Voyage en Russie, Volume 2

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Charpentier, 1867 - 693 pages
 

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Page 52 - ... à jour, s'arrondissant, s'évasant, s'aiguisant, sur le tumulte immobile des toitures neigeuses. Les coupoles dorées prennent des reflets d'une transparence merveilleuse et la lumière, au point saillant, s'y concentre en une étoile qui brille comme une lampe. Les dômes d'argent ou d'étain semblent coiffer des églises de la lune; plus loin ce sont des casques d'azur constellés d'or, des calottes faites en plaques de cuivre battu, imbriquées comme des écailles de dragon, ou bien encore...
Page 7 - ... qui bientôt croisent leurs rameaux, s'étalent en larges feuilles, forment une forêt magique et étament si bien le carreau que la vue du paysage est totalement interceptée. Certes, rien n'est plus joli que ces ramages, ces arabesques et ces filigranes de glace si délicatement contournés par le doigt de l'Hiver. C'est une des poésies du Nord, et l'imagination peut y découvrir des mirages hyperboréens.
Page 104 - Comme nous allions sortir, éblouis de merveilles, les yeux papillottants et remplis de folles bluettes, la religieuse nous fit remarquer sur un rayon d'armoire une rangée de boisseaux qui avaient échappé à notre attention, et ne nous semblaient présenter rien de particulier. Elle y plongea son étroite et fine main patricienne et dit : « Ce sont des perles. On ne savait plus qu'en faire, et on les a mises là. Il y en a huit mesures.
Page 36 - En voyage, nous avons pour règle, lorsque le temps ne nous presse pas d'une façon trop impérieuse, de nous arrêter sur une impression vive. Il est une minute où l'œil saturé de formes et de couleurs se refuse à l'absorption de nouveaux aspects. Plus rien n'y entre comme en un vase trop plein. L'image antérieure y persiste et ne s'efface pas. En cet état on regarde, mais on ne voit plus.
Page 52 - ... se reculent, les détails disparaissent même à la lorgnette, et l'on ne distingue plus qu'un étincelant fouillis de dômes, de flèches, de tours, de campaniles de toutes les formes imaginables dessinant d'un trait d'ombre leur silhouette sur la teinte bleuâtre du lointain et en détachant leur saillie par une paillette d'or, d'argent , de cuivre, de saphir ou d'émeraude. Pour achever le tableau, figurez-vous, sur les tons froids et bleutés de la neige, quelques traînées de lumière faiblement...
Page 10 - L'imagination se refuse à croire que ce prodigieux entassement de neige se fondra, s'évaporera ou se rendra à la mer avec les flots grossis des fleuves, et qu'un jour de printemps rendra vertes et fleuries ces plaines décolorées. Le ciel bas, couvert, d'un gris uniforme, que la blancheur de la terre faisait paraître jaune, ajoutait à la mélancolie du paysage. Un silence profond que troublait seul le grondement du train sur les rails régnait dans la solitude de la campagne, caria neige amortit...
Page 28 - ... fait douter la raison du témoignage des yeux. On la voit avec toute l'apparence de la réalité, et l'on se demande si ce n'est pas un mirage fantastique, un édifice de nuées bizarrement coloré par le soleil et que le tremblement de l'air va déformer ou faire évanouir.
Page 49 - Cependant les coupoles, les clochers à bulbe d'or sont la caraclérisque de ce style qui semble ne reconnaître aucune loi et le font discerner à première vue. En contre-bas de cette esplanade, où se groupent les principaux édifices du Kremlin et qui forme le plateau de la colline, serpente, suivant les anfractuosités du terrain, le rempart doublé de son chemin de ronde et flanqué de tours d'une variété infinie, les unes rondes, les autres carrées, celles-ci sveltes comme des minarets,...
Page 21 - Ce fut pour nous une sensation des plus agréables de retrouver la bénigne atmosphère de notre compartiment et de nous blottir en notre coin, où nous dormîmes jusqu'au petit jour avec ce sentiment particulier de plaisir qu'éprouve l'homme abrité contre les rigueurs de la saison écrites sur les vitres en lettres de glace. Le Matin gris, comme dit Shakspeare, car l'Aurore aux doigts de rose d'Homère aurait des engelures sous une pareille latitude, commençait, enveloppé de sa pelisse, à marcher...
Page 51 - On ne saurait rêver rien de plus beau, de plus riche, de plus splendide, de plus féerique, que ces coupoles surmontées de croix grecques, que ces clochetons en forme de bulbe, que ces flèches à six ou huit pans cotelées de nervures, évidées à jour s'arrondissant, s'évasant, s'aiguisant, sur le tumulte immobile des toitures neigeuses. Les coupoles dorées prennent des reflets d'une transparence merveilleuse et la lumière au point saillant s'y concentre en une étoile qui brille comme une...

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