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représente l'euchariftie, comme l'eau bénite repréfente le baptême. On offre enfuite des cierges, de l'argent ou d'autres chofes que les fideles donnent volontairement, felon leur dévotion, - pour la fubfiftance des clercs & des pauvres, & pour l'entretien des églifes. Le prêtre, après avoir reçu l'offrande, lave fes`mains, demande à Dieu la pureté néceffaire, pour lui offrir un facrifice agréable, & fe recommande aux prieres des affiftans. C'eft la feconde partie de la meffe.

LEÇON XLVII.
De la confécration.

LA priere fecrette qui termine l'offrande, se

conclut par la préface, qui commence l'action de la confécration & du facrifice. Elevez vos Surfum cof cœurs, dit le prêtre. Le peuple répond: Nous da, &c. les avons à Dieu. Le prêtre ajoute : Rendons graces à Dieu notre Seigneur. Le peuple répond: Il eft jufte & raisonnable. Ce que le prêtre répete, ajoutant dans les jours les plus folemnels, le fommaire du myftere, & concluant toujours par la médiation de Jefus-Chrift, & par l'union de nos prieres avec celles des faints anges, qui chantent inceffamment : Saint, Saint, Saint, Seigneur Dieu des armées, comme témoigne le prophete Ifaïe. Etant donc ainfi préparés, ayant élevé nos cœurs au-deffus de toutes les pensées de la terre, & nous uniffant en efprit aux troupes céleftes pour adorer avec elles la majesté du Tout-puiffant, nous attendons avec un profond respect fon Fils unique, qui va defcendre fur l'autel par la vertu du Saint-Efprit. Le prêtre dit tout bas les prieres que l'on appelle le canon, c'est-à-dire, la regle de la confécration de l'euchariftie, qui ne change jamais, quelque office

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que l'on faffe. Ce canon confifte en cinq oraiTe igitur, &c. fons. Dans la premiere, le prêtre prie pour toute l'églife, nommément pour le pape, l'évêque & le roi, pour ceux qu'il veut recommander, & pour tous les affiftans. Il fait mémoire de la fainte Vierge, des apôtres & de quelques martyrs, dont Hanc igitur. il demande que les prieres nous aident. Ensuite il étend les mains fur l'oblation, prononçant la Quam obla- feconde oraison. Puis il dit la troisieme, où il tionem. récite l'hiftoire de l'inftitution de l'eucharistie, & la confacre en prononçant les propres paroles Conc. Trid. de Jefus-Chrift. Par cette parole toute-puiffante, feff. xi.can, qui a fait le ciel & la terre, la fubftance du pain & du vin eft changée en la fubftance du corps & du fang de Jefus-Chrift, les efpeces ou appa rences demeurant les mêmes. Et quoiqu'il y foit vivant & glorieux, comme il eft en effet dans le ciel, toutefois la divition des efpeces du pain & du vin repréfente la féparation de fon corps & de fon fang fur la croix, & l'état de fa paffion : car il eft la victime immolée. Auffi-tôt que les paroles de la confécration font prononcées, le prêtre adore Jefus-Chrift préfent, & l'éleve à la vue du peuple, qui l'adore auffi; puis il coninue la troifieme oraifon du canon. Il offre à Dieu, en mémoire de la paffion & de la réfurrection de fon Fils, le pain de vie éternelle & le calice du falut, c'eft à-dire, le corps & le fang dece même Fils, priant Dieu qu'il daigne recevoir agréablement de nos mains ce facrifice, qui rappelle en mémoire, & continue, en quelque forte, celui de la croix, comme il a reçu autrefois celui d'Abel, celui d'Abraham, celui de Melchifedech, qui en étoient des figures, & que tous ceux qui y participeront foient remplis de & de bénédiction célefte. Par la quagrace trieme oraison, le prêtre recommande à Dieu

3 Memento.

les fideles trépaffés, tant ceux qu'il veut recommander en particulier, que tous en général. Par Nobis quoque la cinquieme, il fait mémoire de plufieurs peccatoribus, Saints, & demande, en frappant sa poitrine, fa

que nous autres pécheurs nous ayons quelque part à leur gloire, par la miféricorde de Dieu. Enfin, il éleve la fainte hoftie fur le calice, en rendant honneur à la fainte Trinité.

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AU temps des anciens facrifices, après que

l'hoftie avoit été offerte & égorgée, on en brûloir une partie; le reste étoit mangé par les facrificateurs & par ceux qui l'avoient offerte. Ainfi, la véritable hoftie ayant été offerte & im Levit. vI. 26, molée par la confécration, il ne refte plus que v11.6. 15 de la manger ; & c'est ce feftin fpirituel que nous 16. &c. appellons la communion, & qui eft la derniere partie de la meffe. Elle commence par l'oraison dominicale, où nous demandons à Dieu ce pain quotidien, ce pain qui paffe toute fubftance, ce pain qui eft defcendu du ciel. Enfuite le prê tre rompt l'hoftie en trois parties, pour imiter notre-Seigneur, qui rompit le pain lorsqu'il le confacra; auffi le facrifice s'appelloit au commencement, fraction du pain. Le prêtre met une de ces trois parties dans le calice, pour mieux faire voir que ce n'eft qu'un feul facrement du corps & du fang de Jefus-Chrift. On demande enfuite la paix, c'est-à-dire, la concorde & la charité parfaite, pour s'approcher de l'Agneau Agnus Dei. fans tache ; & en figne de cette paix, ou bien l'on s'embraffe les uns les autres, ou bien on baise un inftrument destiné à cet usage, comme on a fait avant l'offrande. Le prêtre fait encore quelques

prieres à Jefus-Chrift préfent au faint Sacrement, pour lui demander la grace de communier dignement & utilement ; & après avoir protesté tout haut fon indignité, en fe frappant la poitrine, il fe communie lui-même fous les deux efpeces. Il communie les affiftans fous la feule efpece du pain, fuivant la coutume pratiquée de tout temps dans l'églife, en certains cas, & reçue universellement dans les derniers fiecles, pour éviter les irrévérences & les divers Conc. Trid. accidens. Ceux qui communient doivent être feff. xii. c. 2. exactement à jeun, fans avoir pris même une goutte d'eau; leur extérieur doit être propre & modefte, & leur intérieur le plus pur qu'il eft 1.Cor.x1.27. poffible. Quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, dit S. Paul, fera coupable envers le corps & le fang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve avant que de manger ce pain & de boire ce calice; car quiconque le prend indignement, boit & mange fa condamnation, ne difcernant point le corps du Seigneur. Il faut être vivant pour fe nourrir; c'eft pourquoi ce facrement ne profite qu'à ceux Can. Apoft. qui font en état de grace. Dans les prem ́ers temps, tous ceux qui affiftoient au facrifice y participoient auffi par l'offrande & par la comConc. Trid. munion, & l'église souhaiteroit que tous comfell. xx11.c.6. muniaffent encore réellement; c'eft pourquoi ils doivent communier au moins fpirituellement Poftcomm. par les faintes difpofitions du cœur. On termine la meffe par l'oraifon qui contient l'action de graces; puis le diacre congédie le peuple, & le prêtre donne la bénédiction.

30.

LEÇON XLIX.

Des meffes baffes, & du Viatique.
DE tout ceci, il est aisé de comprendre com-

ment on doit entendre la meffe: car le meilleur
exercice que l'on y puiffe faire, eft d'être atten-
tif aux instructions qui s'y donnent, & concou-
rir, autant qu'il se peut, aux actions & aux prie-
res du prêtre. Ma's il ne faut pas croire que ce soit
l'entendre, que d'y affifter feulement de corps,
ayant l'efprit ailleurs, occupé d'autre chofe que
de Dieu. J'ai représenté une messe folemnelle, Conc. Trid.
parceque toutes chofes s'y font plus réguliere- feff, xx11.c.64
ment. Mais l'église a auffi l'ufage des meffes
baffes, où le prêtre n'eft affifté que d'un clerc, ou
même d'un laique ; & le facrifice ne laiffe pas d'y
être parfait, quoiqu'il n'y ait ni offrande du peu-
ple, ni communion que du prêtre, ni quelque-
fois autre affiftant que celui qui fert la meffe.
Mais encore que l'effentiel s'y trouve, la majefté
du facrifice y paroît beaucoup moins. Il y a moins
d'utilité pour le peuple, quand il n'y a pas d'inf-
truction; & quand il n'y a point de communians,
toutes les intentions de l'église ne font point rem-
plies. L'ufage a introduit de communier fouvent
hors la meffe, avec des hosties que l'on garde
dans le tabernacle, & qui ne devroient être que
pour les malades. Quant aux malades, lorfqu'ils Conc. Trid.
font en péril de mort, on leur doit donner le feff. x11.c.6.
faint Sacrement comme viatique, c'est-à-dire,

comme provision de leur voyage, afin qu'ils ne Cypr. epift. fortent pas de cette vie fans la protection du corps 57. ad Corn. & du fang de J. C. Comme il faut adorer Jefus- Conc. Trid. Chrift par-tout où il eft, on rend les mêmes ref- ibid. c. s. pects au faint Sacrement, lorfque l'on le porte ainfi dans les rues, que lorfqu'il repose dans

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