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pelés nous-mêmes; le ciel est notre patrie et l'héritage que notre Père nous destine. Lors donc que nous nous mettons en prière, élevons nos pensées et nos désirs vers le ciel; unissons-nous à la société des Esprits bienheureux; excitons dans nos cœurs le désir et l'espérance de posséder Dieu.

Vous me permettez, ô mon Dieu! vous m'ordonnez même de vous appeler mon Père: ce nom si cher à mon cœur, me répond de votre tendresse pour moi, et m'assure vos miséricordes. Vous êtes mon Père, et le meilleur de tous les Pères ; que pourriez-vous me refuser qui me fût véritablement utile? Je ne vous demande, ô mon Père, que ce que vous m'avez vous-même appris à vous demander; je vous adresse les paroles mêmes que vous m'avez enseignées; c'est vous qui m'avez dicté la prière que je vous fais; vous voulez donc l'exaucer; vous voulez m'accorder toutes les demandes qu'elle renferme. Je ne désire rien autre chose; tous mes véritables besoins y sont exposés. Qu'il est doux, qu'il est consolant pour moi de savoir que j'ai dans le ciel un Père infiniment riche, infiniment puissant et infiniment bon, qui veut rémédier à tous mes maux, et m'enrichir de tous les biens! Omon Père, mon tendre Père, je me présente devant vous avec une confiance pleine et entière avec la confiance d'un enfant ; je répands mon ame

dans votre sein Paternel. Que vous êtes bon de me regarder, de me traiter comme votre enfant! Qui suis-je, ô mon Dieu, pour être honoré de cette auguste qualité, et pour en ressentir tous les avantages? Je suis votre enfant que peut-il me manquer? A ce titre, je puis tout demander, je suis sûr de tout obtenir.

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Pratique. Parler à Dieu comme à un bon Père.

C. LECTURE.

PREMIÈRE

DE MAN D E.

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Que votre Nom soit sanctifié.

est bien juste que votre premier désir et notre première demande ait la gloire de Dieu pour objet. Si nous sommes ses enfans, rien ne doit nous être plus cher que l'honneur et la gloire de notre Père. Nous commençons donc par demander que son nom soit sanctifié, c'est-à-dire, honoré et glorifié. Le nom de Dieu est saint par luimême, et il ne peut acquérir aucun nouveau degré de sainteté ; mais il est souvent déshonoré par les discours et par la conduite des hommes. Ce que nous demandons par ces paroles, c'est que le saint nom de Dieu soit connu, loué et adoré par toutes les créatures, que toute langue le

bénisse, que tout l'Univers lui rende l'hommage qui est dû à la souveraine Majesté que sa gloire s'étende dans toutes les contrées du monde. Il y a encore des peuples infidèles, des peuples qui ne connoissent point Dieu; nous le prions de les faire sortir des ténèbres où ils sont ensevelis, et de les appeler à la lumière admirable de l'Evangile. Il y a des hérétiques qui le connoissent, mais qui ne lui rendent pas un culte pur: livrés à l'erreur et aux égaremens d'une raison orgueilleuse, ils ne soumettent pas leur esprit au joug de la foi; ils se révoltent contre l'autorité qu'il a établie pour nous instruire et pour nous gouverner. Nous de mandons qu'ils renoncent à l'erreur, qu'ils reconnoissent la vérité, et qu'ils rentrent dans le sein de la véritable Eglise, hors de laquelle il n'y a point de salut, Enfin, il y a de mauvais Chrétiens qui ne servent pas Dieu, qui l'outragent même par leurs péchés, qui profanent et blasphèment son nom redoutable; nous demandons qu'ils se convertissent à Dieu par une sincère pénitence, et qu'ils commencent à le glorifier par une conduite édifiante. Nous prions même pour les justes, qui honorent déjà le nom de Dieu par leurs vertus, afin qu'ils croissent et qu'ils persévèrent jusqu'à la fin dans la justice; mais ce que nous devons sur-tout désirer c'est de sanctifier nous-mêmes le nom de Dieu, de consa

crer toute notre vie à le glorifier, et à le faire glorifier par les autres. On sanctifie le nom de Dieu par ses pensées, en s'humiliant profondément devant la Majesté divine, en ne pensant jamais à Dieu, ni aux choses de Dieu qu'avec un profond respect et une vénération religieuse. On sanctifie le nom de Dieu par ses paroles, en ne parlant jamais de Dieu qu'avec un sentiment d'adoration intérieure et un saint tremblement. On le sanctifie par ses actions, en menant une vie exemplaire, qui porte les autres à louer Dieu et à le servir. Vous devez donc, mon cher Théophile, en prononçant cette demande : Que votre nom soit sanctifié, vous devez avoir un désir sincère de procurer la gloire de Dieu, autant qu'il vous est possible, de porter les autres à l'honorer, de leur inspirer par vos discours et par votre exemple, l'amour de la vertu et le goût de la piété. Sans ce désir, votre cœur démentiroit votre bouche, et vos paroles déposeroient contre vous-même, puisque vous ne désireriez pas ce que vous paroissez demander. Que seroit-ce, si en demandant à Dieu que son nom soit sanctifié, vous étiez du nombre de ceux qui portent les autres à offenser Dieu. De quel front ces hommes corrompus, ces instrumens du démon, osent-ils demander à Dieu que son nom soit sanctifié, tandis qu'ils s'efforcent de pervertir des ames in

nocentes, et d'étouffer en elles le sentiment de la crainte de Dieu, et le respect pour les pratiques de la Religion; tandis que, non contens d'être eux-mêmes vicieux, ils éntraînent les autres dans le désordre; qu'ils cherchent à ébranler et à décourager par leurs railleries ceux qui commencent à servir Dieu, et qu'ils rejettent sur la vertu la honte et le mépris qui ne sont dus qu'au vice, comme s'il étoit honteux à un enfant d'honorer son père? Réciter cette divine prière dans des dispositions aussi criminelles, ne seroit-ce pas insulter Dieu, et lui faire outrage? ne seroit-ce pas prononcer sa condamnation! Oui malheur à ces pécheurs scandaleux, si, avant de prononcer cette prière, ils ne détestent leur impiété, et s'ils ne prennent la résolution de contribuer, par leur changement, à faire glorifier le saint nom de Dieu, selon cette parole de NotreSeigneur: «Que votre lumière luise devant » les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes » œuvres, et qu'ils glorifient votre Père, qui » est dans les cieux. >>

Mettez dans mon cœur ô mon Dieu! les désirs ardens que formoit autrefois le Prophète, lorsqu'il disoit dans la ferveur de son zèle: « Que toute la terre loue le >> nom du Seigneur ; que toutes les nations. » célèbrent à l'envie sa grandeur; la terre >> et tout ce qu'elle contient est au Seigneur; » que tous ceux qui l'habitent publient à

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