Page images
PDF
EPUB

3. Reg. 111.

IV. IX. X.

l'état le plus heureux que l'on puiffe imaginet fur la terre. Il commandoit à plufieurs nations étrangeres, outre le peuple de Dieu : il avoit des richelles immenfes, une prodigieufe quantité d'or & d'argent, & jouiffoit de tous les plaifirs de la vie. Mais ce qui étoit bien plus excellent que tous les tréfors & que tous les plaifirs fenfibles, c'est la fageffe, que Dieu lui avoit donnée, & qui le mettoit au-deffus de tous les hommes. Nous la voyons encore dans les écrits, Prov. v. où il enfeigne la fageffe véritable, qui est de

22. &c.

3. Reg. xi.

bien regler nos mœurs. On y voit la defcription de la fageffe de Dieu, fource de celle des créatures. Eile dit qu'elle étoit en Dieu au commencement, avant qu'il formât ni la terre, ni la mer, ni les cieux, ni les abîmes; qu'elle assistoit à la production de tous les ouvrages, & faifoit tout avec lui en fe jouant. Elle ajoute que fes délices font d'être avec les hommes, & les in vite tous à s'approcher d'elle, à s'enrichir de fes tréfors & fe raffafier à fon feftin: c'est-à-dire, fe remplir de fa doctrine, où fe trouve la vie & le falut. C'eft ainfi que la fagefie parle dans les proverbes ou fentences morales de Salomon. Il a composé un cantique, où il reprefente l'affec tion de Dieu envers fon églife, fous l'image de l'amour le plus fort qui foit entre les hommes, qui eft celui d'un époux & d'une épouse. Mais il profita fi mal des dons de Dieu, qu'il s'égara dans fa vieilleffe pour s'être trop aban-. donné aux plaisirs, particulierement des femmes. Il en aima un nombre exceffif, même d'étrangeres, qui l'engagerent dans l'idolâtrie, tant fa foibleffe fut grande. Dieu le permit ainfi, pour nous montrer, par la chûte d'un homme fi fage, le danger qu'il y a dans le plaifir & dans la profpérité temporelle, & pour nous convain

ere de ce que Salomon a dit lui-même, que tout n'eft que mifere & vanité fous le soleil.

LEÇON XVIII.

Du fchifme des dix tribus ou de Samarie.

POUR punition des péchés de Salomon ; fon

Eccl. z.

royaume fut divifé après fa mort. Il n'y eut 3. Reg. XIII que la tribu de Juda & celle de Benjamin, qui Ibid. 26. obéirent à fon fils Roboam; les dix autres reconnurent pour leur roi Jeroboam, de la tribu d'Ephraim. Ce rébelle craignit que les Ifraélites ne retournaffent à l'obéiflance de leur roi légitime, s'ils continuoient d'aller faire leurs prieres & leurs facrifices à Jérufalem. Pour les en détourner, il changea de religion; & comme ils aimoient les idoles, il mit deux veaux d'or en deux endroits de fon Royaume : il éleva plufieurs autels, fit des facrificateurs, qui n'étoient point de la tribu de Levi, inftitua une fête de fon invention, gardant toutefois, au refte, la loi de Dieu. Tous les rois qui fuccéderent à Jéroboam, entretinrent cette fauffe religion; & ce schisme dura toujours depuis. On appelle schisme la divifion des églifes: quand une partie du peuple de Dieu fe fépare de l'églife univerfelle, qui feule eft la véritable. Or le fiége de la vraie église étoit à Jérusalem, parce que 2. Paral.x11. l'ony adoroit Dieu dans le temple que David 9. & Salomon avoient bâti par fon ordre, parce que l'on y obfervoit la loi qu'il avoit donnée à Moife, & que le fervice s'y faifoit par les lévites & les prêtres, enfans d'Aaron, qu'il avoit choifis. Cette église avoit fubfifté depuis le commencement du monde. Car Moife avoit recueilli la tradition de la créance d'Abraham, Abraham celle de Noé, Noé celle d'Enoc & des

autres faints, plus anciens que le déluge, jufques à Adam. L'églife qui fervoit Dieu fous la loi de Moïfe, eft fouvent nommée synagogue, d'un nom qui fignifie auffi affemblée. Le royaume des dix tribus fut nommé d'Ifraël, ou d'Ephaïm, ou de Samarie, à cause de la ville qui en fut depuis la capitale : & le royaume qui demeura à la race de David, fut nommé le royaume de Juda: mais il contenoit deux autres tribus, Benjamin & Levi. Car les facrificateurs & les lévites étant privés de leurs fonctions par Jéroboam, quitterent fon royaume, & fe réunirent tous à Juda ; & dans les autres tribus, plufieurs demeurerent fideles à Dieu, & continuerent à le venir adorer à Jerufalem. Le royaume de Juda ne fut pas toutefois exempt de vices & d'impiétés: plufieurs rois defcendus de David ne fuivirent point fes exemples: plufieurs furent idolâtres, vicieux, injuftes, cruels. Même entre les Juifs, qui pratiquoient extérieurement la loi de Dieu, la plupart ne lui obéiffoient que par crainte, & pour les biens temporels : il y en avoit peu qui le ferviffent par affection.

[blocks in formation]

CE fut depuis le fchifme des dix tribus, que

Dieu envoya le plus de prophetes, pour confoler les vrais fideles, & ramener de leur égarement les rebelles & les pécheurs. On appelloit prophetes, ceux que Dieu infpiroit, les rempliffant de fon faint Efprit, pour leur découvrir les chofes cachées, ou même l'avenir, & déclarer fes volontés par leur bouche. Tels avoient été Moife, Samuel, David, Salomon & plu

des

Ifraéli

tes. C. 22.

3. Rega

3. Reg.

fieurs autres. Mais on nommoit particulierement prophetes ceux qui fe féparoient des autres hommes, pour mener une vie plus parfaite, comme une espece de religieux. Ils étoient remarquables par leur pauvreté, leurs jeûnes v. Mœurs fréquens, leurs habits de facs & de peaux, leur vie pénitente & retirée. Leur application étoit la priere, la méditation de la loi de Dieu, & l'inftruction du peuple. Les plus illuftres furent Elie & Elifée, tous deux dans le royaume d'Ifraël, où le befoin étoit plus grand. Elie fit ceffer la pluie pendant trois ans & demi, pour xxII. punir l'idolâtrie du roi Achab ; & pour confondre les facrificateurs des idoles devant tout le XVIII, 29. peuple; il fit tomber le feu du ciel fur un facrifice qu'il avoit préparé à Dieu. Il reffuscita un enfant mort, & fit plufieurs autres miracles. Enfin il fut enlevé au ciel dans un chariot de feu, & eft encore vivant, auffi-bien qu'Enoc. Elifée fon disciple lui fuccéda ; il fit auffi de très-grands 21. miracles, qui lui attiroient le refpe& des rois, même infideles, & un mort reffufcita, pour 4. Reg. x111 avoir touché fes os. Toutefois la plupart de ces 21. faints prophetes furent maltraités & perfécu- Act, vII. 52. tés par les princes à qui ils reprochoient leurs Heb. vi. 37. crimes, & quelques-uns furent cruellement mis à mort. Il y avoit auffi des faux prophetes, c'est-à-dire, des impofteurs, qui fe difoient fauffement inspirés de Dieu, qui flattoient les rois & les peuples, en leur prédifant des chofes agréables, & démentant impudemment les vrais prophetes. L'événement faifoit voir par qui le faint-Efprit avoit parlé ; & pour le connoître, les prophéties étoient écrites & foigneufement gardées.

4. Reg. 11,

Ofée 1. Jerem. Ezech. xv.

II.

LEÇON X X.
Des Prophéties.

Il y a plusieurs de ces prophetes dont nous

L

avons les écrits: Ifaïe, Jérémie, Ezéchiel, & quelques autres, que l'on appelle les petits prophetes, parce que leurs livres font courts. Ces écrits contiennent les difcours qu'ils faifoient au peuple pour leur reprocher leurs crimes & pour les exhorter à en faire pénitence, à quitter les idoles, à se convertir à Dieu. Pour donner plus d'horreur à l'idolâtrie, ils la comparent fouvent à un adultere, & la fynagogue à une femme infidele à fon mari, qui l'auroit quitté pour des amans étrangers. Aux exhortations font mêlées plufieurs prédictions, & c'eft ce que proprement on appelle prophétie. Ils prédirent que le royaume de Samarie feroit ruiné, & qu'Ifrael, emmené captif, cefferoit Ofée.1.10.11 d'être le peuple de Dieu : Qu'il ne reviendroit plus, finon quelques-uns avec Juda, & fous un même chef: Que le royaume de Juda feJere.xxxiv. roit auffi détruit par les rois de Babylone, Jerufalem ruinée, le temple brûlé & le peuple em mené en captivité : Que Babylone feroit prise elle-même par les Medes & les Perfes fous la conduite de Cyrus, & qu'il délivreroit le peuple après une captivité de foixante-dix ans : Que le temple feroit rebâti & Jerufalem rétablie ; que le peuple de Dieu devoit jouir encore de fon héritage, & après une furieuse perfécution, étre délivré de tous fes ennemis, & acquérir beaucoup de gloire. Mais entre ces prophéties qui regardoient les chofes temporelles, il y en avoit d'autres qui alloient bien plus loin, & qui étoient bien plus importantes,

.8cc.

[ocr errors]

If. XIII. XL.
Jerem. L.

Jerem.xxv.2.

« PreviousContinue »