INTRODUCTION Tout ouvrage, au dire de Pindare, ne devrait s'ouvrir que par un brillant frontispice : ̓Αρχομένου δ' ἔργου, πρόσωπον χρὴ θέμεν τηλαυγές'. П faudrait donc présenter ici, en quelques pages soignées, les origines du conflit religieux qui divise, depuis tant de siècles, l'Orient et l'Occident, en rappeler les phases principales, et finir par une dissertation en règle sur le concile de Florence, qui devait clore ce grand débat. Telle n'est pourtant pas ma prétention. Le concile de Florence, il est vrai, attend encore son historien; toutefois, ce n'est point par des tableaux savamment disposés, mais bien par le dépouillement souvent ingrat des documents que procède l'historien de nos jours, et l'assemblée de 1439 présente encore, dans ses procès-verbaux, trop de lacunes, pour que l'on puisse songer à en reproduire la physionomie avec une entière fidélité. Et quand je parle de procès-verbaux, c'est par euphémisme. On sait, hélas! que ces précieux documents n'existent plus, ou du moins qu'ils n'ont pas encore été retrouvés, par une de ces fatalités dont il serait difficile de citer beaucoup d'exemples pour des événements aussi récents. Aussi voudra-t-on, je l'espère du moins, faire bon accueil aux documents réunis ici pour la première fois. Ils sont, pour les débats qui ont eu lieu à Ferrare, d'une importance capitale, et pourtant on les avait jusqu'ici laissés dans l'ombre. Le Quien, à qui bien peu de choses ont échappé, les avait examinés de près, et il en donne, dans sa cinquième Dissertatio Damascenica, une analyse succincte, mais fidèle. Et c'est par l'intermédiaire de Le Quien, nullement par la connaissance directe des textes, que les historiens du dogme y ont fait allusion. Il y a mieux à faire, on en conviendra, que de reproduire indéfiniment les mêmes affirmations, surtout quand il s'agit de documents qui, loin d'être perdus, nous ont été au contraire conservés dans un grand nombre de manuscrits. Que l'on me permette de les replacer, tout d'abord, dans leur milieu historique. Après de multiples et laborieuses négociations, où les évêques dissidents de Bâle et le pape Eugène IV avaient, pour ainsi dire, lutté de vitesse et d'offres séduisantes, les Grecs, conduits par l'empereur Jean Paléologue et 1. Olymp. VI, 4-5. – 2. MIGNE, P. G., t. 94, cc. 353-359. |