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voient heureux. Dieu avoit auffi créé de purs efprits, qui font les anges, d'une nature plus excellente que l'homme.

LEÇON II.

Du péché.

Il y eut des anges qui ne demeurerent pas dans

2. Pet. 11. 4.

la vérité & la grace où Dieu les avoit créés, mais Joan.viii. qui fe révolterent contre lui. Il ne leur pardonna 44. point, mais il les envoya dans l'enfer, où ils font privés éternellement de la vue de Dieu, & tourmentés d'un feu éternel. Ce font les démons ou les anges du diable, qui s'occupent continuellement à tenter les hommes; d'où vient

qu'on donne auffi à leur chef le nom de Satan. Apoc. xx. 2, Un de ces malins efprits, envieux du bonheur Con, 111, dont Adam & Eve jouifoient dans le paradis terreftre, prit le corps d'un ferpent, s'approcha d'Eve, & lui dit : Pourquoi Dieu ne vous a-t-il pas permis de manger des fruits de tous les arbres de ce jardin? Il nous les a tons permis, dit la femme, hors le fruit de l'arbre qui eft au milieu du jardin, qu'il nous a défendu de toucher, for peine de la vie. Vous n'en mourrez point, dit le ferpent; mais Dieu fçait que fi-tôt que vous en aurez mangé, vous ouvrirez les yeux, & vous ferez femblables à lui, connoiffant le bien & le mal. La femme fe laiffa tenter par la beautć de l'arbre & du fruit; elle en prit; elle en man¬ gea & en donna à fon mari, qui en mangea comme elle. Auffi-tôt ils ouvrirent les yeux, curent honte de leur nudité; fentant une révolte en leur propre corps, qui n'étoit plus foumis à leur efprit, comme devant. Ils firent des cein→ tures de feuilles de figuier pour se couvrir; puis entendant la voix de Dieu, qui se montroit à

&

eux fous une forme fenfible, ils se cacherent; & comme ils virent leur péché découvert, ils voulurent s'excufer, l'homme sur la femme, & la femme fur le ferpent. Alors Dieu maudit le ferpent, c'est-à-dire, le démon qui s'en étoit servi pour tromper la femme, & déclara qu'il mettroit une inimitié éternelle entr'eux, & que de la femme viendroit celui qui écraseroit la tête du ferpent, c'est-à-dire, le Sauveur du monde, qui devoit venir un jour détruire la puissance du dé mon, & naître d'une femme fans coopération de l'homme : car Dieu le promit dès-lors pour confoler Adam dans fa mifere. Cependan, il condamna la femme à accoucher avec douleur, & à être sujette à son mari ; & il condamna l'homme à labourer la terre, à manger fon pain à la fueur de fon vifage, & à travailler toute fa vie, jufqu'à ce qu'il retournât à la terre d'où il étoit tiré. Enfuite il les chaffa du paradis, & mit un chérubin armé d'un glaive de feu, pour en garder l'entrée. Adam, par fon péché, fut dépouillé de la fainteté & de la juftice originelle en laquelle il avoit été créé ; il devint sujet à la colere de Dieu, & captif du démon, à qui il s'étoit foumis. Il perdit tous les avantages du corps & de l'ame' qu'il avoit auparavant ; il fut expofé aux incom→ modités des faifons, aux bêtes cruelies ou venimeuses, à la faim, à la pauvreté, aux maladies & à la mort. Il tomba dans l'ignorance; il demeu ra plein de concupifcence, c'eft-à-dire, de l'amour de lui-même, qui le détourna de Dieu, & le li vra au defir des plaisirs fenfibles & à toutes les autrés paffions, comme la colere, l'envie, la trifteffe & la crainte, & le rendit capable de faire toute forte de mal, & incapable de faire aucun bien utile au falut, & deftiné après la mort à une autre mort éternelle, c'est-à-dire, aux tourmens de l'enfer.

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De la corruption du genre humain, & du
déluge.

ADAMY ADAM n'ent des enfans qu'après fon péché, & fa femme ayant péché comme lui, leurs enfans nâquirent dans la corruption, fujets aux mêmes miferes, & chargés du péché, qu'ils tiroient de leur origine. Il a paffé à tous leurs descendans; & tous les hommes naiffent tachés de ce péché, que nous appellons originel, & qui les rend ennemis de Dieu, incapables de faire aucun bien, & dignes de l'enfer. Les premiers enfans d'Adam & d'Eve furent Caïn & Abel. Caïn tua fon frere Gen. Ivi par envie. Dieu lui reprocha fon crime, difant que le fang de fon frere crioit vengeance contre lui, & il fe jugea Ini-même digne de mort : mais Dieu défendit de le tuer, pour ne pas multiplier les meurtres. Les defcendans de Cain furent méchans; mais Adam eut un fils nommé Seth, dopr les enfans conferverent la piété & la connoiffance Gen. vi de Dieu. Cette race s'étant mêlée avec l'autre par des alliances criminelles, fe corrompit com me elle; tous les hommes s'écarterent du chemin de la raifon; & leur malice fut fi grande, que Dieu réfolut de les faire tous pétir, comme s'il fe fut repenti de les avoir tréés. Il n'y eurque Noé, defcendu de Seth, qui trouva grace devant Dieu! Dieu l'avertit du deffein qu'il avoit de purger toute la terre, par un déluge univerfel, & lui commanda de bâtir une arche, c'eft-à-dire, un vaiffeau quarré & couvert, de la forme d'un grand coffre, capable de contenir une couple de chaque efpece de hête & d'oifeaux, & de quoi les nourrir durant une année. Pendant que Noé bâtifoit l'arche, il exhortoit les hommes à faire pénitences

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& les menaçoit du déluge, ce qui dura plus de cent ans; mais ils ne voulurent point le croire. Le temps étant venu Dieu fit entrer Noé dans l'arche avec fa femme, fes trois fils & leurs femmes, & toutes fortes d'animaux terreftres & d'oifeaux, puis il ouvrit les réservoirs du ciel, & fit tomber une pluie épouvantable pendant quarante jours & quarante nuits; il fit auffi déborder les abîmes de la mer: enforte què la terre fut inondée, & que l'eau furpassa de vingt pieds les plus hautes montagnes. Tous les hommes & tous les 1. Pet. 111. animaux furent noyés; il n'y eut que Noć & sa · famille de fauvés, c'est-à-dire, huit perfonnés feulement. L'arche étoit une figure de l'églife; où le fauve un petit nombre d'élus, tandis que tous les autres hommes périffent dans leurs péchés.

20.

LEÇON IV.

De la loi de nature.

Not fortit de l'arche par l'ordre de Dieu, un

an après qu'il y fut entré; & en fortant, il lui of frit un facrifice pour le remercier de l'avoir sauvé avec tant de bonté. Dieu eut agréable le facrifice de Noć; il lui promit qu'il n'enverroit plus de déluge fur la terre, & que les faifons repren droient leurs cours ordina res, Il lui donna fa bénédiction & à ses enfans, pour les faire multiplier & leur foumettre tous les animaux, même il leur permit d'en tuer pour les manger; mais il Gen. x. 6. défendit expreflément de tuer les hommes. Quiconque, dit-il, répandra le fang humain, fon fang fera répandu; car l'homme eft fait à l'image de Dieu. Les trois fils de Noé étoient Sem, Cham & Japhet, qui repeuplerent le monde. Ainfi tous les hommes font freres, & obligés de

Gen. x.

S'aimer. Mais la nature devint beaucoup plus foi ble depuis le déluge. Au lieu que les hommes vivoient près de mille ans, leur âge se réduisoit, petit à petit, à cent ou deux cents ans ; & ils devinrent encore plus méchans que devant. Il fallut partager les biens & les terres, parcequ'ils ne pouvoient s'accorder à en jouir ensemble : de-là vinrent les pillages, les guerres, les fervitudes. Chacun ne cherchoit qu'à fe donner du plaifir, boire, manger & fatisfaire tous fes defirs, fans regle & fans mefure; & pour les contenter plus librement, mépriser l'autorité des peres & des anciens, & même s'aflujettir fes freres & fes égaux, ou par force ou par artifice. Au lieu d'honorer le vrai Dieu, ils adoroient des créatures, foit les hommes les plus puiffans, foit les aftres: ou d'autres chofes vilibles. Ainfi commença l'idolâtrie. En tout cela ils faifoient contre leur conscience & contre la lumiere de la raison, qui dit à tous les hommes, qu'ils ne doivent rien adorer qui leur foit égal ou moindre qu'eux, mais feulement leur créateur; qu'ils doivent honorer leurs peres & leurs meres; qu'ils doivent garder l'inftitution du mariage; ne le point nuire les uns aux autres, ni en leur personne, ni en leurs biens, ni en leur réputation; dire toujours la vérité, & modérer leurs defirs. La raison dicte tout cela aux hommes qui la veulent écouter, & c'est ce qui s'appelle la loi de nature. Il y eut toujours des Saints qui l'observerent, conme Job, Melchifedech, & quelques autres marqués dans l'écriture, fans ceux que nous ne connoiffons pas. Job étoit un prince fort riche & fort vertueux. Dieu permit que le démon lui ôtât tous les biens, fes enfans, fa fanté, & le réduifit à la derniere mifere, pour donner un grand exemple de patience,

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