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fondre avec le darwinisme, car celui-ci prétend expliquer le pourquoi de l'évolution, tandis que le transformisme se contente de constater un fait, sans essayer d'en déterminer la cause) rend parfaitement compte du parasitisme. Il prête encore un grand appui à la doctrine de la finalité, et base lui-même ses principes sur le parallélisme étonnant qui existe entre le progrès organique et le progrès géologique des espèces. Les grandes lignes de la vie apparaissent, dans les étages géologiques, suivant la même progression que dans les classifications naturelles des espèces actuelles. M. Proost demande, en terminant, si, au point de vue dogmatique, on peut admettre ce système, qui a pour lui de fortes présomptions.

M. Swolfs n'y voit pas d'impossibilité absolue; mais, quant à lui, il ne fait pas grand fond sur une théorie laissant encore tant de faits sans explication.

M. Proost répond que s'arrêter aux objections de cette espèce serait la ruine de toute science. L'hypothèse du transformisme a, sur l'ancienne hypothèse de la fixité des espèces, la même supériorité qu'a, en physique, l'hypothèse des ondulations sur celle de l'émission. Elle rend compte de toutes les anomalies inexplicables autrement, parmi lesquelles il faut citer les nombreux organes rudimentaires et inutiles.

Le transformisme est l'adaptation des organismes aux milieux changeants de la vie. M. Proost cite à ce propos l'ouvrage de M. Gaudry, Les enchaînements du monde animal, qui montre comment les pachydermes de l'époque tertiaire à doigts pairs et impairs ont engendré tous les types de nos animaux domesti

ques.

M. Delgeur rappelle une erreur de M. de Saporta, qui doit engager les naturalistes à se prononcer avec une grande circonspection.

M. Proost reconnaît que les naturalistes ne sont pas infaillibles, mais il insiste sur ce point que, sauf trois ou quatre exceptions, tous les grands botanistes de notre époque sont transformistes.

M. Delgeur cite trois cas d'erreurs reconnues sur des arbres faciles à étudier. Ne pourrait-on pas en constater un bien plus

grand nombre sur d'autres offrant plus de difficulté au contrôle des observateurs? Tant que l'on n'aura pas montré le fil reliant les espèces entre clles, le transformisme ne sera pas démontré.

M. Proost répond que les botanistes ont trouvé ce fil, même dans les espèces végétales supérieures. Il suffit de lire les travaux de Candolle et de Hooker pour s'assurer de la confusion inextricable d'un grand nombre d'espèces et de genres. De plus, les transitions ont été rencontrées dans les espèces animales inférieures. Les transformations de l'espèce dans le temps correspondent à ses transformations dans l'espace. Et ce qui est surtout remarquable, c'est que toutes les branches des sciences naturelles apportent des contributions à l'hypothèse transformiste.

M. Storms appuie les conclusions de M. Proost.

M. le Président remercie M. Proost de son intéressante communication.

La section procède ensuite au renouvellement de son bureau pour l'année 1881-1882.

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Mardi, 26 avril 1881. M. Proost signale à la section un lepidoptère australien de la famille des noctuelles, dont l'aspect rappelle notre « cordon rouge », et qui attaque les oranges mûres en perçant leur écorce au moyen de sa trompe. Cette trompe est un exemple frappant de l'analogie des organes les plus divers engendrée par leur adaptation aux mêmes fins. Elle ressemble à la tarrière abdominale des hymenoptères fouisseurs. Elle est fixe, barbelée comme une flèche à son extrémité, et forme une gouttière hérissée de pointes orientées dans différentes directions. L'insecte leur imprime un mouvement de rotation qui perfore et déchire profondément le fruit.

Une intéressante conversation s'engage entre M. le comte Fr. vander Straten-Ponthoz, Proost et Quirini sur le doryphora dont la propagation s'étend continuellement depuis une dizaine d'années, et contre l'invasion duquel des mesures de préservation sont indispensables. Ces mesures ont été prises en Allemagne et en Russie.

M. le comte vander Straten fait part à la section de nombreux cas de guérison de la Pleuropneumonie constatés par un agriculteur des environs de Nancy, à la suite d'un traitement homéopathique fourni par des religieux de la Trappe.

Répondant à une question posée par M. Quirini, M. Wood constate que la Trichinose apparaît de temps en temps en Allemagne, déterminée par l'emploi, dans l'alimentation, de lards importés d'Amérique.

M. le comte vander Straten a remarqué que la plupart des arbres qui avaient résisté aux froids intenses de l'hiver dernier sont morts cette année. Les pins maritimes ont particulièrement souffert.

M. Quirini pense que les couches superficielles ont seules été atteintes l'an dernier, et que la sève, montant facilement des couches profondes au printemps, s'est heurtée en automne aux couches superficielles privées de vie. Il compare les courants glacés qui se sont produits aux tranchées de chemins de fer. Il demande enfin comment il se fait que sur des feuilles de pêcher, placées sous abris volants et que la gelée avait atteintes, il se soit trouvé au matin une quantité de pucerons blancs.

M. Proost est d'avis que ces pucerons préexistaient. Il cite à ce propos la brûlure du lin, sur lequel M. Ladureau a trouvé également des pucerons.

Jeudi, 28 avril 1881. — Le R. P. Renard communique à la section le résultat d'observations faites par lui dans un récent voyage en Écosse. Il donne la coupe des terrains laurentiens et paléozoïques du nord de ce pays, qu'il a visités en compagnie de M. A. Geikie, directeur de la carte géologique de cette contrée. Il admet l'interprétation stratigraphique donnée par Murchison

pour expliquer la succession des roches dans la région comprise entre le cap Wrath et le Loch Broum.

M. de Lapparent est peu porté à admettre une structure stratigraphique aussi simple que celle préconisée par le Geological Survey; il croit que les idées de Nicol, qui fait appel à un système de failles, ont plus de probabilités que celles de Murchison qui considère les terrains cambriens et siluriens comme disposés normalement.

M. l'abbé Rachon présente la suite de l'étude qui a fait l'objet de sa conférence à l'assemblée générale du 27 avril. Il démontre que les fouilles faites à Mycènes par M. Schlieman fournissent la preuve d'une marche descendante suivie par la civilisation dans cette contrée. Abordant un autre point, il expose les transformations qu'a subies l'image de Minerve, épouse du Soleil dans la mythologie troyenne. La découverte du tombeau d'Agamemnon, dans l'acropole de Mycènes, à une profondeur de 10 mètres, est aussi expliquée par M. l'abbé Rachon, qui termine en faisant remarquer que la présence d'une masse de bronze au-dessous d'instruments de pierre est d'une grande importance en archéologie préhistorique.

Quatrième Section.

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Séance du 28 octobre 1880. M. le Dr Desplats, professeur à la Faculté de Lille, donne lecture d'un travail intitulé : De l'action de l'acide phénique sur la température des fébricitants. Basé sur de nombreuses observations comprenant surtout des cas de fièvre typhoïde et de variole, ce travail peut se résumer, d'après l'auteur lui-même, dans les conclusions suivantes :

1. L'acide phénique est un antipyrétique sûr, prompt et dont l'action est courte. Il peut être employé dans toutes les maladies febriles.

2. Il doit être manié avec hardiesse, quoique ses effets, au début surtout, doivent être surveillés.

3. L'administration intermittente, à doses massives, donne de meilleurs résultats que l'administration continue.

4. S'il est probable que les sueurs interviennent pour une part dans l'abaissement thermique, on ne peut dire que seules, elles le produisent, puisqu'elles manquent souvent.

5. Lorsqu'on recourt pendant longtemps à l'acide phénique, il faut surveiller l'état du cœur et des reins; quoique jusqu'ici aucun fait positif ne permette de dire que l'administration, longtemps continuée, de l'acide phénique amène la dégénérescence de ces organes.

La lecture de ce travail donne lieu à diverses observations. Contrairement à M. Desplats, M. Venneman pense que l'acide phénique agit comme antiseptique dans l'abaissement de la température. D'après les doses indiquées par M. Desplats, il se trouve à peu près au 1/20° p. %, dans le sang, et cette proportion est suffisante pour empêcher la fermentation.

M. Venneman fait ensuite la description d'un monstre humain, qui paraissait arrivé au sixième mois de vie intra-utérine.

Après lui, M. Willième décrit un autre monstre, né à terme, et dont les extrémités supérieures, comme les inférieures, manquaient de médius et d'index et n'avaient que les rudiments des autres doigts. Il n'y avait dans la famille aucune influence héréditaire.

A ce propos, M. le professeur Lefebvre cite le cas d'une dame qui mit au monde un enfant ayant le lobule des oreilles entièrement fendu. Il croit pouvoir en rapporter l'origine à la vive impression que fit sur la mère, pendant sa grossesse, la vue d'une personne dont les oreilles avaient été fendues par des pendants.

Enfin, la séance se termine par l'exposé de divers cas de névralgies du nerf trijumeau, symptomatiques d'affections cérébrales et dans lesquelles MM. Lefebvre et Willième n'ont obtenu qu'un soulagement momentané par le bromure de potassium. Le sulfate de cuivre vanté récemment contre les névralgies essentielles n'a point encore été suffisamment employé pour donner une appréciation exacte de ses effets.

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