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Des autres prieres.

LEGZ18. 2 reçu depuis long temps l'ufage du chapelet, ou couronne de la fainte Vierge, autrement nommé rofaire, comme étant un chapeau de fleurs fpirituelles. Il fut d'abord inftitué pour ceux qui n'avoient pas appris les pfaumes, & ne favoient pas lire, afin qu'ils puffent réciter le Pater & l'Ave uncertain nombre de fois à chacune des heures de l'office. Lésfept pfaumes de la pénitence, font ceux dont l'ufage eft le le plus fréquent : ils ont été choisis pour exprimer les fentimens d'un pécheur vé-ritablement converti; & on les récite souvent pour les morts, parceque les prieres que l'on fait pour eux fervent à fuppléer à leur pénitence.. On y joint les litanics, pour implorer les fuffrages de tous les Saints; & toutes ces prieres foot autorisées par l'ufage public de l'église. Dèpuis environ deux cents ans, l'usage s'eft intro-duit de fonner trois fois le jour, pour avertir les fideles de prier le matin, à midi & au foir, & réciter l'Angelus Domini, en mémoire du myftere de l'Incarnation. Mais les plus faintes & les plus authentiques de toutes les prieres font celles qui accompagnent le faint facrifice de la meffe & l'adminiftration des facremens.. Tous les fideles, même les laïques, doivent être foigneux de les entendre, afin de joindre leur intention à celle des prêtres. Il est encore trèsà propos d'entendre la bénédiction de la table, l'itinéraire, la bénédiction de l'eau qui fe fair tous les dimanches, là bénédiction du pain, des cierges, des ornemens, des images, des clo ches, du lit nuptial, des femmes relevées, & toutes les autres bénédictions & prieres ecclé

fiaftiques qui fe font en diverses fêtes ou en di verfes occafions, compofées par de grands Saints des paroles de l'écriture, & confervées par une ancienne tradition, pour fanctifier toutes nos actions & l'ufage de toutes les créatures. La priere la plus abrégée eft le figne de la croix. Par les paroles, Au nom du Pere, & du Fils, & du Saint-Efprit, nous confeffons le myftere de la Trinité; & par le gefte, nous exprimons la croix, c'est-à-dire, le myftere de la Rédemp-tion, & celui de l'Incarnation, dont il dépend.

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LEÇON X I X.
De l'oraifon mentale.

UOIQU Dieu n'ait pas besoin de nos pa roles pour nous entendre, elles font utiles pour arrêter nos penfées & nous rendre plus atten tifs, & pour édifier les autres avec qui nous prions. Tout l'extérieur y fert auffi; c'eft pourquoi nous devons prier dans une pofture modefte & refpectueuse, c'est-à-dire, debout où à genoux, les mains jointes ou étendues, les yeux élevés au ciel, ou baiffés à terre, ou arrêtés fur quelque image qui nous excite à la piété, ou fur un livre de prieres, & même nous tourner au levant plutôt que d'un autre côté, fuivant l'ancienne tradition, en mémoire du paradis d'où nous avons été chaffés. L'oraifon vocale, ou priere de la voix, n'eft guere utile, fi elle n'eft accompagnée des pensées & de l'affection du cœur. Au contraire on peut fort bien prier fans parler, forfqu'on eft attentif à penser à Dieu', à s'humilier devant lui, le remercier, lui demander pardon, former de bonnes réfolutions, demander le fecours de fa grace, & pour fai & pour les autres, C'eft ce que l'on ap

pelie

1

pelle oraifon mentale, c'eft-à-dire, priere de T'efprit. C'est encore une espece de priere, que les bonnes œuvres & les fouffrances, puifque ce font des preuves de l'amour de Dieu, qui eft l'effentiel de la priere. Et c'est ainsi qu'il eft Luc. xv. 3. poffible de prier fans ceffe, comme il nous eft 1. Theil. v. 17, recommandé dans l'écriture, puifqu'il eft poffible, & même facile, quand on aime Dieu, de fe tenir continuellement en fa présence, non par une contention pénible d'efprit, mais par une fainte difpofition de volonté. Or, la priere est l'état le plus heureux de cette vie, puisque tant qu'il dure, nous fommes unis à Dieu autant que nous en sommes capables.

LEÇON XX.

De l'amour de Dieu & du prochain.

Του τι

OUTE la loi de Dieu fe rapporte à ces deux Matth. xx11 commandemens. Tu aimeras le Seigneur ton 37.

Dieu de tout ton cœur, de toute ton ame, de tout ton esprit : c'est-là le plus grand & le premier commandement. Le fecond lui eft femblable. Tu aimeras ton prochain comme toi

même. Il est bien juste d'aimer Dieu, puifqu'il 1. Jo. 1v. 301 nous a tant aimés le premier. Il aime tout ce qui Sap. x1. 25. eft, & ne hait aucun de fes ouvrages, puifque

rien ne fubfifte que par fon amour. Lui, à qui le ciel & la terre appartiennent, a bien daigné Deut. x. 4. s'abaiffer jufques à nous,& faire alliance avec nos peres, les délivrer & les protéger par de grands miracles, & les inftruire par sa parole; enfin, il nous a recherchés lorfque nous étions fes cn- Pf. CIV. cv. nemis, & quoique tous les hommes fuffent dans le péché, les Juifs auffi-bien que les Gentils, & qu'il n'y en eût pas un qui fit le bien, pas même pf. x111. 10. un feul. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a Jo. 111. 16! donné fon fils unique, afin que quiconque croit

Rom v1.65ä Ibid. 111.

en luine périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Eph. 1. 2. Il nous a comblés de bénédictions fpirituelles ; il nous a choifis avant la création du monde, &

nous a prédestinés pour être fes enfans d'adopEph. 11. 4. tion. Nous étions morts par nos péchés, lorsque par fon exceffive charité il nous a donné la vie, nous a reffuscités avec Jesus-Christ, & nous a fait affeoir avec lui dans le ciel. Nos peres étant Gentils, étoient éloignés de Dieu & étrangers de fes promeffes; Jefus-Christ les a rapprochés, reconciliés à Dieu par fa croix, & incorporés à fon églife. Il nous y inftruit continuellement par la parole, & nous donne tous les jours son propre Pet. 1. 4. 2. Corps pour notre nourriture, en attendant l'héritage incorruptible qui nous est réservé dans le ciel. Nous ferions bien ingrats, de ne pas aimer un Dieu fi bon ! Mais fi nous l'aimons, nous devons aimer auffi tous les ouvrages, & particulierement les hommes nos freres, fes images com1. Jo. IV. me nous. Celui qui n'aime point fon frere, qu'il Aug. dot voit, comment aimera-t-il Dieu, qu'il ne voit christ. I. c. x. point? Nous devons aimer notre prochain com

&c.

me nous-même. Or, nous ne devons nous aimer nous-mêmes que pour Dieu, nous conformant à l'amour qu'il a pour nous, & ne desirant d'autre bien que celui qu'il nous veut faire, parcequ'il n'y en a point d'autre qui foit notre vrai bien. C'eft ainfi que nous devons aimer notre prochain, ne lui fouhaiter & ne lui procurer que le vrai bien, c'est-à-dire, ce qui peut lui fervir pour connoître Dieu & pour l'aimer de tout fon Aug. ibid. cœur. L'ordre de la charité est donc, aimer Dieu fur toutes chofes; enfuite aimer en nous & en notre prochain, l'ame, qui eft faite à fon image; & enfin, le corps, destiné à fervir Dieu. La mar que de l'amour de Dieu, c'eft de favoir fes commandemens & de les obferver.

C. 27.

Jo. XIV. 21.

LEGON XX I.

Du décalogue.

Les dix commandemens que Dieu donna aux Exod.

Ifraélites fur le mont Sinaï, lorsqu'ils fortirent d'Egypte, contiennent en substance ce qui fuit. 1. Je fuis le Seigneur ton Dieu; tu n'auras point d'autres Dieux devant moi; tu ne te feras ni idole, ni aucune figure pour l'adorer. 2. Tu ne prendras point le nom du Seigneur ton Dieu en vain. 3. Souviens-toi de fanctifier le jour du repos. 4. Honore ton pere & ta mere, afin que tu vives long-temps. 5. Tu ne tueras point. 6. Tu ne commettras point d'adultere. 7. Tu ne déroberas point. 8. Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain. 9. Tu ne défireras point la femme de ton prochain. 10. Tu ne défireras -point les biens de ton prochain. Pour les retenic plus aifement, on les a mis en rime, comme il fuit: Un feul Dieu tu adoreras, &c. On les ap. pelle autrement, le décalogue, c'eft-à-dire, les dix paroles; car ce font les paroles que Dieu prononça devant tout le peuple, & qu'il donna à Moïfe, écrites fur deux tables de pierre. On croit que la premiere table contenoit les trois premiers commandemens, qui regardent Dieu; & la feconde, les fept autres, qui regardent le prochain. Il étoit jufte de commencer par nous inftruire de ce que nous devons à Dieu, qui eft premierement l'adoration, fur-tout le culte intérieur, en esprit & en vérité : secondement, le respect pour fon nom : en troifieme lieu, l'obfervation des jours qu'il s'eft réfervés pour l'exercice de la religion. Quant au prochain, le premier devoir eft à l'égard des peres & meres, puifque perfonne ne nous eft plus proche. Il faut

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