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traité qu'il avoit fait avec les Ifraélites, & accomplit ponctuellement toutes fes promeffes. Jof. xxv Mais ils firent tout le contraire, & ne tinrent rien de ce qu'ils lui avoient promis. Outre qu'ils s'étoient révoltés plus de dix fois pendant le Num. xv. 22. voyage, étant entrés dans la terre, ils épar pf. év. 36. gnerent plufieurs des anciens habitans, & firent avec eux des alliances & des mariages, quoique Dieu leur eût expreffément commandé de les paffer tous au fil de l'épée, & de renverser toutes leurs idoles. Ils adorerent ces idoles, & commirent les mêmes abominations que les Chana

néens. Ils commencerent alors à voir l'exécution Jud. 11. 28. des menaces de Dieu. Toutes les fois qu'ils le quitterent, il les livra à leurs ennemis, qui les tinrent en fervitude; & toutes les fois qu'ils revinrent à lui, il leur fufcita des libérateurs, qui furent la plupart de ceux qui les gouvernerent fous le nom de Juges. Ainfi tout ce que Moïfe avoit prédit s'accompliffoit de jour en jour.

LEÇON X V.

de l'Idolatrie.

TAND 15 que Dieu prenoit tant de foin des

Ifraélites, il laiffoit encore les autres nations Act. xiv. 15 dans l'ignorance & le péché, les abandon- XVII. 20. nant à leurs paffions déréglées. Les hommes ne regardoient plus que leurs corps, & ne s'appliquoient qu'aux chofes matérielles. Ils fentoient bien en leur confcience, qu'ils ne s'étoient pas faits eux-mêmes; la beauté des corps céleftes & l'ordre de toute la nature, leur difoit Pf. xvIII. affez, qu'il y avoit quelque fage ouvrier qui en étoit l'auteur, & qui les gouvernoit. Ils avoient reçu de leurs peres quelque tradition de la création du monde, du déluge & des autres châti

mens exemplaires que Dieu avoit exercés fur Plato, I. x. de les méchans: ils avoient oui parler d'un jugerepub. in fi- ment futur, des fupplices & des récompenfes de

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&.c.

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l'autre vie. Mais comme ils ne faifoient point d'attention à leur ame, ni à aucune chofe fpirituelle, ils donnoient du corps à la divinité, & s'imaginoient la trouver par-tout où ils voyoient quelque puiffance extraordinaire : ainfi ils rempliffoient tout le monde de dieux. Ils en mettoient dans le ciel, dans le foleil, dans les afSap. XIV. 17. tres; ils en mettoient fur la terre & dans les eaux. Chaque peuple les nommoit à sa mode, & Y mêloit les grands rois, les inventeurs des arts, & les autres hommes fameux de chaque pays; ils en racontoient mille fables extravagantes. Ils fe figuroient leurs Dieux comme des hommes immortels, leur donnoient des femnes, qu'ils nommoient déeffes, & des enfans qu'ils appelloient dieux ou demi-dieux, & leur attribuoient toutes les paffions des hommes & tous leurs vices. Ils ne fe contentoient pas de les imaginer, ils vouloient les avoir près d'eux; ils faifoient des ftatues de bois, de pierre, de bronze ou d'autres métaux, à qui ils donnoient les noms de leurs dieux, prétendant qu'ils y habitoient en effet. Ils adrefloient leurs prieres & leurs adorations à ces idoles. Ils leur dreffoient des temples & des autels, leur faifoient des facrifices & des fêtes magnifiques. Le démon les abufoit ainfi pour se faire adorer fous ces noms, & pour leur faire commettre toutes fortes de Sap.xiv. 22. crimes, fous prétexte de religion. Car leurs fêtes n'étoient que jeux & diffolutions. On honoroit Bacchus en buvant avec excès: il y avoit des lieux où les femmes s'abandonnoient publiquement en l'honneur de Venus ; d'autres, où les peres facrifioient & bruloient leurs propres en

23

Baruch. IV.

ou

l'astrolo

Rom. 1. 31

fans pour appaifer les dieux infernaux : il y avoit mille impofteurs, qui fe vantoient d'être les prophetes de ces dieux, & de prédire l'avenir on Herod. 1. deviner les chofes cachées, les uns par gie, les autres par l'obfervation du vol ou du chant des oifeaux, ou par les entrailles des victimes. On croyoit des jours heureux, d'autres malheureux : on obfervoit les fonges: tout étoit plein de fuperftitions ridicules. Cependant la corruption des mœurs étoit univerfelle; tous les vices régnoient fur la terre; & quoique la lumiere de la raifon & la loi de nature reftaffent dans le caur des hommes, elles étoint fi peu fuivies,qu'el les ne fervoient qu'à les rendre coupables d'agir contre leur confcience. Il étoit refervé au Sauveur de tirer le genre humain de cette miferę.

LEÇON XVI.

De David & du Meffie.

APRÈS que les Ifraélites eurent été long

11. 15.

1. Reg. x.

2. Reg. xv.

temps gouvernés par les Juges, ils voulurent avoir des rois. Le premier fut Saül, de la tribu de Benjamin, qui fut bientôt réprouvé pour fes péchés. Le fecond fut David, de la tribu de Juda, que Dieu trouva felon fon cœur, & le fit facrer avec de l'huile fainte par le prophéte Samuël. Il fut long-temps perfécuté par Saül, & étant devenu roi, il foutint de grandes guerres contre les infideles; mais enfin Dieu le délivra de tous fes travaux, le mit au- deffus de tous fes ennemis & le combla de richeles & de gloire. Auffi fut-il fort fidele à le fervir. Toute Act. x111. fon application étoit de méditer la loi de Dieu, pf. c. la mettre en pratique & la faire observer à fes fujets; c'eft à quoi il employoit fa puiffance.

2.

Comme il avoit l'efprit très-beau & entendoit parfaitement la poéfie & la mufique, il compofa un grand nombre de cantiques pour louer Dieu & enfeigner la vertu, & ce font les pfaumes que nous chantons encore tous les jours. Jérufalem, qui avoit été autrefois la demeure de Melchifedech, fut auffi celle de David. Il y fit 1. Reg, vi bâtir un palais fur la montagne de Sion, où il fit apporter l'arche d'alliance. Il vouloit bâtir un temple magnifique pour la placer, & faire les facrifices. Car depuis que le peuple étoit entré dans la terre promife, il n'y avoit point encore eu de lieu fixe pour le fervice divin; mais Dieu déclara à David, que cet honneur de bâtir un temple étoit réfervé à fon fils, & lui promit en même temps, que fa poftérité régneroit éternellement fur le peuple fidele. C'est donc un renouvellement d'alliance que Dieu fit avec ce faint roi. Car il promit auffi de donner un repos éternel à fon peuple, & de prendre Jérufalem pour fa demeure, c'est-à-dire, pour le lieu où il vouloit que fon nom fût honoré, & fa présence au milieu de fon peuple particulierement reconnue. Ainfi cette fainte cité devint l'image de l'Eglife, qui eft l'affemblée des fideles, & du ciel qui eft le féjour des bienheureux. Dieu découvrit en même temps à David de plus hauts mysteres. Il lui révéla que le Sauveur des hommes feroit de fa race; qu'il feroit roi, qu'il régneroit, non feulement fur la maison d'Ifraël, mais encore fur toutes les nations de

Pf. CXXXI.

Pf. LXXI.

PL. CIX.

la terre, & que fon regne n'auroit point de fin. Qu'il feroit pontife, non felon l'ordre d'Aaron, mais felon l'ordre de Melchifedech, plus ancien que la loi écrite qu'il feroit fils de Dieu, Pf. X1. 7. & Dieu lui-même. Tout cela fut révélé à DaPf. XXXI, vid. Mais il lui fut auffi révélé que le Sauveur

LXIV. 8.

avant que d'arriver à fa gloire, fouffriroit de grandes afflictions, dont celles de David n'étoient qu'une légere peinture. Depuis ce temps les Ifraélites nommerent le Sauveur qu'ils attendoient Meffie ou Chrift, c'est-à-dire, oint, oufacré avec de l'huile fainte, dont on avoit accoutumé de facrer les rois & les facrificateurs. Ils l'appelloient auffi fils de David.

LEÇON XVII.

De Salomon & de la Sageffe,

1. Paral:

1. Reg. vid

ENTRB les enfans de David, Salomon fut choifi de Dieu, pour régner après lui, & pour être l'image du Meffie dans fa gloire, car il xxv. 5. régna toujours en paix. Ce fut lui qui bâtit le temple, dont fon pere lui avoit laiffé le deffein & tous les préparatifs. C'étoit un fuperbe bâtiment, tout revêtu d'or en dedans, & divifé en deux parties, dont la plus fecrete étoit le fanctuaire où repofoit l'arche d'alliance, fous &c, les cherubins. Le fouverain pontife étoit le seul à qui l'entrée en fût permife, encore n'y entroit-il qu'une feule fois l'année, y portant le fang des victimes. Auffi ce fanctuaire étoit la figure du ciel, qui étoit fermé pour lès hommes, jufqu'à ce que le Chrift y entrât couvert Heb. 1x. 11: de fon fang. Devant le temple étoit l'autel pour les holocauftes & les autres facrifices, dans une grande cour environnée de galeries, avec plufieurs falles & divers appartemens, pour toutes les fonctions des facrificateurs & des lévites. Il n'y avoit que ce feul temple dans toute la terre d'Ifraël; & iln'étoit permis de facrifier que fur ce feul autel, pour rendre plus fenfible l'unité de Dieu & de fon Eglife. Salomon vécut dans

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