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c'est-à-dire, fa grace en cette vie, & la vie éternelle enfuite, pour récompenfe des bonnes œuvres que nous aurons faites par fá grace. L'efpérance eft fondée far la foi; car nous croyons que Dieu eft tout-puiffant, qu'il est in-finiment bon, qu'il eft véritable & fidele en fes promeffes: toute fa conduite fur les hommes depuis la création du monde, en eft une preuve manifefte. Nous croyons d'ailleurs que JesusChrift a des mérites infinis, & qu'ils nous font appliqués par le baptême & par les autres facremens, fi nous les recevons dignement; d'où il s'enfuit que nous avons lieu d'efpérer sa grace pour effacer nos péchés & pour faire de bonnes œuvres. L'effet de cette grace & le principe des bonnes œuvres, eft la charité, c'est-à-dire l'amour de Dieu fur toutes chofes, qui fait que nous prenons plaifir à accomplir fa loi & à nous conformer à la volonté : & quand ce plaifir l'emporte für le plaifir de faire notre volonté & de fuivre nos paffions, nous fommes heureux autant que l'on peut l'être en cette vie. La charité eft fondée far la foi & fur l'efpérance: car qui croit fincerement en Dieu, fi grand & fi bon, & qui efpere fermement l'effet de ses promeffes, eft bien difpofé à l'aimer de tout fon cœur. Nous devons exercer fouvent ces vertus, pour les fortifier & les augmenter; particulierement la charité, qui eft la plus excellente des trois car la foi & l'efpérance ne conviennent qu'à l'état de la vie préfente; dars le ciel, nous verrons clairement la vérité que nous croyons ici-bas, & nous jouirons du bien que nous ef pérons encore. Mais nous aimerons ce bien & cette vérité, qui eft Dieu même, beaucoup plus parfaitement que nous ne l'aimons en cette vie, Cor. XIII. Ainfi, la charité subfiftera éternellement.

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LB E fymbole eft tel : Je crois en Dieu &c. II contient douze articles. Le premier nous enfei gne qu'il y a un Dieu, c'est-à-dire, un fouverain feigneur de toutes chofes; & il eft évident qu'étant fouverain, il ne peut être qu'un. Ce grand Dieu est tout-puiffant, c'eft-à-dire, qu'il peut tout ce qu'il veut : & en effet, c'eft lui qui a tout fait, qui conferve tout & gouverne tout. On l'appelle pere, par rapport à fes créatures, qu'il a produites & qu'il entretient; mais, à propre-ment parler, ce nom de pere marque en Dieu : la diftinction des perfonnes, & nous apprend que Dieu a un fils. C'eft de ce fils que traite le fecond article du fymbole & les fuivans. Nous croyons donc que Dieu étant un efprit, fe connoît lui même; & qu'étant très-parfait, il se connoît très-parfaitement. De là vient le verbe, ou la parole intérieure, par laquelle il fe dit à lui-même tout ce qu'il eft, & fe représete tel qu'il eft. C'est pourquoi le verbe s'appelle auffi image & figure de la fubftance de Dieu. On le nomme encore fon fils, parcequ'il eft produit de fa fubftance; & ainfi tous ces noms, le fils, le Hebr, 1. 31, verbe, l'image du pere, la fageffe, ne fignifient en effet que le même, c'eft-à-dire, la feconde perfonne divine; & la premiere fe nomme pere, principe, ou fimplement Dieu ou Seigneur. Cela n'empêche pas que le fils ne foit Dieu Seigneur. comme le pere; car le fils eft confubftantiel au pere; l'un & l'autre font le même Dieu; & quand on nomme l'un le premier & l'autre le second, ce n'eft pas à dire que l'un foit plus ancien ou plus grand que l'autre. Dieu n'a jamais été fans fe Loan, uj

Aug. xi. de civit. c. 26.

connoître, & il fe connoît auffi grand qu'il eft;le verbe étoit en Dieu au commencement, & le verbe étoit Dieu. Ainfi l'ordre que nous obfervons en nommant les personnes divines, marque feulement que l'une procede de l'autre. Dieu ne peut le connoître aufli parfait qu'il eft, fans se complaire en lui-même, & s'aimer d'un amour parfait ; de là vient le Saint-Esprit, nommé aussi l'amour de Dieu : & comme le fils n'aime pas moins le pere que le pere aime le fils, le SaintEfprit eft l'amour commun de l'un & de l'autre, & procede de tous les deux. Il eft égal à tous deux, puifqu'il n'y a rien en eux qu'ils n'aiment, & il eft par conféquent & Dieu & Seigneur comme eux. Il ne s'enfuit pas pour cela qu'il y ait trois Dieux, mais trois perfonnes en un feul Dieu: car le Fils n'a rien qu'il ne tienne du Pere, & le SaintElprit n'a rien qu'il ne tienne du pere & du Fils, & ils en procedent fans en fortir. Ce mystere n'a rien qui fe contredife, puifque nous ne difons pas une perfonne, mais trois perfonnes; ni trois Dieux, mais un Dieu. Il est vrai que nous ne comprenons pas comment trois perfonnes diftinctes font un même Dieu. Il faut fe contenter de ce qu'il lui a plu de nous révéler, quoiqu'il ne nous l'ait pas expliqué évidemment. Si nous fommes fideles à pratiquer fes commandemens, il nous en donnera dans le ciel la vifion parfaite, qui fera notre félicité é ernelle, & qui fait, en attendant, le fujet de notre espérance. Nous ne laidons pas de voir en nous une image imparfaite de la Trinité; car nous fentons que nous fommes, que nous connoillons & que nous voulons; nous favons bien que connoî re n'eft pas vouloir, & que nous pouvons être fans connoître ou vouloir telle ou telle chofe, & nous fentons bien que tout cela eft nous-mêmes.

Mais il y a cette différence entr'autrês, “qu'en Dieu ce font des perfonnes diftinctes, & qu'en nous ce ne font que des actions de notre ame, qui, avec notre corps, ne fait qu'une feule perfonne.

LEÇON IV.

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De l'incarnation du Verbe..

LE fecond article du fymbole nous marque le
myftere de l'incarnation, en difant que le fils
de Dieu eft Jefus-Chrift notre Seigneur. Nous
croyons donc que le verbe qui étoit en Dieu au
commencement, par qui toutes chofes ont été
faites, qui eft la vie & la lumiere; que ce même Jo. 13
verbe s'est fait chair & a habité avec nous, c'est-
à-dire, qu'il s'eft fait véritablement homme, lui

qui

étoit Dieu de toute éternité. Il a montré fur la terre qu'il étoit l'un & l'autre. Comme Dieu, il faifoit des miracles; comme homme

il fouffroit les incommodités de la vie; comme S. Leo,epify homme, il avoit faim; comme Dieu, il mul- ad Flavian. tiplioit les pains. Comme homme, il pleuroit Lazare mort; comme Dieu, il le reffufcitoit. Comme homme, il a été tourmenté, crucifié, tué, enféveli; comme Dieu, il s'eft reffufcité & a monté au ciel. Or, il eft Dieu & homme fans aucune confufion des deux natures divine & humaine, qui font demeurées en leur entier. Il est Dieu égal à fon pere, & tout ensemble, Heb. v.1) il eft homme semblable à nous, hors le péché. Il a comme nous un corps & une ame, une chair véritablement fortie d'Adam, une ame créée à l'image de Dieu, avec sa volonté propre

& fon entiere liberté. Quoiqu'en Jefus Chrift les Cyrill. ep. að natures foient diftinctes', il n'y a toutefois au- Mon. & ad cune divifion de perfonne : l'homme Dieu eft Regin. T

Jo. IX. II.

ad Voluf. c. 11. & x. Civ.

que

un; il n'y a point deux Fils ni deux Chrifts; Jefus-Chrift eft une feule & même perfonne, qui eft le verbe incarné. Le fils de Dieu eft le même le fils de Marie; & il eft vrai de dire que Marie eft mere de Dieu, & que cet homme qui s'appelle Jefus a fait des miracles. Ainfi on dit, faint Pierre eft dans le ciel, & faint Pierre est enterré à Rome, attribuant à tout l'homme ce qui ne convient proprement qu'à l'ame ou au Aug. Epift. corps; car nous avons encore en nous une image de ce myftere. L'ame raisonnable & le corps font deux natures très-différentes; l'une plus excellente que l'autre, & dont chacune peut fubfifter féparément; & toutefois l'une & l'autre ensemble font un homme, qui est une seule perfonne. Le troifieme article du fymbole nous montre comment s'eft accompli ce myftere. Jefus-Chrift a été conçu du Saint-Elprit, c'eftà-dire, d'une maniere furnaturelle attribuée au Saint-Efprit, comme les autres miracles. Cette nature humaine que Dicu a unie à fon fils dès le moment qu'elle a commencé d'être, a été remplie du Saint-Efprit; enforte que la grace lui est effentielle, & que tout péché eft incompatible avec lui. Il est né de la vierge Marie. Il n'a point été produit à la maniere ordinaire, par la volonté de la chair ni par la volonté de l'homme; & toutefois il a eu une véritable chair, tirée de fa fainte mere, & par conféquent de David & d'Abraham. Il n'a donc point eu de pere comme homme; & fa mere a toujours été vierge, & avant qu'il naquit, & au moment de la naifance, & après.

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