, si nous sommes dans les fers ? « Notre Père », disent les Français. Parce que Dieu, c'est le Père, c'est notre Père. C'est le Père qui nous aime, qui a confiance en nous, qui nous laisse les coudées...
Page 231 - Quoi que nous fassions, nous mettrons toujours l'intelligence au-dessus de tout. Il est possible que la pureté du cœur vaille mieux. Mais un Français croira toujours que le péché est plus agréable à Dieu que la bêtise.
Page 27 - Mon petitfils, qui a cinq ans, s'amuse tellement à la campagne qu'il n'a qu'une tristesse, c'est de se coucher. « Maman, demande-t-il à sa mère, est-ce que la nuit sera longue aujourd'hui?
Page 15 - ... des moindres paroles de Jésus? Et puis, je pensais à ceux qui avaient fidèlement exécuté ces ordres, je me tournais vers les Saints et les Bienheureux, et je ne pouvais pas nier qu'ils ne fussent les plus hauts exemplaires d'humanité, qui aient paru dans le monde. Alors, après les regards d'amour vers le Paradis, je ne pouvais pas penser que le désir des plus suaves vertus me fût à jamais interdit. La religion qui proclame une telle morale, est-elle donc fausse ? Telle était la question...
Page 173 - Elle est une candide bonne foi, une sincérité naïve, une enfantine naïveté. Elle est une honnêteté courageuse comme celle de l'enfant, hardie avec placidité. Une honnêteté qui n'a peur de rien, pas même de la vérité. Peut-être ne connaîtrons-nous jamais le bonheur du centurion de Capharnaûm.

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