Traité de l'existence et des attributs de Dieu

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C. Delagrave, 1872 - 299 pages
 

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Page 267 - Je ne suis pas , ô mon Dieu , ce qui est : hélas ! je suis presque ce qui n'est pas. Je me vois comme un milieu incompréhensible entre le néant et l'être : je suis celui qui a été; je suis celui qui sera ; je suis celui qui n'est plus ce qu'il a été ; je suis celui qui n'est pas encore ce qu'il sera ; et dans cet entre-deux que suis-je?
Page 90 - Retirez-vous, pour me laisser voir ce soleil; vous me dérobez ses rayons, vous enlevez la portion qui m'est due. Ce soleil ne se couche jamais, et ne souffre aucun nuage que ceux qui sont formés par nos passions : c'est un jour sans ombre; il éclaire les sauvages...
Page 84 - C'est un maître intérieur, qui me fait taire, qui me fait parler, qui me fait croire, qui me fait douter, qui me fait avouer mes erreurs, ou confirmer mes jugements. En l'écoutant, je m'instruis : en m'écoutant moi-même, je m'égare.
Page 151 - Que vois-je dans toute la nature ? Dieu, Dieu partout, et encore Dieu seul. Quand je pense, Seigneur, que tout l'être est en vous, vous épuisez et vous engloutissez , ô abîme de vérité , toute ma pensée ; je ne sais ce que je deviens : tout ce qui n'est point vous disparaît, et à peine me reste-t-il de quoi me trouver encore moi-même.
Page 70 - C'est précisément celle que les hommes persuadés de la divinité lui attribuent dans tout l'univers. L'attribuerai-je à mon faible esprit, ou plutôt à la puissance qu'il a sur mon corps , qui est si différente de lui ? croirai-je que ma volonté a cet empire suprême par son propre fonds, elle qui est si faible et si imparfaite?
Page 150 - Si vous étiez un corps stérile , impuissant et inanimé, tel qu'une fleur qui se flétrit , une rivière qui coule, une maison qui va tomber en ruine, un tableau qui n'est qu'un amas de couleurs pour frapper l'imagination, ou un métal inutile qui n'a qu'un peu d'éclat, ils vous apercevraient, et vous attribueraient follement la puissance de leur donner quelque plaisir.
Page 85 - Deux hommes qui ne se sont jamais vus, qui n'ont jamais entendu parler l'un de l'autre, et qui n'ont jamais eu de liaison avec aucun autre homme qui ait pu leur donner des notions communes, parlent aux deux extrémités de la terre sur un certain nombre de vérités, comme s'ils étaient de concert. On sait infailliblement par avance dans un hémisphère, ce qu'on répondra dans l'autre sur ces vérités. Les hommes de tous les pays et de tous les temps, quelque éducation qu'ils aient reçue, se...
Page 190 - L'idée même que j'ai de l'infini n'est ni confuse ni négative; car ce n'est point en excluant indéfiniment toutes bornes que je me représente l'infini. Qui dit borne, dit une négntion toute simple; au contraire, qui nie cette négation affirme quelque chose de très-positif.
Page 149 - ... vous soyez loin de chacun de nous. Chacun de nous vous touche comme avec la main ; mais les sens, et les passions qu'ils excitent, emportent toute l'application de l'esprit. Ainsi, Seigneur, votre lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres sont si épaisses, qu'elles ne la comprennent pas: vous vous montrez partout, et partout les hommes distraits négligent de vous apercevoir. Toute la nature parle de vous , et retentit de votre saint nom ; mais elle parle à des sourds, dont la surdité...
Page 111 - Rassemblons maintenant ces deux vérités également certaines. Je suis dépendant d'un premier être dans mon vouloir même, et néanmoins je suis libre. Quelle est donc cette liberté dépendante ? Comment peuton comprendre un vouloir qui est libre, et qui est donné par un premier être ? Je suis libre dans mon vouloir, comme Dieu dans le sien.

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