Select tales by modern French writers, Volume 5

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Gustave Masson
Clarendon Press, 1886 - 260 pages
 

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Popular passages

Page 256 - Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps; Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur, Ce n'est pas un concert à dilater le cœur. Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.
Page xi - Rabelais sont inexcusables d'avoir semé l'ordure dans leurs écrits : tous deux avaient assez de génie et de naturel pour pouvoir s'en passer, même à l'égard de ceux qui cherchent moins à admirer qu'à rire dans un auteur. Rabelais surtout est incompréhensible. Son livre est une énigme , quoi qu'on veuille dire, inexplicable : c'est une chimère, c'est le visage d'une belle femme avec des pieds et une queue de serpent , ou de quelque autre bête plus difforme : c'est un monstrueux assemblage...
Page 12 - On s'aperçoit bien en gros que l'homme est double ; mais c'est, dit-on, parce qu'il est composé d'une âme et d'un corps; et l'on accuse ce corps de je ne sais combien de choses, mais bien mal à propos assurément, puisqu'il est aussi incapable de sentir que de penser.
Page 28 - ... l'herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami. La destruction insensible des êtres et tous les malheurs de l'humanité sont comptés pour rien dans le grand tout. — La mort d'un homme sensible qui expire au milieu de ses amis désolés, et celle d'un papillon que l'air froid du matin fait périr dans le calice d'une fleur, sont deux époques semblables dans le cours de la nature. L'homme n'est rien qu'un fantôme, une ombre, une vapeur qui se dissipe dans les airs...
Page 12 - Je me suis aperçu, par diverses observations , que l'homme est composé d'une âme et d'une bête. — Ces deux êtres sont absolument distincts, mais tellement emboîtés l'un dans l'autre, ou l'un sur l'autre, qu'il faut que l'âme ait une certaine supériorité sur la bête pour être en état d'en faire la distinction. Je tiens d'un vieux professeur ( c'est du plus loin qu'il me souvienne) que Platon appelait la 'matière l'autre.
Page 31 - Je ne le suis point, sur mon honneur; — non, je ne suis pas musicien ; j'en atteste le ciel et tous ceux qui m'ont entendu jouer du violon. Mais, en supposant le mérite de l'art égal de part et d'autre, il ne faudrait pas se presser de conclure du mérite de l'art au mérite de l'artiste.
Page 132 - Orcades qui sont rangées 35 comme les tuyaux d'un orgue immense, et répandent, sur l'Océan, une harmonie déchirante et mille fois prolongée dans la caverne où les vagues sont enfermées. La musique se traduisait ainsi en sombres images dans mon âme, bien jeune encore, ouverte à toutes les sympathies et comme amoureuse de ses douleurs fictives.
Page 75 - ... j'allais être la cause d'une querelle entre les deux amies, quand on annonça une visite : je me glissai derrière le paravent; je m'échappai ; je courus dans ma chambre, où un déluge de larmes soulagea un instant mon pauvre cœur. C'était un grand changement dans ma vie, que la perte de ce prestige qui m'avait environnée jusqu'alors ! Il ya des illusions qui sont comme la lumière du jour; quand on les perd, tout disparaît avec elles. Dans la confusion des nouvelles idées qui m'assaillaient,...
Page 214 - Réfléchissant depuis à cette verrue, je me suis imaginé que 30 tous les gens susceptibles ont ainsi quelque infirmité physique ou morale, quelque verrue occulte ou visible, qui les prédispose à se croire moqués de leur prochain. Ne riez pas devant ces gens-là : c'est rire d'eux ; ne parlez pas de loupe ni de bourgeon: c'est faire des allusions; jamais de Cicéron, de 35 Scipion Nasica: vous auriez une affaire.
Page 219 - ... si l'excès de mon indignation en comprime et en retarde l'expression. Je dirai même que l'expression me manque pour qualifier ..." Ici une mouche ... un souffle de fou rire parcourut mon visage. Il se fit de nouveau un grand silence. Enfin M. Ratin se leva. " Vous allez, monsieur, garder la chambre pendant deux jours, pour réfléchir sur votre conduite, tandis que je réfléchirai moi-même au parti que je dois prendre dans une conjoncture aussi grave ...

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