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Jeudi, 27 avril 1881. M. le professeur Lefebvre, de Louvain, traite la question de l'hérédité pathologique. Depuis longtemps déjà, il recueille, au point de vue héréditaire, l'histoire de certaines affections organiques transmissibles: Surdi-mutité, cancer, épilepsie, affections mentales... Mais avant de connaître le coefficient d'hérédité, c'est-à-dire le nombre de cas transmis sur cent cas d'affections constatées chez les ascendants, il importe de réunir un grand nombre d'observations. Pour faciliter les recherches, M. Lefebvre forme un tableau comprenant les diverses conditions d'âge, de santé, de parents... Il fera connaître les résultats de ses études, quand ses recherches personnelles, jointes aux observations qu'il tiendra de la bienveillance de ses confrères, fourniront un chiffre assez imposant pour considérer ses coefficients comme très approximatifs.

Le Dr Cuylits, médecin de la maison de santé d'Evere, traite avec une compétence toute particulière la question de la responsabilité morale au point de vue scientifique. Il est arrivé parfois que des aliénés ont été condamnés comme de vulgaires criminels, et il faut, à tout prix, prévenir aujourd'hui ces sentences regrettables. La science peut venir en aide à la justice; et si elle n'a pas dit son dernier mot, il ne sera pas mauvais pourtant de citer l'opinion de quelques-uns de ses représentants les plus autorisés. Voici à ce propos quelques citations de M. Cuylits :

Déjà en 1844, le Dr Voisin disait que sur 25000 forçats dont se composait la population des bagnes, 23000 portaient la peine d'une organisation cérébrale défectueuse et incomplète.

En 1850, sur 1996 condamnés, Ferrus n'en trouvait que 37, jouissant d'une intelligence normale.

M. Benedikt, de Vienne, examinant le cerveau de 19 prisonniers hongrois, qui avaient subi la peine capitale, y trouva des anomalies telles que ces cerveaux se rapprochaient de ceux du chat, du renard et du singe. Aussi déclare-t-il que c'est une question vidée que de savoir si les criminels ont une conformation défectueuse du crâne.

M. Broca s'indigne à la pensée qu'un savant hésitât encore à déclarer que le criminel n'est pas un homme normal.

Boudier a trouvé sur 36 crânes d'assassins français, décapités, 42 lésions pour 100 et une quantité d'anomalies.

D'un autre côté, Hock-Tuck rapporte qu'en Angleterre, 168 criminels sont devenus manifestement fous en 1877.

Le Dr Lunier, inspecteur général des prisons de France, dit qu'il y a dans les prisons un grand nombre de criminels reconnus aliénés, et il estime qu'un quart, au moins, l'était déjà lors de leur condamnation. Aussi, quelques maisons centrales se voient-elles forcées d'annexer un refuge à la prison.

Le Dr Hurel se plaint de la détention des épileptiques dans les prisons en France, et le Dr Cuylits croit pouvoir déplorer une pareille situation en Belgique.

Se plaçant à un autre point de vue, le Dr Lombroso a étudié la forme et les dimensions du crâne des condamnés.

Il résulte de ces recherches que la microcéphalie y est fréquente et coexiste souvent chez les assassins et les meurtriers avec la brachycéphalie. La saillie des pommettes, la prédominance du pragnatisme achèvent de les caractériser. En un mot, d'après Lombroso, les assassins et les meurtriers se rapprochent des races inférieures et des hommes préhistoriques.

Rappelant, en passant, un discours prononcé il y a quelques mois par M. Tyndall, M. Cuylits rapporte que le directeur d'un grand pénitencier d'Angleterre, dans un entretien avec ce savant, partageait les prisonniers en trois classes: la première comprend les prisonniers accidentels; la deuxième, ceux qui, privés de direction morale, deviennent, selon les circonstances, de bons ou de mauvais sujets; la troisième, les incorrigibles, de par leur organisation défectueuse. Voici, d'après ce directeur, le remède à proposer pour chacune de ces classes: mettre la première en liberté; faire instruire la deuxième; jeter la troisième à la mer. Là-bas comme ici, on admet donc la fatalité organique, congénitale ou acquise. On sait qu'il faut entendre par cette dernière celle qu'entraînent certaines affections telles que la syphilis, l'épilepsie, certaines habitudes, l'alcoolisme ou enfin le traumatisme. Mais il y a une classe de criminels dont M. Cuylits n'a pas encore parlé. Il s'agit des faussaires, des faux monnayeurs, des

voleurs... A ceux-là il accorde une entière responsabilité. D'ailleurs le nombre des irresponsables est, pour lui, tellement grand qu'il embrasse presque toute la criminalité. Partant de cette idée que les criminels sont des malades, on conçoit que la prison ne peut être le remède à apporter au mal. Ce remède, c'est l'école, c'est l'asile et M. Cuylits constate qu'il est en communauté d'idées avec le récent congrès de Stockholm et le congrès qui s'est réuni à Cincinnati en 1870, bien que certaines de leurs conclusions lui paraissent trop timides encore.

On le voit, le travail de M. Cuylits est riche de faits et de réflexions. Mais comme nous n'avons pas à en faire la critique, nous devons nous borner à ce simple compte rendu. Nous rendons hommage à l'ardeur des convictions de notre confrère, mais nous lui en laissons toute la responsabilité.

La quatrième section, appelée à constituer un nouveau bureau pour l'année 1881-1882, a nommé :

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M. Gisler émet différentes idées relatives à l'assainissement des villes. M. Gisler préconise l'établissement de coupe-air à tous les regards d'égout, dans les rues et dans les habitations ainsi que de hautes cheminées comme exutoires, pour le cas de forte pression atmosphérique et comme prises d'air pour les collecteurs; pour l'écoulement des eaux d'égout, continuer le collecteur des villes jusqu'au fleuve le moins éloigné, par un petit canal, voûté à proximité des agglomérations et à ciel ouvert en rase campagne. Les cinq sixièmes du déblai de ce canal seraient versés d'un côté et le restant de l'autre, pour servir de digue; au centre, du grand remblai, on ménagerait une large rigole, dont le fond serait

recouvert d'une couche de terre glaise de 30 centimètres d'épaisseur, à 1a,50 environ au-dessus du niveau des terres ou des prairies voisines, lesquelles pourraient être irriguées au moyen de

vannes.

L'utilité de pareille irrigation est incontestable; mais il n'en faut pas abuser, comme dans l'essai tenté en Angleterre; le sewage ne doit être qu'une addition d'engrais; il ne le faut employer que cinq ou six fois par an et le répartir sur de grandes surfaces.

Il est grandement à souhaiter que l'on arrive à ce double résultat: fertiliser les campagnes et cesser de vicier les rivières par les boues des villes. Les eaux de la ville de Bruxelles, mises à la disposition de la Campine, pourraient augmenter la fertilité de 8,000 hectares. Il suffirait pour cela que le Gouvernement aidât la ville à continuer jusqu'au Rupel le canal commencé; ces travaux ne coûteraient pas plus de 1,600,000 francs et à partir du Rupel, l'initiative privée ne ferait pas défaut pour les compléter. M. Gisler soumet à la section une brochure publiée par lui il y a quelques années, dans laquelle sont décrits trois systèmes d'irrigation par les eaux de sewage.

M. le comte vander Straten-Ponthoz constate les merveilleux résultats obtenus en différents endroits, dans la culture maraichère, par la mode d'irrigation précité; mais il ne croit pas que l'on puisse amener en Campine les eaux de Bruxelles. Les divers projets qui ont été présentés à ce sujet sont tous impraticables à cause des frais considérables qu'ils nécessiteraient. Aussi les idées semblent-elles plutôt se porter à présent sur la solidification des matières fécales. En cet état, le transport en serait plus facile et plus économique.

Après un échange d'explications sur ce sujet entre MM. Bareel, vander Straten et Gisler qui promet encore de revenir sur cette question, la séance est levée.

ASSEMBLÉES GÉNÉRALES

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU JEUDI 28 OCTOBRE 1880.

Il y a plus d'une année déjà que les publications scientifiques nous parlent de la matière radiante. On a donné ce nom, non pas à un fluide nouveau, ni même à un état absolument inconnu de la matière, mais au résidu gazeux que nos pompes pneumatiques les plus puissantes ne parviennent pas à extraire des tubes où l'on s'efforce de réaliser le vide absolu.

On connaît les belles expériences faites par M. W. Crookes, de la Société royale de Londres, devant les membres de l'Association Britannique réunis en congrès à Sheffield. Elles ont été bien souvent décrites; mais jusqu'ici elles n'avaient été reproduites, en dehors des iles Britanniques, que devant un très petit nombre de savants. Ce sont ces mêmes expériences que le R. P. Thirion a inaugurées aujourd'hui en Belgique, devant les membres de la Société scientifique de Bruxelles.

Après avoir exposé brièvement, en l'appliquant à l'interprétation des mouvements du radiomètre, la théorie de la constitution des gaz, telle qu'elle résulte des principes de la thermodynamique, le conférencier a fait voir la série des phénomènes qui se passent dans un tube éclairé par l'étincelle d'induction et où le vide est rendu de moins en moins parfait. Non-conductibilité électrique du vide, phosphorescence du tube au moment de la décharge, lueur nuageuse et stratification pour un vide moins parfait, enfin ligne continue de lumière, allant d'un pôle à l'autre, pour un vide moins parfait encore.

Reprenant ensuite ces phénomènes un à un, il a montré à

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