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PHILOSOPHIE RELIGIEUSE

ET

MORALE

AVANT-PROPOS

Nous réunissons dans ce volume une série d'écrits d'origine. différente et d'autorité ou de valeur littéraire fort inégale, et que la plupart de nos lecteurs seront probablement étonnés de voir mêlés ensemble. Cela demande un mot d'explication.

D'après le plan adopté pour le présent ouvrage, les trois premières parties du recueil que nous appelons l'Ancien Testament comprennent tout le code sacré (le canon) de la synagogue, tel qu'il avait été rédigé et officiellement reçu, au plus tard, dans le courant du siècle qui suivit la conquête macédonienne, et tel qu'il existait du temps de Jésus et des apôtres, sous le nom, fréquemment répété dans les écrits de ces derniers, de la Loi et des Prophètes. C'était en effet: 1° le corps des livres dits mosaïques; 2o l'histoire nationale, continuée jusqu'à l'époque de la destruction du premier temple, et racontée au point de vue du prophétisme et de la théocratie; enfin 3o la collection des discours des prophètes eux-mêmes, dont les plus anciens remontaient au huitième siècle et peut-être au-delà, tandis que le plus récent appartenait au cinquième.

A. T. 6 part.

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A côté de ce recueil officiel, de cette Bible juive, il existait encore un petit nombre d'autres livres, dont quelques-uns fort anciens déjà, faibles débris d'une littérature autrefois bien plus riche, et qui avaient heureusement échappé à toutes les chances de destruction, si fréquentes et si fatales dans ces temps-là. On les conservait soigneusement à cause de leur valeur intrinsèque, en partie aussi à cause de leur ancienneté même. Plusieurs d'entre eux acquirent peu à peu une dignité, si ce n'est égale à celle du code, en ce qu'on n'en faisait pas un usage public1, du moins suffisamment reconnue dans les écoles pour qu'on les citât comme des autorités. Il se passa plusieurs siècles avant que le catalogue des écrits qui devaient jouir de ce privilége fût définitivement arrêté. Car nous savons que les docteurs juifs n'étaient pas entièrement d'accord sur cette matière, encore après la ruine du second temple. Quoi qu'il en soit, il arriva un moment où, dans cette sphère, la liste fut close, et dès lors la Bible hébraïque comprit, comme complément de l'ancien code (Loi et Prophètes), une dernière série de livres, qu'on désigna simplement par le terme assez vague des Écrits, lequel, tout honorifique qu'il pouvait être, ne les assimila pourtant pas aux deux autres parties. Cette collection additionnelle se composait: 1° des trois livres poétiques (considérés comme tels exclusivement), Psaumes, Proverbes et Job; 2o des cinq opuscules, réunis sous le titre spécial des rouleaux: Cantique, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste et Esther; 3° du livre de Daniel; 4° de ceux dits d'Esdras, de Néhémie et des Chroniques. Toutes les autres productions littéraires des derniers siècles, pendant lesquels les écrivains se servaient encore de l'ancien idiome national, restèrent exclues, et finirent ainsi par tomber dans l'oubli et par se perdre. Tel fut le sort du livre de Jésus fils de Sirach, des Histoires de Tobie et de Judith, de celle des Maccabées, et du livre dit de Baruch.

Mais ces livres avaient été traduits en grec, comme l'avaient été aussi tous ceux du canon officiel, tant ancien que complété. Les traducteurs furent principalement des Juifs d'Alexandrie,

A cet égard, les Psaumes seuls firent exception dès un temps antérieur au christianisme. Pour ce qui est des autres livres, nous n'avons pas de donnée positive au sujet de l'époque où la synagogue en régla la lecture. Ceci est vrai même pour Ruth, Esther et les Lamentations, qui paraissent avoir été les premiers lus régulièrement à certains jours fériés, en dehors de la Loi et des Prophètes.

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