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Jo. xv. 24.

du temple & de la ville, qu'ils regardoient comme un lieu où la vraie religion étoit attachée, & qui ne devoit jamais être détruit. Cependant ils n'avoient rien à lui reprocher, & il leur dit Jo. VIII. 46. publiquement: Qui de vous me reprendra de péché Quoique fa vie fut expofée à la vue de tout le monde, ils ne laifferent pas de le calomnier de ce qu'il guériffoit des malades le jour du fabbat, & de ce qu'il difoit qu'il étoit fils de Dieu venu du ciel, quoiqu'il ne leur parlât qu'au nom de Dieu, & qu'il ne cherchât que la gloire de Dieu; quoique les miracles qu'il faifoit, & fufdont on n'avoit jamais vu de femblables, fent une preuve infaillible de la vérité de fes paroles & de l'accomplißement des prophéties qui leur promettoient le Chrift. Ses ennemis ayant refolu de le faire mourir, ne purent exé.. Jo. vii. 1. cuter leur deffein que quand fon heure fut venue, c'est-à-dire, dans le temps où il avoit refolu de fouffrir. Jufques-là il fe cacha plufieurs fois ; & un jour comme ils penfoient le prendre, il fe rendit invisible & passa au milieu d'eux. D'ailLuc. iv. 30. leurs ils fe prefferent de le perdre, voyant que fes miracles le faifoient fuivre de tout le mondė, & que venant à Jerufalem pour la pâque, on* 19. lui avoit fait une entrée magnifique. Car le peuple vint en foule au-devant de lui, portant des branches de palmiers en figne de joie, & criant: Hofanna, c'est-à-dire, fauvez-nous, fils de David; béni foit celui qui vient au nom du Seigneur. C'étoit le reconnoître publiquement pour le Melfie. Ses ennemis ne le purent souffrir : ils tinrent conseil ; ils réfolurent de le prendre par un des artifice, & gagnerent Judas Iscariot douze apôtres, qui promit de leur livrer fon maître pour trente ficles d'argent, c'est-à-dire, environ quinze écus de notre monnoie.

Jo. vi.

Mat. XXVI.

14.

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LEGON

LEÇON

XXXVII I.

De la cène de Notre Seigneur Jefus-Chrift.

Matt. xxv. 2.6.

1. Cor.11.13.

Le temps de la pâque étant venu, Jefus vint Jo. x. fouper avec fes difciples au lieu qu'ils avoient préparé par fon ordre, pour y manger l'agneau fuivant la coutume. Dans ce foupé, qu'on appelle auffi la céne, il fe leva de table, & leur lava les pieds à tous, pour leur montrer l'exemple de fe fervir les uns les autres, & pour achever de les purifier, puis il se remit à table; & comme ils mangeoient, il prit du pain, rendit graces à Dieu, bénit le pain, le rompit & le diftribua à fes difciples, difant: Prenez, mangez, ceci eft mon corps qui fera livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Tout de même après le foupé, il prit le calice, c'est-à-dire, la coupe où il buvoit, avec du vin, & ayant rendu graces, le bénit & le leur donna, disant : Bûvez tous dececi ? car c'eft mon fang, le fang de la nouvelle alliance, qui fera répandu pour vous & pour plufieurs en rémiffion des péchés ; faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. Ce fut ainfi que Jefus inftitua le faint Sacrement de fon corps & de fon fang, que nous appellons l'Eucharistie. Il avoit dit aux Juifs qu'il étoit le pain yivant defcendu du ciel; Jo. vI. 423 que qui mangeroit ce pain vivroit éternellement; x, &c. & que l'on ne pouvoit avoir la véritable vie fans manger fa chair & boire fon fang. Car ma chair, difoit-il, eft vraiment viande, & monfang eft vraiment breuvage; qui mange ma chair & boit mon fang, demeure en moi & moi en lui. Les Juifs avoient été choqués de ce difcours, le prenant groffierement, comme fi Jefus cût voulu mettre fon corps en pieces, & le leur donner avec fon fang fous leur forme naturelle, pour

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fervir de nourriture à leurs corps. Jefus avertit fes difciples que ces paroles avoient un fens plus relevé, & c'eft ce myftere qu'il accomplit le jour de la cène, leur donnant véritablement fon corps & fon fang, mais fous une forme étrangere, fous les apparences du pain & du vin, & pour être la nourriture de leurs ames. Après la cène, Jesus parla long-tems à fes apôtres qu'il ne devoit plus voir jufqu'à fa mort. Il leur prédit qu'ils l'abandonneroient tous, & à Pierre en particulier, qu'il le renieroit trois fois. Et pour les confoler dans la trifteffe où ils étoient de fa perte, il promit de leur envoyer dans peu le Saint-Efprit, qui leur feroit entendre tout ce qu'il leur avoit enfeigné : il leur recommanda fur tout de s'aimer les uns les autres. Il fortit ensuite avec eux hors de la ville, & alla au mont des olives, dans un jardin où il avoit accoutumé de prier.

JES

LEÇON XXXIX.
De la Paffion de Jefus-Chrift.

ESUS-CHRIST étant au jardin des olives fe préfenta ce qu'il alloit fouffrir, & laissant agir la nature, il fut faifi d'une peur & d'une trifteffe extrême, & tomba fur le vifage, fuant des gouttes de fang dont la terre fut trempée. Il pria fon pere Buc. x111. 44. par trois fois de détourner de lui ce calice, c'està-dire, fes fouffrances ; & à chaque fois il ajouta, néanmoins que votre volonté foit faite, & non pas la mienne. Cependant Juda amena dans le jardin une grande troupe de gens armés envoyés par les facrificateurs & les fénateurs. Ils prirent Jefus, le lierent & le menérent chez Caïphe, fouverain pontife. Mais Jefus fit voir par plufieurs miracles qu'ils ne l'euffent pas pris s'il me l'eût voulu. Tous les difciples l'abandonne

Matt. xxvi. 47.&c.

Matth. XXVII.

rent & s'enfuirent. Il ne répondit rien à plufieurs faux témoins que l'on produifit contre lui, ni aux queftions du pontife; finon lorfqu'il l'interrogea juridiquement s'il étoit le Chrift fils du Dieu vivant. Alors il déclara hautement qu'il l'étoit ; ce qu'ils reçurent comme un blafphême, dirent que Jefus étoit digne de mort, & l'abandonnerent à des valets infolens, qui le maltraiterent le reste de la nuit, lui donnant des foufflets, & lui faifant deviner qui l'avoit frappé. Le lendemain ils le menerent à Ponce Pilate, gouverneur de Judée pour l'empereur Tibere, lui difant que c'étoit un homme féditieux qui révoltoit tout le pays, qui fe difoit roi & défendoit de payer les tribus à l'empereur, quoiqu'il eût enfeigné tout le contraire. Jefus garda auffi le filence devant Pilate, qui ne trouvant point de preuves contre lui, chercha divers moyens Luc, xxxx1, 7; pour éviter de le juger. Ayant appris qu'il étoit Galiléen, il le renvoya à Herode Antipas, fils du vieux Herode, qui étoit tétrarque de Galilée, & qui avoit grande curiofité de le voir, efpérant qu'il feroit quelque miracle en fa préfence. Mais Jefus n'y dit pas une parole, & y fut traité d'infenfé. Pilate voulut encore, pour fauver Jefus, fe fervir de la coutume de délivrer un prifonnier à la fête de Pâques. Mais les Juifs aimerent mieux qu'il délivrât Barabbas, qui étoit un voleur & un meurtrier. Enfin voulant les contenter, fans faire mourir Jefus, il le fit fouetter, puis l'abandonna à ses soldats, qui lui Jo. **, mirent fur la tête une couronne d'épines, le couvrirent d'un vieux manteau de pourpre, & lui donnerent un rofeau à la main au lieu de fceptre en cet équipage ils venoient le faluer roi par dérision, lui donnoient des foufflets & lui crachoient au vifage.

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Jo. xix.

4.

Aid. .

LEGON XL.

De la croix & de la mort de Jefus-Chrift.

PILATE fit paroître Jefus devant les Juifs.

avec la couronne d'épines & le manteau de pourpe; mais bien loin d'en avoir pitié, ils demanderent par de grands cris qu'il fût crucifié; menaçant même Pilate de la difgrace de l'empereur, s'il laissoit vivre un homme qui fe difoit roi. Pilate confentit enfin qu'on le fît mourir, Mat. xxvII. & lava fes mains, proteftant qu'il étoit innocent de fa mort. Mais tout le peuple répondit : Que fon fang, c'eft-à-dire, la vengeance de fa mort, tombe fur nous & fur nos enfans. Jefus fut donc mené, chargé de fa croix, pour être exécuté à mort, avec deux voleurs, en un lieu Luc. XXIII. nommé Golgota ou Calvaire, qui étoit com

24.

32.

me une voirie hors la ville de Jerufalem. Le fupplice de la croix étoit le plus infâme qui fût alors en ufage. On n'y condamnoit que des efclaves & d'autres miférables, encore pour les plus grands crimes, comme le vol ou l'affaffinat. Jefus fut crucifié entre deux voleurs ; il eut les pieds & les mains percés ; les foldats partagerent fes habits, & tirerent au fort à qui auroit fa tunique. Il pria Dieu pour ceux qui Jo. xix. 23. le faifoient mourir. Les pontifes & les fénateurs venoient lui faire des reproches, & lui dire qu'il defcendit de la croix, & qu'il fe fauvât s'il étoit le Chrift, le roi d'Ifraël & le fils de Dieu, comme il difoit. On lui offrit du fiel & du vinaigre comme il avoit foif. Tout cela avoir été prédit par David & par Ifaïe ; & quand toutes les écritures furent accomplies, Jefus dit: Tout eft confommé, & rendit l'efprit, étant encore plein de force, après avoir été fix heures à la croix. Alors le soleil fut obscurci, la terre trem

Pl. XIX. 30.

Pf. LXVIII.

1. LIII.

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