Page images
PDF
EPUB

rois des Juifs. Toutefois Herode trouva moyen d'ufurper le royaume de Judée, par la faveur de Jules Céfar, & enfuite d'Augufte, & régna fous la protection des Romains. Il étoit étranger d'origine, mais Juif de religion, au moins il en faifoit profeffion; car au fond, c'étoit un impie, qui n'avoit d'autre loi que fon ambition & fa politique, cruel & dénaturé, jufqu'à faire mourir fa femme & plufieurs de fes enfans.

[blocks in formation]

De l'état où étoit le monde à la venue du

:

Meffie.

LIDOLATRIE OLATRIE régnoit toujours par tout le monde mais la Grece étoit pleine de philofophes, qui commençoient à la décréditer entre les gens d'efprit. Ils voyoient bien l'absurdité des fables dont les poëtes entretenoient les peuples, & qui étoient tout le fondement de leur religion. Ils connoiffoient que le monde étoit gouverné par un Dieu, bien différent de ceux que le vulgaire adoroit; mais ils n'ofoient en parler ouvertement, ni rien entreprendre conles religions établies. Ils fe contentoient de les méprifer entr'eux, les regardant comme des inventions de politique, propres à amufer les ignorans. Au-dehors, ils ne laiffoient pas de fe conformer au peuple; & d'observer les mêmes cérémonies, & défefpérant de connoître la vérité, ils s'abandonnoient fans réferve à leurs paffions & aux plaifirs les plus infâmes. Le vrai Dieu n'étoit plus adoré que par les Juifs. Les Samaritains fe vantoient auffi de le fervir, & avoient quitté les idoles; mais ils étoient touEph. 1v. 19. jours féparés des Juifs, avec une haine mortel

[ocr errors]

le de part & d'autre. Ils ne reconnoiffoient que les livres de Moïfe, rejettant tous les autres prophetes, & prétendoient que Dieu devoit être adoré fur la montagne de Gari- Job. iv. 9. zim, où ils avoient bâti un temple. La religion s'affoibliffoit même chez les Juifs. Il y avoit Ibid. 10. deux feces, les Pharifiens & les Saducéens. Les Saducéens ne croyoient ni la réfurrection, g. ni l'immortalité de l'ame, ni qu'il y eût des anges ou des efprits, & faifoient Dieu même corporel. Une grande partie des facrificateurs & des principaux de la nation suivoient cette héréfie fi impie & fi groffiere. Les Pharifiens foutenoient la bonne doctrine, croyoient les chofes fpirituelles, la réfurrection, & la vie du fiecle futur. Ils faifoient profeffion d'observer la loi fort exactement; mais ils y mêloient quantité de fuperftitions indignes de la vraie religion, & fouvent anéantifoient les commandemens de Dieu, pour établir leurs traditions humaines. Matt. xv. 6. Ils avoient beaucoup d'autorité fur le peuple, faifant paroître un grand extérieur de piété, mais ce n'étoit qu'hipocrifie en la plupart; dans Luc. XVI. 14. le fond, ils étoient pleins d'avarice, de vanité & de toutes fortes de vices.

[blocks in formation]

Comment le Meffie étoit attendu des Juifs.

LES Juifs étoient fiers & fuperbes : comme

Jo. VIII. 7.

enfans d'Abraham, ils croyoient être faints Job. VIII. 3 par nature, & destinés à commander à toutes les autres nations, qu'ils méprisoient infiniment, les tenant pour maudites & immondes. Ainfi il leur étoit infupportable d'obéir aux Romains, & à Hérode, efclave des Romains; ils

étoient toujours prêts à fe revolter, & n'atten doient que la venue du Meffie pour fécouer ce joug. Car ils croyoient que le Messie feroit un roi comme les rois de la terre, plus grand guerrier & plus victorieux que David, plus riche & plus heureux que Salomon. Ils ne considéroient que les prophéties qui parloient de les triom phes & de fa gloire, prenant au pied de la lettre toutes les figures dont les prophetes s'étoient fervis pour représenter fa puiffance & la grandeur. Telles étoient les penfées des Juifs charnels. Il y avoit feulement quelque peu de Juifs fpirituels, qui ayant confervé fidelement la tradition des prophetes, favoient que les promeffes de Dieu avoient un fens plus élevé : Qu'il falloit attendre du Chrift de plus grands biens que les biens périflables de cette vie: Qu'il Dan. Ix. 34. viendroit principalement pour effacer les péchés & rétablir la fainteté : Qu'il apporteroit

Tob. x1 18.

XIII. 14.
XIV. 9.

33.

Ezec.xxxv.

36.

une nouvelle alliance, plus parfaite que l'ancienne, & qu'il la graveroit dans les cœurs : Jere. xxxI. Qu'il donneroit la grace, c'est-à-dire, le secours néceffaire pour pratiquer la loi, & qu'il accompliroit en vérité ce que la loi ne montroit qu'en figure: Qu'il rameneroit toutes les nations à la connoiffance du vrai Dieu, & que fon regne regarderoit le fiecle futur. Au refte, il étoit conftant parmi les Juifs fpirituels ou charnels, mêGen. XLIX. mechez les Samaritains, que le temps étoit venu où le Chrift devoit paroître. Toutes les autres prophéties étoient accomplies, la puissance, qui jusqu'à fon temps, devoit demeurer dans la maison de Juda, fuivant la prophétie de Jacob, avoit paffé à Hérode, étranger, qui de jour en jour affoiblifoit & anéantifloit les loix, Dan. IX, 20. & le terme des années marquées par le prophete Daniel alloit expirer.

20.

LEÇON XX I.

De la naiffance de Jefus-Chrift.

DU
u tems qu'Herode régnoit en Judée, &
que Céfar Augufte étoit empereur de Rome;
il y avoit entre les Juifs une fille d'une excellen-
te fainteté, nommée Marie, qui avoit été fian-
cée à un faint homme nommé Jofeph ; & tou-
tefois elle avoit refolu de garder la virginité.
Marie & Joseph étoient tous deux de la tribu de
Juda & de la race de David, mais ils étoient
pauvres, & Jofeph faifoit le métier de charpen-
tier. Ils demeuroient à Nazareth, petite ville de

Luc. 1. 28.

la Galilée, qui eft une province de la terre d'If- Matth. xi, rael. L'Ange S. Gabriel fut envoyé à Marie de la part de Dieu, pour lui annoncer qu'elle feroit la mere du Chrift. Vous aurez un fils, dit-il, que vous nommerez Jesus. Il fera grand, & fera nommé le fils du Très-haut; le Seigneur lui donnera le trône de fon pere David, & il regnera éternellement fur la maison de Jacob. Marie y confentit, après que l'ange l'eut affurée qu'elle demeureroit vierge & qu'elle feroit mere par l'opération du faint Efprit, & par un miracle de la toute-puiffance de Dieu. Auffi-tôt s'accomplit en elle ce myftere auquel Dieu l'avoit préparée toute la vie, en la rempliffant de grace. Elle conçut ce faint enfant : qui etant Dieu comme fon pere, devint homme comme nous, avec cette différence, qu'il eft faint par nature & incapable de péché. Il nâquit à Bethlehem, petite Mich. v. 23 ville de Judée, où David étoit né, & où le Chrift Luc. 3. devoit naître fuivant les prophéties. Joseph & Marie furent obligés de s'y rendre, pour fatisfaià une ordonnance de l'empereur Augufte, qui voulut que chacun fit écrire fon nom dans le lieu

de fon origine. Ils ne trouverent point de place dans l'hôtellerie, & furent contraints de fe loger dans un étable. Ce fut là que la fainte Vierge mit au monde fon fils, & elle demeura vierge après fa naiffance comme devant. Elle l'enve-.loppa de langes & le coucha dans une crêche; & il fut vifité la même nuit par des bergers à qui les anges avoient annoncé cette grande nouvelle, que le Sauveur venoit de naître à Bethlehem,

[blocks in formation]

De l'enfance de Jefus-Chrift.
LB fils de Dieu fut circoncis huit jours après

fa naiffance, fuivant la loi, & il fut nommé Jefus, comme l'ange l'avoit dit, parce qu'il Luc. 11. 31. venoit délivrer fon peuple de leurs péchés; car Matth. 1. 21. Jefus fignifie Sauveur. Au bout de quarante

jours, Marie alla fe préfenter au temple de Jerufalem, fuivant la loi de la purification des femmes après leurs couches, à laquelle toutefois elle n'étoit point obligée : & pour fatisfaire à une autre loi, qui ordonnoit d'offrir à Dieu tous les premiers nés, elle y présenta aussi son fils. Alors un faint vieillard, nommé Siméon, & Luc. 11. 25. Anne, fainte veuve & prophétesse, rendirent téMatth. 11. moignage qu'il étoit le Sauveur que l'on attendoit. Les premiers Gentils qui l'adorerent furent les Mages. C'est ainsi que l'on nommoit en Perfe ceux qui s'appliquoient aux fciences & à la religion. Ceux-ci vinrent d'orient conduits par une étoile miraculeufe, & demanderent où étoit le roi des Juifs nouvellement né. L'ayant trouvé, ils l'adorerent, & lui offrirent de l'or, de la myrrhe & de l'encens. Hérode fut allarmé de leur venue, & craignant que ce roi ne le dépoffedât

« PreviousContinue »