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colere, l'envie, la pareffe, l'orgueil. D'autres ajoutent la vanité, & mettent le chagrin pour la pareffe.

LEÇON LV I.

Des indulgences, & du purgatoire.

DU

U temps que les pénitences canoniques étoient en vigueur, il arrivoit fouvent que les évêques, touchés de la ferveur du pénitent, lui en remettoient quelque partie, ou pour la longueur du temps, ou pour la rigueur des peines. Depuis, il fut affez ordinaire de les remettre, en confidération de quelques œuvres moins pénibles, comme des aumônes, des pélerinages, le fervice de la guerre contre les infideles. Tout cela s'appelle indulgence. Les évêques en donnent encore quelquefois, comme à la confécration des églifes; mais c'est le pape qui les donne le plus ordinairement, & les applique à ceux qui récitent certaines prieres, qui affistent aux offices, ou vifitent les églises à certains jours, qui font quelques jeûnes ou quelques autres bonnes cuLevit. xxv. vres. L'indulgence la plus folemnelle eft celle du

10.

jubilé, ainfinommé du jubilé de l'ancienne loi, qui remettoit tous les cinquante ans toutes les dettes. On en a abrégé le terme de moitié, & on l'a mis à vingt-cinq ans ; & de plus, il y a quelquefois des jubilés extraordinaires, à l'occafion, par exemple, d'une guerre des infideles, ou de quelqu'autre befoin de l'églife. Ces indulgences font un remede très-utile, depuis que l'on a fi Conc. Trid. fort adouci les pénitences: car la justice de Dieu feff. xxv.in étant toujours la même, nous avons fujet de craindre qu'il ne foit pas fatisfait des pénitences légeres que l'on nous impose, & du peu de foin que nous avons d'y en ajouter de volontaires. Ainfi,

nous

nous ne devons point perdre l'occafion de profiter des indulgences: mais il faut bien fe fouvenir qu'elles ne fuppléent qu'à la fatisfaction, & non pas à la contrition, & qu'elles ne profitent qu'à ceux qui font véritablement convertis; car Dieu ne fe paie pas de formalités. Nous pouvons encore être aidés par les bonnes œuvres des autres, qui prient ou jeûnent pour nous, fuivant l'appli cation qu'il plaît à Dieu de nous en faire. C'eft l'effet de la communion des Saints; & c'eft ce qui nous doit rendre fort foigneux de prier les uns pour les autres, & de nous recommander aux prieres des Saints qui font fur la terre, & encore plus des faintes ames qui font dans le ciel. Il ne refte que ce feul remede à ceux qui Conc. Trid. fortent de cette vie en état de grace, mais char- feff. vi. can; gés de quelques péchés véniels ou de quelque 30. partie des peines temporelles qu'ils devoient à Dieu. Ils ne peuvent être aidés que par les fuffrages des vivans. Ils fouffrent cependant la peine que nous appellons purgatoire, parcequ'elle eft néceffaire pour les purger entierement, & les rendre dignes d'entrer dans le ciel. C'est pour cela que l'église a prié de tout tems pour ceux qui font morts dans fa paix & fa communion, & qu'elle offre pour eux des aumônes, des facrifices & toutes fortes de bonnes œuvres.

Nous

LEÇON LVII.

De l'extrême - onion.

Seff XXV. in

princip.

Conc. Trid.

ous avons befoin, à la mort, d'un fecours particulier de Dieu; les attaques du diable font feff. xiv, alors plus violentes, & l'ame fe reffent de la foibleffe du corps. Ce fecours nous eft donné par un facrement que l'apôtre S. Jacques nous explique en ces termes : Quelqu'un eft-il malade? qu'il Jac. v.

Cc

appelle les prêtres de l'églife, & qu'ils prient fur lui, en l'oignant d'huile au nomdu Seigneur. La priere de la foi fauvera le malade, le Seigneur le relevera; & s'il a commis des péchés,ils lui feront remis. Ce facrement a donc trois effets : premierement, il remet les péchés, c'est-à-dire, les péchés véniels, & les reftes de toutes fortes de péchés pardonnés. Secondement, il fortifie le ma lade, le releve & lui donne du courage. En troifieme lieu, il lui rend même la fanté corporelle, Innoc. I. s'il eft expédient pour fon falut. Les miniftres de epift. ad ce facrement font les prêtres; & lefigne fenfible Deunt. c. 8. de la grace, eft l'application de l'huile avec la

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priere. L'huile eft très-propre à marquer l'effet

de ce facrement, puifque l'on s'en fert pour guérir les plaies & pour fortifier le corps. On ne le doit donner qu'aux malades qui font en péril, fans toutefois attendre à la derniere extrémité. Autrefois les malades fe faifoient fouvent conduire à l'églife pour le recevoir. Le prêtre étant entré dans la chambre du malade, y donne fa bénédiction, & avertit le malade de recevoir le facrement de pénitence, s'il eft besoin: car il faut, autant qu'il eft poffible, se mettre en état de grace pour recevoir l'extrême-onction. EnRit. Rom. fuite il l'inftruit de l'institution de ce facrement, Rit. Parif. & des difpofitions avec lesquelles on doit le recevoir, qui font la foi, le courage, la réfignation à la volonté de Dieu, le détachement de la vie préfente, la componction des péchés. Il fe met à genoux avec tous les affiftans, & récite les litanies des faints; puis il s'approche du malade, & dit plufieurs oraifons fur lui. Alors il fait des onctions avec l'huile qui a été confacrée pour cet ufage à la meffe du jeudi-faint, difant à chacune ces paroles : Par cette onction de l'huile facrée & fa très-pieufe miféricorde, Diey veuille te

pardonner tous les péchés que tu as commis par la vue ou par l'ouie, & ainfi à proportion. On fait fept onctions: aux yeux, aux oreilles, aux narines; à la bouche, pour les péchés du goût & de paroles; à la poitrine, pour les péchés d'impureté: d'autres font cette onction aux reins, & ne la font point aux femmes ; les deux dernieres fe font aux mains & aux pieds. On les effuie auffi-tôt avec des écoupes ou du coton, que l'on brûle, afin que l'huile fainte ne foit point profanée. Le prêtre fait encore quelques prieres, où il demande à· Dieu de fortifier le malade, d'adoucir ses fouffrances, d'appailer fes paffions, & lui pardonner fes péchés. Il l'interroge fur les principaux articles de fa créance, & lui fait faire plufieurs actes de foi, d'efpérance & de charité, pour le difpofer à bien mourir. Les prieres qui accompagnent l'adminiftration de ce facrement font différentes, felon les coutumes des églifes, & on peut les omettre en cas de néceffité, fe réduifant aux feules onctions & aux paroles qui y font jointes. Si le malade revient en fanté, rien n'empêche de donner ce facrement plufieurs fois.

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LEÇON LVIII.

Du facrement d'ordre. De la tonfure. BS cinq facremens que nous avons expliqués regardent l'utilité de chaque chrétien en particulier: les deux autres regardent le bien de toute l'églife. L'ordre lui donne des officiers publics & des peres fpirituels pour la gouverner. Le mariage lui fournit de nouveaux fujets, qui puiffent Conc. Trid. devenir fes enfans par le baptême & la perpétuer feff. xxn. jufques à la fin des fiecles. Jefus-Chrift inftitua Matth. IV. 18. le facrement d'ordre, quand il appella fes apô-x. 7. xVAIL tres, & quand, à diverfes fois, il leur donna le 18.

XVI. IS.

Luc. IX. 2. X. 1. XXII. 19.

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c. 8.

à

Marc. vi. 13. pouvoir de prêcher, de baptifer, de remettre les péchés, de confacrer & diftribuer l'euchariftie, en un mot, d'adminiftrer tous les facremens. La 1.Cor. XI. 14. grace de ce facrement ne fe termine donc pas Joan. xxi. 16. la feule fanctification de celui qui le reçoit, elle Conc. Trid. lui donne le pouvoir de fanctifier les autres, en leur conférant tous les facremens. Il n'y a que les évêques qui aient reçu la grace de ce facrement dans toute fa plénitude, puifqu'il n'y a qu'eux qui puiffent conférer tous les facremens, même le facerdoce. Mais comme on ne peut monter à l'épifcopat que par les dégrés de tous les ordres, il faut les parcourir tous ici, pour connoître entierement la nature de ce facrement. L'entrée à tous les ordres eft la tonfure, qui n'est point un facrement ni un ordre, mais feulement une fainte cérémonie qui prépare aux ordres, faifant paffer un laïque au nombre des clercs. On peut faire clercs de jeunes enfans, dès l'âge de douze ou de quatorze ans, pour les élever, autant qu'il se peut, dans des féminaires, & les dreffer à la vie Conc. Trid. eccléfiaftique. Mais à quelque âge que ce foit, ils Ibid.ref.c.8. doivent avoir reçu la confirmation, être bien inf£7.

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truits du catéchifme & favoir lire & écrire. L'évêque doit, ou les choifir lui-même, ou du moins avoir grand fujet de croire qu'ils embraffent ce genre de vie pour fervir Dieu fidelement; non par aucun intérêt temporel, comme de pofféder des bénéfices ou de jouir des priviléges des clercs :: car pour entrer dignement dans cet état, il est Hcb. v. 4. néceffaire d'y être appellé de Dieu, de quelque maniere que fa vocation se faffe connoître. La Pont. Rom. tonfure eft la prise d'habit & l'entrée au noviciat de la vie eccléfiaftique. L'évêque fait d'abord une priere, afin que ceux à qui il va la donner foient autant changés au-dedans qu'en la figure Sextérieure ; & pendant que l'on chante un plaume:

*Pfal. xv.

Pfal. XVI.

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