Adolphe: Anecdote trouvée dans les papiers d'un inconnu

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Charpentier, 1839 - 387 pages
 

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Page 30 - Elle parlait plusieurs langues, imparfaitement à la vérité, mais toujours avec vivacité, quelquefois avec grâce. Ses idées semblaient se faire jour à travers les obstacles , et sortir de cette lutte plus agréables, plus naïves et plus neuves; car les idiomes étrangers rajeunissent les pensées, et les débarrassent de ces tournures qui les font paraître tour à tour communes et affectées.
Page 174 - Tout l'univers s'adresse à l'homme dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l'intérieur de son âme , dans une partie de son être inconnue à lui-même , et qui tient à la fois des sens et de la pensée.
Page 23 - ... naturel qu'un esprit méchant. Cette société d'ailleurs n'a rien à en craindre. Elle pèse tellement sur nous, son influence sourde est tellement puissante, qu'elle ne tarde pas à nous façonner d'après le moule universel. Nous ne sommes plus surpris alors que de notre ancienne surprise, et nous nous trouvons bien sous notre nouvelle forme, comme l'on finit par respirer librement dans un spectacle encombré par la foule, tandis qu'en y entrant on n'y respirait qu'avec effort.
Page 49 - Malheur à l'homme qui, dans les premiers moments d'une liaison d'amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle! Malheur à qui, dans les bras de la maîtresse qu'il vient d'obtenir, conserve une funeste prescience, et prévoit qu'il pourra s'en détacher!
Page 132 - Tant de dureté ne convient pas à votre caractère, vous êtes bon, vos actions sont nobles et dévouées; mais quelles actions effaceraient vos paroles? Ces paroles acérées retentissent autour de moi; je les entends la nuit; elles me suivent, elles me dévorent, elles flétrissent tout ce que vous faites.
Page 126 - ... il ya quelque charme. Il lutte contre la réalité, contre la destinée ; l'ardeur de son désir le trompe sur ses forces , et l'exalte au milieu de sa douleur. La mienne était morne et solitaire ; je n'espérais point mourir avec Ellénore ; j'allais vivre sans elle dans ce désert du monde , que j'avais souhaité tant de fois de traverser indépendant.
Page 122 - ... pouvez-vous douter de mon affection profonde ? nos âmes ne sont-elles pas enchaînées l'une à l'autre par mille liens que rien ne peut rompre ? tout le passé ne nous est-il pas commun ? pouvons-nous jeter un regard sur les trois années qui viennent de finir sans nous retracer des impressions que nous avons partagées, des plaisirs que nous avons goûtés, des peines que nous avons supportées ensemble ? Ellénore, commençons en ce jour une nouvelle époque, rappelons les heures du bonheur...
Page 101 - Je fus entraîné à l'aveu complet de mes sentiments: je convins que j'avais pour Ellénore du dévouement, de la sympathie, de la pitié; mais j'ajoutai que l'amour n'entrait pour rien dans les devoirs que je m'imposais. Cette vérité, jusqu'alors renfermée dans mon cœur, et quelquefois seulement révélée à Ellénore au milieu du trouble et de la colère, prit à mes propres yeux plus de réalité et de force, par , cela seul qu'un autre en était devenu dépositaire.
Page 64 - ... l'indice de quelque espérance insultante. Elle souffrait de la solitude, elle rougissait de la société. Ah! sans doute, j'aurais dû la consoler; j'aurais dû la serrer contre mon cœur, lui dire: Vivons l'un pour l'autre, oublions des hommes qui nous méconnaissent , soyons heureux de noire seule estime et de notre seul amour : je l'essayais aussi ; mais que peut, pour ranimer un sentiment qui s'éteint, une résolution prise par devoir?
Page 40 - Vous connaissez ma situation, ce caractère qu'on dit bizarre et sauvage, ce cœur étranger à tous les intérêts du monde, solitaire au milieu des hommes, et qui souffre pourtant de l'isolement auquel il est condamné.

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