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SUR LES

EVANGILES

DES DIMANCHES

ET DES FÊTES PRINCIPALES
DE L'ANNÉE.

Par M. THIE BAUT, Docteur en Théologie
ancien Supérieur de Séminaire, Examinateu
Synodal, & Curé de fainte Croix, à Metz.
Nouvelle édition revue par l'Auteur.
TOME SECOND,

A METZ,
Chez JOSEPH COLLIGNON, Impriment
ordinaire du Roi, & de S. E. Monfeigneur
l'Evêque, à la Bible d'or.

M. DCC. LXVIII.

Avec Approbation & Permission du Roja

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HOMÉLIES

SUR LES

ÉVANGILES

DE TOUS LES DIMANCHES

N

#

& principales Fêtes de l'année.

EVANGILE

****

du Dimanche de la Sexagéfime. Luc 8.

E

N ce tems-là: le peuple s'affem blant en foule, & fe preffant de fortir des villes pour venir vers Jefus, il leur dit cette parabole celui qui feme s'en alla femer fon grain, & en femant, une partie de la femence tomba le long du chemin, où elle fut foulée aux pieds, & les oifeaux du ciel la mangerent. Une autre partie tomba fur des pierres, & ayant levé elle fe fecha, parce qu'elle n'avoit point d'humidité. Une autre tomba au milieu des épines, & les épines Tom. II.

A

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royaume

croiffant avec la femence l'étoufferent. Une autre partie tomba dans de bonne terre, & étant levée elle porta du fruit & rendit cent pour un. En difant ceci il crioit: Que celui-là l'entende, qui a des oreilles pour entendre. Ses difciples lui demanderent ce que vouloit dire cette parabole. Et il leur dit: Pour vous, il vous a été donné de connoître le myftere du de Dieu; mais pour les autres, il ne leur eft propofé qu'en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voyent point, & qu'en écou tant ils ne comprennent point. Voici donc ce que veut dire cette parabole. La femence c'eft la parole de Dieu. Ceux qui font marqués par ce qui tombe le long du chemin, font ceux qui écoutent la parole; mais le diable vient enfuite qui enleve cette parole de leur cœur, de peur qu'ils ne croyent & ne foient fauves. Ceux qui font marqués par ce qui tombe fur des pierres, font ceux qui écoutant la parole la reçoivent avec joye, mais ils n'ont point de racine: ils croyent pour un tems, & ils fe retirent auffi-tôt que l'heure de la tentation eft venue. Ce qui tombe dans les épines marque ceux qui écoutent la parole; mais en qui elle eft enfuite étouffée par les inquiétudes, par les richelles, & par les plaifirs de cette vie : de forte qu'ils ne portent point de fruit. Enfin ce qui tombe dans la bonne terre, marque ceux qui ayant écouté la parole avec un cœur bon & fincere, La retiennent & la confervent, & portent du fruit par la patience.

Homélie fur la prédication de la parole de Dieu.

Cette parabole que vous venez d'entendre mes freres, eft la troifiéme eft la troifiéme que l'Eglife nous propose fur la parole de l'évangile. Les deux dont je vous ai donné l'explication les dimanches

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précédens, vous ont fait voir comment le mêlange des méchans avec les bons l'empêchoit de croître, & quel avoit été, malgré cet obstacle, fon prodigieux accroiffement dans l'univers. Celleci, Jefus-Chrift la propofe aux peuples qui le fuivent, & fur- tout à fes apôtres, dit faint Chryfoftome, pour les fortifier contre le trouble qui auroit pû un jour s'élever dans leur ame en voyant la plupart de ceux à qui ils auroient prêché l'évangile, fe dérégler & fe perdre; voyez, dit ce faint docteur, quelle a été la conduite de notre divin Sauveur; quoique toujours préfent en tout lieu, par fa divinité & fa qualité de Verbe éternel, il eft forti en quelque forte du sein de fon Pere, par la divine économie de fon incarnation, & s'eft rapproché de nous en fe revêtant de notre chair. Comme nous ne pouvions aller jufqu'à lui, il eft venu lui-même jufqu'à nous; pour quel fujet? dans quel deffein? étoit-ce pour perdre la terre toute couverte d'épines,& pour punir ceux qui auroient dû la cultiver ? nullement; ça été pour la cultiver lui-même, & pour y femer la parole de la piété; car il déclaré dans la fuite que la femence eft fa divine inftruction; que les ames des hommes font le champ qui eft labouré & femé, & que lui-même eft celui qui feme; mais que devient donc cette femence? il y en a trois parties qui fe perdent, & une feule qui fe fauve ; quid fit de femine ifto? tres depereunt partes, & una falvatur. (a) C'est ce que la fageffe éternelle prévoyoit, & cependant elle n'a pas laiffé de répandre la divine femence avec profufion fur tous les hommes : pourquoi donc les apôtres feroient-ils rebutés par le rare fuccès de leurs travaux? Tel eft, ajoûte le même Pere, l'avis que le Sauveur donne à fes apôtres; difcipulos erudit ut non propter hæc

(a) Chryfoft. Homil. 45. in Math.

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