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inspiration qui prend sa source à la Nature. Au début, c'est l'éternel décor cher aux novelliers » Campagne agréable, site merveilleux, bosquets discrets, fontaines jaillissantes, rien ne manque à la mise en scène traditionnelle. L'auditoire ne paraît pas s'être renouvelé, ce sont toujours les mêmes acteurs polis et gracieux, « disposés au service d'amour. » L'ordre des jeux d'esprit est rigoureusement observé dans cette aimable compagnie; la trame du récit faiblit souvent, mais c'est pour laisser place aux observations de celui-ci ou de celle-là. Des vers mesurés, à l'imitation des formes poétiques du temps, veulent rompre parfois la monotonie d'un genre trop exclusif.

Mais sur cette terre siennoise, en pleine tourmente sociale, il est curieux d'observer des conceptions nouvelles, une manière de sentir et de voir qui ne doit presque rien au passé.

Voici des historiettes locales, parmi lesquelles il en est de neuves dans le fond et dans le dialecte. Aucun livre ne les contint; elles sont du terroir par l'esprit autant que par la langue. Les détails et les traits caractéristiques y abondent. Seul, le naturel du style, en dépit de sa saveur un peu âpre, y garde quelque négligence. Mais faut-il en tenir rigueur à Fortini ? Il est vraisemblable qu'il ne relut point son manuscrit, car ce dernier fourmille d'erreurs de grammaire et de syntaxe. Pourquoi d'ailleurs l'aurait-il relu? On sait qu'il le composa pour distraire son entourage, sans préoccupation aucune de gloire et de profit.

Le troisième volume de l'édition donnée par MM. Orlando et Baccini comprend Piacevoli et amorose notti dei Novizi (Plaisantes et amoureuses nuits des novices). Il contient deux nouvelles : Le nouveau Messie et Pachiarotto et trois comédies inédites: L'Anneau, Lavinia et l'Anguille. Ce sont des

ouvrages d'un art naïf et très particulier, mais dont la description n'augmenterait en rien le mérite de notre auteur.

Indépendante d'une œuvre trop longtemps obscure, la mémoire de Pietro Fortini s'est perpétuée jusqu'à nous. La Bibliothèque communale de Sienne garde précieusement une médaille de bronze de cet écrivain, attribuée par G. Milanesi à Pastorino Pastorini (1). C'est la même, croyons-nous, d'après le Père Isidore Ugurgieri (2) qui appartint naguère à Bernardino Gallacini, prêtre siennois et docteur en philosophie.

BIBLIOGRAPHIE

Manuscrit.

Le manuscrit autographe des nouvelles de Pietro Fortini se trouve à la Bibliothèque communale de Sienne, où il porte la cote suivante : 1, VII, 19. C'est vraisemblablement à ce manuscrit que sont venus s'alimenter les différents éditeurs des Novelle dei Novizi, et des Piacevoli et amorose notti dei Novizi.

Editions partielles.

Novella di Pietro Fortini. Nouvelle recueillie

dans la première édition du Catalogue de Borromeo, Notizia de' Novellieri italiani, s. n. d'imprim, 1794, in-8".

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Novelle di Pietro Fortini, ora per la prima volta pubblicata. Réunion de quatorze nouvelles insérées par Gaetano Poggiali dans Novelle di autori sanesi, Londra (Livorno), Ricc. Bancker, 1796, in-8°. Portrait de Bargagli).

Lo Agnellino dipinto, novelle due di Pietro Fortini, senese, et di Giuseppe Parini, milanese. Sans indication de lieu ni d'imprimeur, 1812, in-8°. Edition à 12 ex. (4 ex. sur parchemin, 2 ex. sur papier de couleur et 6 ex. tiré sur vélin), faite pour démontrer que la nouvelle de Parini, n'est qu'un plagiat de celle de Fortini).

(1) Voici d'après l'ouvrage d'Alfred Armand: Les Médailleurs italiens des XV et XVI siècles (2o édit, Plon, 1883, t. I, p. 197, et t III, p. 91, in-8°) la description de cette médaille : Diamètre 51×41 Face: Figure sans légende. Buste à droite de Fortini, tête nue, avec barbe; vétu d'un pourpoint à col rabattu. Au revers: Le jugement de Pâris.

(2) Le Pompe Sanesi, Pistoia, 1549.

La terza giornata delle novelle de' norvizi di Pietro Fortini, ora per la prima volta data alla Luce, Siena, [Milano], Eredi di Francesco Quinza, 1811, in-12 (Edit. de 7 nouvelles, publiée par les soins de A Tosi et tirée à 180 ex.).

Giacomo Pacchiarotto pittore, e la compagnia dei Bardotti, novella storica di Pietro Fortini, senese. Bologna, Tip. delle Scienze, Piazza S. Martino, 1858, in-8. (Edit. tirée à 50 ex. et précédée d'une notice).

· Due novelle di Pietro Fortini senese, Venezia, ant. Clementi tipogr., 1868, in-8° (Publié à 60 ex. par le professeur Pietro Ferrato pour les noces de Robustello-Paulucci).

Tre Novelle inedite di Pietro Fortini senese, Padova, Tip. alla Minerva dei Frat. Salmin, etc., 1870, in-8. (Edition de poche). Nouvelles XII et XIX Notti dei Novizi, sec journée) et XVII (du même, 3° journée).

Novella inedita di Pietro Fortini (catalogo dei Novellieri italiani in prosa raccolti a posseduti da GIOR PAPANTI, etc., Livorno, Tip. Vigo, 1871, t. II, in-8°). Voici un extrait du sommaire de cette nouvelle : « Orietta Provinciali, noble dame de Lucques, aime un jeune homme siennois, etc... »

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Novella inedita di Pietro Fortini, tratta dal Codice I. VII. 19, della biblioteca communale di Siena, Livorno, Tip. Vannini, 1871, gr. in-4o (5 ex. numérotés). C'est la nouvelle suivante : « Un ermite aimant une noble dame romaine, etc.. » Edition définitive. Novelle di Pietro Fortini Senese, Firenze, « Bibliotechina grassocia caprici e curiosità letterarie inedite o rare raccolte da ORLANDO e G. Baccini », 1888-1892, 3 volumes parus. I. vol. I. Le giornate delle novelle dei Novizi (nouvelles 24 à 49). II. vol. I. Le Piacevole e amorose Notti dei Novizi. (Bibliothèque Nationale de Paris; in-8° Z 10 830, 3 volumes).

Recueil collectif. Les quatorze nouvelles de l'édition donnée par Gaetano Poggiali en 1796 furent réimprimées dans les différentes éditions des Novelle di autori Sanesi. Milano, Giov. Silvestri, 1815; Firenze, Borghi e Comp., 1833; Torino, Cugini Pomba e Comp, 1853. Différentes nouvelles empruntées au même recueil se trouvent dans les ouvrages suivants: Deux dans le vol II de Novelle morali di Francesco Soave, s. d., et dans Novelle scelte di autori italiani antichi e moderni, Parigi, Fayolle, 1812; Deux dans Alcune novelle di Fr. Sachetti, di Ser. Gior. Fiorentino, di Pietro Fortini, etc, Bergamo, Natali, 1821 (ce sont les nouv. VII et VIII); Deux dans Trentaquattro novelle ital., Milano, Bettoni. 1824; Cinq dans Scelte novelle antiche e moderne Milano, Bettoni, 1832; Sept dans le Tesoro dei Novellieri italiani, etc., Parigi, Baudry, 1847, etc.

Ad. VAN BEVER.

BIBLIOGRAPHIE DU XVI SIÈCLE

Librairie Arnold Bergstrasser Verlagsbuchhandlung. A. Kroner. Stuttgart, 1893. — Die Baukunst der Renaissance in Frankreich von Dr. Heinrich Baron von Geymüller, architecte, corresp. de l'Institut de France. 2 vol. grand in-8° illustrés.

Voici un ouvrage considérable et qui n'a qu'un tout petit défaut pour le commun des lecteurs français, c'est d'être imprimé en allemand. Mais l'auteur qui a fait toutes ses études à l'Ecole centrale de Paris, et qui parle très correctement le français, en prépare une traduction qui paraîtra bientôt. A ce moment nous pourrons plus aisément discuter ses théories, car il en a qui sont toutes nouvelles et qui renversent absolument les idées que Courajod et Palustre ont mises en circulation sur les origines quasi locales de la Renaissance française. M. le Baron de Geymüller prétend, en effet, que la Renaissance française est fille de la Renaissance italienne et flamande. C'est assez dire ce qu'il pense de la campagne menée par notre collaborateur, M. Marius Vachon, en faveur de Pierre Chambiges contre le Boccador, dans la question de l'Hôtel de Ville de Paris. Pour M. de Geymüller il n'est pas douteux que le Boccador ait dressé les plans des bâtiments de l'Hôtel de Ville qu'on lui a toujours attribués. Du reste, nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs l'opinion qu'il a émise là-dessus dans son ouvrage, avant que M. Marius

Vachon ait fait sa découverte qui divise en ce moment le monde des architectes.

Voici d'abord la notice qu'il consacre au Boccador.

DOMENICO DA CORTONA, PROPREMENT DIT BERNABEI, DIT BOCCADOR

(p. 74-76)

Afin d'arriver à des appréciations justes au sujet de Dominique de Cortone, nous avons réuni ici plusieurs notices qui le concernent et se rapportent à son activité antérieure à la construction de l'Hôtel de Ville de Paris.

Dans les Symbolæ litteraria de Gori citées par Mariette (1) Domenico est désigné comme élève de Giuliano da Sangallo; il y est dit qu'il a érigé pour François I deux palais magnifiques, dont l'un est l'Hôtel de Ville de Paris, et qu'il était mort en 1549 au service de Henri II. (2)

Nous voyons déjà pendant les années 1495, 1497 et 1498 Dominique au nombre des 22 maîtres de nature différente, que Charles VIII fit venir (24 Déc. 1495) de son Royaume de Secille » c'est-à-dire de Naples, et qu'il prit à son service. C'est d'eux qu'est sortie la colonie italienne de Tours (3). Dominique est désigné comme « Menuisier de tous ouvraiges et faiseur de chasteaulx», ce qui correspond au terme italien de legnajuolo ». Il reçut des gages assez élevés de 240 Livres tournois.

Lorsque l'ancien pont de Notre-Dame à Paris s'écroula en 1499, Dominique se trouve nommé parmi les maîtres qui furent interrogés à l'occasion de cet événement (4).

1510.

II. Nov. Dominique de Cortone, menuisier

(1) Dans son Abecedario, I, 123.

(2) Voyez Symbolæ litterariæ quæ exhibent florilegium. Voluminus VI. Noctium corythanorum et opuscula varia : nunc primum in lucem edita, volumen octavum. Florentiæ a 1751. etc, p. 172. no 308 (Je suis redevable à M Eugène Müntz du titre exact et du contenu de cet ouvrage).

(3) Voyez Archives de l'Art français I 124, n

(4) Voyez Leroux de Lincy. Histoire de l'Hôtel de Ville de Paris, etc. Paris, 1846, partie I p. 182.

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