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he, qui ne fuflent point de fa domination ni de celle des Vénitiens, parmi lesquelles ils en choifiroient une, afin qu'il s'y trouvât avec eux pour concourir ensemble au bien général de l'Eglife. Qu'enfin voyant que Jules demeuroit toujours inflexible, ils ne lui accordoient pour tout délai que le terme de trente jours, pour fe déterminer fur les of fres qu'ils lui avoient fait faire. Dans un autre Décret les Peres exhortoient le Pape & les Princes à fufpendre la guerre, afin qu'elle ne fut point un obftacle aux bons deffeins que l'on avoit de réformer l'Eglife. La cinquiéme Seffion fut tenue le onzième de Février. Le Cardinal de fainte Croix y célébra la Meffe, & expliqua l'endroit de l'Evangile qui regarde la correction fraternelle. Après fon discours, on renouvella le Décret du Concile de Conftance contre ceux qui maltraito ent les perfonnes qui venoient au Concile ou qui s'en retiroient.

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XXX.

Sixiéme

On tint la fixième Seffion le vingt-quatriéme de Mars. La Meffe y fut célébrée par Seffion. François de Rohan Archevêque de Lyon, & le difcours fut prononcé par Guillaume Duchefne Docteur en Théologie & Député de l'Univerfité de Paris. Les Promoteurs du Concile demanderent que Jules fût cité de nouveau, & que faute à lui de comparoîil fût déclaré contumace. On leur accorda leur demande, & auflitôt les Evêques de Châlons & de faint Flour en habits Pontificaux, monterent fur les dégrés du grand Autel de l'églife & dirent par trois fois : Le Pape Jules II eft-il ici ou s'y trouve-t-il quelqu'un de fa part? Enfuite s'avançant au milieu de la nef, ils firent la même cita

tre

,

de

tion; & la troifiéme fut faite à la porte l'Eglife. Perfonne n'ayant comparu, ils vinrent faire leur rapport au Préfident du Concile. On publia enfuite divers Décrets ou réglemens de police. On y exhorte les Membres du Concile à la modeftie & à la gravité qui conviennent à des Eccléfiaftiques; à mener une vie exemplaire; à fe fouvenir qu'ils étoient le fel de la terre & la lumiére du monde, & qu'ils devoient employer la priére, les jeûnes, & les aumônes, pour attirer fur le Concile les bénédictions du Ciel. On confirma & on approuva comme légitime la convocation & la tenue du Concile. Par un autre Décret les Peres mirent fous la protection du Concile, l'Empereur Maximilien & le Roi de France Louis XII contre toutes les cenfures que le Pape pour

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roit fulminer contre eux & leurs Etats. Enfin on fit un Décret par lequel il étoit ordonné au Pape de retracter dans l'efpace de vingt-quatre jours, tout ce qu'il avoit fait contre le Concile de Pife, après lequel tems il feroit procédé contre lui.

Ce terme étant expiré, on tint la fepXXXI. tiéme Seffion le dix-neuviéme d'Avril. Les

Seffions dans

claré

pens.

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Dernieres Promoteurs du Concile y demanderent que lefquelles le le Pape Jules fût déclaré avoir encouru Pape eft dé comme contumace, la fufpenfe ipfo facto de fuf- l'adminiftration du fouverain Pontificat > La laquelle étoit dévolue de plein droit au ConFrance ado- cile. On le fit appeller par trois fois ; & perfonne n'ayant comparu pour lui, on remit à déliberer fur la demande des Promoteurs. On confirma ce qui avoit été régié dans la Seffion précédente touchant l'ordre des députations & la maniére d'y pro

cette

pte fentence,

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céder. Dans la huitiéme Seffion qui fe tine le vingt uniéme d'Avril, les Promoteurs préfenterent une nouvelle requête contre le Pape, pour le faire déclarer fufpens de toute fonction. Il fut encore cité par plufieurs Prélats; & quand on vit que perfonne ne comparoiffoit, le Concile jugea que le Pape Jules II étant déclaré notoirement perturbateur du Concile, contumace auteur du fchifme, incorrigible, endurci ; comme tel, il avoit encouru les peines portées dans les faints Décrets des Conciles de Conftance & de Bafle, & la fufpenfe de toute adminiftration Pontificale, qui étoit dévolue de plein droit au Concile; & en conféquence le Concile exhortoit les Cardinaux, les Evêques, & généralement tous les fidéles de tout état & de toute condition, à ne le plus reconnoître, & défendoit de lui, obéir. Ce fut là en quelque forte la derniere action du Concile de Pife: car peu de tems après, les François ayant abandonné le Milanez, les Prélats furent obligés de quitter Milan & de fe retirer à Lyon, où il n'y eut plus qu'une ombre de Concile qui s'évanouit bientôt. Louis XII avoit fait quelques démarches auprès des Rois du Nord, pour les engager à reconnoître le Concile de Pife: mais on n'en tira que de belles promeffes qui ne furent point exécutées. Malgré ce peu de fuccès, le Roi donna des Lettres patentes le feizième de Juin, par lefquelles il accepta le Décret du Concile qui fufpendoit le Pape, ordonna qu'il feroit exécuté dans tout fon Royaume, & fit défenfes à tous fes fujets d'impétrer aucunes provifions du Pape, & d'avoir égard aux Bulles qu'il pourroit expédier. Telle fut la fin du Concile de Pife.

XXXII.

Indigna- Bulle

Jules irrité plus que jamais, donna une par laquelle il prétendoit annuller tout ce qui s'étoit fait à Pife, à Milan & à Lyon. Concile de Il n'y épargne point les Cardinaux de CaryaPre & con jal, Briçonnet, de Prié, & de S. Severin, tre la Fran- qu'il traite de fchifmatiques & d'héretiques.

tion du Pape contre le

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Il étendit auffi cette Bulle fur le Royaume de France; excommunia Louis XII, mit fon Royaume en interdit, & difpenfa du ferment de fidélité, particuliérement les Normands & les Gafcons. Et parce que la ville de Lyon avoit donné retraite aux Cardinaux & autres Prélats de Pife, il prétendit priver cette ville du droit qu'elle avoit de tenir des foires franches, & tranfporta ce droit à Genéve. Le Roi de France protefta contre cette Bulle, malgré le mauvais état où étoient fes affaires en Italie. Il alla même fi loin, dit le célébre M. de Thou, que fans écouter les avis de ceux qu'il avoit coutume de confulil répliqua avec hauteur aux vaines imprécations d'un vieillard moribond, par une excommunication contraire, qu'il fit prononcer contre lui. Il fit battre des piéces de monnoie, qui d'un côté repréfentoient fon image avec les titres de Roi de France & de Naples; & de l'autre côté les armes de France avec ces mots, Perdam Babylonis nomen : Je ruinerai Babylone. C'eft en cela & dans l'excommunication prononcée contre Jules, que le Président de Thou trouve avec raison de l'excès.

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ARTICLE II.

Entreprifes du Pape contre la France. Cinquiéme Concile de Latran. Fin du Pontificat de Jules II. Commencement de celui de Léon X. Fin du Regne de Louis XII. Commencement de celui de François I.

L

I.

1.

Jules II.

de foulever

France,

la

E Pape Jules avoit fait, comme nous l'avons dit, une ligue contre la France, avec Ferdinand Roi d'Arragon & la Répu- entreprend blique de Venife. Son deffein en formant > prefque rots cette ligue, étoit de dépouiller les François les Princes de tout ce qu'ils poffédoient en Italie. Et de l'Europe néanmoins on la nommoit la fainte Ligue, contie parce que Jules publioit par-tour qu'il s'agiffoit de combattre les ennemis de l'Eglife, & de maintenir l'autorité du S. Siége. Le Traité en fut figné au commercement d'Octobre 1511; & dès le mois de Janvier fuil'armée des Alliés fe mit en campagne. Les François en moins de quinze jours remporterent fur eux plufieurs avantages confidérables, & tout le monde croyoit déja que c'en étoit fait de la ligue. Mais on changea bientôt de fentimens. Les Florentins intimidés par le Pape, renoncerent à l'alliance de Louis XII; les Suiffes menaçoient d'une irruption dans le Milanez; Henri VIII Roi d'Angleterre étoit fur le point de rompre

vant,

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