à ce manuscrit, portant autrefois le n° 344, que se réfèrent les variantes signalées au bas des pages sous le sigle M; elles désignent non le manuscrit lui-même que je n'ai pu consulter, mais l'édition, ou plutôt l'impression faite à Constantinople par M. Chrestos Papaioannou. Le manuscrit est du xvII° siècle, mais j'ai peine à croire qu'il faille le rendre responsable de toutes les bévues qui déparent l'édition de Constantinople. Celles-ci doivent provenir, pour la plupart, des inadvertances de M. Papaioannou. Quoi qu'il en soit, ce manuscrit sera cité d'après l'imprimé paru, pour le premier discours, dans ̓Αλήθεια (Constantinople, 1880), pp. 5-6, 18-19, 3435, 51; pour le second discours, dans ̓Αλήθεια encore, pp. 67-68, 106, 120121, 135-137, 151-153, 201-202, 217-218, 269-270; enfin, pour le troisième discours, dans ̓Αλήθεια, p. 270-271, et dans Ἐκκλησιαστικὴ ̓Αλήθεια, tom. 1 (1881), p. 158-162. La seule bibliothèque du Métochion contient plusieurs autres copies des mêmes discours, mais il m'est impossible, ainsi que je le rappelais tout à l'heure, d'utiliser actuellement mes anciennes notes et de fournir de plus amples précisions. Il importe, avant de finir, de mettre le lecteur en garde contre une méprise dont j'ai été victime, sur la foi des éloges décernés, dans la Geschichte der byzantinischen Litteratur, par le Dr A. Ehrhard, à un prétendu recueil des discussions conciliaires de Ferrare formé par Théodore Gaza (+1475) et conservé dans le cod. Paris. 1287. On trouve bien, il est vrai, dans ce manuscrit, fol. 85-132, certains documents sur le Purgatoire précédés de ce double titre, fol. 85 : + Περὶ τοῦ καθαρτηρίου πυρὸς μετὰ θάνατον. + Ἀπολογία Γραικῶν πρὸς Λατίνους, ἐν Φεραρρίᾳ, σχεδιασθεῖσα ὑπὸ Θεοδώρου τοῦ Γαζή. Mais ces documents ne sont qu'un mauvais pastiche des trois discours de Marc, qu'ils ne résument nullement, comme on pourrait s'y attendre, mais qu'ils tronquent de la plus déplorable façon, au point d'en rendre souvent la lecture inintelligible. A tenir compte de ce manuscrit, c'est une nouvelle édition de nos trois discours qu'il eût fallu donner, sans aucun profit pour le lecteur. Aussi ai-je dù me résoudre à laisser ce recueil de côté. Il est fort possible que Théodore Gaza ait entrepris une œuvre de ce genre; mais quiconque prendra la peine de lire le Paris. 1287 se refusera à y reconnaître la main du célèbre humaniste. Sans être encore en mesure de le prouyer, je soupçonne liser. 1° Vatic. Palat. 403, saec. xvi, fol. 1-67, contenant les trois discours de Marc dans le même ordre que ceux de la seconde classe; 2o Vindob. philos. 224 (Nessel), fol. 18-54, le premier discours, et fol. 54-63, le troisième; 3o Esphigmenou 95 (Athous 2108), no 6, contenant les trois mêmes discours; 4o Iviron 388 (Athous 4508), saec. xvi, fol. 708-720, contenant également les trois homélies publiées ci-après; 5o Neapolit. Borbon. 40 (II. B 6), les trois mèmes homélies prononcées à Ferrare; 6o Ambrosian. 764 (Z 192, sup.), fol. 1-37, les trois discours; 7o Ambrosian. 896 (C 256, inf.), fol. 193-218, item. dans ce travail informe un faux du copiste Darmarios, qui n'en serait pas à son premier exploit. J'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir, dans un prochain fascicule, sur ce même manuscrit, à propos d'une autre série de documents dont la compilation y est également attribuée à Théodore Gaza. Le lecteur trouvera, en regard du texte, une traduction latine aussi exacte que possible. Je n'ai pas craint, pour le second morceau, de retoucher, quand la chose m'a semblé utile, la traduction de Vulcanius dans le recueil de Saumaise, d'après laquelle ce traité était généralement cité. Sur plus d'un point, mon interprétation diffère de la sienne, et s'il y a erreur de ma part, il ne sera que juste de m'en tenir rigueur; je n'ai rien négligé, il est vrai, pour bien saisir les nuances de sens parfois très subtiles tant des discours que de la Responsio, mais il est si facile, en pareille matière, de se laisser surprendre! Malgré leurs inévitables imperfections, ces quelques pages seront sans doute bien accueillies des théologiens et des controversistes, à qui elles permettront de mieux comprendre la pensée des dissidents touchant le Purgatoire, et d'y apporter, le cas échéant, les réponses adéquates. Il leur sera d'autant plus aisé désormais de mener à bien cette œuvre méritoire, que la question se trouve très nettement posée dans nos documents et discutée, de part et d'autre, avec une égale richesse de textes et d'arguments. Le dogme catholique est exposé, sous le n° I, avec une concision toute théologique. Entre les élus du ciel, y est-il dit, et les damnés de l'enfer, il existe une catégorie intermédiaire de fidèles défunts: ce sont ceux que la mort a surpris avant qu'ils aient pu acquitter totalement leurs dettes envers la justice divine, et qui, par suite, doivent subir au sortir de cette vie une expiation plus ou moins rude et prolongée, suivant la gravité et le nombre des péchés commis et non encore entièrement effacés quant à la peine temporelle, peine que peuvent d'ailleurs alléger ou faire disparaître le saint sacrifice de la messe, les prières et les autres bonnes œuvres des vivants. Cette épreuve purificatrice commence, pour chaque âme, immédiatement après la mort; pour toutes indistinctement, elle se trouvera achevée au jour du jugement final qui ne laissera subsister que deux états opposés, tous deux éternels et immuables, le ciel et l'enfer. A l'appui de cette doctrine, le document en question cite quelques textes de l'Écriture et des Pères et termine par un argument de raison tiré des exigences de la justice divine. Composé en latin et inséré avec de graves omissions par André de Santa-Croce dans l'un de ses entretiens sur le concile de Florence, ce monument paraît ici dans son intégrité, accompagné de la traduction grecque faite au moment même des conférences de Ferrare. Comme le texte latin doit être tenu pour le seul officiel, on a cru devoir marquer ce caractère en l'imprimant au haut de la page, par une infraction voulue à l'uniformité typographique observée dans le reste du volume. A cet exposé des Latins, les Grecs ne tardèrent pas à répliquer, et nos documents II et III représentent précisément leur double riposte, l'une privée, émanant de Marc d'Éphèse; l'autre officielle, rédigée en commun par ce même Marc d'Éphèse et par Bessarion de Nicée. Comme ce point d'histoire a été pleinement élucidé plus haut, il est inutile d'y revenir ici. La réplique grecque, fort habile, est purement négative: elle se borne à réfuter les arguments des Latins et n'expose la croyance de l'Église orientale qu'indirectement et par voie de conséquence. Après un exorde conciliant, elle essaie de démontrer l'impossibilité d'un lieu distinct, intermédiaire entre le ciel et l'enfer; le feu du purgatoire, affirme-t-elle, ne repose sur aucun fondement scripturaire ou patristique, et les textes produits en sa faveur portent tous à faux. Elle formule, pour finir, une série d'arguments contre la thèse catholique. On trouvera, sous le n° IV, la réponse des Latins à ce mémoire des Grecs, non pas, hélas! dans son texte original non encore retrouvé, mais dans la traduction grecque contemporaine du concile: précieux monument, resté jusqu'ici totalement inconnu, et qui méritait bien d'être tiré de l'oubli. Sans se départir de cette sérénité que donne la pleine possession de la vérité, les délégués latins, avant de répondre en détail au mémoire grec, sollicitent d'abord quelques éclaircissements sur certains points de doctrine que leurs adversaires ont laissés dans une ombre trop discrète. Le sort respectif des élus et des damnés se trouve-t-il irrévocablement fixé dès la sortie de cette vie, ou ne le sera-t-il qu'après le jugement dernier? Et quant à ces âmes qui ne sont ni absolument pures ni mortellement coupables, ont-elles à subir après la mort quelque châtiment, et lequel? Puis, leur épreuve achevée, doivent-elles attendre, pour être admises parmi les élus, le jugement dernier? Une fois ces questions posées, les Latins abordent la solution des difficultés soulevées par les Grecs contre la doctrine du purgatoire. Ils écartent d'abord, comme absolument injustifiée, l'accusation d'origénisme lancée contre cette croyance par le document n° III; ils montrent derechef les nombreuses autorités dont ils peuvent se réclamer, et le peu de valeur des critiques élevées contre ces textes. Quant aux arguments de raison formulés contre le dogme catholique à la fin du n° III, ils sont l'un après l'autre réduits à néant par la logique de nos délégués. C'est à Marc d'Éphèse qu'échut le mandat de répliquer aux Latins. Il le fit par un long mémoire que l'on trouvera plus loin sous le n° V. Le début offre un grand intérêt, car l'archevêque d'Éphèse y expose assez longuement l'étrange théorie grecque sur l'état des âmes après la mort: toutes, comme les démons eux-mêmes, restent dans l'attente, leur sort définitif ne devant être fixé qu'au jour du jugement dernier. Dans la seconde partie de son discours, Marc ne fait que renouveler sous une autre forme les objections déjà formulées précédemment contre les textes cités par les Latins en faveur de leur doctrine. En quels termes ces derniers répondirent-ils à l'orateur grec, je ne saurais le dire exactement, n'ayant pas encore eu la bonne fortune de mettre la main sur le texte de cette réponse. Elle se bornait sans doute à des demandes d'éclaircissements sur quatorze points auxquels l'archevêque d'Éphèse avait touché sans les élucider. On trouvera, sous le n° VI, la réponse de Marc à ces diverses questions. Ce document, moins étendu que les précédents, ne manquera pas d'être bien accueilli à cause des nombreuses précisions qu'il apporte sur la croyance des Orientaux touchant les fins dernières. En quoi consiste, avaient demandé les Latins, le bonheur actuel des élus, puisqu'ils doivent attendre, pour voir leur sort fixé, le jour du jugement? Que faut-il entendre par ce ciel qui leur est assigné comme séjour? par la vision de Dieu dont ils jouissent à demi? par l'éclat de la divinité qui les enveloppe de son rayonnement? par le règne de Dieu et les biens qui constituent la béatitude? Et comment les élus sont-ils heureux avant d'entrer en possession de ces biens? Quel est, d'autre part, l'état actuel des damnés? souffrent-ils, et quelles peines ont-ils à endurer? Et quant aux âmes tenant le milieu entre les damnés et les élus, que signifie cette incertitude de l'avenir et ce remords de la conscience et ces craintes qui les tourmentent? Quelle est la nature et la gravité des fautes qui pèsent sur elles? Comment les prières, que l'on dit profitables à tous les trépassés indistinctement, peuvent-elles être utiles aux damnés? Enfin, avant de donner l'absolution aux pénitents, leur imposet-on des œuvres de satisfaction, et dans quel but? A toutes ces questions, l'archevêque d'Éphèse répond en peu de mots, et tel est l'intérêt dogmatique de ces dernières pages que l'on peut sans hésiter leur appliquer le mot par lequel un critique du xv11° siècle a caractérisé l'ensemble des discours de Marc publiés ici: Opus elegans, nec contemnendum '. 1. E. Renaudot, Gennadii patriarchae Constantinopolitani homiliae de sacramento Eucharistiae (Parisiis, 1709), p. 87. Renaudot attribue faussement ces discours à Gennadius, mais son jugement ici porte, non sur l'auteur, mais sur l'œuvre elle-même. Athènes, en l'octave de Saint-Joseph, ce mois de mars 1918. Louis PETIT, LATINORUM AD GRAECOS CAPITA CIRCA PURGATORIUM IGNEM, IN SCRIPTIS DATA HORUM DEPUTATIS. 5 <Convenientibus nobis vobisque et ab Occidentali et ab Orientali Ecclesia deputatis in hoc beati Francisci sacrario, ac disputare incipientibus de modo restituendi sanctam Latinorum Graecorumque unionem, nec non de ratione habenda in discutiendis utriusque Ecclesiae controversiis, petiistis ut huiusmodi inquisitio a purgatorio igne initium caperet. Quoniam vero 10 circa capitis huius veritatem Romanae Ecclesiae fidem exprimi postulastis, in his scriptis breviter respondemus, quod si vere paenitentes in caritate decesserint antequam dignis paenitentiae fructibus de commissis satisfecerint et omissis, eorum animae poenis purgatoriis post mortem purgantur, et ad poenas huiusmodi relevandas prosunt eis fidelium vivorum suffragia, missarum a) Gravissimi huius monumenti textum graecum exhibeo ad codicem Ambrosianum (= A) 653 (P. 261 sup.) saec. XV, fol. 44-47, imagine photographica in meos usus expressum. Latine legebatur, multis tamen omissionibus deturpatum, in collatione XXII Andreae a Sancta-Cruce apud Horatium Iustinianum, Acta sacri oecumenici concilii Florentini, Romae, 1638, p. 285-288 (= ed.). Paragraphos et numeros ipse addidi lectoris commodo consulturus ad fidem codicis graeci. Quae in latino deerant, inter uncinos < > inclusi, si pauca eaque parvi momenti excipias, quae utrumque textum conferenti primo obtutu per se patebunt. * ΚΕΦΑΛΑΙΑ ' ΛΑΤΙΝΩΝ ΠΡΟΣ ΓΡΑΙΚΟΥΣ ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΠΕΡΚΑΤΟΡΙΟΥ ΠΥΡΟΣ, ΔΟΘΕΝΤΑ ΕΓΓΡΑΦΩΣ ΠΡΟΣ ΤΟΥΣ ΠΑΡ' ΑΥΤΩΝ ΕΙΣ ΤΟΥΤΟ ΠΡΟΚΡΙΘΕΝΤΑΣ. Συνελθόντων ἡμῶν τε καὶ ὑμῶν τῶν διατεταγμένων ἀπό τε τῆς Δυτικῆς καὶ τῆς Ἀνατολικῆς Ἐκκλησίας ἐν τῷδε <τῷ τοῦ μακαρίου Φραγγίσκου σκευοφυλακίῳ καὶ περὶ τοῦ 5 πῶς ἀνακαινισθείη ἡ ἁγία τῶν Λατίνων καὶ τῶν Ἑλλήνων ἕνωσις καὶ πῶς δεῖ ἐξετάσαι τὰς τῆς ἑκατέρας Ἐκκλησίας διαφορὰς ἀρχομένων διαλέγεσθαι, ᾐτήσατε ̓ ἵνα αὕτη ἡ ἐξέτασις ἀπὸ τοῦ καθαρτηρίου πυρὸς λάβῃ ἀρχήν. Ἐπειδὴ δὲ τὴν τῆς Ῥωμαϊκῆς Ἐκκλησίας περὶ τοῦ κεφαλαίου τούτου πίστιν ὑμῖν φανεροῦσθαι ἐζητήσατε, διὰ γραμμάτων τούτων βραχέως ἀποκρινούμεθα οὕτως, ὅτι, ἐὰν οἱ ἀληθῶς μετανοοῦντες πρὶν ἢ τοῦ ἱκανῶς 10 ποιῆσαι περὶ τῶν ἡμαρτημένων ἢ ἡμελημένων τοῖς ἀξίοις τῆς μετανοίας καρποῖς ἐν ἀγάπῃ ἀποβιώσωσιν, αὐτῶν αἱ ψυχαὶ ταῖς καθαρτικαῖς τιμωρίαις ἐκκαθαίρονται μετὰ τὸν θάνατον· πρὸς δὲ τὸ ἀποκουφίσαι αὐτὰς τῶν τοιούτων ποινῶν, ὠφελοῦσιν αἱ τῶν 3 1. κεφάλαιον Α. 2. ἐτήσατε Α. – 3. ἡμῖν Α. 4. πρινὴ Α. Ambros. |