Page images
PDF
EPUB

IMPRIMERIE DE BETHUNE, RUE PALATINE, No 5, A PARIS.

[blocks in formation]
[graphic]

STOR LIBR

[graphic]

SERMON

POUR

LE JEUDI DE LA IV SEMAINE.

SUR LA PRÉPARATION A LA MORT.

Cùm appropinquaret portæ civitatis, ecce defunctus efferebatur, filius unicus matris suæ : et hæc vidua erat, et turba civitatis multa cum illâ. Quam cùm vidisset Dominus, misericordiâ motus super eam dixit illi: Noli flere. Lorsque Jésus-Christ étoit près de la porte de la pille,on, portdit en tørre un mort, fils unique d'une femme veuve ; et cette femme étoit accompagnée d'une grande guancité de personnes de la ville. Jésus-Christ l'éýant vie, il en fut touché, et il lui dit : Ne pleurez point. Saint Luc. chap. 7.

VOILA, chrétiens, dans un même sujet bien des sujets de compassion: une mère qui a perdu son fils, une femme privée par là de la plus douce espérance qui lui restoit, un jeune homme enlevé dès la fleur de son âge; un fils unique, seul héritier de sa famille, déchu tout-à-coup de toutes ses prétentions; enfin

une foule de monde qui accompagne le corps qu'on porte en terre, et qui prend part à cette triste cérémonie. Il y avoit là sans doute, dit saint Grégoire de Nysse, de quoi toucher le Sauveur des hommes; et il étoit difficile que le Dieu de charité et de miséricorde ne fût pas ému d'un appareil si lugubre et d'un spectacle si digne de pitié. Mais après tout, selon la pensée de saint Chrysostôme, un autre objet le touchoit encore bien plus sensiblement. La perte d'un fils, le deuil d'une mère, la mort d'un héritier, la désolation d'une veuve, ce n'étoient que des considérations humaines, trop foibles pour faire une grande impression sur le cœur d'un Dieu: mais ce qu'il ne put voir sans douleur, ce fut l'attachement excessif et tout naturel de cette mère à la personne de son fils; ce fut l'infidélité de cette femme, qui envisageoit la mort, non avec les yeux de la foi, mais par les yeux de la chair; ce fut le malheur de ce jeune homme surpris par un accident imprévu, et mort sans préparation. Or, pour m'attacher à ce dernier article qui me paroît plus essentiel et plus important, n'estce pas ainsi que meurent tous les jours tant de chrétiens, je veux dire, sans avoir pensé à la mort, sans s'être disposé à la mort; et qu'y a-t-il de plus déplorable que l'état d'un homme

« PreviousContinue »