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qui commence dès la feptuagéfime à nous exciter à la pénitence, pour nous préparer au carême. Elle défend de faire des noces pendant l'avent & le carême, & les fêtes qui les fuivent, c'est-àdire, jufques au lendemain de l'Epiphanie & de l'Octave de Pâque, parceque fuivant son intention,l'ufage du mariage eft interdit pendant ces Joël. 11. 25. temps, & généralement pendant tous les jours 1.Cor. val. 5. folemnels, de priere ou de pénitence. Quelquesuns font un septieme commandement de l'église de cette défenfe des noces, & y ajoutent celui d'éviter les excommuniés; ce qui ne s'entend que de ceux qui font dénoncés nommément.

LEÇON X X X V I.

Des confeils & de la perfection chrétienne.

L'EGLISE
GLISE ne nous a obligés qu'à ce peu de
pratiques extérieures; non qu'elle ait voulu bor-

ner là tout l'exercice de la religion, mais pour

5. 6. &c.

laiffer plus de liberté à la piété des vrais Chré- v. Caff. cod. tiens. Car nous fommes fous la loi d'amour, où lat. xx. 10. nous devons fervir Dieu de bonne volonté & avec joie, & non pas avec crainte & comme par une néceffité fâcheufe. Auffi ce peu de loix ecclé- 2. Coï, 7. fiaftiques n'ont été faites que dans les derniers. temps, depuis que la charité de plufieurs eft refroidie. Elles ne font pas immuables comme les loix divines; l'églife qui les a faites, peut les changer ou en difpenfer quelques particuliers, felon les temps, & pour des raisons très-importantes. Voilà donc ce que tout Chrétien eft obligé d'observer, les commandemens de Dieu & ceux de l'églife, qui y font compris. Si vous Matth. xın voulez entrer dans la vie, dit Jefus-Chrift, gar- 17; dez les commandemens. Mais il ajoute : Si vous Ibid. 21. voulez être parfaits, allez, vendez tous vos biens Ibid. 12.

3.5.27.

des

& fuivez-moi, & vous aurez un tréfor dans le ciel. Il dit encore: Il y a des eunuques qui fe font rendus tels eux-mêmes pour le royaume cieux ; qui en eft capable le faffe: mais il n'y a que ceux à qui il eft donné, qui en font capa2. Cor. vII. bles. Et faint Paul dit: Si vous n'êtes point marié, ne cherchez point de femme ; ajoutant que c'est un confeil qu'il donne, & non pas un précepte du Seigneur. Il y a donc différence entre les préceptes & les confeils. Les préceptes ou commandemens font propofés à tous, comme leur obligation: les confeils font propofés feufement comme les moyens d'arriver à la perfecMatt. v. 48. tion. Or, Jesus-Christ nous exhorte tous à tendre à la perfection, à l'imitation de notre pere célefte, qui eft parfait. En effet, comme notre volonté eft foible, nous faifons toujours moins bien que nous ne voulons; & fi nous ne nous propofons que ce qui eft précisément d'obligation, nous demeurerons toujours en-deçà, c'est-à-dire, dans le péché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous, mais lui donner généreufement tout ce que nous pourrons, puifque nous ne lui devons pas moins. que de l'aimer de tout notre cœur & de toutes nos forces. Il faut avoir une haute eftime des confeils de J. C. puifqu'il eft la fageffe même, & qu'il fait bien mieux que nous ce qui nous eft bon. Eccl. 11. 19. Il ne faut pas chicaner avec Dieu, ni trop s'attaRom.x11.2. cher à diftinguer les préceptes des confeils Ech. v. 10. mais s'efforcer, autant qu'il eft poffible, de con

Phil. 1. 10.

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noître & de pratiquef ce qui lui eft agréable. Jefus-Chrift a renfermé l'idée de toute la perfecMatth. v. tion dans ces huit béatitudes. Heureux les pauvres d'efprit, parceque le royaume des cieux eft à eux. Heureux ceux qui font doux, parcequ'ils pofféderont la terre. Heureux ceux qui pleurent,

parcequ'ils feront confolés. Heureux ceux qui ont
faim & foif de juftice, parcequ'ils feront ralfa-
fiés. Heureux les miféricordieux, parcequ'on leur
fera miféricorde. Heureux ceux qui ont le cœur
pur, parcequ'ils verront Dieu. Heureux ceux qui
procurent la paix, parcequ'ils feront nommés
enfans de Dieu. Heureux ceux qui fouffrent per-
fécution pour la justice, parceque le royaume
des cieux eft à eux.

Nous

LEÇON XXXVII.
De la grace.

ous ne pouvons accomplir les commande-
mens de Dieu, ni fuivre fes confeils, que par fa

grace. De nous-mêmes, nous ne pouvons pas 2. Cor. 11. 5.
former une bonne pensée, ni dire le Seigneur

Jefus, que par le Saint-Efprit. Ce n'eft pas que 2. Cor. XII 3.
Dieu ne nous ait créés libres, & ne nous ait

pro

pofé dans fa loi la vie & la mort, afin que nous Eccl. xv. 14.
choififfions la vie; mais notre volonté eft telle- Deut. xxx 19.
ment affoiblie par le péché, que de nous-mê-
mes nous choififfons toujours le mal; & nous
n'avons point de liberté pour bien faire, fi nous
ne fommes délivrés par la vérité qui eft Jefus-
Christ. Nous connoiffons le bien par la lumiere Jo. vII. 32.
de la raison que Dieu a mise en nous , & par fa
loi, qu'il nous a donnée ; mais nous n'avons pas Rom. vii.
la force de l'accomplir, parceque notre concu- 15. &c,
pifcence nous entraîne continuellement vers le
mal, que nous condamnons. Cette concupifcen-
ce est l'amour de nous-mêmes fans rapport à
Dieu, & l'inclination au plaifir fenfible, qui
nous fait préférer le bien du corps à celui de l'a-
me. De-là viennent les paffions déréglées, l'a-
mour fenfuel, la haine, la colere, la peur, la
ttifteffe, la joie. Ces pallions nous font commer

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Rom. 111. 4.

V. Aug. de

fpir. & lett.

tre toutes fortes de péchés quand elles font plus fortes que la raifon; & elles font toujours plus fortes, quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompue, où nous naiffons tous, parcequ'en cet état il eft impoffible que nous prenions plaifir à autre chose qu'à ce qui flatte nos fens & qui eft conforme à notre amour-propre. C'est pour cela qu'il faut mourir au vieil homme, & renaître de nouveau en Jesus-Christ, étant justifiés gratuitement par fa grace, afin de faire par. amour de Dieu & avec plaifir, ce qui eft conforme à fa volonté & à la lumiere de la raison.

LEÇON

XXXVIII.

Des Sacremens.

LA grace nous étant abfolument néceffaire,

Dieu ne fe contente pas de nous la donner, il veut bien l'accompagner de fignes fenfibles proportionnés à notre foibleffe. On appelle ces fignes facremens, c'est-à-dire, choses facrées; ou myfteres, c'est-à-dire, chofes cachées. Et en effet, ce font des chofes matérielles & des actions extérieures qui nous fignifient l'opération intérieure du Saint Efprit, par laquelle il fanctifienos ames en même-temps que nous pratiquons ces faintes cérémonies. Ce n'eft pas que Dieu ne puisse nous communiquer fa grace fans l'accompagner de ces fignes, mais nous n'en fommes pas alors fi affurés; & ce n'eft pas auffi que ces fignes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçu la grace, puifque nous avons toujours fujet de douter fi

nous y avons apporté les difpofitions néceffaires. Eccl. 1x. 2. C'eft la miferc inévitable de cette vie, de ne faLib. 11. 12, voir jamais fi nous fommes dignes d'amour ou de haine, ni fi nous perfévererons jufques à la fin, & d'être obligés de travailler à notre falut avec crainte & tremblement. Toutefois, connoiffant

VII. can,

fa bonté de Dieu, nous avons grand fujet de bien efpérer quand nous nous approchons de fes facremens avec foi, confiance, fincérité, humilité & componction. On appelle donc facremens, des fignes facrés établis de Dieu, pour fignifier & opérer en nous la grace. L'ancienne loi, parmi tant de cérémonies, n'avoit aucuns de ces facremens qui donnent la grace; & c'est un avantage de la loi nouvelle. C'eft J. C. qui les a tous inftitués, Conc. Trid. afin que fon fang & ses mérites infinis, plus que feff. fuffifans pour le falut de tous les hommes, fuffent 1. appliqués en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appellés. Il en a marqué quelquesuns par fes paroles & par fes actions, rapportées dans l'évangile, favoir, le baptême, l'eucharif tie, la pénitence & l'ordre. Les apôtres ont déclaré les autres, en appliquant ce qu'ils ont appris de lui: car il n'étoit pas en leur pouvoir d'inftituer des facremens, il n'y avoit qu'un Dieu qui pût attacher à des chofes fenfibles l'opération du Saint-Efprit. Il en a inftitué pour tous les befoins de la vie fpirituelle; le baptême, pour y entrer & naître fpirituellement, pour croître & fe fortifier; la confirmation, pour fe nourrir; l'euchariftie, la pénitence, pour guérir les maladies de l'ame, & même la reffufciter après qu'elle eft morte par le péché: pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'extrême onction. Les deux autres facremers regardent l'utilité de toute l'églife; l'ordre lui donne des miniftres publics; le mariage fert à la perpétuer dans tous les fiecles. Il y a donc fept facremens. Le baptême, la confirmation, l'euchariftie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre & le mariage. La validité des facremens ne dépend point du miniftre, quelqu'indigne qu'il foit, pécheur ou héré tique ; il fuffit qu'il ait reçu le pouvoir dans l'é

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