Page images
PDF
EPUB

M. l'abbé de Maccarthy a déjà paru plusieurs fois dans la chapelle du château. Dimanche dernier, son texte étoit pris de ces paroles de l'Evangile : Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei. L'orateur remarque d'abord combien l'homme est grand aux yeux de la foi, puisque Dieu daigne nourrir lui-même son ame d'un pain céleste qui est sa divine parole. Comment se fait-il que cette divine parole trouve parmi nous des profanateurs, des contempteurs, des persécuteurs? M. de Maccarthy s'est borné ce jour-là à parler des profanateurs : « On profane la parole de Dieu, a-t-il dit, parce qu'on l'écoute sans esprit de foi, sans humilité, sans zèle pour le salut de son ame. Sans esprit de foi; on ne voit que l'homme et non Dieu dont le ministre est l'organe; on vient pour distraire l'ennui de son loisir; on cherche l'homme, et Dieu permet qu'on trouve ce qu'on étoit venu chercher. La parole divine n'a plus ces éclairs qui renversent Saul, ces foudres qui brisent les cèdres; ce n'est plus que le vain bruit d'une cimbale retentissante. Sans humilité, loin de s'approcher de la chaire de vérité avec respect et crainte, on s'en approche avec orgueil, pour juger et ses frères et le ministre de l'Evangile, et la parole de Dieu même : on applique aux autres les peintures qui devroient nous effrayer nous-mêmes; on détourne vers ses frères le miroir que l'orateur présentoit à nos yeux, et ses efforts pour nous découvrir nos vices ne nous servent que d'armes contre le prochain; on soumet à la plus maligne censure toutes les paroles du prédicateur, tout, jusqu'à son ton, sa voix et ses gestes. La parole de Dieu même est l'objet d'une critique inexorable; on l'approuve quand elle tonne contre de grands forfaits et contre des malheurs dont on a été victime; mais on la trouve trop exigeante et trop sévère quand elle s'élève contre des penchans qui nous sont chers. Enfin sans zèle pour le salut des ames. Si nous vous parlions, a dit l'orateur, des intérêts de la chair et du siècle, nous exciterions aisément vos désirs et vos craintes, et peutêtre parviendrions-nous à vous émouvoir et à vous tirer des larmes; mais nous ne vous parlons que de Dieu, de votre ame, de l'éternité; alors nous vous trouvons froids et insensibles, et vous dormez votre sommeil sur le penchant de l'abîme pour ne vous réveiller qu'en y tombant. » Ici

l'orateur, tourmenté par son zèle, gémit et répand son ame devant Dieu; il se plaint de la stérilité du ministère, il envie le bonheur des apôtres qui trouvoient des cœurs si bien disposés, il presse les pécheurs de ses vives interrogations; enfin, par une péroraison éloquente et tirée des circonstances, d'un côté, il leur montre d'impiété qui inonde la terre de ses manifestes et proclame hautement ses noirs desseins; de l'autre, il leur fait entendre cette voix partie de la montagne sainte et qui a retenti dans le monde chrétien d'un pôle à l'autre. « Cette voix nous apprend que Dieu vient à nous les mains pleines de grâces et brûlant de les répandre choisissons, ou plutôt pourrons-nous hésiter quand le souverain pontife nous presse par de si touchantes exhortations, et le roi par de si nobles exemples? >> L'orateur a fini par présenter le grand exemple de piété que donne à ses sujets un prince digne enfant de saint Louis, et doué de toutes les qualités qui rendent ce modèle plus persuasif et plus efficace encore.

-M. l'abbé Decagny, curé de Notre-Dame de BonneNouvelle, est mort le mercredi 15, à la suite d'attaques réitérées dont il avoit été frappé depuis plus d'un an. Cet estimable pasteur gouvernoit cette paroisse depuis le concordat. Il fut un des premiers à exercer le ministère à Paris après la terreur, et son zèle, son activité et son dévoûment rendirent les plus grands services dans les temps fâcheux. M. Nicolas Decagny étoit, avant la révolution, premier vicaire de SaintBarthelemi en l'Ile, et il refusa le serment en 1791.

- La société charitable des écoles chrétiennes et gratuites du dixième arrondissement fera célébrer le lundi 20, dans l'église Saint-Thomas-d'Aquin, une messe solennelle en l'honneur de Saint-Vincent de Paul, patron de ces écoles. La messe commencera à midi et demi, et sera suivie d'un sermon par M. l'abbé Fayet, chanoine de Rouen et inspecteur général des études. La quête sera faite par Mme la comtesse de Raigecourt et Mmc la marquise de Puységur. On espère que les fidèles voudront bien, comme par le passé, concourir à soutenir une œuvre tout-à-fait digne d'exciter leur zèle et leur charité. Les personnes qui ne pourroient pas se trouver à la cérémonie de lundi sont priées d'adresser leur offrande à M. Moisant, notaire, rue Jacob.

On a réimprimé sous le titre Des abus de la liberté de la presse depuis la restauration, différens écrits contre la circulation des mauvais livres. Le premier est la belle Instruction pastorale de feu M. l'évêque de Troyes sur l'impression des mauvais livres, et spécialement sur les nouvelles éditions de Voltaire et de Rousseau. Cette Instruction pastorale, datée du 28 août 1821, a été, comme on sait, traduite en plusieurs langues. Elle est suivie, dans le volume que nous annonçons, du Discours sur les livres irreligieux, tiré des Conférences de M. l'évêque d'Hermopolis. MM. Le Clere, qui sont propriétaires des manuscrits de M. de Boulogne et des Conférences, ont permis cette réimpression qui a pour but d'opposer quelque barrière au débordement des mauvais livres, et qui, loin de nuire au succès de leurs éditions des OEuvres des deux prélats, ne peut que contribuer à faire désirer de les connoître dans leur entier. Le petit volume Des abus contient encore deux articles du Mémorial catho lique, sur les mauvais livres, le réquisitoire de M. le procureur-général contre deux feuilles libérales, et la péroraison du discours de M. de Broë devant la cour royale, Ces différentes pièces se lient très-bien ensemble, et montrent les dangers dont nous sommes menacés par une licence effrénée. Ce sont les éditeurs de la Bibliothèque catholique, qui ont fait les frais de cette réimpression; ils distribuent gratuitement ce petit volume à leurs souscripteurs, et ont même fait réimprimer à part, et l'Instruction pastorale de M. de Boulogne, et le Discours de M. d'Hermopolis, qu'ils distribuent de même. Cet exemple de désintéressement et de zèle annonce assez l'esprit qui dirige cette entreprise, dont les différentes livraisons continuent à paroître régulièrement. Nous parlerons une autre fois des ouvrages qui ont été publiés dans la deuxième année. Nous ajouterons seulement ici, à l'occasion de l'Instruction pastorale de M. de Boulogne, citée plus haut, que les OEuvres de ce prélat sont sous presse, et qu'une partie des discours paroîtra assez prochai

nement.

Quelques journaux ont accueilli avec une étonnante faveur une lettre datée de La Haye, le 4 février, et adressée par M. Goubau, directeur-général des affaires du culte catholique, à M. le prince de Méan, archevêque de Malines. M. Goubau s'y plaint de la publicité donnée à une lettre

et

de M. l'archevêque et à une autre de Mer Mazio, toutes deux relatives aux arrêtés du 14 juin. Ces deux lettres avoient paru au mois d'octobre dernier, et elles se trouvent insérées dans notre no 1170. C'est donc au bout de quatre mois que l'on vient se plaindre de leur publication, et le mécontentement de M. Goubau paroît un peu tardif. S'il eût été dans le fond aussi courroucé de cette publication qu'il veut en avoir l'air, je pense qu'il n'eut pas attendu si long-temps à rédiger sa réprimande, laquelle pourtant est encore moins singulière pour la forme que pour le fond. M. Goubau prétend que la lettre de Mar Mazio est un appel direct à la désobéissance, tandis qu'au contraire le sage prélat engage les évêques des Pays-Bas à rester purement passifs dans l'exécution des arrêtés. Quoi! c'est provoquer la désobéissance que d'exhorter à être passifs! A ce compte, les martyrs qui étoient aussi passifs, prêchoient donc la révolte! Engager à souffrir et à se tenir tranquilles, cela veut dire qu'on doit se soulever! Il faut convenir que M. Goubau a un autre dictionnaire que le reste du monde, que les mots ont pour lui une autre acception que pour le commun des hommes. Ce qui suit dans la lettre n'est pas moins absurde; le directeur-général prétend qu'en consultant le saint Siège, M. l'archevêque de Malines a renversé les principes, aliéné ses droits, commis enfin un attentat aux libertés de l'église belgique. Quoi! c'est un attentat pour un évêque de consulter le chef de l'Eglise dans une matière importante! En ce cas, c'est un attentat assez ancien et assez usité dans l'Eglise; car, dans toutes les affaires graves, les évêques ont recours au saint Siège. Dans les choses douteuses ou obscures, disoit le célèbre Hincmar, il faut consulter la sainte Eglise romaine; et Fleury, dans son Histoire ecclésiastique, rapporte une foule de circonstances où les évêques des diverses parties de la catholicité consultoient le souverain pontife. Jamais il n'est venu dans l'idée de ce défenseur de nos libertés de s'étonner de ces consultations, et de blâmer ce recours au saint Siège. Il n'entendoit pas sans doute les libertés aussi bien que M. Goubau. N'admirez-vous pas le zèle de M. le directeur-général pour les libértés de l'Eglise belgique? Elles sont grandes dans ce moment ces libertés, et cette pauvre église sait, je pense, quels sont ceux dont elle a le plus à se plaindre. Ce n'est pas le

[ocr errors]

Pape qui a fermé les petits séminaires, qui a chassé les Frères des écoles chétiennes, qui a interdit les missions et expulsé les missionnaires, qui a ordonné à la police de surveiller les prêtres, qui interdit les journaux et les écrits dirigés contre les nouvelles mesures, qui, enfin, dédaigne d'écouter les réclamations des catholiques et des évêques. On sait d'où sont parties ces mesures qui sont un sujet de deuil pour le clergé et les fidèles, et il est plaisant de voir le provocateur de ces mesures feindre tant de zèle pour les libertés de l'église, sur laquelle il appesantit un joug si rigoureux; c'est à peu près comme si le grand Turc se prétendoit le défenseur des libertés de l'église grecque contre les usurpations de la cour de Rome. M. Goubau dit que les évêques sont établis par le saint Esprit pour gouverner leurs églises et qu'ils sont les inquisiteurs nés de la foi; mais laissez-les donc en ce cas gouverner tranquillement leurs églises; n'établissez pas une inquisition contre ces juges de la foi. Comment pouvezvous dire qu'ils conservent dans son intégralité l'instruction chrétienne, quand vous chassez les maîtres chrétiens et que vous établissez des écoles malgré leurs réclamations? La lettre de M. Goubau est d'un bout à l'autre une dérision froide et cruelle pour des gens qu'on vexe et qu'on opprime.

690 } NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. Mgr le Dauphin a fait remettre 500 f. au nommé Vionnet, de la commune de Déchaux (Jura), dont un incendie consuma la maison le mois dernier. S. A. R. Mme la Dauphine a envoyé 300 fr. aux dames de la société de charité de Strasbourg.

-Mgr le Dauphin a donné à la commune de Cely (Seine-et-Marne) une somme de 500 fr., pour l'aider à acheter un presbytère. S. A. R. a aussi envoyé 100 fr. à la veuve d'un nommé Hébert qui a été écrasé par une voiture et a laissé quatre enfans en bas âge.

[ocr errors]

S. A. R. Mme la Dauphine a envoyé un secours supplémentaire de 500 fr. à la société maternelle de Niort.

-S. A. R. Mme la Dauphine, à la prière de M. l'évêque d'Arras, a donné 300 fr. à la paroisse d'Houdain, située dans le diocèse de ce prélat.

[ocr errors]

La chambre des pairs s'est réunie en cour de justice, en vertu de l'ordonnance du 21 décembre dernier. Sur le réquisitoire pré

« PreviousContinue »