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procureurs, qui n'avoient jamais joui du droit, de fuffrage. AN. 1562. Après toutes ces souscriptions ces actes furent attestez comme vrais & fincéres par Ange Maffarel évêque de Telefe, fecretaire du faint concile de Trente, Marc-Antoine Peregrin de Côme, greffier du même concile, Cinthius Pamphile, clerc du diocéfe de Camerin auffi greffier.

Deux jours après que le concile eut été terminé, tous les ambaffadeurs qui étoient à Trente, à l'exception du comte de Lune, reçurent les décrets dans la forme la plus ample, & y foufcrivirent féparément des foufcriptions des peres. On reçut leurs foufcriptions, non felon l'ordre de leur arrivée, comme on l'avoit d'abord projetté, mais en quelque maniere felon l'ordre des la féance & des places. De plus, la fignature de l'ambaffadeur des Suiffes fut faite féparément, & certifiée par un autre fecretaire, fans qu'on en fçache la raifon: de forte qu'il y eut quatre écrits differents; le premier, qui fut figné par les ambaffadeurs eecléfiaftiques; c'eft-à-dire, les Imperiaux, qui representoient la perfonne de l'empereur, & les autres qui reprefentoient celle du roi des Romains, & du prince heréditaire; ceux de Pologne, de Savoye, de Florence, & le patriarche de Jerufalem; parmi lefquels il y eut un laïc collegue d'un eccléfiaftique, fçavoir, Sigifinond de Turin, fur lequel il n'y eut aucune difficulté, perfonne ne lui difputant fa prérogative. Dans le fecond écrit étoit la fignature feule de Joachim ambaffadeur du clergé des Cantons Catholiques. Dans le troifiéme étoit confirmée l'acceptation des ambaffadeurs de Portugal, & de la république de Venife; & le dernier étoit figné par Mel chior Luffi, autre ambaffadeur des Suiffes laïc, tous s'obligerent au nom de leurs princes. Dès que le pape eut la nouvelle de la conreçu clufion du concile, il affembla auffi-tôt chez lui

les

les cardinaux pour leur en faire part, & ilordonna AN. 1563. que le lendemain treiziéme de Novembre, on fe roit une proceffion en actions de graces, depuis l'églife de faint Pierre jufqu'a celle de la Minerve. Il accorda des indulgences à ceux qui y affi fteroient. Pendant ce tems-là les prélats & les autres députez au concile s'en rétournerent, & les légats Moron & Simonette prirent la route de Rome dans le deffein de rendre compte au pape de ce qui s'étoit paflé au concile, c'est-à-dire, de lui repeter ce qu'il fçavoit déja.

X.

Ils arriverent à Rome quelques jours avant Arrivée des Noël, & le pape leur donna plufieurs audiences, deux légats dans lesquelles il leur témoigna toûjours beauMoron & coup d'amitié. Dans l'une il mit en déliberation Simonette s'il confirmeroit les décifions du concile, & le trentiéme Decembre il tint un confiftoire dans

à Rome.

Pallavicin. ibid. lib. 24. sap. 9. n. 5.

lequel il dit: qu'il rendoit graces à Dieu d'avoir procuré au concile une fin fi heureufe; qu'après Dieu, on en étoit redevable à la pieté de l'empereur, qui l'avoit toûjours protegé de fon crédit & honoré de fa bienveillance; qu'à ce prince il falloit joindre les rois Catholiques, & les légats, qu'il ne pouvoit affez louer de leur fageffe, de leur vigilance, & de leur courage dans tous les travaux qu'ils avoient effuiez pour furmonter les difficultez les plus embarraffantes, & maintenir la dignité du liége apoftolique.

Il s'étendit enfuite fur la réfolution où il dit être, de faire obferver ces décrets pour introduire une parfaite réformation dans les mœurs & pour diffiper en particulier la mauvaise opinion qu'on avoit conçue de fa conduite & de fes intentions, en publiant qu'il avoit toûjours été trèséloigné de cette réforme, & qu'il avoit toûjours empéché le concile de la faire entiere & parfaite. Il ajoûta que fon deffein étoit même d'aller plus loin que le concile, dont il trouvoit les reglemens trop moderez, & de montrer qu'il ne crai

gnoit rien tant qu'une lâche condefcendance.

Il déclara qu'il vouloit que les cardinaux Mo- AN. 1563. ron & Simonette priffent foin de veiller à ce XI. qu'on ne fît aucun reglement qui pût donner at Mefures du teinte à fes décrets, & dit qu'il vouloit changer pape pour les légats des provinces de l'état eccléfiaftique, & confirmer les viliter lui-même, & que pour contribuer da- le concile vantage à l'obfervation des décrets du concile, & le faire il falloit que tous les évêques fe rendissent incef- xecuter. famment dans leurs diocefes pour y rétider: il Pallav.t ordonna que fi quelques cardinaux après avoir re-zyràl. 24. noncé à leurs évêchez en retenoient les revenus c. 9. n. & l'administration, les évêques en titre qui rempliffoient leur place, en jouiroient dans leur entier: il loua fort comme un décret infpiré par le Saint-Esprit, l'établissement des feminaires, & dit, qu'il vouloit lui-même donner le premier exemple, en faisant un tel établiffement. Pour faciliter le travail aux deux cardinaux Moron & Simonette; chargez de l'exécution des décrets du concile, il nomma trois autres cardinaux, fçavoir, Cicala, Vitelli & Borromee, & pour déliberer avec eux fur la maniere de confirmer le concile, & de le faire entierement exécuter. II affura que fon deffein étoit de revêtir le concile de l'autorité pontificiale, afin que les actes & fes décrets fuffent inviolablement gardez, & que ni la faveur ni le crédit des grands n'y puffent donner aucune atteinte: il ajoûta, que fi l'on fe trouvoit obligé fur quelque point de s'éloigner de fes décisions, fon intention étoit que les cardinaux nommez ne décidaffent rien qu'après avoir reçu fes ordres. Enfin il protefta que comme tous les défordres venoient de ce qu'on nommoit aux évêchez des perfonnes peu capables de les remplir, on n'y éleveroit aucun à l'avenir qu'aupa ravant on ne fe fût bien affuré de la pureté de fes mœurs & de fa doctrine. Cette réfolution étoit fage, heureux fi l'exécution s'en fût fuivie.

A Pé

XII.
Cn confeil-

le au pape
de confir-
mer le con-

cile de Trente.

6.7.n.4.

pape

A l'égard du parti qu'il paroiffoit avoir inten AN. 1563. tion de fuivre, qui étoit de confirmer les actes du concile, il confulta avant que de prendre une derniere réfolution, les cardinaux de la Bourdaifiere & d'Amula, & les principaux officiers de la chambre apoftolique, de la chancellerie & de la rote, qui tous lui confeillerent de le faire. Hugues Boncompagnon évêque de Vefte, qui fut dans la fuite cardinal, & enfin fous le nom Pallav.in de Gregoire XIII. fut du même avis, & en fit bift. lib. 24. voir la juftice, & ce qu'il dit détermina plufieurs autres à fuivre le même parti. Il reprefenta enFra-Paolo, tr'autres, que la confirmation ne donneroit pas ut fuprà liv. au concile plus d'autorité qu'aux autres conciles, 8.p.791. aux décrets & aux décretales, dont le grand nombre & les déclarations formelles contre la corruption des mœurs, étoient plus fortes que les décrets de Trente très-mefurez dans leurs expreffions. Que fi le pape commandoit aux juges de recourir au faint fiége pour l'explication de leurs doutes, fans fe mêler d'être les interprêts du concile, perfonne ne pourroit fe prévaloir de fes décrets contre la cour de Rome, qui au contraire par fes déclarations pourroit les accommoder au befoin de l'églife. Que comme il y avoit à Rome une congrégation d'inquifiteurs, dont le fervice étoit très utile, le pape pouvoit de même en établir un autre, où l'on s'adrefsât de tous les endroits du monde pour être éclairci de fes doutes. Si ceia fe fait, difoit-il, je foutiens que l'autorité du fiége apoftolique, ni le droits de l'églife Romaine ne feront point bleffez par ces décrets; mais qu'ils en feront même fortifiez, felon que ces moyens feront employés. Ces raifons furent goûtées, & le pape prit dès ce moment la réfolution d'en venir à une confir-mation abfolue & fans réferve.

XIII.

Pendant tous ces mouvemens, la France foufRavages des froit de plus grandes & de plus funeftes agita

tations de la part des Calvinistes. L'amiral de Coligni devenu le chef de ces rebelles depuis la AN. 1563. prife du prince de Condé, traver fa la Beauffe Calvinistes pour aller paffer le refte de l'hiver dans la Solog- en France, ne, & dans le Berri. Les églifes y turent pil- après la ba lées, l'argenterie fondue, & employée au paye- taille de ment des troupes. La petite ville de Sully Dreux. fut surprise le quatorziéme de Janvier de cette année 1563. trente-fix prêtres y furent tuez, hift. lib. 34 & beaucoup d'autres jettez dans la Loire.

Dans le même tems le duc de Guife qui commandoit l'armée royale, & qui avoit toute l'autorité depuis la détention du connétable de Montmorency, reprit les villes d'Etampes & de Pluviers; & l'amiral ayant appris que ce duc s'approchoit d'Orleans avec l'armée du roi, s'y rendit promptement pour mettre cette ville en état de faire une longue & vigoureuse résistan ce: mais n'ayant pas voulu s'y renfermer, il y établit Dandelot fon frere pour commander, & partit avec les réïtres vers la Normandie pour recevoir l'argent qu'on lui envoyoit d'Angle

terre.

De Thom

1.7.

XIV.
Le duc de

tu devant Orleans.

De Thou

Le duc de Guife perfuadé qu'il extermineroit le parti Calviniste, s'il pouvoit devenir maître d'Orleans, fe rendit devant cette ville & en for- Guise eft ma le fiége le fixiéme de Fevrier. Mais fa mort précipitée fit abandonner cette entreprise. Ce duc fut bleffé à mort d'un coup de pistolet, qui lui fut tiré par Jean Poltrot gentilhomme An- in hift, ut goumois, un des plus déterminez du parti Cal- fuprà. vinifte: c'étoit le dix-huitiéme de Février. La bleffure fut trouvée mortelle, & il rendit l'ame en effet le vingt-quatrième du même mois. Poltrot après ce coup s'enfonça dans la forêt d'Orleans; mais il fut pris le lendemain, interrogé le vingt-un, & condamné à mort quel ques jours après. Il fut conduit à Paris pour y être exécuté: mais il mourut à la question. Tome XXXIV. Com

F

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