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LBCON LII.

De la liberté de l'églife, & de la vie monaftique. APRÈS trois cens ans de fouffrances, Dieu donna la paix à son églife fous l'empereur Conftantin, qui embraffa la foi Chrétienne. Cette liberré rendit plus folemnelles les prieres publiques & les assemblées des fideles,, qu'il falloit fouvent faire la nuit & en cachette du temps des perfécutions. On fit auffi des édifices plus magni

ques; on augmenta le nombre des ornemens & des vaiffeaux facrés; on donna de grandes richeffes aux églifes, pour l'entretien du luminaire & des bâtimens, pour la nourriture des clercs & des pauvres : l'on fonda des hôpitaux de toutes fortes; mais en même-temps la vertu commença à fe relâcher dans le commun des Chrétiens. Comme il n'y avoit plus de péril à l'être, plufieurs en faifoient profeffion, fans être bien convertis ni bien touchés du mépris des plaisirs, des richeffes & de l'efpérance du ciel. Ainfi ceux qui voulurent pratiquer la vie chrétienne dans une plus grande pureté, trouverent plus sûr de fe féparer du monde, & de vivre en folitude. On les appella moines, c'est-à-dire, Voy. Mœurs feuls, ou folitaires. Les plus parfaits furent en chrét. 6.21. Egypte, où faint Antoine commença à les faire vivre en communauté, & à rendre plus fréquente cette maniere de vie, dont quelques particuliers avoient confervé la tradition depuis le commencement de l'égl fe: car il y avoir toujours eu quelques Chrétiens à qui le defir d'une plus grande perfection fa foit pratiquer une vie auftere & retirée, à l'exemple de S. Jean-Baptifte & des prophetes. Les moines vivoient dans de

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Aug. de mor. eccl. c. 67.

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grands déferts, où ils bâtiffoient, pour fe loger, de pauvres cellules, & ils paffoient le jour à travailler, faifant des nattes, des paniers & d'au tres ouvrages faciles & méditant l'écriture fainte. Ils jeûnoient tous les jours, ne prenant Caf. inftit. leur nourriture que vers le foir, & ne vivant, las plupart, que de pain & d'eau. Ils s'aflembloient pour prier, le foir & la nuit. Ils dormoient peu, gardoient un grand filence, & s'exerçoient continuellement à toutes fortes de vertus. Leur travail. fuffifoit non-feulement pour les nourrir, mais encore pour fournir à de grandes aumônes. Ils obéiffoient parfaitement à leurs fupérieurs, quoiqu'il y en eût quelquefois plufieurs milliers fous un même abbé car en peu de temps ils. multiplierent extrêmement. Il y eut des femmes qui embrafferent auffi cette maniere de vie: Dès le commencement du Chriftianifme, il y avoit toujours eu grand nombre de vierges & de veu-ves qui fe confacroient à Dieu : & quand l'église fut en liberté, il s'en forma de grandes commu-nautés de religieufes, & dans les villes & dans les folitudes. Il y a eu plufieurs Saints qui ont fait des regles de la vie monaftique pour les hommes & pour les femmes; mais celle qui a été las plus fuivie en occident, eft celle de faint Benoît, qui vivoit en Italie au commencement du fixie.-me fiecle.

:

CATÉCHISME

HISTORIQUE.

SECONDE

PARTIE.

Contenant les dogmes de la Religion.

LEÇON PREMIER E.
De la foi..

TOUTR la doctrine chrétienne fe rapporte

à quatre parties principales. Le fymbole des apôtres, l'oraifon dominicale, les commandemens de Dieu & les facremens. Le fymbole fe rapporte à la foi; l'oraison à l'efpérance, les commandemens à la charité, & les facremens, à toutes les trois : car toute la vie chrétienne confifte en ces trois vertus, que l'on appelle théologales ou divines, parcequ'elles fe rapportent directement à Dieu, & viennent immédiate ment de lui: nous ne pouvons les acquérir par notre travail, & elles ne font infufes, c'eft-àdire, répandues en nos ames, que par la pure: grace. Par la foi, nous croyons fermement tout/ ce que Dieu a révélé à son église, quoiqu'il nouse paroifle obfcur, & que nous ne le comprenions

pas.

Car nous fommes affurés que Dieu ne le peut tromper, puifqu'il eft infiniment fage; ni vouloir nous tromper, puifqu'il eft infiniment bon; & nous voyons qu'il a fait quantité de chofes, même dans la nature, que nous ne pouvons comprendre. Nous connoiffons ce qu'il a révélé par l'écriture fainte & par la tradition, & nous fommes affurés que c'eft fa parole, par l'au torité de l'églife catholique, c'est-à-dire, de cette affemblée des fideles, qui a fubsisté depuis l'origine du monde, à la face de toutes les nations, adorant le Créateur du ciel & de la terre, dans l'efpérance du rédempteur à venir, ou dans la foi du rédempteur déja venu, où nous connoissons la fuite non interrompue des patriarches, des prophetes, & des pontifes, tant de l'ancienne loi que de la nouvelle, depuis le premier homme jufques à nous. Nous appellons tradition, la parole de Dieu conservée fans écriture; comme tout ce qu'il avoit enseigné aux patriarches jufques à Moïfe, pendant deux mille cinq cens ans ; tout ce que les Ifraélites croyoient, quoiqu'il ne fût pas écrit dans la loi; & tout ce que les apôtres ont enseigné, outre ce qu'ils ont écrit. L'écriture fainte, font les écrits des prophetes & des apôtres, qui leur ont été dictés par le Saint-Efprit. En voici les noms. Les cinq livres de Moïle; fçavoir, la genese, l'exode, le lévitique, les nombres, le deutéronome; Jofué, les Juges, Ruth; les quatre livres des Rois, les deux livres des paralipomenes, le premier d'Efdras, & le fecond, qui eft Nehemias; Tobie, Judith, Efther, Job; le pseautier, contenant cent cinquante pfeaumes; les proverbes de Salomon, l'eccléfiafte, le cantique, la fageffe, T'eccléfiaftique; les quatre grands prophetes, favoir, Ifaïe, Jérémie avec les lamentations, &

Baruch, Ezechiel & Daniel : les douze petits prophetes; favoir, Ofée, Joel, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Abacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie; le premier & le fecond des Machabées : tous ces livres font de Pancien teftament. Le nouveau teftament comprend les quatre évangiles, de S. Matthieu, de S. Marc, de S. Luc & de S. Jean; les actes des apôtres, les quatorze épîtres de S. Paul, une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, aux Ephéfiens, aux Philippiens, aux Coloffiens, deux aux Theffaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, à Philemon, aux Hébreux; une épître de S. Jacques, deux de S. Pierre, trois de S. Jean, une de S. Jude; l'apocalypfe de S. Jean. Ce font-là les écritures que nous appellons faintes ou canoniques. Les particuliers ne pourroient les difcerner, fans l'au torité de l'églife: car il y a eu des hérétiques & d'autres impofteurs qui ont compofé des livres fous le nom des apôtres ou de leurs difciples, des prophetes ou des patriarches. Mais on a rejetté les écrits qui n'ont point été connus dès le commencement, & lus publiquement dans les églifes, & on les a nommés apocriphes, qu'ils foient faux ou suspects.

LEÇON II.

De l'efpérance & de la charité. L'ESPERANCE fait que nous nous confions en Dieu, que nous n'attendons que de lei les biens, foit temporels, foit fpirituels; que nous recourons à lui dans toutes nos peines, intérieures & extérieures; que nous attendons avec une affurance très-ferme les biens qu'il nous promet,

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