Page images
PDF
EPUB

Gen. XII.

LEÇON V.

Du patriarche Abraham.
COMME le monde fe corrompit toujours de

plus en plus, la vraie religion, c'est-à-dire, la connoiffance de Dieu & l'obfervation de la loi Jof. xxiv. de nature ne reftoit plus qu'en quelque peu de faints perfonnages, principalement de la postérité de Sem, & de la branche d'Heber, Mais l'idolâtric gagnoit même cette famille, quand Dieu y choifit un homme, avec qui il fit une alliance particuliere, afin de s'en fervir pour conferver fur la terre la connoiffance de la vé rité & la pratique de la vertu. Ce fut Abraham. Dieu lui commanda de quitter fes parens & le lieu de fa naiffance; de paffer l'Euphrate & de venir dans la terre de Chanaan, & lui promit de faire fortir de lui un grand peuple, dont la multitude feroit auffi innombrable que les étoiles du ciel & les grains de fable de la mer. En ta race, ajouta-t-il, feront bénites toutes les nations de la terre ce qui fignifioit qué de sa postérité Gen, xv.16. devoit naître le Sauveur du genre humain, ce fils de la femme, qui écraferoit la tête du ferpent. Abraham crut aux promeffes de Dieu, & obéit à fes ordres. Auffi Dieu lui tint compte de fa foi, le protégea en toutes occafions, le combla de biens, & fit avec lui une alliance folemnelle, & lui réitera plufieurs fois les mêmes promeffes : que de lui viendroit un grand peuple, qui pofféderoit la terre de Chanaan, & que par lui lą bénédiction & la grace fe répandroient fur toute la terre. Dieu lui ordonna la circoncifion, pour marque de fon alliance, parceque cette alliance étoit attachée au fang & à la génération. Enfin,

PL. CIV. 14.

Gen. XVII.

10.

& que

fa

Gen. XXII,

après que la foi d'Abraham eut été long-tems exercée, lorsqu'il avoit déja cent ans, femme Sara étoit aussi hors de l'âge d'avoir des Gen. xxi; enfans, & naturellement ftérile, Dieu lui donna un fils qu'il nomma Ifaac, & fur qui Dieu lui déclara que tomberoit l'effet de fes promesses,& non pas fur Ifmaël, qu'Abraham avoit déja eu d'une autre femme. Quand Isaac fut devenu grand, pour éprouver davantage la foi d'Abraham, Dieu lui commanda de facrifier ce cher fils. Il obéit fans réplique, & il avoit déja le bras étendu pour l'égorger, quand un ànge l'arrêta de la part de Dieu, lui déclarant qu'il étoit content de fon obéiffance, & lui renouvellant toutes fes pro- Gen. xiv. 18. meffes. Du temps d'Abraham vivoit Melchife- Heb. vij. dech, roi de Salem, dont on ne fait ni le pere ni la famille, mais feulement qu'il étoit facrificateur du Dieu très-haut > & qu'Abraham revenant un jour victorieux d'une guerre où il avoit défait quatre rois, cet homme extraordinaire vint au-devant de lui, lui donna fa bénédiction, & offrit pour lui du pain & du vin. C'étoit une figure du Sauveur du monde, qui devoit être plus grand qu'Abraham, quoiqu'il dût naître de lui.

ISAAC

LEÇON VI.

Des autres Patriarches.

Gen. XXI. 2.

SAAC imita la foi & la vertu de fon pere, & Dieu lui renouvella les mêmes promeffès. Il vécut paifiblement, dans une noble fimplicité. Il eut deux fils jumeaux, Efaü & Jacob, dont Dieu choifit le dernier, & le prit en affection, laiffant Efau dans la malédiction générale des enfans d'Adam: aussi fut-il méchant & impie ; Rom, ix. 11à Jacob au contraire fut fidele à Dieu, & vertueux,

Gen. XXVIII.

21.

Gen. xxxII. 28.

Gen. XXXVII,

Ibid. 29.

Gen. XLIII.

Gen. XLIX.

Gen. LIX.

Ibid. 10.

laborieux, doux & patient. Son pere Ifaac lui donna fa bénédiction, à laquelle les promeffes de Dieu étoient attachées. Il vouloit la donner à Efaü; mais Jacob usa d'artifice pour se l'attirer: & Ifaac, quoiqu'il eût été furpris, la confirma, après s'en être apperçu, voyant que c'étoit l'ordre de Dieu. Jacob ayant reçu cette bénédiction fi importante, fe maria, & eut douze fils, qui font les douze patriarches; favoir, Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Iffachar, Zabulon, Dan, Nephtali, Gad, Afer, Jofeph & Benjamin. On appelle auffi patriarches, tous les anciens peres & tous les faints qui vécurent fous la loi de nature, comme Adam, Abel, Seth, Henoch, Noé, Sem, Abraham. Dieu fit encore à Jacob les mêmes promeffes qu'il avoit faites à son pere & à son aïeul, & le nomma Ifraël. Joseph lui étoit plus cher que tous les autres enfans. Ils en furent envieux, & le vendirent à des marchands, qui le menerent en Egypte, où Dieu prit soin de lui, &, par une aventure merveilleuse, le fit devenir favori du roi, qui lui donna tout son royaume à gouverner. Ses freres furent contraints par la famine, de venir en Egypte chercher des vivres : & Jofeph, après les avoir mis en peine quelque temps, se fit connoître à eux, leur pardonna leur crime, & les fit venir en Egypte, avec leur pere & toute leur famille, qui étoit de foixante & dix perfonnes. Jacob, en mourant, donna fa bénédiction à tous fes enfans, & leur prédit ce qui devoit arriver de plus confidérable à leur poftérité. Il dit à Juda, qu'il commanderoit à tous fes freres, & que le commandement demeureroit dans fa race jufqu'à ce que vînt celui qui devoit être envoyé, & qui feroit l'attente des nations, c'est-à-dire le Sauveur du monde. Ainfi on commença à connoître qu'il defcendroit

[ocr errors]

defcendroit non-feulement de la race d'Abra- ! ham, par Ifaac & par Jacob, mais encore de la famille de Juda.

LEÇON VII.

De la fervitude d'Egypte.

>

DIEU n'accomplit les promeffes qu'il avoit A&. vii. 5a faites à Abraham, qu'après plus de quatre cents Heb. xi. 6, ans: car ni lui ni les autres patriarches ne pof- 13. federent point de terre dans le pays de Chanaan ; ils n'y vécurent que comme des paffagers, fous des tentes & des pavillons. Et quoique leurs enfans ne duffent pas demeurer en Egypte, ils y habiterent plus de deux cents ans. C'est ainsi que Dieu exerçoit leur foi, & qu'eux-mêmes faifoient voir qu'ils attendoient un meilleur héritage que cette terre fenfible. Pendant ce féjour; Exod. xxve d'Egypte, les enfans d'Ifraël multiplierent prodigieusement, comme Dieu l'avoit promis à Abraham. Le roi d'Egypte craignit qu'ils ne fe rendiffent trop puiffans. Pour les affoiblir & les empêcher de rien entreprendre, il réfolut de les accabler de travaux; il leur faifoit faire de la brique & d'autres ouvrages de terre fort pénibles; il les faifoit travailler à de grands bâtimens, & il avoit mis fur eux des intendans qui ne leur donnoient point de relâche, & les maltraitoient cruellement : il voulut même faire périr tous les enfans mâles, & en fit jetter un grand nombre dans le fleuve du Nil. En cette mifere, ils curent recours à Dieu, qui écouta leurs cris & leurs plaintes, & réfolut de les fecourir en mémoire de l'alliance qu'il avoit faite avec Abraham, Ifaac & Jacob. Cette fervitude étoit une image Exod. 11, 294 de la fervitude du péché, où tout le genre hu

M

[ocr errors]

main gémissoit fous la puiffance du démon, &* qui ne devoit finir que quand Dieu enverroit Exod. 11. le Sauveur du monde. Cependant, pour délivrer les Ifraélites, il fe fervit de Moïfe, un grand A&. VII. perfonnage de la tribu de Lévi, qui avoit été nourri en Egypte, par les foins de la fille du roi, & instruit dans toutes fortes de sciences, puis s'étoit retiré dans l'Arabie déserte. Là, Dieu lui apparut fur le mont Oreb, dans un buisson qui brûloit fans fe confumer. Et pour se faire connoître plus qu'il ne l'avoit encore été, il lui dit : Exod. 111. Je fuis celui qui eft. Parcequ'en effet il n'y a que

20.

Exod. v.

Exod. vII.

Dieu qui foit, à proprement parler; toutes les créatures n'ont qu'un être emprunté, & ne le tiennent que de lui. Moïfe fit ce qu'il put pour ne fe point charger de cette importante commission de délivrer le peuple. Mais enfin Dieu le voulut, & le renvoya en Egypte, avec le pou voir de faire de grands miracles.

LEÇON VIII.
De la Pâque.

Mois, accompagné de fon frere Aaron, vint

trouver Pharaon, (c'étoit le nom des rois d'Egypte, ) & lui commanda de la part de Dieu, de laiffer aller fon peuple. Pharaon le refufa avec mépris, & Moïfe fit plufieurs miracles terribles pour l'y contraindre. Premierement, il frappa de fa verge l'eau du fleuve, & elle devint du fang. Il fit venir une multitude innombrable de grenouilles par tout le pays, & jufques dans le palais du roi, qui promit alors de laiffer aller Les Ifraélites mais fi tôt que Moïfe eut ôté les Ibid. v. grenouilles, il fe dédit. Moïfe fit donc venir à diverfes fois des mouches, des coulins, des

[ocr errors]

Exod. vii.

:

« PreviousContinue »