Les destinées: poëmes philosophiques

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M. Lévy frères, 1864 - 191 pages
 

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Page 178 - Dans le caveau des miens plongeant mes pas nocturnes, J'ai compté mes aïeux, suivant leur vieille loi. J'ouvris leurs parchemins, je fouillai dans leurs urnes Empreintes sur le flanc des sceaux de chaque Roi. A peine une étincelle a relui dans leur cendre. C'est en vain que d'eux tous le sang m'a fait descendre; Si j'écris leur histoire, ils descendront de moi.
Page 101 - Si tu peux, fais que ton âme arrive, A force de rester studieuse et pensive, Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté. Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche, Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler. Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.
Page 35 - Ta parole joyeuse a des mots despotiques ; Tes yeux sont si puissants, ton aspect est si fort, Que les rois d'Orient ont dit dans leurs cantiques Ton regard redoutable à l'égal de la mort ; Chacun cherche à fléchir tes jugements rapides... — Mais ton cœur, qui dément tes formes intrépides, Cède sans coup férir aux rudesses du sort.
Page 97 - J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, Et je vois au delà quatre formes légères Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères, Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux, Quand le maître revient, les lévriers joyeux. Leur forme était semblable et semblable la danse : Mais les enfants du loup se...
Page 127 - Une terreur profonde, une angoisse infinie Redoublent sa torture et sa lente agonie. II regarde longtemps, longtemps cherche sans voir. Comme un marbre de deuil tout le ciel était noir. La Terre sans clartés, sans astre et sans aurore, Et sans clartés de l'âme ainsi qu'elle est encore, Frémissait. — Dans le bois il entendit des pas, Et puis il vit rôder la torche de Judas.
Page 35 - C'est pour qu'il se regarde au miroir d'une autre âme , Qu'il entende ce chant qui ne vient que de toi : — L'enthousiasme pur dans une voix suave. C'est afin que tu sois son juge et son esclave Et règnes sur sa vie en vivant sous sa loi.
Page 97 - Nous allions pas à pas en écartant les branches. Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient, J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, Et je vois...
Page 147 - Un soir enfin, les vents qui soufflent des Florides L'entraînent vers la France et ses bords pluvieux. Un pêcheur accroupi sous des rochers arides Tire dans ses filets le flacon précieux. Il court, cherche un savant et lui montre sa prise, Et, sans l'oser ouvrir, demande qu'on lui dise Quel est cet élixir noir et mystérieux.
Page 125 - Pourquoi l'âme est liée en sa faible prison, Et pourquoi nul sentier entre deux larges voies, Entre l'ennui du calme et des paisibles joies Et la rage sans fin des vagues passions, Entre la léthargie et les convulsions; Et pourquoi pend la Mort comme une sombre épée...
Page 40 - J'abandonnais au vent mes cheveux tout entiers : Je suivais dans les cieux ma route accoutumée, Sur l'axe harmonieux des divins balanciers. Après vous, traversant l'espace où tout s'élance, J'irai seule et sereine, en un chaste silence Je fendrai l'air du front et de mes seins ailiers.

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