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avons fait surtout, dans la première partie du « Règlement, » consacrée à l'exposé des raisons de l'institution du Synode. Nous ne doutons point que, de nos jours, le noble et ferme langage du Patriarche martyr n'ait plus de poids, en Russie même, que les argumentations de l'Évêque également en faveur auprès de Pierre Ier, de Catherine Ire, de Pierre II, et de l'Impératrice Anne. Le second ouvrage cité dans les notes, et dont nous devons relever ici l'importance, c'est la Dissertatio de religione Ruthenorum hodierna 1, dédiée comme présent de noces « loco yapŋaloʊ » au grand-duc Pierre Féodorovitch, depuis Pierre III, à l'occasion de son mariage avec la princesse Sophie d'AnhaltZerbst, celle qui fut plus tard Catherine II. L'auteur de la Dissertatio, Guillaume-Frédéric Lütiens, que nous avons déjà cité plus haut, ne se doutait pas que ce mariage célébré « Russia omni, Holsatiâ, Ascaniâ, Germaniâ, Europâ, Asiâ, applaudentibus, congratulantibus », et qui était destiné à donner « des Césars et des autocrates jusqu'à la fin du monde, Cæsares et autocratores ad finem usque mundi daturum, » devait avoir une issue fort tragique, l'assassinat de Pierre... Mais si Lütiens se trompait. dans ses prévisions, nous ne croyons pas qu'il se trompât en essayant d'établir dans sa Dissertation que la religion des Russes, non point l'ancienne, mais la moderne, « celle établie et purifiée par le très-glorieux Pierre, conformément au texte sacré, et à l'antique et plus pure Église « se rapprochait tout à fait de la religion évangélico-luthérienne 2. » Montrant une remarquable franchise, Lütiens exprime sans détours, avec ses vœux très-ardents

(1)... Dissertatio historico-ecclesiastica de religione Ruthenorum hodierna quam... in alma Georgia Augusta præside Jacobo Guilielmo Feuerlino A. D. XXXI Julii A. 0. R. MDCCXLV publice ventilandam proponit autor respondens Guilielmus Fridericus LÜTIENS, Holsatus, SS. Theol, Stud. Gottinge (1745) typ. Jo. Frid. Hager, in-4. Cette dissertation est parfois citée, par erreur, sous le nom de Feuerlein.

(2) .... Religionem Ruthenorum hodiernam a gloriosissimo Petro ad normam Codicis sacri et Ecclesiæ Christianæ antiquioris et purioris feliciter instauratam et purgatam... Ad nostram vero Evangelico-Lutheranam, QUAM PROXIME accedere LÜTIENS, op. cit. p. VII et 70.

pour que le grand-duc poursuive l'œuvre de Pierre, ses espérances que l'Église russe s'unisse une bonne fois à l'Église évangélico-lathérienne. La Dissertation n'a d'autre but que d'aplanir les difficultés s'opposant à cette union; pour les faire disparaître, Lütiens examine, surtout à l'aide du « Règlement ecclésiastique » et du Catéchisme de Prokopovitch, dit de Pierre le Grand, en quoi les deux religions s'accordent, et combien il serait facile de faire disparaître les désaccords apparents, qui subsistent encore. Ainsi, parlant du dogme de la procession du Saint-Esprit, il dit tenir de source très-sure « que la cour Impériale de Russie d'aujourd'hui n'est pas éloignée de notre dogme de la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils. Et, parlant du culte des saints et des images, que Pierre n'avait pas défendus: « On doit le ranger, dit Lütiens, parmi ces restes des anciennes corruptions, que le très-glorieux Empereur Pierre ne pouvait ou ne voulait pas encore extirper, se conformant, dans sa conduite, à la même règle de prudence, qui avait inspiré le bienheureux Luther, lorsque ce dernier pensait et disait qu'il fallait d'abord arracher les images du cœur en enseignant au peuple que c'est la foi seule qui nous rend agréables à Dieu 2. »

(1) « Summe venerandum præsidem meum (J. Guill. Feuerlein) gravissimo testimonio edoctum esse, aulam imperialem Ruthenicam hodiernam, a dogmate nostro de Processione spiritus sancti a Patre et Filio non esse alienam. » Id. ib. XIX, p. 43.

(2) ... Haec omnia reliquiis veterum corruptelarum annumeranda sunt, quæ gloriosissimus Imperator penitus extirpare vel non poterat, vel nondum volebat ex regula illa prudentiæ, qua ductus B. LUTHERUS noster imagines primum ex animo remorendas duxerat populumque docendum sola fide nos Deo placere.»LÜTIENS, op.cit. ¿ XXI, p.62-63. Nous avons remarqué avec satisfaction que Lätiens, et avec lui beaucoup d'autres Protestants qui croient sur ce point comme les Catholiques, considèrent le désaccord entre nous et les Grecs, comme un malentendu. Dans l'Avenir de l'Église russe, nous avons appuyé notre conviction à ce sujet sur un document très-important émané du Synode de Russie. Dans the Pope of Rome, etc. p. 4-5 (éd. fr., p. 8-7) nous avons cité un important travail du P. Victor de Buck, S. J., publié dans les Etudes de 1857 sous le titre : Essai de conciliation sur le dogme du Saint-Esprit, et rédigé d'après l'examen des Catéchismes de l'Église orthodoxe. Nous y avons aussi rapporté in extenso une série de propositions, en forme de canons, proposées par le savant Bollandiste, dans le but d'exclure tout malentendu ultérieur.

Nous n'ajouterons rien au sujet de cette Dissertation de Lütiens. L'importance, pour le sujet qui nous occupe, en est manifeste; elle ressort d'ailleurs du titre même de l'écrit, et des sources auxquelles Lütiens a puisé ses connaissances sur la religion des Russes de son temps.

Les autres ouvrages dont nous nous sommes servi, et les sources auxquelles nous avons puisé, à notre tour, sont indiquées avec soin dans les notes. Notre source principale a été la Collection complète des lois de l'Empire russe dont la publication a commencé en 1830. Elle est divisée en deux séries: la première contient les lois promulguées, à partir de l'année 1649, jusqu'à l'année 1825; elle s'ouvre par l'Oulojénie du Tsar Alexis Mikhailovitch, qui abolit toutes les lois préexistantes, et se poursuit jusqu'au 12 décembre 1825, jour où fut signé le Manifeste de l'Empereur Nicolas, concernant la succession au trône. Cette première série contient, outre quarante volumes de texte, cinq volumes d'Appendices. La deuxième série se continue encore, mais ici on trouve à la fin de chaque volume, les Indicateurs chronologique et alphabétique des lois qu'il contient. En citant les lois, nous avons mis entre parenthèses le numéro d'ordre sous lequel elles sont classées, soit dans le texte de la Collection, soit dans l'Indicateur chronologique. Nous avons aussi, très-souvent du moins, conservé dans la citation des ukases. la qualification de nominal, qui sert à désigner les ukases émanant directement du Tsar. Les dales indiquées sont celles du calendrier russe, en retard de onze jours sur le nôtre.

Si, dans la Collection complète, nous avons étudié l'Église russe et la Russie du temps de Pierre, c'est surtout dans le Code des lois de l'Empire russe que nous avons étudié l'Église russe et

(1) Полное Собраніе Закоповъ Россійской Имперіи. suiv.

Saint-Pétersbourg, 1830 et

la Russie d'aujourd'hui1. La codification des lois russes, annoncée par un ukase de Pierre er en date du 18 février 1700, ne fut accomplie que sous le règne de Nicolas. La première édition du Code est de 1832, la seconde de 1842, la troisième de 1857. Cette dernière édition contient quinze volumes de texte, et un Indicacateur alphabétique formant un volume à part.

Avant de conclure, nous croyons remplir un devoir en déclarant ici que notre travail a été singulièrement facilité par les indications de toute sorte que nous avons trouvé dans l'ouvrage, déjà cité, de Pierre Pékarski, et qui nous ont mis sur la voie de recherches ultérieures.

(1) La situation de l'Église russe, et particulièrement celle de son clergé forme le sujet de nombreux écrits, publiés hors de Russie. Signalons entre autres :

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Описаніе сельскаго Духовенства. Description du clerge de campagne (Paris, Franck, 1858). Une traduction abrégée de cet ouvrage, parut sous le titre : Tableau d'une Église nationale d'après un pope russe, par M. l'abbé DELIÈRE (Paris, Palmé, 1862). Русское ДуxовеHство. Le clergé russe (Berlin, 1859). устройствѣ духовныхъ училицъ въ Россіи. De Vorganisation des écoles ecclesiastiques en Russie (Leipzig, Wagner, 1863). SCHEDO-FERROTI. La tolérance et le schisme religieux en Russie. (Berlin. Behr, 1863). О православномъ бѣломъ и черномъ Aуxовенств вь Poccia. Du clergé orthodoxe blanc et noir en Russie (Leipzig, Wagner, 1866). GAGARIN (Rév. P.). Le clergé russe, 2o édit. française (Bruxelles, Goemaere, 1871) et, en anglais : The Russian clergy (London, Burns & Oates, 1872). ECKARDT, Modern Russia (London, 1870), etc., etc.

(2) Сводъ Законовъ Россійской Имперіи, tomes I-XV. - Алфабитный Указатель, t. XVI. Pour le continuation du Code, et pour la manière de s'en servir, voir plus loin p. 196, note.

Dans la Table analytique, rédigée de façon à rendre cet ouvrage une sorte de Répertoire de ce qui se rapporte à la question religieuse de Russie, nous avons complété plusieurs renseignements que le lecteur était en droit d'exiger. Nous avons corrigé, en même temps, quelques erreurs qui nous sont échappées soit par inadvertence, soit pour nous être fié à d'autres auteurs comme, par exemple, celle d'avoir dit, à p. 231, note (2), 1. 8, de Saint Yaroslaff, au lieu de Yakovlevski. D'autres ont été relevées dans l'Errata ; enfin, si quelque date des ukases a été citée dans l'ouvrage d'une façon inexacte, le lecteur la trouvera rectifiée dans la liste des ukases, donnée dans la Table analytique.

POUR L'ÉTABLISSEMENT DU COLLEGE ECCLÉSIASTIQUE (SYNODE)

NOUS PIERRE PREMIER

PAR LA GRACE DE DIEU

Tsar et Autocrate de toutes les Russies, etc., etc., etc.

Au milieu des nombreuses sollicitudes que l'autorité reçue de Dieu Nous impose pour l'amélioration de notre peuple et des autres royaumes qui Nous sont soumis, notre attention s'étant aussi portée sur l'état ecclésiastique, et ayant remarqué en tout ce qui le concerne beaucoup de désordre et de grands défauts, Notre conscience nous a fait craindre, et non sans fondement, de paraître ingrat envers le Très-Haut, si, après avoir été si puissamment secondé par Lui dans la réforme de

EDICTUM

INDULGENTE DIVINA GRATIA

NOS PETRUS PRIMUS

Tzar et Auctocrator totius Rossiae, etc., etc., etc.

Inter tot tantasque, quas summa a Deo Nobis concredita potestas a Nobis efflagitabat, curas, ut populum Nostrum, ita alia ditioni Nostrae subjecta Regna emendandi, cum obtutum Nostrum in ordinem etiam sacrum defiximus, atque in eo multa perperam et prepostere agi, magnamque in ejus rebus gerendis inesse imperfectionem deprehendimus; non vano certe in conscientia Nostra metu sumus perculsi, ne adversus supremum Numen ingrati esse videamur, si Nos, qui ope ejus instructi, tot tamque egregios in re militari et civili reformanda fecerimus progressus, omni sacrum ordinem

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