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Chrift doit regner en nous dès-à-préfént par grace, pour détruire la concupifcence & faire que le péché ne regne pas dans notre corps mortel: car fon royaume ne confifte point en une puiffance fenfible & extérieure comme celle des rois de la terre, mais en un empire fur les cœurs & fur les volontés des fideles qu'il gouverne par fa grace. Cette feconde demande enferme donc la grace & la gloire que nous demandons non feulement pour nous, mais pour tous les hommes, afin d'étendre dès-à-préfent le royaume de Dieu, autant qu'il nous eft poffible.

faite

LEÇON X V.

Des deux demandes fuivantes:

pas

EN demandant à Dieu que fà volonté foit nous déclarons que nous ne voulons pas accomplir la nôtre, fi elle eft contraire à la fienne; nous défavouons & nous rejettons cette volonté, qui ne peut être que mauvaife, puifque le makn'eft autre chofe que ce qui eft contraire à la volonté de Dieu. Le principe de cette mauvaife volonté eft la concupifcence, quihous fait: faire, non le bien que nous voulons, par la droite raison,, mais le mal que la droite raison nous fait haïr. Par cette priere, nous demandons. la grace nécessaire pour vaincre la concupifcence, afin que toutes nos volontés foient conformes. à celle de Dieu. Nous ajoutons la comparaifon du ciel, pour protefter que nous voulons être. autant foumis à Dieu que le font les bienheu reux. Le pain quotidien que nous demandons enfuite, fignifie en effet la nourriture & les autres chofes nécefaires pour l'entretien de notre corps. Dieu veut que tous lui demandent leur pain, les riches comme les pauvres, afin que

t

tous reconnoiffent qu'ils le tiennent de lui; que
c'est lui qui a donné les biens aux riches, en les
faifant naître de parens riches, ou leur fournissant
des occafions d'acquérir; que c'eft lui qui entre-
tient les pauvres, leur donnant la force & l'in-
duftrie pour travailler, ou donnant aux riches de
la charité pour les affifter. Le mot de pain com-
prend toute la nourriture; mais il nous marque
que nous devons nous paffer de peu, & être con-
tens d'avoir de quoi nous nourrir & nous couvrir,
puifque nous n'avons rien apporté en ce monde,
& que nous fommes bien affurés de n'en rien em-
porter. Il nous eft dit de le demander pour au-
jourd'hui, afin de nous apprendre à nous confier
à la Providence, & à n'avoir point d'inquiétude
du lendemain, & afin de nous marquer que nous
devons faire cette priere tous les jours. Le pain
quotidien s'explique auffi le pain qui furpaffe
toute fubftance. En effet, fous le nom de ce pain,
nous demandons la nourriture fpirituelle pour
nos ames, c'est-à-dire, la grace, qui nous eft né-
ceffaire à chaque moment, la parole de Dieu &
le corps de Jefus-Chrift, qui eft le pain de vie..

PAR

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Des trois dernieres demandes.

AR la cinquieme demande, nous nous recon noiffons véritablement pécheurs. En effet, fri nous difons que nous n'avons point de péchés, nous nous trompons nons-mêmes, & la vérité n'eft point en nous. Il n'y a perfonne qui ne commette au moins des fautes légeres & journa lieres, dont cette priere eft le principal remede. Nous reconnoiffons que nous n'efpérons obtenir pardon, qu'antant que nous pardonnerons aux

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autres, parcequ'il ne feroit pas jufte que nou nous fiffions payer à la rigueur de ce que nous prétendons qui nous eft dû par nos freres, tandis que Dieu nous remet libéralement les dettes immenfes dont nous fommes chargés envers lui. Mat. XVIII. Et comme nous avons befoin qu'il nous pardonne, auffi devons-nous être toujours prêts à pardonner. Par la fixieme demande, nous prions Dieu de ne nous pas laiffer fuccomber aux tentations du diable, du monde & de la chair. Le monde, font les hommes corrompusau milieu defquels nous vivons, & qui s'effor cent continuellement de nous corrompre par leurs mauvaises maximes. C'est ce monde qui n'a point voulu connoître la lumiere, c'est-àdire, Jefus-Chrift: c'est ce monde pour lequel Jefus Chrift n'a point prić, & dont il a déclaré que fes difciples n'étoient point non plus que lui. On le nomme auffi le fiecle, & fes feateurs, mondains ou féculiers. La chair eft notre concupifcence; cette loi que nous fentons en nos membres, qui combat contre la loi de noJo.xvi. 9. tre raifon & contre l'efprit. Les œuvres de la chair font l'impudicité, l'idolâtrie, les haines, Rom. vII. 30. les homicides, les excès de bouche, & tous Gal.v.17,

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17.

les autres péchés qui excluent du royaume de Dieu. Par la feptieme demande, nous prions Dieu de nous délivrer du mauvais, c'èft-à-dire, du démon ou dù mal; c'est-à-dire, de tous les maux de l'efprit ou du corps, mais principalement de tout ce qui peut nuire à notre falut. C'eft principalement dans les occafions de tentation que nous devons dire l'oraison domini, cale avec une grande foi; & comme c'eft la plus excellente de toutes les prieres, l'église nous la met à la bouche à toute heure, nous la faifant répéter plufieurs fois à toutes les par

vies de fon office. En effet, nous ne pouvons pas faire de priere qui ne s'y rapporte ; & tou→ tes les autres ne fervent qu'à exprimer en diverfes façons ce qui eft renfermé en abrégé dans

celle-ci.

LEGON XVII..

De l'Ave, du Credo, du Confiteor, & de l'office de l'Eglife.

De toutes les prieres que nous faifons aux

Luc. 1.28.

Saints, la plus excellente eft la Salutation angélique, ou l'Ave Maria, pour demander l'affiftance de la fainte Vierge. Elle est composée des paroles de l'ange & de fainte Elifabeth, rapportées dans l'évangile, à quoi l'église a ajouté une courte priere, où elle la reconnoît mere de Dieu. C'eft auffi une maniere de prier, que de réciter le Credo, puifque c'eft adorer Dieu & l'honorer, que de témoigner que nous lur foumettons notre raifon, & que nous captivons notre entendement fous l'obéiffance de Jefus-1. Cor. x. Chrift. C'est encore une excellente priere que le Confiteor, par lequel nous nous reconnoiffons pécheurs devant Dieu, en présence de toute la cour célefte. Nous confeffons que nous avons péché par notre faute; nous le répétons trois fois, ajoutant à la derniere fois, ma très-grande faute, pour montrer que nous ne cherchons point d'excufe; que notre regret eft fondé sur ce que nous avons péché purement par notre faute, & confeffer que Dieu nous donne tout le fecours néceffaire pour ne point pécher. En mêmetemps nous frappons notre poitrine, comme pour nous punir nous-mêmes, & nous demandons pardon à Dieu, implorant l'interceffion

5o.

de tous les Saints & des fideles avec lesquels nous prions. Ces quatre prieres, Pater, Ave, Credo & Confiteor, doivent être fouvent à la bouche De fymb. des Chrétiens. Il les faut dire tous les jours, au Aug.hom.42. moins le matin & le foir, & les avoir encore plus dans le cœur que dans la bouche. Il eft bon de les dire en latin avec l'église, mais il faut auffi les favoir en françois, & en entendre bien le fens. Pour prier avec plus d'étendue, les meilFeures prieres font les plaumes & les autres cantiques tirés de l'écriture fainte: ce font les fentimens que le Saint-Efprit a infpirés à David & aux autres propheres, & les paroles qu'il leur a dictées. Afin de s'en entretenir le plus fouvent. qu'il eft poffible, l'églife en a compofé fon office, diftribué de trois heures en trois heures, pour toutes les parties du jour & de la nuit. Cer office commence à vêpres, c'est-à-dire, au soir » xx. fuivant l'ancienne loi, environ les fix heures & le coucher du foleil. Trois heures après viennent les complics, pour demander à Dieu fa protection. pendant le fommeil. A minuit, les nocturnes qui eft la plus longue partie de l'office, pour employer en prieres une partie de la nuit. Les matines ou laudes, au chant du coq, avant le point du jour. Primes, après le foleil levé, fur les fix heures du matin, pour demander à Dieu de bénir nos occupations pendant la journée.. Tierce à neuf heures, pour honorer la descente du Saint-Esprit fur les apôtres. Sexte à midi, en mémoire du temps où Jefus-Chrift fut à la croix. None à trois heures après midi, qui eft l'heure de fa mort. Vêpres, à l'heure qu'il fut mis dans. le fépulcre. Cet office eft inftitué pour tous lesChrétiens qui ont la commodité d'y assister, ou de le réciter en particulier, quoique les clercs ou les moines y foient particulierement obligés..

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