Page images
PDF
EPUB

et

Jésus-Christ. Ils vivaient dans une union parfaite, et n'avaient qu'un coeur et qu'une ame, aussi Jésus-Christ avait dit que tout le monde connaîtrait ceux qui seraient ses disciples, (1) par l'amour qu'ils auraient les uns pour les autres. Ils s'appliquaient aux instructions des Apôtres, et les suivaient exactement et constamment : ils allaient tous les jours' au temple, et y faisaient ensemble leurs prières (2), s'assemblaient aussi dans les maisons pour rompre le pain et communier, c'est-à-dire, recevoir le précieux corps de Jésus-Christ, et prenaient ensuite leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. Comme ils savaient que Jérusalem allait bientôt périr, et d'ailleurs ils ne prétendaient aucun établissement sur la terre, n'aspiraient qu'au royaume céleste de JésusChrist, ils méprisaient les biens temporels. Ils mettaient tout en commun; et ceux qui avaient des héritages les vendaient et en apportaient le prix aux pieds des Apôtres, qui distribuaient à chacun ce dont il avait besoin ? en sorte qu'il n'y avait point de pauvres parmi eux. Tout le peuple, les aimait et les honorait, mais les autres (3) n'osaient se joindre à eux par la crainte des Juifs. Cette première église de Jérusalem (4) est la plus parfaite qui ait jamais été sur la terre; et tous les religieux et les autres qui ont voulu pratiquer fidèlement l'Evangile (5), l'ont regardée comme le modèle le plus excellent. Le nombre des fidèles croissant, les Apôtres jugèrent à propos d'établir

(1) Joan. III, 31. (2) Act. II, 41, 46. (3) Act. V, 13. (4) Aug. serm. 40, Sem. de vità com, (5) Act. VI,

des Officiers pour les soulager, qu'ils nommèrent Diacres, c'est-à-dire, Ministres. Ils en choisirent sept, de l'avis de toute l'Eglise assemblée, et leur donnèrent la charge de servir aux tables premièrement, à la table sacrée, c'est-à-dire, à la distribution de la sainte Eucharistie; puis à la table commune, c'est-àdire, de prendre soin de tout ce qui était nécessaire pour la nourriture des fidèles et géné ralement de tous les biens temporels de l'Eglise. Les Apôtres s'étant déchargés de ses fonctions, ne s'appliquaient plus qu'à l'oraison et au ministre de la parole, et toutefois ils permettaient encore aux Diacres de prêcher et de baptiser.

LECON LXIV.

De la persécution des Juifs, et de la conversion des Samaritains.

CES ES Juifs charnels et intéressés ne pouvaient goûter la doctrine de l'Évangile, surtout les Saducéens (1), qui ne croyaient ni la résurrection, ni l'immortalité de l'ame 9 et dont le parti était le plus puissant, car même le grand Pontife en était. Dès que les Apôtres commencèrent à prêcher, les plus puissans d'entre les Juifs leur défendirent avec menaces, de parler de Jésus-Christ; ensuite ils les firent mettre en prison, d'où un Ange les délivra; et les ayant repris, ils les (1) Act. XXIII.

firent fouetter (1). Les Apôtres se réjouirent de cet honneur, de souffrir des affronts pour le nom de Jésus-Christ, et leur disaient hardiment Jugez vous-mêmes s'il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu'à lui? Car nous ne pouvons nous empêcher de dire ce que nous avons vu et entendu, que ce Jésus, que vous avez crucifié, est ressuscité, et que c'est en son nom que nous faisons des miracles. Saint Étienne, le premier des sept Diacres, faisait de grands miracles (2), et reprochait hardiment aux Juifs leur endurcissement, leur faisant voir que la religion n'était point attachée à leur temple ni à leur ville. Ils le condamnèrent, comme ayant parlé contre le lieu saint, et le lapidèrent. Ce fut donc le premier martyr, c'est-à-dire le premier qui mourut pour le témoignage de l'Évangile; car martyr signifie témoin. Il s'éleva à cette occasion une grande persécution contre l'église de Jérusalem; en sorte que tous les disciples furent dispersés dans la Judée et la Samarie (3), hors les Apôtres. Celui qui fut le plus échauffé contr'eux, était un jeune homme nommé Saül, de la secte des Pharisiens, et fort savant. Il entrait dans les maisons, et entraînait par force les hommes et les femmes en prison. Il ne respirait que les menaces et le sang (4); et se fit donner commission par le grand Prêtre, pour les aller chercher jusqu'à Damas. Comme il en était proche, il vit en plein midi une (1) Act. IV, 17. (2) Act. VI, 8, (3) Act. VIII, (4) Act. XI.

>

lumière extraordinaire qui l'aveugla et le fit tomber par terre; et il entendit une voix qui lui dit : Saül, Saül, pourquoi me persécutestu? Je suis Jésus; c'est en vain que tu me résistes. Seigneur, que voulez-vous que je fasse, dit Saül? Le Seigneur l'adressa à un saint homme nommé Ananias, qui le baptisa, et lui rendit la vue. Saül commença aussitôt à prêcher l'Évangile avec grand zèle. Il est connu sous le nom de Paul, qu'il prit depuis, et compté entre les Apôtres du premier ordre, ayant été appelé et instruit par Jésus-Christ même. Cependant le Diacre S. Philippe (1) vint à Samarie, où plusieurs se convertirent et reçurent le baptême. Les Apôtres qui étaient demeurés à Jérusalem, l'ayant appris, leur envoyèrent S. Pierre et S. Jean, pour les confirmer et les perfectionner dans la foi. Ils prièrent sur eux et leur imposèrent les mains; et ces nouveaux fidèles reçurent le Saint-Esprit, c'est-à-dire une grace plus abondante et le don des miracles. Entre ceux qui avaient été baptisés à Samarie, il y avait un Magicien nommé Simon, qui, voyant que les Apôtres donnaient le Saint-Esprit par l'imposition de leurs mains, leur offrit de l'argent, pour avoir la même puissance. S. Pierre lui dit Que ton argent périsse avec toi (2), puisque tu crois que le don de Dieu se puisse acheter, et l'exhorta à faire pénitence. On a toujours depuis appelé simonie, le crime de ceux qui trafiquaient des choses spirituelles.

(1) Gal. I, 12. (2) Act. VIII, 19.

LEÇON XLV.

De la conversion des Gentils.

QUELQUE

UELQUE tems après les Gentils commencèrent aussi à entrer dans l'Église. Il y avait un capitaine romain, nommé Corneille (1), qui, tout Gentil qu'il était, ne laissait pas de connaître qu'il n'y avait qu'un Dieu, de le craindre, de le servir; le priant sans cesse, et faisant de grandes aumônes. Un Ange lui vint dire de la part de Dieu, que ses prières avaient été exaucées, et qu'il envoyât quérir Pierre pour savoir ce qu'il avait à faire. Saint Pierre, de son côté, eut une vision qui lui apprit qu'il n'y a aucune créature immonde et impure; et l'esprit de Dieu lui dit d'aller avec ceux que Corneille avait envoyés. Tout cela était nécessaire pour vaincre l'horreur que Saint Pierre, comme tous les autres Juifs, avait des Gentils, et le faire résoudre à converser avec eux. Quand il fut venu chez Corneille, il le trouva avec plusieurs de ses parens et de ses amis, qu'il avait assemblés; comme il eut commencé à les instruire, ils reçurent le Saint-Esprit, et publièrent les louanges de Dieu en diverses langues; de sorte que Saint Pierre leur fit aussitôt recevoir le baptême de l'eau, voyant qu'ils avaient déjà reçu celui de la grace (2). Les Apôtres et les autres fidèles furent d'abord scandali

(1) Act. VIII, 19. (2) Act. X..

« PreviousContinue »