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XXXVI.

dant

que c'étoit à eux à faire cette correction. Le Cardinal de Mantoue la fit en effet, mais foiblement, fe bornant d'abord à exhorter chacun à dire fon avis moins au long & avec plus de modération, & à. e contredire qu'avec modeftie & feulement dans la néceffité. Il

ajoûta enfuite que fi l'on voyoit encore un pareil défordre, lui & fes Collegues fortiroient de la Congrégation, pour n'en être pas témoins. Le Cardinal de Lorraine dit qu'il ne convenoit pas que les Légats fe retirassent pour toute forte de fujets, mais qu'il falloit punir les auteurs du défordre. Le Cardinal de Mantoue propofa auffi dans la même Congrégation d'affigner la Seffion au dix-feptiéme du mois, & fon avis prévalut, après avoir fouffert plufieurs contradictions.

Dans la Congrégation du lendemain troiSuite de fiéme de Décembre, l'Evêque d'Alife Elpal'examen de guol, releva en opinant ce qu'avoit avancé 1a queftio le Général des Jefuites, que la puiffance de tion des E- Jurifdiction eft donnée à un feul, qui la com

de l'inftitu

véques.

munique aux autres comme il lui plaît; & il foutint que les Evêques recevoient leur pouvoir de Jefus-Chrift & non du Pape. Après qu'il eut fini, le Cardinal Hofius prit la parole & dit, que le point principal de la difpute entre les Catholiques & les hérétiques, confiftoit à favoir fi on devoit regarder comme Evêques légitimes, ceux qui avoient été élus par le Pape: Que les Luthériens prétendoient le contraire, & que c'étoit cette erreur qu'il falloit condamner; fans perdre le temps à difputer fur des chofes tout-à-fait étrangeres. Cette remontrance du Cardinal Hofius fit beaucoup d'impreffion fur l'Affemblée. On a pu remarquer jufqu'ici combien le Concile de Trente

Trente étoit attentif à mettre à l'écart tous les articles fur lefquels il y avoit partage entre les Catholiques. L'Evêque de S. Papoul qui étoit un jeune Prélat fort eftimé, parla avec tant de fageffe, qu'il contribua beaucoup à la conciliation des efprits. Le Cardinal de Lorraine opina fur cette même matiere dans la Congrégation du quatriéme de Décembre. Il parla long-tems, mais d'une maniere si ambiguë, qu'il fembloit dire le pour & le contre. Les Evêques de France en furent choqués, & foutinrent avec autant de force que de clarté, que l'autorité des Evêques eft de droit divin. Comme ils étoient fur ce point parfaitement d'accord avec les Efpagnols, quelques Italiens parlerent avec indécence de cette union; & le Cardinal de Lorraine s'en plaignit hau

tement.

confultent le

Cependant les Légats follicitoient à Rome XXXVII. la décifion fur les articles de l'inftitution & Les Ambaffadeurs de la réfidence des Evêques. En attendant la demandent réponse du Pape, ils communiquerent aux la réformaAmbaffadeurs les chapitres de Réformation tion. fur les abus qui s'étoient introduits touchant Les Légats le Sacrement de l'Ordre. Les Evêques & les Ambaffadeurs de France s'affemblerent chez Pape fur la question de le Cardinal de Lorraine pour les examiner, & l'inftitution choifirent quatre Prélats François, pour voir desEvèques. s'il n'y avoit rien qui fût contraire aux Libertés de l'Eglife Gallicane, & fi l'on y pouvoit ajoûter quelque chofe pour l'utilité de ce Royaume. Mais les Impériaux voyant qu'on ne parloit d'aucun des points qu'ils avoient propofés, affemblerent tous les Ambaffadeurs, à qui l'Archevêque de Prague répréfenta combien le Concile avoit dé a perdu de tems, & combien de fois les Légats avoient promis Tome VIII. Dd

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qu'on travailleroit à la Réformation ; & que cependant on s'amufoit à des queftions de pure fpéculation. Il ajoûta qu'il étoit honteux qu'on fe bornât à corriger quelques légers abus, tandis qu'on négligeoit les befoins les plus preffans; qu'il falloit le réunir tous, pour demander l'exécution de tant de promeffes faites par le Pape & par fes Légats. Tous convinrent de demander la réformation en général, mais on fut partagé fur les articles particuliers qu'il falloit réformer. Les Ambaffadeurs de France en drefferent plufieurs, conformément à ce qui étoit porté dans leurs inftructions. Pendant qu'ils y travailloient, le Pape écrivit aux Légats fur la queftion de l'inftitution des Evêques, & leur marqua que c'étoit une erreur de dire abfolument, que l'inftitution des Evêques eft de droit divin; parce que, difoit-il, la feule puiffance de l'Ordre vient de JefusChrift, & que celle de jurifdiction dérive du Pape, fans que l'on puiffe dire qu'elle foit donnée par Jefus-Chrift, finon en tant que le Pape tient toute fon autorité de lui, & que tout ce que le Pape fait, eft fait immédiatement par Jefus-Chrift. Sur l'article de la réfidence, il difoit qu'ayant l'autorité de difpenfer, il vouloit qu'il y eût une exception pour lui dans le Decret, & que par conféquent il falloit bien fe donner de garde d'y mettre la claufe, de droit divin. Telle fut la décision du Pape; mais ce ne fut point le fentiment du Concile qui, comme nous le verrons, crut devoir mettre à l'écart le fond de cette question, pour ne pas s'expofer à une entiere rupture de la part de la Cour de Rome. La Seffion ne fe tint point le dix feptiéme de Décembre, comme il avoit été réglé dans la Congrégation du

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deuxième de ce mois; parce que le Pape avoit

jugé à

propos

de la faire différer.

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Dernieres Seffions du Concile de Trente.
Sa fin. Son autorité.

U

I.

les

tion dreffés

A commencement de l'année 1563, aux Articles de Légats les articles de réformation qu'ils avoient Réforma dreffés. Les Légats les ayant examinés, les par les Amenvoyerent au Pape par l'Evêque de Viterbe. baffadeurs Ces articles étoient au nombre de trente- de France, quatre, dont voici les principaux. On y de- & préfentés mandoit que perfonne ne fût ordonné Prê- aux Légats qui les entre, qu'il n'eût un âge mûr, & un témoignage voient au avantageux du peuple, fondé fur la bonne vie Pape. paffée: Que les interftices fuffent gardés: Que l'on ne fît point d'Evêques qui ne fuffent ver tueux, & capables d'inftruire & de faire toutes leurs fonctions par eux-mêmes : Qu'on abolit la pluralité des bénéfices, fans s'arrêter à la diftinction des compatibles & incompatibles, inconnue à toute l'Antiquité : Que l'on n'exigeât rien pour l'administration des Sa& qu'on fit en forte que chaque Curé eût affez de revenu pour entretenir deux clercs & exercer l'hofpitalité : Qu'on expliquât à la Meffe l'Evangile au peuple, d'une maniere proportionnée à ses befoins: Qu'on expliquât en François la vertu des Sacremens, avant que de les adminiftrer: Que les béné

cremens →

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fices ne fuffent donnés ni à des étrangers ni à des indignes Qu'on abolît, comme contraires aux canons, les Expectatives; les Regrès, les Réfignations, les Commandes : Qu'on réunît les prieurés fimples aux bénéfices à charge d'ames dont ils auroient été démembrés Qu'on abolit les penfions, afin que les revenus des églifes fuffent employés à l'entretien des ministres & à la nourriture des pauvres: Que les Evêques ne fiffent rien d'important fans l'avis de leurs Chapitres : Que les chanoines réfidaffent continuellement dans leurs églifes; qu'ils fuffent pieux & édifians: Qu'on ne difpensât des degrés de parenté pour le mariage, que les Princes fouverains à cause du bien public: Qu'on retranchât les abus par rapport aux images, aux reliques, aux Indulgences, aux Pélerinages aux Confrairies: Qu'on rétablit la pénitence publique pour les péchés publics, & les jeûnes & autres exercices propres à appaifer la colere de Dieu : Qu'on n'excommuniât qu'après trois monitions, & feulement pour de grands péchés: Qu'on abolît la nouvelle diftinction du pétitoire & du poffeffoire en matiere de bénéfices ; & qu'il fût ordonné aux Evêques de les donner à ceux qui les fuyoient, & non à ceux qui les demandoient, & qui par cette demande même s'en déclaroient indignes : Que les Synodes Diocéfains s'affemblaffent au moins une fois tous les ans les Provinciaux tous les trois ans, les Généraux tous les dix ans. La premiere fois que le Pape lut ces arChagrin ticles, il s'écria que les François vouloient Pape. donc abolir la Daterie, la Rote, & enfin toute Moyens l'autorité apoftolique. Mais l'Evêque de Viqu'il prend terbe, en habile politique, lui dit que les

II.

qu'en a le

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