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la confirmation, après le baptême ; & cette même priere montre quel en eft le fruit. L'eau dont on nous lave dans le baptême, marque principalement le premier effet de la grace, qui eft de nous purifier & d'effacer nos péchés. L'onction du faint chrême marque le fecond, qui eft l'infufion du Saint-Efprit, & la grace fanctifiante. Or, quoiqu'on ait déja reçu une onction au baptême, l'impofition des mains & l'onction fur le front qui fe fait à la confirmation, eft très - importante pour nous rendre 2. Pet. v. 1. chrétiens parfaits, & pour nous fortifier contre les ennemis de notre falut. Ces ennemis font Joan. xv11. trois principalement, le diable, toujours attententif à nous furprendre ; le monde, c'est-à-dire, Cal. 111. 17. l'exemple & la compagnie des hommes corrom

34.

pus ; la chair, c'est-à-dire, notre concupiscence Luc. 1x. 62. & nos mauvaises inclinations. On nous marque

fur le front avec la croix, pour montrer que nous ne devons point rougir de ce que la religion chrétienne femble avoir de bas & de méprifable; que nous devons faire gloire d'appartenir à Jesus-Christ, & d'imiter fes fouffrances; & pour nous y préparer, on nous frappe fur la joue. C'est donc un grand péché de négliger ce facrement, quoiqu'il ne foit pas fi abfolument néceffaire que le baptême. On ne reçoit qu'une fois la confirmation, non plus que le baptême, parceque l'un & l'autre impriment un caractere en l'ame qui ne s'efface jamais.

LEGON XLV.

Du faint facrifice de la Messe.

PRÈS le baptême & la confirmation, l'euchariftie eft néceffaire pour nourrir le chrétien,

& lui donner la force de perfévérer dans la gra-
ce. Auffi, Jefus-Chrift a dit : Si vous ne mangez Jøan.vi.
la chair du Fils de l'homme, & fi vous ne bû-
vez fon fang, vous n'aurez point la vie en vous.
Le pain & le vin, qui sont la nourriture la plus
commune de nos corps, font la matiere de ce
facrement, pour montrer qu'il est la nourri-
ture de nos ames; & comme il faut tous les
jours fe nourrir pour réparer les forces que l'on
perd à tous momens, l'ufage de ce facrement
doit être fréquent & ordinaire. On le confa-
cre au faint facrifice de la meffe, qui eft l'ac-
tion la plus fainte & la plus importante de la
religion; c'est pourquoi il eft néceffaire de la

bien entendre. Tous les facrifices des fruits & Conc. Trid.
d'animaux que les fideles offroient à Dieu sous feff. xx11.
la loi de nature & fous la loi écrite, n'étoient c. 10.
que des figures du grand facrifice que Jesus-
Chrift devoit accomplir fur la croix; & ce fa- Heb. xj
crifice a feul été capable de remplir les quatre
fins pour lesquelles on offroit tous les facrifices.
La premiere, de rendre à Dieu un honneur
convenable à sa fouveraine majesté. La se-
conde, de fatisfaire fa justice pour les péchés
des hommes. La troifieme, d'obtenir les graces
dont ils ont befoin. La quatrieme, de le re-
mercier de ses bienfaits. Il n'eft donc plus per-
mis d'offrir d'autres facrifices; mais il faut con-
tinuellement renouveller la mémoire de celui
de Jefus-Chrift, pour obéir à l'ordre qu'il nous
en a donné, quand il a dit : Faites ceci en mé- Luc. xx1. 19.
moire de moi, & pour nous appliquer à chacun

en particulier la vertu de cet inestimable facri- Pont. Rom.
fice. Avant que de célébrer la meffe, il y a plu- de Eccl. dedic.
fieurs préparations néceffaires. Le lieu doit être de altar..con-
faint, c'est-à-dire, autant qu'il fe peut, une églife facerd.indun
confacrée folemnellement, ou du moins, un & vafor,

feer. de bened

2

oratoire béni par l'évêque. L'autel où doit res pofer le facré corps de Jefus-Christ, doit conte→ nir quelques reliques de faints, & être confacré Conc. Trid. par plufieurs prieres accompagnées d'onctions Zelf.xxu.c.5. & d'encenfemens dans la fuite d'une longue cérémonie. Les vaiffeaux facrés & les ornemens dont on fe fert à l'autel, ont auffi leurs bénédictions particulieres, afin que tout contribue à rendre plus fenfible la majefté de cet augufte facrement. Le temps de le célébrer est régulierement entre tierce & fexte, après avoir chanté la plus grande partie de l'office. Le prêtre qui doit célébrer, prie en fon particulier, récitant des pfaumes deftinés à cette préparation, & méditant la grandeur du myftere dont il va s'approcher. Il bénit de l'eau, dont il afperge le peuple, pour le faire fouvenir de fon baptême, & de la pureté avec laquelle il doit affifter au facrifice; pais étant accompagné d'un diacre, d'un foudiacre & de plufieurs acolytes, portant l'encens & le luminaire, & tous revêtus des ornemens convenables à leur ordre, il marche en proceffion vers l'autel, pendant que le chœur chante l'antienne & le plaume, que pour cette raison l'on nomme introite, c'est-à-dire, entrée. Le prêtre étant devant l'autel, demeure au bas, s'incline profondément, & confeffe en général fes péchés, fe recommandant aux prieres de fes miniftres & de tous les affiftans, qui font auffi leur confeffion. Cette confeffion eft pour demander à Dieu le pardon des fautes journalieres & de celles qui nous font cachées, afin de n'approcher des myfteres terribles qu'avec la confcience la plus pure qu'il eft poffible; & c'est par la même raifon que l'on répete plufeurs fois Kyrie, eleifon, c'est-à-dire, en grec: Seigneur, ayez pitié de nous.

Voy. Hift.

ecclef. liv.

xxxvI. n. 19.

&c.

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Suite de la Meffe. De l'inftruction du peuple, & de l'offrande..

LE prêtre monte à l'autel, le baife par refpect, Ordo Mislea

faisant mention des Saints dont les reliques y repofent; il l'encense, &, après avoir falué le peuple, il dit une oraison, où tous répondent, Amen, c'est-à-dire, en hébreu, ainfi foit-il, pour montrer qu'ils y joignent leur intention. Le foudiacre fait alors une lecture de l'ancien ou du nouveau teftament, que l'on appelle épître, par cequ'elle eft tirée d'ordinaire des épîtres de faint Paul ou des autres apôtres, & elle contient quelque inftruction convenable à l'office du jour. Cette lecture eft fuivie du chant d'Alleluia, qui fignifie, en hébreu, louez Dieu, & de quelque verfet des pfaumes. Cependant le diacre, à genoux, prie Dieu de le rendre digne d'annoncer fon faint évangile ; & après avoir reçu la bénédiction du prêtre, il marche vers le lieu destiné pour le lire, étant accompagné de tous les miniftres de l'autel, avec le luminaire & l'encens. Le diacre porte le livre élevé entre les mains. Tous fe levent fitôt que le livre de l'évangile paroît, & demeurent debout pendant qu'on le lit, pour marquer le refpe&t qu'ils portent à la parole de Dieu & à la fageffe incarnée, dont ce livre eft le figne fenfible, & pour montrer qu'ils font prêts d'accomplir ce qui y eft enfeigné. Ils le témoignent encore par le fymbale de Nicée, que l'on' récite auifi-tôt. Alors le prêtre monte en chaire Rituale Parify & parle au peuple en langue vulgaire, afin que ceux qui n'entendent pas l'ancienne langue de l'églife ne foient pas privés d'inftruction. Il leur fair des prieres pour tous les ordres de l'églife, pour.

Conc. Trid.

feff. xxII. tap. 8.

Cone Trid.

feff. XXII. сар. 5.

les vivans & pour les morts, & il leur récite le fommaire de la doctrine chrétienne, c'est-à-dire, le symbole des apôtres, l'oraifon dominicale, les commandemens de Dieu & les facremens : c'est ce qu'on appelle le prône. Puis il fait le fermon, leur expliquant l'évangile que l'on vient de lire, & leur en faisant l'application pour la correction de leurs mœurs. Voilà la premiere partie de la meffe, qui regarde principalement l'inftruction des fideles. La feconde eft l'offrande. Le prêtre revient à l'autel, & falue le peuple encore une fois; puis il offre le pain & le vin, qui font la matiere du facrifice, & cette offrande eft comme un premier facrifice que nous faifons à Dieu de ces créatures, qu'il nous a données pour notre nourriture, & qui vont être détruites en fon honneur. Le pain doit être fans levain, suivant la coutume de l'église romaine; le vin doit être mêlé d'un peu d'eau, pour repréfenter l'eau qui fortit avec le fang du côté de J. C. & pour fignifier l'union de la nature divine avec la nature humaine, & du peuple fidele avec J. C. Le prêtre encenfe l'oblation, pour lui rendre honneur, & prie les anges de porter devant Dieu l'odeur de ces parfums, c'est-à-dire, nos prieres, dont elle eft l'image. Alors il reçoit les offrandes du peuple. Mais auparavant, il fait baifer la patene; ce que l'on appelle, baifer la paix, parceque ce baifer fe donne en figne de paix & de réconciliation parfaite, qui est néceffaire avant que d'offrir fon présent à l'autel, fuivant le commandement exprès de JesusMatt. v. 23. Chrift. Autrefois on s'embrasfoit effectivement, & chacun offroit le pain & le vin qu'il devoit recevoir changé au corps de Jefus-Christ. De-là vient le pain & le vin que l'on offre encore aux meffes des morts, & le pain que le prêtre bénit pour être distribué en figne de communion, &

Cypr. epift. 63. ad Cæcil.

représente

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