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hâter, trop entreprendre, gagner le ciel d'assaut, si je puis parler ainsi. Vos grands efforts vous fatiguent, ne vous font pas avancer; et ne rapportant pas cette satisfaction intérieure qu'on vous avoit annoncée, votre zèle se ralentit, le découragement survient; vous abandonnez tout, parce que vous croyez qu'il faudroit faire encore beaucoup plus que vous ne faites, et c'est là où est l'erreur; n'oubliez jamais la bonté de Dieu, son support. Il sait de quoi nous sommes faits, il connoît notre foiblesse ; il exige moins de nous que nous-mêmes; il use de patience envers nous, ne voulant point qu'aucun périsse, mais que tous se convertissent. Il veut que nous allions pas pas dans une route où l'entrée est difficile; il nous tient compte de tout.

Habituez-vous à faire tout dans le but de lui plaire; rapportez tout à lui, à ce père si tendre! Alors il fortifiera vos bons sentimens, il affoiblira les tentations, et, sans vous en douter, vous vous trouverez insensiblement changée par cette présence de Dieu qui habitera en vous au moyen de

l'habitude que vous

que vous aurez prise de vous

adresser sans cesse à lui.

O mille et mille fois heureux

» Celui qui t'adresse ses voeux!

Dans une autre lettre je vous parlerai dey l'assurance que la révélation nous donne de la vie à venir.

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IV. LETTRE.

Sur la confiance en Dieu comme moyen de trouver le bonheur.

UN moyen bien assuré de bonheur, c'est

chère Adèle, une confiance entière en la bonté de Dieu.

*

Quand on cherche à s'identifier comme on le doit avec ce sentiment, il procure un calme un repos pour l'avenir, une résignation dans le malheur qui aide à le supporter et qui en émousse les pointes les plus cruelles.

Quel calme ce sentiment de confiance en Dieu répand dans le cœur de celui qui l'éprouve ! Il est à l'abri de cette anxiété, de cette crainte de l'avenir, qui trouble les jouissances de celui qui n'en est pas pénétré. Vous voyez ce dernier redouter les maux, les accidens avant qu'ils soient probables; il les juge plus graves qu'ils ne sont, et par cela même, quand ils arrivent, il se

croit plus malheureux qu'il ne l'est; il murmure dès la première approche du mal, sans avoir eu le temps de juger de ses forces pour le supporter, encore moins celui de travailler à les augmenter, comme c'est notre devoir.

Celui qui a de la confiance en Dieu, est pénétré du sentiment que ce Dieu tout bon ne pourroit envoyer à ses enfans plus de peine qu'ils ne pourroient en supporter.

Il est prouvé que les malheurs, de quelque genre qu'ils soient, nous font sentir plus fortement le besoin que nous avons du secours de Dieu, nous ramènent à lui. Peuton acheter trop cher ce bien-là? C'est, n'en douteż pas, le premier des biens; il faut tout faire pour l'acquérir. Si Dieu vous envoie une épreuve, demandez-lui de la force pour la supporter, ne doutez pas de son secours; il sera plus près de vous, si l'on peut s'exprimer ainsi, quand vous serez dans la tristesse, que quand vous serez dans la joie. Dieu est près de l'homme affligé, dit l'Ecriture. Cette confiance parfaite fait naître et briller un rayon d'espérance dans son cœur, si ce n'est pour les biens de cette vie, ce

sera pour ceux de l'autre ; il les voit et les savoure d'avance.

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Ne vous laissez point aller au murmure; pleurez, mais ne doutez pas que Dieu n'ait fait tout pour le mieux'; il sait mieux que fous ce qu'il nous faut, il nous aime mieux que nous ne nous aimons, il sait que nous avons besoin d'une épreuve'; il faut donc chercher à en profiter par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, la résignation etla soumission absolue. Hélas! que gagneroit-ona se plaindre ? le mal seroit le même, et l'on auroit de moins la douceur que Dieu répand dans le coeur de celui qui se soumet de bonne grâce à ses décrets. Répétez-vous souvent: Dieu le veut, sa volonté soit faite Reconnoissez sa main dans tout ce qui vous arrive. Un coup porté par nne main qui vous aime, et qui n'a que l'intention de vous châtier et non de vous terrasser, ›doit être moins sensible : Dieu frappe celui qu'il aime, dit l'Ecriture.

Nous pouvons augmenter ce sentiment de confiance en Dieu, en nous accoutumant à réfléchir à toutes les faveurs que Dieu nous

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